II.1.1. La disparition de Rhizophora diminue la
désalinisation des rizières
On retrouve plus de Rhizophora dans la zone où
la salinité est la plus faible (BLESGRAAF et al.
2006)37. Cependant, on ne peut pas en conclure que
Rhizophora diminue la salinité. Je n'ai trouvé aucune
publication relevant l'hypothèse selon laquelle la mangrove constitue un
barrage naturel contre le sel. Cette hypothèse reste donc à
être vérifiée.
Nous proposons une autre hypothèse : la mangrove permet
de lutter contre la salinisation des rizières « en faisant un
bouchon, avec les débris solides issus du couvert forestier »
(BLASCO, 1991) , entre les racines échasses des Rhizophora.
D'une telle manière, la mangrove participe à la
désalinisation des rizières en limitant les entrées d'eau
salée sur les rizières et en conservant plus d'eau douce de pluie
qui ruisselle sur les rizières de mangroves et participe à leur
lessivage et leur désalinisation. En 1988, seulement 6% de la pluie
s'écoulent et participent au lessivage des rizières de mangrove
(POSNER, 1988).
II.1.2. Une augmentation non raisonnée de la
pression de pêche diminue la
ressource halieutique disponible à long
terme
Selon Océanium, la ressource halieutique
s'épuise à mesure que la mangrove disparaît. La mangrove
est le lieu de reproduction, de fraye et de nourrissage de certains poissons
(cf. page 21, partie I.2.4). C'est pour cette raison qu'il faut
réhabiliter la mangrove
Je ne conteste pas cette hypothèse, je suggère
qu'on la croise avec l'hypothèse suivante : la diminution de la
ressource halieutique est aussi due à l'augmentation de l'effort de
pêche et au non-respect des périodes de repos biologique. Il est
important de prendre en compte cette hypothèse notamment au moment du
bilan du projet. On ne peut pas conclure que 100% du retour de la ressource
halieutique est possible grâce au repiquage seul.
35 GRDR : Groupe de recherches et de
réalisations pour le développement rural. Le GRDR est une ONG
internationale qui mène de nombreux projets d'aménagement des
digues anti-sel en Basse-Casamance.
36 On observe une rapide acidification des
rizières peu après la coupe des palétuviers (LE BRUSQ,
1986). « Dès le début de l'aération le pH baisse
rapidement, plus ou moins suivant l'origine des sols » (VIEILLEFON,
1977). « L'acidification ne semble freinée que lorsque la
teneur en eau du sol s'abaisse au-dessous de 35 à 40 % par rapport au
poids de sol sec » (VIEILLEFON, 1977). C'est la
végétation de Rhizophora qui est à l'origine de
l'acidification : « La végétation de mangrove à
Rhizophora est à l'origine d'une concentration en sulfures dans les
sols »(MARIUS, 1985), « leur présence entraine,
après une exondation prolongée, une acidification brutale, forte
(pH 7 à <3 en quelques jours) et irréversible »
(MOUGENOT, et al., 1990).
37 C'est-à-dire que trop de sel
détériore la mangrove, d'où l'expression choisie en
couverture : « trop de sel gâche la marmite ».
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
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