B - Financement des PME au Bénin.
Les problèmes de financement constituent une
barrière forte à la croissance des entreprises. Pour les
différents secteurs, le coût des financements et l'accès
aux financements sont des préoccupations importantes pour 64 à 78
% des chefs d'entreprises (Enquêtes Climat des
Investissements)11. Pourtant, le nombre d'institutions de micro
crédits s'est augmenté en passant de 71 à 81 entre 2002 et
2004 (BCEAO, 2004)
Pour KOUE12, les difficultés d'accès
au financement sont dues essentiellement à la mauvaise
compréhension que les porteurs de projets ont de la notion de
financement externe ou bancaire. Il définit le financement externe comme
un complément aux efforts de financement du promoteur. Cela suppose donc
que le promoteur, géniteur de l'idée de projet fasse d'abord le
premier geste, source de motivation du financeur. Le
9 SOUFIANO Ataou : Président de la Chambre de
Commerce et de l'Industrie au Bénin lors d'une réunion de
concertation entre les opérateurs économiques et le Chef de
l'Etat sur la relance de l'économie béninoise en 2006
10 Magazine de l'Entreprise n°30, 2004
11 Banque Mondiale, « Enquête
d'Investissement au Bénin » ; Programme Régional sur le
Développement des Entreprises, 2005
12 Magazine de l'Entreprise n051, 2006
financement externe ne peut donc se substituer au financement
propre ou interne du promoteur qui doit démarrer la préparation
de la réalisation de son projet par un effort d'accumulation du
patrimoine ou capital de risque a-t-il ajouté. Ainsi, la source de
financement bancaire ne peut être accessible au promoteur qu'à la
condition que le porteur de projet dispose au préalable d'un apport ou
d'un patrimoine représentant un certain pourcentage consistant du
coût du projet. Cet apport provient du sacrifice personnel que l'on
appelle épargne et qui permet de contribuer à la
réalisation de l'objectif de création d'entreprise. C'est de
cette épargne que l'on prélève l'apport
considéré comme l'une des principales conditionnalités
d'accès au crédit. Le financement d'une entreprise est donc un
processus qui implique deux acteurs associés : le promoteur qui fournit
l'apport et la garantie ; le bailleur ou le financeur externe qui fournit le
crédit ou le financement complémentaire. Il continue en ajoutant
que c'est un effort collectif où chacun doit jouer sa partition et qu'il
n'est pas juste d'accuser les banques de manque de sensibilités aux
problèmes de promoteurs si ceux- ci sont incapables de jouer
efficacement leur rôle. Mais il se pose la question de savoir : « le
promoteur de la sous - région a-t-il les dispositions nécessaires
pour appréhender toute l'importance rattachée à la notion
d'épargne qui permet de jouer ce rôle dans une région
où l'éducation économique et la culture d'entreprise ne
sont pas des valeurs communément partagées ? Que doit - on faire
pour amener le promoteur sous - régional à s'inscrire dans la
logique du financement de leurs projets ». A cet effet il propose de
promouvoir la culture d'épargne en favorisant, entre autres, la mise en
oeuvre d'instruments de collecte de l'épargne de proximité et en
faisant la promotion de vertus de l'épargne auprès des
populations de la sous - région. Cette promotion devait être
soutenue par l'éducation à l'épargne ou à la
gestion des finances personnelles a t-il ajouté. Nous partageons en
partie l'idée de KOUE ; mais pour le moment, il est nécessaire
que l'on trouve une solution à comment financer à un coût
faible les projets des entrepreneurs en attendant qu'ils acquièrent la
culture de l'épargne.
KAUFFMAN13, de son côté, trouve que les
PME en Afrique souffrent d'un accès au financement limité qui
contraint leur émergence et leur
développement. L'autofinancement et les associations informelles
d'épargne et de crédit-les tontines-
13 Magazine de l'Entreprise n045, 2005
restent leurs sources de financement principales. Les
mécanismes sont cependant peu fiables, peu prévisibles et
limités dans leur rôle de mutualisation du risque en raison de
leur concentration régionale ou sectorielle. L'accès aux
financements formels reste quant à lui médiocre, en raison du
risque de défaut important associés aux PME et de l'insuffisance
des instruments financiers existants a-t-il ajouté. Les petits
entrepreneurs au Bénin et en Afrique en général sont
rarement en mesure de satisfaire aux conditions fixées par les
institutions financières, en raison du manque d'informations sur les
capacités de remboursement des entrepreneurs et de la faiblesse des
garanties dont ils disposent. En ce référant au cours
d'économie bancaire14, la prise de garantie n'est pas
obligatoire mais la banque la requiert lorsque le risque paraît
élevé. Pour le cas des PME, ce risque est souvent
élevé par manque d'informations ; ce qui rend élevé
la garantie des petits entrepreneurs. Or ces derniers ne peuvent pas fournir
ces garanties ; il en est de même lorsque le promoteur au lieu qu'il
fournît son apport personnel et/ou la garantie, n'est en mesure de
remplir aucune de ces conditions. C'est ainsi que l'on distingue des garanties
réelles qui portent sur des biens et qui prennent la forme
d'hypothèque, de nantissement et des garanties personnelles
apportées par un tiers sous la forme d'un cautionnement ou aval.
Parallèlement, le système financier de la plupart des pays
d'Afrique est sous - développé et offre peu d'outils de
financement : les marchés des capitaux restent embryonnaires,
l'actionnariat est limité et les instruments de financement à
long terme sont presque inexistants pour les PME. Les intermédiaires
financiers non bancaires, tels que les organismes de microcrédit,
pourraient jouer un rôle important dans les prêts aux PME, mais ne
disposent pas de capacités suffisantes pour suivre leurs clients lorsque
ceux- ci se développent. La disponibilité du crédit est
une chose; mais son coût et son échéance en sont
d'autres.
Bien que la loi sur l'usure promulguée en juin 2004
fixe le seuil d'usure à 18% pour les banques et établissements
financiers et à 27% pour les IMF, la situation n'a pas beaucoup
changé. Compte tenu de cette loi, les IMF n'arrivent pas à
manipuler le taux d'intérêt nominal à volonté. Face
à une telle situation, elles agissent sur d'autres
éléments qui, en définitive, alourdissent le taux
d'intérêt effectif supporté par l'emprunteur. Selon
ACCLASSATO (2006), ces éléments sont l'exigence d'une
épargne
14 Cours d'Economie Bancaire, SE3, FASEG,
U.A.C, 2004-2005
préalable non rémunérée, les
remboursements anticipés, les frais de dossiers
(généralement inférieurs à 5000 francs CFA et
parfois une prime d'assurance (entre 1 et 2% du montant emprunté) et
enfin ; la constitution d'un fonds de garantie non
rémunéré variant entre 10 et 20% du montant
emprunté, selon les modalités de remboursement et restituable
seulement après un remboursement intégral.
C'est l'ensemble des éléments
précités qui forment le taux effectif global (TEG). En effet, le
taux effectif global mesure le coût total d'un crédit pour
l'emprunteur (TEG = Taux d'intérêt + Frais de dossier + Frais
divers et assurance).
En 2004, par exemple, PADME affiche un TEG annuel égal
à 36,58%, PAPME 44,62%, FECECAM 40,99% et MDB 46,59% alors que leur taux
d'intérêt mensuel affiché est de 2%. Ces taux sont
largement supérieurs au seuil fixé à 27%.
Par contre AMOUSSOUGA (2007), sur une chaîne de
télévision béninoise, a affirmé que «Le taux
indicateur utilisé dans les IMF béninoises aujourd'hui se situe
entre 20 et 22%. »15 . Quant à KOTA (2007), « les
taux d'intérêt des microcrédits sont très
élevés (de 20 à 35%) même si l'on tient compte de
l'inflation ».16
Par ailleurs, l'analyse du tableau relatif à la
répartition, par terme, de l'encours des crédits montre que les
financements accordés par les Systèmes Financiers
Décentralisés (SFD) en 2002 sont en partie à court terme
dans la mesure où ceux-ci représentent près de 87,9% du
portefeuille des SFD. Cette proportion est quasiment au même niveau qu'en
200117 (Voir Annexe 4).
Les PME béninoises restent encore très fragiles
et soumises à beaucoup de contraintes comme l'insuffisance des
capacités entrepreneuriales, l'insuffisance des capacités
d'épargne et d'accumulation, la faiblesse de la formation. Gérer
une entreprise, c'est coordonner les ressources humaines, techniques, et
financières en vue de réaliser des profits.
15 Déclaration faite par Fulbert AMOUSSOUGA
Géro; Doyen de la FASEG et Président du Conseil d'Analyse
Economique (à la Présidence de la République du
Bénin) sur Golf FM (Bénin) le 11 mars 2007.
16 KOTA Ina, Finances & Développements,
Juin 2007
17 BCEAO (DSFD) : Monographie des SFD, Bénin,
2002
Somme toute, le management et le financement des PME sont
quelques uns des problèmes majeurs qui préoccupent les uns et les
autres. Le développement de toute entreprise en dépend. Aussi, a
affirmé Nguyen Tien Hung : « lorsque le crédit va de pair
avec la formation, les emprunteurs deviennent plus productifs et ont plus de
chances de pouvoir rembourser leur prêt »18.
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