VII. PROBLEMATIQUE
Le Parlement qui est chargé de la législation et
du contrôle des actions du gouvernement apparaît de plus en plus
comme un acteur important des relations extérieures du Cameroun. La
diplomatie qui était restée l'apanage du pouvoir exécutif
et, de manière restrictive du chef de l'Etat, s'est aussi enrichie d'une
nouvelle dimension incluant les représentants du peuple. La conduite des
relations internationales pose de ce fait un certain nombre d'interrogations
nouvelles ; d'où le fil conducteur de ce projet qui s'articule
autour de l'histoire, du statut, des modalités et des résultats
de l'action internationale du Parlement camerounais. En d'autres termes, au
regard de l'évolution des relations internationales, quelle lecture
historique peut-on faire de la participation parlementaire à la conduite
des relations extérieures du Cameroun ? Quel est son statut ?
Ses actions participent-elles à l'épanouissement de la
diplomatie générale du pays ou au renforcement des
capacités parlementaires camerounaises ? Et quels sont les rapports
entre la diplomatie parlementaire et la diplomatie traditionnelle
(coopération, conflit ou juxtaposition) ?
VIII. OBJECTIFS
En se fondant sur la problématique, ce travail a pour
ambition d'étudier les points suivants :
- Les facteurs et les motivations qui poussent ou expliquent
la participation du Parlement sur la scène internationale.
- Les systèmes et acteurs de l'intervention du
Parlement dans la diplomatie.
- Les secteurs d'intervention.
- Les problèmes et les conséquences liés
à cette intervention.
- Les rapports spécifiques avec la diplomatie
traditionnelle (ministère en charge des relations
étrangères).
- Les résultats et les limites de cette
intervention.
IX. METHODOLOGIE
L'option méthodologique prise dans le cadre de ces
travaux se compose de deux parties : une grille méthodologique qui
servira de méthode d'analyse et les méthodes de collecte des
données.
Concernant le premier aspect, c'est-à-dire la grille
méthodologique, le choix a été fait pour une approche
diachronique, analytique et systémique.
L'approche diachronique, proche de l'approche inductive
permettra de procéder par inférence et par analogie à
l'étude de la diplomatie parlementaire camerounaise en relation avec les
autres Parlements du monde. L'option analytique est choisie car il est
prévu dans le cadre de ces travaux de procéder à des
décompositions pour mieux saisir le fond. Il s'agira par exemple de
faire une évaluation quantitative ou qualitative de l'action
internationale du Parlement. Enfin l'approche systémique est d'une
importance capitale dans la mesure où elle donnera l'opportunité
de combiner les idées pour en faire un tout cohérent visant
à produire une perspective d'ensemble à ces travaux.
Pour ce qui est des techniques de collecte de données,
le choix est fait pour l'usage des sources écrites, des sources orales,
des sources iconographiques et des sources audiovisuelles auxquelles sont
adjointes des sources nouvelles de l'analyse historique que sont les sources
alternatives.
Les sources orales se constituent des entrevues avec toute
personne susceptible d'apporter des informations. Pour le moment, l'option est
prise d'interroger les acteurs de la participation camerounaise aux instances
interparlementaires, les députés et le personnel administratif de
l'Assemblée Nationale, ainsi que les fonctionnaires des
ministères en charge des relations internationales et des sujets
abordés au cours des rencontres. Cette dernière
référence fait suite au fait que, malgré son
caractère parlementaire, la diplomatie menée par le Parlement
nécessite souvent l'expertise des fonctionnaires des ministères
concernés par les questions abordées. Compte tenu de la
période d'étude qui va de 1960 à 2007, il convient de
reconnaître que beaucoup ou du moins la grande partie des témoins
des premiers pas du Parlement dans la diplomatie parlementaire ont disparu ou
ont pris leur retraite. Il est également judicieux pour la conduite
à son terme de cette thèse, de sillonner toutes les
circonscriptions administratives où se trouverait un des
dépositaires du savoir historique recherché.
Les sources écrites sont faites de tout document
contenant des informations constructives pour l'objet de la thèse. Elles
se constituent pour l'essentiel des rapports de mission des
délégations camerounaises, des documents administratifs relatifs
à la vie privée des acteurs (extrait de casier judiciaire, acte
de naissance, dossiers scolaires etc.), les lettres de créance, les
rapports de réunion, les rapports des débats. Toute cette
documentation est disponible aux Archives de l'Assemblée Nationale. Les
Archives Nationales de Yaoundé, les archives provinciales, les archives
départementales aideront à mieux cerner la personnalité
des acteurs. Les archives ministérielles quant à elles,
apporteront beaucoup plus d'éclairage sur les questions techniques et
sur la déontologie diplomatique pour ce qui est spécifiquement de
celles du Ministère des Relations Extérieures. Les
bibliothèques des universités et grandes écoles sont
également des sources inépuisables. Il s'agit entre autres, de
l'Université de Ngaoundéré, de l'Université de
Yaoundé I, de l'Université de Yaoundé II, de
l'Université de Dschang, de l'Université de Douala, de l'Ecole
Nationale d'Administration et de Magistrature et de l'Institut des Relations
Internationales du Cameroun. Les centres de documentation privés et
publics tels que la Fondation Paul Ango Ela, le Centre Culturel Français
et le Centre Culturel Américain seront pas en reste. La conjoncture
actuelle du monde de l'information et de la communication étant
dominée par la cybernétique, il convient qu'un accent particulier
y soit accordé. Pour compléter des informations, il est
prévu des voyages aux sièges des institutions interparlementaires
dans lesquelles le Parlement camerounais a voix au chapitre. Il s'agit entre
autres, de L'Union Parlementaire Africaine, de l'Union Interparlementaire, de
l'Assemblée Paritaire Parlementaire ACP-UE, de la Commonweath
Parliaments Association et de l'Assemblée des Parlements
Francophones.
Les sources audiovisuelles se constituent des documents
sonores et visuels relatifs à la diplomatie parlementaire camerounaise
ou pouvant donner des informations sur les députés ayant
participé à cette activité.
Les sources iconographiques se composent des photographies
susceptibles d'apporter des éléments d'analyse.
Les sources alternatives introduisent le caractère
novateur de ce projet. Elles tirent leur explication du fait qu'il arrive
très souvent que le chercheur soit en présence d'un interlocuteur
peu bavard ou pas du tout, à ce moment, l'observation de l'environnement
et l'analyse qui s'en suit peuvent permettre de sortir de l'impasse, de se
tirer du guêpier. Le chevrotement ou l'éloquence ou encore la
dextérité, la sagacité avec laquelle un
député s'exprime démontrent la maîtrise ou non des
questions abordées. Plus encore, le nombre d'audiences accordées
par le Président de l'Assemblée Nationale ou par le
Secrétaire Général donne des informations qui pourront
être exploitées dans le but d'établir la mollesse ou le
dynamisme de l'action internationale du Parlement.
Toutefois, une telle ambition ne pourrait se réaliser
sans écueil. Les problèmes méthodologiques pouvant
être rencontrés sont nombreux. Ils s'articulent pour l'essentiel
autour de l'accès aux données. Il s'agit d'abord des obstacles
liés à la formation intellectuelle de certains
députés qui ne comprennent pas toujours l'enjeu de leur
participation à la diplomatie parlementaire. Ce handicap ne leur permet
pas par conséquent, de donner des informations essentielles,
réduisant ainsi le cadre des personnes ressources. Viennent ensuite des
événements anodins pourtant très significatifs comme
l'incendie qui a endommagé la bibliothèque de l'Assemblée
Nationale en 1995. Enfin, compte tenu de l'éloignement des sessions
parlementaires et l'obligation faite aux députés de
résider dans leurs circonscriptions respectives doublé en cela
par l'état désastreux de certains axes routiers, la collecte des
données est rendue très compliquée.
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