2.6. TEST DE CAUSALITÉ
DE GRANGER
L'étude du sens de causalité entre la
consommation d'électricité et la croissance constitue la
préoccupation majeure de notre travail. Elle nous permet d'assurer une
bonne formulation de politique économique au sein de l'UEMOA grâce
au test de causalité de Granger.
Cette relation entre la croissance économique et la
consommation d'énergie est aujourd'hui bien établie dans les
différentes études. Cependant, la direction de la
causalité reste un sujet très controversé. La
détermination du sens de cette causalité est importante et a des
implications en matière de politique économique. En outre, le
test de causalité basé sur le modèle vectoriel à
correction d'erreur présente l'avantage de fournir une relation causale
même si aucun coefficient estimé des variables
d'intérêt décalées n'est significatif.
Pour le Sénégal, le Bénin et le Togo,
l'absence de relation de long terme implique qu'il n'y ait aucune
causalité dans les deux sens. Il y a donc un rejet systématique
des hypothèses 3 et 4 au profit de l'hypothèse de
neutralité (Yu et Choi).
Sénégal
Pairwise Granger Causality Tests
|
Sample: 1971 2005
|
Lags: 1
|
Null Hypothesis:
|
Obs
|
F-Statistic
|
Probability
|
LPIB does not Granger Cause LCKWH
|
34
|
1.00122
|
0.32476
|
LCKWH does not Granger Cause LPIB
|
0.43713
|
0.51340
|
Bénin
Pairwise Granger Causality Tests
|
Sample: 1971 2005
|
Lags: 1
|
Null Hypothesis:
|
Obs
|
F-Statistic
|
Probability
|
LPIB does not Granger Cause LCKWH
|
34
|
0.47067
|
0.49778
|
LCKWH does not Granger Cause LPIB
|
2.25114
|
0.14363
|
Togo
Pairwise Granger Causality Tests
|
Sample: 1971 2005
|
Lags: 1
|
Null Hypothesis:
|
Obs
|
F-Statistic
|
Probability
|
LPIB does not Granger Cause LCKWH
|
34
|
2.28362
|
0.14087
|
LCKWH does not Granger Cause LPIB
|
0.18957
|
0.66629
|
Pour la Côte d'Ivoire, l'existence d'une relation de
cointégration entre ces deux variables entraîne l'existence d'une
relation causale entre celles-ci dans au moins une direction. Cette relation de
causalité est examinée ici à l'aide du test de
causalité de Granger basé sur le modèle vectoriel à
correction d'erreur. Les résultats de ce test sont
présentés dans le tableau suivant :
Pairwise Granger Causality Tests
|
Sample: 1971 2005
|
Lags: 2
|
Null Hypothesis:
|
Obs
|
F-Statistic
|
Probability
|
LPIB does not Granger Cause LCKWH
|
33
|
2.04665
|
0.14805
|
LCKWH does not Granger Cause LPIB
|
4.99265
|
0.01398
|
Prob < 5%, on accepte H1 : LCKWh cause au sens de
Granger LPIB.
Le test de causalité de Granger révèle
donc l'existence d'une causalité unidirectionnelle de la consommation
d'électricité vers la croissance du PIB dans l'économie
ivoirienne, ce qui conduit à accepter notre hypothèse 3.
Le tableau 8 résume les résultats obtenus
à l'issue de nos tests :
Tableau 8 :
Résumé des résultats des tests
économétriques
Méthode Empirique
|
Période
|
Pays
|
Relation de
causalité
|
Modèle vectoriel à correction d'erreur
|
1971-2005
|
Bénin
|
Pas de cointégration
|
Modèle vectoriel à correction d'erreur
|
1971-2005
|
Côte d'Ivoire
|
Electricité ? croissance
|
Modèle vectoriel à correction d'erreur
|
1971-2005
|
Sénégal
|
Pas de cointégration
|
Modèle vectoriel à correction d'erreur
|
1971-2005
|
Togo
|
Pas de cointégration
|
Source : Auteur
Si c'est la consommation d'énergie qui détermine
le revenu, cela indique que l'économie dépend de l'énergie
si bien que la consommation d'énergie affecte directement le revenu,
impliquant qu'une déficience dans l'approvisionnement en énergie
peut avoir des conséquences néfastes sur la croissance (Masih et
Masih, 1998.)
En outre, Wolde-Rufael (2006) note que l'absence de
causalité dans les deux sens pourrait statistiquement signifier que les
mesures permettant d'économiser l'électricité peuvent
être prises sans compromettre le développement économique.
Cependant, il souligne que réduire la consommation de
l'électricité chez les populations qui ont un accès
difficile à cette ressource n'est pas une option envisageable : les pays
africains n'ont pas encore atteint un niveau d'autonomie
d'électricité pour se permettre une réduction de leur
consommation ; cependant, ils peuvent prévenir les conséquences
néfastes liées à la consommation accrue de
l'électricité. Au contraire en rendant
l'électricité accessible à tous, cela pourrait contribuer
à réduire non seulement la pauvreté, mais aussi à
améliorer la qualité de vie des populations.
Au lendemain des indépendances, la conjonction de
facteurs favorables avait facilité la mise en oeuvre de l'objectif de
développement des réseaux électriques en Afrique
francophone. Le choix du monopole et de l'intégration verticale comme
modèle d'organisation industrielle avait ouvert la possibilité
d'exploiter les économies d'échelle et d'envergure. Des
politiques de restructuration avaient ainsi permis un renforcement des
capacités de production. Toutefois, ce dynamisme de l'offre ne s'est pas
traduit par une résorption de l'écart entre l'offre et la demande
au regard des faibles taux d'accès à l'électricité.
Les progrès réalisés dans le développement des
capacités de production ont été très importants
à la suite de la création des entreprises publiques
d'électricité. En effet, les politiques de restructuration
sectorielle ayant eu pour principaux aspects la création d'un
réseau centralisé, et la gestion du secteur à un
opérateur unique, ont permis très rapidement d'exploiter les
économies d'échelle et d'envergure escomptées. Ce
modèle a été tout entier tourné vers la
création et le développement intensif des infrastructures
électriques, en s'appuyant sur la planification sectorielle et la
centralisation au plus haut niveau de l'Etat.
Cependant, cette évolution ne connaîtra pas la
même intensité d'un pays à un autre. Elle a
été plus forte en Côte d'Ivoire qu'ailleurs (voir tableau
4), en partie pour des raisons liées aux disparités concernant
les dotations en sources d'énergie fossiles et le développement
du tissu industriel.
Les résultats obtenus dans notre recherche semblent
confirmer le statut de la Côte d'Ivoire en tant que « bon
élève » et référence dans la
sous-région en matière de structuration du secteur de
l'électricité. En effet, ce pays a été l'un des
pionniers en Afrique Occidentale à se lancer dans un processus de
réforme de ce secteur. De ce fait, comme l'atteste les résultats
des tests, ce secteur a été suffisamment structuré pour
avoir un impact réel sur le développement économique.
Quant aux autres pays de l'UEMOA, ils ont pratiquement tous
connu un échec de la privatisation (Sénégal, Mali, Togo).
Un processus de privatisation est toutefois en cours pour le Bénin, le
Niger et le Burkina, ces derniers ayant tardivement enclenché la
restructuration de leur secteur énergétique.
|