Deuxième Partie : Désuétude et
caducité d'une théorie islamique classique des relations
internationales
A) changement de circonstances historiques politiques :
A.1) l'émergence de l'Etat moderne
la théorie politique islamique fut bâtie sur le
fait que : l'état constituait un instrument majeur dans
l'établissement et l'adoption d'une religion universelle ; islam, et par
conséquence il a été considéré capable de
s'étendre ad infinitum, d'où la tendance vers l'instauration d'un
État islamique universel. Toutefois, dans sa phase primaire
l'état islamique n'avait pas ce caractère universel, en
dépit de l'aspect oecuménique de la religion musulmane.
Dès ses débuts l'état en islam passait à travers
des phases et des étapes d'évolution qu'on peut résumer
ici de la manière suivante :
_la phase de la cité-Etat (622-632
après j.c)
_la phase impériale (632-750)
_la phase universelle (750-900)
_la phase de la
« décentralisation » (900-1500)
_la phase de la fragmentation (1500-1918)
_ la phase nationale (1918- )
Malgré le fait que l'état islamique ne
reconnaisse en théorie aucun autre état à part
soi-même, il se trouvait acculé à accepter certaines
limitations et s'accommoder avec les réalités politiques et les
contextes historiques auxquels il s'est trouvé. Ainsi, faute de pouvoir
incorporer en son sein l'humanité tout entière, l'état
islamique tacitement acceptait le principe de la coexistence avec les autres
Etats et la conduite des relations extérieures en vertu non seulement de
la loi islamique mais aussi des principes dérivés des
expériences des rapports avec les différents états. De
même, l'état islamique avait subi des changements dans sa
structure interne résultant des conflits existants entre le centre et
les périphéries. De même, La nature de l'autorité
et du pouvoir au sein de la communauté musulmane fut l'objet d'une
controverse théorique qui a réuni deux courants juridiques, l'un
défendant une théorie moniste du pouvoir et l'autre une
théorie pluraliste du pouvoir. Les adeptes d'un seul pouvoir politique
central mirent en exergue l'unité de Dieu, source de tous pouvoir et
l'existence d'une seule loi islamique(shari'a) et concluaient la
légitimité d'un seul et unique calife.
En revanche, l'école pluraliste aux les
défenseurs de la division de la Terre d'islam en deux ou plusieurs
entités politiques, avançaient d'argument suivant : lorsque la
Terre de l'islam était divisée par la mer et les autres obstacles
naturels, elle doit être divisée en plusieurs entités
politiques, chacune serait gouvernée par un calife séparé
ayant la mission d'appliquer la loi sacrée dans son domaine.
Après la division du califat en plusieurs entités politiques, un
autre principe fut adopté, il s'agissait de la souveraineté
territoriale, ainsi la ségrégation territoriale a eu comme
résultante la transformation graduelle de la souveraineté de
l'universalisme vers la territorialité et du droit qui passa du
caractère personnel a un caractère territorial.
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