5-1-4. Potentialités face à la crise
Le mot « liquidité » a
été employé à maintes reprises par les
interlocuteurs pour évoquer la potentialité de la finance
islamique dans l'économie mondiale. L'instauration d'un système
de finance islamique sera bénéfique pour tout Etat car elle
pourra attirer indirectement des investisseurs en provenance des pays du Golfe.
Ils ont la particularité de posséder des portefeuilles
conséquents et liquides. Il y a des liquidités abondantes
en provenance des monarchies du Golfe. Acteur 12 nous précise l'origine
de leurs intérêts : « l'argent qu'ils
génèrent provient du pétrole or ils sont conscients que le
pétrole n'est pas éternel. Ils souhaitent préparer
l'après-pétrole et sont sensibles aux opportunités que la
finance Internationale peuvent leur offrir. Cela fait les affaires des Etats
occidentaux qui sont en mal de liquidités »
La finance islamique ressort quatre avantages (finance
éthique, non spéculative, basée sur l'économie
réelle et la potentialité de ses investisseurs) qu'il faut
prendre en considération. 7 interviewés sur 12 n'ont pas
hésité à qualifier la finance islamique comme
« une alternative à la finance conventionnelle ». De
plus, lors de la conférence de Paris sur la finance islamique, le
gouverneur de la banque de France, Christian Noyer, appuie la thèse
citée par les sept interviewés en soulignant que la finance
islamique pourrait être une solution intéressante à la
finance conventionnelle et la qualifie comme « une finance
alternative intéressante ». Néanmoins, cinq
interviewés ont tenu à relativiser les avantages que peut
procurer la finance islamique dans notre système. Cette dernière
est certes une alternative intéressante mais le plus dur reste à
venir. Pour pouvoir s'implanter durablement dans le monde, la finance islamique
doit améliorer quelques points défaillants pour prétendre
à être une alternative fiable.
5-2- Les limites et
défis de la finance islamique face à la crise
Malgré l'engouement qu'ont montré nos
différents interviewés par rapport à l'essor de la finance
islamique et ses potentiels face à d'éventuelles crises, ils ont
tous tenté de relativiser ce succès en le plaçant dans son
contexte d'une industrie relativement jeune. En effet, bien avant la crise des
subprimes, la finance islamique a déjà été
confrontée à quelques crises financières graves comme
celles de « Dubaï Islamic Bank » en 1998 et de
« Ihlas Finans » en Turquie en 2001. Mais c'est la
récente crise qui, paradoxalement en permettant une meilleure exposition
de la finance islamique dans le monde, a mis en évidence un ensemble de
limites qu'elle doit surmonter pour assurer une croissance durable et
prétendre concurrencer la finance conventionnelle dans le futur.
À juste titre, plusieurs intervenants ont
exprimé quelques inquiétudes quant à la capacité de
la finance islamique à supporter sa montée en puissance tout en
gardant son authenticité et en restant fidèle aux principes qui
ont fait son succès jusque là. Nous pouvons catégoriser
les inquiétudes généralement exprimées dans quatre
différentes dimensions : Les barrières socioculturelles, Les
barrières légales et réglementaires, Le déficit en
ressources humaines et Les challenges liés à la structuration du
système pour lui donner une crédibilité plus large.
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