3.2.4. L'impact de l'environnement international
L'environnement international influence d'une manière
ou d'une autre, le comportement de l'industrie minière du Katanga. Pour
mieux saisir son influence, il convient de faire une articulation du global au
local. La grande crise économique mondiale des années 1930 avait
affecté profondément l'industrie du cuivre en ce sens qu'il lui
était difficile de trouver des débouchés pour
l'écoulement de ses produits. La situation économique mondiale
s'améliore en 1936, comme dans la période de
l'après-guerre, soit de 1945 a 1959. La demande en matières
premières s'accroIt pour répondre a la reprise et les prix de
matières premières connaissent une hausse. De par l'insertion de
la Gécamines dans l'économie mondiale, elle se compte parmi les
profiteurs de cette amélioration de la conjoncture internationale. De
méme, lors des fluctuations des cours dans le sens de la baisse, elle
n'en est pas épargnée.
C'est ainsi que la baisse spectaculaire du prix du cuivre a la
fin de 1974 (50%) jointe au quadruplement des prix des produits
pétroliers et au renchérissement des prix des produits
importés, ont sensiblement affecté la santé
économique de cette entreprise minière. A la méme
période, l'entreprise a été économiquement
secouée par l'interruption des liaisons ferroviaires directes entre le
Katanga minier et le port d'évacuation de Lobito a la suite de
l'extension des violences de la guerre civile en Angola. Pourtant, la voie de
Lobito constituait pour la Gécamines l'accès le plus rapide pour
les approvisionnements les plus urgents et les plus importants par rapport a la
voie d'évacuation nationale vers l'ouest en passant par le port d'Ilebo
(Francqui) et aux voies du sud, par les ports de l'Afrique du Sud. La fermeture
de cette voie de Lobito implique
pour la gestion de la Gécamines un accroissement des
coüts de production et une contraction des ressources pour l'Etat.
A la seconde moitié de la décennie 1970, deux
guerres éclatèrent au Katanga, alors région du Shaba. Ces
invasions ont détruit les installations que la Gécamines
érigeait dans le cadre du programme appelé <<P2>>
consistant a raffiner le cuivre et a accroItre la production a 570.000 tonnes
de cuivre. Les installations ne fussent certes pas gravement
endommagées, mais la Gécamines en paya le prix pour reconstituer
l'organisation complexe qu'exigeait le fonctionnement d'un centre aussi
modernisé et aussi important que le Groupe ouest de la Gécamines
(Kolwezi et ses alentours).
Le vent de la Perestroika de la fin de la décennie 1980
affecta d'une manière ou d'une autre la Gécamines. La
période de transition induite par le vent de changements
démocratiques en Afrique et imposée au régime dictatorial
du ZaIre par les forces populaires, s'est accompagnée de tout un
cortège de violences. Les "massacres" controversés des
étudiants de l'université de Lubumbashi en mai 1990 ont
contribué comme arguments de la mise en quarantaine du ZaIre par la
communauté internationale et par les institutions financières
internationales pour non-respect des Droits de l'homme. La contraction de la
rente minière consécutive aux contre-performances de la
Gécamines associée a ce tarissement des revenus provenant de
l'endettement, amenuisèrent la capacité du régime Mobutu
relative a la logique de redistribution néo-patronale qui
caractérisait la gestion de la nation. Le régime s'est
retrouvé dans des difficultés pour poursuivre le
clientélisme qui a soutenu le pouvoir trois décennies durant. La
perte d'emprise politique sur le terrain a justifié des nouvelles
stratégies d'acteurs congolais pour le repositionnement politique.
Cette dégradation de la <<gouvernance>>
observée au ZaIre a remis en surface a la décennie 1990, les
conflits identitaires latents jusqu'alors occultés par le garant de
l'unité nationale, le Père de la nation. Cet Etat si fort,
centralisé et tributaire d'un pouvoir militaire, a étouffé
les tensions latentes au plus fort de son règne. Il a suffit que cette
référence centrale atteigne son seuil de saturation pour
qu'à l'amorce des processus de démocratisation des institutions
des affrontements identitaires entre les autochtones katangais et la diaspora
kasalenne - datant de la période coloniale -, ressurgissent au grand
jour. L'<< épuration>> ethnique des originaires du Kasal de
1992-93, plus récente irruption de ces affrontements identitaires au
Katanga, a été généralisée dans les grandes
villes minières. Dans l'une comme dans l'autre manifestation de ces
conflits, c'est toujours les mémes prismes, avec le méme fond. Il
s'agit d'un transfert du conflit politique dans un terrain social, voire
professionnel, avec l'usage d'une rhétorique agressive véhiculant
l'idéologie de pureté identitaire.
De ces conflits interethniques142 la
main-d'>uvre de la Gécamines a enregistré une baisse
relativement sensible de 32.088 agents d'exécution en 1991 a 23.012
agents en 1993. La rupture de la coopération avec la communauté
internationale et les institutions financières internationales a eu
comme corollaire l'absence des capitaux frais pour les investissements a la
Gécamines. Cela n'est pas sans conséquence quant au
délabrement des conditions d'exploitation et a la dégradation des
conditions sociales des travailleurs de cette entreprise minière.
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