I.5.2 Théories de la croissance
Les théories explicatives de la croissance sont
relativement récentes dans l'histoire de la pensée
économique. Ces théories ont conduit à mettre en avant le
rôle primordial du progrès technique dans la croissance.
Sur le long terme ; seul le progrès technique est
capable de rendre plus productive une économie (et donc de lui permettre
de produire plus, c'est-à-dire d'avoir de la croissance). Toutefois, ces
théories expliquent mal d'où provient ce progrès et en
particulier en quoi il est lié au fonctionnement de
l'économie.
I.5.2.1 L'école classique
Les économistes de l'école classique,
écrivant pourtant au commencement de la révolution industrielle,
pensaient qu'aucune croissance ne pouvait être durable, car toute
production devrait, inexorablement, selon eux converger vers un état
stationnaire.
C'est ainsi le cas de David RICARDO pour qui l'état
stationnaire était le produit du rendement décroissant des terres
cultivables ou encore Thomas MALTHUS qui le liait à son principe de
population. Toutefois, Adam SMITH à travers son étude des effets
de productivité induit par le développement de la division du
travail, laissait entraîner la possibilité d'une croissance
interrompue.
I.5.2.2 Schumpeter : l'innovation à l'origine de la
croissance et ses cycles
A partir des travaux sur les cycles économiques de
Kondratieff, Joseph SCHUMPETER a développé la première
théorie de la croissance sur une longue période. Il pensait que
l'innovation portée par les entreprises constituait la force motrice de
la croissance. Il développa en particulier l'importance de
l'entrepreneur dans les théories de l'évolution économique
en 1913.
I.5.2.3 La croissance sur le fil du rasoir : Harrod et
Domar
Après la seconde guerre mondiale, les
économistes Harrod et Domar, influencé par Keynes, vont chercher
à comprendre les conditions dans lesquelles une phase d'expansion peut
être durable. Ainsi, s'il ne proposait pas à proprement parler une
théorie de la croissance (expliquant son origine sur une longue
période), le modèle de Harrod et Domar permet néanmoins de
faire ressortir le caractère fortement instable de tout processus
d'expansion.
En particulier, il montre que pour qu'une croissance soit
équilibrée (c'est-à-dire que l'offre de production
n'augmente ni moins - sous production- ni plus -surproduction- que la demande,
il faut qu'elle respecte un taux précis) en fonction de l'épargne
et du coefficient du capital (quantité de capital utilisé pour
produire une unité) de l'économie. Or, il n'y a aucune raison que
la croissance qui détend des décisions individuelles (en
particulier des projets d'investissement des entrepreneurs), respecte ce taux.
De plus si la croissance est inférieure à ce taux, elle va avoir
tendance, non pas à le joindre mais à s'en éloigner
davantage, diminuant progressivement (en raison du multiplicateur
d'investissement).
La croissance est donc, selon une expression d'Harrod,
toujours sur le fil du rasoir. Ce modèle, construit
après guerre, et marquée par le pessimisme engendré par la
crise de 1929, a toutefois été critiqué. Il suppose en
effet que ni le taux d'épargne ; le coefficient de capital ne sont
variables à court terme, ce qui n'est pas prouvé.
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