Diagnostic et redressement des entreprises en difficulté( Télécharger le fichier original )par Samir MEZIANE SIBF -Alger - D.E.S. Banque 2008 |
3.1.2 La prévision par le crédit Scoring ou l'analyse discriminante :L'analyse discriminante est une technique d'analyse et de prédiction des défaillances d'entreprises. Le score se présente comme une fonction mathématique qui retient plusieurs ratios jugés pertinents, plus ou moins fortement pondérés selon leur importance. Le résultat obtenu en appliquant cette fonction aux chiffres d'une entreprise permet de la situer dans une catégorie de risque. De nombreux models ont été mis au point dans ce domaine, parmi lesquels on trouve ceux de Altman, Collongues, Conan et Holder et celui de la Banque de France. La formule d'Altman: Cette fonction a été présentée la première fois en 1968. Elle a subi plusieurs modifications par la suite. Elle a été élaborée sur la base de 22 ratios et un échantillon de 33 entreprises défaillantes sur la période de 1946-1965 et de 33 entreprises saines. Cinq ratios sont retenus dans cette méthode pour établir la fonction discriminante suivante : Z = 1,2. X1 + 1,4. X2 + 3,3. X3 + 0,6. X4 + 0,9. X5 Avec : s X1 = fond de roulement / actif total s X2 = réserves/ actif total s X3 = EBE/ actif total s X4 = fonds propres/ total des dettes s X5 = CA/ actif total Altman détermine une valeur critique Z=2,675 ; ce qui l'amène à la conclusion suivante : s Si Z < 2,675, l'entreprise est considérée comme défaillante. s Si Z > 2,675, l'entreprise est considérée comme saine. Cette fonction permet de dégager empiriquement les déterminants du risque de faillite d'une entreprise : s La rotation de son capital (3 éme et 5 éme ratios). s La structure financière (1er, 2éme et 4éme ratios). Toutefois, elle ne permet de prévoir correctement les faillites qu'à l'échéance d'un an. C'est donc une fonction moyennement performante.
La fonction discriminante de Y.COLLONGUES est la suivante : Z = 4,983 X1 + 60,0366 X2 - 11,834 X3 Où : s X1 = frais de personnel / valeur ajoutée. s X2 = frais financiers / chiffres d'affaires hors taxes. s X3 = fonds de roulement net / total du bilan. Si Z > 5,455, l'entreprise sera déclarée mauvaise. Si Z< 5,455, l'entreprise sera déclarée bonne. Pour affiner son étude, COLLONGUES a testé de nouveau sur deux échantillons distincts, l'un de 27 entreprises ayant déposé leur bilan, l'autre de 21 entreprises en bonne santé, pour aboutir à la fonction suivante : Z= 4,6159 X1- 22 X4 - 1,9623 X5 Avec : s X4 = résultat d'exploitation / chiffre d'affaires H.T. s X5 = fonds de roulement net / stocks. Si Z > 3,0774, l'entreprise est déclarée défaillante. Si Z < 3,0774, l'entreprise est déclarée saine. La formule de Conan et Holder : La fonction discriminante de Conan et Holder se présente ainsi : Z= 0,24 X1 + 0,22 X2 + 0,16 X3 - 0,84 X4 - 0,10 X5. Où : s X1 = EBE / endettement global. s X2 = capitaux permanents/ total du bilan. s X3= réalisable et disponible / total du bilan. s X4 = frais financiers / chiffre d'affaires H.T. s X5 = frais de personnel / valeur ajoutée.
Ce modèle permet une prévision de défaillance de 75% à trois ans au niveau des P.M.I. cependant, cette prévision n'est pas suffisamment précoce pour permettre aux dirigeants de prendre les mesures nécessaires à temps. La formule de la Banque de France : 100Z = - 1,255 X1 + 2,003 X2 - 0,824 X3 + 5,221 X4 - 0,689 X5 - 1,164 X6 + 0,706 X7 + 1,408 X8 - 85,544 Avec : X1 = frais financiers/ EBE X2 = ressources stables / actif économique X3 = CA / endettement X4= EBE / CA HT X5= dettes commerciales / achats TTC X6= taux de variation de la valeur ajoutée X7= (stocks + CLIENTS - avances clients) / production TTC X8= investissements physiques / valeur ajoutée La règle de décision est la suivante : Si Z >0,125 : l'entreprise est normale Si Z < -0,250 : l'entreprise a des caractéristiques comparables à celles des entreprises défaillantes durant leurs dernières années d'activité. Si -0,250< Z <0,125 : l'entreprise est en zone d'incertitude Intérêts et limites des fonctions scores : Une référence aux scores présente certes un grand intérêt pour l'entreprise (banque ou autre) qui dispose ainsi d'un indicateur synthétique représentatif de la qualité financière (en particulier de la solvabilité) de ses clients, lui permettant d'affecter chacun d'eux à une classe de risque. L'usage généralisé d'un tel score nécessite une confiance dans la fiabilité de celui-ci et dans sa capacité à être utiliser comme mesure adéquate du risque de défaillance. « Le taux de sécurité des différentes méthodes serait de 60% trois ans avant la défaillance et de 75% à 80% un an auparavant. Si l'on ne peut pas dire qu'une entreprise présentant un mauvais score va déposer son bilan, on peut en revanche assurer que celles qui ont déposé leur bilan avaient un mauvais score dans l'intervalle de trois ans qui a précédé »6(*). L'inconvénient de quelques fonctions est leur caractère ancien. La question est de savoir si une fonction élaborée les années quatre-vingt peut encore être efficace dix ou quinze ans plu tard. De nouvelles fonctions ont été élaborées pour pallier à ce problème. La prévision par les outils de l'analyse financière ne décèle qu'à posteriori l'existence des difficultés et ne précise pas l'origine de celles-ci. C'est pourquoi la détection ne saurait se limiter à l'usage des méthodes de scoring qui seront complétées par des recherches empiriques fondées sur de multiples indicateurs. * 6 P.Atlan, reprendre une entreprise en difficulté, édition d'organisation 1997, page 20. |
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