1.2.2.1 Le pilier I : Exigences minimales en fonds
propres
La mesure de l'adéquation des fonds propres est
constituée par trois composantes du risque à savoir le risque de
crédit, le risque de marché et le risque opérationnel.
1.2.2.1.1 Le Risque de crédit
La nouveauté dans la gestion du risque Bale II c'est la
prise en compte de la qualité du client. L'analyse s'y conduisant
aboutirait à la maîtrise des données clients plus
contraignante que par le passé. Ces clients sont des entreprises
(très souvent des petites pour lesquelles l'infirmation n'est pas
toujours à la portée de la banque), les associations et les
particuliers. Mais il peut s'agir aussi des organismes publics, des autres
banques clientes ou encore des risques souverains i.e. des gouvernements
d'Etats (avec la prise en compte du risque pays-annexe 2).
Cette nouvelle réglementation donne l'occasion aux
banques de réduire le niveau des fonds propres alloués aux
différents contrats qu'ils concluent avec leur client en fonction de la
qualité des dossiers clients.
Cela passe donc par le développement des modèles
de gestion des risques en interne dans chaque établissement. Ces
méthodes de notation des entreprises doivent être validées
par la commission bancaire. Bale II préconise trois méthodes:
La méthode standard i.e. l'amélioration de la
méthode du ratio Cooke.
La méthode dite Internal Rating Based en sigle IRB avec
deux approches. Elle est fondée sur la notation interne (simple &
avancée) des établissements de crédit.
1.2.2.1.1.1 La méthode standard
Cette approche est en principe réservée aux banques
ou établissements de crédit de petite et moyenne
taille1. Toutefois, les grandes banques peuvent y recourir si elles
ne peuvent
1 C'est le cas de la banque Dexia qui pratique cette approche
d'évaluation et de gestion des risques.
r xA = RWA
8%xRWA=RC
procéder à une notation interne des entreprises.
Mais dans la réalité, les dispositions de Bale les incitent
plutôt à adopter les méthodes les plus
développées.
L'élément novateur dans cette évaluation
est que le ratio est de plus en plus sensible au risque de crédit. Celui
tient davantage compte de la solvabilité de l'emprunteur et de la
qualité des garanties qu'il fournit.
Dans cette approche, les établissements de
crédit utilisent les évaluations externes
des agences de rating reconnues. Dans le secteur financier, il en
existe globalement trois à savoir: Moody's, Standard & Poor's
et Fitch Ratings1. Ils ont approximativement quarante
agences reparties dans 75 pays.
Le calcul du capital réglementaire est
évalué suivant la formule ci-après:
r = pondération du risque adapté
en fonction des sûretés. A= actifs (par exemple
le crédit)
RWA = actifpondéré du risque (risk
weighted asset) RC = fonds propres réglementaire
(regulator capital)
|
Il existe différentes grilles de pondération
suivant les catégories d'emprunteurs2. Les encours
pondérés sont nets de provisions s'y ratt achant. Toutes les
techniques relatives à la réduction du risque sont prises en
compte. Il s'agit par exemple des garanties, des hypothèques, des
sûretés ou encore des dérivés de crédit.
Pour la pondération, les banques doivent choisir les
enseignes de rating externes en fonction des critères pertinents
approuvés par le régulateur. Il s'agit par exemple de
l'objectivité, de la transparence, de l'indépendance, de la
crédibilité et des publications. Les notations Fiben de la banque
de France sont également retenues comme fiables.
Par rapport au ratio Cooke, on constate les changements
ci-après:
1 Il reste quant même à relativiser sur les
agences de notation dont la responsabilité se trouve être
engagée dans des scandales comme celui des « subprime»
d'août 2007 aux USA car n'ayant pas pu anticiper la crise. Il en est de
même de l'affaire Enron laquelle bénéficiait d'une note AAA
c'est-à-dire très sure quatre jours avant le crash.
2 Les accords de Bale II distinguent les catégories
ci-après: les souverains, les institutions publiques, les banques, les
entreprises, les particuliers et les crédits (hypothécaires
garanties)-voir pour approfondissement, l'étude du cabinet Mazars CAH 06
de février 2005.
M.B. DIKABOU35
l'abandon du critère d'appartenance à l'OCDE et
l'utilisation des notations externes,
la pondération préférentielle des
opérations aux particuliers à 75% et des crédits
hypothécaires dans l'immobilier à 35%,
l'introduction d'une catégorie pondérée
à 150% pour les dettes les plus risquées,
la conversion des engagements hors bilan (de moins de un an) en
risque crédit du bilan et pondérés à 20% contre 0%
avec le ratio Cooke,
la pondération dans la fourchette de [20% - 50%] pour
les créances sur les entreprises à forte
crédibilité. Par exemple 20% pour les entreprises notées
AAA à AA- et 50% pour les entreprises notées A+ à A-.
Cette pondération était uniforme à 100% dans l'ancien
ratio.
Dans le troisième document de la BRI, ces notations sont
mises en relief suivant la figure 7:
Rating / pondération du risque
|
Agent / Rating
|
AAA/A A-
|
A+/A-
|
BBB+ / BBB-
|
BB+ / B-
|
Inférieur à B
|
Sans Rating
|
Etat
|
0%
|
20%
|
50%
|
100%
|
150%
|
100%
|
Banques*
|
20%
|
20%
|
50%
|
100%
|
150%
|
50%
|
Entreprises
|
20%
|
50%
|
100%
|
150%
|
100%
|
Particuliers* *
|
75%
|
Figure 7- Source : BRI,
3ème document consultatif- cabinet Standard & Poor's
(S&P).
|
* Les crédits interbancaires peuvent aussi être
pondérés en fonction des risques pays. Voir annexe sur les
risques pays.
** Les crédits hypothécaires
sontpondérés à 35% suivants
spécificités
A titre d'illustration, un crédit aux entreprises
notées A- d'un montant de 500 000 Euros doit être couvert par des
fonds propres de 8% x 50% x 500 000 euros soit 20 000 Euros.
1.2.2.1.1.2 La méthode IRB
Elle tient compte des systèmes de notation interne des
établissements de crédit. Elle permet aussi «une allocation
optimale des ressources en fonds propres1 ». L'objectif
n'étant pas
1 Rapport de l'Equipe projet Balle II de la société
générale Corporate investment banking, juin 2006- La
défense.
M.B. DIKABOU37
d'augmenter des fonds propres mais plutôt une meilleure
allocation entre les différents risques supportés par la
banque.
Pour le Crédit Suisse (Economic Briefing, Balle
II-2006), les banques optant pour les approches de notation interne doivent
opérer une séparation fonctionnelle entre l'unité de
gestion interne des crédits et les services de vente. Il faut aussi pour
opter cette méthode, garantir aux organes de régulation des
standards élevés en matière de gouvernance des entreprises
et de comptabilité.
Pour cette méthode IRB, le comité de Bale a
distingué deux approches: IRB Fondation et IRB avancée.
|