Ethique déontologie et régulation de la presse écrite au Sénégal( Télécharger le fichier original )par Moussa MBOW Université Bordeaux 3 - Sciences de l'Information et de la Communication 2004 |
INTRODUCTION« Il n'y a jamais de liberté sans responsabilité et les limites de la liberté, c'est justement la responsabilité » disait Hubert BEUVE-MERY1(*), le fondateur du quotidien français Le Monde. Les professionnels des médias ont de tout temps et à divers endroits de la planète, revendiqué cette liberté sans laquelle ils ne pourraient pas accomplir convenablement leur travail. Pour l'accompagner, pas question que le pouvoir étatique intervienne, ils pensent à l'autorégulation car : « le journaliste n'accepte en matière d'honneur professionnel, que la juridiction de ses pairs, à l'exclusion de toute ingérence gouvernementale ou autre »2(*). Liberté et responsabilité seraient donc les deux versants indispensables pour le développement harmonieux des médias, le premier étant assuré par la législation d'un pays tandis que l'autre est du ressort de la profession. Telle est, en tout cas, la vision globale des codes et chartes internationaux qui ont inspiré les textes nationaux qui régissent les médias dans les pays démocratiques. Cependant, autant la censure est contraire à l'affirmation d'une presse libre, autant les dérapages liés à un excès de liberté sont nuisibles à une presse qui se veut de qualité. Et si les professionnels parlent de responsabilité ou d'autorégulation cela veut dire qu'ils reconnaissent les dégâts que pourraient causer les dérives de certains d'entre eux en usant de cette liberté. Au Sénégal, les journalistes jouissent d'une liberté leur permettant d'aborder les sujets de leur choix pour mener leurs investigations. Au nom de cette liberté, les médias ont toujours revendiqué leur rôle civique en se considérant comme des « sentinelles de la démocratie »3(*). Mais, cette liberté tant louée et si salvatrice semble produire un effet des moins inattendus. Au cours de ces dernières années se sont produits pas mal de dérives et de manquements manifestes aux principes éthiques et déontologiques qui sont sensés régir la profession. C'est ce qui nous pousse à nous interroger sur l'évolution de cette presse. Car à un moment de son histoire où le journaliste se trouve de plus en plus souvent sur le banc des accusés, sujet de critiques y compris de confrères eux-mêmes, une interrogation sur ses dérives s'avère plus qu'une nécessité. Nous nous autoriserons donc une incursion dans les coulisses de ces dérives à l'éthique et à la déontologie des journalistes tout en présentant les moyens de régulation, qu'ils soient internes ou externes à la profession. Mais avant tout, qu'entendre par éthique et déontologie ? L'éthique relève le plus souvent de la morale. Selon Daniel CORNU: «l'éthique est comprise comme la mise en jeu personnelle d'un ensemble de valeurs librement adoptées par un individu »4(*). Il s'agit de comportements et d'idées individuels sur lesquels la personne bâti ses relations avec les autres. L'éthique n'est donc pas une exclusivité journalistique car chacun a la sienne tout comme elle est relative à la société dans laquelle on vit. Par exemple, montrer deux personnes de même sexe s'embrasser à la télévision est entré dans les moeurs de la plupart des pays occidentaux tandis qu'ailleurs, cela pourrait relever d'une dérive non tolérée par la société. L'éthique semble donc être un déterminisme : il s'agit ni plus ni moins de respecter des règles et des normes consacrées qui fondent les valeurs de la société dans laquelle on vit. Pour le journaliste, le respect de l'éthique se fait en fonction de plusieurs paramètres. Doit-il par exemple relater une information (même si elle est vraie), si celle-ci n'a d'autre but que d'avilir ou de jeter en pâture la personne ou l'institution qu'elle concerne? Doit-il utiliser un langage cru pour faire part des frasques sexuelles d'un politique ou celui qui convient à une société pudique et conservatrice ? C'est un choix qui « repose sur un déterminisme individuel qui justifie le choix de dire ou de taire, mais surtout de trouver une manière d'informer sans porter atteinte aux droits des individus, à la vie privée d'un citoyen, sans heurter la société dans ses valeurs fondamentales. Il ne s'agit ni de censure, ni d'autocensure, seulement de juste mesure à respecter »5(*) note Mouhamadou Tidiane KASSE, ancien rédacteur en chef du quotidien Walfadjri. Si l'éthique relève de la sphère privée, la déontologie elle, est du domaine public. Elle est l'affaire des professionnels. Selon Alexandrine CIVARD-RACINAIS « elle représente un ensemble des règles qui régissent la conduite du journaliste à l'égard de ses confrères, de son public, de la société »6(*). Elle apparaît comme un recueil de prescriptions et même de devoirs (déonto (grec)=devoir). Ces prescriptions sont souvent rassemblées dans un code ou une charte. Elles définissent des comportements concrets ou des conduites à suivre, par exemple : la nécessité de vérifier et de recouper les informations. Ces comportements constituent des exigences ou des normes à la fois codifiées, générales et minimales, des lignes rouges à ne pas franchir. La déontologie vient compléter l'éthique en ce sens qu'elles pose des règles morales identifiées à la profession. Le journaliste est tenu de les respecter dans la recherche et la diffusion de l'information. Pour autant, l'énonciation de ces règles professionnelles ne regarde pas que les seuls journalistes. La déontologie est, en fait, un moyen de régulation, en plus de la loi, elle encadre la pratique du journalisme et s'inscrit ainsi dans l'affirmation de « la responsabilité sociale » des médias. Elle oeuvre pour l'amélioration de la presse afin que celle-ci recouvre ou maintienne la confiance que lui accorde le public. Au final l'éthique et la déontologie semblent indissociables, c'est comme les deux pages d'une feuille, l'envers et l'endroit d'une pièce ou d'une médaille ou encore le signifiant et le signifié : les deux éléments qui constituent le signe linguistique. Selon Henri PIGEAT7(*), « alors que l'éthique intervient comme puissance de questionnement de l'ensemble du processus de l'information », la déontologie, quant à elle « revêt la portée limitée d'une morale propre à l'activité journalistique ». « Elle renvoie, ajoute-t-il, à des règles professionnelles qui constituent les conditions ordinairement admises d'une formation correcte au sens pragmatique. Elle est, en jouant sur les mots, `une morale au quotidien' ». Daniel CORNU, lui, parle d' « éthique réflexive »8(*) pour désigner la déontologie journalistique. L'élaboration d'une recherche sur ce sujet trouve sa motivation auprès de trois points essentiels. Premièrement, le Sénégal est l'un des pays d'Afrique francophone où la libéralisation du secteur médiatique et le pluralisme qui en est le corollaire ont été effectifs plus tôt que dans d'autres Etats. Si, dans la plupart de ces pays, la diversité a été acquise dans les années 1990, au Sénégal, on assistait déjà à la création d'organes privés dès 1984 avec le journal Walfadjri, avant qu'il ne soit suivi de Sud Magazine en 1986. Après une vingtaine d'années de pluralisme, et la création de près d'une trentaine d'organes de presse, l'urgence semble ne plus être l'instauration d'un contexte propice à la liberté des journalistes. Il s'agit plutôt de s'interroger sur «les effets secondaires» de cette liberté. Le second point concerne le changement de régime intervenu depuis mars 2000. Comme on le sait, une alternance politique se traduit souvent par une altération de la plupart des secteurs d'activité d'un pays. Il est intéressant de voir comment se comporte l'ancien leader de l'opposition Abdoulaye WADE à l'égard de la presse. Les médias publics, jadis dans sa ligne de mire à cause du traitement de l'actualité politique souvent inéquitable et favorable à l'ancien gouvernement ont-ils été affectés par le souffle de l'alternance ? Quant aux médias dits indépendants à qui on reprochait à tort ou à raison de « rouler pour l'opposition », quelle est leur reconfiguration après l'alternance ? Le troisième et dernier point a trait à l'émergence d'une nouvelle presse. Comme par hasard, celle-ci est née avec la première alternance politique que le Sénégal ait connue. Les historiens des médias sénégalais retiendront que c'est avec le troisième millénaire qu'est apparue une presse encline à la recherche du profit, donc inévitablement peu respectueuse des principes éthiques et déontologiques qui régissent la profession. Ces trois points entrecroisés nous permettront de nous interroger sur les dérapages spectaculaires qui se sont produits au cours de ces dernières années et compromettent l'image des médias auprès du public. Dans les années 1980, 1990, si le premier combat des journalistes était le pluralisme de l'information, la création d'un maximum de titres, il est maintenant temps de s'arrêter sur le contenu. Alors quelle est la nature des effets pervers du pluralisme et de la liberté du journaliste ? Ces dérives et ces dérapages qui violent les principes éthiques et déontologiques de qui sont-ils l'oeuvre et dans quel but ? Qui en sont les victimes ? Quelles en sont les causes et les conséquences ? Quels sont les moyens mis sur pied par les professionnels et par l'Etat pour encadrer la pratique du métier ? Sont-ils efficaces, ou au contraire, gagneraient-ils à être réformés ? Bref, dans ce mémoire, nous nous autoriserons une « ingérence » dans le milieu en examinant les dérives et les dérapages aux principes éthiques et déontologiques, mais aussi en appréciant la régulation de la presse sénégalaise ; qu'elle soit interne ou externe ! Notre travail s'inscrit dans le domaine des sciences de l'information et de la communication. Selon Alain LARAMAEE et Bernard VALLEE9(*), une recherche en communication suppose des éléments de méthodologie. Concernant les médias, nous pouvons effectuer une distinction entre les différents courants de recherches si nous nous référons aux travaux de Jérôme BOURDON10(*) : les courants prophétiques qui englobent la massification et le déterminisme technique, et les courants scientifiques qui nous intéressent particulièrement. Parmi ces courants scientifiques, le fonctionnalisme est une école qui s'est développée dans les années 1945-1960 aux Etats-Unis. Ce paradigme « envisage la manière dont certains phénomènes affectent le fonctionnement d'un système social donné »11(*). Pour les fonctionnalistes, la société est un ensemble, les médias étant une partie de cet ensemble. Les dépendances qui existent entre les médias et d'autres systèmes affectent non seulement la société, mais influencent aussi la manière dont les individus font usage des médias. Il s'agit d'étudier les utilisations faites par le public ainsi que les satisfactions retirées, d'où le célèbre questionnement de LASSWELL qui constitue le cadre conceptuel de cette théorie : « qui dit quoi par quel canal à qui et avec quels effets ? » Les autres animateurs de ce courant sont R. MERTON, C. WRIGHT, LAZERSFELD... Aux tenants du fonctionnalisme est reproché par ceux de l'école de Francfort : « de mettre l'accent sur la communication et de négliger le contexte dans lequel elle a lieu »12(*). Appelée encore théorie critique, ce courant dont J. HABERMAS, M. HORKEIMER et T. ADORNO sont les principaux animateurs met l'accent sur le contexte dans lequel se déroule la communication13(*). Pour eux, les fonctionnalistes ont, dans leurs travaux, ignoré « le qui », « le comment » et surtout « le pourquoi. » Ici, il s'agit moins de savoir comment fonctionne un système que de le dénoncer afin de le changer radicalement. Il existe évidemment d'autres théories sur lesquelles nous ne nous étendrons pas parce que leurs préoccupations semblent un peu éloignées des nôtres. La théorie de la Spirale, par exemple qui préconise que les mass-médias constituent la principale source de référence de l'information du public et que celle-ci constitue l'opinion générale, les gens qui ne sont pas en sa possession sont obligés de se murer dans le silence au risque de devenir impopulaires. Nous avons la théorie Agenda également qui suppose que la fonction des médias n'est pas de nous dire ce que nous devons penser mais ce à quoi nous devons penser. Le fonctionnalisme, en ce sens que ce paradigme donne une large part à l'étude des effets (effects) des médias semble être un peu proche de nos préoccupations. Toutefois, la démarche que nous allons suivre est également un peu proche de la théorie critique qui se caractérise par une impossibilité d'étudier les médias ex-nihilo. Car, dans cette étude nous nous attacherons au contexte de production, en prenant en considération les réalités sociologiques, culturelles, politiques de la société sénégalaise. Néanmoins, nous ne revendiquons l'appartenance d'aucune de ces différentes écoles. Notre étude est exclusivement concentrée sur la presse écrite. La période choisie va de 2000 à 2003. C'est-à-dire du lendemain de l'alternance à trois, voir quatre ans d'existence de la presse people. Les journaux retenus sont : le quotidien national Le Soleil qui est toujours un média d'Etat, les quatre journaux indépendants les plus représentatifs en terme de tirage et de lectorat, à savoir Sud Quotidien, Walfadjri, Le Matin et L'Info 7 ; l'hebdomadaire Le Témoin qui est le premier journal à ouvrir un créneau actuellement investi par la presse people ; celle-ci sera analysée à la lumière de quatre de ses représentants que sont Moeurs, Scoop, Le Populaire et Le Tract. Si les journaux « dits sérieux »14(*) choisis se caractérisent par leur régularité de parution, cela n'est pas le cas pour les journaux people. En effet Moeurs et Le Tract ont maintenant disparu (temporairement ou définitivement, c'est selon) du paysage médiatique sénégalais. Néanmoins, si nous avons retenu ces deux journaux dans notre corpus, c'est parce qu'ils font partie des précurseurs dans ce créneau et surtout parce qu'ils étaient en activité durant la période choisie. Relever dans le contenu de ces journaux les articles susceptibles de porter atteinte aux principes éthiques et déontologiques n'a pas été chose facile. D'abord parce qu'il nous a été très difficile de faire une analyse quantitative, ce qui suppose une possession de tous les articles des journaux englobant la période choisie. En plus, même si nous disposions de tous les articles, il aurait été aventureux de notre part de décider, sur la base d'on ne sait quels critères, quels seraient ceux d'entre eux qui bafouent ou obéissent aux règles du bon journalisme. Ainsi, nous n'avons retenu que les faits marquants de par l'intérêt qu'ils ont suscité tant au niveau des observateurs qu'à celui des professionnels eux-mêmes. Nous nous sommes référés aux travaux de Laurence BARDIN15(*). Selon elle, la pré-analyse qui est la première partie de l'analyse de contenu16(*) suppose un choix des documents à analyser selon quatre règles : l'exhaustivité, la représentativité, l'homogénéité et la pertinence. Nous avons choisi la dernière tout en prenant en compte sa mise en garde: « les documents doivent être adéquats comme source d'information pour correspondre à l'objectif qui suscite l'analyse »17(*). Après identification des « dérives », nous sommes partis à la « source » en nous procurant des articles incriminés. Si certains journaux disposent d'archives sur leur site, tel n'est pas le cas pour la plupart d'entre eux. Certains de ces papiers nous ont donc été envoyés du Sénégal, et nous avons préféré ne pas évoquer les affaires dont l'analyse nécessitait des précisions dont nous ne disposions pas. Notre analyse nous amènera d'abord à faire le point sur l'évolution de la presse. On remarquera dans cette première partie que la diversité médiatique est une longue tradition sénégalaise, même si elle ne fut réellement effective qu'après « l'ouverture démocratique », c'est-à-dire avec l'avènement d'Abdou DIOUF (1981) qui s'engagea à « garantir le pluralisme et le respect de toutes les libertés ». Dans la deuxième partie, il sera question des « dérives » notées ces dernières années. Ici, nous les identifierons tout en nous interrogeant sur leurs auteurs, leurs causes et leurs conséquences sur le métier. On verra que, si les journalistes assument certaines fautes imputables à des « brebis galeuses » de la profession, ils crient souvent à la restriction de leur liberté pour la plupart des « dérapages ». En dernier lieu, Nous présenterons les mécanismes mis en oeuvre par la profession et par l'Etat pour accompagner la pratique d'un journalisme de qualité. Ayant la délicate mission d'encadrer la liberté des journalistes sans la restreindre, nous verrons les difficultés des mécanismes des pouvoirs publics à jouer ce rôle. Quant à la régulation professionnelle, elle a aussi ses limites que nous aborderons également dans cette dernière partie.
* 1 H. B.-MERY, Parole écrite, Grasset, Paris, 1991, p.134 * 2 Charte internationale des droits et des devoirs des journalistes adoptée à Munich en 1971 ( voir Annexes) * 3Cf. Institut PANOS, Médias et élections au Sénégal, NEAS, Dakar, 2002 * 4 CORNU Daniel, Ethique de l'information, Que-sais-je ? PUF, Paris, 1997, p.4 * 5Cf. Institut PANOS, Ne tirez pas sur les média : éthique et déontologie de l'information en Afrique de l'Ouest, L'Harmattan, Paris, 1996, p. 200 * 6 Cf. Alexandrine CIVARD-RACINAIS, la déontologie des journalistes : principes et pratiques, Ellipses, Paris, 2003, p.3 * 7 Henri PIGEAT, Médias et déontologie : règles du jeu ou jeu sans règles, Paris, PUF, Vendôme 1997, p. 85 * 8 Selon l'auteur, celle-ci fonctionne comme une instance de légitimation des pratiques et des normes ainsi que de mise à l'épreuve de l'image. Daniel CORNU, Ethique de l'information, Que-sais-je ? PUF, Paris, 1997, p.4 * 9 Alain LARAMAEE et Bernard VALLEE, La recherche en communication : éléments de méthodologie, PUQ, 2001 * 10 CF. Jérôme BOURDON, Introduction aux médias, Editions Montchrestien, Paris, 2000 * 11Alain LARAMAEE et Bernard VALLEE, op.cit, p. 70 * 12 Cf. Judith LAZAR, « Sociologie de la communication de masse », Ed. Armand Collin, Paris, 1991, p. 38 * 13 Armand et Michèle MATTELART rapportent que LAZARSFELD fit venir ADORNO de l'Allemagne aux Etats Unis dans le cadre d'une collaboration sur un projet de recherche sur les effets culturels des programmes musicaux à la radio (1938-1939). LAZARSFELD espérait « développer une convergence entre la théorie européenne et l'empirisme américain ». Il attendait que « la recherche critique » « relativise » la recherche administrative. Mais entre les deux hommes c'est le choc des cultures, l'Allemand refuse de se soumettre au catalogue de questions qui lui a été proposé, ce dernier fait obstacle à «l'analyse de ce système, ses conséquences culturelles et sociologiques et ses présupposés sociaux et économiques ». cf. Histoire des théories de la communication, La Découverte, Paris, 2004, pp. 39-40. * 14 Nous entendons par journaux sérieux, les organes de presse qui ne sont pas des journaux people * 15 Laurence BARDIN, L'analyse de contenu, Paris, PUF, 2001 * 16 Les deux autres parties de l'analyse de contenu selon Mme BARDIN sont : l'exploitation du matériel et le traitement des résultats. * 17 L. BARDIN, idem. p. 127 |
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