2. Le champ théorique et les dimensions
conceptuelles :
Le champ conceptuel a été analysé et
délimité à partir des couples suivants:
- La petite ville et le réseau
urbain (difficultés de définir les petites villes);
- La métropolisation et la grande
périphérie mouvante de Tunis (les limites
conceptuelles) ;
- L'autonomie et l'autonomisation (le dilemme
dépendance-dynamisme face à la mise en action des
différentes dimensions de l'autonomie sur les structures urbaines et
politiques des PV) ;
Les processus d'urbanisation apparaissent comme
concept clé et complexe. Cette complexité fait appel à
différentes dimensions : continuité, enchaînement
complexe d'interactions, transition, phasage des faits,
périodicité, échelles spatio-temporelles (le
multiscalaire).
La question posée était : comment analyser
ces processus lorsqu'on est confronté à différentes
échelles d'espace et d'analyse (morphologique, fonctionnelle,
politiques) ? Ceci nécessitait, par ailleurs, la définition de
choix de méthodes.
L'approche systémique : (les
propriétés de l'ensemble des petites villes ne sont pas
l'équivalent de la somme des propriétés des villes).
Approche qui permet de répondre, en partie, à cette
complexité lorsqu'il s'agit de comprendre le système dans
son environnement (E. Morin). De cette approche découle d'autres
dimensions conceptuelles rattachées aux processus : perturbation,
discontinuité et non-linéarité des processus.
L'approche diachronique multiscalaire : met en
rapport les échelles et les temporalités :
v L'espace des petites villes dans l'espace
métropolisé ;
v Le temps de déroulement dans le temps du processus
(le passé : tendances passées) (le
présent : tendances récentes) (l'usage du
passé par le présent : notions de recyclage et
d'inertie, résilience (élasticité) et
résistance);
Des concepts auxiliaires : qui ont
été présentés en fonction des besoins de l'analyse
et de l'avancement de la réflexion : typologie et
catégorisation, gouvernance, régulation, pouvoir et politique,
politique de la ville, régime urbain, compétences, pratiques
collusives.
3. Quels sont les choix opérés pour guider
l'objet et le terrain de la recherche ?
3.1 Le choix du
questionnement : a été opéré et
motivé par mon attachement personnel à l'étude des petites
localités et des processus qui commandent leurs transformations. Se
pencher sur cette catégorie urbaine pourrait contribuer à
contrebalancer le poids écrasant des recherches et études
fondamentales ou opérationnelles portant sur les grandes villes, les
villes stratégiques, les métropoles, etc.
C'est dans cette perspective que j'ai tenté à
apporter un regard croisé pluridisciplinaire sur les petites villes en
tant qu'objet de réflexion, sur leurs réalités locales,
leurs mutations morpho-fonctionnelles et politiques, leurs capacités
à s'autonomiser et à se repositionner.
Ce choix appelle en réalité quelques
observations :
ü Il n'était pas question de prétendre
traiter de l'ensemble des petites villes dans leurs environnements
régionaux ;
ü Il n'était pas question non plus d'adapter les
réalités locales à des déduction : au
contraire l'approche était essentiellement inductive ;
ü Il s'agissait bien plutôt d'explorer un certain
nombre de chemins méthodologiques possibles.
3.2 Plan d'observation et choix des petites
villes :
Pour l'étude statistique et empirique, deux
échelles spatiales ont déterminé le plan
d'observation :
ü L'échelle macro ; les petites villes
tunisiennes (212 petites villes puis 189 pour l'ACP)
ü L'échelle micro ; les petites villes du
Nord-Est (espace métropolisé : 43 petites villes)
Pour les enquêtes sur le terrain, le choix des
petites villes a été dicté par trois
critères :
ü L'unité spatiale de la petite ville et son
décrochage de l'agglomération tunisoise. Il ne s'agissait
pas de retenir, dans le travail de terrain, les quartiers ou les
localités qui ne se distinguent pas par leurs tissus de Tunis même
s'ils sont érigés en communes (La Goulette, Kram,
Carthage...);
ü La nécessité d'étudier des cas en
dehors des limites administratives du Grand Tunis (rayon de 60 km, même
en dehors des 4 gouvernorats) en vue d'élargir les chances
d'extrapolation des résultats;
ü L'ACP : méthode qui a permis
d'établir une typologie des petites villes en fonction de leur niveau de
dynamisme. Sur la base de cette approche 6 petites villes ont été
sélectionnées selon un choix raisonné, motivé par
ma connaissance des terrains.
3.3 Les techniques d'investigation
adoptées :
Des techniques rigoureuses et fines qui s'adaptent aux
spécificités locales des petites villes et aux exigences de la
recherche et de la méthode inductive : les entretiens, le
questionnaire, l'analyse iconographique et cartographique, les inventaires,
l'analyse des documents officiels et non officiels, ont tous aidé
à construire des monographies qui ont servi de matériau brut pour
l'analyse. Il s'agissait de reconstruire les réalités locales en
vue de comprendre les processus, étape par étape, afin de
dégager des tendances générales et des
spécificités locales. Pour ce faire, nous avons adopté un
enchaînement logiques qui articule les techniques d'enquête aux
exigences de la méthode inductive : il s'agissait
de :
ü Quêter l'information en vue de construire la
grille d'analyse (différentes sources et échelles d'information,
plan transversal et enquête par distanciation)
ü Construire les monographies (matériau brut
qui ne figure pas dans le texte écrit de la thèse);
ü Comprendre les processus locaux
(individualisés) ;
ü Dégager les tendances (les processus
combinés/confrontés : des préalables à la
déduction) ;
ü Analyser les tendances ;
(déconstruction/reconstruction)
ü Vérifier l'adéquation-inadéquation
entre tendances globales et particularités locales ;
ü Vérifier les hypothèses : les
concepts et leurs dimensions
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