2.2.4 Pauvreté et
stratégie de réduction
Selon le MINEPAT (2003 : 11), une analyse quantitative a
montré que le taux de pauvreté au Cameroun reste encore
élevé à 40,2 % de la population en 2001, tandis qu'une
analyse dynamique a indiquée que les gains en terme de réduction
de l'incidence de la pauvreté entre 1996 et 2001 sont plus le fait de la
croissance que celui de la redistribution.
Pour le Fonds International pour le Développement
Agricole (FIDA), la pauvreté est un phénomène vaste,
complexe et partiellement subjectif qui varie dans le temps, dépend des
capacités et du bien-être, et est en partie relatif dans la mesure
où il est lié aux normes, à des comparaisons et à
des attentes. Il considère que sa lutte doit être
diversifiée et avoir plusieurs cibles. Les solutions doivent
être multidisciplinaires et intégrer les aspects
économiques, sociaux, politiques et institutionnels.
Selon Kamdem et PRE (2001 : 20), la pauvreté est
appréhendée comme un manque de moyen, ce manque étant
absolu ou relatif aux voisins. Il n'y a donc de pauvres que s'il y a des riches
et des classes moyennes, que s'il existe une différenciation sociale par
les conditions d'accès aux ressources productives.
Pour Weit (1996), la pauvreté est moins due à
l'absence de richesses suffisantes qu'à l'accroissement des
inégalités.
Au Cameroun selon le MINEPAT (2003), elle varie
considérablement selon les régions, passant du simple au double
entre des zones urbaines où l'incidence est de 22 % en moyenne et des
zones rurales où elle atteindrait 50 %.
Kamdem et PRE (2001 : 20) déclare que la
pauvreté ne traduit plus simplement une inégalité de
distribution des revenus, mais aussi une inégalité dans la
distribution du pouvoir politique.
Selon le FIDA (2001), la pauvreté est aussi
liée à l'impossibilité d'exploiter son potentiel en raison
du manque de ressources, du fait que les soins de santé et
l'éducation sont inaccessibles.
La Banque Mondiale (1996) cite parmi les causes de la
pauvreté :
- l'insuffisance d'accès aux possibilités
d'emploi;
- l'insuffisance des actifs physiques, notamment la terre et
le capital, et l'accès
minime des pauvres aux crédits, même pour les
montants réduits;
- l'insuffisance d'accès aux moyens qui permettent
d'appuyer le développement
rural dans les régions pauvres;
- l'insuffisance d'accès aux marchés où
les pauvres peuvent vendre des biens et
services;
- la faible dotation en capital humain;
- la destruction des ressources naturelles qui entraîne
une dégradation de
l'environnement et une baisse de productivité;
- l'insuffisance d'accès à l'aide pour les
personnes qui vivent à la marge et pour
celles qui sont victimes de pauvreté transitoire;
- l'absence de participation, les pauvres n'étant pas
associés à l'élaboration des
programmes de développement.
Pour Ngassam (1966), la pauvreté est causée par
l'insuffisance de capital. Quand les revenus sont bas, il est impossible
d'épargner. L'épargne étant une condition de
l'investissement et donc une source de progrès économique et
social.
Le FIDA (2001) distingue à travers le seuil de
pauvreté, la pauvreté absolue et la pauvreté relative.
Ainsi on parlera de pauvreté absolue lorsque le niveau de revenu
correspondant à la valeur de l'apport alimentaire minimal
nécessaire pour la survie de certains besoins non alimentaires est
considéré comme seuil de pauvreté. La pauvreté
relative quant à elle se fonde sur l'idée que les besoins
minimaux varient en fonction de la stratification et du degré de
décision de travail dans la société d'une part et de la
pauvreté globale d'autre part.
La différence entre les deux notions tient au fait que
la pauvreté absolue néglige les aspects distributionnels de la
pauvreté.
Plusieurs méthodes de définitions du seuil de
pauvreté sont proposées par le FIDA (2001) :
- la méthode de l'apport énergétique
alimentaire;
- la méthode fondée sur les coûts et les
besoins essentiels;
- la méthode de la part de l'alimentation;
- la méthode du seuil de pauvreté
international;
- la méthode de la consommation relative.
Une combinaison de ces méthodes permet de
définir un seuil de pauvreté qui permettrait de faire des
projections sur le taux de réduction de la pauvreté à long
terme.
Ainsi agir efficacement contre la pauvreté revient
selon le Fonds Monétaire International à mettre en oeuvre une
stratégie de lutte qui doit veiller à ce que les politiques
macroéconomiques, structurelles et sociales d'un pays cadrent avec les
objectifs en matière de lutte contre la pauvreté et de
développement social.
Selon Gautier (2001 : 6), la stratégie de
réduction de la pauvreté mise en place par les pouvoirs publics
suppose un suivi statistique et donc l'élaboration d'un certain nombre
d'indicateurs qui permettraient régulièrement de faire le point
sur les actions engagées. L'approche stratégique devrait
concilier la performance économique et la nécessité
d'assurer le développement social dans un contexte de réduction
de la pauvreté (MINEPAT, 2003).
Pour Kamdem et PRE (2001) la lutte contre la pauvreté
ne saurait se résumer dans le secteur rural à faciliter
l'accès à un hypothétique revenu, mais elle doit permettre
à l'individu d'être avant tout maître de son destin et de
donner aux populations la liberté de négocier les choix vitaux
qui les concernent.
L'UNICEF (1996) relève que toute action qui veut
apporter des modifications significatives dans les conditions de vie des
très pauvres dans la place qu'ils occupent dans une communauté
doit s'interroger sur le long terme.
Le FIDA (2001) affirme que la réduction de la
pauvreté n'est quelque chose que les gouvernements, les agences de
développement ou les ONG peuvent faire pour les pauvres. C'est aux
pauvres eux-mêmes de prendre la responsabilité de leur propre
développement en devenant les agents du changement. Ainsi d'après
le MINEPAT (2003), toute solution susceptible de contribuer à la
réduction de la pauvreté devrait se baser essentiellement sur des
stratégies de génération des revenus ainsi que
l'amélioration du cadre de vie.
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