2-3- Sortie de la crise
Dés l'éclatement de la crise, plusieurs
économistes avaient prédit que la sortie ne serait pas si facile.
Ainsi, le thème de la sortie de crise à été
très discuté, et les avis des analystes ont varié selon d'
un côté ou de l'autre de l'atlantique. Les actions ont
également été différentes selon la période
de propagation de la crise. A cet effet, plusieurs économistes ont
très tôt appelé les organismes Américains à
adopter une régulation à l'européenne comme a notamment
préconisé Georges Hübner, professeur à HEC. Il
souligne dans son rapport « Quel capitalisme pour
demain ? L'innovation et la finance » que les initiatives visant
à exercer un meilleur contrôle sur le secteur financier doivent
avant tout résulter dans des mesures adéquates et que les actions
des différents autorités bancaires doivent être
coordonnées.
C'est justement en pompiers monétaires, que les banques
centrales américaine (FED) et européenne (BCE) ont
décidé à plusieurs reprises d'injecter des
liquidités dans le circuit monétaire afin de permettre aux
banques impactées de se renflouer, et ainsi envoyer le signal de
confiance aux opérateurs qu'elles sont prêtes à agir avant
que les risques ne se matérialisent. Mais malgré les
interventions coordonnées des différentes banques centrales,
plusieurs économistes ont prévenu que la solution ne sera pas
sans conséquence pour l'économie mondiale. Pour
l'économiste Français 2, le modèle capitaliste actuel est
autogéré et la crise actuelle fait seulement partie d'un cycle
périodique qui se résoudra par lui-même sans intervention
de l'état. D'ailleurs le fait que la monnaie injectée par les
banques centrales n'existe pas concrètement, favorise l'augmentation des
prix, l'inflation. De plus selon l'économiste canadien Bernard Elie, le
risque encouru, sur le moyen terme, était un resserrement de la
politique du crédit.
Le professeur d'économie à l'Université
de Paris Dauphine IX, Pascal Salin, a été du même avis et
dans son livre « Revenir au capitalisme pour éviter les
crises » (Mars 2010), il affirme que l'intervention des
autorités monétaires n'a fait qu'amplifier la crise. Selon lui,
cela ne se serait pas produit si les taux d'intérêts avaient
été librement fixés sur les marchés financiers sans
intervention arbitraire des autorités monétaires. Selon lui, la
réglementation empêche la régulation, et la
déréglementation est le meilleur moyen de rendre possible
l'autorégulation. A partir du moment où l'Etat intervient, on est
dans le domaine de l'immoralité, parce qu'on est dans le domaine de la
contrainte qui permet de porter atteinte aux droits légitimes d'autrui.
De ce fait, l'aspect moral et éthique a commencé
à prendre place dans les différents débats. Plusieurs
économistes ont affirmé que l'interventionnisme étatique
est immoral puisqu'en sauvant les établissements les plus mal
gérés de la faillite, on enracine l'idée que
l'irresponsabilité n'est pas grave et que l'Etat et les contribuables
seront là pour éviter la sanction de la faillite aux banques
privées mal gérées.
C'est pour cela que Georges Hübner préconise dans
son rapport de viser, en premier lieu, à ce que les produits et services
fournis fassent l'objet d'une meilleure compréhension par les parties
concernées. Il juge qu'une meilleure compréhension irait de paire
avec une responsabilisation accrue. Hübner précise également
que des techniques telles que la titrisation doivent être
analysées. Le compromis entre la contribution qu'elles apportent aux
objectifs de transformation d'échéance et d'allocation efficace
des risques entre les acteurs, et les dangers qu'elles occasionnent en cas de
manque de maîtrise des risques qu'elles induisent. Dans le même
sens, Bernard Elie affirme dans son livre « L'origine de la
crise » (Février 2009), que s'il n'est pas possible de
moraliser les banques de force, au moins les autorités politiques et
prudentielles peuvent jouer de tout leur poids pour recentrer leurs
activités sur le thème de l'intermédiation
financière et de la facilitation des investissements de
développement sur le long terme. Les gouvernements peuvent
également devenir des actionnaires de référence dans de
nombreuses institutions. A ce titre il leur est demandé de jouer un
rôle activiste afin de permettre, sans déroger à leur
responsabilité fiduciaire vis-à-vis des autres actionnaires, aux
banques de fournir des impulsions particulières dans des projets
orientés sur le long terme. De même, Joseph Stigliz retient qu'une
des grandes leçons de la crise financière est que l'Etat a un
rôle crucial à jouer dans le développement
économique, à la fois dans la prévention des crises
et dans la mise en oeuvre de mesures idoines permettant d'éviter de les
amplifier et de les transformer en dépression.
Et c'est toujours dans le sens de la moralisation du
système bancaire que des observateurs ont noté la
résilience particulièrement forte qu'ont démontré
quelques systèmes, dits « éthiques »,
à la crise financière. Ce fut particulièrement le cas de
la finance islamique. En effet, grâce à une véritable
traçabilité de ses transactions et du fait de son appartenance au
compartiment des finances prônant des valeurs morales et
éthiques. Elle a su jongler entre risque de spéculation et
risque systémique en jouant la carte de la sécurité.
D'ailleurs, Jamie Bowden, ambassadeur britannique de Bahreïn, trouve que
la finance islamique présente une alternative intéressante pour
les entreprises et que les britanniques doivent continuer d'intégrer
cette finance afin de devenir un partenaire de choix pour les investisseurs.
Selon lui, la finance islamique est un outil d'avenir. Cette même
idée a été reprise dans plusieurs ouvrages
économiques récents dont le livre intitulé «La
finance islamique, une solution à la crise »
coécrit par Olivier Pastré et Elies Jouiny, où ils
affirment que la Finance islamique pourrait être un système qui
éviterait une nouvelle crise des subprimes.
Du coup, la finance islamique commence à s'imposer
comme une alternative crédible au système actuel et qui
permettrait de présenter une protection contre les
dérives constatées avant et pendant la crise grâce
à ses valeurs morales et son sens de l'éthique. Ainsi, le
journaliste économiste Beaufils Vincent, directeur de la
rédaction du magazine Challenges, affirme qu' « ... au moment
où nous traversons une crise financière qui balaie tous les
indices de croissance sur son passage, c'est plutôt le Coran qu'il faut
relire que les textes pontificaux. Car si nos banquiers, avides de
rentabilité sur fonds propres, avaient respecté un tant soit peu
la Sharia, nous n'en serions pas là. ». Ainsi, selon ce
journaliste le principe Islamique qui stipule que l'argent ne doit pas produire
de l'argent, pourrait se traduire par le fait que tout crédit doit avoir
en face un actif bien identifié, et les produits toxiques qui
contribuaient largement à cette crise tels que les ABS et CDO seraient
interdits dans un système Islamique à partir du moment où
leur complexité dépasserait les systèmes de contrôle
mis en place.
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