4.2.3 Les relations entre
acteurs
Les producteurs et les commerçants ne s'entendent que
sur les jours de livraison. En ce qui concerne la fixation des prix, les
producteurs sont parfois obligés d'accepter les prix bas que leur
offrent les commerçants. Ils justifient ce comportement par le fait
qu'ils aient été abusés plusieurs fois par les revendeurs.
Ces derniers achetaient certes cher à crédit en promettant de
revenir rembourser, chose qui arrivait malheureusement rarement.
Quatre vingt quinze pour cent des producteurs reconnaissent
qu'ils sont individualistes et désorganisés. Ils sont
également conscients du fait que les prix bas que leur offrent les
commerçants résultent de leurs comportements qui donnent la force
aux revendeurs. Ces résultats rejoignent ceux de Gassu (2002) qui
analyse la variation des prix du plantain à Douala et conclue que les
producteurs et les vendeurs sont désorganisés. Les producteurs
devraient s'organiser afin se faire un lobbying au niveau local. Ils peuvent
par exemple pratiquer la vente groupée et par contrat avec les
revendeurs.
Pour ce qui est des commerçants, tous affirment ne pas
être membres d'une association de vendeurs de plantains et ignorent
même l'existence de telles associations. Ceci dénote un faible
niveau de communication et de coordination entre eux. Le fait qu'ils soient
regroupés aux mêmes endroits dans différents marchés
leur permet juste de savoir qui vend en gros, demi gros ou au détail.
Ces résultats viennent confirmer ceux de Nyoungou (1992) qui affirment
que 92 % des commerçants de plantain de Douala jugent qu'il est inutile
de s'entendre pour réduire les frais de transport. Ce cas de figure est
propre aux vendeurs des produits vivriers en général ; car,
Epouhé (1990) remarque que les relations entre les vendeurs d'ignames
dans le département du Fako (Sud-Ouest, Cameroun) sont marquées
par un faible niveau de communication entre eux dans les marchés. Les
mêmes observations sont faites par Soua et Gockowski (2004) qui
identifient la faible coordination entre acteurs comme l'un des
problèmes liés à la distribution du poisson d'eau douce
à Yaoundé.
Cependant, lors des opérations de vente et d'achat de
banane plantain à Yaoundé, 81 % s'accordent mutuellement
(super-grossiste, super -grossiste -grossiste -détaillant, grossiste-
détaillant et détaillant) des crédits. Ceci est une marque
de confiance et un indicateur favorable pour la création des
associations ou des GIC de vendeurs de banane plantain et par ricochet pour
l'amélioration du système de commercialisation au sein de la
filière.
Les commerçants de la filière, bien que
désorganisés au niveau global, fonctionnent individuellement avec
tact et rigueur du fait du caractère périssable du produit qu'ils
manipulent. Ils savent très bien combien de voyages faire chaque
semaine, combien de régimes acheter par voyage afin de minimiser les
risques.
|