L'amorce d'un renversement de tendances apparaît vers
la fin des années 80 et se confirme aujourd'hui : les grands fleuves
s'assainissent suite à la réduction des points noirs de pollution
industrielle, tandis que les petits cours d'eau se dégradent sous
l'impact combiné de la sécheresse et de l'agriculture intensive.
Globalement, «les dégradations, bien que moins spectaculaires
qu'autrefois, ont pris un caractère chronique et les
améliorations ont atteint une phase asymptotique qui n'est pas le bon
état des milieux aquatiques. » (Ifen 2006: 193)
Les données du système d'évaluation de la
qualité des eaux en France (SEQ-Eau) rendent compte de
l'évolution constatée au niveau des pressions:
«Depuis une vingtaine d'années, la qualité
des cours d'eau s'est nettement améliorée pour toutes les
pollutions ponctuelles de type organique liées aux rejets des stations
d'épuration des collectivités et pour les phosphates d'origine
urbaine mais aussi agricole. Les eaux rejetées sont beaucoup moins
consommatrices d'oxygène. (...) Les apports diffus d'origine agricole,
nitrates et pesticides, polluent de façon significative une grande
partie des cours d'eau et des nappes. Même si rien ne permet encore de
constater une décroissance des nitrates, il semble que la tendance de
ces dernières années soit à la stabilisation des
concentrations trouvées dans les eaux de surface.83 »
(voir graphique 10).
Par contre, les concentrations en nitrates et en pesticides
continuent d'augmenter dans les nappes phréatiques, en raison du temps
de percolation des produits présents dans les sols.
« La qualité des eaux distribuées en
France s'est globalement améliorée ces dernières
années, grâce à la mise en place de traitements de l'eau
plus poussés et une meilleure sélection des sources
d'approvisionnement en eau potable.» (OCDE 2005 : 65)
Cependant, le dépassement du seuil de 50 mg/l de
nitrates dans les captages ont maintes fois placé la France en situation
de manquement face une directive des années 70 (!): la Directive «
Qualité des eaux superficielles» (75/440/CEE). Ce problème
est propre à la Bretagne, qui rassemble 50 % des porcs, 50 % des
volailles et 30 % des bovins sur 7 % de la surface agricole
française.
Enfin, signe de la résorption des points noirs, la
qualité des eaux de baignade s'est beaucoup améliorée,
passant d'environ 70 % de points conformes au début des années 80
à environ 90 % à la fin des années 90.
82 «Les volumes destinés à l'irrigation
n'étant pas mesurés de façon exhaustive, il est difficile
d'en dégager des tendances. » (Ifen 2006: 199)
83 Cette tendance s'observe de manière globale
sur l'ensemble de l'Europe. (AEE 2005: 127)
Graphique 10