Les migrations internationales et le développement en Afrique: Elaboration et mise en place d'un dispositif de suivi évaluation de MIDA-BENIN( Télécharger le fichier original )par Akotènou Richard WATCHINOU Université Paris I Pantheon Sorbonne - DESS en Management des Projets et Programmes 2006 |
2.2.2- Revue de littératureCe paragraphe présente quelques généralités sur les principales expressions contenues dans ce mémoire notamment les "migrations internationales et développement", les "Béninois de l'Extérieur" et le "programme MIDA-Bénin". Ø Migrations internationales et développement Selon le dictionnaire français "le ROBERT quotidien", les migrations sont les déplacements de populations d'un pays dans un autre pour s' y établir. Ainsi, les migrations internationales peuvent être définies comme les mouvements de personnes par-delà les frontières. A l'exception de quelques pays, ces mouvements ont augmenté en Afrique après les indépendances. Cette situation est due, en partie, à des liens coloniaux très forts, à un secteur privé non développé, à la détérioration du marché de travail, à des violations des droits de l'homme, à de mauvaises pratiques gouvernementales, à des guerres civiles, à de la détérioration de l'environnement et à des systèmes d'enseignement souvent inadaptés. Les Gouvernements des pays africains, dans leurs efforts pour créer les compétences spécialisées dont ils ont besoins pour leurs programmes de développement, ont pendant des décennies, encouragé leurs ressortissants à faire des études et à acquérir une formation dans les Institutions des pays du Nord. Cela a eu pour résultat la perte de leur main-d'oeuvre qualifiée au profit de ces pays. Et pour cause, après avoir reçu leur formation, nombre de ces ressortissants qualifiés ont poursuivi des études spécialisées complémentaires et ont intégré le tissu professionnel de leurs Etats d'accueil. Après avoir travaillé pendant quelque temps, ils hésitent de rentrer dans leurs pays d'origine surtout à cause de la peur du chômage dû au gel du recrutement à la fonction publique et de l'absence d'un secteur privé performant, capable d'embaucher des cadres hautement qualifiés. En outre, les nombreuses guerres civiles qui sévissent en Afrique et qui entretiennent l'insécurité, contribuent à retarder le retour des africains. La conséquence qui découle de ce phénomène est la création d'une pénurie de ressources humaines indispensables au développement socio-économique de l'Afrique. Nombre d'entre eux créent de nouveaux foyers dans les pays d'accueil et retardent indéfiniment leur retour au pays d'origine. C'est ainsi que le nombre d'africains résident en Europe et en Amérique du nord est estimé aujourd'hui à plus de 3,6 millions7(*) dont environ 3 millions pour l'Europe seul. Plus de 100 000 d'entre eux sont des cadres. La Commission Economique des Nations Unies pour l'Afrique et l'Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) estiment qu'entre 1960 et 1975, 27 000 Africains ont quitté le continent pour les pays industrialisés. De 1975 à 1984, ce chiffre a atteint 40 000. Selon la Banque Mondiale, 23 000 universitaires et 50 000 cadres supérieurs quittent l'Afrique chaque année. Cette hémorragie continuelle prive les économies des pays africains des compétences dont elles ont un besoin vital ; le développement et la consolidation des Etats s'en trouvent ainsi gravement altérés et les pays, loin de «décoller», s'enfoncent de plus en plus dans un marasme qui fait que le fossé entre la plupart des pays d'Afrique et les pays industrialisés, se creuse davantage. Néanmoins, les Africains expatriés ont pour la plupart garder le contact avec leurs familles restées au pays. De plus, un grand nombre d'entre eux auraient aimé rentrer dans leur pays sans couper les ponts définitivement avec les pays d'accueil. Toutefois, les politiques d'immigration de ces derniers ne sont pas encore assez souples pour le permettre. Ø Notion de Béninois de l'Extérieur Les responsables du MCRI-SCBE, dans une approche de conceptualisation du terme «Béninois de l'Extérieur» lui ont donné la définition ci-après : « Est Béninois de l'Extérieur, toute personne physique, d'origine béninoise de naissance ou par acquisition, résidant régulièrement à l'extérieur et se réclamant tel. Parmi eux, se retrouvent toutes les catégories socioprofessionnelles, allant du simple ouvrier à l'intellectuel qualifié. On y distingue également les Béninois de l'Extérieur Actifs à l'Intérieur (BEAI). Ces derniers sont ceux qui ont choisi volontairement de rentrer temporairement pour enrichir leur pays des expériences acquises à l'extérieur». Le nombre de Béninois de l'Extérieur est estimé aujourd'hui à plus de 4 millions soit plus de 57,14% de la population béninoise évaluée à environ 7 millions d'habitants8(*). Ces données sont issues des différentes visites de prise de contacts effectuées par les responsables du MCRI-SCBE à l'endroit des communautés des Béninois de l'Extérieur. A ce jour, aucune étude sérieuse n'est encore réalisée dans ce domaine. La répartition spatiale des Béninois de l'Extérieur montre que les grandes concentrations se trouvent en Afrique (Occidentale et Centrale) et en Europe. A l'instar des ressortissants d'autres pays africains en quête du mieux-être en dehors de leurs pays d'origine, les Béninois ont développé un goût particulier pour l'étranger. Ainsi, avec ou sans qualification professionnelle, ils émigrent légalement ou clandestinement. Cette tendance a pris une ampleur notable après les indépendances au Bénin (1972-1990). Ainsi, étudiants en formation ou en fin de formation, anciens étudiants ayant eu et accepté des offres d'emploi intéressantes dans le pays d'accueil, intellectuels en quête de meilleures conditions de travail, fonctionnaires internationaux, commerçants, opérateurs économiques, pêcheurs, émigrés clandestin évoluant dans le secteur informel, exilés politiques, simples aventuriers ainsi que l'ensemble de leurs progénitures constituent pour l'essentiel, ce qu'il convient d'appeler les Béninois de l'Extérieur. Dans les pays d'Europe de l'Ouest et d'Amérique du Nord, les communautés béninoises sont généralement composées de personnes hautement qualifiées : universitaires, intellectuels exerçant des professions libérales (avocats, notaires, architectes, médecins, etc.). Par contre, les communautés béninoises qui séjournent dans les autres pays africains disposent de qualifications intellectuelles ou professionnelles moyennes. Ils s'adonnent pour la plupart au négoce, aux activités halieutiques ou toutes autres activités du secteur informel. On les rencontre majoritairement au Nigeria (1 million), au Ghana (900 000), en Côte d'Ivoire (400 000), au Sénégal (350 000), au Gabon (200 000) au Congo (100 000), au Cameroun (100 000)9(*). Au Bénin, les termes "Béninois de l'Extérieur", "Béninois de l'Etranger" ou "Diaspora béninoise" sont explicitement mis en exergue et ont constitué un centre d'intérêt national à l'occasion de la conférence des forces vives de la nation tenue à Cotonou en février 1990. Cette conférence a, entre autres, jeté les bases d'une prise en compte effective et réelle des potentialités des Béninois de l'Extérieur comme ressources indispensables au développement du Bénin. Ø Le programme de Migrations pour le Développement en Afrique volet Bénin (MIDA-Bénin) Dans le cadre de la gestion des migrations, l'OIM a conçu et mis en oeuvre plusieurs programmes qui ont pour objet l'utilisation des compétences et des connaissances des nationaux qualifiés résidant un peu partout dans le monde, pour le développement de leur nation d'origine. Plusieurs programmes sont alors mis en oeuvre en Amérique latine, en Asie et en Afrique. Ainsi, dans le contexte des conventions Lomé II, III et IV, l'OIM a lancé en 1983, le Programme de retour et de réintégration de nationaux africains qualifiés (RQAN). Grâce à ce programme, plus de 2000 nationaux africains hautement qualifiés et expérimentés reçoivent une aide au retour et à la réintégration dans 11 pays d'Afrique à savoir l'Angola, le Cap-Vert, la Guinée-Bissau, la Sierra Leone, le Mozambique, le Ghana, le Kenya, l'Ouganda, la Somalie, la Zambie et le Zimbabwe10(*). Cette main d'oeuvre très qualifiée ramène avec elle ses expériences, dans des domaines variés de développement. A la fin des années 90, la gestion des mouvements migratoires et les liens entre la migration et le développement font l'objet de débats croissants sur la scène internationale. Les Accord de Cotonou, signés le 23 juin 2000, entre l'Union Européenne et les pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) constituent une remise à jour des anciens accords de Lomé signés en 1975. Ils encadrent trois des principales mesures nécessaires pour atteindre les objectifs de lutte contre la pauvreté par un développement adapté à la fois aux conditions de la mondialisation et à l'état des pays à savoir : dispositions institutionnelles, stratégie de coopération et financement du développement. Trois, parmi les cents articles de ces accords, concernent la migration et les migrants. Il s'agit de : - l'Article 13 qui est consacré aux conditions des migrations. Il souligne, entre autres, la nécessité de "l'élaboration de stratégies de mise en oeuvre de programmes de coopération nationaux et régionaux en faveur de l'amélioration des conditions de vie et de travail et de la création d'emplois, et, du développement d'actions visant à l'insertion professionnelle des ressortissants des pays ACP dans leurs pays d'origine ou dans un Etat membre de l'Union Européenne" ; - l'Article 79, alinéa 1, qui stipule que "la coopération technique doit aider les pays ACP à développer leurs ressources humaines nationales et régionales, à développer durablement les institutions indispensables à leur développement grâce, entre autres, au renforcement de bureaux d'études et d'organismes privés des ACP, ainsi que d'accords d'échanges de consultants appartenant à des entreprises des ACP et de l'Union Européenne" ; - l'Article 80, qui précise que "en vue d'inverser le mouvement d'exode des cadres des Etats ACP, la communauté assiste les Etats ACP qui en font la demande pour le retour des ressortissants ACP qualifiés résidant dans les pays développés par des mesures appropriées d'incitation au rapatriement". Ces trois articles constituent le cadre dans lequel s'inscrit le rôle de la migration dans le partenariat pour le développement. A partir des enseignements tirés du RQAN, l'OIM a lancé en 2001 à Libreville au Gabon, un nouveau programme intitulé «Migrations pour le Développement en Afrique (MIDA)». Ce programme s'intègre parfaitement aux deux principales stratégies de développement récemment élaborées : les Accords de Cotonou et la Nouvelle Initiative Africaine qu'est le NEPAD. C'est un programme de renforcement des capacités qui vise à développer les synergies potentielles entre les profils des migrants africains et les besoins des pays, en facilitant le transfert des compétences et des ressources vitales de la diaspora africaine dans les pays d'origine. Il s'appuie sur la notion de mobilité des personnes et des ressources et, de cette façon, offre des options de réinvestissement du capital humain, notamment sous la forme de retours temporaires, de longue durée ou virtuels. Dans ses approches, le programme s'adapte aux besoins du pays d'origine sans porter préjudice au statut légal des migrants dans les pays qui les ont accueillis ou dans leur patrie d'adoption récente. Pourvus de leurs compétences, de nouvelles idées et savoir-faire acquis à l'étranger, les migrants représentent un atout énorme pour le développement de leur pays d'origine dans différents domaines. Ils apportent avec eux une nouvelle vision et personnalisent les forces du changement. En application d'une des recommandations de l'atelier de Libreville et en vue de favoriser l'élaboration d'un mécanisme en matière de migration pour le développement, le Bénin a élaboré en 2002 le programme MIDA-Bénin. Il est une émanation du programme MIDA qui vise l'Afrique toute entière. DEUXIÈME PARTIE : PRESENTATION DES RESULTATS ET PROPOSITION DE SOLUTIONS * 7 Document du programme Migrations pour le Développement en Afrique (MIDA), 2001 * 8 Recensement Général de la Population et de l'Habitation, 2002 * 9 Rapports d'activités 2002, 2003, 2004 et 2005 de la Direction des Relations avec les Béninois de l'Extérieur. * 10 Document du programme Migrations pour le Développement en Afrique (MIDA), 2001 |
|