L'impact macroéconomique d'un consortium d'exploitation pétrolière : le cas de l'unité de production de Doba au Tchad( Télécharger le fichier original )par Siniki BOPABE Université Catholique d'Afrique Centrale - Maitrise 2007 |
I. Approche institutionnelle et évaluation du secteur productifComme pour les ménages, cette approche institutionnelle est celle retenue par la CN. Nous étudierons ensuite l'agrégat retenu toujours par celle-ci pour évaluer le secteur productif. A. APPROCHE INSTITUTIONNELLE DU SECTEUR PRODUCTIF Elle distingue les sociétés financières des sociétés non financières. 1. LES INSTITUTIONS NON FINANCIÈRES Les institutions non financières constituées par les sociétés et quasi-sociétés non financières sont des unités institutionnelles résidentes dont la fonction économique principale est « la production de biens et services marchands non financiers »10(*). Plusieurs dissociations permettent d'établir la diversité des sociétés et quasi-sociétés non financières. Nous nous appuyons sur la considération juridique dans un premier temps puis la considération économique dans le second. a. La nature juridique des sociétés et quasi-sociétés non financières La nature juridique des sociétés et quasi-sociétés non financières conduit à distinguer les sociétés privées des sociétés publiques. 1) Les sociétés et quasi-sociétés publiques Les sociétés et quasi-sociétés publiques sont toutes les sociétés qui sont contrôlées par l'Etat ou par les collectivités publiques et qui jouissent de la personnalité juridique. Elles ont des statuts juridiques différents. On y trouve : Ø des établissements publics à caractère industriel et commercial. Il s'agit des sociétés dont tout le capital social appartient à l'Etat ; Ø des sociétés d'économie mixte ; Ø des sociétés à statut juridique spécial. Les quasi-sociétés publiques, quant à elles, sont des organismes publics producteurs de biens et services marchands non financiers mais elles n'ont pas la responsabilité juridique. Elles doivent être de grande taille et vendre la majeure partie de leur production au public. 2) Les sociétés et quasi-sociétés privées Les sociétés et quasi-sociétés privées sont les sociétés privées ayant des statuts juridiques variés. On distingue : Ø les sociétés de capitaux ; Ø les sociétés de personnes (entre autres les sociétés en nom collectif) ; Ø les coopératives ; Ø les sociétés civiles ; Ø les Groupements d'Intérêt Economique ; Malgré l'absence de personnalité juridique, les sociétés en participation sont incluses dans les sociétés et quasi-sociétés privées. Par contre, les grandes entreprises individuelles ne sont pas intégrées dans les sociétés privées. b. Le critère de l'activité principale et l'impact économique des sociétés et quasi-sociétés non- financières Nous organisons cette étude sous deux (2) angles : le critère de l'activité principale et l'impact économique des sociétés et quasi-sociétés non- financières. 1) Le critère de l'activité principale Le critère de l'activité principale permet de regrouper les sociétés et quasi-sociétés non financières en secteurs de production. Un secteur de production, en outre, est un « regroupement d'entreprises qui ont la même activité principale »11(*). 2) L'impact économique des sociétés et quasi-sociétés non- financières Cette dissociation vise à distinguer les entreprises nationales des autres sociétés et quasi-sociétés non financières. Les grandes entreprises nationales présentent trois (3) caractéristiques : elles ont une position monopolistique, sont sous la dépendance directe de l'Etat et ont une taille très importante. Ces grandes entreprises nationales permettent à l'Etat d'exercer une action directe sur l'équilibre et le développement de l'économie. Les sociétés et quasi-sociétés non financières hors des grandes entreprises nationales réunissent toutes les autres sociétés et quasi-sociétés non financières. 2. LES INSTITUTIONS FINANCIÈRES Nous étudierons successivement les institutions de crédit et les entreprises d'assurance. Les institutions de crédit sont des unités institutionnelles dont la fonction principale est de financer l'économie, c'est-à-dire de collecter, de transférer et de repartir les disponibilités financières. Elles constituent un ensemble assez hétérogène. La CN distingue en effet deux (2) sous-ensembles : 1) Les institutions de crédit monétaires Il s'agit des institutions de crédit qui ont un rôle prépondérant dans la création monétaire et la gestion de la monnaie. 2) Les institutions de crédit non monétaires Ce sous-secteur regroupe les institutions de crédit qui utilisent les ressources essentiellement non monétaires pour distribuer et financer les crédits. Il comprend la caisse des dépôts et consignations et les autres institutions de crédit. La CN exclut des institutions de crédit certains organismes qui, de par leur activité, pourraient a priori être classés dans ce secteur institutionnel. Il s'agit des organismes effectuant des opérations financières pour le compte d'un nombre limité d'agents économiques (holding, sociétés de portefeuille) et des agents à vocation financière mais considérés comme producteurs de services. Les unités institutionnelles dont l'activité principale consiste en un rôle d'intermédiaire financier ne sont pas incluses parmi les institutions de crédit. Les agents de change, les remisiers et les maisons de titres ne font pas partie du secteur des institutions de crédit. b. Les entreprises d'assurance Les entreprises d'assurance ont pour fonction économique de transformer les risques individuels en risques collectifs en garantissant le paiement d'une somme en cas de réalisation de risque. La CN distingue deux (2) sous-secteurs : les organismes d'assurance et de capitalisation d'une part, les sociétés mutualistes d'autre part. 1) Les organismes d'assurance et de capitalisation Ce sont les unités institutionnelles dont les ressources principales sont constituées par des primes d'assurance et qui versent à leurs assurés des indemnités en constituant des provisions techniques. Sont comprises dans ce sous-secteur les entreprises qui pratiquent l'assurance - dommage et la responsabilité civile, l'assurance-vie, les compagnies de réassurance et la caisse nationale de prévoyance Ce deuxième sous-secteur comprend les sociétés dont « les ressources sont constituées par des cotisations sociales volontaires et qui versent des prestations sociales sans constituer de provisions »12(*) car elles fonctionnent sous un régime de répartition. La dissociation du secteur productif étant retenue, nous allons chercher à l'évaluer. B. L'ÉVALUATION DU SECTEUR PRODUCTIF L'évaluation retenue généralement par la CN pour les entreprises est l'investissement ou encore la Formation Brute de Capital Fixe (FBCF). 1. L'INVESTISSEMENT OU LA FBCF Les investissements sont définis comme « des biens achetés par les entreprises pour en produire d'autres (notamment les biens de consommation) et venant grossir régulièrement leur stock en capital »13(*). En France, l'investissement est appelé Formation Brute de Capital Fixe (FBCF). Après en avoir rappelé la définition, on présente le poids de cet agrégat dans l'activité économique et on étudie la structure de la FBCF par secteur institutionnel et par fonction. La FBCF représente « la valeur de biens durables acquis par les unités productrices résidents afin d'être utilisés pendant au moins un an dans leur processus de production »14(*). La FBCF comprend essentiellement : Ø des immeubles acquis par les agents économiques (logement des ménages, bâtiments acquis par les sociétés et les quasi-sociétés non financières, les administrations, les instituions de crédit...) ; Ø des biens meubles acquis par les mêmes agents (machines et autres biens d'équipement). L'investissement est un agrégat dont les fluctuations sont généralement assez marquées. L'importance de l'investissement dans une économie peut être mesurée à l'aide du taux d'investissement. Le taux d'investissement est égal au rapport de la FBCF au montant du PIB. Mathématiquement, il s'écrit : Taux d'investissement = FBCF/PIB Ce rapport mesure la part du PIB consacrée aux achats de biens d'investissement. 2. LES DÉTERMINANTS DE LA FBCF Il s'agit notamment des variations du taux d'intérêt et de la demande de biens de consommation. a. Les variations du taux d'intérêt Le taux d'intérêt est une variable clé de l'investissement car la décision d'investir est gouvernée par la rentabilité. Le rôle du taux d'intérêt peut se comprendre intuitivement si on examine les deux (2) modalités de financement de biens d'investissement. Si l'entreprise emprunte des fonds, elle doit payer des intérêts aux prêteurs (ménages, institutions financières...). Si elle finance ses investissements sur ses fonds propres (autofinancement), elle encourt un « coût d'opportunité » mesuré par les intérêts qu'elle aurait pu recevoir en prêtant ses fonds. La rentabilité d'un investissement peut s'étudier en utilisant la règle de la valeur actuelle (ou actualisée) ou celle du taux de rentabilité interne (TRI). Ces deux (2) critères aboutissent au même résultat quant à la décision d'investir. 1) La règle de la valeur actuelle nette (VAN) Pour financer ses investissements une entreprise utilise ses fonds propres, et dans ce cas elle s'autofinance, ou emprunte les sommes nécessaires à son investissement à des agents ayant des capacités de financement (ménages, institutions financières) : Ø autofinancement des investissements : une entreprise dispose de fonds propres. Le choix de leur emploi peut se poser de façon simple : acheter une machine (ce que nous nommerons investissement) ou placer sur le marché financier, par exemple en obligations (ce que nous appellerons placement). La durée de vie de l'équipement est d'un an et sa valeur de revente est nulle. Pour comparer les deux (2) emplois possibles, il faut connaître la somme que l'entrepreneur doit placer aujourd'hui pour disposer d'un montant égal au revenu procuré par l'investissement. L'entreprise investit tant que la valeur actuelle des revenus de cet investissement est supérieure à son coût d'achat. VA = Po = R1/ (1+i)>Co ; Ø le financement des investissements par l'emprunt : le résultat de la règle de la valeur actuelle n'est pas modifié si l'entreprise doit emprunter l'intégralité des fonds nécessaires à l'acquisition de la machine. L'entrepreneur doit emprunter Co et rembourser Co (1+i) à la fin de la première année. L'investissement sera décidé si le remboursement est inférieur au revenu net R1 de la machine ; en d'autres termes si : R1> Co (1+i) ; En divisant les deux (2) membres de cette inégalité par (1+i) nous obtenons : R1/ (1+i) = VA = Po>Co Noté r, le TRI d'un projet d'investissement est le taux d'intérêt pour lequel la valeur actuelle du flux de revenus nets est égale au coût initial d'investissement. En somme nous aboutissons à la conclusion selon laquelle l'investissement varie avec le taux d'intérêt. Lorsque le taux d'intérêt baisse, les projets d'investissement deviennent rentables. La fonction d'investissement établit donc l'existence d'une relation négative entre le montant de l'investissement et le niveau du taux d'intérêt. I = f (i), avec dI/di0 Figure 4 : Fonction d'investissement Plus le taux d'intérêt est élevé, plus la valeur actuelle des projets est faible, et moins nombreux sont les investissements rentables. Dans ce cas, les investissements sont relativement faibles. Avec la baisse du taux d'intérêt les projets deviennent rentables et les dépenses d'investissement deviennent plus importantes. b. Les variations de la demande des biens de consommation En ce qui concerne les variations de la demande de biens de consommation, la proposition selon laquelle l'investissement dépend de la demande de biens de consommations est contenue dans le principe d'accélération. Le but du principe d'accélération est de montrer qu'une variation de la demande de biens de consommation entraîne une variation plus importante de la demande de biens d'investissement. Albert Aftalion, l'un des premiers qui se soient penchés sur le phénomène, écrivait en 1913 : « il suffit d'insensibles oscillations à la base de la pyramide économique pour déterminer de terribles ébranlements, des écroulements retentissants parmi les constructions qui sont au sommet ». 1) L'exposé du principe d'accélération Pour énoncer le principe d'accélération, le plus simple est de procéder à l'aide d'un exemple : Supposons à l'année t la production Pt et que pour produire Pt il faut un stock de capital Kt. Ces données permettent de définir le coefficient moyen de capital qui est égal au rapport du stock de capital Kt à la production Pt : k = Kt /Pt. Le coefficient moyen du capital est supposé être constant. La signification est simple : pour accroître la production d'un pourcentage donné, il faut augmenter le stock de capital dans la même proportion. L'investissement nouveau est dans ces conditions : In = ?K = k?P. Si le coefficient moyen de capital est constant, il est égal au coefficient marginal de capital. En effet : k = K/P = ?K/?P. Si la durée de vie est de n, l'investissement de remplacement est : Ir = K/n. En fin de compte, il se dégage trois (3) conclusions de variation de la demande : Ø La croissance de la demande finale entraîne une augmentation plus que proportionnelle de l'investissement. Ø La stagnation de la demande finale ramène l'investissement brut au niveau de l'investissement de remplacement. Toute récession dans la demande provoque une baisse de l'investissement. Ø La baisse de la demande finale entraîne théoriquement un désinvestissement. Ce dernier n'ayant pas lieu en pratique, il y a apparition de capitaux oisifs qui seront remis en service dès que la demande aura terminé son mouvement de baisse. 2) La formulation du principe d'accélération Au sens strict du terme, le principe d'accélération ne s'applique qu'aux périodes de hausse de la demande finale. Il fut en effet vérifié, dans les conclusions précédentes, que toute stagnation ou baisse de la demande finale réduisait ou annulait la demande de biens d'investissement. La formulation du principe d'accélération suppose que le stock de capital s'adapte parfaitement à la production : si l'économie (ou la branche, ou l'entreprise) désire augmenter sa production d'un certain pourcentage, elle doit augmenter son capital et investir en conséquence. Soit : It+1 : l'investissement brut en t + 1 ; Ir t+1 : l'investissement de remplacement en t + 1 ; D t+1 : la demande finale en t + 1 ; P t : la production en t ; K t : le capital en t Le capital nécessaire est : K t+1 = kD t+1 Le capital existant est : K t = kP t D'où Int+1 = ?K = K t+1 - K t Int+1 = kD t+1 - kP t En retenant l'investissement brut I t+1 = I nt+1 + I nt+1, on a : I t+1 = k (Dt+1 - Pt) + Irt+1, k est appelé l'accélérateur. L'investissement à réaliser peut donc être calculé si l'on possède des prévisions sur la demande finale. Fort de cette approche théorique, nous allons analyser l'impact de l'exploitation du pétrole sur le secteur productif tchadien. * 10 BERNIER, B. et SIMON, Y. (1989), Initiation à la macroéconomie, Dunod, Paris, p. 49. * 11 BERNIER, B. et SIMON, Y. (1989), Initiation à la macroéconomie, Dunod, Paris, p. 51. * 12 BERNIER, B. et SIMON, Y. (1989), Initiation à la macroéconomie, Dunod, Paris, p. 104. * 13 Idem, p. 117. * 14 Ibidem, p.118. |
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