III.5. Se concerter pour partager les acquis et
bénéficier de ceux des autres
65 En Casamance, on a pu à juste titre parler de
terroirs aquatiques ou amphibies pour désigner les
espaces bornés, contro 1és et gérés par une
communauté villageoise, structurés par un système d'usages
multiples des ressources aquatiques (agricoles, piscicoles, halieutiques,
sylvicoles, pastorales). Ces terroirs sont nettement circonscrits ; leurs
limites ne sont pas matérialisées par des bornes mais n'en sont
pas moins réelles, reconnues par tous et transmises dans la
mémoire collective. Chaque terroir comprend, d'après CHAVEAU,
et al., 2000:
-les chenaux de marée, appelés localement
bolon, qui donnent accès au village,
-les îles couvertes de mangrove et de tannes
(étendues sursalées stériles) enserrées par
ces bolon,
-ainsi que des lieux de pêche et de campements.
Au vue du nombre de facteurs non pris en compte dans le projet
et de leur importance (cf. page 38, partie ) nous recommandons à
Océanium de consulter les publications sur la Casamance (en
commençant par ceux présents dans la bibliographie de ce
mémoire) et de rencontrer les scientifiques avant l'action. «
L'attention portée aux enquêtes sociaux économiques
prévues et états de référence des projets n 'a
jamais été prioritaire. Les quelques enquêtes
lancées ont été sous traitées, principalement
confiées à des étudiants en cours de formation dans des
travaux de recherche type mémoire (TILLEUL, 2008)49 ».
La contribution d'Océanium est importante pour les
scientifiques. Les scientifiques ont notamment du mal à définir
la surface de mangrove actuelle et son évolution.
Les estimations chiffrées de la superficie actuelle de
mangrove dans toute la Casamance varient suivant les sources. A titre d'exemple
le Centre de Suivi Écologique du Sénégal estime 75.272
hectares en 2001 (estimation faite en 2002) alors que le Centre de Suivi
Géologique des États-Unis d'Amérique (USGS) estime 132.000
hectares en 2001 (projection de 1998). Par contre, il existe un consensus entre
l'USGS et le CSE sur l'évolution de la superficie de mangrove en valeur
relative (1%) mais non sur la valeur absolue. L'USGS estime l'évolution
de 137.200 ha en 1975 à 132.000 ha en 2000, c'est-à-dire une
perte de 5.200 ha en 15 ans (TAPPAN, 1998), alors que le CSE estime de 75.681
ha en 1972 à 75.272 ha en 2002 (CSE, 2008), c'est-à-dire une
perte de 409 ha en 30 ans. Le bureau d'étude BUURSINK estime la vitesse
de dégradation de la mangrove en 2004 à 1.500 ha/an66,
là où l'USGS l'estime à 208 ha/an et le CSE à 13,6
ha/an. Pour Océanium, la mangrove ne couvre plus que 80.000 hectares
aujourd'hui et en une vingtaine d'année la surface des mangroves de
Casamance s'est réduite de près de moitié (OCEANIUM,
2008). L'argumentaire utilisé par Océanium se base sur ses
observations. Océanium peut apporter des échantillonnages de
terrain au désaccord scientifique. En retour Océanium peut
profiter des expériences internationales du réseau scientifique
sur des sujets qu'elle ne métrise pas bien, comme par exemple l'effet de
la salinité sur Rhizopho ra67.
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