Géocarrefour, Le tourisme et la ville, Vol.76,
n°2, 2001
Cette publication est issue des XXVIIIe Journées de
géographie du tourisme de la Commission de géographie du tourisme
et des loisirs du Comité national français de géographie,
qui se sont tenues en 2001 à Lyon. Ce numéro spécial
propose onze études de cas urbains, aussi bien en France qu'à
l'étranger (Palma de Majorque, Etats-Unis, Japon). Le but étant
de mieux cerner le tourisme et contribuer à une réflexion plus
fondamentale pour la géographie sur le sujet.
Dans l'introduction, Dewailly et Lefort concluent que ces
études de cas permettent de mettre en évidence les relations
dialectiques entre la ville et le tourisme : le tourisme
générant de l'urbanisme et de l'urbanité et la ville
sécrétant, matériellement et symboliquement, les
conditions d'une possible mise en tourisme.
Chaque article nous montre bien l'articulation si complexe
entre le tourisme et la ville. Le tourisme développant la ville et la
ville développant le tourisme. Dont cet article de Christian Jamot sur
Vichy, où l'auteur explique comment le tourisme, après avoir
été le premier facteur de développement de Vichy, c'est
fait dépasser par l'industrie. Mais lorsque l'industrie connaît
des difficultés, le tourisme est la première sortie de secours.
Mais, et c'est ici l'intérêt de l'article, on ne (re)devient pas
touristique avec quelques renouvellements de l'espace urbain.
Chesnel M, 2001, Le tourisme culturel de type
urbain : aménagement et stratégies de mise en valeur,
l'Harmattan, Coll. Villes et entreprises, Paris, 137p.
Marc Chesnel tente dans cet ouvrage de définir la
singularité et la cohérence du « tourisme culturel de
type urbain ». Mais l'auteur trouble le jeu dès
l'introduction, car il ne définit ni le tourisme, ni le tourisme
culturel et n'utilise jamais cette notion de « tourisme culturel de
type urbain » mais parle de « tourisme urbain ».
Ce qui ne semble pas cohérent si l'on veut démontrer la
singularité de ce type de tourisme. Selon l'auteur, le tourisme urbain,
à la différence de celui pratiqué en montagne ou à
la mer, est plus discret dans le paysage et a une relation plus faible avec la
nature (p.7) En ce qui concerne la « discrétion » du
tourisme urbain, c'est une fausse discrétion, car il est bien visible
dans la ville. Mais notre regard occidental apprécie moins la vision des
barres d'immeubles en haute montagne que sur le périphérique
parisien. Ce n'est donc pas un critère de singularité. De
même pour son faible lien avec la nature. Lorsque nous passons des
vacances au bord de mer, passons nous toutes nos journées à la
plage ? Non, nous faisons d'autres pratiques qui n'ont aucun rapport avec
la mer et certaines stations, comme Benidorm, ont une vie touristique qui
s'auto-alimente en dehors de leurs plages. La singularité ne doit pas se
situer sur des questions de nature ou de type d'espace. D'ailleurs existe-t-il
un intérêt à trouver une singularité au tourisme
urbain ? L'auteur ne se pose pas la question. Si l'on doit parler de
singularité, c'est dans la singularité urbaine qui se conjugue
avec la singularité de chaque ville. On rejoint l'auteur lorsqu'il
écrit que chaque ville est singulière, ce qui devrait tordre le
coup à cette idée répandue d'une
homogénéisation des villes.
L'auteur apporte quelques réflexions
intéressantes. Lors du premier chapitre sur la valorisation touristique
du patrimoine urbain, il est assez rare de lire que « le
patrimoine peut être valorisé, doit d'abord être rendu
accessible, présenté, expliqué » (p.11).
Puisque bien souvent les auteurs se placent du point de vue de la sauvegarde
absolue du patrimoine. De même lorsqu'il parle de Venise :
« Venise surgit quasiment intacte de sa grande époque.
Préservée grâce au tourisme ? Pour une large part
certainement, puisque la conservation est la condition du tourisme et qui
celui-ci procure des ressources qui la permette » (p.12).
Dans le chapitre six, « Le contexte
touristique » (ne devrait-il pas être au début ?),
l'auteur avance quelques éléments de réponse sur la
singularité du tourisme urbain. Son originalité tient dans la
diversité de ses propositions : polarisés dans l'espace et
dans le temps pour les congrès ; étalés pour les
festivals ; en permanence pour la vie culturelle. Cela revient à
faire une distinction selon les pratiques touristiques, ce qui semble
être intéressant et cohérent. L'auteur insiste aussi sur la
proximité des activités ludiques dans la ville, ce qui est
important. En effet, la proximité facilite le passage d'une
activité à l'autre, la densification du vécu et permet de
se glisser dans le quotidien des habitants (p.96). Mais il ne précise
pas si c'est une proximité par la distance ou par l'accessibilité
qu'offre la ville par ses moyens de communication. Entre densification du
vécu, vivre le quotidien des habitants, accessibilité,
proximité, etc. nous sommes en présence de la question de la
qualité urbaine du lieu : quelle ville me permet de profiter au
maximum ce qu'elle me propose ?
En conclusion, l'auteur termine sur une phrase qui correspond
à une des hypothèses de recherche (le touriste influence son lieu
de vacances et son lieu de vie quotidien) : « cette forme de
tourisme [le tourisme urbain] peut contribuer à rapprocher,
à faire coller le temps des vacances avec le reste du temps de vie, et
devraient ainsi contribuer à ce que le vacancier, de retour dans son
cadre habituel de vie, cherche à retrouver près de chez lui
expériences et émotions fortes ou discrètes
découvertes dans une autre ville... » (p.135)
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