2 - La question du réchauffement climatique
L'une des pollutions les plus préoccupantes est sans
doute le rejet de gaz à effet de serre, en particulier le dioxyde de
carbone qui est le produit de toute combustion9. Comme ils
retiennent les rayonnements infrarouges émis par la Terre sans
arrêter les rayonnements du Soleil, ces gaz favorise, voire provoque un
réchauffement du climat, comme l'avait imaginé J.-B. Fourier
dès 1827. Ce réchauffement est très inquiétant dans
la me sure où il pourrait entraîner une désertification, et
une montée du niveau de la mer (due à la fonte des pôles),
entraînant la disparition de zones côtières. C'est pourquoi,
à la suite des pays industrialisés, conscients de leur
responsabilité historique dans ce processus, la communauté
internationale s'est mobilisée. Un Groupe d'experts intergouvernemental
sur l'évolution du climat (GIEC) a d'abord été mis en
place, et quelques vagues promesses ont été faites au sommet de
Rio en 1992. Mais les rapports alarmistes du GIEC ont réussi faire
comprendre aux pays impliqués qu'il ne fallait pas prendre ce risque
à la légère, et il a été signé en
1997 un accord international beaucoup plus sérieux : le protocole de
Kyoto. Malheureusement, sa mise en application se fait attendre pour de
multiples raisons parmi lesquelles l'arrivée de Bush à la
présidence des Etats-Unis n'est pas la moindre.
21 - que faire du réchauffement climatique?
Si la thèse du réchauffement climatique est
relativement consensuelle, l'ampleur du réchauffement et ses
conséquences font l'objet d'une vive polémique. Certains
scénarios nous promette un avenir calamiteux mais d'autres sont moins
alarmistes : peut-être aurons-nous l'heureuse surprise d'un <<
Sahara vert >>, comme le suggère certains modèles ? Il faut
savoir que le climat n'est pas figé, il connaît des variations
naturelles importantes et relativement rapides : ainsi, on sait qu'il y a 4000
ans, le Sahara était une mer, et qu'au moyen-âge la planète
était si chaude que le Groenland était une terre verte
colonisée par les vikings10. Le réchauffement actuel
pourrait donc n'être qu'une fluctuation mineure, et nos
inquiétudes sans fondements. Mais le risque est grand, car en
négligeant l'hypothétique catastrophe, l'humanité court
peut-être à sa perte. Dès, lors, comment assumer notre
responsabilité sans entraver inutilement le nécessaire
développement économique ? Cette question, proche d'une analyse
coût-bénéfice (mais avec un tout autre enjeu) est d'autant
plus délicate qu'il est permis de douter tant des constats que des
remèdes.
Le principe de précaution11, maintes fois
invoqué depuis la Conférence de Rio, n'est pas d'une grande aide,
car sans contenu pratique. De plus, il se laisse interpréter de
très diverses façons, certains allant même jusqu'à
l'interpréter comme un << principe du pire >> qui conduit
à n'envisager que le pire des scénarios, ce qui n'est bien
sûr pas compatible avec le développement économique. Il
s'agit de distinguer clairement prévention et précaution : tandis
que la première se place dans un cadre statique, c'est-à-dire
à un moment donné, dans un contexte stable, la seconde se place
dans un environnement dynamique et vise à gérer l'incertitude.
Comme les connaissances scientifiques ne cessent d'augmenter, il est peu
judicieux de sanctionner très sévèrement les
émissions de CO2, de même qu'il ne faut pas interdire
définitivement les OGM dès aujourd'hui. Il vaut mieux adopter des
mesures prudentes et une réglementation flexible que l'on pourra
facilement modifier plus tard : il faut s'inscrire dans une optique
séquentielle. Concrètement, il s'agit d'amorcer la
réduction des émissions à court terme en introduisant une
flexibilité suffisante pour faciliter la transition future vers le
scénario qui s'avèrera le plus probable. C'est cette
stratégie qu'adopte le protocole de Kyoto, lequel fixe des objectifs
précis qui seront révisées d'ici une ou deux
10 Emmanuel Le Roy Ladurie rappelle dans son Histoire du
climat que ce réchauffement favorisa le développement des
activités humaines mais ne fut en aucun cas causé par ces
dernières
11 défini dans le droit français par la loi
Barnier du 2 février 1995 : << l'absence de certitude, compte tenu
des connaissances scientifiques et techniques du moment, ne doit pas retarder
l'adoption de mesures effectives et proportionnées, visant à
prévenir un risque de dommages graves et irréversibles
>>
décennies. En tout état de cause, il est
nécessaire de commencer dès aujourd'hui à réduire
les émissions de CO2 afin de ne pas réduire l'ensemble des choix
futurs : en termes économiques, il existe une valeur d'option à
réduire les émissions12.
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