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Fêtes de village et nouvelles appartenances. Les fêtes rurales en Hainaut occidental (Belgique)

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par Etienne Doyen
Université Catholique de Louvain - Licence en Sociologie 2007
  

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1.2.2. Le Hainaut occidental

Il nous faut maintenant présenter notre terrain. La délimitation de ce dernier n'est pas chose aisée. À l'origine, nous avons entrepris ce travail suite au constat personnel selon lequel les fêtes rurales de notre région étaient vivaces. Mais où poser la limite de ce que nous appelons « notre région » ? Est-elle confinée au Tournaisis, à la province du Hainaut, ou à une partie de celle-ci ? Il est probable qu'il s'agisse d'un peu des trois simultanément. Le sentiment d'appartenance à un ensemble géographique n'est pas exclusif : on peut ainsi, à des niveaux différents, se sentir appartenir à son village, à sa région, à sa province, à la Wallonie, à la Belgique, voire même à l'Europe. S'il est intéressant d'analyser ce sentiment d'appartenance et de tenter de montrer à quelle région les acteurs rencontrés sur le terrain se réfèrent, ce qui nous importe prioritairement ici, c'est de localiser les festivités analysées dans un ensemble géographique pertinent, afin de pouvoir contextualiser le propos en décrivant les données démographiques et socio-économiques significatives de cet ensemble.

Au vu de la localisation des différents villages arpentés dans le cadre de ce travail, pour observer des festivités ou réaliser des entretiens, nous avons estimé d'une première manière que nous travaillions sur le Hainaut occidental. D'emblée, il faut préciser qu'il s'agit d'une construction analytique ; à aucun moment, nous n'avons rencontré sur le terrain des acteurs qui nous disaient participer ou organiser « une fête de village appartenant au marché plus vaste des festivités rurales du Hainaut occidental »49(*). Cela ne nous semble pas pour autant être problématique, dans la mesure où nous n'entendons pas réaliser un catalogue exhaustif de l'ensemble des fêtes de la région, pas plus que nous ne voulons tenter de dégager une essence de ce que serait une « fête rurale typique du Hainaut Occidental » - cela serait vain, du reste, tant il est vrai que ces fêtes comportent des formes variées, comme nous le verrons.

Le critère décisif qui nous a finalement amené à prendre cette région comme espace d'analyse n'est pas tant la dispersion des villages que nous avons parcourus (et la nécessité de trouver un ensemble géographique qui les regroupe tous), mais bien le fait que le Hainaut occidental semble constituer le marché pertinent dans lequel se meuvent les fêtes. Nous reviendrons plus en profondeur dans la suite de ce travail sur ce concept de « marché des fêtes ». Néanmoins, il est utile d'expliquer ici brièvement ce qu'il faut comprendre par là.

Les fêtes rurales du Hainaut occidental sont en concurrence sur un marché plus ou moins étendu auquel correspond un public. L'analogie du marché permet ici de souligner la nécessité d'appréhender ces fêtes comme faisant partie d'un tout, dans lequel elles se positionnent et prennent sens. Ce marché n'a pas qu'une existence abstraite : s'il est une catégorie analytique qui permet au chercheur de conceptualiser les relations qu'entretiennent différentes festivités, il prend aussi un contenu concret dans la mesure où il est possible d'identifier un territoire de référence, un marché pertinent dans lequel les fêtes se positionnent les unes par rapport aux autres dans une relation de concurrence. Dans notre cas, le Hainaut occidental semble être l'étendue géographique qui remplit cette fonction. Ceci vaut pour la production de ces fêtes, mais également pour leur consommation : cette région est également l'espace dans lequel se meuvent les consommateurs, qui, par leurs choix, mettent en comparaison les fêtes de la région et renforcent le marché en présence. C'est l'existence de cette structure qui nous amène à prendre le Hainaut occidental comme région de référence. Nous allons maintenant en faire une brève présentation afin, comme nous l'avons dit, de contextualiser notre propos.

Présentation de la région

Le Hainaut occidental se situe dans la partie ouest de la province du Hainaut. Il est composé des arrondissements de Tournai, Ath et Mouscron, et de la commune de Lessines, auxquels sont parfois ajoutées deux communes de l'arrondissement de Soignies, ce qui porte à vingt-trois le nombre de communes le constituant50(*). La région a une superficie de 1 378 km² et sa population est de 325 000 habitants51(*).

La carte ci-dessous montre l'étendue du Hainaut occidental dans la province du Hainaut.

Figure 1 : le Hainaut occidental52(*).

Les données socio-économiques récentes de la région sont difficilement accessibles et n'ont pas fait l'objet, à notre connaissance, de synthèse récente. Nous sommes cependant en mesure de cerner les spécificités globales du Hainaut occidental par rapport au Hainaut et à la Région Wallonne.

Le taux de chômage de la région est proche de celui de la Région Wallonne : en juin 2005, ce taux, pour les arrondissements d'Ath, Mouscron et Tournai, était respectivement de 22,3%, 20,1% et 21,8%, quand le taux de chômage de la Région wallonne était de 21%53(*). Ces trois arrondissements permettent d'obtenir une bonne appréciation du taux de chômage du Hainaut occidental, puisqu'ils regroupent 20 communes sur les 23 qui le composent. En matière de chômage, la région est donc proche de la Région Wallonne et se distingue de sa province, le Hainaut, qui connaissait un taux de chômage de 25,1 % en juin 2005. Ce taux est lié à des pics de chômage dans les arrondissements de Charleroi (27,7 %) et Mons (28,8 %), durement touchés par les crises du charbon et de l'acier. Le Hainaut occidental n'a pas développé son industrie autour de ces deux ressources et connaît donc un destin différent.

La place importante de l'agriculture dans le paysage économique du Hainaut occidental est un fait à souligner. S'il n'est pas possible d'obtenir des chiffres donnant la répartition des travailleurs entre les secteurs d'activités économiques, il apparaît que l'agriculture et l'industrie agroalimentaire y ont un poids économique important, supérieur à la moyenne hennuyère, l'arrondissement d'Ath étant celui où cette tendance est la plus prononcée. Les différentes sources que nous avons consultées pour obtenir des informations sur le Hainaut occidental mettent toutes en avant, d'une manière ou d'une autre, le caractère rural de cet ensemble géographique, « [région] limoneuse et fertile dont la qualité des sols et de l'environnement a permis le développement d'une longue tradition de production agricole et horticole »54(*). Contrairement aux régions voisines du Centre et du Borinage, le Hainaut occidental ne s'est pas industrialisé à partir d'un sol riche en houille, ce qui peut contribuer à expliquer sa situation économique moins défavorable à l'heure actuelle.

Par ailleurs, le Hainaut occidental est caractérisé par un habitat rural important ; il est constitué d'un maillage de petites villes de quelques milliers d'habitants (Ath, Leuze-en-Hainaut, Péruwelz, Antoing) qui sont au centre de communes étendues rassemblant un nombre important de villages. Ce maillage de petites villes permet l'existence d'un habitat rural peu isolé, un village n'étant jamais loin d'un petit centre urbain. La région ne comporte pas de grande agglomération, comme Charleroi peut l'être pour le Hainaut oriental : la plus grande ville est Tournai, avec 35 000 habitants.

La commune de Tournai constitue d'ailleurs la parfaite illustration du caractère rural du Hainaut occidental. Depuis la fusion des communes de 1977, c'est la plus grande commune de Belgique en superficie (21 375 ha) et également celle qui compte le plus d'entités (30 anciennes communes). La commune a estimé à 20 000 le nombre de personnes habitant dans les villages éligibles pour le Plan Communal de Développement Rural (en excluant une partie des villages périurbains)55(*). La commune au sens large comptabilise par ailleurs 67 476 habitants56(*), ce qui signifie que près de 30 % de sa population réside en zone rurale. La ruralité dans le Tournaisis, et d'une façon plus globale dans le Hainaut occidental, est donc loin d'être un épiphénomène - elle constitue au contraire une caractéristique centrale de cette région.

* 49 Cette constatation ne nous permet pas pour autant de balayer, d'un revers de main, la question d'un sentiment d'appartenance, aussi diffus soit-il, à la région. Cf. infra.

* 50 Dans l'ordre alphabétique : Antoing, Ath, Beloeil, Bernissart, Brugelette, Brunehaut, Celles, Chièvres, Comines-Warneton, Ellezelles, Enghien, Estampuis, Flobecq, Frasnes-lez-Anvaing, Lessines, Leuze-en-Hainaut, Mont-de-l'Enclus, Mouscron, Pecq, Péruwelz, Rumes, Silly et Tournai.

* 51 Chiffres donnés par la Chambre de Commerce et d'Industrie du Hainaut Occidental, la CCIHO, sur son site internet, http://www.cciho.be, consulté le 19/06/07.

* 52 Cette carte est issue du site internet de l'Union des Villes et Communes de Wallonie, http://www.uvcw.be, consulté le 22/05/07. La mise en évidence du Hainaut occidental a été réalisée par nos soins.

* 53 Chiffres donnés par le site officiel de la Province du Hainaut, http://www.hainaut.be, consulté le 19/07/07.

* 54 Cf. site internet de l'ASBL « Agrofood Valley » (association qui a pour but de favoriser le développement des secteurs agricole et agroalimentaire en Hainaut occidental), http://www.agrofoodvalley.be, consulté le 20/07/07.

* 55 Cf. livre 1 du PCDR de la commune de Tournai, téléchargeable sur http://www.tournai.be, consulté le 22/05/07.

* 56 Cf. site internet de l'Union des Villes et Communes de Wallonie, http://www.uvcw.be, consulté le 22/05/07.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus