Paragraphe 2 : Les manifestations du
fléau.
Il serait judicieux d'en faire deux différentes
études à savoir : les types et les différentes formes
de trafics.
A/ Les différents types de trafic
Il existe plusieurs types de trafic d'enfants à
savoir : le trafic interne et le trafic transfrontalier.
Le trafic interne est celui qui se déroule à
l'intérieur d'un pays. Les trafiquants déplacent donc les enfants
dans les limites de la frontière du pays. C'est un
phénomène qui se déploie à l'intérieur du
pays, généralement du milieu rural au milieu urbain.
A travers ce type de trafic, on peut retrouver diverses formes
de migrations dont :
· la migration rurale, qui se justifie par le
déplacement des enfants d'une zone rurale vers un autre lieu rural
à la recherche d'une activité agricole
rémunératrice. Par exemple, au Bénin pendant la saison
pluvieuse, les enfants des communes de Za-kpota et d'Agbangnizoun migrent
massivement vers la commune de Djidja où ils sont mis à la
disposition d'entrepreneurs agricoles pour des travaux
champêtres ;
· l'exode rural, consiste en la migration des enfants des
milieux ruraux vers les centres urbains comme Cotonou, Porto-Novo, Bohicon,
Abomey, ou Parakou, à la recherche d'un emploi salarié ;
· la migration interurbaine, correspond au
déplacement des enfants de certaines villes vers d'autres centres
économiques. Ils quittent les villes comme Abomey et Bohicon pour
d'autres comme Cotonou, Porto-Novo, Parakou ;
· le trafic transfrontalier, quant à lui, est le
trafic vers l'extérieur du Bénin. Ce type de trafic renferme la
migration externe. Celle-ci correspond au déplacement de jeunes enfants
hors des frontières béninoises.
Certaines conditions géographiques favorisent la mise
au travail précoce des enfants. Il s'agit de la proximité des
zones pourvoyeuses avec les pays limitrophes utilisant de façon
intensive la main d'oeuvre infantile. C'est le cas des départements du
septentrion, Atacora et Borgou avoisinant le Nigéria, le Burkina Faso,
le Niger et le Togo. Les zones les plus pourvoyeuses sont donc les
régions qui ont un contact direct avec les pays limitrophes. L'Atacora
met en jeu sa proximité avec le Togo pour faciliter le convoiement des
enfants, les fillettes surtout, vers la Côte d'Ivoire. Par exemple des
enfants de Za-kpota, Zangnanado, Ouinhi sont déplacés vers le
Nigéria et la Côte d'ivoire13.
De manière spécifique, les résultats de
l'étude ont révélé que les enfants qu'on convoie
vers le Gabon proviennent surtout des départements de
l'Ouémé plus de 55%, du Mono 36%, de l'Atlantique 6% et du Zou
3%.
En 1995, 117 enfants ont été interceptés
aux frontières béninoises avec les trafiquants. En 1996, 416
enfants ont encore fait l'objet d'arrestation au Bénin. En 1997, le
nombre d'enfants objet de trafic a atteint 802. En 1998, seulement 31 ont
été interceptés. Ainsi, en cinq ans, le nombre officiel
des enfants en risque de trafic a atteint 1363 dont 1117 filles et 246
garçons14.
Il faut faire remarquer que bien souvent, les enfants migrants
ne reviennent plus dans leur pays d'origine.
En un mot, le trafic transfrontalier implique
nécessairement le déplacement d'un ou de plusieurs enfants de
leur pays vers un autre pays dans le but d'être exploité.
.
13 ADIHOU, A et FANOU-AKO,
N : Enquête sur le trafic des enfants entre le Bénin et le
Gabon, Cotonou, avril-juillet 1998,14 p.
14 idem
B- Les différentes formes de
trafics
Il existerait plusieurs formes de trafics :
- le trafic don, caractérisé par l'absence de
contre partie immédiate;
- le trafic gage, ou servitude pour dette. Ici, l'enfant est
"mis en dépôt" pour garantir le paiement d'une dette. Autrement
dit, l'enfant est mis en gage pour garantir le paiement d'une dette
octroyée à ses parents par un tiers. Il constitue donc une
garantie de remboursement auprès des créanciers ;
- le trafic ouvrier, caractérisé par
l'exploitation de la force de travail des enfants placés chez les
entrepreneurs agricoles moyennant une somme d'argent que perçoivent les
intermédiaires ou les parents. Durant deux à quatre ans, l'enfant
placé est obligé de travailler durement pour rentabiliser
l'investissement de l'employeur ;
- le trafic vente, caractérisé par l'achat de
l'enfant sans possibilité de retour ;
- l'adoption illégale, consiste à confier
ou à donner un enfant à une autre personne en violation des
procédures administratives et judiciaires en la matière. C'est
l'une des formes de trafic d'enfants les plus répandues au
Bénin ;
- le vol ou l'enlèvement de mineur, consiste à
enlever de force ou par ruse l'enfant pour être placé chez une
autre personne à des fins diverses. C'est par exemple le cas des
fillettes qui sont données en mariage contre paiement d'une dot aux
parents ;
- la vente d'enfants consiste à échanger un
enfant à un prix qui varie selon les besoins des parents ou l'offre du
trafiquant. Cet enfant peut subir tous les sorts possibles : être
donné en mariage, traité comme esclave, soumis à la
prostitution, offert en sacrifice ou tout simplement tué.
En somme, pour réussir dans leur activité, les
trafiquants procèdent de différentes manières:
ü ils font de fausses promesses aux parents et
aux enfants;
ü ils utilisent le service des intermédiaires;
ü ils s'entendent directement avec les parents qui font
ensuite pression sur les enfants;
ü ils procèdent à des enlèvements de
mineurs ou encore à des falsifications de pièces ?parfois, avec
la complicité de certaines personnes travaillant dans des services
administratifs.
Mais comment peut-on expliquer l'ampleur qu'a prise ce
phénomène ?
Quelles-en sont les causes et les conséquences?
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