Section 2 : l'organisation de la formation
permanente
La formation permanente à pour but d'accroître la
technicité, l'efficacité dans l'accomplissement des tâches
qui sont confiées aux fonctionnaires, tout en favorisant la promotion
des plus compétents, voire des élites. Elle peut être
organisée soit sous forme de stages de perfectionnement ou de recyclage,
soit sous forme de stage de qualification. Cette formation a lieu au niveau
local ou à l'étranger.
Sous section 1 : La formation locale
Cette formation a lieu sur le territoire national. Elle se
déroule dans des écoles nationales de formation et dans les
instituts privés reconnus par l'Etat, ceci dans le cadre de la
libéralisation du système éducatif. Elle est
considérée comme la formation qui présente le plus
d'équité, parce que l'accès dans ces écoles se fait
par voie de concours ou tests professionnels organisés par les
différents ministères de tutelle, sous le contrôle du
ministre chargé de la fonction publique comme le prévoit
l'article 102 de la loi.
Mais la pratique actuelle fait que tous les concours
professionnels qui donnent accès dans les écoles nationales
d'administration sont organisés par le ministère chargé de
l'enseignement technique et professionnel, conjointement par le
ministère de l'économie des finances et du budget et le
ministère des enseignements à l'exception du concours
d'entrée à l'école nationale d'administration et de
magistrature qui est organisé par l'Université Marien NGOUABI.
Cette pratique est en violation flagrante de la loi.
A- Les stages de perfectionnement et de recyclage
L'article 254 de la loi n° 21-89 du 14 novembre 1989,
portant refonte du statut général de la fonction publique stipule
que : les stages de perfectionnement et de recyclage ont pour but
d'améliorer l'aptitude des agents à remplir les tâches
indiquées par leur emploi.
Ces stages se déroulent sous forme de
séminaires. Pour ce qui est des agents de la catégorie A,
actuellement I, ces stages sont organisés par les centres ou organismes
agrées par l'Etat, Tel est le cas du centre de recyclage et de
perfectionnement administratif (C.E.R.P.A.D.), qui est un service
spécialisé de l'Ecole Nationale d'Administration et de
Magistrature (E.N.A.M.) du Congo ou l'Institut International d'Administration
Publique (I.I.A.P.) en France.
La durée de ces stages ne peut excéder neuf (9)
mois. Le contenu de ces cours porte exclusivement sur les techniques dont la
maîtrise par les fonctionnaires et les contractuels de l'Etat est
nécessaire pour les emplois qu'ils occupent. Ces cours sont
composés de deux (2) parties dont l'une est pratique et l'autre
théorique.
Les mises en stage de perfectionnement et de recyclage sont
décidées soit en accord avec l'agent, soit d'office par le chef
d'établissement, sur avis motivé du supérieur
hiérarchique de l'agent concerné. Logiquement ces stages ne
donnent pas droit au reclassement à la catégorie
supérieure.
En plus des stages de perfectionnement et de recyclage, il y'a
aussi des stages de qualification qui sont aussi organisés au niveau des
administrations.
B- Les stages de qualification
L'article 254 alinéa 2, de la loi n° 21-89 du 14
novembre 1989, portant refonte du statut général de la fonction
publique, dispose que : les stages de qualification ont pour but de faire
acquérir aux agents des compétences supplémentaires et de
permettre aussi leur accession à des emplois plus
élevés.
C'est ainsi qu'un ou plusieurs ministères peuvent
s'organiser au niveau de leur structures pour préparer les stagiaires
aux épreuves de concours internes, aux corps et aux écoles
spécialisées de l'administration. La durée de ces stages
varie entre neuf (9) mois et deux (2) ans (article 259 de la loi de 1989).
Cet enseignement est dispensé dans des écoles
spécialisées de l'administration ou dans des institutions
agréées par l'Etat. Il s'agit de :
- l'Institut International d'Administration Publique de
France ;
- l'Ecole de douane de Casablanca ;
- l'école de douane et accises de Bruxelles ;
- l'Institut de formation des cadres du développement,
et d'autres qui offrent des formations en cours de carrière de neuf (9)
mois aux agents publics. Ces formations donnent droit à un
reclassement.
Pendant cette durée, les stagiaires sont soumis
à la fois à la formation pratique et à un enseignement
théorique. Il y'a quelques années à l'Ecole Nationale
Moyenne d'Administration (E.N.M.A.), l'entrée se faisait sur titre pour
les quelques protégés de l'administration publique congolaise.
Cette pratique a fait qu'au début de chaque année scolaire, l'on
se retrouvait avec un effectif inattendu.
Ces méthodes ont pris des proportions exceptionnelles,
à tel point qu' ailleurs au début de chaque année
scolaire, dans certaines filières et surtout dans les carrières
financières, on retrouvait plus d'élèves admis sur titre
que ceux qui ont satisfait au concours.
Afin d'arrêter ces pratiques, la direction
générale de la fonction publique par l'intermédiaire de
ses services spécialisés, a refusé de reclasser ces
agents. Le service des stages a refusé de délivrer les
arrêtés de mise en stage à ces agents dont certains
évoluent même à la direction générale de la
fonction publique. Du coup, ils n'ont pu être reclassés. Cette
manière a découragé tous ceux qui étaient
tentés par l'aventure.
En attendant la publication du texte d'application
prévu par la loi de 1989, l'organisation des stages de formation
à l'étranger dans l'administration publique est toujours
régie par le décret n° 86-263 du 11 février 1986,
réglementant les stages à l'étranger (2)
(2) décret n° 86-263 du 11 février
1986, portant organisation des stages effectués par les fonctionnaires
et agents contractuels
L'agent qui souhaite présenter un concours
professionnel, est tenu d'obtenir au préalable l'autorisation de
concourir signée du directeur général de la fonction
publique. L'exception a été faite pour le cas du concours
d'entrée à l'Ecole Nationale Supérieur (E.N.S.), dont
l'autorisation de concourir était délivrée par les
autorités du ministre de l'éducation nationale. Désormais
cette autorisation sera délivrée par le directeur
général de la fonction publique.
La loi n°21-89 du 14 novembre 1989, portant refonte du
statut général de la fonction publique, prévoit des
conditions suivantes qui donnent accès au stage de qualification :
- avoir moins de cinquante (50) ans au jour de la
clôture de l'inscription au concours ou au test ;
- avoir au moins trois (3) années d'ancienneté
dans le corps dont l'agent relève ;
- appartenir à la catégorie ou l'échelle
immédiatement inférieure au niveau du stage auquel le concours
donne accès.
Actuellement, certains agents évoluant dans
l'administration publique, préfèrent se former à
l'étranger plutôt que de le faire sur le plan local.
Sous section 2 : La formation à
l'étranger.
Dans notre pays, le constat qui est fait actuellement est que,
l'administration est à la remorque des agents. Il existe une anarchie
dans les départs en stage à l'étranger. Cette anarchie est
aggravée par le manque de suivi des stagiaires en formation. C'est
l'opinion de la majorité des nos compatriotes ayant répondu
à la question de savoir si la gestion de la formation à
l'étranger est- elle- rationnelle.
Présentement au niveau de la Direction
Générale de la Fonction Publique (D.G.F.P.), Direction
Générale du Budget (D.G.B.) et de la Direction de la Formation
Permanente (D.F.P.), qui dépend du ministère chargé de
l'enseignement technique et professionnel, il est difficile de dire avec
précision combien de fonctionnaires ou d'agents contractuels sont en
stage à l'étranger.
Il manque de coordination entre les administrations qui
utilisent les agents publics d'une part et la direction générale
de la fonction publique qui les gère d'autre part, en ce qui concerne le
suivi des stagiaires.
Et portant, la politique du gouvernement en matière de
formation professionnelle à l'étranger est définie par le
décret n° 86-263 du 11 février 1986. Ce texte stipule
que : « tout département ministériel
désireux de former un ou plusieurs de ses agents, doit saisir la
commission nationale des ressources humaines ».
Le dossier de candidature doit contenir au préalable
une pré inscription auprès de l'établissement de formation
ainsi qu'une bourse accordée soit par l'Etat, soit par un organisme
international ou une ambassade accréditée en République du
Congo. L'agent est tenu de solliciter une attestation de condition
délivrée par la direction générale de la fonction
publique par l'intermédiaire de son service compétent : le
service de stage (3).
Avant 1997, il fallait se faire établir un certificat
administratif (C.A.) pour prétendre obtenir un arrêté de
mise en stage. Celui-ci était délivré par le premier
ministre.
(3) crée par décret n° 98-80 du 25
février 1988, portant attributions et organisation de la direction
générale de la formation professionnelle
Avec la disparition de la primature, le certificat
administratif a été aboli par les autorités
administratives congolaises. C'est pour cette raison que les
arrêtés de mise en stage sont établis actuellement sans
exiger le certificat administratif (C.A), au niveau du service des stages.
A la fin du stage, l'agent adresse une demande à la
direction de la formation permanente pour se faire établir une
attestation de fin de stage.
Le décret n° 98-163 du 12 mai 1998 (3)
qui définit les attributions de la direction générale de
la formation permanente, ne lui donne pas la compétence de
contrôler les fonctionnaires et les agents contractuels de l'Etat en
formation en cours de carrière. Conformément à l'article
1er du décret suscité, la compétence de la
direction générale de la formation professionnelle se limite au
niveau du ministère de l'éducation nationale. C'est plutôt
à la direction générale de la fonction publique, que cette
compétence est attribuée par le décret n° 99-209 du
31 octobre 1999.(4)
Ainsi, lorsque la direction générale de la
formation professionnelle continue à délivrer les attestations de
fins de stage aux agents publics en fin de formation, elle le fait en toute
illégalité.
La politique congolaise de formation en cours de
carrière n'obéit à aucun planning rigoureux. Il existe un
désordre dans l'administration publique tel que, la formation
dépend actuellement de l'agent qui souvent décide seul de son
avenir professionnel. Cette formation se fait pour la plupart du temps en
dehors des besoins réellement identifiés, en l'absence de toute
programmation préétablie. (5)
Les stages hors territoire national sont disparates. Parce que
dans toutes les écoles spécialisées à
l'étranger, l'entrée se fait sur titre. Donc il manque de
contrôle rigoureux, car on ne sait pas avec exactitude qui se forme et
avec quel niveau de base. Parce que l'on assiste à des pratiques telles
qu'un agent qui est à la catégorie II, échelle 2 (ancienne
catégorie C, hiérarchie I) après une formation de longue
durée, se retrouve à la catégorie I, échelle 1
(ancienne catégorie A, hiérarchie I), enjambe l'échelle 1
de la catégorie II ainsi que les échelles 3 et 2 de la
catégorie I.
La pratique de la formation à l'étranger a pris
corps dans les régies financières où chaque année,
les agents évoluant au trésor public, aux impôts et
à la douane vont en formation. Ils prétendent aller se former
à leur frais.
Alors que le monopôle de la formation continue
d'appartenir exclusivement à l'administration et par conséquent
aucun agent ne devrait en prendre seul initiative.
Le constat est que, lors de leur départ en stage de
formation, dans les arrêtés de mise en stage établis en
leur faveur, la direction générale de la fonction publique
demande à la direction générale du budget de
prendre en charge les frais de leur formation (frais scolaires et frais de
séjour sans oublier les frais de transport).
(4) Décret n° 98-13 du 12 mai 1998, portant
attributions et organisation de la direction générale de la
formation professionnelle.
(5) LOUFOUA (M.S.), la problématique de la
formation professionnelle à la Direction Générale du
Budget.
Ces pratiques se font avec les largesses de leurs
autorités administratives. A titre d'exemple, les agents du
trésor public, lorsqu'ils vont en stage de qualification à
l'étranger, les autorités du trésor public leur paient des
billets aller et retour, ainsi les frais exigés par l'école
nationale d'administration et de magistrature (pour le cas du
Sénégal). Elles leur donnent aussi des moyens pour survivre. A la
fin de la première année d'études, ces stagiaires
reviennent tous à Brazzaville au Congo pour y passer leur stage
pratique. Cette même opération se répétera à
leur retour pour Dakar au Sénégal pour la suite de la
formation.
TABLEAUX DE REPARTITION DES STAGIAIRES PAR PAYS
Europe
Années
Pays
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
Belgique
|
0
|
6
|
8
|
0
|
7
|
France
|
0
|
4
|
3
|
4
|
6
|
Total
|
0
|
10
|
11
|
04
|
13
|
Source : programme
d'activités de la D.G.I.
Afrique
Années
Pays
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
Bénin
|
0
|
0
|
3
|
1
|
6
|
Burkina-Faso
|
9
|
3
|
2
|
5
|
9
|
Cameroun
|
11
|
09
|
14
|
17
|
16
|
Côte-d'Ivoire
|
12
|
11
|
09
|
13
|
14
|
Togo
|
08
|
14
|
15
|
17
|
22
|
Sénégal
|
15
|
20
|
19
|
21
|
25
|
Total
|
|
|
|
|
|
Source : programme
d'activités de la D.G.I.
Prenons l'exemple des stagiaires congolais au Burkina-Faso
où par personne, les frais s'élèvent à sept cent
(700.000) francs CFA par année académique. Le billet du transport
Brazzaville Ouagadougou Brazzaville coûte quatre cent (400.000) francs
CFA. Le stagiaire est appelé à venir passer son stage pratique
à Brazzaville.
Pour un stagiaire congolais formé au Burkina-Faso, sans
compter les frais de survie, la direction générale des
impôts dépense aux moins 1.100.000 à Brazzaville.
Il est important de signaler qu'à la fin de la
formation, une fois rentré au pays, ces stagiaires montent des
états des sommes dues qu'ils déposent à la direction
générale du budget, pour se faire rembourser. Ces états
ont pour support juridique l'arrêté de mise en stage.
L'aide de la direction générale des impôts
à ses agents dans le domaine de la formation à l'étranger
est difficile à prouver parce que, officiellement aucun texte juridique
ne l'autorise.
C'est pour cette raison qu'à la direction
générale des impôts, à la douane ou au
trésor, il est difficile que ces administrations mettent ces
informations à la disposition de tous ceux qui font des recherches.
Il est certain que malgré les sommes d'argent mises
à leur disposition plus leur frais scolaires, à la fin de leurs
études, ils rentrent au pays sans diplôme, parce que les
autorités académiques du pays concerné refusent de
délivrer le diplôme de fin d'études.
Dans le cas d'espèce la direction
générale des impôts est contrainte de régler la
facture pour délivrer le diplôme retenu en stage par les
responsables de l'école.
Par contre, les agents des régies financières
qui sont en stage à l'intérieur du pays sont abandonnés
à eux-mêmes et n'obtiennent aucune subvention des chefs
hiérarchiques.
Quant aux agents des autres branches d'activités, ils
ne peuvent pas avoir les moyens de prétendre aller se former à
l'étranger, quand même ils ont pu obtenir une pré
inscription, parce qu'officiellement l'Etat congolais n'a plus les moyens
nécessaires de soutenir les études de ses stagiaires.
A la fin du stage, chaque agent public évoluant dans
les régies financières, après la constitution du dossier
de remboursement, se retrouve avec une même formation financée
deux (2) fois. D'abord par les crédits propres de l'administration
où l'agent évolue puis par le budget de l'Etat congolais.
Nous avons constaté surtout au niveau de la D.G.I, que
certains agents ont été mis en stage dans les instituts et des
écoles professionnelles privées pour y suivre une formation, sans
arrêté de mise en stage.
Il serait souhaitable que la direction générale
de la fonction publique refuse de les reclasser pour ne pas créer un
précédent.
Le constat est que la plupart des formations des agents de la
fonction publique à l'étranger, sont essentiellement
centrées autour des cadres des catégories I et II (anciennes
catégories A et B). La conséquence est qu'on assiste aujourd'hui
au renversement de la pyramide. L'administration publique congolaise a en son
sein plus de cadres supérieurs que d'agents d'exécution. Ce qui
à notre humble avis est normal pour une administration.
La promotion est la conséquence logique de la
formation. Elle intervient selon les cas, à la fin de la formation.
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