3.4 Face aux conséquences annoncées quelle
politique de lutte contre le changement climatique envisage-t-on en France ?
Au niveau de la politique internationale il faut noter que la
France a ratifié la Convention Cadre des Nations Unies sur les
changements climatiques (1992) ainsi que le protocole de Kyoto (1997).
L'engagement que la France doit respecter dans le cadre du protocole de Kyoto
consiste d'ici 2008-2012 à stabiliser les émissions de gaz
à effet de serre au niveau des émissions de 1990 (année de
base). Cependant la France s'est fixé des objectifs plus ambitieux au
niveau national. En effet la mise en place du Plan Climat 2004 prévoit
d'aller au-delà d'une stabilisation des émissions : il lance le
défi d'une division par quatre des émissions de gaz à
effet de serre à l'horizon 2050. Les objectifs phares de ce plan sont :
atteindre 5,75 % d'incorporation des biocarburants dans les carburants d'ici
2010, soit une multiplication par 5 ; renforcer le crédit d'impôt
sur les équipements performants de 25 à 40 % ; favoriser
l'exemplarité de l'État dans le domaine de la construction et de
la réhabilitation de logements aidés ; respecter les vitesses
autorisées ; utiliser les étiquettes d'énergie pour les
véhicules neufs ; utiliser de manière raisonnable la
climatisation. Toutes ces actions sont censées s'accompagner de
campagnes de sensibilisation de manière continue, dans le but de
favoriser les modifications des comportements.
PARTIE I - CHAPITRE I : Etat des lieux sur le changement
climatique (définitions, émissions de gaz à effet
de serre, politiques)
Arrivé à ce point, on peut se demander si cette
politique a déjà un impact sur l'opinion la sensibilité
des Français face au changement climatique. Les préoccupations du
grand public vis-à-vis de l'effet de serre sont elles importantes ? Les
perceptions ou représentations sociales de l'effet de serre ont-elles
connues des évolutions ces dernières années ? Sont-elles
influencées par certaines variables sociodémographique
(principalement : âge, sexe, niveau d'étude) ? Quel est
l'état de la connaissance des français sur le sujet ? Pour
répondre à ces questions nous allons dans le chapitre suivant
nous intéresser aux comportements des Français face au changement
climatique (sensibilité et pratiques individuelles).
4 CHAPITRE II : Les français face au changement
climatique
Dans un article récent de Natures Sciences et
Société, les sociologues Patrick PerettiWattel et Béatrice
Hammer soulignent à juste titre qu'une « vraie »
compréhension des représentations profanes constitue une
condition indispensable à la promotion de la lutte contre l'effet de
serre (Peretti-Wattel et Hammer, 2006).
Dans cette optique et pour tenter de répondre aux
questions posées en fin du chapitre précédent nous avons
procédé à l'analyse des résultats de trois
enquêtes (Sondage EUROBAROMETRE Spécial 217 « Attitudes des
citoyens européens vis-à-vis de l'environnement » ; Les
Français et l'environnement : opinions et attitudes au début
2002, EDF/IFEN ; « Les représentations sociales de l'effet de serre
» ,l'ADEME)1 menées par des organismes
spécialisés, afin d'en ressortir les éléments qui
nous paraissaient particulièrement intéressants. Ce chapitre sera
donc principalement consacré à la description des
résultats des enquêtes. Nous avons cependant intégré
quelques réflexions qui constitueront les premières pistes
d'analyse de notre question de recherche.
4.1 Perception des problèmes d'environnement :
le changement climatique
4.1.1 Le changement climatique : un
phénomène pas si préoccupant... Les
problèmes d'environnement ne sont pas ceux qui préoccupent le
plus les Français :
seulement 14% des enquêtés estiment que
l'environnement est l'un des deux sujets qui les préoccupe le plus, ce
sujet arrive en 7° position après l'insécurité, les
maladies graves, le chômage, la drogue, la pauvreté en France et
la pauvreté dans le monde (IFEN-EDFCREDOC, 2002). Malgré cela, on
peut dire que l'écologie est une préoccupation de l'ensemble de
la population : neuf personnes sur dix se disent « assez » ou «
très » sensibles aux questions environnementales. 35% des
enquêtés se disent très sensible aux problèmes
environnementaux. Le recoupement de résultats a montré que cette
forte sensibilité n'était pas seulement déclarative,
qu'elle s'appuyait sur des engagements concrets de comportements (achat de
produits non alimentaire respectant l'environnement, trie des
déchets...) surtout chez les personnes se disant très sensibles
(IFEN-EDF-CREDOC, 2002).
1 Cf. p.14 - 15.
Si l'on s'intéresse maintenant plus
particulièrement au problème de l'effet de serre on constate
qu'en 2005, seulement 22 % des français le considéraient comme le
problème d'environnement le plus préoccupant. L'effet de serre
arrivait ainsi en troisième position dans la liste des
préoccupations, derrière la pollution de l'eau (23%) et celle de
l'air (21%). Il faut cependant noter que parmi les personnes dotées d'un
diplôme de l'enseignement supérieur le « problème de
l'effet de serre » vient au premier rang des choix (3 0%) avant la
pollution de l'air (22%) ou de l'eau (2 1%) (ADEME-RCB-ISL, 2005).
On observe des résultats plutôt similaires dans
le sondage dans le sondage sur les Attitudes des Européens à
l'égard de l'environnement (TNS Opinion & Social, 2005). Lorsque les
Européens sont invités à citer les cinq principaux
problèmes d'environnement qui les préoccupent, on constate alors
que le changement climatique fait partie des quatre priorités qui se
détachent nettement (45% des personnes interrogées sont
préoccupées par le problème du changement climatique) avec
la pollution de l'eau (47%), les catastrophes causées par l'Homme (46%)
et la pollution de l'air (45%). Mais ces perceptions varient suivant les pays
« le changement climatique » est ainsi bien plus souvent
mentionné dans les pays de l'Union européenne des 15 (47%) que
dans les nouveaux Etats membres (34%). En fait le « changement climatique
» est la préoccupation principale des citoyens de l'ancienne UE1 5.
Cependant les Français paraissent bien moins préoccupés
que d'autres habitants de l'Europe des 15 : seulement 42% des Français
interrogés considéraient le problème du changement
climatique parmi les cinq problèmes environnementaux les plus
préoccupants alors qu'ils sont 68 % des suédois. En France, le
problème remportant le pourcentage le plus élevé de
préoccupation est celui des catastrophes causées par l'Homme (les
marées noires ou les accidents industriels). On voit ici comment
certaines catastrophes écologiques au niveau national ont pu marquer les
esprits et expliquer en partie le caractère secondaire du
réchauffement climatique dans les inquiétudes écologiques
des français: par exemple la marée noire de l'Erika en
décembre 1999 ou bien la catastrophe de l'usine AZF en septembre
2001.
On peut noter ici quelques variations des résultats
selon certaines variables sociodémographiques : les hommes semblent
nettement plus préoccupés que les femmes par la question du
« changement climatique » (49% contre 41% des femmes), de même
le degré de préoccupation pour le changement climatique augmente
avec le niveau d'étude (49% chez
les personnes qui ont quitté les études
après 20 ans contre 39% pour les personnes ayant arrêté les
études avant 15 ans (TNS Opinion & Social, 2005).
Si pour U. Beck, sociologue allemand auteur de La
société du risque, s'inquiéter des risques
écologiques est un luxe que seules peuvent se permettre les
catégories aisées et éduquées, ceci ne se constate
pas dans les faits. Ainsi cette thèse est contredite par les
études empiriques qui montrent que les craintes à l'égard
de toute une gamme de risques sont plus fréquentes parmi ceux dont les
niveaux de diplôme et de revenu sont le moins élevés. En ce
qui concerne l'effet de serre, on peut se rendre compte que ce sont les plus
démunis qui en craignent le plus souvent les conséquences (P.
Perreti-Wattel, B.Hammer, 2006).
De plus en plus de Français semblent être
convaincus que l'effet de serre est une certitude pour la plupart des
scientifiques, cependant pour un quart, l'effet de serre reste une
hypothèse controversée (32% en 2000 contre 25% en 2005)
(ADEME-RCB-ISL, 2005).
4.1.2 ... et mal compris !
4.1.2.1 Définition de l'effet de serre
En proposant une question ouverte sur la définition de
l'effet de serre, l'enquête annuelle « les représentations
sociales de l'effet de serre » (ADEME-RCB-ISL, 2005) a permis d'apporter
beaucoup d'éléments de compréhension sur les
mécanismes de perception social de ce problème. Le regroupement
des réponses selon leur contenu sémantique a en effet rendu
possible la création de catégories qui mettent en évidence
les principales représentations possibles du phénomène
:
> A la question, en quoi consiste selon vous l'effet de
serre, 25% des personnes interrogées évoquent les
phénomènes de pollution. C'est ici l'effet direct de la chaleur
qui est incriminé : la pollution est un mécanisme de production
de chaleur qui contribue à réchauffer directement
l'atmosphère dans laquelle nous vivons.
> Un autre quart des répondants lie explicitement
l'augmentation de l'effet de serre à la dégradation de la couche
d'ozone : la couche d'ozone ne protège plus la terre du rayonnement
solaire donc la terre se réchauffe. Cette confusion est
particulièrement présente chez les personnes très
diplômées.
> Seulement 14% de l'échantillon faisait
référence à l'accumulation de gaz, au CO2. Sans pour
autant affirmer que les personnes qui composent cette catégorie
possèdent une représentation scientifique du
phénomène, il s'agit des représentations qui se
rapprochent le plus du réel.
> Enfin, 13% des enquêtés décrivent
« l'effet de serre » comme un état de chaleur ou un
réchauffement sans en indiquer la cause.
Il est important de noter que le nombre de personnes ne
pouvant pas répondre à cette question a considérablement
diminué : cela représentait 19% des personnes interrogées
en 2005 contre 30% 2000. Peut être peut on imputer cette évolution
à la médiatisation croissante du phénomène : de
plus en plus de personnes peuvent avoir une représentation cognitive du
phénomène.
On peut tenter d'expliquer ces problèmes de
connaissance du phénomène de l'effet de serre en rappelant qu'une
représentation sociale est une forme de connaissance socialement
élaborée et partagée, qui permet à chacun de
s'inscrire dans son environnement, de lui donner du sens, pour s'orienter et
guider ses actes (Jodelet, 1989). Cette connaissance est ancrée dans
l'expérience, en même temps elle lui donne sens, elle obéit
à une logique propre, distincte de la pensée savante. Tout cela
produit de nouvelles associations d'idées qui peuvent être
complètement détachées de la réalité
physique des phénomènes mais qui font sens pour l'individu. Par
exemple rapprochement entre l'effet de serre et la couche d'ozone peut
s'expliquer par le fait que le problème de la couche d'ozone a
été médiatisé en premier : on pense donc le neuf
avec l'ancien en faisant des rapprochements qui font sens (Perreti-Wattel P.,
Hammer B., 2006). De plus, on peut émettre l'hypothèse que
l'utilisation dans les journaux télévisés d'images de
fumées d'usines, pots d'échappements, déchets qui
brûlent peut conduire au raccourci fait entre la chaleur émise et
l'effet de serre, tout en ignorant le rôle des gaz à effet de
serre. Plus généralement, il faut noter que la nature même
de l'effet de serre ne facilite pas sa perception : « Global climate
change is far removed from direct experience. Temperature and rainfall
variations and weather extremes of various types can be experienced, global
warming cannot. People concept of global warming comes from a jumble of
experiential data and from existing «cultural» and «mental»
models » (Bord R.J., Fischer A., O'Connor R.E., 1998).
4.1.2.2 Causes
La destruction des forêts, les activités
industrielles, les transports viennent toujours en tête des
activités perçues comme les causes premières de l'effet de
serre. A l'inverse, l'agriculture, l'élevage ou l'activité
volcanique sont perçus par une majorité de l'échantillon
comme de faibles contributeurs. Plus de la moitié des Français
considère que les voitures et les raffineries de pétrole
participent beaucoup à l'effet de serre, ils sont quatre sur dix
à en penser de même pour les avions, les bombes aérosols et
le nucléaire, trois sur dix pour le chauffage au fioul, et un sur dix
pour les réfrigérateurs et l'élevage de bovins.
On observe encore ici les confusions mentionnées plus
haut : les trois quart des personnes interrogées considèrent que
les bombes aérosols contribuent beaucoup ou assez à l'effet de
serre. Cependant, on peut souligner une évolution de la prise de
conscience du public en ce qui concerne la responsabilité du chauffage
des bâtiments dans les causes de l'effet de serre (39% en 2000 contre 64%
en 2005).
A partir des résultats de l'enquête
Baromètre Environnement EDF-R&D 2004 sur la perception des causes de
l'effet de serre Patrick Peretti-Wattel et Béatrice Hammer ont mis en
évidence l'existence de quatre profils Perreti-Wattel P., Hammer B.,
2006) :
> Le premier profil regroupe les enquêtés qui
estiment que les causes de l'effet de serre sont en grande partie dues aux
activités industrielles (centrales nucléaires, raffinerie de
pétrole) et qui sont plus souvent des femmes, moins
diplômées que le reste de l'échantillon et dont le conjoint
est agriculteur ou employé (32%).
> Le second ceux estiment qu'il y a peu ou pas de causes (3
0%).
> Le troisième profil réunit les
enquêtés qui estiment le plus souvent que toutes les causes
proposées contribuent beaucoup à l'émission de gaz
à effet de serre, sauf les centrales nucléaires. Les hommes, les
âges intermédiaires et surtout les diplômés sont
surreprésentés dans cette catégorie (2 8%).
> Le dernier profil correspond aux enquêtés qui
optent le plus souvent pour la non réponse. Il s'agit en
général de femmes de personnes jeunes et peu
diplômées (10%).
Voici toujours selon de même sondage le pourcentage de
personnes pensant que qui pensent que les causes suivantes contribuent beaucoup
à l'effet de serre : raffinerie de pétrole 58%, bombes
aérosols 41%, avions 41%, centrales nucléaires 35%, voitures 34%,
chauffage au fioul 27%, réfrigérateur 9%, élevage de
bovins 10%.
4.1.2.3 Conséquences
Lorsque l'on demande aux personnes interrogées quels
sont selon eux les risques qui seront présent à l'avenir dans les
endroits où ils habitent, les réponses qui viennent en tête
sont le « risque d'une instabilité plus grande du climat »
(81% pensent que ce risque sera très ou assez important), le «
risque de tempête » (70%) et le « risque de vagues de canicules
plus nombreuses » (70%) (ADEME-RCB-ISL, 2002).
Pour 41% de la population ce sont avant tout les «
générations futures » qui auront à subir les
conséquences des problèmes d'environnement, pour 36% ce sont les
« hommes qui vivent aujourd'hui, et pour 6% seulement ce sont « les
autres espèces vivantes » (IFEN-EDFCREDOC, 2002). On peut qualifier
cette vision d'anthropocentrique : dans la réalité se sont les
autres espèces vivantes qui ont le plus souffert des premières
conséquences du changement climatique. De plus, le fait de penser que ce
sont davantage les générations futures qui seront victimes de la
dégradation de l'environnement, peut expliquer en partie l'attentisme
des personnes qui ne se sentent pas concernées directement.
4.1.3 Un problème d'information ?
Les Français sont parmi les Européens qui se
sentent le moins bien informés sur les questions liées à
l'environnement. Un peut moins d'un Français sur deux (46%) se sent bien
ou très bien informé sur ces questions, contre 78% chez les
danois. La France se situe ainsi en 23ème position sur
l'ensemble des 25 pays de l'UE (TNS Opinion & Social, 2005). Nous pouvons
noter sur ce point que :
Les hommes (57%) se disent mieux informés que les
femmes (51%) sur les questions environnementales.
Le niveau d'éducation et l'information sont,
logiquement, directement liés : 62% des personnes ayant
étudié jusqu'à l'âge de 20 ans au moins se disent
bien informées contre 46% des personnes n'ayant pas poursuivi leurs
études au-delà de l'âge de 15 ans.
Les citoyens européens qui disent qu'ils font souvent
des efforts pour prendre soin de l'environnement se sentent mieux
informés sur les questions environnementales : 63% contre 52% des
personnes qui disent qu'elles font parfois des efforts.
62% des Français aimeraient en connaître davantage
sur les solutions aux problèmes d'environnement, seulement 17%
souhaiteraient en savoir davantage sur les problèmes
d'environnement eux même, enfin 17% indiquent qu'ils
souhaiteraient en savoir davantage à la fois sur les problèmes et
sur les solutions.
Lorsque l'on demande aux Européens quelles sont les
cinq questions pour lesquelles ils estiment manquer d'information, ils sont
seulement 26% à citer la question du changement climatique (22% des
Français) qui arrive donc en septième position alors qu'on l'a vu
le manque de connaissances sur le sujet est du à un manque
d'informations ! La question la plus citée par les Français est
celle de l'impact sur notre santé de produits chimiques utilisés
dans les produits de tous les jours.
Lorsque l'on demande aux français en qui ils font le
plus confiance à propos des questions environnementales, on constate que
ce sont les scientifiques qui viennent en tête suivis des associations
environnementales puis les associations de consommateurs. En revanche les
Français sont ceux qui accordent le moins de confiance dans les
informations véhiculées par la télévision.
Cependant, lorsque l'on demande aux Français de citer leurs trois
principales sources d'information sur l'environnement ce sont les «
journaux télévisés » (65%) qui arrivent en
tête, suivis par « les films et les reportages à la
télévision » (49%) puis par les journaux (47%) (TNS Opinion
& Social, 2005). On constate ainsi une certaine contradiction entre la
faible confiance accordée à la télévision sur ce
thème est le fait que ca soit la principale source d'information.
4.2 Intentions de comportements/comportements
déjà mis en oeuvre : cas du changement climatique
4.2.1 Quelles solutions au problème du changement
climatique ?
Les trois quarts des Français ont conscience qu'un
changement important de nos modes de vie
sera nécessaire pour empêcher l'augmentation de
l'effet de serre. Cette opinion domine les idées que le progrès
technique permettra de trouver des solutions pour empêcher l'augmentation
de l'effet de serre (12%), ou qu'il n'y a rien à faire, que le
réchauffement de l'atmosphère est inévitable
(ADEME-RCB-ISL, 2005).
On constate tout de même que les Français sont
relativement réticents à l'adoption de mesures visant à
lutter contre l'effet de serre qui remettraient en question une liberté
(mesures restrictives : seuls 53% sont favorables à abaisser la
limite sur route à 110 km/heure, 40% à
interdire la climatisation dans les voitures...), ils sont
davantage favorables à des mesures positives (qui ne remettent pas en
causes leur liberté, voir qui leur donne plus de droits par exemple le
fait de consentir des prêts à taux intéressants pour
acquérir des logements plus économes en énergie, 89%) ou
à celles qui ne touchent qu'une partie de la population (limiter la
vitesse des automobiles dès leur fabrication en usine (77%) ou encore
taxer les véhicules qui consomment beaucoup d'énergie
(63%))(ADEME-RCB-ISL, 2005).
Au niveau des comportements privés, on constate que ce
sont les économies d'énergie liées au transport
(utilisation des transports en commun, des voitures économes en
carburant) qui selon l'opinion sont le plus efficaces pour réduire les
émissions de gaz à effet de serre. L'efficacité d'une
meilleur isolation des logements est ici largement sous estimée.
Plus de la moitié des Français pensent que
l'augmentation d'une prise de conscience générale sur
l'environnement pourrait résoudre efficacement les problèmes
d'environnement (5 5%, soit 10 points de plus que la moyenne européenne)
(TNS Opinion & Social, 2005).
4.2.2 Quels sont les niveaux d'actions les plus
adaptés à la protection de l'environnement?
Les citoyens français pensent que c'est l'Union
européenne qui constitue le niveau le plus
approprié pour prendre des décisions pour
protéger l'environnement (3 7%), viennent ensuite les gouvernements
régionaux (34%, +12 points par rapport à la moyenne
européenne) (TNS Opinion & Social, 2005). Sur ce point nous n'avons
pas trouvé de données spécifiques à la lutte contre
le changement climatique.
4.2.3 Niveau individuel : quels sont les effort
consentis, quels sont ceux envisageables ?
Pour mesurer la capacité d'effort des français
à protéger l'environnement l'enquête « Les
Français et l'environnement : opinions et attitudes au
début 2002 » a proposé de mettre en évidence quels
seraient les sacrifices consentis pour protéger l'environnement à
partir de certains indicateurs. On obtient ainsi les résultats suivants
(IFEN-EDF-CREDOC, 2002):
- 44% de la population se dit prête à accepter un
ralentissement économique pour protéger l'environnement.
- 37% des personnes consentiraient à moins de confort
- 28 % accepteraient un niveau de vie plus faible - 8 %
admettraient une augmentation du chômage
La population, dans sa plus grande partie, n'est donc pas
prête à sacrifier les fruits de la croissance ni son confort
personnel et son niveau de vie pour la cause environnementale. 41% des
personnes interrogées refusent toute idée de sacrifice pour
préserver l'environnement alors que seulement 18% sont prêts
à consentir à tous ces sacrifices : la population est encore loin
de se montrer profondément motivée.
Il existe un lien entre la déclaration de
sensibilité aux problèmes d'environnement et le fait d'accepter
de faire des sacrifices pour le préserver. Par exemple 34% des personnes
qui se disent très sensibles aux problèmes d'environnement sont
prêtes à accepter un niveau de vie plus faible dans le but de le
protéger alors qu'elles ne sont que 17% chez les personnes qui se disent
peu ou pas du tout sensibles aux problèmes de l'environnement. Ceci est
valable pour les autres types de sacrifices. Mais il faut noter que ce lien
n'est pas systématique : alors que l'on a vu que neuf personnes sur dix
se déclarent « assez » ou « très sensibles aux
questions environnementales 62% seulement se disent prêt à payer
plus cher (10% de plus) des « produits verts » qui respectent
l'environnement. Parmi les personnes qui se disent prêtes à
acheter plus cher des produits préservant l'environnement seulement la
moitié d'entre elles (53%) a régulièrement acheté
en 2001 des produits issus de l'agriculture biologique. Là encore, on
voit que les déclarations ne correspondent pas aux comportements
effectifs.
Lorsque l'on demande aux Français les actions qu'ils
font ou seraient prêts à faire dans le but d'économiser de
l'énergie, on constate qu'une grande majorité déclare
déjà prendre des douches plutôt que des bains, trier ses
déchets et éteindre les appareils en veille. Une partie des non
négligeables des enquêtés déclarent qu'ils
pourraient facilement équiper leur logement en lampes basse consommation
et baisser la température de leurs logements de deux ou trois
degrés en hiver : ces changement de comportement pourraient constituer
des économies considérables d'énergie ! En revanche,
l'utilisation des transports en commun reste difficilement envisageable voir
impossible pour la moitié des enquêtés, alors qu'on l'a vu
plus haut elle est considérée comme la solution la plus efficace.
(ADEME-RCB-ISL, 2005)
Il serait intéressant ici de savoir pourquoi les
enquêtés ne peuvent pas se passer de leur voiture : réel
manque d'infrastructure, manque d'informations sur celle-ci, ou perte de
confort inenvisageable ?
Si l'on laisse les interviewés formuler librement les
actions ou comportements qu'ils seraient prêts à adopter, dans la
vie de tous les jours pour contribuer à éviter l'effet de serre,
on voit que les réponses qui arrivent en tête sont la limitation
de l'usage des voitures (pour les trajets courts...), le tri des
déchets, les économies d'énergie, l'utilisation de
voitures moins polluantes (GPL, électriques...), l'utilisation des
transports en commun, ne plus utiliser d'aérosols(ADEME-RCB-ISL,
2005).
Les données produites par l'ensemble de ces
enquêtes mettent donc en évidence l'existence d'écart entre
les déclarations générales et les comportements effectifs,
d'où l'importance d'insérer des questions permettant de
vérifier les déclarations.
Le tableau présenté sur la page suivante
résume les résultats de ces enquêtes qui nous semblent
significatifs dans le cadre de notre travail. Il est important de souligner que
la grande majorité des sondages que nous avons étudié font
appel à des questions fermées (excepté le questionnaire
sur « Les représentation sociales de l'effet de serre ») qui
ne permettent pas de saisir l'ensemble des logiques sociales et cognitives se
cachant derrière les résultats. La réalisation
d'entretiens qualitatifs, dans le cadre de notre recherche, nous a donc
semblé indispensable pour mettre en évidence ces processus
sociocognitifs.
Présentation des principaux résultats des
enquêtes officielles
Nom de l'enquête
|
Principaux résultats
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·
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Les Français paraissent moins préoccupés par
le changement climatique que la moyenne européenne
|
Sondage EUROBAROMETRE Spécial 217
|
·
|
Les Français sont parmi les européen qui se sentent
le moins bien informé vis-à-vis du changement climatique
|
"Attitudes des citoyens vis-à-vis
de l'environnement »
|
·
|
Les Français sont relativement optimisme face aux
problèmes environnementaux : plus de la moitié pense que
l'augmentation d'une prise de conscience permettrait de résoudre
efficacement les problèmes environnementaux.
|
|
·
|
Les problèmes environnementaux ne sont pas ceux qui
préoccupent les Français
|
|
·
|
La grande majorité des français se disent sensibles
aux problèmes d'écologie
|
Les français et l'environnement : opinions
et
|
·
|
La majorité des Français ne sont pas prêt
à sacrifier la croissance et leur confort personnel pour la cause
|
attitudes au début 2002
|
|
environnementale
|
|
·
|
Même s'il existe un lien entre sensibilité
environnementale et pratiques environnementales, on observe un décalage
entre les déclarations générales et les comportements
effectifs
|
|
·
|
Pour les Français le problème de l'effet de serre
n'est pas le problème d'environnement le plus important
|
|
·
|
Un quart des Français considère l'effet de serre
comme une hypothèse scientifiquement controversée
|
Enquête sur "Les représentations sociales
de
|
·
|
L'effet de serre est un phénomène mal compris
(mécanisme, causes, conséquences)
|
l'effet de serre"
|
·
|
Les Français ont conscience qu'un changement important de
nos modes de vie sera nécessaire pour lutter contre l'effet de serre
|
|
·
|
Les Français sont relativement réticents à
l'adoption de mesures visant à lutter contre l'effet de serre
|
|