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Quel rôle pour la médiathèque dans le rapport de l'enfant à  la lecture

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par Oriane Ledig
IUT2 Nancy Charlemagne - DUT métiers du livre et du patrimoine option bibliothèque 2010
  

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IUT Nancy-Charlemagne

Université Nancy 2

2 ter Boulevard Charlemagne

CS 5227

54052 NANCY CEDEX

Dépt. Info-Com - Option ML

Quel rôle pour la médiathèque dans le rapport de l'enfant à la lecture?

Des éléments de réponse à la lumière de la « fête du livre » de la Ville de Ludres.

Mémoire de stage de deuxième année

Stage réalisé du 30 mars au 22 mai 2010 à :

La Médiathèque municipale de Ludres

31, place Ferri de Ludres

54710 Ludres

Oriane LEDIG

Promotion 2008/2010

Tuteur Julien Barthe

Rapporteur Thierry Dupont

REMERCIEMENTS

Je tiens tout d'abord à remercier la mairie de la Ville de Ludres qui a permis la réalisation de ce stage.

Mes remerciements vont ensuite à Madame Jacqueline Quesada, directrice de la médiathèque, pour son enseignement et ses précieux conseils qui ont ponctué mon stage.

Je remercie également l'équipe des bibliothécaires : Francine, Christine, Sophie, Ollivier, Bénédicte, avec une pensée particulière pour Véronique, bibliothécaire jeunesse et co - organisatrice de la Fête du livre.

Enfin, je tiens à exprimer ma profonde gratitude à Monsieur Julien Barthe, tuteur de ce mémoire, pour sa grande disponibilité et les nombreuses corrections qu'il a apportées dans la rédaction de ce mémoire.

Table des matières

INTRODUCTION 4

De l'essor de la littérature jeunesse aux premières heures du conte : un panorama des relations entre littérature de jeunesse et bibliothèque 4

1) Premier contact avec le livre : le rôle de l'école et du développement de l'offre éditoriale 4

1.1. Tout commence avec le Maître d'école ... 4

1.2. Le rôle second de l'offre éditoriale 4

2) Du coté des bibliothèques avant 1960 : de l'armoire - livre à l'engouement pour le modèle de l'Heure Joyeuse 4

2. 2. Des lignes qui bougent, mais un système figé dans une conception archaïque 4

3) L'année charnière 1960 de la césure bibliothèque-école et l'élaboration d'un nouveau modèle de lecture publique : 1960-1980 4

3.1. Les mutations de la littérature jeunesse après 1960 et l'expérience de bibliothèques innovantes qui ouvrent la voie 4

3.2. Un nouveau modèle pour les bibliothèques : la promotion de la culture et du plaisir plutôt que l'éducation à la lecture et la morale 4

4) L'essor de la littérature jeunesse puis la culture de l'écran : 1980-2010 4

4.1. La période faste des années 1980-1990 4

4.2. Le renouveau des pratiques culturelles après 2000 : quand facebook supplante Harry Potter... 4

« Le plaisir avant tout » : un credo qui fait sens, mais dont la mise en oeuvre s'avère parfois difficile 4

1) De l'importance du jeu dans la construction du « je » 4

1.1 L'enfant, homo ludens en puissance ? 4

1.2 L'interprétation : jeu entre le lecteur et le livre 4

2) Les animations en bibliothèque : susciter l'envie de lire par le jeu. L'exemple de la médiathèque de Ludres. 4

2.1. Bref historique de la médiathèque de Ludres 4

2.2. Panorama des animations jeunesse : une mise en application ludique 4

2.3. Une mise en application ludique qui soulève une tension entre pédagogie et lecture plaisir 4

3) La fête du livre à Ludres : une animation exemplaire 4

3.1. Les règles du « jeu » 4

3.2. Les objectifs ambitieux de la fête du livre 4

3.3. Le partenariat au service de la Fête du livre 4

3.4. La promotion de la Fête du livre : son rôle essentiel dans l'engouement des jeunes pour la lecture 4

4) Le bilan de la 22ème édition de la fête du livre 4

4.1. Quel bilan pour la 22ème édition ? 4

4.2. De l'importance de toujours questionner la place de la bibliothèque dans le rapport à la lecture 4

CONCLUSION 4

BIBLIOGRAPHIE 4

Annexes 4

INTRODUCTION

« Dans une bibliothèque, l'Heure du conte prépare à la lecture. [...] Ils [les enfants] ont alors le désir de retrouver dans les livres les joies que l'Heure du conte leur a révélées. [...] Alors seulement l'Heure du conte est la clé qui ouvre le jardin merveilleux où chaque enfant librement va cueillir ce qu'il veut » (Mathilde Leriche, les contes dans l'éducation des enfants de 6 à 11 ans ou l'Heure du conte, in Revue du livre et des bibliothèques, novembre-décembre 1934).

Cette citation n'est pas sans rappeler le Frontispice de l'édition du XIXème siècle des Contes de Charles Perrault, où la nourrice dispensait à des enfants sagement assis à ses pieds des histoires pleines de merveilleux. Depuis l'arrivée des livres illustrés, le rapport à la lecture chez les enfants n'a de cesse d'évoluer. De la création de la bibliothèque de l'Heure Joyeuse en 1924 -pionnière en matière de lecture publique pour la jeunesse- au succès qu'a suscité la série Harry Potter, en passant par l'émergence depuis ces cinq dernières années de l'engouement des jeunes pour les technologies numériques, le positionnement des bibliothèques face au rapport à la lecture chez les enfants reste incertain.

Tandis que l'école permet, grâce à l'apprentissage de la lecture, l'instruction de l'enfant, les bibliothèques (les « secteurs jeunesse » en tête) tendent à rendre l'enfant autonome, afin qu'il se dirige « librement » vers le « jardin merveilleux » de la lecture.

Heure du conte, expositions, « Fête du livre »...autant de moyens mis en oeuvre par les bibliothèques pour amener l'enfant vers les rayons, où une diversité documentaire les attend.

Si comme certains l'annoncent, l'avènement d'Internet, signe définitivement l'entrée de notre société dans une « culture  de l'écran » (et non plus de l'écrit), il faut interroger le rôle de la bibliothèque dans le rapport de l'enfant à la lecture.

A la lumière de la Fête du livre, animation mise en place depuis 22 ans par la médiathèque municipale de Ludres et avec pour objectif de rallier les enfants à une lecture « plaisir », nous tenterons d'apporter des éléments de réponse. Une première partie présentera un panorama rétrospectif des relations entre littérature de jeunesse et bibliothèque tandis qu'une deuxième partie explicitera les objectifs actuels des bibliothèques dans le rapport à la lecture chez l'enfant, avec notamment la volonté de présenter la lecture comme source de plaisir.

De l'essor de la littérature jeunesse aux premières heures du conte : un panorama des relations entre littérature de jeunesse et bibliothèque

L'objet de cette première partie est de montrer comment la bibliothèque a accompagné l'essor de la littérature jeunesse, mais aussi, à l'inverse, comment la littérature jeunesse a influencé les modalités d'ouverture des bibliothèques et les services rendus au jeune public. Il s'agit également de mieux cerner la « littérature jeunesse », un domaine qui, aujourd'hui encore, ne fait pas l'objet d'une délimitation précise. Qu'est-ce qui définit la littérature jeunesse ? Son public ? L'accent mis sur l'oralité ? Ou encore ses objectifs, à savoir le fait qu'elle aide à la construction de l'enfant et à son épanouissement ?

1) Premier contact avec le livre : le rôle de l'école et du développement de l'offre éditoriale

1.1. Tout commence avec le Maître d'école ...

En ce début du XXIème siècle, il semble que les bibliothèques aient la volonté consciente de se détacher assez nettement de l'école et de la vision que cette dernière donne de la lecture - le cas concret de la Fête du livre de Ludres en fournira une bonne illustration. En effet, tandis que les bibliothèques tentent, notamment par les animations, de montrer la lecture comme une source de plaisir, pour l'institution scolaire, le livre est avant tout un support d'apprentissage, un outil de travail, par lequel l'enfant s'élève.

Pourtant, ce dualisme école-bibliothèque doit être nuancé :

- d'une part, il s'agit d'une rupture historiquement récente à l'échelle du « temps long » (voir infra) ; l'histoire des bibliothèques révèle le rôle fondateur joué par l'école dans le développement de la lecture auprès des enfants.

- d'autre part, la quasi-totalité des bibliothèques publiques entretiennent à l'heure actuelle des partenariats étroits avec les écoles.

L'école, entendue ici comme les cycles allant de la maternelle au primaire, présente trois principaux enjeux éducatifs : lire, écrire, et compter. Eu égard à ces missions, l'école favorise le premier contact de l'enfant avec la lecture. Même si certains enfants sont familiarisés très tôt avec l'univers du livre et de la lecture, c'est l'école qui va ensuite donner les moyens à l'enfant d'apprendre à lire. Qu'il s'agisse de la méthode syllabique, globale, mixte ou encore phonétique, l'apprentissage de la lecture permet à l'enfant de déchiffrer les lettres qui forment des mots, qui eux mêmes forment des phrases et contiennent du sens. Ainsi, dès le plus jeune âge, le livre est associé dans l'esprit de l'enfant à l'univers des adultes, à la contrainte ou du moins à l'effort, plus tard à l'évaluation ; dans certains cas extrêmes l'apprentissage de la lecture revêt un caractère douloureux ou traumatique (dyslexie, illettrisme).

Historiquement, l'Instruction publique a eu un rôle fédérateur dans le développement de la lecture. En effet, en 1833, la loi Guizot rend obligatoire la présence d'une école de garçons dans les communes de plus de cinq cent habitants. En 1850, cette même loi est appliquée pour l'instruction des filles dans les villes de plus de huit cent habitants. Ces deux lois ont permis un progrès notable de l'alphabétisation et un développement de la pratique de la lecture. Enfin, en 1860, la circulaire Rouland (du nom du ministre de l'Instruction publique de l'époque) introduit l'obligation pour toutes les écoles primaires d'avoir leur propre bibliothèque - souvent réduite, dans les faits, à une « armoire à livres ».

A l'origine, les livres étaient savamment gardés dans une armoire fermée à clef1(*). Après 1945, ceux-ci se sont vus dotés d'une couverture, qui, au fil des années s'est éclaircie pour faire apparaitre progressivement le titre, une illustration et le nom des auteurs. Enfin, l'apparition d'étagères a permis au livre d'être rangé à « hauteur d'enfant » : ce détail relatif à l'aménagement de l'espace, loin d'être anodin, symbolise au contraire le passage à une nouvelle conception du rapport de l'enfant à la lecture.

1.2. Le rôle second de l'offre éditoriale

Parallèlement à ces transformations de l'institution scolaire, le milieu éditorial connait des évolutions importantes qui voient naître un nouveau marché, celui du livre d'instruction. En effet, de nombreux éditeurs se lancent dans la publication de « livres pour enfants » ; mais l'expression « littérature jeunesse » apparaitra beaucoup plus tard... Ce sont surtout des maisons d'éditions catholiques qui publient alors des ouvrages dans le but d'instruire les enfants à la lumière de grands préceptes moraux.

Deux maisons d'édition vont sortir du lot : Hachette et Hetzel, fondées respectivement en 1826 et 1837. Hachette saisit très vite l'enjeu économique que constitue le livre scolaire, dont sa « bibliothèque du chemin de fer » haute en couleur, tandis qu'Hetzel se lance dans la publication d'albums, dont la célèbre collection « bibliothèque d'éducation et de récréation ». Ainsi, entre 1860 et 1890, le milieu éditorial connait un « âge d'or »2(*), ce que résume le chiffre des 300 000 exemplaires des Malheurs de Sophie (collection « bibliothèque rose ») vendus par Hachette sur la période.

Les années 1900 verront surgir un premier questionnement autour des « livres pour enfants » : comment positionner cette production éditoriale située à la croisée de la pédagogie, de la littérature et du divertissement ? En 1930, les albums du Père Castor sont publiés chez Flammarion : c'est une révolution dans le domaine littéraire. Outre le fait que ces livres soient « bon marché », ils sont novateurs par l'utilisation de l'illustration pour permettre à l'enfant de comprendre le texte, mais reste sous couvert de pédagogie. Ces albums seront suivis quelques années plus tard par Jean de Brunhoff, père du célébrissime Babar, où l'on peut constater une prise de distance avec la pédagogie pour aller vers la notion de distraction. Enfin, Macao et Cosmage d'Edy Legrand publié aux éditions de la NRF, est remarquable par sa volonté esthétique voire artistique. C'est un ouvrage marquant dans l'histoire de la littérature jeunesse car il propose plusieurs niveaux de lecture et fait donc place nette à l'interprétation.

Ce renouveau éditorial se poursuit après la seconde guerre mondiale, notamment avec la naissance de deux personnages phares : Caroline (Pierre Probst, 1953) et Martine (Gilbert Delahaye, 1954).

Ainsi, on peut constater qu'entre 1900 et 1960, la production éditoriale tend à se diversifier. Hachette va publier de nombreuses séries à partir de 1955, telles que Oui-Oui et le club des cinq de Enyd Blyton ou encore Alice de Caroline Quire.

Face à cette production éditoriale, c'est l'école - et non la bibliothèque - qui va se placer comme une interface entre l'enfant et le livre. En 1948, 50% des écoles ont une bibliothèque, et la majorité de ces établissements détiennent une centaine d'ouvrages, soit un volume moyen très supérieur à celui des bibliothèques publiques3(*). Jusque dans les années 1960, l'école et la majorité des enseignants partent du présupposé que l'enfant aime naturellement lire, et qu'il suffit de le mettre au contact des livres pour que celui-ci s'y intéresse. L'école est alors le prescripteur de « bonnes lectures », par opposition à une pléiade d'ouvrages qui s'éloignent de l'instruction et à une presse enfantine « bas de gamme », d'ailleurs interdite à l'école jusqu'en 1976.

2) Du coté des bibliothèques avant 1960 : de l'armoire - livre à l'engouement pour le modèle de l'Heure Joyeuse

2.1. L'armoire-livre comme règle, l'Heure joyeuse comme exception

Par comparaison avec les pays anglo-saxons, la question des bibliothèques pour enfants n'est apparue que très tardivement en France (on lira à ce propos Les bibliothèque pour enfants entre 1945 et 1975, d'Hélène Weis, paru aux éditions du Cercle de la libraire en 2005).

Tout s'est passé comme si, avant les années 1960, les bibliothèques scolaires, alors réduites à leur état « embryonnaire » d'armoire-livre, avaient suffi au développement de la lecture.

Quant aux bibliothèques pour enfants au sens strict du terme, même s'il est difficile d'en établir une chronologie rigoureuse tant leur histoire se confond avec celle de la lecture publique, les premières remontent à la période de l'entre-deux-guerres. Le fait le plus marquant est très certainement la création en 1924 de l'Heure Joyeuse, sur l'initiative des comités américains pour la reconstruction.

Cet établissement se veut d'abord une vitrine pacifiste accueillant les enfants, ces derniers symbolisant en ces temps d'après-guerre la paix face aux dérives idéologiques des adultes. Toutefois, cet établissement reste précurseur, voire révolutionnaire, par son architecture - mobilier moderne, « à hauteur d'enfant », décorations, couleurs - comme par ses services - diverses animations y sont proposées telle que l'Heure du conte, des spectacles, des expositions...

2. 2. Des lignes qui bougent, mais un système figé dans une conception archaïque

Jusqu'en 1945, on compte moins de vingt bibliothèques uniquement destinées aux enfants. En 1954, elles seront déjà 42 et à la fin des années 1960 on en comptera 704(*). Finalement, l'évolution vers de véritables bibliothèques pour enfants sera lente et parcellaire, Paris et les bibliothèques de quartier faisant figure d'avant-gardes. Il faudra attendre que s'opère une distinction nette entre l'enfant et l'adulte (alors que la tendance donnait plutôt à penser que l'enfant était adulte dès qu'il avait l'usage de la parole) et que l'on identifie les besoins spécifiques de l'enfant par rapport à la question de la lecture.

Si on laisse de côté le cas de l'Heure Joyeuse qui fait exception, il faut rappeler que, avant 1960, l'accès des enfants à la bibliothèque n'est pas aussi aisé qu'aujourd'hui, même si les décennies 1940-1950 marquent un léger progrès. Pour pouvoir accéder à la lecture, il ne suffit pas de passer la porte de la bibliothèque, il faut en outre faire preuve de sa capacité à lire. Jusqu'en 1940, les enfants doivent se soumettre à une vingtaine de séances de lecture sur place avant que leur inscription soit définitivement validée. Cette règle aura tendance à disparaitre après la seconde guerre mondiale, parallèlement au développement du prêt, pour être remplacée par un bref cours sur la documentation et les techniques de recherche.

Ce dernier point est également intéressant : la bibliothèque se place comme instructeur, non de la lecture en elle-même, mais plutôt d'un sens de l'autonomie afin que l'enfant se dirige libéré, vers la production éditoriale.

Ce n'est donc qu'en 1960, suite à de profondes mutations sociales, culturelles et économiques, ainsi qu'à l'engagement militant d'une partie des professionnels du livre que des changements marquants vont s'opérer dans le positionnement des bibliothèques face à la lecture chez l'enfant.

3) L'année charnière 1960 de la césure bibliothèque-école et l'élaboration d'un nouveau modèle de lecture publique : 1960-1980

3.1. Les mutations de la littérature jeunesse après 1960 et l'expérience de bibliothèques innovantes qui ouvrent la voie

En dépit de la production éditoriale pour la jeunesse qui tend à croître, la littérature jeunesse reste longtemps considérée comme un sous-genre de la littérature. A partir de 1960, les bibliothèques vont plus clairement s'opposer à l'idée selon laquelle sont seules légitimes les lectures qui tendent vers l'apprentissage de la lecture.

Les années 1960 vont marquer une césure entre bibliothèque et école, ainsi qu'un tournant majeur dans la production éditoriale et son appréciation par le public des jeunes. Les années 1960 vont voir l'arrivée massive de la télévision, qui s'accompagne d'une démocratisation de l'information. De nombreuses évolutions sociales se font jour : développement de l'enseignement supérieur, engouement pour les filières techniques et scientifiques, aménagement du temps de travail pour les loisirs, mouvements sociaux de mai 1968.

C'est également une période d'essor pour la littérature jeunesse, qui va connaitre de nombreuses mutations : faillites (par exemple Hetzel), fusions, créations de nouvelles maisons d'édition. On lui reconnaît enfin une utilité et une légitimité, dans le sens où c'est le seul domaine de la littérature qui est entièrement destiné aux enfants. Des éditeurs comme François Ruy Vidal (1967) ou Harlin Quist vont faire vaciller les normes qui étaient jusque lors adoptées.

A la limite de la provocation, ils proposent des ouvrages où illustrations (Bour, Delessert) et textes (Duras, Ionesco) tentent de faire « oublier la pédagogie ». En 1965, Jean Fabre crée les éditions de l'école des loisirs et publie des auteurs aujourd'hui incontournables de la littérature jeunesse. La même année, Maurice Sendak présente avec Max et les Maximonstres un album loin des représentations du réel, qui fait longtemps polémique.

La littérature jeunesse tend à présenter des thèmes plus sombres : la violence, la mort, le deuil, etc...sont autant de sujets qui font l'objet de questions existentielles chez l'enfant. Bruno Bettelheim, qui écrira La psychanalyse des contes de fées, pour montrer que les contes abordent les problèmes existentiels des enfants sans détours et permettent ainsi de participer à la structuration psychologique de l'enfant.

On considérait auparavant que la littérature jeunesse avait les apparences d'une consommation passive (il suffit de lire le texte pour en comprendre le sens). Or, il s'agit d'une activité productrice de sens où l'imaginaire se mêle à l'emprise du réel, où le jeu (via le livre, mais aussi dans sa lecture) favorise la construction de soi.

La bibliothèque de l'association la Joie par les Livres ouvre ses portes en 1965 à Clamart, avec un espace décloisonné de 1000 m² ouvert, dont la moitié est consacrée au public. En dehors des nombreux services qu'elle offre au public des jeunes, la bibliothèque de la Joie par les Livres contribue à la formation des bibliothécaires spécialisés dans la jeunesse.

3.2. Un nouveau modèle pour les bibliothèques : la promotion de la culture et du plaisir plutôt que l'éducation à la lecture et à la morale

Aussi voit-on se profiler de profonds changements dans les missions des bibliothèques : désormais il s'agit de se démarquer de l'école, et de développer la dimension culturelle de l'enfant - et non plus des préceptes moraux et hygiéniques. Peu à peu, une plus grande liberté est laissée à l'enfant, dans sa conduite et dans ses choix. Véritable lieu de vie, terrain de toutes les expérimentations, l'entreprise de la Joie par les Livres reste le modèle dominant des missions des secteurs jeunesses en bibliothèque. La diversité des modes d'accès aux différents supports montre que l'enfant est respecté dans son individualité.

C'est dans ce contexte de renouveau des bibliothèques que le contraste avec l'école va apparaitre de manière plus flagrante.

En effet, les années 1960 sont marquées par la démocratisation de l'enseignement (notamment avec la réforme Berthoin en 1959 qui rend l'école obligatoire jusqu'à 16 ans) ce qui va parallèlement soulever le problème de l'échec scolaire. Programmes obsolètes, présence de la lecture comme un effort et non comme une source de plaisir, locaux mal adaptés aux conséquences du baby-boom : tous ces éléments vont renforcer les virulentes critiques de mai 1968 sur le système scolaire.

En 1967, une journée d'études intitulée « livre, bibliothèque et enfant » tirera le constat que l'enfant s'intéresse très jeune aux livres, mais que le contexte familial et l'école l'amènent également dès son plus jeune âge à l'en dégouter.

L'année 1960 marque donc un tournant dans l'histoire des bibliothèques publiques françaises et de leur service à la jeunesse.

Si la bibliothèque reste étroitement liée à des missions éducatives, elle se détache de l'école, ne se pense plus au service de cette dernière, tente de devenir l'investigatrice d'une nouvelle « éducation » : une éducation davantage ouverte sur la diversité culturelle et littéraire et, surtout, une éducation fondée sur le plaisir.

4) L'essor de la littérature jeunesse puis la culture de l'écran : 1980-2010

4.1. La période faste des années 1980-1990

Aujourd'hui le poids de l'édition jeunesse est ancré dans la réalité économique. En effet, en 2009 la production jeunesse représentait 12% du chiffre d'affaires total de l'édition (source Centre National du Livre)5(*), et ce ne sont pas moins de 8 000 nouveautés qui sont publiées chaque année - avec des succès planétaires tels Harry Potter et plus récemment Twilight.

Les années 1980 ont vu l'explosion du nombre de bibliothèques et de la production éditoriale. A cette période faste a succédé une stagnation de la lecture, au point que la sonnette d'alarme fut tirée concernant l'illettrisme et les problèmes d'apprentissage de la lecture.6(*)

Dans les années 1990, un plan lecture est mis en place par le gouvernement Jospin. Cette décision impose aux enseignants de s'intéresser à la littérature jeunesse, ce qui finit de rendre légitime cette dernière.

Le plan lecture met en place une action intitulée « cent livres pour les écoles », à savoir une bibliographie répertoriant cent ouvrages dont les enseignants peuvent user pour leur cours. Cette bibliographie est effectuée pour les trois niveaux des primaires et fut reconduite à de nombreuses reprises. Cette action va aboutir en 1996 à la création du répertoire « 1001 livres pour les écoles » (reprend les bibliographies réalisées ultérieurement). C'est le premier outil pédagogique où la littérature n'est pas au service de l'école ; bien au contraire, le but est de montrer aux enseignants la pluralité des approches de la littérature jeunesse (on trouve par exemple un chapitre sur les interactions entre le livre et le lecteur)7(*). En 2002, les nouveaux programmes scolaires reconnaissent officiellement la littérature jeunesse comme faisant partie intégrante de la littérature et imposent deux heures de lecture par jour pendant le temps de classe.

Aujourd'hui les bibliothèques se donnent des objectifs clairs : former le citoyen de demain (tolérance, mixité, respect), développer la culture chez l'enfant, lui offrir une diversité de support, favoriser son entrée dans la lecture via des animations, se libérer de toute contrainte scolaire, le faire évoluer dans un espace ouvert, rendre tolérant, favoriser la création, développer l'imaginaire. La capacité d'un enfant à interpréter un texte, à en devenir « co - énonciateur » (on lira à ce sujet l'ouvrage de Christian Poslaniec : Réception de la littérature jeunesse par les jeunes, ed. INRP, 2002) est directement liée à sa propre construction. Enfin, le leitmotiv est le plaisir, la lecture comme loisir.

4.2. Le renouveau des pratiques culturelles après 2000 : quand facebook supplante Harry Potter...

Les objectifs décrits précédemment seraient aisément réalisables si la société et les pratiques culturelles des jeunes n'avaient pas évolué depuis les années 1980. Mais avec l'avènement d'Internet, la généralisation de la télévision et des jeux vidéo, les centres d'intérêts des enfants et des adolescents se tournent de plus en plus vers l'écran.

La littérature jeunesse reste, de plus, relativement peu visible en dehors de la promotion que peuvent en faire les familles et les écoles. Elle reste attachée à une contrainte et n'est pas innée. Il semble désormais plus naturel aux jeunes de recourir à un ordinateur pour effectuer une recherche que d'ouvrir une encyclopédie sur support papier.

Mais ces pratiques numériques s'accompagnent aussi d'un bouleversement du monde littéraire, à l'heure où GoogleBooks a déjà numérisé 10 millions de livres. Aussi, si les comportements changent, ils ne sont que la traduction d'une société en pleine mutation. Alors que les années 1970 et 1980 restent attachées à la « société de l'écrit », les années 2010 quant à elles signent une culture du « tout à l'écran ».

Et si, l'édition jeunesse connaît encore de beaux succès, c'est aussi un peu grâce à ce phénomène de l'écran. Harry Potter a bénéficié d'une forte campagne marketing, accompagnée d'une adaptation cinématographique. Il en est de même pour Twillight. On remarque aussi que les goûts en matière de lecture chez les adolescents tendent de plus en plus vers une culture de l'image : BD, Mangas ... qui eux aussi font souvent l'objet d'une adaptation télévisuelle.

Ainsi, à l'heure d'une production éditoriale massive et de l'avènement de l'ordinateur et d'Internet chez les particuliers, n'est-il pas étonnant que l'enfant n'aille plus se réfugier dans la lecture comme l'avaient fait les bénéficiaires de La Joie par les livres à Clamart en 1960.

Il s'agit pour les acteurs de la lecture publique d'une nouvelle remise en question des missions et des objectifs. Faut-il prêter des jeux vidéos8(*) ou au contraire devenir le garde fou de cette culture du numérique et battre en brèche la jeunesse à coups de romans ?

Les bibliothèques sont amenées à prouver à nouveau leur utilité comme source de plaisir et de loisir. En effet, le premier contact avec le livre reste toujours celui de l'école, et face à une pléiade de loisirs, la lecture apparait à nouveau comme une contrainte scolaire bien que ceux qui lisent, le font pour « rêver, s'évader » (source Centre National du Livre)9(*).

C'est dans cette optique que se place la Fête du Livre et les diverses animations que proposent la médiathèque de Ludres. A lumière de cette expérience, il s'agit donc de montrer dans une deuxième partie que le positionnement d'une bibliothèque dans le rapport lecture/enfant reste incertain et en constante mutation. Même si les objectifs (communiquer la bibliothèque comme source de plaisir) sont dûment établis, la mise en application concrète reste difficile.

« Le plaisir avant tout » : un credo qui fait sens, mais dont la mise en oeuvre s'avère parfois difficile

A la suite des analyses de la Première partie, il semble que les professionnels des bibliothèques ont compris l'importance du jeu dans l'appréciation de la lecture par l'enfant.

1) De l'importance du jeu dans la construction du « je »

1.1 L'enfant, homo ludens en puissance ?

Dans son Essai sur la fonction sociale du jeu, le célèbre historien Johan Huizinga qualifie l'homme d'homo ludens - littéralement «l'homme qui joue ». Cet ouvrage consacré à l'étude de la culture et des loisirs montre que le jeu est un phénomène culturel inhérent à l'homme. Huizinga va plus loin lorsqu'il affirme que « la culture ne naît pas en tant que jeu, ni du jeu, mais dans le jeu ». Si le jeu peut être un moyen de fuir le réel, il est tout autant une activité créatrice, permettant la construction de soi. D'après Huizinga, le jeu est « une action libre, sentie comme fictive, et située en dehors de la vie courante »10(*). Ainsi cette réflexion se place-t-elle en relation directe avec les objectifs mis en place par les bibliothèques dans le rapport à la lecture chez l'enfant. En effet, le jeu offre un moyen détourné d'aborder la lecture, ce qui n'est pas sans rappeler les nombreuses animations qui tendent à se développer dans les bibliothèques dès les années 1960. A certains égards, à suivre Michel Picard, « tout texte a du jeu, et sa lecture le fait jouer »11(*). Aussi, l'exemple de l'Heure du conte, montre que la lecture donne du jeu à l'enfant. L'oralité, voire la théâtralité de ces lectures, transpose le jeu naturellement présent dans la littérature jeunesse et permet d'abolir la contrainte que peut constituer l'acte de lecture. Cet exemple montre que le jeu permet le divertissement, l'accès au plaisir.

Le jeu, en sollicitant l'imaginaire de l'enfant, permet à cet « être en devenir » d'aborder le monde, et de se diriger pas à pas vers une approche rationnelle de ce qui l'entoure, vers une autonomisation de la pensée.

Aussi, avec l'arrivée de l'adolescence, les enfants se détachent progressivement du jeu, ce que l'on pourra constater lors de la Fête du livre avec la désaffection des « préadolescents » pour cette animation.

1.2 L'interprétation : jeu entre le lecteur et le livre

Les années 1960 marquent la montée des théories de la réception. La lecture ne peut se réduire à la simple action de « déchiffrage » où le sens de l'ouvrage est explicite, où il suffit de lire pour comprendre. Lire, c'est interpréter et chaque lecteur quel qu'il soit n'aura pas la même interprétation d'une oeuvre. En effet, l'action de lire se fait toujours à la lumière de nos propres expériences personnelles : c'est la théorie que développe Vincent Jouve dans La lecture. D'après Jouve, le lecteur oscille entre trois positions de lecture : le lectant, le lisant, le lu.

Le lectant refuse de se laisser prendre par l'illusion romanesque, il sait qu'il a affaire à un monde imaginaire. Il appréhende le roman dans l'optique d'en faire l'analyse, de l'interpréter. Il cherche à déceler les stratégies narratives de l'auteur, voire à anticiper les péripéties de l'histoire.

A l'inverse, le lisant est victime de l'illusion romanesque. Il considère le personnage comme une personne réelle, et accepte le temps de la narration de se laisser prendre par l'histoire.

Enfin le lu, quant à lui, croit à un degré encore plus fort que le lisant, à l'illusion romanesque. A travers la lecture, le lecteur cherche à se trouver lui-même. C'est un moyen détourné de vivre ses rêves et ses fantasmes ; il est dans la sublimation. Le personnage n'est alors pour lui qu'un prétexte pour vivre l'histoire lue.

Ces deux derniers mode d'appréciation d'un texte, montre que la lecture a donc une valeur de catharsis, elle permet au lecteur de se purger de ses passions (souvent peu avouables, voire destructrices), d'échapper à la réalité quand celle-ci devient insupportable. Il en est de même pour la lecture chez l'enfant : elle est source d'évasion, lui permet d'accéder à un univers fictionnel qui le libère de sa condition, le fait rêver, s'évader, mais aussi réfléchir par rapports à ses questionnements existentiels. Aussi la lecture permet-elle sa construction (mais l'enfant n'en a pas ou peu conscience). Le livre est un objet transitionnel : lire n'est pas une finalité en soi, mais plutôt le moyen d'accéder à quelque chose comme par exemple au plaisir.

Il est essentiel pour les bibliothèques de mettre l'accent sur cet aspect. Or le fait de lire n'est pas inné, pas plus que la volonté d'apprendre à lire.

L'apprentissage de la lecture se fait par l'école, sur le mode obligatoire. Même si l'école et le travail n'excluent pas a priori une dimension ludique ou de plaisir, ils demeurent associés à la contrainte. Or, les bibliothèques ne relèvent d'aucun caractère obligatoire. Et si franchir les portes d'une bibliothèque devient, pour certains enfants, une habitude, ce n'est pas le cas pour la majeure partie d'entre eux. Aller à la bibliothèque, choisir un livre, le lire, autant d'actions qui relèvent de « l'acquis », qui exigent de l'enfant un effort.

Ainsi, par les animations, les bibliothèques tendent à réduire l'écart physique, psychologique et culturel entre le livre et l'enfant. Et c'est généralement par le moyen détourné du jeu que cette action s'opère.

Cette intervention des bibliothécaires se voit d'ailleurs en partie contrariée par des évolutions sociales, culturelles et économiques en cours, la lecture se trouvant reléguée à la fin du palmarès des loisirs privilégiés par les enfants, loin derrière la télévision, les jeux vidéo et l'Internet.

2) Les animations en bibliothèque : susciter l'envie de lire par le jeu. L'exemple de la médiathèque de Ludres.

2.1. Bref historique de la médiathèque de Ludres

Les prémices de la bibliothèque remontent à 1976, date à laquelle deux pièces figurent un embryon de bibliothèque. Tenue par une équipe de bénévoles, la bibliothèque constitue son fonds grâce aux dons des habitants et aux subventions de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) ; elle est alors uniquement destinée aux enfants, ce qui montre d'emblée une volonté de s'inscrire dans le rapport lecture/enfant. La ville étant alors en pleine expansion, la surface de la bibliothèque s'agrandit, agrégeant au fur et à mesure les salles de l'ancienne école primaire. Dans le même temps, des bibliothécaires (professionnels) sont engagés à mi-temps. Dès les débuts, une politique culturelle affirmée est mise en place. De nombreuses animations sont proposées, en particulier : des expositions, des séances d'Heure du conte, la Fête du livre - cette dernière naît en 1989.

Devant l'engouement que suscite cette structure, dans un contexte local de démographie croissante (la Ville de Ludres compte 6 798 habitants, selon le recensement de 2008), la municipalité octroie de nouveaux locaux à la bibliothèque, rebaptisée « médiathèque ». Le nouvel ensemble comprend 1300 m² d'espaces publics, partagés entre un secteur adulte (situé au rez-de-chaussée) et un secteur jeunesse (à l'étage).

Tandis qu'au plan national, les statistiques de fréquentation et de prêt des bibliothèques sont assez alarmantes, la médiathèque de Ludres semble parvenir à maintenir son activité.

Après une forte baisse entre les années 2000 et 2003, le Rapport d'activité 2009 de la médiathèque de Ludres comptabilise 2 243 usagers actifs (ayant emprunté au moins une fois dans l'année), ce qui traduit une augmentation par rapport à l'année 2008 (où les usagers n'étaient que 2 202). Enfin, l'année la plus faste (1998) comptait 2 773 usagers, soit un écart tout à fait acceptable de l'année 2009 par rapport à cette année « historique ».

En ce qui concerne le secteur jeunesse, le bilan est positif puisque le nombre d'adhérents est en augmentation par rapport à 2008, qu'il s'agisse des enfants de 0 à 5 ans, de ceux âgés de 5 à 10 ans, ou encore des « préadolescents » (10-15 ans). En revanche, en ce qui concerne les adolescents (soit les 15-20 ans), on remarque une forte désaffection de la médiathèque, ainsi que chez les jeunes adultes (20-30 ans).

2.2. Panorama des animations jeunesse : une mise en application ludique

L'Heure du conte, animation désormais ancrée dans le programme culturel de la majorité des bibliothèques en France, est proposée à la médiathèque de Ludres. Afin d'être la plus adaptée aux besoins des enfants, l'Heure du conte a été déclinée en plusieurs catégories. Ainsi tous les mercredis après-midi, et ce pendant 45 min, les bibliothécaires jeunesse accueillent des enfants âgés de 3 à 7 ans. Un mercredi sur deux est consacré aux 3-4 ans, tandis que les autres sont destinés à l'accueil des 5-7 ans. L'Heure du conte fait l'objet d'un travail conséquent en amont : sélection d'un thème (les animaux, les sorcières, Noël, etc.) ; choix d'ouvrages en rapport avec ce thème (principalement des albums) ; entraînement à la lecture, et, le cas échéant, utilisation d'instruments de musique. Par ailleurs, une comptine et une activité plastique sont également proposées.

Pendant ces séances, les enfants, quel que soit leur âge, évoluent sans leurs parents, ce qui leur donne un sentiment d'autonomie. Tout au long des lectures, ils sont libres de se coucher, de gesticuler (leur imposer une posture assise et rigide pendant 45 minutes serait une entreprise vaine, compte tenu de leur capacité d'attention), de rires aux éclats, de montrer les images du doigt, de faire des commentaires. Ces interactions pendant l'Heure du conte sont toutefois régulées par les bibliothécaires, car si certains enfants extériorisent beaucoup leurs émotions, d'autres écoutent religieusement les histoires et ont besoin de calme et de silence.

L'Heure du conte a le mérite de consacrer la lecture comme une activité collective, par différence avec la pratique individuelle que les enfants en ont au quotidien. Une comptine est chantée par les bibliothécaires à mi-parcours de la narration de l'histoire. Cela permet à ceux qui auraient perdu leur concentration de fixer leur esprit sur une autre activité. De plus, après plusieurs répétitions, les enfants sont invités à chanter tous ensemble. Cette activité est très fédératrice : les enfants chantent ensemble, avec les bibliothécaires, et sont invités à se « laisser aller ». La comptine est toujours en rapport avec le thème de l'Heure du conte, ce qui leur permet de voir aussi les parallèles possibles entre la lecture et d'autres activités telles que le chant. Enfin, une activité plastique leur est proposée : il s'agit souvent d'un coloriage (pour les 3-4 ans) ou d'un collage pours les plus grands (par exemple, pendant l'Heure du conte sur le thème des « petites bêtes », les enfants ont réalisés une abeille à l'aide de carton, de papier et de crayons). Cette activité permet aux enfants de développer leur créativité. A la fin de cette animation ils sont toujours invités à emmener leur création chez eux, ce qui laisse une trace matérielle de ce moment et peut leur rappeler les histoires qu'ils ont écouté.

Les mouvements menés dans les années 1960 par les militants de l'éduction populaire, ont également soulevé l'importance de familiariser l'enfant avec la lecture dès son plus jeune âge. Aussi, depuis 2009, la médiathèque propose une Heure du conte pour les bébé-lecteurs. Cette animation s'adresse aux enfants âgés de 0 à 3 ans.

La médiathèque de Ludres met tout en oeuvre pour familiariser les enfants avec la lecture. L'utilisation des albums dans l'Heure du conte permet aux enfants de saisir l'importance de l'image dans la lecture, qu'ils peuvent aisément comprendre sans les mots. L'Heure du conte permet également de réduire les écarts de lecture qui peuvent exister entre les enfants. En effet, pour la catégorie des 5-7 ans, alors que certains apprennent la lecture et tendent à devenir de bons lecteurs, d'autres n'ont pas encore fait leur entrée au CP.

Ce dernier point n'est pas sans rappeler qu'une des missions premières des bibliothèques est d'offrir un accès égal à la lecture pour tous, et pour se faire d'oeuvrer à réduire les écarts physiques, économiques et sociaux entre le public et les livres. C'est dans cette optique que la médiathèque a décidé d'offrir une Heure du conte « adaptée ». Cette animation s'adresse à un public polyhandicapé âgé en moyenne de 5 à 20 ans, une fois par mois, à la médiathèque. Le manque de place restreint les bibliothécaires à accueillir un nombre limité de personnes. L'Heure du conte adaptée se rapproche de celle des bébés lecteurs, car ici aussi l'accent est mis sur la musicalité des textes et l'importance de la musique dans la narration.

Enfin, les « contes au jardin », furent mis en place pour la première fois en 2009. Il s'agit de deux séances d'Heure du conte pour les enfants âgés de 3 à 8 ans et qui se déroulent pendant la période estivale. Cette animation « hors les murs » décontextualise le livre. Les enfants sont réunis en plein air, sous un kiosque, il n'y a donc aucunes traces de «l'institution bibliothèque » qui pourrait rebuter certains enfants.

Pour finir, une Soirée contes est mise en place une fois par an. Cette animation est menée par un conteur professionnel et s'insère dans un cadre plus familial puisqu'elle est ouverte à tout le monde à partir de 8 ans. La soirée contes a donc un rôle de cohésion sociale et permet à la médiathèque de se placer comme un lieu générant des divertissements.

D'autres animations ponctuent la vie culturelle de la médiathèque. Des expositions sont régulièrement mises en place au secteur jeunesse. On retrouve des thèmes tels que le loup, le Moyen Age, ou encore la langue des signes. Les expositions sont répertoriées dans les animations dites « fixes », mais peuvent faire l'objet d'animations parallèles. Par exemple, en ce qui concerne l'exposition sur la langue des signes française, la médiathèque a accueillie sur trois samedi les membres de l'association « Cri & Rex ». Cette association réunie des personnes sourdes ou malentendantes, ainsi que des personnes «entendant et parlant ».

Ce rapide panorama des animations à la médiathèque de Ludres souligne l'importance du jeu dans le développement de la lecture auprès des jeunes. En effet, toutes les animations ont pour point commun d'être ludiques. L'Heure du conte, en abolissant la barrière du savoir - lire, laisse une part importante au développement de l'imaginaire et de la créativité de l'enfant. Les animations présentées tendent également à amener l'enfant vers plus d'autonomie et donc de liberté. En effet, le choix des histoires, des thèmes pour les expositions, permettent à l'enfant par des moyens détournés, de découvrir la diversité des ouvrages qui leur sont destinés. La bibliothèque tente de trouver sa place entre pédagogie et plaisir, elle guide et suggère plutôt qu'elle n'impose.

Mais si l'évolution des missions des bibliothèques tend à montrer une césure avec l'école, cette frontière n'est pas aussi nette qu'on le pense, et la mise en application de cette volonté reste difficile.

2.3. Une mise en application ludique qui soulève une tension entre pédagogie et lecture plaisir

Si effectivement la bibliothèque se place comme médiateur du livre, elle ne le fait pas à n'importe quel prix. A la médiathèque de Ludres, on trouve peu d'éditions « commerciales » du type adaptation en BD ou album des séries animées télévisées (Bob l'éponge ou Dora l'exploratrice). Tout se passe comme si, au-delà de leur mission générale consistant à favoriser le contact de l'enfant avec la lecture, les bibliothécaires du secteur jeunesse cherchaient à diriger l'enfant vers les romans. La règle de prêt, selon laquelle les enfants âgés de moins de 14 ans ne peuvent emprunter que trois bandes-dessinées sur les sept documents autorisés, tirerait son origine de ce but « caché » ou « second » des bibliothécaires.

A l'inverse, plusieurs auteurs qui se sont essayés à l'analyse du rapport entre la lecture et l'enfant plaident pour la non-orientation du jeune lecteur, au motif qu'entraver les choix de lecture d'un enfant revient à le détourner petit à petit à l'acte de lire. La bande dessinée, au même titre que l'album, permet à l'enfant une entée « en douceur » dans la lecture. L'illustration dans la littérature jeunesse a une importance majeure, et pour cause, elle permet de soutenir la lecture de l'enfant, et ce dernier s'en détache d'ailleurs difficilement. Le texte fait peur, et à l'inverse l'illustration rassure. L'absence d'illustration dans un ouvrage suscite chez l'enfant la pensée que l'histoire sera nécessairement difficile. C'est pour cette raison que par exemple entre 10 et 14 ans, les enfants ont tendance à se focaliser sur le nombre de pages d'un roman.

Ainsi, la médiathèque de Ludres oscille-t-elle entre pédagogie et plaisir. Il y a là un paradoxe, ou du moins une tension. D'une part, on constate une forte volonté de détacher le livre des contraintes scolaires, de mettre l'accent sur l'importance du plaisir dans la lecture, et d'autre part la médiathèque ne peut pour autant se détacher de tout préceptes pédagogiques. Et la volonté d'entretenir des partenariats forts avec l'école demeure ; à Ludres, en 2009, la médiathèque a organisé 30 visites de classes pour l'école maternelle et 41 visites pour l'école primaire.

A chaque début d'année scolaire, la médiathèque de Ludres envoie aux écoles maternelles et primaires un communiqué les informant de l'existence de la médiathèque et des services dédiés aux écoles : sur rendez vous, les enseignants et leurs classes sont accueillis à la médiathèque. L'enseignant est libre de choisir le thème sur lequel il souhaite travailler. Les bibliothécaires du secteur jeunesse sont ensuite chargés de sélectionner des livres en rapport avec le thème, de préparer une animation. L'accueil des classes se fait dans un premier temps dans la salle réservée à l'Heure du conte. Des histoires sont lues aux enfants, puis un échange entre la bibliothécaire et les enfants est organisé. Durant ces séances, l'instituteur intervient peu ou pas, ce qui permet aux enfants de sortir du cadre de l'école et d'oublier pour quelques temps le « carcan » scolaire. L'animation se déroule ensuite au sein du secteur jeunesse, où les enfants sont répartis par petit groupe. L'accueil se termine par le choix des livres. Les enfants ont pour obligation de choisir un des livres disposés sur les tables. La présélection permet d'aiguiller leur choix, mais la disposition sur les tables « en libre service » leur laissent quand même une part d'autonomie. Dans le cas d'un accueil de classe sur le thème du livre policier auquel l'auteur de ce mémoire a pu assister, plusieurs enfants ont souhaité se démarquer en choisissant un livre sur un autre thème. Ceci accrédite la thèse selon laquelle la contrainte dans le rapport à la lecture peut avoir un effet d'éviction chez l'enfant. De plus, même si l'enseignant est « absent » de cette animation, l'obligation d'emprunter un livre à la fin de l'animation leur rappelle que l'apprentissage de la lecture est un passage obligatoire dans l'instruction, et que ne pas s'y soumettre fera l'objet de sanctions et sera le signe d'un échec.

La médiathèque de Ludres fournit une bonne illustration du rôle complexe joué par la bibliothèque dans le rapport de l'enfant à la lecture. Plus particulièrement, la Fête du livre, qui veut conjuguer lecture et plaisir, constitue une spécificité de la médiathèque de Ludres au sein des autres établissements de la région.

3) La fête du livre à Ludres : une animation exemplaire

3.1. Les règles du « jeu »

La première édition de la Fête du livre est née en 1989, sur l'initiative conjointe de Marie-Odile Kubler (alors responsable de la bibliothèque), des bibliothécaires et de plusieurs parents d'élèves. La première édition s'est tenue dans les anciens locaux de la médiathèque et a réuni une cinquantaine d'enfants. Devant tant d'engouement, les éditions suivantes de la fête du livre prirent leur quartier sur le plateau de Ludres, en plein air, dans de meilleures conditions d'accueil.

Cette animation s'adresse aux enfants, dont les niveaux scolaires vont de la grande section de maternelle à la classe de 5ème. Afin d'adapter au mieux l'animation, les enfants sont répartis selon 4 catégories correspondants à des niveaux scolaires :

- les Poussins : Grande section de maternelle et CP ;

- les Benjamins : CE1 et CE2 ;

- les Minimes : CM1 et CM2 ;

- les Cadets : 6ème et 5ème.

Pour tous, le défi est le même : s'inscrire à la médiathèque et lire trois livres afin de pouvoir participer pleinement à la fête du livre. Chaque année, la Fête du livre est placée sous le signe d'un thème. Pour la 22ème édition, « les livres font leur cirque ». Une exposition sur le thème du cirque est également mise en place à la médiathèque et fera l'objet de questions lors de la Fête.

La Fête du Livre comprend deux temps forts : une période de deux mois est consacrée à la promotion de la fête, aux inscriptions et à la lecture des trois ouvrages ; une journée est constituée par la Fête proprement dite.

La préparation de la fête du livre demande beaucoup de préparation - 200 heures de travail environ, répartie sur une période de dix mois - et cinquante bénévoles sont nécessaires à son bon fonctionnement.

Le jour de la Fête (le samedi 12 juin a été retenu pour l'année 2010), tous les enfants sont invités à se réunir au plateau de Ludres. Ils doivent d'abord se présenter au stand «Inscription» pour former des équipes de trois ou quatre, par catégories. Chaque groupe se voit attribuer une « fiche de route », qu'il gardera tout au long du jeu. Cette fiche permet de comptabiliser les points gagnés pendant le parcours. Les équipes doivent ensuite se rendre vers le plateau de jeu (avec pions et dés) qui leur a été attribué. Sur le modèle du jeu de société « trivial pursuit », le dé indique au groupe où se diriger sur cette piste de jeu grandeur nature.

Les enfants doivent ainsi, au gré du résultat des dés, se rendre soit vers des stands « lectures » où cinq questions sur les livres ou sur l'exposition leur sont posées, soit vers des stands « jeux » où des défis (jeux ludiques ou activités sportives en rapport avec le cirque) les attendent.

Pour parfaire le jeu, et permettre aux enfants d'engranger davantage de points, des questions « intermédiaires » leur sont également proposées : rébus, courts mots croisés, énigmes, et autres jeux des sept différences sont ainsi disséminés sur tout le terrain de jeu.

Cette course folle dure près de deux heures. Ensuite, les enfants sont invités à se réunir à « la maison des loisirs », où leurs feuilles de route sont récupérées par les bénévoles pour le comptage des points.

Après tant d'efforts, un goûter est offert aux enfants, ainsi qu'un spectacle.

La journée se clôt par la remise des prix qui récompense tous les enfants, mais distingue plus particulièrement trois équipes ; un chèque-lire ou un livre sont remis à chaque participant.

Assistent à la séance de récompense le maire, d'autres élus (notamment l'adjointe à la culture), ainsi que l'ensemble des organisateurs - bénévoles, bibliothécaires et parents confondus.

3.2. Les objectifs ambitieux de la fête du livre

L'objectif premier de la Fête du livre est de montrer le rapport ludique qui peut unir un livre à son lecteur. En effet, l'une des conditions pour participer à la fête - même si elle n'est pas une contrainte absolue - est d'avoir lu les trois livres. Pour certains enfants, souvent faibles lecteurs, ce seront les seuls livres lus au cours de l'année (en dehors des prescriptions scolaires). Par le biais du jeu, le livre ne devient qu'un prétexte pour pouvoir s'amuser, ce qui permet de libérer la lecture des contraintes scolaires. Les objectifs pour l'enfant ne sont ainsi pas les mêmes que ceux qu'il rencontre à l'école. Lors de cette fête, l'enfant lit pour participer à un jeu, avec ses amis, tandis qu'à l'école, sa lecture peut n'être motivée que par la « bonne note » au contrôle de lecture...

La Fête du livre, en abordant chaque année un nouveau thème, permet aux enfants de découvrir de nouveaux univers, de leur apporter de nouvelles connaissances sur un sujet. Cette année le cirque plonge les enfants dans la magie, un monde haut en couleurs et leur permet de découvrir les différents arts du cirque tant sur le « papier » qu'en « vrai » (à travers les activités le jour de la Fête).

Un stand leur proposera par exemple des activités de jonglage ou d'équilibre, tandis qu'un autre lancera le défi de se déguiser le plus rapidement possible en clown. Le développement du thème du cirque va même plus loin notamment dans les livres.

Prétexte à une intrigue policière, lieu d'un sabotage inter - galactique, ou encore moyen d'aborder la question de la discrimination sociale en fonction des origines, le cirque devient le moyen d'aborder des questions de société, des thèmes plus sérieux.

La Fête du livre recèle aussi des enjeux civiques. En effet, puisque les enfants sont en équipe, ils doivent apprendre à s'entraider, à réfléchir et avancer ensemble. Une récompense est attribuée à chacun à la fin du jeu, ce qui leur rappelle que l'essentiel dans un jeu est de participer, de passer un moment agréable dans le respect de soi et des autres. Pourtant, force est de constater que la Fête du livre, comme les jeux du type « défi lecture », engendre inévitablement un certain esprit de compétition, avec ses dérives possibles. Néanmoins, la dimension agonistique est plutôt ici le moyen d'introduire le livre auprès de l'enfant et du fait de la participation en groupe, efface les réticences de certains à participer. En effet, il n'est pas nécessaire de rappeler que l'enfant, dès son plus jeune âge, fonctionne « en meute », et est donc très influencé par l'effet de groupe. Ainsi, la Fête du livre amène les faibles lecteurs à participer pour être auprès de leurs camarades.

A travers la découverte des livres, les enfants sont mis au contact de la diversité des oeuvres littéraires :

- diversité dans les supports : albums, romans, romans illustrés ;

- diversité des genres littéraires : science-fiction, récit de vie, policier ;

- diversité éditoriale : cascade, arc-en-ciel, l'école des loisirs, les éditions syros, collection pleine lune chez Nathan.

La lecture des livres leur permet de voir qu'un même thème est susceptible de plusieurs approches, et que l'imagination de l'auteur - à laquelle leur propre imagination fait écho - peut être source de plaisir.

3.3. Le partenariat au service de la Fête du livre

Dès ses débuts, la Fête du livre fut portée par des bénévoles - les parents d'élèves. Au fil des années, le nombre des bénévoles s'est accru, parallèlement à celui des participants. Le projet a été porté par la municipalité, la fédération des parents d'élèves de l'enseignement public ou PEEP, et bénéficie aujourd'hui de l'implication de nombreux autres partenaires.

Concrètement, une équipe d'une cinquantaine de bénévoles participe activement à la préparation de la fête. Ils réalisent les activités proposées sur les stands, ainsi que les questions intermédiaires.

Ils participent également au choix du titre de la Fête, et donnent leur avis sur le choix des livres. Enfin, ils sont en charge de la rédaction des questions sur les livres, qui font ensuite l'objet d'un tri ou d'une sélection par les bibliothécaires (ceci fut l'un des travaux qui m'a été confié lors de mon stage).

Pour une commune de quelques 7 000 habitants comme Ludres, un projet d'une telle envergure n'est réalisable que si les bénévoles et le secteur associatif se mobilisent.

Comme par le passé, des associations ludréennes comme L'étrier de Lorraine ou Burkin'avenir sont venus en 2010 prêter leur concours à la fête du livre. L'étrier de Lorraine, qui est un club d'équitation, a gracieusement mis en place un stand avec un circuit et des poneys, tandis que de nombreux bénévoles de Burkin'avenir ont activement participé à l'organisation de la fête.

La PEEP tient un rôle actif dans la préparation de la fête, par la présence de nombreux de ses membres, et finance notamment le goûter offert à la fin de la Fête.

Le Conseil Général, offre chaque année 150 chèques-lire à la médiathèque, un effort considérable si on le rapporte à la contribution « moyenne » du Conseil général de Meurthe-et-Moselle en matière de chèques liés à des projets d'animation, qui avoisine en général les 50 chèques.

Ce projet réunit l'ensemble des acteurs culturels de la ville et bénéficie du soutien de la municipalité, ce qui montre que cette action est portée politiquement (voir annexe 3) et lui donne un caractère légitime.

Si dans les bibliothèques la règle est plutôt l'organisation d'animations ponctuelles « uniques », la Fête du livre qui se perpétue depuis 22 ans montre qu'il est possible d'inscrire une action dans la durée.

3.4. La promotion de la Fête du livre : son rôle essentiel dans l'engouement des jeunes pour la lecture

La campagne de promotion tient un rôle essentiel dans la participation des enfants dans la fête du livre.

L'auteur de ce Mémoire a participé à ce travail de promotion, lequel a constitué une part importante de son stage à la médiathèque. Le détail des actions menées dans le cadre du stage de DUT est décrit ci-dessous.

Au préalable, il a fallu prendre contact avec les directeurs des établissements scolaires de Ludres (les écoles maternelles et primaires Pierre-Lotti et Jacques-Prévert ; le collège Jacques-Monod), afin de leur proposer une intervention au sein des différentes classes. Ces chefs d'établissement n'ont pas caché leur enthousiasme à l'égard des « animations de promotion » - ce qui est le témoignage d'un engagement sincère de l'école dans le partenariat avec la bibliothèque.

Les interventions en classe se sont assignées plusieurs objectifs :

- faire connaitre la médiathèque, son fonctionnement et ses collections dans une optique de promotion de la lecture, en insistant par exemple sur la présence de mangas et de magazines à la médiathèque ;

- présenter la Fête du livre : les règles du jeu, les modalités d'inscriptions, le « but » du jeu (lire trois livres) ;

- rassurer les enfants : axer le discours sur l'importance du jeu et de la convivialité de la Fête. Insister sur le fait que la fête du livre est un jeu d'équipe, ce qui pour eux est l'occasion de se retrouver entre amis et de faire une activité ensemble. Insister sur l'idée que le jeu n'est pas uniquement axé sur la lecture, mais aussi sur des « challenges » plus sportif et de réflexion. Enfin, rappeler que la règle d'or de la Fête du livre tient dans la maxime : « l'important c'est de participer, tout le monde repart gagnant » ;

- adapter le discours et la difficulté des activités en fonction de l'âge du public, prendre en compte leur rapport à la lecture. En effet, les enfants entre 5 et 8 ans sont plus réceptifs et enjoués face à un discours sur la lecture, que les préadolescents par exemple.

Les essais relatifs aux rapports entre lecture et enfance mettent en avant le caractère essentiel de l'appropriation d'un livre par l'enfant. L'objectif principal serait de rendre les enfants actifs dans la découverte des livres qu'on leur donne à lire, de manière à ce que les enfants créent leur « propre envie » de s'investir.

Pour créer ce désir d'entrer de plein gré dans la Fête du livre, la présentation des différentes histoires a cherché à rester dans la suggestion, en évitant de dévoiler l'intrigue, afin de créer un horizon d'attente, même si celui-ci pouvait s'avérer être loin de l'histoire réelle du texte.

Par le biais d'activités ludiques (Voir annexe N°1), les interventions en classe doivent créer des attentes chez les enfants. C'est aussi le moyen de « déscolariser » le livre.

En présentant ce dernier d'une manière ludique, le public des enfants (re)découvre une autre approche de la lecture, détachée des contraintes scolaires (du type analyse du schéma narratif). A titre d'exemple, les activités destinées aux minimes et aux cadets devaient leur montrer qu'à partir de « petits savoirs » (couverture, titre, collections, éditeurs), ils étaient capables, grâce à leur imagination, d'inventer une ébauche de « quatrième de couverture », soit un court résumé ayant pour but de susciter l'envie de lire le livre. Cette activité ayant été réalisée en groupe, cela a permis également aux enfants de susciter l'envie chez les autres. Cette activité remplissait également l'objectif de favoriser la création et de montrer qu'en somme tous les enfants sont des écrivains « en herbe ».

4) Le bilan de la 22ème édition de la fête du livre 

4.1. Quel bilan pour la 22ème édition ?

Bien que la fête du livre n'est pas encore eu lieu, nous pouvons néanmoins émettre quelques remarques suite à l'action de promotion réalisée au sein des écoles.

Il faut sans doute dépasser le lieu commun selon lequel « les classes se suivent mais ne se ressemblent pas », et tenter, modestement, de tirer quelques enseignements de la fête du livre, notamment à propos de la représentation de la lecture chez l'enfant.

Contre toute attente, alors que les catégories des poussins et des benjamins sont encore dans l'apprentissage de la lecture, ce sont ceux qui montrent le moins de réticences dans les interventions de la promotion de la fête du livre. En effet, si l'école donne des repères de lecture (analyse du schéma narratif, du sens du texte), la médiathèque opère, par le biais de la fête du livre, avec cette animation, une sorte de « dérèglement » au terme duquel le livre se fait jeu, et la lecture, plaisir.

On peut cependant avancer que ce n'est pas un public « à conquérir » dans le sens où après un sondage à main levée, il s'avère que la majorité des enfants est inscrite à la médiathèque et a déjà participé à la fête du livre. Cet engouement pour les activités réalisées en classe peut aussi s'expliquer par leur âge. En effet, ils sont encore dans une période où leur conduite est guidée par la figure de l'adulte (le parent, l'enseignant) et ils souhaitent avant tout satisfaire les attentes de l'adulte avant les leurs. Aussi, de nombreux enfants ont envie de participer à la fête car leurs parents les poussent à s'y investir.

A l'inverse, le public des cadets montre clairement des signes d'opposition à la lecture, ainsi qu'aux animations proposées par la médiathèque. Le défi de leur faire comprendre que la lecture peut être une source de plaisir est d'autant plus grand, du fait que les activités de promotion sont réalisées en classe. Cela crée une tension entre le discours tenu et la réalité des faits. Aussi, leur réaction semble légitime : comment leur demander d'entrevoir la lecture sous un autre aspect que celui de la contrainte alors qu'ils sont dans un contexte scolaire (présence de l'enseignant, intervention pendant les cours de français, salle de classe) ?

De plus, les préadolescents et adolescents sont dans une période de constante recherche d'une identité propre, ce qui se traduit généralement par une ferme opposition aux formes d'autorités (famille, société, école). Aussi, le fait de participer à une animation également ouverte à des enfants plus jeunes est perçu comme un régression. Ils se sentent infantilisés, sentiment renforcé par le choix du thème de cette 22ème édition - le cirque. Le cirque semble avoir été pour eux un thème « passé de mode », associé à un univers coloré et naïf, assez peu en phase avec leur « crise d'adolescence ».

Néanmoins, l'activité proposée avait justement pour but de montrer qu'un thème peut être traité de différentes manières dans la lecture. Les livres à destination des cadets étaient loin de donner une vision enfantine du cirque, avec, parfois, des histoires sombres, mêlant science-fiction et enquête policière. Malgré l'activité, les réticences demeurent, remettant en question la légitimité de cette animation pour cette tranche d'âge. Cette remise en question s'est également traduite à plusieurs reprises au cours des interventions. En effet, quelques adolescents ont demandé à pouvoir lire les livres sans être obligés de participer à la fête, faisant ainsi comprendre que les animations proposées le jour de la fête ne sont pas adaptées à leur envie. L'effet de groupe joue un rôle important dans l'appréciation des activités par les enfants, quelque soit l'âge. Il suffit que quelques enfants montrent de l'enthousiasme quant à une éventuelle participation à la Fête pour que les autres suivent. A l'inverse, si un noyau d'enfants est intéressé mais que la majorité se montre réticente, alors aucun n'osera affirmer son enthousiasme.

Mais ceci appelle sans doute des nuances, car le bilan de l'an passé révèle que les cadets n'avaient jamais été aussi nombreux à participer depuis une dizaine d'années- soit une grande partie des élèves de 5ème.

4.2. De l'importance de toujours questionner la place de la bibliothèque dans le rapport à la lecture

La Fête du livre soulève également la tension qui réside ente animation et lecture. En effet, la lecture est avant tout une pratique individuelle, où le lecteur s'approprie l'histoire, se crée un univers personnel. A l'inverse, l'animation socialise la lecture, tend à verbaliser cette appropriation. Aussi, les animations peuvent-elles être perçues par les enfants comme une intrusion dans leur intimité et susciter chez eux de la peur ou de la gêne. Malgré les objectifs mis en place avant les interventions (notamment rassurer les enfants), la présence d'un animateur extérieur assurant la promotion de la fête du livre montre implicitement que la médiathèque attend quelque chose d'eux.

Cette tension rappelle également le désir d'autonomie fortement présent chez les préadolescents et les adolescents, qui se traduit par le refus de se soumettre à des règles, à un cadre. Or, la fête du livre est un jeu, et tout jeu se définit comme un ensemble de règles. A l'inverse, les jeunes « usagers » qui viennent à la médiathèque ne refusent que très rarement les conseils des bibliothécaires. Cela montre qu'il est possible de se placer dans le rapport à la lecture chez les jeunes, quand cette action est spontanée.

CONCLUSION

L'avènement des secteurs jeunesse dans les bibliothèques publiques, dont on peut constater l'ascension à partir de 1960, marque une césure entre école et bibliothèque. Tandis que la première, berceau du premier contact entre le livre et l'enfant, tend à inculquer des règles et placer la lecture au centre de l'instruction, la bibliothèque, quant à elle, met en avant par l'animation, la lecture comme source de plaisir. Plaisir dans la liberté des multiples choix qu'offre aujourd'hui la littérature jeunesse, mais également plaisir dans le jeu avec le livre et plus largement dans la lecture. Néanmoins, malgré de nombreuses actions, telle que la fête du livre, nous pouvons constater que ce positionnement n'est pas simple d'une part dans sa mise en application et d'autre part dans l'esprit des premiers concernés à savoir les enfants (ou plus largement « les jeunes »).

La promotion de la fête du livre au sein des classes a permis à l'auteur de ce mémoire, outre le fait de connaitre une expérience des plus enrichissantes, de soulever les difficultés auquel se heurte cette animation. Entre l'engouement des « petits » et le désintérêt parfois marqué des « plus grands », la fête du livre permet de constater que les tensions qui existaient déjà au début du XIXème siècle entre école et bibliothèque perdurent. Le livre n'a pas nécessairement perdu son caractère contraignant, associé à un acte de lecture comme un « effort ».

Ces remarques ne tendent pas à tirer un bilan négatif des actions à l'image de la fête du livre, bien au contraire. Cette animation réunit en moyenne 150 enfants, ce qui, rapporté à la démographie ludréenne, est un résultat hautement positif. Le caractère pérenne de la fête du livre montre l'engouement des enfants pour les animations « hors les murs » et souligne également la forte implication de la médiathèque dans la vie associative de la commune et dans la promotion de la lecture comme source de plaisir.

Aussi les bibliothèques continueront d'osciller entre volonté d'autonomisation de l'enfant, pédagogie et divertissement, à l'image des fluctuations que connaissent les pratiques culturelles de la jeunesse.

BIBLIOGRAPHIE

Les animations en bibliothèque

v ALEBERTEAU, Solange, BERNIER Véronique, ARTIS, Sylvanna...[et al.]. Sous la direction de POSLANIEC, Christian. Dix animations lectures en bibliothèque jeunesse. Paris : Retz, 2007. 1 vol. (192 p.) - (Collection Pédagogie pratique)

v BRASSEUR, Philippe. 1001 activités autour du livre. Paris : Casterman, 2007. 1 vol. (125 p.)

v POSLANIEC, Christian. Donner le goût de lire : des animations pour faire découvrir aux jeunes le plaisir de la lecture. Paris : Ed. du Sorbier, 2004. 1 vol. (249 p.)

La lecture et les théories de la réception

v BRETON, Jean-Yves, DESSAIVRE, Marie-Paule, GIVON, Gérard...[et al.]. Sous la direction de POSLANIEC, Christian. Réception de la littérature jeunesse par les jeunes. Paris : INRP, Institut national de recherche pédagogique, 2002. 1 vol. (201 p.) - (Collection documents et travaux de recherche en éducation)

v DOURY BONNET, Juliette. L'illettrisme entre actions et réflexions. In Bulletin des Bibliothèques de France, 2005, n°5, p. 68-69.

v HUIZINGA, Johan. Homo Ludens : essai sur la fonction sociale du jeu. Paris : Gallimard, 1988. 1 vol. (340 p.)

v JOUVE, Vincent. La lecture. Paris : Hachette, 1993. 1 vol. (110 p.) - (Collection Contours littéraires)

v PETIT, Michèle. Eloge de la lecture : la construction de soi. Paris : Belin, 2003. 1 vol. (159 p.) - (Collection Nouveaux mondes)

v PICARD, Michel. La lecture comme jeu : essai sur la littérature. Paris : Ed. de Minuit, 1986. 1 vol. (319 p.) - (Collection Critiques)

Les bibliothèques et l'enfant

v COLLECTIF, sous la direction de FIGUIER, Richard. La bibliothèque : le miroir de l'âme, mémoire du monde. [s.l.] : Autrement, 1991. 1 vol. (229 p.) - (Collection Mutations)

v LOMBARD, Véronique-Marie. Le voyage lecture : bibliothèques et écoles associées ou comment vivre avec douze livres une histoire commune de la lecture. Paris : Ed. du Cercle de la librairie, 2003. 1 vol. (93 p.) - (Collection Bibliothèques)

v POISSENOT, Claude. La nouvelle bibliothèque : contribution pour la bibliothèque de demain. Voiron : Territorial éditions, 2009. 1 vol. (86 p.) - (Collection Dossier d'experts)

v WEIS, Hélène. Les bibliothèques pour enfants entre 1945 et 1975 : modèles et modélisation d'une culture pour l'enfance. Paris : Ed. du Cercle de la libraire, 2005. 1 vol. (426 p.) - (Collection Bibliothèques)

La littérature jeunesse

v POSLANIEC, Christian. (se) former à la littérature jeunesse. Paris : Hachette, 2008. 1 vol. (367 p.) - (Collection Profession enseignant)

v Cours de littérature de jeunesse, dispensé par Mme Agnès DELESSA, 1ère année de DUT info-com, option métiers du livre et du patrimone, IUT Nancy - Charlemagne, semestre 2.

SELECTION DE SITES INTERNET

Ø CNL (page consultée le 09 juin 2010). Centre National du Livre, [en ligne]. Adresse URL : http://www.centrenationaldulivre.fr.

Ø Journal officiel du Sénat (page consulté le 31 mai 2010). Bienvenue au Sénat, [en ligne]. Adresse URL : http://www.senat.fr.

Ø Rapport d'activité de la médiathèque de Ludres (fichier en format PDF, téléchargé le 20 mai 2010). Présentation de la médiathèque [en ligne]. Adresse URL : http://www.ludres.com.

Ø BBF (page consultée le 09 juin 2010). Bulletin des Bibliothèques de France, [en ligne]. Adresse URL : http://bbf.enssib.fr

Annexes

Table des annexes

1) Liste des livres sélectionnés et fiches d'activités.......................................p.38

2) Statistiques (1989-2010) sur la fréquentation de la fête du livre.....................p.49

3) Extrait de la lettre d'information municipale Ludres info de mai 2010.............p.50

4) Activités des différentes catégories ayant bénéficiées de la promotion de la Fête du livre..........................................................................................p.52

ANNEXE 1 : liste des livres sélectionnés pour la fête du livre et fiche d'activités pour la promotion dans les classes.

Catégories Poussins (Grande section-CP)

Vous n'avez pas vu mon nez ?

Antonin Louchard

Editions Albin Michel (jeunesse), 1995.

Collection Zephyr

Résumé : Un matin, le clown ne retrouve plus son nez rouge. Avec l'aide de ses amis, il part à sa recherche... des nez il va en rencontrer : des petits, des gros, toujours rouge, mais jamais comme son nez...

Commentaire : L'illustration prévaut dans cet album, jeu sur la couleur rouge et la forme ronde. Texte très sonore avec des rimes, des allitérations, auquel s'ajoute l'utilisation du comique de répétition. Au niveau des illustrations on remarque également un jeu de lumière qui rappelle la technique du clair obscur.

Tu seras funambule comme papa

Frédéric Stehr

Editions Ecole des loisirs, 1990.

Résumé : Pepito, le petit ours apprend à devenir funambule comme son Papa. Seulement voilà, il a peur du vide, et préfère jouer de la musique avec son ami le clown. Cela déplait beaucoup à son papa qui se met en colère, jusqu'au jour où il assiste au spectacle de musique de Pepito...

Commentaire : Cet ouvrage présente un auteur incontournable de la littérature jeunesse. Outre le fait que les illustrations permettent de découvrir l'univers du cirque, l'histoire porte le message implicite de l'importance de l'affirmation de sa personnalité et de ses envies.

Etoile

Alan Mets

Editions Ecole des loisirs, 1997

Résumé : Etoile est un tout petit clown qui joue de la mini-trompette au sein d'un cirque. Jusqu'au jour où arrive le grand clown blanc, qui subjugue le public et le patron du cirque. Etoile est renvoyé sur le champs, et seul, il pars vers la ville... Là-bas, de nombreuses aventures l'attendent, notamment la rencontre d'un nouvel ami : Noureyef, le chien à « l'âme artiste ».

Commentaire : Ici aussi, l'auteur est un incontournable de la littérature jeunesse. L'histoire met en avant l'acceptation de la différence, puisque Etoile qui est un petit clown, se voit évincé par un grand clown blanc. Tous les dessins sont sur fond noir, ce qui crée un contraste avec les couleurs vives des personnages, et de ce fait les mets en avant (et rappel également l'univers coloré du cirque).

FICHE D'ACTIVITES

- Présenter la fête du livre en sondant les enfants qui y ont déjà participé

- Faire deviner le thème à l'aide d'un objet : le nez rouge

- Expliquer dans le détail les règles du jeu et les modalités d'inscription

- Présenter la médiathèque : son fonctionnement, le fonds documentaire...

- Présentation des trois livres en laissant les enfants intervenir sur ce que les ouvrages leur évoquent

· Pour les maternelles : à chacun est distribuée une feuille sur laquelle est dessiné un clown. Comme dans vous n'avez pas vu mon nez, le clown n'a pas de nez, et son sourire et son chapeau ont également disparus. A eux de les dessiner en utilisant feutres, crayons, stylos.

· Pour les CP : à chacun est distribuée une feuille sur laquelle sont représentés plusieurs personnages représentatifs du cirque. En dessous on retrouve leur nez, à eux de faire correspondre le bon nez avec le bon personnage. Ils peuvent ensuite colorier les personnages.

A la fin de l'animation, et pour amener les enfants à revenir au calme, le début d'Etoile est lu, jusqu'au moment où le petit clown pars vers la ville. La suite n'est pas dévoilée pour leur faire comprendre que le but du jeu est de lire les livres, et cela permet aussi de créer un horizon d'attente.

Catégorie Benjamins (CE1 et CE2)

Animal Circus

Jean Allessandrini (auteur), Sophie Kniffke (illustratrice)

Editions Rageot, 2000.

Collection Cascade arc-en-ciel

Résumé : L'histoire est racontée par une petite fille à l'imagination débordante. Alors lorsqu'elle se rend à « l'animal circus » il ne faut s'étonner s'il se passe des choses étranges. Là bas les animaux sont capables de bien des exploits. De l'âne qui fait du calcul mental, au chat aviateur, en passant par les lions musiciens, l'animal circus n'a de cesse que de surprendre. Il paraitrait même que toute cette ménagerie dirige le cirque...

Commentaire : L'histoire est intéressante pour son caractère surréaliste, puisque ici, l'organisation du cirque est totalement bouleversée : ce sont les animaux qui dirigent. De plus, le personnage de la petite fille à l'imagination débordante (au grand damne de ses parents) permet au jeune lecteur de facilement s'identifier, car il est à un âge où il aime « se raconter des histoires ». La présence de nombreuses illustrations, très colorées, projette le lecteur dans l'univers du cirque.

Héros d'un soir

Françoise Clairet (auteur), Catel (illustrations)

Editions Bayard (jeunesse), 2007

Collection J'aime lire Bayard Poche

Résumé : Quentin, et toute sa classe vont, pour la fin de l'année, s'exercer aux activités du cirque. Cela ne dérangerait pas le jeune protagoniste s'il ne devait pas réaliser un numéro de funambule. Lui, si timide et craintif, arrivera-t-il à traverser la corde le soir de spectacle ? Et cet exercice ne sera que plus difficile sous les railleries de thomas, son camarade de classe et pire ennemi...

Commentaire : L'histoire permet de découvrir le cirque, mais est surtout un prétexte à une morale implicite : l'acceptation de soi, des autres, et des différences ; le travail et la persévérance sont récompensés par la réussite ; il ne faut pas se fier aux apparences : le plus faible peut parfois s'avérer être le plus fort. Ce livre bénéficie en plus de la popularité du magazine « j'aime lire » qui le place donc comme une valeur sure auprès des enfants, qui, pour la plupart, en ont déjà lu.

C'est peut être ça être amoureux

Agnès Lestrade (auteur), Laurent Andouin (illustrateur)

Editions Milan, 2006.

Collection Milan Poche cadet, « tranche de vie »

Résumé : Manolito n'est pas comme tous les enfants de son âge. Lui et sa famille vivent du cirque et sillonnent les routes dans leur caravane. C'est donc avec une boule au ventre que le jeune garçon s'apprête à découvrir sa nouvelle école. Heureusement, la rencontre avec la petite Emmanuel va bouleverser sa vie, car elle aussi a un secret dur à porter...

Commentaire : Comme dit précédemment, le cirque sert ici de toile de fond à l'histoire d'un garçon dont les origines sont souvent la cause de nombreuses moqueries. Le message implicite de l'histoire est également l'acceptation de l'autre, notamment dans sa différence. On trouve également le dessein d'une histoire d'amour, ce qui plait beaucoup aux filles, et à tendance à rebuter les garçons (titre, couleur rose de la couverture). La chute de l'histoire clos la morale de cet ouvrage puisqu'il s'avère qu'Emmanuelle, la nouvelle amie de Manolito, a été adoptée. Ce livre permet donc d'aborder des thèmes de la vie (d'où la collection « tranche de vies »)

FICHE D'ACTIVTES

- Présenter la fête du livre en sondant les enfants qui y ont déjà participé

- Faire deviner le thème aux enfants à l'aide de mots clés (nez rouge, chapiteau, funambule)

- Interactions sur les expériences qu'ils ont pu avoir du cirque, les différents métiers du cirque

- Expliquer en détail les règles du jeu

- Présenter la médiathèque : son fonctionnement, le fonds documentaire

- Rappel sur les « petits savoirs » qui caractérisent le livre : couverture, titre, auteur, éditeur, ce qui permet de faire une transition pour présenter l'activité

Les enfants sont répartis en groupe de cinq. A chaque groupe fut distribuée une pochette à l'intérieur de laquelle se trouvaient dix photocopies de couvertures de livres. Grâce à une feuille d'indices et en procédant par élimination, les enfants devaient trouver trois couvertures, qui correspondent aux livres sélectionnés pour la fête.

Cette activité n'est pas sans leur rappeler des jeux comme « la chasse au trésors », dont ils sont souvent friands à cet âge. En les rendant actifs dans la découverte des livres, les enfants, sans en avoir pleinement conscience, créent des attentes sur les « trois livres mystère ». Ils devaient également, pour mener à bien cette activité, être attentifs aux caractéristiques du livre.

Une fois le mystère dévoilé, les livres furent succinctement présentés : début de l'intrigue, mes propres impressions de lecture. Les enfants pouvaient intervenir pour émettre des hypothèses de lecture.

Catégorie Minimes (CM1-CM2)

Le cirque Manzano

Lorris Murail

Editions Ecole des loisirs, 1992

Collection Neuf

Résumé : Il se passe de biens étranges phénomènes au cirque Manzano. Tout commence avec la disparition de Fred, jeune garçon peut être un peu trop curieux. Très vite ses deux amis vont se lancer à sa recherche et s'engouffrer dans les mystères du cirque Manzano, croisant sirène d'aquarium et nains.

Commentaire : Ici le cirque est présenté sous un jour plutôt sombre, angoissant. Il est le terrain d'une enquête improvisée menée par les deux amis. Ce livre est donc à la frontière avec le genre du thriller et du policier. L'intrigue tient en haleine le lecteur, le suspens tient une place importante. Concernant l'auteur, Lorris Murail, cela permet aux enfants de découvrir un incontournable de la littérature jeunesse (tout comme sa mère Marie Aude Murail)

Panique au cirque

Dominique Zay (auteur), Catherine Clouco (illustratrice)

Editions Syros, 1992

Collection Souris Noire

Résumé : C'est l'histoire d'un cirque au succès foudroyant, les gradins sont presque combles à chaque représentation, jusqu'au soir où, suite à un sabotage, une partie des gradins du cirque s'effondre, provoquant l'effroi chez les spectateurs. Très vite le cirque va perdre sa notoriété. L'enquête est ouverte, tout le monde au cirque est suspect, enfin presque...

Commentaire : L'intrigue est posée dès les premières pages et place l'enfant au coeur d'une enquête. Il découvre les évènements à travers le point de vue d'un narrateur dont on ne connait l'identité qu'à la fin. La chute de l'histoire est inattendue et plutôt spectaculaire. La narration est très marquée par l'oralité du narrateur : franc-parler, expressions familières.

Eugenio

Marianne Cockenpot (auteur), Lorenzo Mattoti (illustrateur)

Editions du Seuil, 1993

Collection Albums

Résumé : Eugénio est un clown de talent, toujours à faire sourire petits et grands. Et puis un jour, son sourire et son envie de faire rire les autres disparait. Quel lourd secret pèse sur le coeur d'Eugenio ? Grâce à ses amis du cirque, le clown retrouvera peut être son sourire.

Commentaire : La forme ici est très intéressante puisqu'il s'agit d'un album. Pendant les animations il a suscité des réactions diverses chez les enfants : certains se sont offusqués d'être infantilisés, tandis que d'autres n'ont pas caché leur joie quant à la présence des illustrations.

Ici aussi, le cirque n'est qu'un prétexte pour aborder un thème plus lourd : celui de l'adoption, du deuil, de l'abandon, des problèmes d'identité. Le texte et les illustrations dégagent une grande poésie. La magie, le rêve, l'implicite, la beauté des illustrations sont au service d'un thème difficile. Le grand format et l'intégration du texte dans les illustrations en pleine page sont un moyen pour l'enfant de rentrer pleinement dans l'histoire.

FICHE D'ACTIVITES

- Présenter la fête du livre : règles du jeu, modalités d'inscriptions

- Insister sur la gratuité (car cette catégorie est en âge de venir s'inscrire seul à la médiathèque)

- Présenter le thème en sondant les enfants sur leur vision du cirque

- Insister sur le plaisir du jeu en groupe, d'être entre amis, décrire les activités qui seront proposées par les stands lors de la fête.

· Pour les classes en petit effectif 

Après avoir inscrit au tableau les titres des trois livres sélectionnés pour leur catégorie, chaque élève pouvait intervenir et donner ses impressions, donner une interprétation possible, supposer l'histoire qui se cache derrière le titre de son choix. Les interventions de chacun faisaient échos à d'autres et ils pouvaient ainsi confronter leur différence d'opinion, d'interprétation. Le but était d'instaurer un climat d'échanges libre, où les enfants ne devaient pas se restreindre dans leurs idées. Il fut clairement énoncé qu'il n'était pas attendu de leur part que les hypothèses de lecture correspondent à la réalité du texte.

Les trois histoires furent ensuite présentées succinctement, en mettant l'accent sur mes propres impressions de lecture et en montrant mon plaisir de lire. Les genres auquel se rapportent chacun des livres furent également présentés. La séance se terminait sur la lecture du début de Panique au cirque.

· Pour les classes en plus grand effectif 

A chaque enfant fut distribuée une feuille sur laquelle figurait les trois titres, les trois illustrations figurant sur les couvertures, et une partie (deux, trois phrases maximum) des résumés présents sur les quatrième de couverture.

Le but était d'associer chacun des éléments afin d'avoir la « carte d'identité » complète des trois livres. Ces « petits savoirs » ont été choisis dans le but de laisser une part d'implicite. En effet, il n'était pas aisé de relier les bons éléments ensemble. A l'oral, les enfants pouvaient ensuite comparer leur réponse et expliquer leur choix ce qui les amenés à prendre conscience que plusieurs interprétations d'un même livre sont possibles, et ce même à la lumière de quelques éléments. Il avait été clairement énoncé au préalable que cette activité ne ferait l'objet d'aucunes notations, afin que les enfants se sentent totalement libres dans leur choix.

Ils pouvaient également faire part de leurs hypothèses de lecture. Cette activité montrait également l'importance des « petits savoirs » pour aborder un livre.

Les trois histoires furent ensuite présentées succinctement, en mettant l'accent sur mes propres impressions de lecture et en montrant mon plaisir de lire. Les genres auquel se rapportent chacun des livres furent également présentés. La séance se terminait sur la lecture du début de Panique au cirque.

Catégorie Cadets (6e et 5e)

Le cloune et la belle cuillère

Anne Sibran (auteur), Thierry Christmann (illustrateur)

Editions Milan, 1995

Collection Zanzibar

Résumé : dans une cité morose, la petite Elsa croise le chemin d'un clown (« cloune » comme elle aime le dire). Ce dernier est bien triste, car il a tout perdu : son travail, son cirque, et la joie de pouvoir amuser le temps d'un spectacle les petits comme les grands. Elsa, elle, est pleine de rêve et d'espoir dans une ville où le béton a remplacé les espaces verts. Elle le confie d'ailleurs à son journal intime, que le lecteur découvre par intermittences dans le livre. Elle ne veut pas voir que le « cloune » travaille aujourd'hui comme veilleur de nuit et que plus personne ne croit à la magie du cirque. Ses espoirs et ses rêves vont ainsi emmener la jeune fille à réaliser l'impossible : redonner au cirque ses lettres de noblesse...et le sourire à son ami le clown !

Commentaire : En employant le ton de l'humour (l'histoire est racontée par une petite fille « comme elle parle » : fautes d'orthographe, jeu de mots), l'auteur dénonce implicitement l'enclavement dans lequel sont petit à petit plongées les banlieues (malgré l'ancienneté du livre -1995 ndlr). Ainsi, le cirque sert aussi de prétexte pour aborder des thèmes plus sérieux. En ce qui concerne la réception par le public des collégiens, ceux-ci se sont montrés réticents quant à une éventuelle lecture, du fait de la couverture, qui paraît dépassée.

Les Transmiroirs

Kim Aldany (auteur), Philipe Munch (illustrateur)

Edition Nathan, 2002

Collection plein lune, catégorie science fiction

Tome 2, série Kerri et Mégane

Résumé : On retrouve Kerri et Mégane dans une nouvelle aventure. Alors que les deux amis voyagent dans l'hyper-espace, le vaisseau spatial reçoit un appel de détresse. Un sabotage a été commis au cirque galactique ! Les enfants sont ébahis devant ce cirque gigantesque de plusieurs pistes où se croisent licornes, jongleurs à quatre bras et ... les transmiroirs, des êtres capables de prendre l'apparence de n'importe quelle personne. Mais une fois la magie du cirque dissipée, ils comprennent que ce sabotage n'est pas survenu sans raisons. Il semblerait que quelqu'un dans le cirque lance un appel au secours...

Commentaire : L'intérêt de cet ouvrage est de montrer que le cirque (thème généralement vu comme infantilisant par les plus grands) peut faire l'objet d'un traitement original. Entre enquête policière et science fiction, le cirque ici « galactique » n'est que prétexte aux aventures de Kerri et Mégane (héros de la série du même nom). La collection est également intéressante par la présence d'illustrations et une typographie (rappel de titre, phrase clé sur la marge) qui guide le lecteur dans le cheminement de l'histoire.

La prodigieuse aventure de Tillmann Ostergrimm

Jean - Claude Mourlevat (auteur), Marcelino Truonq (illustrateur)

Editions Gallimard (jeunesse)

Collection Hors piste

Résumé : Dans la famille Ostergrimm, on est tonnelier de père en fils et ce depuis des générations, alors forcément lorsque le jeune Tillmann annonce à son père qu'il ne veut pas faire ce métier, la rage et les disputes éclatent. Pour se changer les idées et éviter le regard de son père, Tillmann pars dans les rues de la ville fêter mardi gras. Et là, le jeune garçon accomplit un prodige indépendant de sa volonté : il est capable de léviter dans les airs et de se déplacer, à l'image d'un oiseau. Ce pouvoir va alors l'entrainer dans un cirque entouré d'un impresario véreux, ou encore de la femme la plus minuscule du monde. Il s'en suit alors un long périple où le jeune garçon va murir et prendre conscience des limites de son pouvoir.

Commentaire : L'histoire est totalement détachée de la vision édulcorée que l'on peut avoir sur le cirque. Le lecteur suit les mésaventures du jeune Tillmann après s'être découvert le pouvoir de léviter. Cet ouvrage s'inscrit dans la lignée d'Harry Potter ou de Percy Jackson. Il est également le plus récent des trois dans cette catégorie ce qui rebute moins les potentiels lecteurs. Ce livre a également la particularité de jouer avec la typographie : en fonction du personnage/ narrateur, la taille des caractères change.

FICHE D'ACTIVITES

- Présentation de mes études, de mes goûts, de mes loisirs pour crée un lien de connivence

- Présentation de la Fête du livre : règles du jeu, modalités d'inscriptions, en insistant sur le jeu d'équipe, la convivialité de la fête

- Présentation du thème en sondant les adolescents sur leur vision du cirque

- Présentation de la médiathèque : son fonctionnement, la diversité documentaire avec notamment l'arrivée des mangas et des DVD depuis peu. Présenter le secteur jeunesse et le secteur adolescent en détail. Montrer qu'une place importante leur est accordée à la médiathèque

Après avoir scindé la classe en équipe de cinq, chaque groupe se voyait remettre une feuille sur laquelle figurait un des trois titres des ouvrages ainsi qu'une série de mots clés (personnages, lieux, actions caractéristiques de l'histoire). En groupe, ils devaient inventer un résumé à l'image de ceux que l'on peut trouver sur une quatrième de couverture. Pour réaliser ce court texte, ils devaient utiliser les mots figurant sur la feuille. Il fut clairement énoncé au préalable que cette activité ne ferait l'objet d'aucunes notations et que si certains mots clés n'étaient pas utilisés, ils ne seraient pas sanctionnés.

Le but est avant tout de créer un texte devant susciter chez leur camarades l'envie de lire le livre. Aussi fut - il préciser qu'ils pouvaient user à outrance de leur imagination, mais aussi de leur humour.

Chaque groupe lu ensuite à tour de rôle leur résumé. On pouvait ainsi constater qu'à partir des mêmes éléments, il est possible d'inventer des histoires très différentes, et que les attentes de chacun peuvent diverger. Cette activité met également en avant l'importance de l'imagination dans l'appréhension d'un livre, et que chacun est capable d'être créatif, d'être un « écrivain en herbe »

A la fin de l'activité, l'intrigue de chaque livre est présentée de manière brève afin de ne pas briser les horizons d'attente qu'ils ont créée. L'axe fut plutôt mis sur mes propres impressions de lecture, en insistant sur les différentes visions que pouvaient donner les livres sur un même thème. Les genres littéraires de chaque livre furent présentés, en établissant des comparaisons avec d'autres livres ou des films.

ANNEXE 2 : statistiques sur la fréquentation de la Fête du livre

Année

Participants

Thèmes

1989

50

Livres en liberté

1990

75

Parcours de robin des bois

1991

102

Les contes

1992

140

La gourmandise

1993

160

Le roman policier

1994

125

L'île au trésor

1995

232

Les sorcières

1996

148

Le cirque

1997

130

Le voyage

1998

210

Quand on parle du loup

1999

130

Les animots

2000

144

Les monstres

2001

140

La Sympholivres

2002

135

De lecture en aventure

2003

182

Jeux de nains et trolls des histoires

2004

?

Mille mots d'afrique

2005

209

Croque livres et mille feuilles

2006

118

Pagaille à la médiathèque

2007

164

Pluie d'histoires

2008

180 (le jour même) et 200 en tout

Le sport

2009

203 (fête en elle-même) 263 en tout

Le moyen âge

2010

180 inscrits

Le cirque

ANNEXE 3 : activités réalisées en classe

Pour les poussins (grande section de maternelle) : « redonne au clown son sourire, son chapeau, et son nez ! »

Pour les cadets : « invente un court résumé à l'aide de ces mots clés »

Le cloune et la belle cuillère

Elsa

Le journal intime

Le supermarché

Edouardo le clown

Les immeubles de la banlieue

Le cirque Sibrano

Rêver

Les transmiroirs

Les transmiroirs (ce sont des êtres féeriques capables de prendre l'apparence d'une autre personne)

Kerri et Mégane, les héros de l'histoire

Le rhinogator (mi rhinocéros, mi alligator)

L'astronef

Le cirque galactique

Le sabotage de la navette spatiale

La prodigieuse aventure de Tillmann Ostergrimm

Tillmann, le héros de l'histoire

La femme la plus petite du monde

Monsieur Mangetout

Voyager de ville en ville

Une chèvre

Voler dans les airs

Quelques exemples de résumés inventés par les « cadets » :

Le cloune et la belle cuillère

« Elsa, qui habite dans les immeubles de la banlieue écrit son journal intime après avoir été au supermarché. Son journal parle du cirque Sibrano, pendant qu'elle rêve d'Edouardo ».

« Elsa habite dans les immeubles de la banlieue. Un jour, elle va au supermarché acheter un journal intime pour décrire le cirque Sibrano dont la vedette est Edouardo le clown. Elle a toujours rêvé de toucher son nez rouge. Et soudain elle voit Edouardo, elle lève la main pour toucher son nez rouge, mais il la repousse et repart avec une cuillère familière. Elsa en est sure, ce n'est pas le vrai Edouardo. Que se cache derrière ce nez rouge ? »

« Elsa une petite fille de cinq ans, alla acheter un journal intime au supermarché qui se trouvait près des immeubles de la banlieue. Une semaine plus tard elle rêva qu'elle allait au cirque Sibrano. Le lendemain, sa maman trouva le journal intime et regarda dedans. Elle décida de l'emmener au cirque. Elle vit un clown surnommé Edouardo le plus rigolo du monde. IL lui lança un seau rempli de peinture rouge. »

Les transmiroirs

« C'est l'histoire de Kerri et Mégane qui sont les enfants d'un patron d'un cirque galactique. C'est un incroyable cirque situé à l'intérieur d'un énorme astronef. Il avait beaucoup de succès grâce à leur rhinogator, une bête monstrueuse mi rhinocéros, mi alligator. Mais un autre cirque leur vole la vedette, alors le patron du cirque galactique décide d'envoyer le rhinogator saboter le cirque ».

« Kerri et Mégane regardaient la télévision. Ils ont vu aux informations qu'il y a un rhinogator qui s'est échappé du cirque galactique. Ils vont chercher leur astronef pour capturer le rhinogator. Arrivé devant l'affreux monstre, celui-ci s'enfui dans sa navette spatiale. Kerri et mégane sabotent la navette ».

La fabuleuse aventure de Tillmann Ostergrimm

« Il était une fois une jeune femme nommée Tillmann, elle était la plus petite au monde. Monsieur Mangetout, son patron n'était pas très gentil avec elle, il se moquait d'elle vingt quatre heures sur vingt quatre. Le cirque voyageait de ville en ville, toutes les deux semaines le cirque changeait de ville. Dans l'animalerie du cirque il y avait une chèvre, deux éléphants, trois lions, cinq chevaux,...

Chez les humains, il y avait le meilleur trapéziste de France, il a volé dans les airs. »

* 1 La bibliothèque et le miroir de l'âme, mémoire du monde, chap. « l'armoire de fer et le coussin », collectif, ed. Autrement, pp. 127 à 134.

* 2 Source : (se) former à la littérature de jeunesse, Christian POSLANIEC, éditions Hachette, 2008

* 3 Source : Les bibliothèques pour enfants entre 1945 et 1975, Hélène Weis, éditions du cercle de la librairie, 2005, p. 65

* 4 Source : Les bibliothèques pour enfants entre 1945 et 1975, Hélène Weis, éditions du cercle de la librairie, 2005

* 5 Statistiques disponible sur le site du CNL : http://www.centrenationaldulivre.fr, site consulté le 09 juin 2010.

* 6 Source : L'illettrisme entre actions et réflexions, Juliette Doury Bonnet in Bulletin des Bibliothèques de France, 2005, n° 5, p. 68-69.

* 7 Source : Journal officiel du Sénat du 26 septembre 1991 disponible sur le site : http://www.senat.fr, consulté le 31 mai 2010.

* 8 Source : La nouvelle bibliothèque : contribution pour la bibliothèque de demain, Claude Poissenot, Territorial éditions, 2009, partie 3, chap. 4, p.72-73.

* 9 Source : statistiques disponibles sur le site du CNL à l'adresse suivante : http://www.centrenationaldulivre.fr, site consulté le 31 mai 2010.

* 10 Source : Homo Ludens : Essai sur la fonction sociale du jeu, Johan Huizinga, ed. Gallimard, 1988.

* 11 Source : La lecture comme jeu : essai sur la littérature, Michel Picard, éditions de Minuit, 1986.






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