3. PROBLEMATIQUE
Aucun pays ne peut prétendre sortir de la
pauvreté alors que la grande majorité de sa population souffre de
l'analphabétisme. L'analphabétisme est l'un des indicateurs du
sous-développement.
« La pauvreté a de multiples dimensions. Ce
n'est pas seulement la faiblesse du revenu (moins de 1 dollar par jour) qui
caractérise le quotidien des pauvres, mais aussi
l'analphabétisme, la mauvaise santé, l'inégalité
des sexes et la dégradation de l'environnement. », Banque
Mondiale (B.M, 2004 :2).
Dans son syllabus du cours de théorie de classes et
mobilité sociale, GATARAYIHA (2003 :104) fait remarquer que
l'influence de la famille sur la mobilité de ses descendants provient de
l'hérédité et de l'éducation. Par
l'éducation, les familles orientent les jeunes vers le maintien de leurs
positions sociales ou la promotion à des positions
supérieures.
Dans son rapport, la B.M (2004 :130) montre que
« Les systèmes d'éducation connaissent les
problèmes qui sont de manière générale ceux de la
prestation de services, le fait que l'école soit inabordable pour
certains, les dysfonctionnements de l'école, etc. Cependant, tous les
pays ne connaissent pas ces mêmes problèmes. Dans un certain
nombre de pays parmi les plus pauvres, une partie consistante de la population
n'a toujours pas les moyens de bénéficier de l'école. Les
pauvres y ont moins accès, ils sont plus éloignés, et
l'éducation dont ils peuvent bénéficier est de mauvaise
qualité que pour les personnes mieux loties. La qualité technique
en matière d'instruction et d'apprentissage est scandaleusement
mauvaise, surtout chez les pauvres. Enfin même les pays les plus
avancés ont du mal à rendre les systèmes éducatifs
plus productifs ».
Le même rapport de la B.M (2004 :130-131)
suggère les lacunes du système éducatif dans
différents pays : « A Madagascar 52% seulement des jeunes
de 15 à 19 ans, parmi les plus pauvres de la population, étaient
déjà allés à l'école en 2004, et 4 %
seulement sont allés ne serait ce que jusqu'à la fin de la
cinquième année. Au Brésil, 89% des adolescents pauvres
ont été en première année d'école primaire,
mais seulement 30% ont terminé la cinquième année, du fait
des taux importants d'abandon et de redoublement. En Turquie, il y a peu
d'abandons du primaire, mais beaucoup plus à l'école secondaire,
ce qui indique que des solutions systémiques et institutionnelles
s'imposent pour que davantage d'enfants aillent au bout de leur
scolarité. Au Bangladesh, 60% seulement des adolescents pauvres ont
terminé la première année primaire et seulement 36% la
cinquième ».
La B.M continue à faire remarquer que dans les pays qui
sont véritablement les plus pauvres, les lacunes de la scolarisation
s'étendent à toutes les couches de la population, mais elles se
concentrent pour l'essentiel chez les enfants des ménages pauvres. Dans
les pays dont le taux de scolarisation est particulièrement peu
élevé comme le Mali, la population est essentiellement rurale, et
l'on observe des lacunes substantielles en matière de scolarisation
primaire même parmi les familles urbaines, et parmi les familles
relativement aisées (B.M, 2004 :131).
Le Rwanda faisant partie des pays pauvres, connaît aussi
des lacunes en matière d'éducation, malgré certains
progrès, concernant l'accès à l'éducation. La
situation de pauvreté empêche beaucoup d'enfants d'aborder
l'école surtout au niveau du secondaire car à ce niveau les frais
scolaires sont chers, ainsi ces enfants se voient dans l'obligation de rester
à la maison sans aucun espoir de l'avenir.
Selon le Ministère des Finances et de la Planification
Economique (MINICOFIN, 2002 : 300), en 2001/2002, le secteur de
l'éducation a fait des progrès en terme d'accès à
l'éducation avec augmentation du taux brut de scolarisation de 2,7% dans
l'enseignement primaire ; 19% dans l'enseignement secondaire et 17% dans
l'enseignement supérieur.
Au niveau primaire le taux net de scolarisation est
passé de 72,2% en 2000, à 73,3% en 2002 soit une augmentation de
1,1%. Le taux de redoublement s'est par ailleurs amélioré passant
de 37,6 % à 31,8%, tandis que le taux d'abandon s'est empiré
passant de 12,6% à 14,2 %.
Le nombre d'élèves inscrits au secondaire a
aussi augmenté chaque année, excepté l'année
scolaire 1997/1998, quand il y avait des problèmes d'infiltrés au
Nord-ouest du pays qui ont conduit à la fermeture de certaines
écoles. Au cours de l'année scolaire 200/2001, il y avait 141.163
contre 125.124 élèves en 1999/2000 soit une augmentation de 12 %
(MINECOFIN, 2002:301).
Malgré cette augmentation d'effectifs des
élèves du secondaire, le taux de transition du primaire au
secondaire est très peu élevé, 37% au cours de
l'année scolaire 2000/2001, 43% en 2002 et 48,2% en 2003. Ceci montre
que seulement un petit nombre d'enfants du primaire continue au secondaire. Une
des raisons est que les enfants échouent l'examen de fin du cycle
primaire et sont obligés de reprendre l'année ou se
décident d'abandonner (MINECOFIN, 2002:301).
D'autres raisons potentielles incluent le manque des frais
scolaires directs et indirects d'envoyer les enfants au secondaire, le besoin,
particulièrement en milieu rural, des enfants de travailler et de faire
les activités domestiques, l'inexistence d'une école dans leur
milieu, etc. (MINECOFIN, 2002:301).
La situation de la ville de Gisenyi qui est notre milieu
d'étude n'est pas aussi satisfaisante comme c'est le cas dans tous le
pays.
Les résultats du Recensement Général de
la Population et de l'Habitat (RGPH, 2002) montrent que 75% de la population
habitant la ville de Gisenyi, de 6 ans et plus, ont terminé
l'école primaire, 5,4% ont fait l'école secondaire et seulement
2% ont fait des études Universitaires (Ville de Gisenyi 2005 :
19).
Néanmoins, malgré des engagements
rhétoriques répétés pour atteindre une
scolarisation universelle, même l'objectif modeste d'une scolarité
primaire complète universelle n'a pas encore été
réalisé.
Dans la présente étude, nous sommes
engagé à faire l'analyse de la situation des élèves
vulnérables de la ville de Gisenyi, et à répondre aux
questions suivantes :
Ø Quelles sont les causes majeures de la
vulnérabilité des élèves du secondaire dans la
Ville de Gisenyi?
Ø L'assistance du FAE est- elle suffisante pour
résoudre adéquatement les problèmes socio-éducatifs
des enfants vulnérables de la ville de Gisenyi?
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