Le samedi, la grande
soirée du week-end
La journée du samedi est surtout marquée par la
grande soirée du week-end. Pendant la journée, des
activités sportives sont parfois organisées, telles qu'une course
cycliste, un jogging, un tournoi de mini-foot ou une randonnée moto.
Vient ensuite la soirée, véritable point d'orgue
des trois jours de festivités. L'importance prise par ces chapiteaux,
qui se manifeste par l'ampleur des infrastructures déployées, les
sommes d'argent considérables brassées (tant en dépenses
qu'en recettes), et l'affluence considérable (les soirées les
plus importantes rassemblent jusqu'à 5000 personnes) n'est pas sans
rappeler les observations prémonitoires de Champagne et Gervais,
Jollivet et Tavernier qui, il y a trente ans, décrivaient
déjà le caractère central pris par le bal du samedi soir
dans les fêtes rurales françaises.
Contrairement à la soirée du vendredi, cette
soirée est payante. La forme, cependant, reste la même : un
nom anglais, une ambiance « boîte de nuit », avec
Disc Jokey's et lasers, qui attire les jeunes de la région. Le public
qui fréquente ces fêtes est relativement jeune (entre quinze et
trente ans pour la plupart), et issu du village organisateur et des villages de
la région. Par région, il faut ici entendre le Hainaut
occidental, et pas uniquement les villages avoisinants : certaines
personnes viennent ainsi de villages situés parfois à plus de 40
kilomètres du lieu de fête. En grande majorité, ce public
est « rural ». Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de
citadins dans ces soirées, notamment parmi les adolescents
présents, mais ceux-ci ne sont pas majoritaires. Il sera opportun de
s'arrêter quelque peu sur la manière dont ces soirées
« se vendent », ce que nous ferons après avoir
décrit le dernier jour de festivités et avoir
dégagé la forme que prennent ces fêtes chapiteaux. Analyser
les stratégies de promotion de ces soirées constituera alors pour
nous l'occasion de revenir sur l'analogie du marché.
Le dimanche, gros
véhicules et autres animations pour un public familial
L'évènement phare du dimanche est
généralement une manifestation
« moteurs » : course de 4 x 4, « moiss-batt
cross », « tractor pulling » ou encore
« gymkhana tracteurs ». Ces évènements voient
des véhicules de grosse cylindrée entrer en compétition et
faire des démonstrations dans les prairies du village. Le monde agricole
n'est jamais bien loin de l'organisation de ces évènements, qui
font écho à son rapport « grand » à
l'espace et à sa conscience fière à maîtriser des
machines imposantes. Un dîner aux accents ruraux
(« dîner campagnard », « barbecue
géant », « cochon à la broche »)
est proposé au public. Des manifestations sportives sont une fois de
plus organisées, en présentant une dimension plus ludique que
celles du samedi : il s'agit des tournois de mini-foot,
d'« aqua-foot », de « kicker humain »,
etc. Dans ces fêtes très modernes se glisse parfois
l'idéologie folkloriste mettant en scène le monde paysan d'antan,
avec des expositions de vieux tracteurs et le « travail du sol
comme autrefois ». Ces reconstitutions du passé ne sont pas
nécessairement en contradiction avec le caractère moderne de ces
fêtes ; elles ne remettent pas en question leur dynamique globale,
qui est loin d'être une mise en spectacle du passé - à
l'inverse des fêtes de la moisson, que nous aborderons infra. Le
week-end se termine dans l'après-midi ou dans la soirée, sous
chapiteau, avec diverses animations (concerts, spectacle pour enfants, fanfare,
thé dansant) et parfois une soirée de clôture, d'une
importance moindre.
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