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Inégalité et polarisation au Cameroun pendant et apres les programmes d'ajustement structurel

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par Charlie Yves NGOUDJI TAMEKO
Université de Yaoundé II - Diplôme d'Etudes Approfondies (DEA) 2008
  

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II.3. Inégalité et polarisation au Cameroun

La longue et profonde crise socio-économique du milieu des années 80 a eu pour conséquence majeure la montée des disparités dans la redistribution dans l'ensemble des pays d'ASS.

II.3.1. Disparités dans la distribution des revenus et l'inégalité au Cameroun

Le Cameroun n'a pas été épargné par la recrudescence des disparités dans la distribution des revenus, caractéristique d'inégalités. Les valeurs des indices de Gini de 0,42 et de Theil = 0,297 (pour alpha = 0) montrent clairement que l'inégalité est réelle même si comparativement aux autres pays à l'instar de la Côte d'Ivoire15, le Cameroun est plus égalitaire.

En effet, pour l'ensemble du pays, les dépenses totales réelles par équivalent-adulte des ménages ont diminué d'environ 40% entre 1984-1996 suivant ainsi la même tendance que la croissance négative du PIB observée pour la même période. La répartition régionale suit la même tendance. La profonde crise a appauvri davantage le Cameroun. Le pourcentage de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté16 a augmenté de 40% en 1984 à 53,3% en 1996 avant de retomber à 40,2% en 2001 du fait de la reprise économique de l'après dévaluation. Cette lente réduction du niveau de pauvreté n'a pas été suivie par une réduction des inégalités. Le coefficient de Gini montre que malgré le ralentissement de la pauvreté, les

15 La valeur de l'indice de Gini pour la Côte d'Ivoire est de 0,44 calculé sur la base de l'enquête ivoirienne LSMS (Glewwe, 1986, 1991).

16 Les seuils de pauvreté ont varié de 68 800FCFA en 1984 à 185 490FCFA en 1996 et 232 547FCFA en 2001. Ces seuils ont été estimés à partir de la consommation des ménages à différentes périodes concernées.

Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 36 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

inégalités sont demeurées constantes et ont dans certains cas augmenté (Tableau 4). Par exemple, en 1996, les 20% plus riches de la population ont consommé sept fois plus que les 20% les plus pauvres. En 2001, le ratio était de huit pour un.

Tableau 4 : Inégalité des revenus : Indice de Gini et dépense moyenne par quintile

Indice de Gini

1996

2001

Urbain

Rural

Total

Urbain

Rural

Total

0.449

0.345

0.406

0.406

0.369

0.408

Dépense moyenne par quintile (CFA francs)

Pauvres (plus bas 20%)

77,824

80,398

79,724

94,166

83,956

85,495

Riches (plus haut 20%)

663,805

491,856

585,168

758,960

600,618

693,882

Total

332,421

200,805

243,240

408,115

233,734

294,403

Source : INS (2002), Rapport sur la pauvreté au Cameroun entre 1996 et 2001

L'observation spatiale du Cameroun montre une importance relative des inégalités en milieu urbain comparativement à l'inégalité en milieu rural et à l'inégalité totale (Tableau 4). Yaoundé et Douala sont des régions avec de fortes inégalités. La situation inégalitaire s'est améliorée en milieu urbain mais s'est détériorée davantage en milieu rural en termes de fluctuation. Cependant, l'inégalité est restée prépondérante en milieu urbain. Ceci s'explique en partie par l'exode rural qui suscite une ruée vers les villes des populations pauvres et sans qualification qui viennent s'agrouper dans des quartiers périphériques avec une misère galopante.

II.3.2. La disparition de la classe intermédiaire et la polarisation au Cameroun

La disparition de la classe intermédiaire, surtout dans les grandes villes (Yaoundé et Douala) où l'on observe une poussée des bidonvilles à côté des quartiers résidentiels, est devenue un phénomène réel au Cameroun.

La situation distributive du Cameroun montre une concentration de la quasi-totalité des revenus entre les mains des 20% plus riches de la population. La situation des dépenses vient confirmer cette concentration et l'on remarque aisément que les plus riches consomment sept fois plus que les plus pauvres (1996) et huit fois plus en 2001. Cette concentration des revenus et dépenses sanctionnent une disparition presque réelle de la tranche de population à revenus moyens. La polarisation place beaucoup d'emphase sur la concentration. Plusieurs

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phénomènes, comme la disparition de la classe intermédiaire et la concentration aux extrémités de la distribution, peuvent être décrits comme la polarisation (Zhang et Kanbur, 2001).

Au Cameroun, la concentration aux deux extrémités de la distribution est devenue réelle, et, la disparition de la classe intermédiaire un fait. La montée des comportements malsains tels la corruption et autres vices de la société camerounaise a favorisé la disparition de la classe des populations à revenus moyens, ce qui insinue une recrudescence du phénomène de la polarisation. La polarisation est plus importante en milieux urbain et semiurbain que dans le pays entier (Tableau 5). Celle-ci a pris de l'ampleur en milieu rural et a fortement baissé en milieu semi-urbain.

Tableau 5 : Polarisation dans la distribution des niveaux de vie au Cameroun

Mesure

Périodes

Indice de Wolfson

1996

2001

Urbain

Semi-Urbain

Rural

Total

Urbain

Semi-Urbain

Rural

Total

0.392

0,398

0,248

0,360

0.326

0,293

0,280

0,335

Source : Baye, M. F. (2008)

Contrairement à la situation inégalitaire qui s'est détériorée au Cameroun, la polarisation a baissé et cette baisse est attribuable aux milieux urbain et semi-urbain. Ces deux phénomènes diffèrent de part leur évolution au niveau du pays tout entier mais sont similaires de part leur baisse et leur augmentation simultanées respectivement en milieu urbain et rural.

II.4. Conclusion

En somme, la pauvreté qui sévit au Cameroun depuis la crise des années 80 a été capitale pour la poussée des inégalités entre les populations. La double baisse des salaires a entraîné un développement des innovations comportementales comme la corruption qui a eu un impact énorme dans la concentration des revenus. Ces comportements malsains contribuent à creuser l'écart entre pauvres et riches et une concentration de la quasi-totalité des revenus entre les mains des plus riches qui continuent de s'enrichir au détriment des plus pauvres, ce qui amplifie la polarisation au Cameroun.

Mémoire présenté et soutenu publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du Diplôme 38 d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et Econométrie

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