II.3. Opérationnalisation du cadre
théorique
Afin d'opérationnaliser notre cadre théorique,
il nous revient donc à définir le concept clé de la
recherche, et en faire un concept opératoire, c'est-à-dire un
concept dont on détermine les dimensions et les indicateurs. C'est ce
que nous allons faire dans les lignes qui suivent.
II.3.1. La construction du concept
La construction du concept se fait d'abord par son
identification à partir des hypothèses. Ainsi, nous avons retenu
le concept « intégration » que nous avons
essayé d'expliquer.
II.3.1.1. Intégration
La notion d'intégration sera réservée ici
au processus résultant d'une démarche volontaire de deux ou de
plusieurs ensembles de partenaires, appartenant à des États
différents, en vue d'une mise en commun d'une partie de leurs
ressources. Ce processus a pour finalité l'émergence et le
renforcement de relations techniques et économiques
d'interdépendance structurelle, à effets d'entraînement
positif sur les revenus. Si on admet une telle définition, on se rend
compte que les entités géographiques produites par la
colonisation de l'Afrique (l'Afrique occidentale française,
l'Afrique-équatoriale française, l'Union douanière
d'Afrique australe (SACU), etc.) ne sont pas le résultat ou la
matérialisation d'un processus d'intégration (N. Bourenane,
1996).
Quant à Jean-Marc Siroën (2004, p. 3), lui voit
dans l'intégration régionale un moyen pour des pays
géographiquement proches entre lesquels les relations économiques
tendent à s'affranchir des frontières politiques pour favoriser
la formation des marchés intégrés. Pour Bourenane (1996,
p. 65), l'intégration est un « processus résultant
d'une démarche volontaire de deux ou de plusieurs ensembles de
partenaires, appartenant à des États différents, en vue
d'une mise en commun d'une partie de leurs ressources. Selon cet
auteur, ce processus a pour finalité l'émergence et le
renforcement de relations techniques et économiques
d'interdépendance structurelle, à effets d'entraînement
positifs sur les revenus.
La notion d'intégration devrait davantage être
couplée avec celle de construction communautaire. Cette dernière
rend compte de la nature collective d'un processus de construction d'un espace
collectif, entrepris de façon consciente, négociée et
irréversible, par des partenaires ayant choisi de partager un même
destin, dans un cadre politico-institutionnel préalablement
établi et choisi par eux, sur une base négociée, en se
fondant sur une vision stratégique de leur avenir en commun.
Dans le même ordre d'idée, il y a lieu de
distinguer entre l'intégration régionale et l'intégration
économique. Cette dernière recouvre l'intégration
d'activités économiques, de secteurs ou de segments de
filières, dans une perspective de rationalisation de la gestion des
ressources et de maximisation des profits et des revenus. De ce point de vue,
la dimension géographique, notamment la proximité spatiale, n'est
pas toujours déterminante, contrairement à la notion
d'intégration régionale qui est d'abord fondée sur la
définition de l'espace géographique et physique. Plus qu'un
simple support aux activités à intégrer, l'existence de
cet espace devient un préalable, un facteur déterminant, dans
l'émergence et la concrétisation du sentiment d'appartenance
culturelle et politique à un ensemble déterminé, d'une
vision partagée de l'avenir.
Dans les écrits sur le sujet, on tend souvent à
confondre ces deux conceptions. Pourtant, elles ne se recoupent que
partiellement. Bien plus, l'intégration économique ne peut
s'opposer à l'intégration régionale, lorsqu'elle favorise
l'intégration de régions lointaines, aux dépens des
espaces les plus proches. Ainsi l'intégration régionale se
distingue des notions apparentées en ce qu'elle est volontaire
(contrairement à l'union, qui peut ne pas l'être), construite sur
une base collective, recouvrant la mise en oeuvre d'un processus de
construction communautaire (et dépassant le simple processus de
coopération), et régionale, c'est-à-dire fondée sur
un espace de proximité géographique (ce qui la distingue de
l'intégration économique sui generis).
D'autres auteurs ont analysé le nouveau
régionalisme, et plus particulièrement l'intégration
régionale économique, à l'aide d'approches purement
économiques ou transactionnalistes. Les auteurs associés à
ces écoles tendent à définir le régionalisme en se
basant sur ses manifestations observables plutôt qu'à tenter
d'expliquer le phénomène (J.J. Schott, 1991). Certains ont
adopté une définition formelle du régionalisme. Ainsi, ils
emploient cette expression uniquement pour désigner une situation
où des États traitent les produits importés
différemment selon leur provenance (création d'accords de
libre-échange, d'unions douanières, de marchés communs ou
conclusions d'accords préférentiels (J.J. Schott, 1991).
Par ailleurs, d'autres auteurs donnent un sens plus large au
concept de régionalisme. Ils font allusion à un
phénomène plus diffus qui existe lorsque l'on peut constater que
l'activité transnationale est plus soutenue entre les pays d'une
même région qu'entre ces mêmes pays et le reste du monde. Un
peu comme le faisaient les pluralistes il y a quelques années pour
étudier l'intégration régionale (K. Deutsch, 1957&
D.Puchala, 1970). Ces auteurs s'appuient sur l'observation des transactions
transnationales pour prouver l'existence de «régions» et pour
identifier les pays qui en font partie. Dans la majorité des travaux de
ce type, les indicateurs mesurent les flux commerciaux. On s'attarde aussi,
dans certains cas aux mouvements de capitaux et de main d'oeuvre (A.
Bollard et D. Mayes, 1992 et R.C. Hine, 1992 et A. Sapir, 1992 & C.A. Primo
Braga, R. Sadafi et A. Yeats, 1994).
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