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Limites de la protection des consommateurs par les autorités de régulation

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par Momar NDAO
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Master II professionnel 2008
  

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Section 2. Au niveau de la collaboration avec les consommateurs

§1. LA CONSULTATION DES ASSOCIATIONS DE CONSOMMATEURS

C. Consultation sur la politique

« La consultation des associations de consommateurs sur les problèmes généraux et la politique de régulation' se fait d'une manière insatisfaisante » selon M. Maguette FALL Président de l'Association pour la défense de l'environnement et des consommateurs (ADEC).

Il estime en effet' que « cette consultation est sporadique et qu'elle est sélective (toutes les organisations de consommateurs ne sont pas consultées) ».

Pour M. Pablo FALL Président de l'AdEETélS' « La plupart de ces consultations sont superficielles et sont' très souvent' des faire-valoir pour les régulateurs » et que les objectifs réels ne peuvent être atteints « que si les consultations sont sérieusement élaborées avec un système de suivi des propositions des associations de consommateurs. »

D. Consultation décisionnelle

Les organes de régulation ne consultent pas les consommateurs pour la prise de décisions de régulation.

Cette situation explique que' beaucoup de décisions prises par certains organes de régulation, ne rencontrent, pas souvent, l'assentiment des associations de consommateurs.

C'est le cas de la décision (*) prise par l'Agence de régulation des télécommunications et des postes relative à l'indentification obligatoire des abonnés au mobile

(*) Décision qui a inspiré le décret 2007 -- 937 du 7 août 2007 portant indentification des acheteurs et utilisateurs des services de téléphonie mobile offerts au public.

prépayé qui a été violemment rejetée par l'ASCOSEN qui « estimait que cette décision était contraire à la pratique dans la majeure partie des pays du monde' où l'accès au prépayé était libre et sans identification' notamment' en Europe' en Afrique et même en Chine. Et qu'il fallait plutôt demander aux opérateurs de trouver une parade aux abus et à la délinquance téléphonique éventuelle».

§2. IMPLICATION DES CONSOMMATEURS

C. Cellule « consommateurs »

« Les associations de consommateurs ne se sentent pas réellement impliquées dans le processus de régulation »' c'est l'avis de M. Jean pierre DIENG' président de l'UNCS.

Ce que partagent les autres organisations de consommateurs' même s'il y a' de temps à autre' quelques initiatives' telles que' celle de la création d'une « cellule consommateurs » au niveau de l'ARTP.

Cette cellule consommateurs est, la seule, mise en place, dans un organe de régulation au Sénégal.

Cependant' elle n'est pas très opérationnelle et elle est très grandement pénalisée par l'instabilité au niveau de l'organigramme de l'organe de régulation' et par la mauvaise maîtrise des dossiers et des procédures' par les tenants de la cellule.

D. Renforcement de capacités

Pour que les organes de régulation aient un apport et un soutien de qualité de la part des associations de consommateurs, il faut, nécessairement' une bonne maîtrise, par les organisations de consommateurs, des problèmes spécifiques au secteur régulé.

Il faut aussi' que les organisations de consommateurs aient les moyens « de mettre en place un dispositif de veille sur' la qualité' les prix et les intérêts des consommateurs vis-à-vis des produits et services régulés »' comme le préconise l'ASCOSEN.

Or' les associations de consommateurs' n'ont pas toutes' les moyens humains et matériels' pour mener à bien' tous les aspects de leur mission de défense et de protection des intérêts des consommateurs.

Aussi' il est impératif que le régulateur participe, au renforcement des capacités techniques et institutionnelles des organisations de consommateurs, pour faire face à leur grand dénuement vis-à-vis des puissants opérateurs.

De tous les organes de régulation au Sénégal' seule l'ARTP est entrain de mettre en place un système de renforcement des capacités des associations de consommateurs' afin de les mettre' à un niveau' leur permettant de maîtriser le domaine des télécommunication et de la Poste et de pouvoir' valablement' jouer le rôle qui est le leur.

Ce programme de l'ARTP a le mérite d'exister' mais il ne répond pas encore, tout à fait, aux attentes des organisations de consommateurs.

DEUXIEME PARTIE

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****OOOO****
LIMITES DANS LE TRAITEMENT DES DIFFÉRENDS
PAR LES ORGANES DE REGULATION

Le traitement des différends entre les consommateurs et les opérateurs demeure' encore' un point saillant' dans la mission des organes de régulation.

Cette mission est elle menée à bien par les régulateurs ? Assurément non 1

Au vu de la perception qu'ont les organisations de consommateurs - qui sont les principales concernées -- de la mission de règlement et de traitement des différends menée par les organes de régulation' tant au niveau des acteurs' que de la procédure et des résultats obtenus.

Chapitre I.
Le consommateur acteur de la régulation

En tant qu'acteur de la régulation' le consommateur est, souvent, peu considéré par les organes de régulation.

Ce manque de considération' visible dans les relations entre le régulateur et les consommateurs' entraîne aussi' un rejet, de la part des organisations de consommateurs' des organes de régulation.

Cette situation' affecte beaucoup' la qualité de la collaboration entre les associations de consommateurs et les organes de régulation' pour le règlement des différends.

Section1. Défiance des organisations de consommateurs vis-à-vis des organes de régulation

§1. EXPÉRIENCES MALHEUREUSES

Les expériences malheureuses vécues par les organisations de consommateurs' dans leurs rapports avec les organes de régulation' ont été à la base de la faiblesse du nombre de cas de réclamation soumis par les consommateurs.

Toutes les associations de consommateurs consultées(*) estiment n'avoir pas confiance à la qualité du traitement de leurs réclamations par les organes de régulation.

En effet' elles considèrent' n'avoir pas eu satisfaction dans le traitement des dossiers soumis aux organes de régulation. Et' dans la majeure partie des cas' aucune prise en compte réelle de la réclamation' n'a eu lieu de la part de l'organe de régulation.

Ce qui ne les encourage plus à continuer à les saisir' dans le futur' pour le traitement des différends qui les opposeraient aux opérateurs des secteurs régulés.

Cette insatisfaction tient' tant à la méthode d'approche' qu'à l'absence de résultat probant.

§2. PLUS GRANDE EFFICACITÉ DES ACTIONS PROPRES DES ORGANISATIONS DE CONSOMMATEURS

Pour les associations de consommateurs' l'expérience a montré que le traitement des différends' directement avec les opérateurs' ou par d'autres voies' initiées et gérées par les organisations de consommateurs' a généré beaucoup plus de résultats probants.

En effet, la soumission directe à l'opérateur, de certains problèmes, a eu beaucoup plus d'efficacité, que le passage par l'organe de régulation.

En effet' l'ASCOSEN a obtenu un certain nombre de concessions de SONATEL :

? la non facturation de la communication mobile' au destinataire15'

ü la non facturation de la boite vocale' si vous ne laissez pas de message'

ü le non transfert à la boite vocale -- donc' la non facturation -- dans le cas où votre interlocuteur se trouve dans une zone hors couverture réseau' etc. ;

sans avoir à saisir l'ARTP' pour trancher le différend' rien qu'en saisissant directement l'opérateur et en ayant une volonté sans faille d'obtention de résultats. Aussi' il est aisément compréhensible que les organisations de consommateurs s'orientent plus vers les opérateurs, pour obtenir gain de cause de manière plus rapide et plus efficace.

15 Au lancement du GSM' SONATEL avait prévu de faire payer l'appelant et l'appelé' comme il le faisait
avec son système analogique Radiocom 2000 qui précédait le GSM. SONATEL arguait que tous les deux
(appelant et appelé) devraient payer' car utilisant une fréquence radio. L'ASCOSEN a pu s'y opposer en

proposant et obtenant que' seul' celui qui appelle soit facturé.

Section 2. Négligence par les régulateurs du rôle de « Watchdog(*) »
que jouent les organisations de consommateurs

§1. RECUEIL DES PLAINTES ET OBERVATOIRE DE LA QUALITÉ

Les organisations de consommateurs jouent un rôle fondamental de « watchdog » qui peut rendre un grand service aux organismes de régulation.

En effet' les organismes de régulation dans leur quasi-totalité' n'ont pas de représentation à l'intérieur des régions.

Cette situation' diminuant la capacité de surveillance de l'autorité de régulation' est comblée par la représentation nationale des organisations de consommateurs qui sont à même de jouer le rôle de « monitoring » de la qualité des services offerts par les opérateurs des secteurs régulés.

Aussi' en n'impliquant pas les organisations de consommateurs dans le monitoring de la qualité des services et produits offerts par les opérateurs' les organes de régulation se privent ainsi d'un observatoire de la qualité qui renforcerait à coup sûr leur efficacité.

§2. FILTRAGE ET INTERMÉDIATION

Les Associations de consommateurs jouent un très important rôle de filtrage et d'intermédiation, entre les autorités de régulations et les consommateurs.

En effet' la plupart des organes de régulation ne peuvent être saisis directement par les consommateurs.

Ils doivent passer par les associations de consommateurs qui sont, souvent, les seules habilitées à saisir le régulateur.

(*) Littéralement Chien de garde' sentinelle

Les organisations de consommateurs en recueillant les réclamations des consommateurs' vont les trier en éliminant les réclamations farfelues' celles' sans objet' et en aidant les plaignants à reformuler' certaines.

En outre' les organisations de consommateurs' sont en mesure d'expliquer' les décisions des organisations de régulation et leur fonctionnement' aux populations concernées et à les sensibiliser dans le sens souhaité par les organes de régulation.

Cependant' si les associations de consommateurs ont une défiance vis-à-vis des organes de régulations' les consommateurs ne verront pas le régulateur traiter leurs différends avec les opérateurs' ce qui porte un coup dur au droit fondamental du consommateur à être défendu et à leur droit à la réparation.

Chapitre II.
Les initiatives des opérateurs

Pour garder une compétitivité et une image positive vis-à-vis des consommateurs' les opérateurs déploient des trésors d'astuces marketing et de facilitation des rapports entre eux et les consommateurs et leurs représentants.

Ces actions' détournent beaucoup le trafic de demande de traitement des différends par le régulateur qui perd' de plus en plus' la possibilité d'arbitrer' au bénéfice du consommateur' les relations avec les opérateurs.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote