L'independance de la banque centrale : application aux cas des PVD( Télécharger le fichier original )par Zouhaier El ouardi FSEG Tunis - Master 2006 |
Section IIncohérence temporelle et biais inflationnisteCette première section expose la théorie du biais inflationniste. L'une des principales causes de ce biais est l'incohérence temporelle d'une politique monétaire optimale. Prix Nobel 2004, sur ce sujet, Finn E.Kydland et Edward C.Prescott sont les pionniers de cette théorie. Selon ces deux auteurs, le bien-être social serait meilleur dans le cas où la politique monétaire suit une règle fixe au lieu d'être à la discrétion des autorités monétaires. Pour ce faire, on entamera cette section par une petite revue de la littérature théorique sur la relation chômage-inflation ; ensuite on présentera la modélisation de la cohérence d'une politique, suivie d'une étude de la relation entre le chômage et l'inflation pour démontrer la maxime de F.Kydland & E.Prescott (1977) « La règle contre la discrétion ». Dans une dernière sous-section, notre intérêt portera sur les travaux de Barro & Gordon (1983). Avec deux papiers datant de 1983, ces deux auteurs ont poursuivi l'explication de cette théorie ; qui stipule l'idée suivante : les autorités monétaires peuvent créer, à la discrétion, une surprise d'inflation dans le but de réduire le chômage et d'augmenter les revenus de l'Etat. Toutefois, lorsque le public envisage ce genre de comportement et intercepte les objectifs réels des décideurs de la politique monétaire ; ces derniers ne peuvent plus créer, systématiquement, des surprises d'inflation.
I- Les origines théoriques de la relation inflation-chômage: Le compromis entre inflation et chômage est un sujet qui a passionné les plus grands économistes depuis un demi siècle. La meilleure façon d'aborder la question est de voir comment on a étudié cette relation. Un aperçu historique a été détaillé dans l'ouvrage de Gregory Mankiw5(*) et en voici les principaux traits. I - 1 la courbe de Phillips :L'économiste A.W.Phillips (1958) a observé, en étudiant la liaison entre le chômage et l'inflation dans le Royaume-Uni, que dans les périodes où le premier était élevé la seconde était faible, et vice-versa. Résumant cette idée, A.W.Phillips a écrit, en 1958, un article intitulé : «The relation between unemployment and the rate of change of money wage in the United Kingdom 1862-1957» où il a distingué l'existence d'une corrélation négative entre le taux de chômage et le taux d'inflation. Deux ans plus tard, les deux économistes Paul Samuelson & Robert Solow (1960) mettaient en évidence la même corrélation négative entre l'inflation et le chômage aux Etats-Unis, dans un article intitulé «Analytical aspects of anti-inflation policy». Pour eux, cette corrélation s'explique par le fait qu'un chômage faible est en général associé à une forte demande globale, et qu'une forte demande exerce une forte pression à la hausse sur les salaires et les prix. Depuis ce temps, la relation entre l'inflation et le chômage a pris le nom de la courbe de Phillips. D'après Samuelson et Solow (1960), qui lui ont attribué ce nom, cette courbe offrait aux responsables politiques un certain choix, puisque en décidant des politiques monétaire et fiscale les responsables pouvaient choisir un certain compromis (trade-off) entre l'inflation et le chômage. Taux d'inflation (% annuel) Taux de chômage (%) . B . A 0 4 7 6 2 Courbe de Phillips Figure 1 : La courbe de Phillips Source : G.Mankiw ; Principes de l'économie (1998) p 905
« Au point A par exemple, le chômage est élevé mais l'inflation est faible. Au point B au contraire, c'est l'inflation qui est élevée et le chômage faible. Certes les hommes politiques préféreraient sans doute un chômage et une inflation faibles, mais les données historiques telles que retranscrites dans la courbe de Phillips démontrent que cette combinaison est impossible »6(*). Après quelques années, les deux économistes Milton Friedman (1968) et Edmund Phelps (1968) ont conclu qu'un surcroît d'inflation ne réduit que temporairement le taux de chômage. Ces deux auteurs niaient l'existence d'un compromis de long terme entre l'inflation et le chômage. A long terme la courbe de Phillips est verticale. Friedman et Phelps raisonnaient à partir des principes classiques d'économie. Selon la théorie classique, l'inflation est principalement causée par la croissance de la masse monétaire. Cependant celle-ci n'exerce aucun effet sur les variables réelles ; elle se contente de modifier tous les prix et tous les revenus nominaux proportionnellement. 0 Taux de chômage .B .A Courbe de Phillips de long terme Inflation faible Inflation élevée Taux d'inflation Taux de chômage naturel
Figure 2 : Courbe de Phillips de long terme Source : G.Mankiw ; Principes de l'économie (1998) p 910 « Si l'autorité monétaire accroît la masse monétaire lentement, le taux d'inflation est faible, et l'économie se situe au point A. Si l'accroissement se fait rapidement, l'inflation s'envole et l'économie se retrouve au point B. Dans les deux cas, le taux de chômage tend vers son niveau normal, appelé taux de chômage naturel »7(*). Selon Mankiw, il est important de comprendre le sens du terme chômage « naturel ». Cela signifie que c'est le taux vers lequel l'économie tend à long terme. Le taux naturel n'est pas forcément le taux de chômage socialement désirable. Finalement, la verticalité de la courbe de Phillips illustre alors l'idée qu'à long terme le chômage est indépendant de la croissance monétaire d'où de l'inflation. * 5 N. Gregory Mankiw, Principes de l'économie (1998) * 6 N. Gregory Mankiw, Principes de l'économie (1998) * 7 G.Mankiw ; Principes de l'économie (1998) |
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