Pression urbaine sur les milieux humides: cas des vallons du Zounvi et Boué à Porto-Novo( Télécharger le fichier original )par Nathanaël AHOUANDJINOU Université d'Abomey-Calavi UAC (Bénin) - Maîtrise en géograhie 2004 |
AbstractThe small valleys of the Boué and the Zounvi enjoy a notorious transformation of their wet ecosystem. That transformation is linked to a phenomenon of urbanization whose indicators are: housing conditions, urban planning, pollution and the exploitation of animal and vegetable resources. It then leads to the disintegration of those ecosystems. The present study, focused on land occupation, has revealed a mutation of rural conditions to urbanization in each small valley by looking for sound factors that explain this land occupation. Besides, it examines the risks of irreversibility and exposes the serious problem of the balance of usefulness of those ecosystems in an urban context. Finally, this urbanization reveals the inadequacies and mismanagements of urban environment to which those noticeable spaces are submissive. Key words: indicators, wet ecosystems, transformation, and risks of irreversibility, disintegration. INTRODUCTIONProblématique L'explosion urbaine en Afrique depuis quelques décennies est caractérisée par une croissance incontrôlée de villes (Vennetier P.1978). En effet, l'urbanisation croissante et l'afflux de milliers ou millions d'individus en provenance des milieux ruraux se traduisent à la fois par la multiplication des lieux de concentration humaine et l'accroissement des densités de population. Cet accroissement des densités a pour conséquence de donner une autre configuration à la ville, étant donné qu'il existe une limite physique à la croissance démographique dans les anciens quartiers où l'entassement des constructions et des hommes ne peut plus se poursuivre à un moment donné. Il faut que les citadins s'installent ailleurs ,et ce ne peut être qu'à la périphérie. Ce mouvement entraîne une demande plus forte de parcelles à bâtir. Et ainsi, les villes sortent de leurs limites traditionnelles et s'étalent sur leurs périphéries respectives en grignotant l'espace rural : c'est la péri-urbanisation. Celle-ci, souvent incontrôlée, engendre alors nombre de situations difficiles parmi lesquelles, outre les changements socio-économiques très rapides, la menace des écosystèmes. Le littoral béninois est caractérisé par la présence de plusieurs types de zones humides réparties en deux grands systèmes étudiés par le Programme d'Aménagement des Zones Humides (PAZH). Le système Est qui comporte le fleuve Ouémé, la rivière Sô et le lac Nokoué ; le système Ouest qui se constitue des fleuves Couffo, Mono, des lacs Ahémé et Toho, et des lagunes. La dynamique urbaine dans cette région requiert une attention particulière étant donné que l'extension de certains centres urbains atteint ces milieux humides. Ainsi Porto-Novo se développe sur un plateau entaillé par des vallons échancrures, lesquels vallons sont caractérisés par des écosystèmes humides dont les fonctions telles que l'amortissement des inondations, l'alimentation de la nappe phréatique et les ressources (faune et flore) sont à préserver. Cette croissance spatiale de la ville se fait par le peuplement des nouveaux quartiers périphériques, du fait de l'immigration, du mouvement de population du centre ville vers la périphérie et du lotissement. Cette extension se traduit par l'accroissement de la superficie urbaine : de 3745 ha en 1985 à 5213 ha en 1998 soit un accroissement moyen annuel de 2.6% pendant cette période1(*). A ce rythme, l'extension de la ville qui se fait surtout en direction du nord et de l'ouest sur le plateau a atteint les zones rurales environnantes comme Louho. Ainsi « La campagne s'urbanise autour de Porto-Novo avec des maisons en dur au milieu des plantations de palmiers à huile, des champs de maïs et de manioc comme au nord de Ouando sur la route de Sakété-Pobè ... » (N'Bessa. B., 1997)2 En s'étendant vers l'ouest, Porto-Novo a atteint et englobé le vallon du Zounvi et fait ressentir ses influences sur le vallon du Boué situé plus loin. La préservation des écosystèmes de ces vallons demande qu'on y prête une grande attention et définisse une stratégie de gestion des ressources naturelles. Il faudra même mettre au point une stratégie globale de gestion des zones humides dans l'environnement de Porto-Novo. Dans cette perspective, il faut se préoccuper de suivre puis contrôler ce phénomène d'extension de la ville. Mesurer la pression urbaine sur ces écosystèmes servirait bien à ce suivi et il importe pour cela de disposer des données et des informations nécessaires. C'est l'objet de la présente étude qui s'appuie sur les notions de pression urbaine et de transformations des écosystèmes humides. Il s'agit donc de présenter pour chaque vallon l'état de l'occupation humaine par l'habitat, les activités et d'identifier les meilleurs indicateurs physiques des incidences qui dérivent de cette occupation. La nature et le degré des transformations dont on se rendra compte orienteront les actions de protection de l'environnement et de gestion urbaine dans le cas de ces zones humides de vallons. Objectifs La présente étude vise l'objectif général suivant : mesurer la pression urbaine les zones humides des deux vallons du Zounvi et du Boué progressivement gagnés par l'extension urbaine, au regard de la question de la gestion urbaine. Les objectifs spécifiques se déclinent ainsi qu'il suit : 1) décrire les écosystèmes de ces vallons ; 2) identifier les indicateurs de pression urbaine ; 3)établir un descriptif de chaque indicateur ; 4) faire l'état des lieux. Hypothèses de recherche
Les observations préliminaires sur le terrain et une première action de recherche documentaire ont permis de retenir les hypothèses ci-après. 1. a) l'urbanisation se traduit par une densification des zones loties de sorte que l'habitat va en se substituant aux surfaces agricoles. b) Les aménagements (infrastructures de transport et d'assainissement) renforcent cette mutation en milieu urbain. 2. Les zones humides des vallons progressivement englobées dans le milieu urbain rassemblent des indices significatifs de la pression urbaine et donnent une bonne lecture des problèmes de gestion urbaine dans le cadre de la ville de Porto-Novo tout au moins. 3. Les fonds de vallons sont l'élément important du système de gestion des déchets solides à Porto-Novo. Méthodologie
Documentation Elle a consisté à rechercher davantage d'informations dans des ouvrages traitant des écosystèmes humides. Elle s'est poursuivie par la lecture des documents pouvant fournir des données sur l'urbanisation, la démographie relative à la ville de Porto-Novo et sa zone périurbaine. Les données utiles à une bonne description des deux vallons du Zounvi et du Boué ont été également recherchées : les données relatives à la morphologie, à la pédologie, à la végétation, à l'écologie notamment. A cet effet, les professeurs Domingo et Tchibozo ont réalisé une étude environnementale du Zounvi. Une autre phase a concerné particulièrement les documents cartographiques pour lesquels l'unité de recherche «Gestion des espaces urbanisés : environnement, mobilisation des acteurs locaux et urbanisme de proximité » a été une source importante. Il s'y est constitué une base de données cartographiques remarquable et un système d'information géographique sur le littoral béninois, constamment enrichi. La documentation s'est effectuée tant dans les centres de documentation universitaires que dans les services techniques comme la Société d'Etudes Régionales d'Habitat et d'Aménagement Urbain (SERHAU) SA, l'Institut Géographique National (IGN), l'Institut de la Statistique et de l'Analyse Economique (INSAE), le Centre d'Information et Documentation sur l'Environnement (CIDE), le Centre National Agro-Pédologique (CENAP). Enquêtes de terrain Cette étape a débuté par des visites de reconnaissance dans les deux vallons. Les sorties de terrain avaient pour but de faire des observations plus précises sur les vallons et d'identifier les indicateurs de l'urbanisation dans ces écosystèmes d'après les hypothèses de recherche. L'étude des indicateurs s'est faite selon des méthodes précises. Etude des indicateurs de pollution L'observation et l'étude des décharges sauvages d'ordures se sont déroulées en quatre étapes : l'estimation (calcul) des surfaces et des volumes des décharges d'après des formes géométriques régulières (conique, triangulaire, rectangulaire) ; ensuite elle s'est poursuivie par une estimation des quantités d'ordures déversées quotidiennement dans le vallon (Zounvi) selon la fréquence de passage des ramasseurs d'ordures et des volumes des bacs à ordures. Ces deux étapes ont permis d'orienter la recherche sur la composition des déchets. Cette recherche a été réalisée sur dix échantillons d'ordures prélevés dans dix (10) bennes d'ordures différentes. En outre, il s'avérait nécessaire de rechercher les impacts des déchets sur la flore et la faune. Enfin il a été procédé à la cartographie des décharges sur un plan du Zounvi au 1/20.000e. Pollution des sols. Cet indicateur a été étudié en procédant à des prélèvements au moyen de ruban-mètre métallique et de machettes. On procède ensuite à la description détaillée des horizons. Pollution de la nappe phréatique. Ce phénomène est étudié au moyen de prélèvements d'eau de puits à différents endroits du vallon qui ont été analysés par un laboratoire de la Société Béninoise d'Electricité et d'Eau (SBEE). L'analyse bactériologique visait surtout à déceler des constituants organiques vivants ou inertes susceptibles de nuire à la santé humaine et éventuellement à celle des autres organismes vivants aquatiques et terrestres. Dégradation de la végétation Les photographies aériennes de la mission IGN BEN 94 couvrant le vallon du Zounvi ont permis d'identifier les différentes formations végétales. Ainsi, on distingue une forêt marécageuse en partie dégradée, une mosaïque herbacée, des champs de cultures. Ce couvert végétal a fait l'objet d'observations et de mesures sur des placeaux de 20m x 20m soit 400m2 permettant de connaître la structure, les facteurs et indices de dégradation de ce couvert. Cette technique, utilisée par les forestiers et même les agronomes, consiste à estimer la superficie qu'occupe chaque strate en identifiant les différentes espèces surtout celles qui prédominent. Pour l'estimation de l'aire occupée par les herbacées, on procède à une estimation de la superficie occupée par la formation végétale. En ce qui concerne les ligneux, on a procédé à la mesure systématique des circonférences dont la hauteur est supérieure à deux mètres. Cette mesure est faite à 1,30 mètre du sol et à 30 cm au-dessus des contreforts à l'aide d'un ruban décamètre. Ensuite la formule "G= D2 /4": permet d'obtenir la surface occupée par les ligneux, avec D le diamètre de chaque arbuste ou arbre, le nombre =3.1416, et qui fait la somme des surfaces terrières calculées. Une surface terrière est celle occupée par un ligneux ; elle se calcule ainsi " g = D2 /4 " ; on en déduit la surface G c'est-à-dire la somme des surfaces terrières d'une strate, soit G = g. La même méthode a permis également d'effectuer une étude de la végétation dans le Boué. D'une manière générale cette méthode aura permis de connaître dans les détails, la structure des formations végétales observées et les facteurs influençant leur évolution qui est ici une dégradation.
Les enquêtes de terrain par guide d'entretien. Pour disposer d'informations et de données sur l'exploitation des végétaux et les quantités d'ordures déversées par jour, l'utilisation de guides d'entretien (en annexes) nous a été utile. Les informations sont notées et vérifiées chaque fois si possible. Traitement des données La plupart des données quantitatives ont été traitées et synthétisées en tableaux et courbes pour être ensuite interprétées. On a pu ainsi dégager des tendances en ce qui concerne les phénomènes observés (dégradation des écosystèmes, pollution des sols, de la nappe phréatique par les déchets ménagers...). Des modèles explicatifs ont été élaborés dans un souci de synthèse et de compréhension des interactions entre les différents éléments de ces processus de transformations de ces milieux. En outre, à partir des inventaires, des cartes ont été élaborées au moyen du logiciel de Système d'Information Géographique MapInfo 6.5. Aussi lorsque cela était possible certains indicateurs ont été mieux répertoriés et analysés à partir de ces cartes. Cette étape importante du traitement des données et d'analyse a permis de finaliser le plan du mémoire qui se présente en trois parties. La première partie, aborde les zones humides des vallons du Zounvi et du Boué, la deuxième analyse les facteurs déterminants de l'occupation du sol et de la pression urbaine du Zounvi et du Boué, et la troisième porte sur de la dégradation des zones humides des deux vallons et de la gestion urbaine.
* 1 SERHAU SA 2000 : Revue permanente du secteur urbain au Bénin.Cotonou : SERHAU SA. 2 N'BESSA B. 1997 : Porto-Novo et Cotonou (Bénin) : origine et évolution d'un doublet urbain, Bordeaux III, Université Michel de Montaigne : thèse de doctorat d'Etat ès lettres. |
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