3.3. ... et ses inconvénients
Comme toute forme d'énergie,
l'électricité photovoltaïque comporte différents
problèmes que l'on peut répertorier - en suivant la
classification des problèmes énergétiques de Bernadette
Mérenne-Schoumaker133 - en problèmes techniques,
problèmes économiques, problèmes politiques,
problèmes environnementaux et problèmes géographiques.
132 Id., 50
133 Mérenne-Schoumaker 1997, 3
3.3.1. Les problèmes
techniques
Produire de l'électricité solaire demande des
installations complexes, ce qui pose la question de la maîtrise de cette
technologie en particulier car elle est importée et fonctionne
différemment de l'électrification par le réseau
conventionnel134. Il est donc nécessaire que l'utilisateur
comme les techniciens locaux s'approprient cette technologie : ils doivent la
comprendre, l'accepter et la maîtriser. En particulier en raison de la
maintenance régulière et de qualité qui est requise de la
part de l'utilisateur et des techniciens. Cette maintenance est primordiale car
si les modules ont une durée de vie de vingt ans la défaillance
d'un autre composant de l'installation réduira la capacité de vie
du système. Or si dans le Nord il est facile d'avoir accès
à un support technique, cette situation est différente en Afrique
subsaharienne où la maintenance peut constituer un réel
obstacle.
Un des composants les plus critiques est la batterie: elle est
à la fois fragile et nécessite un entretien rigoureux. Sa
capacité de stockage dépend du courant de décharge, de la
maintenance, du temps et de la température (la capacité de
stockage diminue avec une température supérieure à
25°C). Par ailleurs, certains villages - comme celui de Dekin de
l'arrondissement de Dekin dans la commune de Dangbo - alimentés en eau
grâce à des pompes solaires, voient leurs structures
abandonnées au bout de vingt ans lorsque l'appui technique se termine,
la population ne sachant pas comment les réhabiliter malgré la
volonté de voir de nouveau leur village alimenté en eau potable.
L'appropriation se pose donc tout au long de la durée de vie de
l'installation mais également au delà pour permettre une
continuité de l'offre de service.
D'autres problèmes techniques résident dans la
capacité et la production en tant que tel d'électricité.
L'électricité photovoltaïque n'est pas produite de
façon continue : elle est produite la journée puis est
stockée pour être utilisée à la nuit tombée.
Son stockage ne permet donc que l'utilisation pour quelques heures par jour de
l'éclairage et de l'audiovisuel. Par ailleurs le nombre de modules ne
permet pas d'offrir de fortes puissances pour utiliser des fers à
repasser, des réfrigérateurs de grandes tailles et autres.
Même si jusqu'à aujourd'hui de tels appareils sont loin
d'être généralisés135 mais pourraient
l'être avec le mimétisme des modes de
134 Le réseau conventionnel fournit du courant
alternatif de 220 volts alors que le photovoltaïque (sans onduleur)
produit du courant continu de 12 ou 24 volts, sauf lorsque l'on procède
à une électrification solaire par minréseau.
135 La population n'a recours qu'à des fers à
repasser au charbon et utilise très peu de frigidaires, y compris dans
les foyers électrifiés et urbains.
consommation. De même, les
générateurs photovoltaïques utilisés pour les
applications professionnelles ne permettent pas de faire fonctionner de gros
ateliers mais seulement des systèmes de puissances très
modestes.
Le stockage de l'électricité se pose
également pour les mini-réseaux où il est également
limité. Cela a pour conséquence de conditionner les modes de
consommation : certains utilisateurs pourraient être amenés
à consommer la quasi totalité de l'énergie stockée,
ce qui empêcherait d'autres utilisateurs d'y avoir accès. Pour
éviter cette situation des dispositifs peuvent être mis en place
afin de fixer un seuil à la consommation individuelle. Seulement, ils
peuvent être mal acceptés par l'usager étant donné
qu'ils lui imposent une limitation forcée. Il est également
difficile de dimensionner un tel système. Cette configuration est
à éviter sauf dans les cas où les demandes
d'électricité sont connues précisément (dans les
écoles, dispensaires...)136.
Les difficultés rencontrées dans les centrales
de recharge sont également liées à la composante batterie
mais sont d'un autre ordre : une batterie en fin de vie accumulera peu
d'énergie. Or la tarification de la centrale ne peut en tenir compte et
alors les tarifs appliqués ne correspondent pas réellement au
service rendu. Ce phénomène est amplifié par le
comportement des utilisateurs qui, n'étant pas propriétaires des
batteries, leur font subir des décharges profondes, raccourcissant leur
durée de vie. Par ailleurs, les batteries étant
transportées par les utilisateurs (généralement les
enfants) elles peuvent, en plus de constituer un désagrément par
leur transport, être détériorées et constituer un
risque pour la santé (éclaboussures d'acide). L'organisation d'un
tel système est complexe en raison de la rotation des batteries et
demande du personnel en permanence présent à la centrale.
Quant aux systèmes hybrides, ils peuvent
résoudre les problèmes de stockage et de puissances
limitées. Seulement, la conception de tels systèmes est plus
complexe que celui de systèmes avec une seule technologie.
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