IUT Nancy-Charlemagne
Université Nancy 2
2 ter Boulevard Charlemagne
CS 5227
54052 NANCY CEDEX
Dépt. Info-Com - Option ML
Quel rôle pour la médiathèque dans
le rapport de l'enfant à la lecture?
Des éléments de réponse à la
lumière de la « fête du livre » de la
Ville de Ludres.
Mémoire de stage de deuxième année
Stage réalisé du 30 mars au 22 mai 2010
à :
La Médiathèque municipale de Ludres
31, place Ferri de Ludres
54710 Ludres
Oriane LEDIG
Promotion 2008/2010
Tuteur Julien Barthe
Rapporteur Thierry Dupont
REMERCIEMENTS
Je tiens tout d'abord à remercier la mairie de la Ville
de Ludres qui a permis la réalisation de ce stage.
Mes remerciements vont ensuite à Madame Jacqueline
Quesada, directrice de la médiathèque, pour son enseignement et
ses précieux conseils qui ont ponctué mon stage.
Je remercie également l'équipe des
bibliothécaires : Francine, Christine, Sophie, Ollivier,
Bénédicte, avec une pensée particulière pour
Véronique, bibliothécaire jeunesse et co - organisatrice de la
Fête du livre.
Enfin, je tiens à exprimer ma profonde gratitude
à Monsieur Julien Barthe, tuteur de ce mémoire, pour sa grande
disponibilité et les nombreuses corrections qu'il a apportées
dans la rédaction de ce mémoire.
Table des matières
INTRODUCTION
4
De l'essor de la littérature jeunesse aux
premières heures du conte : un panorama des relations entre
littérature de jeunesse et bibliothèque
4
1) Premier contact avec le livre : le
rôle de l'école et du développement de l'offre
éditoriale
4
1.1. Tout commence avec le Maître
d'école ...
4
1.2. Le rôle second de l'offre
éditoriale
4
2) Du coté des bibliothèques avant
1960 : de l'armoire - livre à l'engouement pour le modèle de
l'Heure Joyeuse
4
2. 2. Des lignes qui bougent, mais un
système figé dans une conception archaïque
4
3) L'année charnière 1960 de la
césure bibliothèque-école et l'élaboration d'un
nouveau modèle de lecture publique : 1960-1980
4
3.1. Les mutations de la littérature
jeunesse après 1960 et l'expérience de bibliothèques
innovantes qui ouvrent la voie
4
3.2. Un nouveau modèle pour les
bibliothèques : la promotion de la culture et du plaisir plutôt
que l'éducation à la lecture et la morale
4
4) L'essor de la littérature
jeunesse puis la culture de l'écran : 1980-2010
4
4.1. La période faste des années
1980-1990
4
4.2. Le renouveau des pratiques culturelles
après 2000 : quand facebook supplante Harry Potter...
4
« Le plaisir avant
tout » : un credo qui fait sens, mais dont la mise en
oeuvre s'avère parfois difficile
4
1) De l'importance du jeu dans la construction du
« je »
4
1.1 L'enfant, homo ludens en puissance ?
4
1.2 L'interprétation : jeu entre le
lecteur et le livre
4
2) Les animations en bibliothèque :
susciter l'envie de lire par le jeu. L'exemple de la médiathèque
de Ludres.
4
2.1. Bref historique de la
médiathèque de Ludres
4
2.2. Panorama des animations jeunesse : une
mise en application ludique
4
2.3. Une mise en application ludique qui
soulève une tension entre pédagogie et lecture plaisir
4
3) La fête du livre à
Ludres : une animation exemplaire
4
3.1. Les règles du
« jeu »
4
3.2. Les objectifs ambitieux de la
fête du livre
4
3.3. Le partenariat au service de la
Fête du livre
4
3.4. La promotion de la Fête du
livre : son rôle essentiel dans l'engouement des jeunes pour la
lecture
4
4) Le bilan de la
22ème édition de la fête du livre
4
4.1. Quel bilan pour la 22ème
édition ?
4
4.2. De l'importance de toujours questionner la
place de la bibliothèque dans le rapport à la lecture
4
CONCLUSION
4
BIBLIOGRAPHIE
4
Annexes
4
INTRODUCTION
« Dans une bibliothèque, l'Heure du conte
prépare à la lecture. [...] Ils [les enfants] ont alors le
désir de retrouver dans les livres les joies que l'Heure du conte leur a
révélées. [...] Alors seulement l'Heure du conte est la
clé qui ouvre le jardin merveilleux où chaque enfant librement va
cueillir ce qu'il veut » (Mathilde Leriche, les contes dans
l'éducation des enfants de 6 à 11 ans ou l'Heure du conte, in
Revue du livre et des bibliothèques, novembre-décembre
1934).
Cette citation n'est pas sans rappeler le Frontispice de
l'édition du XIXème siècle des Contes de Charles
Perrault, où la nourrice dispensait à des enfants sagement assis
à ses pieds des histoires pleines de merveilleux. Depuis
l'arrivée des livres illustrés, le rapport à la lecture
chez les enfants n'a de cesse d'évoluer. De la création de la
bibliothèque de l'Heure Joyeuse en 1924 -pionnière en
matière de lecture publique pour la jeunesse- au succès qu'a
suscité la série Harry Potter, en passant par
l'émergence depuis ces cinq dernières années de
l'engouement des jeunes pour les technologies numériques, le
positionnement des bibliothèques face au rapport à la lecture
chez les enfants reste incertain.
Tandis que l'école permet, grâce à
l'apprentissage de la lecture, l'instruction de l'enfant, les
bibliothèques (les « secteurs jeunesse » en
tête) tendent à rendre l'enfant autonome, afin qu'il se dirige
« librement » vers le « jardin
merveilleux » de la lecture.
Heure du conte, expositions, « Fête du
livre »...autant de moyens mis en oeuvre par les bibliothèques
pour amener l'enfant vers les rayons, où une diversité
documentaire les attend.
Si comme certains l'annoncent, l'avènement d'Internet,
signe définitivement l'entrée de notre société dans
une « culture de l'écran » (et non plus de
l'écrit), il faut interroger le rôle de la bibliothèque
dans le rapport de l'enfant à la lecture.
A la lumière de la Fête du livre, animation mise
en place depuis 22 ans par la médiathèque municipale de Ludres et
avec pour objectif de rallier les enfants à une lecture
« plaisir », nous tenterons d'apporter des
éléments de réponse. Une première partie
présentera un panorama rétrospectif des relations entre
littérature de jeunesse et bibliothèque tandis qu'une
deuxième partie explicitera les objectifs actuels des
bibliothèques dans le rapport à la lecture chez l'enfant, avec
notamment la volonté de présenter la lecture comme source de
plaisir.
De l'essor de la
littérature jeunesse aux premières heures du conte : un
panorama des relations entre littérature de jeunesse et
bibliothèque
L'objet de cette première partie est de montrer comment
la bibliothèque a accompagné l'essor de la littérature
jeunesse, mais aussi, à l'inverse, comment la littérature
jeunesse a influencé les modalités d'ouverture des
bibliothèques et les services rendus au jeune public. Il s'agit
également de mieux cerner la « littérature
jeunesse », un domaine qui, aujourd'hui encore, ne fait pas l'objet
d'une délimitation précise. Qu'est-ce qui définit la
littérature jeunesse ? Son public ? L'accent mis sur
l'oralité ? Ou encore ses objectifs, à savoir le fait
qu'elle aide à la construction de l'enfant et à son
épanouissement ?
1) Premier contact avec le
livre : le rôle de l'école et du développement de
l'offre éditoriale
1.1. Tout commence avec le
Maître d'école ...
En ce début du XXIème siècle, il semble
que les bibliothèques aient la volonté consciente de se
détacher assez nettement de l'école et de la vision que cette
dernière donne de la lecture - le cas concret de la Fête du livre
de Ludres en fournira une bonne illustration. En effet, tandis que les
bibliothèques tentent, notamment par les animations, de montrer la
lecture comme une source de plaisir, pour l'institution scolaire, le
livre est avant tout un support d'apprentissage, un outil de travail, par
lequel l'enfant s'élève.
Pourtant, ce dualisme école-bibliothèque doit
être nuancé :
- d'une part, il s'agit d'une rupture historiquement
récente à l'échelle du « temps
long » (voir infra) ; l'histoire des
bibliothèques révèle le rôle fondateur joué
par l'école dans le développement de la lecture auprès des
enfants.
- d'autre part, la quasi-totalité des
bibliothèques publiques entretiennent à l'heure actuelle des
partenariats étroits avec les écoles.
L'école, entendue ici comme les cycles allant de la
maternelle au primaire, présente trois principaux enjeux
éducatifs : lire, écrire, et compter. Eu égard
à ces missions, l'école favorise le premier contact de l'enfant
avec la lecture. Même si certains enfants sont familiarisés
très tôt avec l'univers du livre et de la lecture, c'est
l'école qui va ensuite donner les moyens à l'enfant d'apprendre
à lire. Qu'il s'agisse de la méthode syllabique, globale, mixte
ou encore phonétique, l'apprentissage de la lecture permet à
l'enfant de déchiffrer les lettres qui forment des mots, qui eux
mêmes forment des phrases et contiennent du sens. Ainsi, dès le
plus jeune âge, le livre est associé dans l'esprit de l'enfant
à l'univers des adultes, à la contrainte ou du moins à
l'effort, plus tard à l'évaluation ; dans certains cas
extrêmes l'apprentissage de la lecture revêt un caractère
douloureux ou traumatique (dyslexie, illettrisme).
Historiquement, l'Instruction publique a eu un rôle
fédérateur dans le développement de la lecture. En effet,
en 1833, la loi Guizot rend obligatoire la présence d'une école
de garçons dans les communes de plus de cinq cent habitants. En 1850,
cette même loi est appliquée pour l'instruction des filles dans
les villes de plus de huit cent habitants. Ces deux lois ont permis un
progrès notable de l'alphabétisation et un développement
de la pratique de la lecture. Enfin, en 1860, la circulaire Rouland (du nom du
ministre de l'Instruction publique de l'époque) introduit l'obligation
pour toutes les écoles primaires d'avoir leur propre bibliothèque
- souvent réduite, dans les faits, à une « armoire
à livres ».
A l'origine, les livres étaient savamment gardés
dans une armoire fermée à clef1(*). Après 1945, ceux-ci se sont vus dotés
d'une couverture, qui, au fil des années s'est éclaircie pour
faire apparaitre progressivement le titre, une illustration et le nom des
auteurs. Enfin, l'apparition d'étagères a permis au livre
d'être rangé à « hauteur
d'enfant » : ce détail relatif à
l'aménagement de l'espace, loin d'être anodin, symbolise au
contraire le passage à une nouvelle conception du rapport de l'enfant
à la lecture.
1.2. Le rôle second de
l'offre éditoriale
Parallèlement à ces transformations de
l'institution scolaire, le milieu éditorial connait des
évolutions importantes qui voient naître un nouveau marché,
celui du livre d'instruction. En effet, de nombreux éditeurs se lancent
dans la publication de « livres pour enfants » ; mais
l'expression « littérature jeunesse » apparaitra
beaucoup plus tard... Ce sont surtout des maisons d'éditions catholiques
qui publient alors des ouvrages dans le but d'instruire les enfants à la
lumière de grands préceptes moraux.
Deux maisons d'édition vont sortir du lot :
Hachette et Hetzel, fondées respectivement en 1826 et 1837. Hachette
saisit très vite l'enjeu économique que constitue le livre
scolaire, dont sa « bibliothèque du chemin de
fer » haute en couleur, tandis qu'Hetzel se lance dans la
publication d'albums, dont la célèbre collection
« bibliothèque d'éducation et de
récréation ». Ainsi, entre 1860 et 1890, le milieu
éditorial connait un « âge d'or »2(*), ce que résume le chiffre
des 300 000 exemplaires des Malheurs de Sophie (collection
« bibliothèque rose ») vendus par Hachette sur la
période.
Les années 1900 verront surgir un premier
questionnement autour des « livres pour enfants » :
comment positionner cette production éditoriale située à
la croisée de la pédagogie, de la littérature et du
divertissement ? En 1930, les albums du Père Castor sont
publiés chez Flammarion : c'est une révolution dans le
domaine littéraire. Outre le fait que ces livres soient « bon
marché », ils sont novateurs par l'utilisation de
l'illustration pour permettre à l'enfant de comprendre le texte, mais
reste sous couvert de pédagogie. Ces albums seront suivis quelques
années plus tard par Jean de Brunhoff, père du
célébrissime Babar, où l'on peut constater une
prise de distance avec la pédagogie pour aller vers la notion de
distraction. Enfin, Macao et Cosmage d'Edy Legrand publié aux
éditions de la NRF, est remarquable par sa volonté
esthétique voire artistique. C'est un ouvrage marquant dans l'histoire
de la littérature jeunesse car il propose plusieurs niveaux de lecture
et fait donc place nette à l'interprétation.
Ce renouveau éditorial se poursuit après la
seconde guerre mondiale, notamment avec la naissance de deux personnages
phares : Caroline (Pierre Probst, 1953) et Martine
(Gilbert Delahaye, 1954).
Ainsi, on peut constater qu'entre 1900 et 1960, la production
éditoriale tend à se diversifier. Hachette va publier de
nombreuses séries à partir de 1955, telles que Oui-Oui
et le club des cinq de Enyd Blyton ou encore Alice de
Caroline Quire.
Face à cette production éditoriale, c'est
l'école - et non la bibliothèque - qui va se placer comme une
interface entre l'enfant et le livre. En 1948, 50% des écoles ont une
bibliothèque, et la majorité de ces établissements
détiennent une centaine d'ouvrages, soit un volume moyen très
supérieur à celui des bibliothèques publiques3(*). Jusque dans les années
1960, l'école et la majorité des enseignants partent du
présupposé que l'enfant aime naturellement lire, et qu'il suffit
de le mettre au contact des livres pour que celui-ci s'y intéresse.
L'école est alors le prescripteur de « bonnes
lectures », par opposition à une pléiade d'ouvrages qui
s'éloignent de l'instruction et à une presse enfantine
« bas de gamme », d'ailleurs interdite à
l'école jusqu'en 1976.
2) Du coté des
bibliothèques avant 1960 : de l'armoire - livre à
l'engouement pour le modèle de l'Heure Joyeuse
2.1. L'armoire-livre comme
règle, l'Heure joyeuse comme exception
Par comparaison avec les pays anglo-saxons, la question des
bibliothèques pour enfants n'est apparue que très tardivement en
France (on lira à ce propos Les bibliothèque pour enfants
entre 1945 et 1975, d'Hélène Weis, paru aux
éditions du Cercle de la libraire en 2005).
Tout s'est passé comme si, avant les années
1960, les bibliothèques scolaires, alors réduites à leur
état « embryonnaire » d'armoire-livre, avaient suffi
au développement de la lecture.
Quant aux bibliothèques pour enfants au sens strict du
terme, même s'il est difficile d'en établir une chronologie
rigoureuse tant leur histoire se confond avec celle de la lecture publique, les
premières remontent à la période de l'entre-deux-guerres.
Le fait le plus marquant est très certainement la création en
1924 de l'Heure Joyeuse, sur l'initiative des comités américains
pour la reconstruction.
Cet établissement se veut d'abord une vitrine pacifiste
accueillant les enfants, ces derniers symbolisant en ces temps
d'après-guerre la paix face aux dérives idéologiques des
adultes. Toutefois, cet établissement reste précurseur, voire
révolutionnaire, par son architecture - mobilier moderne,
« à hauteur d'enfant », décorations, couleurs
- comme par ses services - diverses animations y sont proposées telle
que l'Heure du conte, des spectacles, des expositions...
2. 2. Des lignes qui
bougent, mais un système figé dans une conception
archaïque
Jusqu'en 1945, on compte moins de vingt bibliothèques
uniquement destinées aux enfants. En 1954, elles seront
déjà 42 et à la fin des années 1960 on en comptera
704(*). Finalement,
l'évolution vers de véritables bibliothèques pour enfants
sera lente et parcellaire, Paris et les bibliothèques de quartier
faisant figure d'avant-gardes. Il faudra attendre que s'opère une
distinction nette entre l'enfant et l'adulte (alors que la tendance donnait
plutôt à penser que l'enfant était adulte dès qu'il
avait l'usage de la parole) et que l'on identifie les besoins
spécifiques de l'enfant par rapport à la question de la
lecture.
Si on laisse de côté le cas de l'Heure Joyeuse
qui fait exception, il faut rappeler que, avant 1960, l'accès des
enfants à la bibliothèque n'est pas aussi aisé
qu'aujourd'hui, même si les décennies 1940-1950 marquent un
léger progrès. Pour pouvoir accéder à la lecture,
il ne suffit pas de passer la porte de la bibliothèque, il faut en outre
faire preuve de sa capacité à lire. Jusqu'en 1940, les enfants
doivent se soumettre à une vingtaine de séances de lecture sur
place avant que leur inscription soit définitivement validée.
Cette règle aura tendance à disparaitre après la seconde
guerre mondiale, parallèlement au développement du prêt,
pour être remplacée par un bref cours sur la documentation et les
techniques de recherche.
Ce dernier point est également
intéressant : la bibliothèque se place comme instructeur,
non de la lecture en elle-même, mais plutôt d'un sens de
l'autonomie afin que l'enfant se dirige libéré, vers la
production éditoriale.
Ce n'est donc qu'en 1960, suite à de profondes
mutations sociales, culturelles et économiques, ainsi qu'à
l'engagement militant d'une partie des professionnels du livre que des
changements marquants vont s'opérer dans le positionnement des
bibliothèques face à la lecture chez l'enfant.
3) L'année
charnière 1960 de la césure bibliothèque-école et
l'élaboration d'un nouveau modèle de lecture publique :
1960-1980
3.1. Les mutations de la
littérature jeunesse après 1960 et l'expérience de
bibliothèques innovantes qui ouvrent la voie
En dépit de la production éditoriale pour la
jeunesse qui tend à croître, la littérature jeunesse reste
longtemps considérée comme un sous-genre de la
littérature. A partir de 1960, les bibliothèques vont plus
clairement s'opposer à l'idée selon laquelle sont seules
légitimes les lectures qui tendent vers l'apprentissage de la
lecture.
Les années 1960 vont marquer une césure entre
bibliothèque et école, ainsi qu'un tournant majeur dans la
production éditoriale et son appréciation par le public des
jeunes. Les années 1960 vont voir l'arrivée massive de la
télévision, qui s'accompagne d'une démocratisation de
l'information. De nombreuses évolutions sociales se font jour :
développement de l'enseignement supérieur, engouement pour les
filières techniques et scientifiques, aménagement du temps de
travail pour les loisirs, mouvements sociaux de mai 1968.
C'est également une période d'essor pour la
littérature jeunesse, qui va connaitre de nombreuses mutations :
faillites (par exemple Hetzel), fusions, créations de nouvelles maisons
d'édition. On lui reconnaît enfin une utilité et une
légitimité, dans le sens où c'est le seul domaine de la
littérature qui est entièrement destiné aux enfants. Des
éditeurs comme François Ruy Vidal (1967) ou Harlin Quist vont
faire vaciller les normes qui étaient jusque lors adoptées.
A la limite de la provocation, ils proposent des ouvrages
où illustrations (Bour, Delessert) et textes (Duras, Ionesco) tentent de
faire « oublier la pédagogie ». En 1965, Jean Fabre
crée les éditions de l'école des loisirs et publie des
auteurs aujourd'hui incontournables de la littérature jeunesse. La
même année, Maurice Sendak présente avec Max et les
Maximonstres un album loin des représentations du réel, qui
fait longtemps polémique.
La littérature jeunesse tend à présenter
des thèmes plus sombres : la violence, la mort, le deuil,
etc...sont autant de sujets qui font l'objet de questions existentielles chez
l'enfant. Bruno Bettelheim, qui écrira La psychanalyse des contes de
fées, pour montrer que les contes abordent les problèmes
existentiels des enfants sans détours et permettent ainsi de participer
à la structuration psychologique de l'enfant.
On considérait auparavant que la littérature
jeunesse avait les apparences d'une consommation passive (il suffit de
lire le texte pour en comprendre le sens). Or, il s'agit d'une activité
productrice de sens où l'imaginaire se mêle à l'emprise du
réel, où le jeu (via le livre, mais aussi dans sa lecture)
favorise la construction de soi.
La bibliothèque de l'association la Joie par les Livres
ouvre ses portes en 1965 à Clamart, avec un espace
décloisonné de 1000 m² ouvert, dont la moitié est
consacrée au public. En dehors des nombreux services qu'elle offre au
public des jeunes, la bibliothèque de la Joie par les Livres contribue
à la formation des bibliothécaires spécialisés dans
la jeunesse.
3.2. Un nouveau
modèle pour les bibliothèques : la promotion de la culture
et du plaisir plutôt que l'éducation à la lecture et
à la morale
Aussi voit-on se profiler de profonds changements dans les
missions des bibliothèques : désormais il s'agit de se
démarquer de l'école, et de développer la dimension
culturelle de l'enfant - et non plus des préceptes moraux et
hygiéniques. Peu à peu, une plus grande liberté est
laissée à l'enfant, dans sa conduite et dans ses choix.
Véritable lieu de vie, terrain de toutes les expérimentations,
l'entreprise de la Joie par les Livres reste le modèle dominant des
missions des secteurs jeunesses en bibliothèque. La diversité des
modes d'accès aux différents supports montre que l'enfant est
respecté dans son individualité.
C'est dans ce contexte de renouveau des bibliothèques
que le contraste avec l'école va apparaitre de manière plus
flagrante.
En effet, les années 1960 sont marquées par la
démocratisation de l'enseignement (notamment avec la réforme
Berthoin en 1959 qui rend l'école obligatoire jusqu'à 16 ans) ce
qui va parallèlement soulever le problème de l'échec
scolaire. Programmes obsolètes, présence de la lecture comme un
effort et non comme une source de plaisir, locaux mal adaptés aux
conséquences du baby-boom : tous ces éléments vont
renforcer les virulentes critiques de mai 1968 sur le système
scolaire.
En 1967, une journée d'études intitulée
« livre, bibliothèque et enfant » tirera le constat
que l'enfant s'intéresse très jeune aux livres, mais que le
contexte familial et l'école l'amènent également
dès son plus jeune âge à l'en dégouter.
L'année 1960 marque donc un tournant dans l'histoire
des bibliothèques publiques françaises et de leur service
à la jeunesse.
Si la bibliothèque reste étroitement liée
à des missions éducatives, elle se détache de
l'école, ne se pense plus au service de cette dernière, tente de
devenir l'investigatrice d'une nouvelle
« éducation » : une éducation davantage
ouverte sur la diversité culturelle et littéraire et, surtout,
une éducation fondée sur le plaisir.
4) L'essor de la
littérature jeunesse puis la culture de l'écran :
1980-2010
4.1. La période faste
des années 1980-1990
Aujourd'hui le poids de l'édition jeunesse est
ancré dans la réalité économique. En effet, en 2009
la production jeunesse représentait 12% du chiffre d'affaires total de
l'édition (source Centre National du Livre)5(*), et ce ne sont pas moins de
8 000 nouveautés qui sont publiées chaque année -
avec des succès planétaires tels Harry Potter et plus
récemment Twilight.
Les années 1980 ont vu l'explosion du nombre de
bibliothèques et de la production éditoriale. A cette
période faste a succédé une stagnation de la lecture, au
point que la sonnette d'alarme fut tirée concernant l'illettrisme et les
problèmes d'apprentissage de la lecture.6(*)
Dans les années 1990, un plan lecture est mis en place
par le gouvernement Jospin. Cette décision impose aux enseignants de
s'intéresser à la littérature jeunesse, ce qui finit de
rendre légitime cette dernière.
Le plan lecture met en place une action intitulée
« cent livres pour les écoles », à savoir une
bibliographie répertoriant cent ouvrages dont les enseignants peuvent
user pour leur cours. Cette bibliographie est effectuée pour les trois
niveaux des primaires et fut reconduite à de nombreuses reprises. Cette
action va aboutir en 1996 à la création du répertoire
« 1001 livres pour les écoles » (reprend les
bibliographies réalisées ultérieurement). C'est le premier
outil pédagogique où la littérature n'est pas au service
de l'école ; bien au contraire, le but est de montrer aux
enseignants la pluralité des approches de la littérature jeunesse
(on trouve par exemple un chapitre sur les interactions entre le livre et le
lecteur)7(*). En 2002, les
nouveaux programmes scolaires reconnaissent officiellement la
littérature jeunesse comme faisant partie intégrante de la
littérature et imposent deux heures de lecture par jour pendant le temps
de classe.
Aujourd'hui les bibliothèques se donnent des objectifs
clairs : former le citoyen de demain (tolérance, mixité,
respect), développer la culture chez l'enfant, lui offrir une
diversité de support, favoriser son entrée dans la lecture via
des animations, se libérer de toute contrainte scolaire, le faire
évoluer dans un espace ouvert, rendre tolérant, favoriser la
création, développer l'imaginaire. La capacité d'un enfant
à interpréter un texte, à en devenir « co -
énonciateur » (on lira à ce sujet l'ouvrage de
Christian Poslaniec : Réception de la littérature
jeunesse par les jeunes, ed. INRP, 2002) est directement liée
à sa propre construction. Enfin, le leitmotiv est le plaisir, la lecture
comme loisir.
4.2. Le renouveau des pratiques
culturelles après 2000 : quand facebook supplante Harry
Potter...
Les objectifs décrits précédemment
seraient aisément réalisables si la société et les
pratiques culturelles des jeunes n'avaient pas évolué depuis les
années 1980. Mais avec l'avènement d'Internet, la
généralisation de la télévision et des jeux
vidéo, les centres d'intérêts des enfants et des
adolescents se tournent de plus en plus vers l'écran.
La littérature jeunesse reste, de plus, relativement
peu visible en dehors de la promotion que peuvent en faire les familles et les
écoles. Elle reste attachée à une contrainte et n'est pas
innée. Il semble désormais plus naturel aux jeunes de recourir
à un ordinateur pour effectuer une recherche que d'ouvrir une
encyclopédie sur support papier.
Mais ces pratiques numériques s'accompagnent aussi d'un
bouleversement du monde littéraire, à l'heure où
GoogleBooks a déjà numérisé 10 millions de
livres. Aussi, si les comportements changent, ils ne sont que la traduction
d'une société en pleine mutation. Alors que les années
1970 et 1980 restent attachées à la
« société de l'écrit », les
années 2010 quant à elles signent une culture du « tout
à l'écran ».
Et si, l'édition jeunesse connaît encore de beaux
succès, c'est aussi un peu grâce à ce
phénomène de l'écran. Harry Potter a
bénéficié d'une forte campagne marketing,
accompagnée d'une adaptation cinématographique. Il en est de
même pour Twillight. On remarque aussi que les goûts en
matière de lecture chez les adolescents tendent de plus en plus vers une
culture de l'image : BD, Mangas ... qui eux aussi font souvent
l'objet d'une adaptation télévisuelle.
Ainsi, à l'heure d'une production éditoriale
massive et de l'avènement de l'ordinateur et d'Internet chez les
particuliers, n'est-il pas étonnant que l'enfant n'aille plus se
réfugier dans la lecture comme l'avaient fait les
bénéficiaires de La Joie par les livres à Clamart en
1960.
Il s'agit pour les acteurs de la lecture publique d'une
nouvelle remise en question des missions et des objectifs. Faut-il prêter
des jeux vidéos8(*) ou au contraire devenir le garde fou de cette
culture du numérique et battre en brèche la jeunesse à
coups de romans ?
Les bibliothèques sont amenées à prouver
à nouveau leur utilité comme source de plaisir et de loisir. En
effet, le premier contact avec le livre reste toujours celui de l'école,
et face à une pléiade de loisirs, la lecture apparait à
nouveau comme une contrainte scolaire bien que ceux qui lisent, le font pour
« rêver, s'évader » (source Centre National du
Livre)9(*).
C'est dans cette optique que se place la Fête du Livre
et les diverses animations que proposent la médiathèque de
Ludres. A lumière de cette expérience, il s'agit donc de montrer
dans une deuxième partie que le positionnement d'une bibliothèque
dans le rapport lecture/enfant reste incertain et en constante mutation.
Même si les objectifs (communiquer la bibliothèque comme source de
plaisir) sont dûment établis, la mise en application
concrète reste difficile.
« Le plaisir
avant tout » : un credo qui fait sens, mais dont la mise en
oeuvre s'avère parfois difficile
A la suite des analyses de la Première partie, il
semble que les professionnels des bibliothèques ont compris l'importance
du jeu dans l'appréciation de la lecture par l'enfant.
1) De l'importance du jeu
dans la construction du « je »
1.1 L'enfant, homo ludens en
puissance ?
Dans son Essai sur la fonction sociale du jeu, le
célèbre historien Johan Huizinga qualifie l'homme d'homo
ludens - littéralement «l'homme qui joue ». Cet
ouvrage consacré à l'étude de la culture et des loisirs
montre que le jeu est un phénomène culturel inhérent
à l'homme. Huizinga va plus loin lorsqu'il affirme que « la
culture ne naît pas en tant que jeu, ni du jeu, mais dans le
jeu ». Si le jeu peut être un moyen de fuir le réel, il
est tout autant une activité créatrice, permettant la
construction de soi. D'après Huizinga, le jeu est « une action
libre, sentie comme fictive, et située en dehors de la vie
courante »10(*).
Ainsi cette réflexion se place-t-elle en relation directe avec les
objectifs mis en place par les bibliothèques dans le rapport à la
lecture chez l'enfant. En effet, le jeu offre un moyen détourné
d'aborder la lecture, ce qui n'est pas sans rappeler les nombreuses animations
qui tendent à se développer dans les bibliothèques
dès les années 1960. A certains égards, à suivre
Michel Picard, « tout texte a du jeu, et sa lecture le fait
jouer »11(*).
Aussi, l'exemple de l'Heure du conte, montre que la lecture donne du jeu
à l'enfant. L'oralité, voire la théâtralité
de ces lectures, transpose le jeu naturellement présent dans la
littérature jeunesse et permet d'abolir la contrainte que peut
constituer l'acte de lecture. Cet exemple montre que le jeu permet le
divertissement, l'accès au plaisir.
Le jeu, en sollicitant l'imaginaire de l'enfant, permet
à cet « être en devenir » d'aborder le monde,
et de se diriger pas à pas vers une approche rationnelle de ce qui
l'entoure, vers une autonomisation de la pensée.
Aussi, avec l'arrivée de l'adolescence, les enfants se
détachent progressivement du jeu, ce que l'on pourra constater lors de
la Fête du livre avec la désaffection des
« préadolescents » pour cette animation.
1.2
L'interprétation : jeu entre le lecteur et le livre
Les années 1960 marquent la montée des
théories de la réception. La lecture ne peut se réduire
à la simple action de « déchiffrage »
où le sens de l'ouvrage est explicite, où il suffit de lire pour
comprendre. Lire, c'est interpréter et chaque lecteur quel qu'il soit
n'aura pas la même interprétation d'une oeuvre. En effet, l'action
de lire se fait toujours à la lumière de nos propres
expériences personnelles : c'est la théorie que
développe Vincent Jouve dans La lecture. D'après Jouve,
le lecteur oscille entre trois positions de lecture : le lectant, le
lisant, le lu.
Le lectant refuse de se laisser prendre par
l'illusion romanesque, il sait qu'il a affaire à un monde imaginaire. Il
appréhende le roman dans l'optique d'en faire l'analyse, de
l'interpréter. Il cherche à déceler les stratégies
narratives de l'auteur, voire à anticiper les péripéties
de l'histoire.
A l'inverse, le lisant est victime de l'illusion
romanesque. Il considère le personnage comme une personne réelle,
et accepte le temps de la narration de se laisser prendre par l'histoire.
Enfin le lu, quant à lui, croit à un
degré encore plus fort que le lisant, à l'illusion romanesque. A
travers la lecture, le lecteur cherche à se trouver lui-même.
C'est un moyen détourné de vivre ses rêves et ses
fantasmes ; il est dans la sublimation. Le personnage n'est alors pour lui
qu'un prétexte pour vivre l'histoire lue.
Ces deux derniers mode d'appréciation d'un texte,
montre que la lecture a donc une valeur de catharsis, elle permet au
lecteur de se purger de ses passions (souvent peu avouables, voire
destructrices), d'échapper à la réalité quand
celle-ci devient insupportable. Il en est de même pour la lecture chez
l'enfant : elle est source d'évasion, lui permet d'accéder
à un univers fictionnel qui le libère de sa condition, le fait
rêver, s'évader, mais aussi réfléchir par rapports
à ses questionnements existentiels. Aussi la lecture permet-elle sa
construction (mais l'enfant n'en a pas ou peu conscience). Le livre est un
objet transitionnel : lire n'est pas une finalité en soi, mais
plutôt le moyen d'accéder à quelque chose comme par exemple
au plaisir.
Il est essentiel pour les bibliothèques de mettre
l'accent sur cet aspect. Or le fait de lire n'est pas inné, pas plus que
la volonté d'apprendre à lire.
L'apprentissage de la lecture se fait par l'école, sur
le mode obligatoire. Même si l'école et le travail n'excluent pas
a priori une dimension ludique ou de plaisir, ils demeurent
associés à la contrainte. Or, les bibliothèques ne
relèvent d'aucun caractère obligatoire. Et si franchir les portes
d'une bibliothèque devient, pour certains enfants, une habitude, ce
n'est pas le cas pour la majeure partie d'entre eux. Aller à la
bibliothèque, choisir un livre, le lire, autant d'actions qui
relèvent de « l'acquis », qui exigent de l'enfant un
effort.
Ainsi, par les animations, les bibliothèques tendent
à réduire l'écart physique, psychologique et culturel
entre le livre et l'enfant. Et c'est généralement par le moyen
détourné du jeu que cette action s'opère.
Cette intervention des bibliothécaires se voit
d'ailleurs en partie contrariée par des évolutions sociales,
culturelles et économiques en cours, la lecture se trouvant
reléguée à la fin du palmarès des loisirs
privilégiés par les enfants, loin derrière la
télévision, les jeux vidéo et l'Internet.
2) Les animations en
bibliothèque : susciter l'envie de lire par le jeu. L'exemple de
la médiathèque de Ludres.
2.1. Bref historique de la
médiathèque de Ludres
Les prémices de la bibliothèque remontent
à 1976, date à laquelle deux pièces figurent un embryon de
bibliothèque. Tenue par une équipe de bénévoles, la
bibliothèque constitue son fonds grâce aux dons des habitants et
aux subventions de la Direction régionale des affaires culturelles
(DRAC) ; elle est alors uniquement destinée aux enfants, ce qui
montre d'emblée une volonté de s'inscrire dans le rapport
lecture/enfant. La ville étant alors en pleine expansion, la surface de
la bibliothèque s'agrandit, agrégeant au fur et à mesure
les salles de l'ancienne école primaire. Dans le même temps, des
bibliothécaires (professionnels) sont engagés à mi-temps.
Dès les débuts, une politique culturelle affirmée est mise
en place. De nombreuses animations sont proposées, en
particulier : des expositions, des séances d'Heure du conte, la
Fête du livre - cette dernière naît en 1989.
Devant l'engouement que suscite cette structure, dans un
contexte local de démographie croissante (la Ville de Ludres compte 6
798 habitants, selon le recensement de 2008), la municipalité octroie de
nouveaux locaux à la bibliothèque, rebaptisée
« médiathèque ». Le nouvel ensemble comprend
1300 m² d'espaces publics, partagés entre un secteur adulte
(situé au rez-de-chaussée) et un secteur jeunesse (à
l'étage).
Tandis qu'au plan national, les statistiques de
fréquentation et de prêt des bibliothèques sont assez
alarmantes, la médiathèque de Ludres semble parvenir à
maintenir son activité.
Après une forte baisse entre les années 2000 et
2003, le Rapport d'activité 2009 de la
médiathèque de Ludres comptabilise 2 243 usagers actifs
(ayant emprunté au moins une fois dans l'année), ce qui traduit
une augmentation par rapport à l'année 2008 (où les
usagers n'étaient que 2 202). Enfin, l'année la plus faste
(1998) comptait 2 773 usagers, soit un écart tout à fait
acceptable de l'année 2009 par rapport à cette année
« historique ».
En ce qui concerne le secteur jeunesse, le bilan est positif
puisque le nombre d'adhérents est en augmentation par rapport à
2008, qu'il s'agisse des enfants de 0 à 5 ans, de ceux âgés
de 5 à 10 ans, ou encore des
« préadolescents » (10-15 ans). En revanche, en ce
qui concerne les adolescents (soit les 15-20 ans), on remarque une forte
désaffection de la médiathèque, ainsi que chez les jeunes
adultes (20-30 ans).
2.2. Panorama des animations
jeunesse : une mise en application ludique
L'Heure du conte, animation désormais ancrée
dans le programme culturel de la majorité des bibliothèques en
France, est proposée à la médiathèque de Ludres.
Afin d'être la plus adaptée aux besoins des enfants, l'Heure du
conte a été déclinée en plusieurs
catégories. Ainsi tous les mercredis après-midi, et ce pendant 45
min, les bibliothécaires jeunesse accueillent des enfants
âgés de 3 à 7 ans. Un mercredi sur deux est consacré
aux 3-4 ans, tandis que les autres sont destinés à l'accueil des
5-7 ans. L'Heure du conte fait l'objet d'un travail conséquent en
amont : sélection d'un thème (les animaux, les
sorcières, Noël, etc.) ; choix d'ouvrages en rapport avec ce
thème (principalement des albums) ; entraînement à la
lecture, et, le cas échéant, utilisation d'instruments de
musique. Par ailleurs, une comptine et une activité plastique sont
également proposées.
Pendant ces séances, les enfants, quel que soit leur
âge, évoluent sans leurs parents, ce qui leur donne un sentiment
d'autonomie. Tout au long des lectures, ils sont libres de se coucher, de
gesticuler (leur imposer une posture assise et rigide pendant 45 minutes serait
une entreprise vaine, compte tenu de leur capacité d'attention), de
rires aux éclats, de montrer les images du doigt, de faire des
commentaires. Ces interactions pendant l'Heure du conte sont toutefois
régulées par les bibliothécaires, car si certains enfants
extériorisent beaucoup leurs émotions, d'autres écoutent
religieusement les histoires et ont besoin de calme et de silence.
L'Heure du conte a le mérite de consacrer la lecture
comme une activité collective, par différence avec la pratique
individuelle que les enfants en ont au quotidien. Une comptine est
chantée par les bibliothécaires à mi-parcours de la
narration de l'histoire. Cela permet à ceux qui auraient perdu leur
concentration de fixer leur esprit sur une autre activité. De plus,
après plusieurs répétitions, les enfants sont
invités à chanter tous ensemble. Cette activité est
très fédératrice : les enfants chantent ensemble,
avec les bibliothécaires, et sont invités à se
« laisser aller ». La comptine est toujours en rapport avec
le thème de l'Heure du conte, ce qui leur permet de voir aussi les
parallèles possibles entre la lecture et d'autres activités
telles que le chant. Enfin, une activité plastique leur est
proposée : il s'agit souvent d'un coloriage (pour les 3-4 ans) ou
d'un collage pours les plus grands (par exemple, pendant l'Heure du conte sur
le thème des « petites bêtes », les enfants
ont réalisés une abeille à l'aide de carton, de papier et
de crayons). Cette activité permet aux enfants de développer leur
créativité. A la fin de cette animation ils sont toujours
invités à emmener leur création chez eux, ce qui laisse
une trace matérielle de ce moment et peut leur rappeler les histoires
qu'ils ont écouté.
Les mouvements menés dans les années 1960 par
les militants de l'éduction populaire, ont également
soulevé l'importance de familiariser l'enfant avec la lecture dès
son plus jeune âge. Aussi, depuis 2009, la médiathèque
propose une Heure du conte pour les bébé-lecteurs. Cette
animation s'adresse aux enfants âgés de 0 à 3 ans.
La médiathèque de Ludres met tout en oeuvre pour
familiariser les enfants avec la lecture. L'utilisation des albums dans l'Heure
du conte permet aux enfants de saisir l'importance de l'image dans la lecture,
qu'ils peuvent aisément comprendre sans les mots. L'Heure du conte
permet également de réduire les écarts de lecture qui
peuvent exister entre les enfants. En effet, pour la catégorie des 5-7
ans, alors que certains apprennent la lecture et tendent à devenir de
bons lecteurs, d'autres n'ont pas encore fait leur entrée au CP.
Ce dernier point n'est pas sans rappeler qu'une des missions
premières des bibliothèques est d'offrir un accès
égal à la lecture pour tous, et pour se faire d'oeuvrer à
réduire les écarts physiques, économiques et sociaux entre
le public et les livres. C'est dans cette optique que la
médiathèque a décidé d'offrir une Heure du conte
« adaptée ». Cette animation s'adresse à un
public polyhandicapé âgé en moyenne de 5 à 20 ans,
une fois par mois, à la médiathèque. Le manque de place
restreint les bibliothécaires à accueillir un nombre
limité de personnes. L'Heure du conte adaptée se rapproche de
celle des bébés lecteurs, car ici aussi l'accent est mis sur la
musicalité des textes et l'importance de la musique dans la narration.
Enfin, les « contes au jardin », furent
mis en place pour la première fois en 2009. Il s'agit de deux
séances d'Heure du conte pour les enfants âgés de 3
à 8 ans et qui se déroulent pendant la période estivale.
Cette animation « hors les murs » décontextualise le
livre. Les enfants sont réunis en plein air, sous un kiosque, il n'y a
donc aucunes traces de «l'institution bibliothèque » qui
pourrait rebuter certains enfants.
Pour finir, une Soirée contes est mise en place une
fois par an. Cette animation est menée par un conteur professionnel et
s'insère dans un cadre plus familial puisqu'elle est ouverte à
tout le monde à partir de 8 ans. La soirée contes a donc un
rôle de cohésion sociale et permet à la
médiathèque de se placer comme un lieu générant des
divertissements.
D'autres animations ponctuent la vie culturelle de la
médiathèque. Des expositions sont régulièrement
mises en place au secteur jeunesse. On retrouve des thèmes tels que le
loup, le Moyen Age, ou encore la langue des signes. Les expositions sont
répertoriées dans les animations dites
« fixes », mais peuvent faire l'objet d'animations
parallèles. Par exemple, en ce qui concerne l'exposition sur la langue
des signes française, la médiathèque a accueillie sur
trois samedi les membres de l'association « Cri &
Rex ». Cette association réunie des personnes sourdes ou
malentendantes, ainsi que des personnes «entendant
et parlant ».
Ce rapide panorama des animations à la
médiathèque de Ludres souligne l'importance du jeu dans le
développement de la lecture auprès des jeunes. En effet, toutes
les animations ont pour point commun d'être ludiques. L'Heure du conte,
en abolissant la barrière du savoir - lire, laisse une part importante
au développement de l'imaginaire et de la créativité de
l'enfant. Les animations présentées tendent également
à amener l'enfant vers plus d'autonomie et donc de liberté. En
effet, le choix des histoires, des thèmes pour les expositions,
permettent à l'enfant par des moyens détournés, de
découvrir la diversité des ouvrages qui leur sont
destinés. La bibliothèque tente de trouver sa place entre
pédagogie et plaisir, elle guide et suggère plutôt qu'elle
n'impose.
Mais si l'évolution des missions des
bibliothèques tend à montrer une césure avec
l'école, cette frontière n'est pas aussi nette qu'on le pense, et
la mise en application de cette volonté reste difficile.
2.3. Une mise en application
ludique qui soulève une tension entre pédagogie et lecture
plaisir
Si effectivement la bibliothèque se place comme
médiateur du livre, elle ne le fait pas à n'importe quel prix. A
la médiathèque de Ludres, on trouve peu d'éditions
« commerciales » du type adaptation en BD ou album des
séries animées télévisées (Bob
l'éponge ou Dora l'exploratrice). Tout se passe comme si,
au-delà de leur mission générale consistant à
favoriser le contact de l'enfant avec la lecture, les bibliothécaires du
secteur jeunesse cherchaient à diriger l'enfant vers les romans. La
règle de prêt, selon laquelle les enfants âgés de
moins de 14 ans ne peuvent emprunter que trois bandes-dessinées sur les
sept documents autorisés, tirerait son origine de ce but
« caché » ou « second » des
bibliothécaires.
A l'inverse, plusieurs auteurs qui se sont essayés
à l'analyse du rapport entre la lecture et l'enfant plaident pour la
non-orientation du jeune lecteur, au motif qu'entraver les choix de lecture
d'un enfant revient à le détourner petit à petit à
l'acte de lire. La bande dessinée, au même titre que l'album,
permet à l'enfant une entée « en douceur »
dans la lecture. L'illustration dans la littérature jeunesse a une
importance majeure, et pour cause, elle permet de soutenir la lecture de
l'enfant, et ce dernier s'en détache d'ailleurs difficilement. Le texte
fait peur, et à l'inverse l'illustration rassure. L'absence
d'illustration dans un ouvrage suscite chez l'enfant la pensée que
l'histoire sera nécessairement difficile. C'est pour cette raison que
par exemple entre 10 et 14 ans, les enfants ont tendance à se focaliser
sur le nombre de pages d'un roman.
Ainsi, la médiathèque de Ludres oscille-t-elle
entre pédagogie et plaisir. Il y a là un paradoxe, ou du moins
une tension. D'une part, on constate une forte volonté de
détacher le livre des contraintes scolaires, de mettre l'accent sur
l'importance du plaisir dans la lecture, et d'autre part la
médiathèque ne peut pour autant se détacher de tout
préceptes pédagogiques. Et la volonté d'entretenir des
partenariats forts avec l'école demeure ; à Ludres, en 2009,
la médiathèque a organisé 30 visites de classes pour
l'école maternelle et 41 visites pour l'école primaire.
A chaque début d'année scolaire, la
médiathèque de Ludres envoie aux écoles maternelles et
primaires un communiqué les informant de l'existence de la
médiathèque et des services dédiés aux
écoles : sur rendez vous, les enseignants et leurs classes sont
accueillis à la médiathèque. L'enseignant est libre de
choisir le thème sur lequel il souhaite travailler. Les
bibliothécaires du secteur jeunesse sont ensuite chargés de
sélectionner des livres en rapport avec le thème, de
préparer une animation. L'accueil des classes se fait dans un premier
temps dans la salle réservée à l'Heure du conte. Des
histoires sont lues aux enfants, puis un échange entre la
bibliothécaire et les enfants est organisé. Durant ces
séances, l'instituteur intervient peu ou pas, ce qui permet aux enfants
de sortir du cadre de l'école et d'oublier pour quelques temps le
« carcan » scolaire. L'animation se déroule ensuite
au sein du secteur jeunesse, où les enfants sont répartis par
petit groupe. L'accueil se termine par le choix des livres. Les enfants ont
pour obligation de choisir un des livres disposés sur les tables. La
présélection permet d'aiguiller leur choix, mais la disposition
sur les tables « en libre service » leur laissent quand
même une part d'autonomie. Dans le cas d'un accueil de classe sur le
thème du livre policier auquel l'auteur de ce mémoire a pu
assister, plusieurs enfants ont souhaité se démarquer en
choisissant un livre sur un autre thème. Ceci accrédite la
thèse selon laquelle la contrainte dans le rapport à la lecture
peut avoir un effet d'éviction chez l'enfant. De plus, même si
l'enseignant est « absent » de cette animation,
l'obligation d'emprunter un livre à la fin de l'animation leur rappelle
que l'apprentissage de la lecture est un passage obligatoire dans
l'instruction, et que ne pas s'y soumettre fera l'objet de sanctions et sera le
signe d'un échec.
La médiathèque de Ludres fournit une bonne
illustration du rôle complexe joué par la bibliothèque dans
le rapport de l'enfant à la lecture. Plus particulièrement, la
Fête du livre, qui veut conjuguer lecture et plaisir, constitue une
spécificité de la médiathèque de Ludres au sein des
autres établissements de la région.
3) La fête du livre à
Ludres : une animation exemplaire
3.1. Les règles du
« jeu »
La première édition de la Fête du livre
est née en 1989, sur l'initiative conjointe de Marie-Odile Kubler (alors
responsable de la bibliothèque), des bibliothécaires et de
plusieurs parents d'élèves. La première édition
s'est tenue dans les anciens locaux de la médiathèque et a
réuni une cinquantaine d'enfants. Devant tant d'engouement, les
éditions suivantes de la fête du livre prirent leur quartier sur
le plateau de Ludres, en plein air, dans de meilleures conditions d'accueil.
Cette animation s'adresse aux enfants, dont les niveaux
scolaires vont de la grande section de maternelle à la classe de
5ème. Afin d'adapter au mieux l'animation, les enfants sont
répartis selon 4 catégories correspondants à des niveaux
scolaires :
- les Poussins : Grande section de maternelle et
CP ;
- les Benjamins : CE1 et CE2 ;
- les Minimes : CM1 et CM2 ;
- les Cadets : 6ème et 5ème.
Pour tous, le défi est le même : s'inscrire
à la médiathèque et lire trois livres afin de pouvoir
participer pleinement à la fête du livre. Chaque année, la
Fête du livre est placée sous le signe d'un thème. Pour la
22ème édition, « les livres font leur cirque ». Une
exposition sur le thème du cirque est également mise en place
à la médiathèque et fera l'objet de questions lors de la
Fête.
La Fête du Livre comprend deux temps forts : une
période de deux mois est consacrée à la promotion de la
fête, aux inscriptions et à la lecture des trois ouvrages ;
une journée est constituée par la Fête proprement dite.
La préparation de la fête du livre demande
beaucoup de préparation - 200 heures de travail environ, répartie
sur une période de dix mois - et cinquante bénévoles sont
nécessaires à son bon fonctionnement.
Le jour de la Fête (le samedi 12 juin a
été retenu pour l'année 2010), tous les enfants sont
invités à se réunir au plateau de Ludres. Ils doivent
d'abord se présenter au stand «Inscription» pour former des
équipes de trois ou quatre, par catégories. Chaque groupe se voit
attribuer une « fiche de route », qu'il gardera tout au long du jeu.
Cette fiche permet de comptabiliser les points gagnés pendant le
parcours. Les équipes doivent ensuite se rendre vers le plateau de jeu
(avec pions et dés) qui leur a été attribué. Sur le
modèle du jeu de société « trivial
pursuit », le dé indique au groupe où se diriger sur
cette piste de jeu grandeur nature.
Les enfants doivent ainsi, au gré du résultat
des dés, se rendre soit vers des stands « lectures »
où cinq questions sur les livres ou sur l'exposition leur sont
posées, soit vers des stands « jeux »
où des défis (jeux ludiques ou activités sportives en
rapport avec le cirque) les attendent.
Pour parfaire le jeu, et permettre aux enfants d'engranger
davantage de points, des questions « intermédiaires » leur
sont également proposées : rébus, courts mots
croisés, énigmes, et autres jeux des sept différences sont
ainsi disséminés sur tout le terrain de jeu.
Cette course folle dure près de deux heures. Ensuite,
les enfants sont invités à se réunir à « la
maison des loisirs », où leurs feuilles de route sont
récupérées par les bénévoles pour le
comptage des points.
Après tant d'efforts, un goûter est offert aux
enfants, ainsi qu'un spectacle.
La journée se clôt par la remise des prix qui
récompense tous les enfants, mais distingue plus particulièrement
trois équipes ; un chèque-lire ou un livre sont remis
à chaque participant.
Assistent à la séance de récompense le
maire, d'autres élus (notamment l'adjointe à la culture), ainsi
que l'ensemble des organisateurs - bénévoles,
bibliothécaires et parents confondus.
3.2. Les objectifs ambitieux
de la fête du livre
L'objectif premier de la Fête du livre est de montrer le
rapport ludique qui peut unir un livre à son lecteur. En effet, l'une
des conditions pour participer à la fête - même si elle
n'est pas une contrainte absolue - est d'avoir lu les trois livres. Pour
certains enfants, souvent faibles lecteurs, ce seront les seuls livres lus au
cours de l'année (en dehors des prescriptions scolaires). Par le biais
du jeu, le livre ne devient qu'un prétexte pour pouvoir s'amuser, ce qui
permet de libérer la lecture des contraintes scolaires. Les objectifs
pour l'enfant ne sont ainsi pas les mêmes que ceux qu'il rencontre
à l'école. Lors de cette fête, l'enfant lit pour participer
à un jeu, avec ses amis, tandis qu'à l'école, sa lecture
peut n'être motivée que par la « bonne
note » au contrôle de lecture...
La Fête du livre, en abordant chaque année un
nouveau thème, permet aux enfants de découvrir de nouveaux
univers, de leur apporter de nouvelles connaissances sur un sujet. Cette
année le cirque plonge les enfants dans la magie, un monde haut en
couleurs et leur permet de découvrir les différents arts du
cirque tant sur le « papier » qu'en
« vrai » (à travers les activités le jour de
la Fête).
Un stand leur proposera par exemple des activités de
jonglage ou d'équilibre, tandis qu'un autre lancera le défi de se
déguiser le plus rapidement possible en clown. Le développement
du thème du cirque va même plus loin notamment dans les livres.
Prétexte à une intrigue policière, lieu
d'un sabotage inter - galactique, ou encore moyen d'aborder la question de la
discrimination sociale en fonction des origines, le cirque devient le moyen
d'aborder des questions de société, des thèmes plus
sérieux.
La Fête du livre recèle aussi des enjeux
civiques. En effet, puisque les enfants sont en équipe, ils doivent
apprendre à s'entraider, à réfléchir et avancer
ensemble. Une récompense est attribuée à chacun à
la fin du jeu, ce qui leur rappelle que l'essentiel dans un jeu est de
participer, de passer un moment agréable dans le respect de soi et des
autres. Pourtant, force est de constater que la Fête du livre, comme les
jeux du type « défi lecture », engendre inévitablement
un certain esprit de compétition, avec ses dérives possibles.
Néanmoins, la dimension agonistique est plutôt ici le moyen
d'introduire le livre auprès de l'enfant et du fait de la participation
en groupe, efface les réticences de certains à participer. En
effet, il n'est pas nécessaire de rappeler que l'enfant, dès son
plus jeune âge, fonctionne « en meute », et est donc
très influencé par l'effet de groupe. Ainsi, la Fête du
livre amène les faibles lecteurs à participer pour être
auprès de leurs camarades.
A travers la découverte des livres, les enfants sont
mis au contact de la diversité des oeuvres littéraires :
- diversité dans les supports : albums, romans, romans
illustrés ;
- diversité des genres littéraires :
science-fiction, récit de vie, policier ;
- diversité éditoriale : cascade,
arc-en-ciel, l'école des loisirs, les éditions syros, collection
pleine lune chez Nathan.
La lecture des livres leur permet de voir qu'un même
thème est susceptible de plusieurs approches, et que l'imagination de
l'auteur - à laquelle leur propre imagination fait écho - peut
être source de plaisir.
3.3. Le partenariat au service
de la Fête du livre
Dès ses débuts, la Fête du livre fut
portée par des bénévoles - les parents
d'élèves. Au fil des années, le nombre des
bénévoles s'est accru, parallèlement à celui des
participants. Le projet a été porté par la
municipalité, la fédération des parents
d'élèves de l'enseignement public ou PEEP, et
bénéficie aujourd'hui de l'implication de nombreux autres
partenaires.
Concrètement, une équipe d'une cinquantaine de
bénévoles participe activement à la préparation de
la fête. Ils réalisent les activités proposées sur
les stands, ainsi que les questions intermédiaires.
Ils participent également au choix du titre de la
Fête, et donnent leur avis sur le choix des livres. Enfin, ils sont en
charge de la rédaction des questions sur les livres, qui font ensuite
l'objet d'un tri ou d'une sélection par les bibliothécaires (ceci
fut l'un des travaux qui m'a été confié lors de mon
stage).
Pour une commune de quelques 7 000 habitants comme Ludres, un
projet d'une telle envergure n'est réalisable que si les
bénévoles et le secteur associatif se mobilisent.
Comme par le passé, des associations ludréennes
comme L'étrier de Lorraine ou Burkin'avenir sont venus
en 2010 prêter leur concours à la fête du livre.
L'étrier de Lorraine, qui est un club d'équitation, a
gracieusement mis en place un stand avec un circuit et des poneys, tandis que
de nombreux bénévoles de Burkin'avenir ont activement
participé à l'organisation de la fête.
La PEEP tient un rôle actif dans la préparation
de la fête, par la présence de nombreux de ses membres, et finance
notamment le goûter offert à la fin de la Fête.
Le Conseil Général, offre chaque année
150 chèques-lire à la médiathèque, un effort
considérable si on le rapporte à la contribution
« moyenne » du Conseil général de
Meurthe-et-Moselle en matière de chèques liés à des
projets d'animation, qui avoisine en général les 50
chèques.
Ce projet réunit l'ensemble des acteurs culturels de la
ville et bénéficie du soutien de la municipalité, ce qui
montre que cette action est portée politiquement (voir annexe 3) et lui
donne un caractère légitime.
Si dans les bibliothèques la règle est
plutôt l'organisation d'animations ponctuelles
« uniques », la Fête du livre qui se perpétue
depuis 22 ans montre qu'il est possible d'inscrire une action dans la
durée.
3.4. La promotion de la
Fête du livre : son rôle essentiel dans l'engouement des
jeunes pour la lecture
La campagne de promotion tient un rôle essentiel dans la
participation des enfants dans la fête du livre.
L'auteur de ce Mémoire a participé à ce
travail de promotion, lequel a constitué une part importante de son
stage à la médiathèque. Le détail des actions
menées dans le cadre du stage de DUT est décrit ci-dessous.
Au préalable, il a fallu prendre contact avec les
directeurs des établissements scolaires de Ludres (les écoles
maternelles et primaires Pierre-Lotti et Jacques-Prévert ; le
collège Jacques-Monod), afin de leur proposer une intervention au sein
des différentes classes. Ces chefs d'établissement n'ont pas
caché leur enthousiasme à l'égard des
« animations de promotion » - ce qui est le
témoignage d'un engagement sincère de l'école dans le
partenariat avec la bibliothèque.
Les interventions en classe se sont assignées plusieurs
objectifs :
- faire connaitre la médiathèque, son
fonctionnement et ses collections dans une optique de promotion de la lecture,
en insistant par exemple sur la présence de mangas et de magazines
à la médiathèque ;
- présenter la Fête du livre : les
règles du jeu, les modalités d'inscriptions, le « but
» du jeu (lire trois livres) ;
- rassurer les enfants : axer le discours sur
l'importance du jeu et de la convivialité de la Fête. Insister sur
le fait que la fête du livre est un jeu d'équipe, ce qui pour eux
est l'occasion de se retrouver entre amis et de faire une activité
ensemble. Insister sur l'idée que le jeu n'est pas uniquement axé
sur la lecture, mais aussi sur des « challenges » plus sportif
et de réflexion. Enfin, rappeler que la règle d'or de la
Fête du livre tient dans la maxime : « l'important c'est de
participer, tout le monde repart gagnant » ;
- adapter le discours et la difficulté des
activités en fonction de l'âge du public, prendre en compte
leur rapport à la lecture. En effet, les enfants entre 5 et 8 ans sont
plus réceptifs et enjoués face à un discours sur la
lecture, que les préadolescents par exemple.
Les essais relatifs aux rapports entre lecture et enfance
mettent en avant le caractère essentiel de l'appropriation d'un livre
par l'enfant. L'objectif principal serait de rendre les enfants actifs
dans la découverte des livres qu'on leur donne à lire, de
manière à ce que les enfants créent leur
« propre envie » de s'investir.
Pour créer ce désir d'entrer de plein gré
dans la Fête du livre, la présentation des différentes
histoires a cherché à rester dans la suggestion, en
évitant de dévoiler l'intrigue, afin de créer un horizon
d'attente, même si celui-ci pouvait s'avérer être loin de
l'histoire réelle du texte.
Par le biais d'activités ludiques (Voir annexe
N°1), les interventions en classe doivent créer des attentes chez
les enfants. C'est aussi le moyen de
« déscolariser » le livre.
En présentant ce dernier d'une manière ludique,
le public des enfants (re)découvre une autre approche de la lecture,
détachée des contraintes scolaires (du type analyse du
schéma narratif). A titre d'exemple, les activités
destinées aux minimes et aux cadets devaient leur montrer qu'à
partir de « petits savoirs » (couverture, titre,
collections, éditeurs), ils étaient capables, grâce
à leur imagination, d'inventer une ébauche de
« quatrième de couverture », soit un court
résumé ayant pour but de susciter l'envie de lire le livre. Cette
activité ayant été réalisée en groupe, cela
a permis également aux enfants de susciter l'envie chez les autres.
Cette activité remplissait également l'objectif de favoriser la
création et de montrer qu'en somme tous les enfants sont des
écrivains « en herbe ».
4) Le bilan de la 22ème
édition de la fête du livre
4.1. Quel bilan pour la
22ème édition ?
Bien que la fête du livre n'est pas encore eu lieu, nous
pouvons néanmoins émettre quelques remarques suite à
l'action de promotion réalisée au sein des écoles.
Il faut sans doute dépasser le lieu commun selon lequel
« les classes se suivent mais ne se ressemblent pas », et
tenter, modestement, de tirer quelques enseignements de la fête du
livre, notamment à propos de la représentation de la lecture chez
l'enfant.
Contre toute attente, alors que les catégories des
poussins et des benjamins sont encore dans l'apprentissage de la lecture, ce
sont ceux qui montrent le moins de réticences dans les interventions de
la promotion de la fête du livre. En effet, si l'école donne des
repères de lecture (analyse du schéma narratif, du sens du
texte), la médiathèque opère, par le biais de la
fête du livre, avec cette animation, une sorte de
« dérèglement » au terme duquel le livre
se fait jeu, et la lecture, plaisir.
On peut cependant avancer que ce n'est pas un public
« à conquérir » dans le sens où
après un sondage à main levée, il s'avère que la
majorité des enfants est inscrite à la médiathèque
et a déjà participé à la fête du livre. Cet
engouement pour les activités réalisées en classe peut
aussi s'expliquer par leur âge. En effet, ils sont encore dans une
période où leur conduite est guidée par la figure de
l'adulte (le parent, l'enseignant) et ils souhaitent avant tout satisfaire les
attentes de l'adulte avant les leurs. Aussi, de nombreux enfants ont envie de
participer à la fête car leurs parents les poussent à s'y
investir.
A l'inverse, le public des cadets montre clairement des
signes d'opposition à la lecture, ainsi qu'aux animations
proposées par la médiathèque. Le défi de leur faire
comprendre que la lecture peut être une source de plaisir est d'autant
plus grand, du fait que les activités de promotion sont
réalisées en classe. Cela crée une tension entre le
discours tenu et la réalité des faits. Aussi, leur
réaction semble légitime : comment leur demander d'entrevoir
la lecture sous un autre aspect que celui de la contrainte alors qu'ils sont
dans un contexte scolaire (présence de l'enseignant, intervention
pendant les cours de français, salle de classe) ?
De plus, les préadolescents et adolescents sont dans
une période de constante recherche d'une identité propre, ce qui
se traduit généralement par une ferme opposition aux formes
d'autorités (famille, société, école). Aussi, le
fait de participer à une animation également ouverte à des
enfants plus jeunes est perçu comme un régression. Ils se sentent
infantilisés, sentiment renforcé par le choix du thème de
cette 22ème édition - le cirque. Le cirque semble
avoir été pour eux un thème « passé de
mode », associé à un univers coloré et
naïf, assez peu en phase avec leur « crise
d'adolescence ».
Néanmoins, l'activité proposée avait
justement pour but de montrer qu'un thème peut être traité
de différentes manières dans la lecture. Les livres à
destination des cadets étaient loin de donner une
vision enfantine du cirque, avec, parfois, des histoires sombres, mêlant
science-fiction et enquête policière. Malgré
l'activité, les réticences demeurent, remettant en question la
légitimité de cette animation pour cette tranche d'âge.
Cette remise en question s'est également traduite à plusieurs
reprises au cours des interventions. En effet, quelques adolescents ont
demandé à pouvoir lire les livres sans être obligés
de participer à la fête, faisant ainsi comprendre que les
animations proposées le jour de la fête ne sont pas
adaptées à leur envie. L'effet de groupe joue un rôle
important dans l'appréciation des activités par les enfants,
quelque soit l'âge. Il suffit que quelques enfants montrent de
l'enthousiasme quant à une éventuelle participation à la
Fête pour que les autres suivent. A l'inverse, si un noyau d'enfants est
intéressé mais que la majorité se montre réticente,
alors aucun n'osera affirmer son enthousiasme.
Mais ceci appelle sans doute des nuances, car le bilan de l'an
passé révèle que les cadets n'avaient jamais
été aussi nombreux à participer depuis une dizaine
d'années- soit une grande partie des élèves de
5ème.
4.2. De l'importance de
toujours questionner la place de la bibliothèque dans le rapport
à la lecture
La Fête du livre soulève également la
tension qui réside ente animation et lecture. En effet, la lecture est
avant tout une pratique individuelle, où le lecteur s'approprie
l'histoire, se crée un univers personnel. A l'inverse, l'animation
socialise la lecture, tend à verbaliser cette appropriation. Aussi, les
animations peuvent-elles être perçues par les enfants comme une
intrusion dans leur intimité et susciter chez eux de la peur ou de la
gêne. Malgré les objectifs mis en place avant les interventions
(notamment rassurer les enfants), la présence d'un animateur
extérieur assurant la promotion de la fête du livre montre
implicitement que la médiathèque attend quelque chose d'eux.
Cette tension rappelle également le désir
d'autonomie fortement présent chez les préadolescents et les
adolescents, qui se traduit par le refus de se soumettre à des
règles, à un cadre. Or, la fête du livre est un jeu, et
tout jeu se définit comme un ensemble de règles. A l'inverse, les
jeunes « usagers » qui viennent à la
médiathèque ne refusent que très rarement les conseils des
bibliothécaires. Cela montre qu'il est possible de se placer dans le
rapport à la lecture chez les jeunes, quand cette action est
spontanée.
CONCLUSION
L'avènement des secteurs jeunesse dans les
bibliothèques publiques, dont on peut constater l'ascension à
partir de 1960, marque une césure entre école et
bibliothèque. Tandis que la première, berceau du premier contact
entre le livre et l'enfant, tend à inculquer des règles et placer
la lecture au centre de l'instruction, la bibliothèque, quant à
elle, met en avant par l'animation, la lecture comme source de plaisir. Plaisir
dans la liberté des multiples choix qu'offre aujourd'hui la
littérature jeunesse, mais également plaisir dans le jeu avec le
livre et plus largement dans la lecture. Néanmoins, malgré de
nombreuses actions, telle que la fête du livre, nous pouvons constater
que ce positionnement n'est pas simple d'une part dans sa mise en application
et d'autre part dans l'esprit des premiers concernés à savoir les
enfants (ou plus largement « les jeunes »).
La promotion de la fête du livre au sein des classes a
permis à l'auteur de ce mémoire, outre le fait de connaitre une
expérience des plus enrichissantes, de soulever les difficultés
auquel se heurte cette animation. Entre l'engouement des
« petits » et le désintérêt parfois
marqué des « plus grands », la fête du livre
permet de constater que les tensions qui existaient déjà au
début du XIXème siècle entre école et
bibliothèque perdurent. Le livre n'a pas nécessairement perdu son
caractère contraignant, associé à un acte de lecture comme
un « effort ».
Ces remarques ne tendent pas à tirer un bilan
négatif des actions à l'image de la fête du livre, bien au
contraire. Cette animation réunit en moyenne 150 enfants, ce qui,
rapporté à la démographie ludréenne, est un
résultat hautement positif. Le caractère pérenne de la
fête du livre montre l'engouement des enfants pour les animations
« hors les murs » et souligne également la forte
implication de la médiathèque dans la vie associative de la
commune et dans la promotion de la lecture comme source de plaisir.
Aussi les bibliothèques continueront d'osciller entre
volonté d'autonomisation de l'enfant, pédagogie et
divertissement, à l'image des fluctuations que connaissent les pratiques
culturelles de la jeunesse.
BIBLIOGRAPHIE
Les animations en bibliothèque
v ALEBERTEAU, Solange, BERNIER Véronique, ARTIS,
Sylvanna...[et al.]. Sous la direction de POSLANIEC, Christian. Dix
animations lectures en bibliothèque jeunesse. Paris : Retz,
2007. 1 vol. (192 p.) - (Collection Pédagogie pratique)
v BRASSEUR, Philippe. 1001 activités autour du
livre. Paris : Casterman, 2007. 1 vol. (125 p.)
v POSLANIEC, Christian. Donner le goût de lire :
des animations pour faire découvrir aux jeunes le plaisir de la
lecture. Paris : Ed. du Sorbier, 2004. 1 vol. (249 p.)
La lecture et les théories de la
réception
v BRETON, Jean-Yves, DESSAIVRE, Marie-Paule, GIVON,
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Réception de la littérature jeunesse par les jeunes.
Paris : INRP, Institut national de recherche pédagogique, 2002. 1 vol.
(201 p.) - (Collection documents et travaux de recherche en
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2005, n°5, p. 68-69.
v HUIZINGA, Johan. Homo Ludens : essai sur la fonction
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1993. 1 vol. (110 p.) - (Collection Contours littéraires)
v PETIT, Michèle. Eloge de la lecture : la
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(Collection Nouveaux mondes)
v PICARD, Michel. La lecture comme jeu : essai sur la
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(Collection Critiques)
Les bibliothèques et l'enfant
v COLLECTIF, sous la direction de FIGUIER, Richard. La
bibliothèque : le miroir de l'âme, mémoire du
monde. [s.l.] : Autrement, 1991. 1 vol. (229 p.) - (Collection
Mutations)
v LOMBARD, Véronique-Marie. Le voyage lecture :
bibliothèques et écoles associées ou comment vivre avec
douze livres une histoire commune de la lecture. Paris : Ed. du
Cercle de la librairie, 2003. 1 vol. (93 p.) - (Collection
Bibliothèques)
v POISSENOT, Claude. La nouvelle bibliothèque :
contribution pour la bibliothèque de demain. Voiron :
Territorial éditions, 2009. 1 vol. (86 p.) - (Collection Dossier
d'experts)
v WEIS, Hélène. Les bibliothèques pour
enfants entre 1945 et 1975 : modèles et modélisation d'une
culture pour l'enfance. Paris : Ed. du Cercle de la libraire, 2005. 1
vol. (426 p.) - (Collection Bibliothèques)
La littérature jeunesse
v POSLANIEC, Christian. (se) former à la
littérature jeunesse. Paris : Hachette, 2008. 1 vol. (367 p.) -
(Collection Profession enseignant)
v Cours de littérature de jeunesse, dispensé par
Mme Agnès DELESSA, 1ère année de DUT info-com,
option métiers du livre et du patrimone, IUT Nancy - Charlemagne,
semestre 2.
SELECTION DE SITES INTERNET
Ø CNL (page consultée le 09 juin 2010). Centre
National du Livre, [en ligne]. Adresse URL :
http://www.centrenationaldulivre.fr.
Ø Journal officiel du Sénat (page consulté
le 31 mai 2010). Bienvenue au Sénat, [en ligne]. Adresse
URL :
http://www.senat.fr.
Ø Rapport d'activité de la
médiathèque de Ludres (fichier en format PDF,
téléchargé le 20 mai 2010). Présentation de la
médiathèque [en ligne]. Adresse URL :
http://www.ludres.com.
Ø BBF (page consultée le 09 juin 2010).
Bulletin des Bibliothèques de France, [en ligne]. Adresse
URL :
http://bbf.enssib.fr
Annexes
Table des annexes
1) Liste des livres sélectionnés et fiches
d'activités.......................................p.38
2) Statistiques (1989-2010) sur la fréquentation de la
fête du livre.....................p.49
3) Extrait de la lettre d'information municipale Ludres
info de mai 2010.............p.50
4) Activités des différentes catégories
ayant bénéficiées de la promotion de la Fête du
livre..........................................................................................p.52
ANNEXE 1 : liste des livres sélectionnés
pour la fête du livre et fiche d'activités pour la promotion dans
les classes.
Catégories Poussins (Grande section-CP)
Vous n'avez pas vu mon nez ?
Antonin Louchard
Editions Albin Michel (jeunesse), 1995.
Collection Zephyr
Résumé : Un matin, le clown ne
retrouve plus son nez rouge. Avec l'aide de ses amis, il part à sa
recherche... des nez il va en rencontrer : des petits, des gros, toujours
rouge, mais jamais comme son nez...
Commentaire : L'illustration prévaut dans
cet album, jeu sur la couleur rouge et la forme ronde. Texte très sonore
avec des rimes, des allitérations, auquel s'ajoute l'utilisation du
comique de répétition. Au niveau des illustrations on remarque
également un jeu de lumière qui rappelle la technique du clair
obscur.
Tu seras funambule comme papa
Frédéric Stehr
Editions Ecole des loisirs, 1990.
Résumé : Pepito, le petit ours
apprend à devenir funambule comme son Papa. Seulement voilà, il a
peur du vide, et préfère jouer de la musique avec son ami le
clown. Cela déplait beaucoup à son papa qui se met en
colère, jusqu'au jour où il assiste au spectacle de musique de
Pepito...
Commentaire : Cet ouvrage présente un
auteur incontournable de la littérature jeunesse. Outre le fait que les
illustrations permettent de découvrir l'univers du cirque, l'histoire
porte le message implicite de l'importance de l'affirmation de sa
personnalité et de ses envies.
Etoile
Alan Mets
Editions Ecole des loisirs, 1997
Résumé : Etoile est un tout petit
clown qui joue de la mini-trompette au sein d'un cirque. Jusqu'au jour
où arrive le grand clown blanc, qui subjugue le public et le patron du
cirque. Etoile est renvoyé sur le champs, et seul, il pars vers la
ville... Là-bas, de nombreuses aventures l'attendent, notamment la
rencontre d'un nouvel ami : Noureyef, le chien à
« l'âme artiste ».
Commentaire : Ici aussi, l'auteur est un
incontournable de la littérature jeunesse. L'histoire met en avant
l'acceptation de la différence, puisque Etoile qui est un petit clown,
se voit évincé par un grand clown blanc. Tous les dessins sont
sur fond noir, ce qui crée un contraste avec les couleurs vives des
personnages, et de ce fait les mets en avant (et rappel également
l'univers coloré du cirque).
FICHE D'ACTIVITES
- Présenter la fête du livre en sondant les enfants
qui y ont déjà participé
- Faire deviner le thème à l'aide d'un objet :
le nez rouge
- Expliquer dans le détail les règles du jeu et les
modalités d'inscription
- Présenter la médiathèque : son
fonctionnement, le fonds documentaire...
- Présentation des trois livres en laissant les enfants
intervenir sur ce que les ouvrages leur évoquent
· Pour les maternelles : à chacun est
distribuée une feuille sur laquelle est dessiné un clown. Comme
dans vous n'avez pas vu mon nez, le clown n'a pas de nez, et son
sourire et son chapeau ont également disparus. A eux de les dessiner en
utilisant feutres, crayons, stylos.
· Pour les CP : à chacun est
distribuée une feuille sur laquelle sont représentés
plusieurs personnages représentatifs du cirque. En dessous on retrouve
leur nez, à eux de faire correspondre le bon nez avec le bon personnage.
Ils peuvent ensuite colorier les personnages.
A la fin de l'animation, et pour amener les enfants à
revenir au calme, le début d'Etoile est lu, jusqu'au moment
où le petit clown pars vers la ville. La suite n'est pas
dévoilée pour leur faire comprendre que le but du jeu est de lire
les livres, et cela permet aussi de créer un horizon d'attente.
Catégorie Benjamins (CE1 et CE2)
Animal Circus
Jean Allessandrini (auteur), Sophie Kniffke (illustratrice)
Editions Rageot, 2000.
Collection Cascade arc-en-ciel
Résumé : L'histoire est
racontée par une petite fille à l'imagination débordante.
Alors lorsqu'elle se rend à « l'animal circus » il
ne faut s'étonner s'il se passe des choses étranges. Là
bas les animaux sont capables de bien des exploits. De l'âne qui fait du
calcul mental, au chat aviateur, en passant par les lions musiciens, l'animal
circus n'a de cesse que de surprendre. Il paraitrait même que toute cette
ménagerie dirige le cirque...
Commentaire : L'histoire est intéressante
pour son caractère surréaliste, puisque ici, l'organisation du
cirque est totalement bouleversée : ce sont les animaux qui
dirigent. De plus, le personnage de la petite fille à l'imagination
débordante (au grand damne de ses parents) permet au jeune lecteur de
facilement s'identifier, car il est à un âge où il aime
« se raconter des histoires ». La présence de
nombreuses illustrations, très colorées, projette le lecteur dans
l'univers du cirque.
Héros d'un soir
Françoise Clairet (auteur), Catel (illustrations)
Editions Bayard (jeunesse), 2007
Collection J'aime lire Bayard Poche
Résumé : Quentin, et toute sa
classe vont, pour la fin de l'année, s'exercer aux activités du
cirque. Cela ne dérangerait pas le jeune protagoniste s'il ne devait pas
réaliser un numéro de funambule. Lui, si timide et craintif,
arrivera-t-il à traverser la corde le soir de spectacle ? Et cet
exercice ne sera que plus difficile sous les railleries de thomas, son camarade
de classe et pire ennemi...
Commentaire : L'histoire permet de
découvrir le cirque, mais est surtout un prétexte à une
morale implicite : l'acceptation de soi, des autres, et des
différences ; le travail et la persévérance sont
récompensés par la réussite ; il ne faut pas se fier
aux apparences : le plus faible peut parfois s'avérer être le
plus fort. Ce livre bénéficie en plus de la popularité du
magazine « j'aime lire » qui le place donc comme une valeur
sure auprès des enfants, qui, pour la plupart, en ont déjà
lu.
C'est peut être ça être
amoureux
Agnès Lestrade (auteur), Laurent Andouin (illustrateur)
Editions Milan, 2006.
Collection Milan Poche cadet, « tranche de
vie »
Résumé : Manolito n'est pas comme
tous les enfants de son âge. Lui et sa famille vivent du cirque et
sillonnent les routes dans leur caravane. C'est donc avec une boule au ventre
que le jeune garçon s'apprête à découvrir sa
nouvelle école. Heureusement, la rencontre avec la petite Emmanuel va
bouleverser sa vie, car elle aussi a un secret dur à porter...
Commentaire : Comme dit
précédemment, le cirque sert ici de toile de fond à
l'histoire d'un garçon dont les origines sont souvent la cause de
nombreuses moqueries. Le message implicite de l'histoire est également
l'acceptation de l'autre, notamment dans sa différence. On trouve
également le dessein d'une histoire d'amour, ce qui plait beaucoup aux
filles, et à tendance à rebuter les garçons (titre,
couleur rose de la couverture). La chute de l'histoire clos la morale de cet
ouvrage puisqu'il s'avère qu'Emmanuelle, la nouvelle amie de Manolito, a
été adoptée. Ce livre permet donc d'aborder des
thèmes de la vie (d'où la collection « tranche de
vies »)
FICHE D'ACTIVTES
- Présenter la fête du livre en sondant les
enfants qui y ont déjà participé
- Faire deviner le thème aux enfants à l'aide de
mots clés (nez rouge, chapiteau, funambule)
- Interactions sur les expériences qu'ils ont pu avoir
du cirque, les différents métiers du cirque
- Expliquer en détail les règles du jeu
- Présenter la médiathèque : son
fonctionnement, le fonds documentaire
- Rappel sur les « petits savoirs » qui
caractérisent le livre : couverture, titre, auteur, éditeur,
ce qui permet de faire une transition pour présenter
l'activité
Les enfants sont répartis en groupe de cinq. A chaque
groupe fut distribuée une pochette à l'intérieur de
laquelle se trouvaient dix photocopies de couvertures de livres. Grâce
à une feuille d'indices et en procédant par élimination,
les enfants devaient trouver trois couvertures, qui correspondent aux livres
sélectionnés pour la fête.
Cette activité n'est pas sans leur rappeler des jeux
comme « la chasse au trésors », dont ils sont
souvent friands à cet âge. En les rendant actifs dans la
découverte des livres, les enfants, sans en avoir pleinement conscience,
créent des attentes sur les « trois livres
mystère ». Ils devaient également, pour mener à
bien cette activité, être attentifs aux caractéristiques du
livre.
Une fois le mystère dévoilé, les livres
furent succinctement présentés : début de l'intrigue,
mes propres impressions de lecture. Les enfants pouvaient intervenir pour
émettre des hypothèses de lecture.
Catégorie Minimes (CM1-CM2)
Le cirque Manzano
Lorris Murail
Editions Ecole des loisirs, 1992
Collection Neuf
Résumé : Il se passe de biens
étranges phénomènes au cirque Manzano. Tout commence avec
la disparition de Fred, jeune garçon peut être un peu trop
curieux. Très vite ses deux amis vont se lancer à sa recherche et
s'engouffrer dans les mystères du cirque Manzano, croisant sirène
d'aquarium et nains.
Commentaire : Ici le cirque est
présenté sous un jour plutôt sombre, angoissant. Il est le
terrain d'une enquête improvisée menée par les deux amis.
Ce livre est donc à la frontière avec le genre du thriller et du
policier. L'intrigue tient en haleine le lecteur, le suspens tient une place
importante. Concernant l'auteur, Lorris Murail, cela permet aux enfants de
découvrir un incontournable de la littérature jeunesse (tout
comme sa mère Marie Aude Murail)
Panique au cirque
Dominique Zay (auteur), Catherine Clouco (illustratrice)
Editions Syros, 1992
Collection Souris Noire
Résumé : C'est l'histoire d'un
cirque au succès foudroyant, les gradins sont presque combles à
chaque représentation, jusqu'au soir où, suite à un
sabotage, une partie des gradins du cirque s'effondre, provoquant l'effroi chez
les spectateurs. Très vite le cirque va perdre sa
notoriété. L'enquête est ouverte, tout le monde au cirque
est suspect, enfin presque...
Commentaire : L'intrigue est posée
dès les premières pages et place l'enfant au coeur d'une
enquête. Il découvre les évènements à travers
le point de vue d'un narrateur dont on ne connait l'identité qu'à
la fin. La chute de l'histoire est inattendue et plutôt spectaculaire. La
narration est très marquée par l'oralité du
narrateur : franc-parler, expressions familières.
Eugenio
Marianne Cockenpot (auteur), Lorenzo Mattoti (illustrateur)
Editions du Seuil, 1993
Collection Albums
Résumé : Eugénio est un
clown de talent, toujours à faire sourire petits et grands. Et puis un
jour, son sourire et son envie de faire rire les autres disparait. Quel lourd
secret pèse sur le coeur d'Eugenio ? Grâce à ses amis
du cirque, le clown retrouvera peut être son sourire.
Commentaire : La forme ici est très
intéressante puisqu'il s'agit d'un album. Pendant les animations il a
suscité des réactions diverses chez les enfants : certains
se sont offusqués d'être infantilisés, tandis que d'autres
n'ont pas caché leur joie quant à la présence des
illustrations.
Ici aussi, le cirque n'est qu'un prétexte pour aborder
un thème plus lourd : celui de l'adoption, du deuil, de l'abandon,
des problèmes d'identité. Le texte et les illustrations
dégagent une grande poésie. La magie, le rêve, l'implicite,
la beauté des illustrations sont au service d'un thème difficile.
Le grand format et l'intégration du texte dans les illustrations en
pleine page sont un moyen pour l'enfant de rentrer pleinement dans
l'histoire.
FICHE D'ACTIVITES
- Présenter la fête du livre : règles
du jeu, modalités d'inscriptions
- Insister sur la gratuité (car cette catégorie
est en âge de venir s'inscrire seul à la
médiathèque)
- Présenter le thème en sondant les enfants
sur leur vision du cirque
- Insister sur le plaisir du jeu en groupe, d'être entre
amis, décrire les activités qui seront proposées par les
stands lors de la fête.
· Pour les classes en petit effectif
Après avoir inscrit au tableau les titres des trois
livres sélectionnés pour leur catégorie, chaque
élève pouvait intervenir et donner ses impressions, donner une
interprétation possible, supposer l'histoire qui se cache
derrière le titre de son choix. Les interventions de chacun faisaient
échos à d'autres et ils pouvaient ainsi confronter leur
différence d'opinion, d'interprétation. Le but était
d'instaurer un climat d'échanges libre, où les enfants ne
devaient pas se restreindre dans leurs idées. Il fut clairement
énoncé qu'il n'était pas attendu de leur part que les
hypothèses de lecture correspondent à la réalité du
texte.
Les trois histoires furent ensuite présentées
succinctement, en mettant l'accent sur mes propres impressions de lecture et en
montrant mon plaisir de lire. Les genres auquel se rapportent chacun des livres
furent également présentés. La séance se terminait
sur la lecture du début de Panique au cirque.
· Pour les classes en plus grand effectif
A chaque enfant fut distribuée une feuille sur laquelle
figurait les trois titres, les trois illustrations figurant sur les
couvertures, et une partie (deux, trois phrases maximum) des
résumés présents sur les quatrième de couverture.
Le but était d'associer chacun des
éléments afin d'avoir la « carte
d'identité » complète des trois livres. Ces
« petits savoirs » ont été choisis dans le
but de laisser une part d'implicite. En effet, il n'était pas
aisé de relier les bons éléments ensemble. A l'oral, les
enfants pouvaient ensuite comparer leur réponse et expliquer leur choix
ce qui les amenés à prendre conscience que plusieurs
interprétations d'un même livre sont possibles, et ce même
à la lumière de quelques éléments. Il avait
été clairement énoncé au préalable que cette
activité ne ferait l'objet d'aucunes notations, afin que les enfants se
sentent totalement libres dans leur choix.
Ils pouvaient également faire part de leurs
hypothèses de lecture. Cette activité montrait également
l'importance des « petits savoirs » pour aborder un
livre.
Les trois histoires furent ensuite présentées
succinctement, en mettant l'accent sur mes propres impressions de lecture et en
montrant mon plaisir de lire. Les genres auquel se rapportent chacun des livres
furent également présentés. La séance se terminait
sur la lecture du début de Panique au cirque.
Catégorie Cadets (6e et 5e)
Le cloune et la belle cuillère
Anne Sibran (auteur), Thierry Christmann (illustrateur)
Editions Milan, 1995
Collection Zanzibar
Résumé : dans une cité morose,
la petite Elsa croise le chemin d'un clown (« cloune »
comme elle aime le dire). Ce dernier est bien triste, car il a tout perdu : son
travail, son cirque, et la joie de pouvoir amuser le temps d'un spectacle les
petits comme les grands. Elsa, elle, est pleine de rêve et d'espoir dans
une ville où le béton a remplacé les espaces verts. Elle
le confie d'ailleurs à son journal intime, que le lecteur
découvre par intermittences dans le livre. Elle ne veut pas voir que le
« cloune » travaille aujourd'hui comme veilleur de nuit et
que plus personne ne croit à la magie du cirque. Ses espoirs et ses
rêves vont ainsi emmener la jeune fille à réaliser
l'impossible : redonner au cirque ses lettres de noblesse...et le sourire
à son ami le clown !
Commentaire : En employant le ton de l'humour
(l'histoire est racontée par une petite fille « comme elle
parle » : fautes d'orthographe, jeu de mots), l'auteur
dénonce implicitement l'enclavement dans lequel sont petit à
petit plongées les banlieues (malgré l'ancienneté du livre
-1995 ndlr). Ainsi, le cirque sert aussi de prétexte pour aborder des
thèmes plus sérieux. En ce qui concerne la réception par
le public des collégiens, ceux-ci se sont montrés
réticents quant à une éventuelle lecture, du fait de la
couverture, qui paraît dépassée.
Les Transmiroirs
Kim Aldany (auteur), Philipe Munch (illustrateur)
Edition Nathan, 2002
Collection plein lune, catégorie science fiction
Tome 2, série Kerri et Mégane
Résumé : On retrouve Kerri et
Mégane dans une nouvelle aventure. Alors que les deux amis voyagent dans
l'hyper-espace, le vaisseau spatial reçoit un appel de détresse.
Un sabotage a été commis au cirque galactique ! Les enfants sont
ébahis devant ce cirque gigantesque de plusieurs pistes où se
croisent licornes, jongleurs à quatre bras et ... les transmiroirs, des
êtres capables de prendre l'apparence de n'importe quelle personne. Mais
une fois la magie du cirque dissipée, ils comprennent que ce sabotage
n'est pas survenu sans raisons. Il semblerait que quelqu'un dans le cirque
lance un appel au secours...
Commentaire : L'intérêt de cet
ouvrage est de montrer que le cirque (thème généralement
vu comme infantilisant par les plus grands) peut faire l'objet d'un traitement
original. Entre enquête policière et science fiction, le cirque
ici « galactique » n'est que prétexte aux aventures
de Kerri et Mégane (héros de la série du même nom).
La collection est également intéressante par la présence
d'illustrations et une typographie (rappel de titre, phrase clé sur la
marge) qui guide le lecteur dans le cheminement de l'histoire.
La prodigieuse aventure de Tillmann
Ostergrimm
Jean - Claude Mourlevat (auteur), Marcelino Truonq
(illustrateur)
Editions Gallimard (jeunesse)
Collection Hors piste
Résumé : Dans la famille Ostergrimm, on
est tonnelier de père en fils et ce depuis des
générations, alors forcément lorsque le jeune Tillmann
annonce à son père qu'il ne veut pas faire ce métier, la
rage et les disputes éclatent. Pour se changer les idées et
éviter le regard de son père, Tillmann pars dans les rues de la
ville fêter mardi gras. Et là, le jeune garçon accomplit un
prodige indépendant de sa volonté : il est capable de
léviter dans les airs et de se déplacer, à l'image d'un
oiseau. Ce pouvoir va alors l'entrainer dans un cirque entouré d'un
impresario véreux, ou encore de la femme la plus minuscule du monde. Il
s'en suit alors un long périple où le jeune garçon va
murir et prendre conscience des limites de son pouvoir.
Commentaire : L'histoire est totalement
détachée de la vision édulcorée que l'on peut avoir
sur le cirque. Le lecteur suit les mésaventures du jeune Tillmann
après s'être découvert le pouvoir de léviter. Cet
ouvrage s'inscrit dans la lignée d'Harry Potter ou de Percy Jackson. Il
est également le plus récent des trois dans cette
catégorie ce qui rebute moins les potentiels lecteurs. Ce livre a
également la particularité de jouer avec la typographie : en
fonction du personnage/ narrateur, la taille des caractères change.
FICHE D'ACTIVITES
- Présentation de mes études, de mes
goûts, de mes loisirs pour crée un lien de connivence
- Présentation de la Fête du livre :
règles du jeu, modalités d'inscriptions, en insistant sur le jeu
d'équipe, la convivialité de la fête
- Présentation du thème en sondant les
adolescents sur leur vision du cirque
- Présentation de la médiathèque :
son fonctionnement, la diversité documentaire avec notamment
l'arrivée des mangas et des DVD depuis peu. Présenter le secteur
jeunesse et le secteur adolescent en détail. Montrer qu'une place
importante leur est accordée à la médiathèque
Après avoir scindé la classe en équipe de
cinq, chaque groupe se voyait remettre une feuille sur laquelle figurait un des
trois titres des ouvrages ainsi qu'une série de mots clés
(personnages, lieux, actions caractéristiques de l'histoire). En groupe,
ils devaient inventer un résumé à l'image de ceux que l'on
peut trouver sur une quatrième de couverture. Pour réaliser ce
court texte, ils devaient utiliser les mots figurant sur la feuille. Il fut
clairement énoncé au préalable que cette activité
ne ferait l'objet d'aucunes notations et que si certains mots clés
n'étaient pas utilisés, ils ne seraient pas
sanctionnés.
Le but est avant tout de créer un texte devant susciter
chez leur camarades l'envie de lire le livre. Aussi fut - il préciser
qu'ils pouvaient user à outrance de leur imagination, mais aussi de leur
humour.
Chaque groupe lu ensuite à tour de rôle leur
résumé. On pouvait ainsi constater qu'à partir des
mêmes éléments, il est possible d'inventer des histoires
très différentes, et que les attentes de chacun peuvent diverger.
Cette activité met également en avant l'importance de
l'imagination dans l'appréhension d'un livre, et que chacun est capable
d'être créatif, d'être un « écrivain en
herbe »
A la fin de l'activité, l'intrigue de chaque livre est
présentée de manière brève afin de ne pas briser
les horizons d'attente qu'ils ont créée. L'axe fut plutôt
mis sur mes propres impressions de lecture, en insistant sur les
différentes visions que pouvaient donner les livres sur un même
thème. Les genres littéraires de chaque livre furent
présentés, en établissant des comparaisons avec d'autres
livres ou des films.
ANNEXE 2 : statistiques sur la fréquentation de la
Fête du livre
Année
|
Participants
|
Thèmes
|
1989
|
50
|
Livres en liberté
|
1990
|
75
|
Parcours de robin des bois
|
1991
|
102
|
Les contes
|
1992
|
140
|
La gourmandise
|
1993
|
160
|
Le roman policier
|
1994
|
125
|
L'île au trésor
|
1995
|
232
|
Les sorcières
|
1996
|
148
|
Le cirque
|
1997
|
130
|
Le voyage
|
1998
|
210
|
Quand on parle du loup
|
1999
|
130
|
Les animots
|
2000
|
144
|
Les monstres
|
2001
|
140
|
La Sympholivres
|
2002
|
135
|
De lecture en aventure
|
2003
|
182
|
Jeux de nains et trolls des histoires
|
2004
|
?
|
Mille mots d'afrique
|
2005
|
209
|
Croque livres et mille feuilles
|
2006
|
118
|
Pagaille à la médiathèque
|
2007
|
164
|
Pluie d'histoires
|
2008
|
180 (le jour même) et 200 en tout
|
Le sport
|
2009
|
203 (fête en elle-même) 263 en tout
|
Le moyen âge
|
2010
|
180 inscrits
|
Le cirque
|
ANNEXE 3 : activités réalisées en
classe
Pour les poussins (grande section de maternelle) :
« redonne au clown son sourire, son chapeau, et son
nez ! »
Pour les cadets : « invente un court
résumé à l'aide de ces mots clés »
Le cloune et la belle cuillère
Elsa
Le journal intime
Le supermarché
Edouardo le clown
Les immeubles de la banlieue
Le cirque Sibrano
Rêver
Les transmiroirs
Les transmiroirs (ce sont des êtres féeriques
capables de prendre l'apparence d'une autre personne)
Kerri et Mégane, les héros de l'histoire
Le rhinogator (mi rhinocéros, mi alligator)
L'astronef
Le cirque galactique
Le sabotage de la navette spatiale
La prodigieuse aventure de Tillmann Ostergrimm
Tillmann, le héros de l'histoire
La femme la plus petite du monde
Monsieur Mangetout
Voyager de ville en ville
Une chèvre
Voler dans les airs
Quelques exemples de résumés inventés par
les « cadets » :
Le cloune et la belle cuillère
« Elsa, qui habite dans les immeubles de la banlieue
écrit son journal intime après avoir été au
supermarché. Son journal parle du cirque Sibrano, pendant qu'elle
rêve d'Edouardo ».
« Elsa habite dans les immeubles de la banlieue. Un
jour, elle va au supermarché acheter un journal intime pour
décrire le cirque Sibrano dont la vedette est Edouardo le clown. Elle a
toujours rêvé de toucher son nez rouge. Et soudain elle voit
Edouardo, elle lève la main pour toucher son nez rouge, mais il la
repousse et repart avec une cuillère familière. Elsa en est sure,
ce n'est pas le vrai Edouardo. Que se cache derrière ce nez
rouge ? »
« Elsa une petite fille de cinq ans, alla acheter un
journal intime au supermarché qui se trouvait près des immeubles
de la banlieue. Une semaine plus tard elle rêva qu'elle allait au cirque
Sibrano. Le lendemain, sa maman trouva le journal intime et regarda dedans.
Elle décida de l'emmener au cirque. Elle vit un clown surnommé
Edouardo le plus rigolo du monde. IL lui lança un seau rempli de
peinture rouge. »
Les transmiroirs
« C'est l'histoire de Kerri et Mégane qui
sont les enfants d'un patron d'un cirque galactique. C'est un incroyable cirque
situé à l'intérieur d'un énorme astronef. Il avait
beaucoup de succès grâce à leur rhinogator, une bête
monstrueuse mi rhinocéros, mi alligator. Mais un autre cirque leur vole
la vedette, alors le patron du cirque galactique décide d'envoyer le
rhinogator saboter le cirque ».
« Kerri et Mégane regardaient la
télévision. Ils ont vu aux informations qu'il y a un rhinogator
qui s'est échappé du cirque galactique. Ils vont chercher leur
astronef pour capturer le rhinogator. Arrivé devant l'affreux monstre,
celui-ci s'enfui dans sa navette spatiale. Kerri et mégane sabotent la
navette ».
La fabuleuse aventure de Tillmann Ostergrimm
« Il était une fois une jeune femme
nommée Tillmann, elle était la plus petite au monde. Monsieur
Mangetout, son patron n'était pas très gentil avec elle, il se
moquait d'elle vingt quatre heures sur vingt quatre. Le cirque voyageait de
ville en ville, toutes les deux semaines le cirque changeait de ville. Dans
l'animalerie du cirque il y avait une chèvre, deux
éléphants, trois lions, cinq chevaux,...
Chez les humains, il y avait le meilleur trapéziste de
France, il a volé dans les airs. »
* 1 La bibliothèque
et le miroir de l'âme, mémoire du monde, chap.
« l'armoire de fer et le coussin », collectif, ed.
Autrement, pp. 127 à 134.
* 2 Source : (se)
former à la littérature de jeunesse, Christian POSLANIEC,
éditions Hachette, 2008
* 3 Source : Les
bibliothèques pour enfants entre 1945 et 1975, Hélène
Weis, éditions du cercle de la librairie, 2005, p. 65
* 4 Source : Les
bibliothèques pour enfants entre 1945 et 1975, Hélène
Weis, éditions du cercle de la librairie, 2005
* 5 Statistiques disponible sur
le site du CNL :
http://www.centrenationaldulivre.fr,
site consulté le 09 juin 2010.
* 6 Source : L'illettrisme
entre actions et réflexions, Juliette Doury Bonnet in Bulletin des
Bibliothèques de France, 2005, n° 5, p. 68-69.
* 7 Source : Journal
officiel du Sénat du 26 septembre 1991 disponible sur le site :
http://www.senat.fr, consulté
le 31 mai 2010.
* 8 Source : La
nouvelle bibliothèque : contribution pour la bibliothèque de
demain, Claude Poissenot, Territorial éditions, 2009, partie 3,
chap. 4, p.72-73.
* 9 Source : statistiques
disponibles sur le site du CNL à l'adresse suivante :
http://www.centrenationaldulivre.fr,
site consulté le 31 mai 2010.
* 10 Source : Homo
Ludens : Essai sur la fonction sociale du jeu, Johan
Huizinga, ed. Gallimard, 1988.
* 11 Source : La
lecture comme jeu : essai sur la littérature, Michel Picard,
éditions de Minuit, 1986.
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