Cette partie de l'étude abordera successivement la
problématique et l'intérêt de l'étude, les objectifs
et les hypothèses de recherche et la revue de littérature.
Paragraphe 1 : Problématique et
intérêt de recherche. I- Problématique de
recherche
Au lendemain des indépendances, les pays africains se
sont retrouvés face à leur destin. L'espoir d'une vie meilleure
faite de quiétude morale et de paix véritable devait, soudain,
s'effondrer car ne disposant pas d'un tissu économique véritable
pouvant assurer leur développement suite aux affrontements sanglants qui
ont accentué le déséquilibre entre pays
industrialisés et pays en développement, développé
les inégalités entre les nations, avancé la
pauvreté ; tout ceci avec pour toile de fond une crise économique
aiguë (UNESCO; 1981).
L'option socialiste de développement adoptée
par le Bénin entre 1972 et 1990 s'est traduite par la
prédominance de l'Etat dans le secteur productif et financier de
l'économie au détriment du secteur privé. Dans de
multiples domaines (banques, industrie sucrière, cimenterie,
pétrole, engrais,...), les entreprises nationalisées, intensives
en capital, jouissaient d'un confortable monopôle et d'un niveau de
protection élevée. De ce fait, elles se sont
avérées peu efficaces et extrêmement coûteuses pour
la collectivité. L'activité économique privée, par
contre, prisonnière d'un carcan de réglementation contraignante
et soumise au harcèlement social, ne comptait guère sur des
incitations adéquates à l'épanouissement de ses
initiatives3.
Les années "80" ont été pour
l'économie béninoise des années difficiles,
caractérisées
par un ralentissement de la croissance et de
grands déséquilibres internes et externes.
3 République du Bénin : Etude sur la
relance du secteur privé au Bénin, Cotonou, Ministère du
Plan et de la Restructuration Economique, 1993, document polycopié
Reflet de cette situation, l'économie a accusé
une faible croissance annuelle moyenne de 2,1 pour cent, soit inférieur
à l'accroissement de la population qui était de 3,2 pour
cent4 pendant la période.
Inflation galopante, hausse vertigineuse des prix des
importations, réduction sensible du pouvoir d'achat et par ricochet du
niveau de vie des populations; affaiblissements des structures de productions
locales et conséquemment accroissement du chômage sont là
quelques manifestations de cette crise qui a pratiquement croulé
l'économie béninoise vers la fin des années 80. Cette
situation de graves déséquilibres que le gouvernement ne
parvenait plus à maîtriser conduit à de graves tensions
politiques et sociales. Vers la fin de 1989, le mécontentement à
l'égard du régime à parti unique entraîna sa chute
après la Conférence des Forces Vives de la Nation, tenue en
février 1990, qui a permis d'opter pour le libéralisme
économique.
A l'occasion de cette relance politique de 1990, une
importante réunion s'est tenue à Genève les 2 et 3 Avril
1992. Organisée par le gouvernement béninois avec la plupart des
bailleurs de fonds, la rencontre a pour objectif de réfléchir sur
les nouvelles stratégies de développement du Bénin. Parmi
les six domaines dans lesquels le gouvernement devait s'orienter, le secteur
privé a été choisi pour soutenir le développement
économique du pays. Il sera retenu alors l'organisation d'une table
ronde sur le secteur privé national qui s'est tenue les 3 et 4 novembre
1994 à Cotonou. Ainsi, démarrait une nouvelle ère d'espoir
pour l'économie béninoise; avec comme source de richesse le
secteur privé.
Un programme de redynamisation économique par le biais
de la création d'entreprises a été défini. Mais
l'on a très tôt constaté que les entreprises
créées sont peu efficaces du fait essentiellement du manque de
connaissances en management d'une part et de financement d'autre part.
Conséquence, on assiste à la faillite de plusieurs entreprises.
Selon l'INSAE (Base de données SATUNE, 2001) 70,15% des entreprises
créées entre 1977 et 1999 sont déjà mortes.
L'observation nous a permis de constater que généralement, les
PME, tête de peloton du secteur privé, naissent autour d'un
homme
4 MALDONADO, C. : Secteur informel : Fonction
macro-économique et politiques gouvernementales ; Cas du Bénin,
OIT (Genève OIT, 1998, document de recherche S-INF- 1-18)
dont les origines (parents riches ou pauvres), la formation
et la personnalité conditionnent très fortement la structure, les
pratiques et la vie de l'entreprise. Or, dans le contexte actuel du
Bénin où la création d'entreprise est un fait
récent, ces éléments sont loin d'être des facteurs
de progrès. Il va s'en dire que les PME restent un coup d'essai dont les
acteurs ne prennent pas souvent les dispositions nécessaires.
Les déficiences d'organisation des PME constituent le
problème général. Ces déficiences se remarquent
à deux niveaux avec chacun un problème spécifique. Primo
les entrepreneurs n'ont pas la capacité managériale
nécessaire pour diriger et gérer leurs entreprises. Secundo les
PME n'ont pas suffisamment accès aux crédits pour le financement
de leurs activités.
Comme nous le savons, au Bénin et dans la plupart des
pays africains, les recettes de l'Etat sont essentiellement fiscales. Les
droits de douanes et les impôts perçus par les régies
financières proviennent en partie des entreprises, notamment celles du
secteur privé. L'économie béninoise est à bout de
souffle et sa croissance s'est affaiblit ces cinq dernières
années.
L'entreprise étant l'expression active et pratique des
mécanismes économiques d'une société donnée,
sa finalité est non seulement la rentabilité financière et
économique mais également la rentabilité sociale et
politique. Cette finalité illustre bien l'importance qui doit être
accordée à l'entreprise notamment les PME à travers leur
management et leur financement.
Qu'est-ce qui explique l'incapacité managériale
des entrepreneurs ? Que faut-il faire pour faciliter l'accès aux
crédits des PME ?
La recherche des réponses à ces questions fera
l'objet de notre étude. II- : Intérêt de
recherche
Les PME méritent d'être encouragées en
raison du grand intérêt et des merveilleuses possibilités
qu'elles offrent du point de vue:
· de la création d'emplois ;
· de la réduction de la pauvreté ;
· de l'établissement d'un potentiel technologique
local ;
· de la création d'un cadre propice à la
formation de gestionnaires et de chefs d'entreprises ;
· de la fourniture de services auxiliaires aux grandes
entreprises ;
· de la participation au développement du pays.
Paragraphe 2 : Objectifs et hypothèses de
recherche. I - Objectifs de recherche
L'objectif général de cette étude est de
contribuer à l'amélioration de l'organisation des PME au
Bénin.
Quant aux objectifs spécifiques poursuivis, il s'agira de
:
- Identifier les conditions d'un meilleur
management des PME.
- Envisager les conditions d'accès
facile des PME au financement.