4. Evolution des problématiques
environnementales au niveau mondial88
Vers la fin des années 60, l'impact sur l'environnement
du boom économique d'après-guerre, couplé à un
niveau de vie élevé, créent un climat propice à
l'émergence des préoccupations environnementales dans le monde
occidental. La Conférence de Stockholm en 1972 marque leur
internationalisation, et il semble emblématique que cette
conférence ait été accueillie par la Suède,
«qui venait de constater les graves dommages causés aux milliers de
lacs du pays par la pluie acide, résultat d'une grave pollution de l'air
en Europe de l'Ouest» (PNUE 2002). Ce premier constat de pollution
transfrontalière dévoilait en effet l'ampleur que pourraient
prendre les problèmes environnementaux et la nécessité
d'une coopération internationale pour les gérer. L'impulsion de
la Conférence de Stockholm engendre rapidement des avancées
significatives aux niveaux législatif et institutionnel (voir partie
I).
Cependant, suite aux chocs pétroliers et au ralentissement
de la croissance économique, les questions d'ordre social supplantent
les questions environnementales.
Vers le milieu des années 80, une série
d'accidents catastrophiques (Bhopal, Tchernobyl, Exxon Valdez) replace
l'environnement à l'ordre du jour. La Commission Brundtland met en avant
«des problèmes d'environnement tels que le réchauffement
mondial et l'épuisement de la couche d'ozone, des problèmes qui
à l'époque étaient tout à fait nouveaux» (PNUE
2002) et conçoit la notion de développement durable. Si le Sommet
de Rio en 1992 réitère les principes énoncés
à Stockholm vingt ans plus tôt, l'environnement a cependant
changé de paradigme.
«Il est désormais admis que la réduction de
la pauvreté, le développement économique et la
stabilité de l'environnement sont des objectifs qui doivent se soutenir
mutuellement. Cela constitue une révision déchirante par rapport
aux conceptions qui prévalaient durant les années 70 et 80, qui
considéraient la protection de l'environnement et le
développement économique comme des objectifs contradictoires.
» (PNUE 2002)
Cette évolution est notable au travers de l'analyse des
rapports d'experts au niveau international. Alors qu'en 1972 le Club de Rome
dénonce Les limites de la croissance, en 1987 le rapport
Brundtland Notre avenir à tous intègre la sphère
économique à la résolution des problèmes
environnementaux (et inversement).
«C'est également au cours des années 90
que, pour la première fois, des sociétés mondiales ont
pris sérieusement en compte, et de concert, l'agenda environnemental
émergent, comme le montre le rapport du Conseil mondial des entreprises
pour le développement durable de 199289. » (AEE 2005 :
32)
L'intégration de la sphère économique dans
la gestion des problèmes environnementaux aura un impact au niveau des
instruments utilisés pour solutionner ces mêmes problèmes
(voir partie I).
Alors que la mondialisation s'accélère durant les
années '90, l'environnement n'est à nouveau plus
considéré comme une priorité.
Les années 2000 voient renaître
l'intérêt porté à l'environnement. Le Sommet de
Johannesbourg (2002) sert par exemple de théâtre à la
consécration du Président français Jacques Chirac sur la
scène internationale environnementale avec sa fameuse tirade «La
maison brûle et nous, nous regardons ailleurs ».
88 Les rapports du PNUE (2002 et 2007), de l'OCDE
(1997) et de l'AEE (2005) ont servi de base à cette analyse.
89 Changement de cap : point de vue des
entreprises mondiales sur le développement et l'environnement,
rédigé par 46 sociétés de premier plan, ce rapport
introduisait également le concept d'éco-efficacité que les
sociétés jugeaient essentiel dans la communication sur le
développement durable.
Comme cela aura été le cas avec la couche
d'ozone pendant les années 80, le changement climatique catalyse et
médiatise les problématiques environnementales. Le succès
du film Une vérité qui dérange avec Al Gore
(2006) en témoigne et amplifie le phénomène.
Pour résumer l'impact des sommets des Nations Unies, si
Stockholm représente une prise de conscience de l'ampleur des
problèmes, Rio consacre l'intégration de l'économie dans
la sphère environnementale, et Johannesbourg est un cuisant rappel de
l'inaction des gouvernements sur des thématiques majeures.
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