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Pour une approche théologique contextuelle du phénomène de l'homosexualité au sein des églises protestante de la commune de Terrier-Rouge à  partir de 2000

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par Stevens CHARLES
Université Chrétienne du Nord d'Haiti (UCNH) - Licence en Théologie 2005
  

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l- Approches de l'Ancien Testament

Trois passages de l'Ancien Testament sont considérés par la Tradition comme des condamnations de l'homosexualité: le premier, et sans doute le plus connu, concerne la l'histoire de Sodome et Gomorrhe; le deuxième se trouve dans le Lévitique et le troisième se trouve dans le livre des Juges.

Sodome et Gomorrhe furent deux villes détruites par Dieu en raison des moeurs homosexuelles de leurs habitants. La Genèse raconte que Dieu envoya à Sodome deux anges avec pour mission de vérifier si la réputation d'immoralité de la ville était justifiée et méritait un châtiment. Loth, neveu d'Abraham, habitait la ville. Voyant arriver les deux hommes, il décida de les accueillir pour la nuit dans sa demeure. Les habitants de Sodome, ayant aperçu ces étrangers, allèrent trouver Loth et exigèrent de lui qu'il les leur livre afin qu'ils les «connaissent» « yadhá »40(*). .

Il n'en reste pas moins deux textes du Lévitique qui paraissent quant à eux beaucoup

plus tranchés au regard des pratiques homosexuelles. Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme. C'est une abomination. (Lev.18 : 22) L'homme qui couche avec un homme comme on couche avec une femme: c'est une abomination qu'ils ont tous deux commise, ils devront mourir, leur sang retombera sur eux. (Lev.20 :13) Ce sont bien ici des pratiques homosexuelles qui sont stigmatisées, du moins des pratiques entre hommes. On pourrait s'étonner du fait que le lesbianisme soit ainsi passé sous silence. Cela tient en réalité très certainement au fait que, dans un contexte culturel commun à l'ensemble des peuples du bassin méditerranéen, la

sexualité ne saurait se concevoir hors de l'acte de pénétration. Cette réduction de la sexualité au coït explique que l'absence de pénétration confine à l'inexistence du rapport sexuel. Comme le fait remarquer Daniel Boyarin, ce qui est effectivement condamné, c'est de coucher avec un homme comme on couche avec une femme, c'est-à-dire de le pénétrer. Pénétrer un homme reviendrait à lui assigner le rôle sexuel passif d'une femme, avec l'ensemble des implications dépréciatives que revêt ce rôle au sein d'une société aux valeurs fortement patriarcales. Si la sodomie se trouve rejetée par le Lévitique, rien ne témoigne par contre dans le texte d'une condamnation générale et absolue des rapports sexuels autres entre hommes. Ce n'est vraisemblablement qu'ultérieurement, sous l'influence de la culture hellénistique et de la tradition chrétienne, que ces textes ont été réinterprétés de manière plus rigoureuse.

L'Ancien Testament nous montre que l'homosexualité est un signe de rejet de Dieu, un signe d'idolâtrie.

A- Lecture de Lévitique 18 :22 et 20 :13

Les chrétiens aujourd'hui suivent les règles et les rites consignés dans le livre de Lévitique. Dès lors, il est pertinent de citer de manière péremptoire le Lévitique pour condamner les homosexuels/elles. "Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme, cela serait une abomination." Ces mots apparaissent uniquement dans le livre de Lévitique, un manuel de rituels pour les prêtres d'Israël. Israël, qui avait une place unique en tant que peuple élu de Dieu, ne devait pas se livrer aux pratiques des autres peuples et à des cultes païens .La religion hébraïque, caractérisée par la révélation d'un Dieu unique, se trouvait en tension continuelle avec la religion des Cananéens environnants qui adoraient de multiples dieux de la fertilité. Le culte païen des Cananéens était caractérisé par une prostitution cultuelle masculine et féminine. Cette pratique est explicitée dans le Deutéronome 23, 17. Elle compromit à maintes reprises la loyauté d'Israël envers Dieu. Le mot hébreu signifiant la prostitution masculine cultuelle, Qadesh, est traduit à tort par sodomie dans certaines versions de la Bible. Le livre de Lévitique qualifie l'homosexualité comme une abomination. Qu'est-ce qu'une "abomination ? Une abomination est ce que Dieu trouve détestable parce qu'il y a souillure, déloyauté ou injustice. Plusieurs mots hébreux traduisent ces termes. Nous les trouvons par exemple dans le Lévitique sous le nom de "toevah", mot habituellement associé à l'idolâtrie, comme dans le livre d'Ezéchiel où il apparaît plusieurs fois. Etant donné l'étroite association du mot "toevah" avec les pratiques idolâtres et religieuses cananéennes de la prostitution cultuelle, l'utilisation du terme "toevah" pour désigner une relation homosexuelle masculine remet en cause les conclusions qui mèneraient à condamner toute relation homosexuelle fondée sur l'amour et le respect. Mais le mot généralement utilisé dans l'Ancien Testament pour désigner un coït "homosexuel" est shakhabh. En ces deux passages, l'un énonçant l'interdit, l'autre la sanction, il est clairement question d'homosexualité masculine. Le contexte est celui du code de sainteté (Lv 17-26), l'argument premier de l'ensemble des lois édictées étant formulé sous forme d'impératif: « Soyez saints, car je suis saint » (Lv 19,2).De fait, la condamnation de certaines pratiques, dont l'homosexualité masculine, est encore expliquée par l'injonction de Lv 18,3 : « Ne faites pas ce qui se fait au pays d'Egypte, où vous avez habité; ne faites pas ce qui se fait au pays de Canaan, où je vais vous faire entrer ».
Il est à noter que la peine prévue en cas d'homosexualité masculine, à savoir la mort des deux partenaires, est plus dure que partout ailleurs dans le Proche-Orient ancien.

B- Lecture de Juges 19

Le second passage est similaire au premier. Il apparaît en Juges 19 où un homme et sa concubine étaient en voyage depuis le nord de Bethléem vers la région vallonnée d'Éphraïm. Ils s'arrêtèrent pour passer la nuit à Guibea, à quelques kilomètres au nord de Jérusalem. Ils reçurent l'hospitalité et une place où passer la nuit de la part d'un vieil homme de Guibea. Les hommes de la ville encerclèrent la maison et demandèrent au vieil homme d'amener l'homme qu'il hébergeait dehors afin qu'ils puissent avoir des relations sexuelles avec lui. C'est une des histoires les plus horribles de la Bible. Encore une fois, il n'y a pas de mention d'une loi contre la pratique homosexuelle. Cependant, ce ne sont pas des païens, mais des israélites qui frappaient sur la porte et voulaient avoir des relations sexuelles avec l'homme hébergé par le vieillard. De plus, le texte utilise fréquemment des mots négatifs pour décrire les actions homosexuelles proposées par les hommes de Guibea. Ils étaient décrits comme des « hommes mauvais » et leurs actions décrites comme « viles » et « disgracieuses ». Même ainsi, les désirs homosexuels de cette histoire ne sont qu'un point secondaire illustrant la perversité des hommes de Guibea. Le viol collectif et la violence envers la concubine devraient être le centre de notre attention.

C- L'histoire de Sodome et Gomorrhe.

Quel fut le péché de Sodome? Quelques prédicateurs n'hésitent pas à proclamer que Dieu détruisit les anciennes villes de Sodome et de Gomorrhe à cause de l'homosexualité. Annonçant le jugement de ces deux cités en Genèse 18, Dieu envoie deux anges à Sodome où le neveu d'Abraham, Loth, les persuade de rester en les invitant chez lui. Genèse 19 rappelle que " tous les gens de la ville" entourent la maison de Loth et lui demandent de faire sortir les visiteurs "pour qu' [ils] les connaissent". Le mot hébreu utilisé ici pour "connaître" est yadha et il signifie d'habitude "avoir une connaissance approfondie de". Il pourrait signifier encore l'intention de connaître l'identité des visiteurs. Le terme implique une relation sexuelle homosexuelle, mais pas une relation hétérosexuelle. Si ce dernier sens était celui voulu par l'auteur, cela aurait désigné un cas de viol collectif.

* 40 la traduction du verbe hébreux yadhá par «abuser» ou «connaître sexuellement» .

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