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Consommation d'électricité et croissance dans l'uemoa : une analyse en termes de causalité

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par Idrissa Yaya DIANDY
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - D.E.A Economie, Spécialité Macroéconomie Appliquée, option Economie Internationale 2007
  

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2.6. TEST DE CAUSALITÉ DE GRANGER

L'étude du sens de causalité entre la consommation d'électricité et la croissance constitue la préoccupation majeure de notre travail. Elle nous permet d'assurer une bonne formulation de politique économique au sein de l'UEMOA grâce au test de causalité de Granger.

Cette relation entre la croissance économique et la consommation d'énergie est aujourd'hui bien établie dans les différentes études. Cependant, la direction de la causalité reste un sujet très controversé. La détermination du sens de cette causalité est importante et a des implications en matière de politique économique. En outre, le test de causalité basé sur le modèle vectoriel à correction d'erreur présente l'avantage de fournir une relation causale même si aucun coefficient estimé des variables d'intérêt décalées n'est significatif.

Pour le Sénégal, le Bénin et le Togo, l'absence de relation de long terme implique qu'il n'y ait aucune causalité dans les deux sens. Il y a donc un rejet systématique des hypothèses 3 et 4 au profit de l'hypothèse de neutralité (Yu et Choi).

Sénégal

Pairwise Granger Causality Tests

Sample: 1971 2005

Lags: 1

Null Hypothesis:

Obs

F-Statistic

Probability

LPIB does not Granger Cause LCKWH

34

1.00122

0.32476

LCKWH does not Granger Cause LPIB

0.43713

0.51340

Bénin

Pairwise Granger Causality Tests

Sample: 1971 2005

Lags: 1

Null Hypothesis:

Obs

F-Statistic

Probability

LPIB does not Granger Cause LCKWH

34

0.47067

0.49778

LCKWH does not Granger Cause LPIB

2.25114

0.14363

Togo

Pairwise Granger Causality Tests

Sample: 1971 2005

Lags: 1

Null Hypothesis:

Obs

F-Statistic

Probability

LPIB does not Granger Cause LCKWH

34

2.28362

0.14087

LCKWH does not Granger Cause LPIB

0.18957

0.66629

Pour la Côte d'Ivoire, l'existence d'une relation de cointégration entre ces deux variables entraîne l'existence d'une relation causale entre celles-ci dans au moins une direction. Cette relation de causalité est examinée ici à l'aide du test de causalité de Granger basé sur le modèle vectoriel à correction d'erreur. Les résultats de ce test sont présentés dans le tableau suivant :

Pairwise Granger Causality Tests

Sample: 1971 2005

Lags: 2

Null Hypothesis:

Obs

F-Statistic

Probability

LPIB does not Granger Cause LCKWH

33

2.04665

0.14805

LCKWH does not Granger Cause LPIB

4.99265

0.01398

Prob < 5%, on accepte H1 : LCKWh cause au sens de Granger LPIB.

Le test de causalité de Granger révèle donc l'existence d'une causalité unidirectionnelle de la consommation d'électricité vers la croissance du PIB dans l'économie ivoirienne, ce qui conduit à accepter notre hypothèse 3.

Le tableau 8 résume les résultats obtenus à l'issue de nos tests :

Tableau 8 : Résumé des résultats des tests économétriques

Méthode Empirique

Période

Pays

Relation de

causalité

Modèle vectoriel à correction d'erreur

1971-2005

Bénin

Pas de cointégration

Modèle vectoriel à correction d'erreur

1971-2005

Côte d'Ivoire

Electricité ? croissance

Modèle vectoriel à correction d'erreur

1971-2005

Sénégal

Pas de cointégration

Modèle vectoriel à correction d'erreur

1971-2005

Togo

Pas de cointégration

Source : Auteur

Si c'est la consommation d'énergie qui détermine le revenu, cela indique que l'économie dépend de l'énergie si bien que la consommation d'énergie affecte directement le revenu, impliquant qu'une déficience dans l'approvisionnement en énergie peut avoir des conséquences néfastes sur la croissance (Masih et Masih, 1998.)

En outre, Wolde-Rufael (2006) note que l'absence de causalité dans les deux sens pourrait statistiquement signifier que les mesures permettant d'économiser l'électricité peuvent être prises sans compromettre le développement économique. Cependant, il souligne que réduire la consommation de l'électricité chez les populations qui ont un accès difficile à cette ressource n'est pas une option envisageable : les pays africains n'ont pas encore atteint un niveau d'autonomie d'électricité pour se permettre une réduction de leur consommation ; cependant, ils peuvent prévenir les conséquences néfastes liées à la consommation accrue de l'électricité. Au contraire en rendant l'électricité accessible à tous, cela pourrait contribuer à réduire non seulement la pauvreté, mais aussi à améliorer la qualité de vie des populations.

Au lendemain des indépendances, la conjonction de facteurs favorables avait facilité la mise en oeuvre de l'objectif de développement des réseaux électriques en Afrique francophone. Le choix du monopole et de l'intégration verticale comme modèle d'organisation industrielle avait ouvert la possibilité d'exploiter les économies d'échelle et d'envergure. Des politiques de restructuration avaient ainsi permis un renforcement des capacités de production. Toutefois, ce dynamisme de l'offre ne s'est pas traduit par une résorption de l'écart entre l'offre et la demande au regard des faibles taux d'accès à l'électricité. Les progrès réalisés dans le développement des capacités de production ont été très importants à la suite de la création des entreprises publiques d'électricité. En effet, les politiques de restructuration sectorielle ayant eu pour principaux aspects la création d'un réseau centralisé, et la gestion du secteur à un opérateur unique, ont permis très rapidement d'exploiter les économies d'échelle et d'envergure escomptées. Ce modèle a été tout entier tourné vers la création et le développement intensif des infrastructures électriques, en s'appuyant sur la planification sectorielle et la centralisation au plus haut niveau de l'Etat.

Cependant, cette évolution ne connaîtra pas la même intensité d'un pays à un autre. Elle a été plus forte en Côte d'Ivoire qu'ailleurs (voir tableau 4), en partie pour des raisons liées aux disparités concernant les dotations en sources d'énergie fossiles et le développement du tissu industriel.

Les résultats obtenus dans notre recherche semblent confirmer le statut de la Côte d'Ivoire en tant que « bon élève » et référence dans la sous-région en matière de structuration du secteur de l'électricité. En effet, ce pays a été l'un des pionniers en Afrique Occidentale à se lancer dans un processus de réforme de ce secteur. De ce fait, comme l'atteste les résultats des tests, ce secteur a été suffisamment structuré pour avoir un impact réel sur le développement économique.

Quant aux autres pays de l'UEMOA, ils ont pratiquement tous connu un échec de la privatisation (Sénégal, Mali, Togo). Un processus de privatisation est toutefois en cours pour le Bénin, le Niger et le Burkina, ces derniers ayant tardivement enclenché la restructuration de leur secteur énergétique.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote