Vincent GICQUEL
UNE INSTITUTION CULTURELLE
DANS LE CHAMP DE LA PROFESSIONNALISATION
D'ACTEURS CULTURELS
Université Paris XII Val de Marne
UFR- Sciences de l'Education et Sciences Sociales
Master professionnel Travail, Education, Formation
Spécialité Conduite de projets et management des
organisations
Parcours Conduite de projets et ingénierie de
formation
Année 2006-2007
Vincent GICQUEL
UNE INSTITUTION CULTURELLE
DANS LE CHAMP DE LA PROFESSIONNALISATION
D'ACTEURS CULTURELS :
le Palais de Tokyo et son projet de Licence
en apprentissage médiateur jeune
public
Je remercie pour leur aide et leur soutien:
Monsieur Marc-Olivier Wahler, directeur du Palais de
Tokyo
Madame Marie-Claude Vitoux, administrateur
Monsieur Tanguy Pelletier, responsable du Service jeune
public
Madame Sumiko Oe Gottini, coordinateur
général
Mademoiselle Aurélie Lesous, assistante coordinateur
général
SOMMAIRE
LETTRE DE MISSION
3
INTRODUCTION
4
1/ ÉTAT DES
LIEUX
6
1.1 Présentation du Palais de
Tokyo
6
1.1.1 ADN du Palais de Tokyo
6
1.1.2 Histoire du Palais de Tokyo
7
1.1.3 Le Palais de Tokyo, un lieu d'émergence pour l'art
contemporain
8
1.1.4 Fonctionnement interne du Palais de Tokyo
9
1.2 L'éducation aux arts et
à la culture
11
1.2.1 La démarche du Palais de Tokyo
11
1.2.1.1 La médiation culturelle au Palais de Tokyo
11
1.2.1.2 Le Palais de Tokyo et les publics scolaires
12
1.2.1.3 Les activités jeune public du Palais de Tokyo
13
1.2.2 Bilan des politiques culturelles en termes
d'éducation artistique et culturelle
14
1.2.2.1 Les politiques de démocratisation culturelle
14
1.2.2.2 Les jeunes publics dans les institutions culturelles
15
1.2.2.3 Les actions politiques envers les jeunes publics
16
1.2.2.4 Le bilan contrasté des politiques culturelles
17
1.2.2.5 L'éducation artistique et culturelle : un
problème de méthode et de formation ?
18
1.3 Le modèle des formations
universitaires formant à la médiation culturelle : un
modèle en crise ?
19
1.3.1 Les formations formant à la médiation
culturelle
19
1.3.2 Des formations du supérieur ne répondant pas
aux besoins des entreprises et des institutions culturelles
21
1.3.3 Des formations universitaires peu professionnalisantes pour
les étudiants
22
1.4 Une institution culturelle se
lançant dans la formation d'acteurs culturels
25
1.4.1 Le projet de Licence médiateur jeune public du
Palais de Tokyo
25
1.4.1.1 Origine du projet
25
1.4.1.2 Une expérience réussie de formation :
le Pavillon
27
1.4.2 Le choix d'un nouveau modèle de formation pour le
supérieur : l'apprentissage
28
1.4.2.1 Définition
28
1.4.2.2 L'apprentissage, un outil d'insertion professionnel
performant ?
29
1.4.2.3 L'apprentissage dans le tertiaire
30
1.4.2.4 L'apprentissage dans le supérieur
30
1.4.2.5 L'apprentissage dans les formations en médiation
culturelle
31
1.4.2.6 Des entreprises favorables à
l'apprentissage ?
31
1.4.2.7 Des jeunes favorables à l'apprentissage ?
32
1.4.3 Forme finale du projet de formation
33
2/ ANALYSE
36
2.1 Le Palais de Tokyo, une institution
culturelle dans une démarche professionnalisante ?
36
2.1.1 Une institution se lançant dans la
professionnalisation de la médiation culturelle jeune public ?
36
2.1.1.1 Métier ou profession ?
36
2.1.1.2 La médiation jeune public : un métier
ou une profession ?
37
2.1.1.3 Le Palais de Tokyo, une institution oeuvrant pour la
professionnalisation de la médiation culturelle ?
38
2.1.2 L'alternance choisie par le Palais de Tokyo, un outil de la
professionnalisation de la médiation culturelle jeune public ?
41
2.1.3 Une formation permettant de construire des
compétences ?
44
2.1.3.1 Professionnalisation et compétences
44
2.1.3.2 Un espace de construction des compétences ?
46
2.1.3.3 Un apprentissage expérientiel ?
47
2.2 La nécessité d'adopter
les outils la « démarche compétences » ?
51
2.2.1 Contexte d'apparition de la démarche
compétences
51
2.2.2 Définition de la démarche compétences
53
2.2.3 Une démarche compétences se
développant dans l'éducation
54
2.3 Compétence du Palais de Tokyo
à se lancer dans la professionnalisation d'acteurs de la
médiation culturelle ?
55
2.3.1 Le Palais de Tokyo, un lieu d'innovation en matière
de médiation culturelle jeune public
55
2.3.1.1 Le Palais de Tokyo, une institution disposant d'un
savoir-faire en termes de médiation culturelle jeune public
55
2.3.1.2 Quelle légitimité par rapport aux
organismes de formations traditionnels comme les universités et les
écoles ?
56
2.3.2 Une institution inexpérimentée dans le
domaine de la formation
57
2.3.2.1 Des moyens humains suffisants ?
57
2.3.2.2 Le Palais de Tokyo, une « organisation
apprenante » ?
57
3/ PROPOSITIONS ET
PROJETS
61
3.1 Une Professionnalisation
nécessitant d'adopter les outils de la démarche
compétences
61
3.1.1 Adapter la démarche compétences au projet de
formation
61
3.1.1.1 L'organisation des référentiels
61
3.1.1.2 Méthode de recueil et d'analyse des données
62
3.1.1.3 Exhaustivité, stéréotypie : un
équilibre nécessaire
65
3.1.2 La construction des référentiels du
métier de médiateur jeune public
66
3.1.2.1 Consulter les entreprises ?
66
3.1.2.2 Le recueil des données
67
3.1.2.3 Le référentiel d'activités
68
3.1.2.4 Le référentiel de compétences
70
3.1.2.5 Le référentiel de formation
72
3.1.2.6 Profil professionnel visé
76
3.2 Comment favoriser la construction
des compétences ?
78
3.2.1 Agir sur les trois pôles de la
compétence : savoir agir, vouloir agir, pouvoir agir
78
3.2.2 Rendre le cycle de construction des compétences
effectif
79
3.2.3 Rendre l'apprentissage expérientiel efficient
81
3.3 Travailler avec les entreprises
d'accueil
82
3.3.1 Construire un parcours formateur avec l'entreprise
82
3.3.2 Le tutorat
85
3.3.2.1 Champ et contenu
85
3.3.2.2 Les modalités de fonctionnement du tutorat
86
3.3.2.3 Les effets du tutorat
88
3.3.2.4 Les limites du tutorat
89
3.3.3 Développer des situations de travail apprenantes
90
CONCLUSION
93
GLOSSAIRE
94
BIBLIOGRAPHIE
95
SITOGRAPHIE
96
ANNEXES
97
LETTRE DE MISSION
Palais de Tokyo, site de création
contemporaine
Les noms et qualités des
tuteurs :
Sumiko Oe Gottini, coordinateur général
assisté de Aurélie Lesous.
Tanguy Pelletier, responsable du service Jeune public.
La période de stage : Du 15
janvier 2007 au 31 juillet 2007 (en alternance du 15 janvier au 30 juin puis
à temps plein du 30 juin au 30 octobre).
Mission du stage :
Participation à la mise en place de l'Unité de
Formation par Apprentissage Médiation Jeune Public
Description des missions confiées au
stagiaire (projet transversal):
· Coordination générale :
-Participation à la préfiguration de
l'Unité de Formation par Apprentissage Médiation Jeune Public
-Apports et recherches méthodologiques en
ingénierie de formation
-Mise en place des outils d'accompagnements et d'accueils des
apprentis
· Service jeune public :
- Recherches documentaires en art contemporain et constitution
des dossiers partagés nécessaires à l'élaboration
des activités à destination des publics.
- Rédaction des comptes-rendus des sessions de travail
liées au plan de développement du service.
- Accompagnement, animation et encadrement ponctuel du jeune
public dans sa découverte du site de création contemporaine.
- Participation à l'élaboration de la
programmation à destination du jeune public
INTRODUCTION
« La médiation culturelle, fonde, dans le
passé, le présent et l'avenir, les langages par lesquels les
hommes peuvent penser leur vie sociale, peuvent imaginer leur devenir, peuvent
donner à leurs rêves, à leurs désirs et à
leurs idées les formes et les logiques de la
création ». Cette citation de Bernard Lamizet1(*), professeur de Sciences de
l'information et de la communication à l'Institut d'études
politiques de Lyon, nous montre l'enjeu sociétal que représente
la médiation culturelle aujourd'hui. Mais pour lui, la médiation
culturelle s'inscrit aussi bien dans des logiques politiques et
institutionnelles que dans des pratiques et dans des oeuvres. La France a
depuis longtemps une volonté de mettre en valeur son patrimoine
artistique et culturel. Au-delà d'une politique patrimoniale, certains
mouvements issus de l'éducation populaire cherchèrent à
initier le plus grand nombre à ce patrimoine par le biais d'une
éducation artistique et culturelle. Mais paradoxalement, en se dotant
d'un ministère des Affaires culturelles la France va se détacher
de ce modèle pédagogique, même si le but affiché
était de démocratiser la culture en rendant
« accessibles les oeuvres capitales de l'humanité, et d'abord
de la France, au plus grand nombre possible de Français ».
Pendant longtemps en effet, on considéra que l'action culturelle devait
être fondée sur le « choc artistique », qui consiste
à croire aux qualités intrinsèques de l'oeuvre pour
procurer une émotion au public, sans qu'il y ait besoin de
médiation. L'éducation populaire fut ainsi écartée
du giron de la culture. Mais au cours de ces dernières décennies,
constatant une certaine inefficacité à sensibiliser le grand
public, les politiques culturelles se sont voulues moins élitistes et
ont remis au goût du jour les notions de médiation et
d'éducation artistique et culturelle. De nombreuses actions ont ainsi
été développées pour sensibiliser les publics
potentiels aux art et à la culture, et notamment les jeunes publics.
Le Palais de Tokyo, site de création contemporaine,
lui-même, après avoir conceptualisé une vision,
considérée par certains comme novatrice, de la médiation
culturelle a développé un certain nombre de pratiques envers les
jeunes publics. Ayant acquis en quelques années un savoir-faire dans ce
domaine, le Palais de Tokyo, site de création contemporaine souhaite
aujourd'hui se lancer dans l'aventure de la formation en montant une licence en
apprentissage pour former des médiateurs culturels
spécialisés en jeune public.
La domaine de la formation, étant jadis
réservé aux écoles et aux universités, on peut se
demander pourquoi une institution culturelle, oeuvrant dans le domaine de l'art
contemporain, a-t-elle décidé de se lancer dans le champ de la
formation d'acteurs culturels. Cet engagement suscite également des
interrogations sur les capacités et compétences d'une institution
culturelle visiblement inexpérimentée, dans ce domaine à
se lancer dans une telle aventure. Ceci peut également nous amener
à nous interroger sur les besoins de cette institution en matière
d'ingénierie de formation.
Pour répondre à ces questions, nous verrons dans
une première partie dans quel contexte politique, économique et
social se situe le projet de formation du Palais de Tokyo. Après avoir
fait un état des lieux de la situation, nous essaierons d'analyser les
raisons qui poussent cette institution culturelle à se lancer dans un
projet de formation de médiateur jeune public. Nous essaierons
également d'analyser les ressources dont elle dispose, pour mener
à bien ce projet. Enfin, cette analyse nous permettra de faire un
certain nombre de propositions et projets en ingénierie de formation
pour favoriser la réussite de ce projet de formation.
1/ ÉTAT DES LIEUX
1.1 Présentation
du Palais de Tokyo
1.1.1 ADN du Palais de Tokyo
Le Palais de Tokyo est un site de création contemporaine
qui se définit lui-même ainsi2(*) :
« Le Palais de
Tokyo Est un lieu d'émergence pour l'art
contemporain Pensé comme un lieu de
vie Accessible à tous les
publics Libre et engagé Actif
à la frontière des multiples territoires
artistiques Interactif et
flexible Soutenant la scène française et les
artistes De dimension
internationale Espace source pour
l'expérimentation Tel est le Palais de
Tokyo Ouvert de midi à
minuit Kaléidoscope de l'art
actuel Y compris de l'art à
venir Où l'émergence artistique à
libre cours »
1.1.2 Histoire du Palais de Tokyo
Lieu d'émergence de l'art contemporain, le Palais de
Tokyo, site de création contemporaine, ouvre ses portes au public en
janvier 2002 à l'initiative du Ministère de la Culture et de la
Communication3(*). En 1999
en effet, Catherine Trautmann, Ministre de la Culture et de la Communication,
lance un concours pour consacrer une partie des bâtiments du Palais de
Tokyo à la diffusion de l'art contemporain, (l'autre partie étant
occupée par le Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris).
L'objectif était d'avoir en France une institution culturelle reconnue
nationalement et internationalement, agissant dans le domaine de l'art
contemporain et oeuvrant à sa démocratisation.
Les critiques d'art et commissaires d'expositions Nicolas
Bourriaud et Jérôme Sans présentèrent leur projet et
furent nommés en juillet 1999 pour le mener à bien. Cette
nouvelle institution culturelle va alors développer, au cours des
années qui vont suivre son ouverture, de nombreux projets artistiques et
culturels.
Le Palais de Tokyo, site de création contemporaine,
apparaîtra ensuite comme un chaînon essentiel du dispositif global
de la politique culturelle de l'État mise en oeuvre par le
Ministère de la Culture et de la Communication. Il va incarner cette
volonté interventionniste de l'État dans la Culture tout en
gardant une totale indépendance en termes de programmation. Ceci
étant permis par le modèle économique original
fonctionnant sur la base d'un équilibre entre les ressources publiques
et les ressources privées.
En février 2006, le Palais de Tokyo connaît un
changement de direction. Marc Olivier Wahler en devient alors le nouveau
directeur, après avoir dirigé le Swiss Institute - Contemporary
Art à New York de 2000 à 2005 et co-fondé le CAN (Centre
d'Art Neuchâtel) en 1994. Malgré ce changement, cette institution
va continuer à oeuvrer pour les buts qu'elle s'était
fixés, à savoir soutenir la création contemporaine et la
rendre accessible au plus grand nombre.
1.1.3 Le Palais de Tokyo, un lieu d'émergence pour
l'art contemporain
Le Palais de Tokyo fut, dés sa création,
conçu comme un « espace source »4(*) d'où faire surgir les
tendances émergentes de l'art contemporain. Cette institution afficha
rapidement son souhait de s'ouvrir aux courants multiples de la création
ainsi que sa volonté de mettre en oeuvre « un engagement
véritable pour être au plus près des artistes ».
Souhaitant ainsi attester du foisonnement et de la diversité des formes
de la création actuelle, le Palais de Tokyo se lança dans
l'organisation de nombreuses expositions temporaires (thématiques,
collectives...), ainsi que d'événements artistiques et culturels
variés (performances, rencontres, concerts, conférences,
projections).
Partant du postulat que les artistes d'aujourd'hui fournissent
« des clés de lecture, des outils de détection et
d'émotion pour faire du présent une base de réflexion et
une matière pour le futur »5(*), cette institution a souhaité créer
« un espace non-élitiste pour découvrir et vivre la
création au quotidien » facilitant ainsi la relation que le
public entretien avec l'art contemporain. On a donc conçu ce lieu
à la fois comme un lieu d'exposition et comme un lieu de vie. Un lieu
d'exposition, d'abord pensé comme « un lieu riche en
convivialité, propice aux rencontres, générant le dialogue
et décomplexant -- accessible à tous » et
« soucieux de ne pas couper l'art contemporain du monde dans lequel
il existe ». Pluridisciplinarité, horaires d'ouverture de midi
à minuit, présence d'une équipe de médiateurs,
spécialistes des nouvelles pratiques contemporaines, au service de tous
les visiteurs : tous ces éléments ont été
pensés dans cette optique de faciliter la relation du public à
l'art contemporain. Lieu de vie également puisqu'on ajouta au projet
d'ensemble un restaurant, une cafétéria, une librairie et une
boutique; l'idée étant de faire « de chaque visite au
Palais de Tokyo une occasion de vivre [la culture] et l'art contemporain comme
une expérience globale ».
Depuis sa création, le Palais de Tokyo a
travaillé avec plus de 350 artistes, présenté plus de 100
expositions monographiques et accueilli plus d'un million de personnes. Des
expositions collectives majeures y ont été
présentées (« Hardcore », « GNS », «
Playlist», « Live », etc.) ainsi que de nombreux artistes
émergeants comme Bruno Peinado, Melik Ohanian, Jota Castroou, les M/M,
ou encore Dewar et Gicquel.
Un des principes est de soutenir la création en mettant
en lumière des artistes émergents ou peu connus. Il y a
également l'exigence pédagogique de permettre au plus grand
nombre de découvrir l'art contemporain. Cette programmation artistique
du Palais de Tokyo essaie donc d'innover en cassant par exemple le
cliché de l'exposition unique (en suivant les artistes sur plusieurs
années) ou encore en associant une programmation culturelle aux
expositions.
1.1.4 Fonctionnement interne du Palais de Tokyo
Comme nous avons pu voir le Palais de Tokyo se définit
comme un « site de création contemporaine »6(*). On peut également le
définir comme une institution culturelle. Mais s'agit-il d'une
institution culturelle semblable à d'autres comme le Musée
national d'art moderne par exemple ?
Contrairement à de nombreuses institutions
possédant le statut d'Etablissement public, le Palais de Tokyo est une
institution fondée sous le statut de l'association de Loi 1901. Cette
association a une mission de service public et est d'ailleurs à ce
titre, financée à hauteur de 40% de ses dépenses par
l'État. Elle comprend comme toute association, un Conseil
d'administration qui, celui-ci est composé d'artistes et d'acteurs
clés de l'environnement artistique et culturel français et
international.
Son équipe est composée de salariés, de
personnels détachés du ministère de la Culture ainsi que
de stagiaires (essentiellement du supérieur). Elle est organisée
en différents services : la Direction, le Service des expositions,
l'Administration (dont la Coordination générale), la
Communication (comprenant la Presse, le Développement et le
Mécénat...), l'Action culturelle (dont le Service jeune public et
l'Action éducative et la médiation) ainsi que la Régie
technique. Il existe également l'Unité Pédagogique du
Pavillon, unité à part dans l'organisation du Palais de Tokyo.
La cafétéria, le restaurant, la librairie et la
boutique sont gérés par des entreprises privées. Les
espaces occupés par ces entreprises y sont dits privatisés. Les
autres espaces du bâtiment (salles d'exposition, mezzanine, terrasse)
sont également parfois privatisés à la demande lorsqu'ils
ne sont pas occupés. Les autres ressources financières
privées sont réparties entre la billetterie, les offres
culturelles payantes et le mécénat (numéraire). Ce type de
fonctionnement permet à cette institution d'avoir une relative
indépendance financière. Ainsi, tout en assurant sa mission de
service public, elle dispose, contrairement à un établissement
public, d'une plus grande liberté dans ces choix de programmations,
d'activités et de développement.
Le Palais de Tokyo fonctionne également beaucoup sur le
principe du partenariat. Celui-ci se traduit par des échanges
marchandises (comme le parrainage ou les partenariats médias), ou par du
mécénat qu'il soit en nature, numéraire ou de
compétences. En contrepartie, le Palais de Tokyo offre essentiellement
son image de site de création contemporaine reconnu (emplacements pour
les logos), mais aussi des invitations, ou des privatisations.
Ainsi ce type de fonctionnement original dans le paysage
institutionnel français permet à cette structure de conserver une
autonomie et la pousse à toujours plus de créativité et
d'innovation pour développer des partenariats et aller chercher son
public. Le développement d'une certaine idée de la
médiation s'inscrit d'ailleurs dans cette optique d'innovation et de
réflexion.
1.2 L'éducation aux arts et
à la culture
1.2.1 La démarche du Palais de Tokyo
1.2.1.1 La
médiation culturelle au Palais de Tokyo
S'appuyant sur la variété de ses expositions,
l'équipe chargée de l'accueil des groupes et de la
médiation a développé depuis 2002 une forme d'approche et
d'accompagnement du public qualifiée par le responsable de l'Action
éducative de « singulière »7(*). Le principe de médiation
individuelle (un médiateur à disposition, directement
sollicité par le visiteur ou inversement) initié en
2002, « même s'il s'avère [pour lui] en partie
utopique à long terme », a permis semble-t-il, de construire
un type d'accompagnement du public original et créatif qui se
révèle adapté aux visites guidées. « Le
médiateur n'est ici, ni un agent d'accueil ni un conférencier,
tout en étant les deux. C'est une figure qui module ses
conférences et les nourrit en fonction de l'accueil des publics auxquels
il est confronté ». Pour ce responsable, sa
spécificité vient de là. Pour lui, le médiateur
« n'est pas indépendant du site de création, il ne vient pas
y faire la leçon. Il l'incarne et il l'habite ». Ainsi, le
médiateur doit accueillir, inviter et accompagner les spectateurs dans
leur visite. Ce type de médiation fondée sur le dialogue, a
semble-t-il, permis à l'équipe d'acquérir une très
bonne connaissance de son public. Il a en effet permis aux médiateurs de
rester au plus près de la perception que pouvait avoir le grand public
de la création contemporaine et ainsi de développer
« une grande réactivité dans son discours ».
Au lieu de vouloir simplement informer le public sur les pièces
exposées, l'équipe de médiateur souhaite avant tout
pouvoir, par la pratique du dialogue, aiguiser le regard et éveiller le
sens critique du visiteur.
Valorisant le dialogue, le sens critique et l'autonomie du
visiteur, le médiateur se sert des références qui sont
celles de ses interlocuteurs plutôt que de mettre en avant les
références à l'histoire de l'art. Il favorise une
réflexion construite à partir de références
à la culture populaire, à certaines situations politiques et
sociales, et d'une manière générale à tout ce qui
peut permettre l'élaboration de systèmes de correspondance
favorisant l'appropriation par le public du territoire de la création
actuelle. L'idée est de mettre, en turbulence l'histoire de l'art,
plutôt que de l'imposer pour faire de la visite avant tout un espace de
questionnement, d'apprentissage et d'autonomie. En effet, pour ce responsable,
« au sein d'une société où le regard est de plus
en plus sollicité de manière passive par la publicité en
particulier, l'art contemporain tente de stimuler la perception du public et de
le mettre en éveil face à des formes ou des images qui ne se
donnent pas à lire de manière immédiate. La
médiation, à la différence de la conférence, [doit
s'essayer] de mettre son discours en conformité avec les objets de son
discours »8(*).
1.2.1.2 Le Palais de
Tokyo et les publics scolaires
S'appuyant sur les pratiques et réflexions
développées auprès des visiteurs habituels du Palais de
Tokyo, l'équipe de médiateurs a construit un modèle de
visites adapté aux publics scolaires.
En s'appuyant sur la variété des expositions du
Palais de Tokyo, les médiateurs proposent des visites guidées,
s'adressant à tous les niveaux. Celles-ci ont pour objectif d'aborder de
façon simple et pédagogique les expositions en cours et ainsi de
dédramatiser le rapport que les élèves entretiennent
souvent avec l'art contemporain. Sensibilisée aux programmes officiels
de l'Éducation nationale, l'équipe du Palais de Tokyo invite les
enseignants à venir préparer leur visite en amont et propose,
pour chaque exposition, un dossier enseignant qui permet aux professeurs
d'envisager les liens à construire entre l'exposition et le contenu de
leurs cours. Dans la mesure du possible, les visites sont bâties sur
mesure, en fonction des attentes et de l'identité du groupe. Pour le
responsable de l'action éducative, les enseignants sont visiblement
satisfaits des interventions des médiateurs. Ils semblent les trouver
pertinents, pédagogues, ayants un sens critique, ouverts à la
discussion et capable d'adapter leur discours à leur public,
« à la différence des universitaires vacataires qui
interviennent dans d'autres institutions ». Ces enseignants semblent
également apprécier la qualité du suivi
personnalisé et la mise à disposition des dossiers enseignants,
la facilité, la réactivité et la souplesse de
réservation, d'organisation et de paiement ; ainsi que la
possibilité de construire des projets sur mesure et originaux.
1.2.1.3 Les activités jeune
public du Palais de Tokyo
Le Palais de Tokyo a également développé
depuis 2002 des activités destinées au jeune public. Les enfants,
hors temps scolaire, dans le cadre de ces activités, sont amenés
à découvrir l'art contemporain de manière
« décalée et originale ». Basés sur le
« concept de l'enseignement informel »9(*), les ateliers Tok Tok, qui
furent conçus par l'actuel responsable du Service jeune public, ont pris
le parti de placer l'enfant au coeur des espaces d'exposition. À partir
de leur univers de référence, elles proposent des ateliers
créatifs et pédagogiques, des contes ou encore des visites
adaptées aux familles. Ces activités se veulent
« atypiques et innovantes » et se présentent comme
de « véritables laboratoires d'expérimentation pour
l'enfant ». Elles ont pour objectif de développer chez
l'enfant son sens de l'observation, son inventivité.
Pour le responsable du Service jeune public, le fait de faire
les activités « in situe », c'est-à-dire au
sein même des expositions, a un impact fort sur les enfants et le rapport
qu'ils entretiennent avec le lieu d'exposition et les oeuvres. Le but
affiché est de permettre à l'enfant d'appréhender le
travail des artistes « de l'intérieur », au coeur des
expositions et en rapport direct avec les oeuvres. Selon les activités
proposées, l'enfant participe à des réalisations
privilégiant de nombreux outils utilisés par les artistes
d'aujourd'hui (photo, vidéo, dessin, collage, son, performance...). On
considère ainsi qu'en vivant la création sous toutes ses formes,
l'enfant se familiarisera avec l'univers plastique d'un artiste, ses
thèmes et ses matériaux. Les réalisations des enfants
leur permettent également par l'accrochage et l'installation, d'aborder
quelques grands principes muséographiques et scénographiques.
Ainsi, on estime qu'en observant, pratiquant, expérimentant et en
réfléchissant tout en s'amusant, les enfants
développeront une sensibilité et un goût pour la
création actuelle.
Ces activités sont proposées aux parents qui
souhaitent y inscrire leurs enfants. L'inscription est donc individuelle. Pour
faciliter la communication sur ses activités, une histoire
mélangeant thème de la visite, oeuvres choisies d'artistes
exposés et univers de référence des enfants (contes, film,
livre...), est écrite et sert ensuite de fil conducteur à
l'activité.
Le Palais de Tokyo suit ainsi le jeune public (hors temps
scolaire) sur les tranches d'âge allant de trois à dix ans.
L'idée est « d'accompagner les enfants dans leur aventure
personnelle ». Voici quelques exemples de formats d'accompagnement
développé par ce service :
- Les ateliers Tok Tok :
Ces ateliers comprennent une visite thématique et
ludique ainsi qu'un atelier de création in situe, en lien avec un
artiste ou une série d'oeuvre, le tout guidé par un
élément fictionnel. Plusieurs types d'ateliers existent pour
chacune des tranches d'âges.
- Les contes Tok Tok
Destinés au 3-6 ans, ces contes sont une manière
de faire découvrir l'art contemporain au plus petits.
- Les Tok Tok holidays
Il s'agit d'une compilation des meilleures activités
Tok Tok, pendant les vacances
- Chouette mon anniversaire au Palais
Organisation d'anniversaires au Palais de Tokyo, le choix des
activités est laissé aux enfants
- Les visites mômes and co
Visites guidées adaptées aux familles
Nous avons pu voir ici la variété de
méthodes et d'activités mises en placent pour sensibiliser les
jeunes publics notamment hors temps scolaire, à l'art contemporain.
Cette programmation est présentée par le Palais de Tokyo comme
originale et innovante. Ces deux points peuvent nous amener à nous
interroger sur les politiques d'éducation à l'art et à la
culture et sur les pratiques des autres institutions culturelles en
matière de médiation culturelle jeune public.
1.2.2 Bilan des politiques culturelles en termes
d'éducation artistique et culturelle
1.2.2.1 Les politiques
de démocratisation culturelle
La France est engagée depuis près d'un
demi-siècle dans une politique interventionniste de
démocratisation culturelle. Mais la création d'un
ministère des Affaires culturelles, puis d'un ministère de la
Culture, ne semble pas avoir suffit à démocratiser de
manière satisfaisante l'art et la culture dans notre pays. Nombre de
sociologues ont en effet pu constater l'insuffisance des politiques culturelles
en matière d'actions éducatives et culturelles. Face à ce
constat (que d'autres pays tirent également), la nécessité
de réinventer cette démocratisation s'imposa. Ainsi, comme nous
le dit J.Galard, responsable du Service culturel au Louvre, « les
musées, dans de nombreux pays, se montrent (depuis une quinzaine
d'années) résolus à entretenir avec le public des
relations plus attentives. Ils se dotent de services spécialement
chargés de certaines missions qui n'étaient pas, encore
récemment, aussi expressément affirmées, aider les
visiteurs à mieux comprendre les collections, élargir la
fréquentation en sensibilisant des publics potentiels qui ne seraient
pas venus sans une incitation particulière, diffuser en dehors
même du musée des connaissances qui se rapportent à son (ou
à ses) domaine(s) »10(*). Il semble pourtant que les musées aient eu
très tôt ce désir (dés le XIXe siècle) de
contribuer à l'éducation de leur public, mais pendant très
longtemps, notamment en France, on a cru « qu'il suffisait d'exposer
des objets pour transmettre un savoir »11(*). Aujourd'hui, de nombreuses
institutions culturelles dont les musées ont mis en place des services
des publics, et se sont lancées dans l'action culturelle et la
médiation culturelle, pour ainsi faciliter le rapport que le public
entretient avec la culture et les oeuvres d'art. La notion de médiation,
qui était le plus souvent utilisée dans le champ
juridico-socio-politique : « médiateur
judiciaire », « médiateur social /
familial », fit ainsi son apparition dans le monde de la culture.
Petit à petit, l'idée qu'il ne suffit pas d'ouvrir des lieux
culturels pour attirer le grand public vers les arts et la culture s'imposa.
1.2.2.2 Les jeunes
publics dans les institutions culturelles
Nous avons pu voir que de nombreuses institutions culturelles
mettent aujourd'hui en place des actions pour sensibiliser leurs publics aux
oeuvres qu'elles donnent à voir. La plupart d'entre-elles ont en effet
développé des actions éducatives en direction des adultes
mais qu'en est-il des jeunes publics ?
Qu'ils s'agissent du musée du Louvre, du centre Georges
Pompidou, du musée du quai Branly, de la Cité de la musique, ou
de la Cité des sciences pour ne citer que les plus grandes institutions,
les activités à destination du jeune public semblent être
assez développées et semblent prendre de nombreuses forment. Il
s'agit en générales de visites ponctuelles ou organisées
sous des formes diverses (visite conférence, visite thématique,
visite atelier, visite découverte, la visite contée...), ou
d'ateliers de pratique. Ces outils restent ceux privilégiés sur
le temps scolaire et hors temps scolaire. Chaque établissement module,
adapte et diversifie ses outils, en fonction du domaine dont il est expert. Le
musée du quai Branly et le musée du Louvre ont par exemple
proposé des ateliers ou concours d'écriture. Certains ont
développé des partenariats inter-musées, avec des
écoles ou avec des centres de loisirs. D'autres ont monté des
projets avec des artistes comme le centre Georges Pompidou, qui a monté
une galerie des enfants et organise des exposition-ateliers en collaboration
avec des artistes comme Guiseppe Penone ou Tony Cragg12(*). D'autres institutions
étrangères ont également des services orientés vers
les jeunes publics et organisent des activités spécifiques pour
ce type de public. Prenons à titre d'exemple et pour montrer la
variété géographique des institutions qui ont
développé des actions dans ce domaine, « The
Israël Museum » à Jérusalem, le musée des
beaux-arts de Montréal, ou « La Isla de los inventos,
Secretaria de Cultura y Educacion de la Municipalidad de
Rosario ».
1.2.2.3 Les actions politiques envers les jeunes publics
Le Ministère de la Culture et de la Communication
finance également chaque année de nombreuses actions ayant pour
but l'éducation artistique et culturelle. En 2006, par exemple, les
dépenses consacrées à l'action 2 du
programme 224 (2001-2006) s'élevèrent à environ
31 700 000 €.13(*) Ces dépensent n'incluent pas celles
consacrées à l'éducation artistique et culturelle par les
établissements publics du ministère, ni celles des structures
artistiques et culturelles imputées sur leur budget global de
fonctionnement
Cet argent servit à financer :
· des associations ayant des actions d'éducation
artistique et culturelle
· des actions culturelles à
l'université
· des pôles de ressources pour
l'éducation artistique et culturelle
· actions nationales de formation
· des outils pédagogiques
· des opérations nationales
éducation à l'image
· des associations nationales CSTI
· des séminaires, colloques
· et des manifestations diverses
Ainsi, on peut voir que le ministère de la Culture et
de la Communication finance de nombreux acteurs et de nombreuses actions
touchant à l'éducation artistique et culturelle. A ce propos, le
ministère considère que nous avons assisté à une
prise de conscience ces dernières années, de la place que doit
avoir l'éducation artistique et culturelle dans les projets artistiques
et culturels des nombreuses structures culturelles en France.
On voit ici que des efforts certains sont faits en France et
dans le monde pour développer l'éducation artistique et
culturelle. Pourtant, malgré ces efforts faits depuis de nombreuses
années, beaucoup de personnes tirent encore un constat d'échec
des politiques culturelles notamment en France.
1.2.2.4 Le bilan contrasté des politiques
culturelles
Pour Jean-Michel Dijan, journaliste et professeur à
l'Université Paris VIII « près d'un demi-siècle
après avoir publiquement défendu une certaine idée de
l'accès à l'art du grand public, les responsables des politiques
culturelles publiques sont au pied du mur. L'accès du plus grand nombre
aux oeuvres capitales de l'humanité révèle
impossible en l'état. Les principes comme les actions sont battus en
brèche par une réalité qui en contrarie les
desseins »14(*).
Il souligne que la démocratisation culturelle et l'éducation
artistique ne dépendent pas uniquement du ministère de la Culture
mais aussi et surtout de l'Education nationale. Pour lui s'agissant de
l'éducation artistique, moteur universel de la formation de l'esprit
sensible, les actions sont dispersées, artisanales et
expérimentales ». À son sens, « une
évidence saute aux yeux, pour pratiquer l'art, tenter de frayer dans
l'univers du spectacle, communier avec les oeuvres majeures de notre
époque ou celles de notre patrimoine, il faut très jeune
posséder les clés d'accès à cet imaginaire. Puis
celles de ces lieux où les artistes, amateurs comme professionnels,
viennent partager des émotions avec un
public ». 15(*) Pour lui, il faut redonner « à
l'éducation, c'est-à-dire à la transmission, les outils
pour saisir intellectuellement ce qui fait « oeuvre » et
ainsi parier sur une élévation du sens critique des futurs
citoyens de notre pays ». 16(*)
D'autres personnes font ce même constat d'échec
et proposent des solutions pour améliorer ces actions
éducatives.
1.2.2.5 L'éducation artistique et culturelle : un
problème de méthode et de formation ?
Pour Jean-Gabriel Carasso17(*), directeur de l'association nationale
théâtre et éducation (ANRAT), l'éducation artistique
et culturelle doit comprendre deux axes, « à la fois la
sensibilisation et le développement de la pratique artistique
personnelle de chacun et l'ouverture, l'initiation et la formation à une
approche culturelle du monde. ». Pour lui, cette éducation
doit nécessairement se faire dans une logique de pédagogie active
de projet, à la fois une pratique personnelle, des relations aux oeuvres
et un indispensable travail intellectuel sur ces expériences. Trois
étapes lui apparaissent essentielles et qu'il résume ainsi :
« Faire éprouver, réfléchir »18(*) Ces trois pôles doivent
permettre d'appréhender de manière sensorielle,
émotionnelle et intellectuelle les oeuvres d'art et les oeuvres
culturelles.
Il considère que le développement de
l'éducation artistique et culturelle pose de nombreux problèmes,
de contenus, d'organisation, de financement, de responsabilités, mais
pour lui, « se pose d'abord avec force la question de la
compétence, de la qualité, donc de la qualification des personnes
appelées à mettre en oeuvre un tel projet ». En effet,
parlant de la génération d'acteurs culturels favorables à
l'éducation artistique et culturelle qui puisaient son énergie
dans « l'héritage des associations d'éducation
populaire, des mouvements pédagogiques d'éducation nouvelle, de
l'éducation active et de la pédagogie de
projet »19(*),
Jean-Gabriel Carasso nous dit qu'il y a urgence à former les successeurs
de ces « baby-boomers » moteurs de cette phase active de
l'éducation artistique et culturelle. Aux questions :
« Faut-il des formations diplômantes ou
qualifiantes ? », et : « Faut-il former des
spécialistes ? », il répond, qu'il importe que
l'éducation artistique et culturelle appartienne à tout le monde.
Lui-même milite « pour la diversité des offres de
formation, pour l'établissement de parcours et de
passerelles » dans ce domaine. Ce qui importe en revanche, c'est la
qualité des formations qui définira ensuite la qualité des
interventions.
Ainsi, Jean-Gabriel Carasso nous montre ici, que l'urgence en
termes d'éducation artistique et culturelle se situe au niveau des
méthodes pédagogiques mais aussi au niveau de la formation des
acteurs de cette éducation qu'ils soient enseignants, artistes,
animateur culturel ou médiateur culturel.
1.3 Le modèle des
formations universitaires formant à la médiation
culturelle : un modèle en crise ?
1.3.1 Les formations formant à la
médiation culturelle
Nous avons pu voir qu'un problème essentiel dans
l'éducation à l'art et à la culture semble être
lié à la formation des intervenants culturels. Pourtant, de
nombreuses formations semblent aborder ce thème de la médiation
culturelle. Nous trouvons par exemple les formations universitaires. Il s'agit
essentiellement de licences professionnelles et de masters professionnels,
c'est-à-dire de formations censées être
professionnalisantes par l'introduction dans le cursus d'un stage obligatoire.
On trouve par exemple dans les formations proposées par
l'Université française, la « Licence Professionnelle
Activités culturelles et artistiques option conception et mise en oeuvre
de projets culturels » de l'Université d'Aix-Marseille,
« la Licence professionnelle Activités culturelles et
artistiques option métiers de l'animation et du développement
social et culturel » de l'Université Rennes 1, le
« Master professionnel Direction et Conception de projet
culturel » de l'Université Paris III ou encore ou encore
« le Master Communication et médiations
culturelles » de l'Université de Nantes. Il ne s'agit
là que de quelques exemples tant la liste pourrait être
exhaustive. En effet, la majorité des universités
françaises délivrent aujourd'hui au moins un diplôme dans
lequel on trouve les termes « médiation culturelle »
dans l'intitulé.
Les écoles privées elles aussi proposent de
nombreuses formations dans le domaine de la médiation culturelle. Citons
à titre d'exemple le « 1er cycle (Bac +3)
Médiation et production culturelles » de l'IESA ou le
« Master Ingénierie culturelle et médiation »
de l'ICART.
On peut donc être surpris du constat fait, par de
nombreuses personnes, d'un échec des politiques et des interventions en
matière de médiation culturelle, et d'un manque de formation des
acteurs culturels. Peut-être s'agit-il d'une différence de
définition ? Les professionnels comme Jean Gabriel Carasso ou ceux
du Palais de Tokyo attendent en effet d'un candidat postulant pour un poste de
médiateur culturel qu'il soit apte à transmettre un contenu,
à organiser et à animer des activités culturelles, des
visites et autres activités. Or, les formations dispensées dans
les écoles et les universités semblent plus développer des
savoirs généraux sur des thèmes liés à la
culture comme les politiques culturelles ou la sociologie de la culture, que de
développer de réelles compétences en médiation
culturelle, dans le sens d'activité de transmission/médiation
d'un contenu culturel (définition correspondant plus au besoin des
professionnels).
Il existe tout de fois d'autres formations professionnalisante
qui correspondent plus à cette définition mais celles-ci forment
pour le coup des intervenants spécialisés dans un domaine
particulier. On trouve par exemple un diplôme spécifique pour les
intervenants musiciens : le DUMI (Diplôme universitaire de musicien
intervenant) délivré par le CFMI (Centres de formation des
musiciens intervenants). Les CFPI (Centres de formation des plasticiens
intervenants) souvent intégrés aux écoles d'art dispensent
également des formations d'intervenants plasticiens comme dans les
écoles supérieures d'art d'Amiens, de Bourges, de Marseille, ou
de Strasbourg. Mais il s'agit là de pratiques minoritaires par rapport
à l'ensemble des formations dispensées par les universités
et les écoles dans le domaine de la médiation culturelle.
À l'opposé, on trouve les formations
dispensées par les organismes d'éducation populaire et dont les
diplômes ou brevets sont délivrés par le ministère
de la Jeunesse et des Sports. On trouve tout d'abord le BAFA (Brevet d'Aptitude
aux Fonctions d'Animation) qui permet d'exercer en tant qu'animateur dans les
centres de loisirs et de vacances et dont certaines spécialisations ont
à voir avec la médiation culturelle comme la
spécialisation « art moderne et art contemporain ».
On trouve également des diplômes professionnels allants du niveau
V au niveau III ayant des spécialités axées sur la
médiation culturelle comme le BAPAAT (Brevet d'Aptitude Professionnelle
d'Assistant Animateur Technicien), Le BPJEPS (Brevet Professionnel de la
Jeunesse et de l'Education Populaire Sportive) animation culturelle,
spécialité médiation culturelle ou le DEFA (Diplôme
d'Etat relatif aux fonctions d'animation).
Toutes ces formations sont fortement axées sur la
pratique, mais les diplômés ne semblent pas souvent correspondrent
aux exigences de secteur culturel. Les diplômes délivrés
par le ministère de la Jeunesse et des Sports et découlant tout
droit des pratiques d'éducation populaire sont en effet souvent
associés pour les professionnels de la culture aux métiers du
loisir et non de la culture. Ceci peut-être attribué à la
séparation historique entre le ministère de la Culture et le
ministère de la Jeunesse et des Sports mais aussi peut-être au
fait que ces diplômes seraient trop axés, pour le secteur
culturel, sur des pratiques ludiques d'animation et pas assez sur un contenu
culturel à transmettre.
Ainsi, nous pouvons voir que de nombreuses formations ont la
prétention de former à la médiation culturelle et à
l'éducation artistique et culturelle. Mais malgré cette profusion
de diplômes existants, il semble que de nombreux professionnels et
analystes les jugent comme non adaptés à l'exercice de la
profession de médiateur culturel, notamment les formations
universitaires.
1.3.2 Des formations du supérieur
ne répondant pas aux besoins des entreprises et des institutions
culturelles
Pour Matthieu Béra et Yvon Lamy, l'Université
« doit s'adapter aux demandes professionnalisantes de ses
publics ». Pour ces auteurs, l'Université et les enseignants
ne peuvent « perdre de vue qu'ils sont financés par
l'impôt et que leurs budgets dépendent des axes et orientations
des hommes politiques, eux-mêmes élus », or,
« ce sont eux qui décident en dernière instance
d'ouvrir ou de fermer telle ou telle filière ». Pour eux, les
formations professionnalisantes se développent en réponse
à une attente des marchés de l'emploi qui souhaitent disposer de
professionnels compétents »20(*). Il semble donc que les formations universitaires
traditionnelles ne soient pas tout à fait adaptées aux besoins
des entreprises et plus particulièrement dans le domaine culturel.
Le Palais de Tokyo lui va encore plus loin, puisque pour cette
institution, les formations formant à la médiation culturelle, y
compris les licences professionnelles et les masters professionnelles, ne sont
pas adaptées aux besoins des entreprises et des institutions
culturelles. Cette institution, en tant « qu'entreprise »
agissant dans le secteur culturel, a en effet pu remarquer que les jeunes qui
postulaient pour des stages en médiation culturelle étaient pour
la plupart dépourvus d'outils nécessaires à la pratique de
la médiation culturelle. Le diplôme en médiation culturelle
n'est d'ailleurs pas forcément un critère déterminant dans
les recrutements des médiateurs culturels. On va ici rechercher des
personnes ayant des parcours un peu hétéroclites et qui ont pu se
constituer un panel d'outils au travers de leurs expériences de terrain.
Ils porteront notamment une attention particulière aux diverses
expériences professionnelles et associatives, dans le domaine de la
médiation culturelle, de l'événementiel, ou encore de
l'animation socioculturelle. Il est également important que ces
personnes aient de bonnes connaissances de l'activité principale du
Palais de Tokyo, l'art contemporain et que ses personnes aient de bonnes
connaissances en histoire de l'art, voire qu'elles aient une pratique
artistique même amateur.
Le Palais de Tokyo semble également être
sollicité pour son savoir faire en termes de médiation culturelle
notamment jeune public par des entreprises qui ne semblent pas trouver, parmi
les jeunes diplômés en médiation culturelle de profils qui
les intéressent. Ceci rejoint le constat de la DDAI, du Tram et du CIPAC
sur la nécessaire professionnalisation du secteur culturel. Ces
organismes s'interrogent sur l'adéquation entre les formations
existantes et les besoins du secteur culturel. Le CIPAC, le TRAM et le CNAM ont
d'ailleurs organisé en 2007 un séminaire sur la
professionnalisation du secteur des arts visuels. Ce séminaire avait
pour but « de préciser les problématiques liés
à l'emploi et à la professionnalisation dans l'art
contemporain ».
On peut s'interroger sur les raisons de cette
inadéquation entre offre de formations et besoins des professionnels.
Les universités comme nous l'avons vu, proposent depuis de nombreuses
années des formations professionnalisantes mais celles-ci ne semblent
pas l'être suffisamment pour les entreprises et pour de nombreux
spécialistes. On peut alors se demander si ce problème est
spécifique au secteur culturel ou s'il s'agit d'un problème
concernant l'Université dans son ensemble.
1.3.3 Des formations universitaires peu
professionnalisantes pour les étudiants
L'année 2006 a vu de nombreux étudiants des
universités françaises, manifestés contre la mise en place
du Contrat Première Embauche (CPE) proposé par le gouvernement
Villepin. Cette « crise du CPE » comme on l'a
appelée, a révélé un profond malaise des jeunes, et
notamment des étudiants, dans la société
française. Ces étudiants montrèrent en effet une grande
inquiétude par rapport à leur avenir professionnel. Ceci incita
le gouvernement en place à commander une étude sur l'état
des formations universitaires en France. Le recteur de l'Académie de
Limoges, Patrick Hetzel, fut ainsi nommé pour mener cette étude.
Celle-ci donna naissance à ce qu'on appelle communément
aujourd'hui, le « rapport Hetzel ».
La question de l'insertion professionnelle à
l'Université
Ce rapport fait état du taux d'échec important
pour les jeunes entrés dans l'enseignement supérieur. Pour
Hetzel, ce taux est « beaucoup trop élevé en France
puisqu'il concerne 20% » des étudiants. Pour
lui, l'insertion professionnelle est également problématique
puisque qu'elle semble s'être dégradé21(*). Il nous dit à ce sujet
que « 3 ans après leur sortie, 11% des diplômés
de l'enseignement supérieur sont au chômage ». Pourtant
pour Hetzel, ces étudiants semblent manifester « une
très forte envie de s'impliquer dans notre
société » et souhaiteraient « pouvoir saisir
toutes ses opportunités ». Les étudiants
français éprouveraient ainsi « des craintes au sujet de
leur avenir » et auraient « très peur de la
déqualification de leurs diplômes et de la
précarité ». La « crise du CPE »
où l'on a vu de nombreux étudiants protester contre ce projet de
Contrat Première Embauche du gouvernement Villepin a en effet
montré de manière spectaculaire aux médias et à
l'ensemble des Français ce malaise que vivent les étudiants par
rapport à leur avenir.
Selon ce rapport, Il y a nécessité
« de tout mettre en oeuvre pour que la situation actuelle où
bon nombre d'étudiants se retrouvent seuls, face à la fois,
à l'Université et au monde du travail, seuls pour faire le pont
entre ces deux mondes, se modifie ». Pour Hetzel, « il
convient de proposer aux étudiants un passage progressif de
l'Université vers le monde du travail en passant d'une vision où
le diplôme est considéré comme un couperet à une
vision où le monde de l'emploi est progressivement de plus en plus
intégré dans les différents cursus au fil du
temps ».
Pour la commission dirigée par Hetzel,
« plutôt que d'avoir une vision dichotomique où
l'étudiant acquiert d'abord un diplôme et va ensuite vers le monde
du travail », il faudrait plutôt « une évolution
paradigmatique où la question de l'insertion professionnelle serait
prise en charge plus en amont dans les cursus universitaires permettant ainsi
une démarche moins brutale et donc nettement plus
progressive ». L'idée soutenue ici est de favoriser
l'information des étudiants et de les « aider à
construire leur parcours d'insertion vers le monde du travail
». 22(*)
Un manque de visibilité des
diplômes :
Selon ce rapport, « il existe [en France] un
très grand attachement aux diplômes mais ils [auraient] tendance
à devenir illisibles pour les étudiants, les employeurs, [ainsi
que pour] les universités étrangères ». Il
souligne que le [système] LMD (Licence Master Doctorat) a encore
compliqué un système qui n'était déjà pas
simple, même s'il est, semble-t-il, jugé comme globalemnt positif
par beaucoup. Pour lui, « deux grands types de problèmes
restent à surmonter : sa volumétrie (plus de 10.000
dénominations différentes) et sa taxinomie (les intitulés
manquent parfois de clarté) ».
Pour Hetzel, même si le coeur de métier pour les
enseignants du supérieur est constitué de leur activité
d'enseignement et de leur activité de recherche, « tout le
monde s'accorde [...] à dire que l'institution universitaire doit se
préoccuper de manière très active du sort de ses
diplômés et éviter les sorties sans
diplômes ». Il faut donc pour lui mettre l'accent sur
« l'employabilité des diplômés »
(même si ce concept semble rester ambigu), il faut également faire
en sorte « que l'argent investi soit utilisé de façon
la plus efficace possible ». Il rappelle également
qu'au-delà du niveau de chômage des diplômés, c'est
la précarité des emplois et la déqualification des
diplômes qui fait particulièrement problème. Cette question
de l'emploi « ne se résume pas au monde de l'entreprise, il
convient d'avoir une acception large de celui-ci et donc d'y inclure aussi la
fonction publique et le monde associatif et mutualiste ».
Pour améliorer la relation Université- Emploi,
Hetzel considère qu'il est essentiel que les deux systèmes que
représentent le système universitaire d'une part et le
marché de l'emploi d'autre part puissent se rapprocher l'un de
l'autre ». Les universités doivent, pour lui,
«développer davantage de partenariats durables avec les milieux
socioprofessionnels et accepter que l'un des indicateurs de performance
utilisé pour les évaluer soit lié à l'insertion
professionnelle de leurs diplômés »23(*).
Ainsi nous pouvons voir que, comme le constate le Palais de
Tokyo, de nombreux spécialistes considèrent les formations
universitaires comme souvent inadaptées aux besoins des étudiants
et des entreprises en termes de possibilités d'insertion
professionnelle. Un des points essentiel semble être l'aspect
professionnalisant des formations universitaires. Le rapport Hetzel
préconise à ce propos de développer les voies de
professionnalisation comme les licences professionnelles ou le modèle de
l'alternance par l'apprentissage, et de développer le partenariat entre
universités et entreprises. Ces deux aspect de la professionnalisation
semblent d'ailleurs être deux aspects primordiaux pour les professionnels
du secteur culturel.
1.4 Une institution
culturelle se lançant dans la formation d'acteurs culturels
1.4.1 Le projet de Licence
médiateur jeune public du Palais de Tokyo
1.4.1.1 Origine du projet
Le projet de créer une formation destinée
à former des médiateurs jeune public et piloter par le Palais de
Tokyo, est né en 2006 à l'initiative de la Coordination
générale et du Service jeune public du Palais de Tokyo. Celui-ci
a ensuite été soutenu par l'Administration et le Service de
Développement- Mécénat.
En effet, le Service Jeune Public ayant
développé depuis quelques années un certain nombre de
pratiques innovantes en termes de médiation jeune public, et constatant
un réel manque de formation dans ce domaine, des responsables du Palais
de Tokyo considérèrent qu'il serait intéressant de
transmettre ce savoir-faire.
De plus, partant des très nombreuses demandes de stages
auprès du Palais de Tokyo et d'un réel besoin des entreprises de
pouvoir se positionner au sein de l'innovation et du développement
culturel, le Palais de Tokyo a été amené à
s'interroger sur les modalités de réponse à ses demandes
et besoins24(*).
Souhaitant également être dans « une
réflexion continue sur l'accompagnement, le développement et la
formation des publics » en essayant de réfléchir
à la place du spectateur et au rôle social même de l'art
auprès des publics au pluriel », il est apparu important au
Palais de Tokyo de se lancer dans ce projet25(*).
Fidèle à sa volonté politique
d'être une institution novatrice en termes de démocratisation
culturelle, le Palais de Tokyo a souhaité développer ce projet de
formation de médiateur jeune public pou répondre à sa
mission de service public inscrit dans le préambule de son contrat
signé avec l'Etat qui stipule qu'elle doit « soutenir la
création émergeante et [travailler à] réconcilier
l'art avec le grand public »26(*). Cette association affirme ainsi sa volonté de
développer des outils permettant d'oeuvrer à rendre l'art
accessible à tous en formant de futurs médiateurs (qui pourront
exporter ce savoir-faire) à des « techniques innovantes et
performantes ».
On peut ajouter à toutes ces raisons une raison
économique. Le Palais de Tokyo comme nous l'avons vu, est une
institution culturelle ayant une délégation de service public
mais n'est financée qu'à 40% de ses dépenses. Cet aspect
essentiel qui l'oblige à être dans une logique permanente
d'innovation et de développement explique également pourquoi elle
a choisi de se lancer dans le champ de la formation.
Face à cette nécessité de
développement, le Palais de Tokyo rencontre également une demande
de plus en plus forte de partenaires privés et institutionnels. Nous
pouvons prendre ici l'exemple de l'exposition Monumenta organisée par le
Ministère de la Culture et de la Communication au Grand Palais. Il
s'agit d'une exposition monumentale consacrée à un artiste
« reconnu ». En cette année 2007, c'est l'artiste
Anselm Kiefer qui a été choisi pour occuper la nef du Grand
palais. Soucieux de rendre accessible à tous cette exposition, le
Ministère de la Culture et de la Communication a missionné le
Palais de Tokyo pour s'occuper de la médiation auprès des
publics. Ainsi le Palais de Tokyo s'appuyant sur son expérience et son
savoir-faire a organisé différents types de médiations
telles que les « Ateliers mots » pour les scolaires ou les
« Activités Tok Tok » pour les jeunes publics. Voici
un bon exemple de l'importance accordée par les partenaires
institutionnels et privés au savoir-faire du Palais de Tokyo en termes
de médiation culturelle et notamment jeune public.
Enfin, nous pouvons ajouter à cela l'expérience
positive de l'Unité Pédagogique du Pavillon, cette unité
de formation pour jeunes artistes et critiques d'art, qui va jouer en faveur
de la concrétisation de ce projet de formation
1.4.1.2
Une expérience réussie de formation : le Pavillon
Le Pavillon est défini comme « le laboratoire
de création du Palais de Tokyo »27(*). Il a été
créé par l'artiste Ange Leccia qui le dirige depuis son ouverture
en 2001. Il s'agit d'une unité pédagogique montée en
partenariat avec l'école Nationale Supérieure des Arts de Cergy.
Depuis son ouverture, le Pavillon accueille chaque année, pour une
résidence de 8 mois, dix jeunes artistes et curateurs recrutés
à l'issue d'un concours international.
Plusieurs temps de travail jalonnent la période de
résidence au Pavillon : développement de recherches personnelles,
rencontres avec des personnalités du monde de l'art en interaction avec
l'activité du Palais de Tokyo, participation à des workshops en
France et à l'étranger, réalisations collectives ouvertes
à toutes les pratiques artistiques. Chaque projet est placé sous
la responsabilité d'un artiste ou critique invité qui en
accompagne le déroulement.
L'Unité Pédagogique du Pavillon est un lieu
d'échanges entre artistes et le foyer d'une réflexion sur les
pratiques et les enjeux de l'art aujourd'hui. C'est aussi un lieu d'inscription
immédiate de la pratique dans le champ de l'art. Si l'activité
artistique repose généralement sur l'affirmation d'une
démarche individuelle singulière, le Pavillon favorise un
questionnement collectif et l'élaboration d'une relation de travail
entre artistes.
Cette unité est née de la volonté du
Palais de Tokyo de former de jeunes artistes et critiques d'art aux
réalités du monde de l'art. Le Palais de Tokyo est parti du
constat que beaucoup de jeunes artistes étaient en quelques sortes
« couvés » au cours de leurs études et qu'ils
étaient mal préparés aux réalités du
marché de l'art. Ils sont donc amenés à travailler aussi
bien sur des sujets, politiques, sociétaux ou artistiques que sur
l'aspect économique ou le rapport aux publics dans l'art aujourd'hui.
Ainsi, nous pouvons voir que le Palais de Tokyo possède
déjà une expérience réussie dans le domaine de la
formation d'acteurs culturels, en l'occurrence des artistes au monde
professionnel du marché de l'art.
1.4.2 Le choix d'un nouveau
modèle de formation pour le supérieur : l'apprentissage
Lors de la naissance du projet, plusieurs questions se sont
posées au Palais de Tokyo. À quel niveau d'étude la
formation doit-elle se situer ? Quelle forme doit-elle prendre ?
Combien de temps doit-elle ou peut-elle durer ? Sur quels titre,
qualification ou diplôme doit-elle déboucher ? À quel
type de candidats peut-elle s'adresser ? À quel type emplois
doit-elle former ? Pour quelles entreprises ? Ou encore, comment et
avec quels partenaires travailler ? Toutes ces questions ont amené
le Palais de Tokyo à étudier différentes
possibilités et à faire des choix en fonction de sa vision de la
médiation et de la place qu'elle souhaite jouer dans le domaine de la
formation de ces acteurs de la culture.
Un des premiers choix qui a été fait a
été de travailler sur une formation par apprentissage.
Le Palais de Tokyo souhaite en effet transmettre son
savoir-faire en permettant à des étudiants d'apprendre sur le
terrain des techniques, méthodes et outils de médiation.
L'idée de base était de permettre à ces étudiants
d'apprendre et de mettre en pratique au Palais de Tokyo, mais il est
également apparu pertinent d'associer à cela une période
de pratique en entreprise afin de faciliter la professionnalisation et
l'insertion professionnelle de ces étudiants. On peut tout de fois
s'interroger sur le choix de l'apprentissage. Pourquoi ce choix, plutôt
qu'une formation professionnelle comprenant des stages ? L'apprentissage a
longtemps été dévalorisé en France, ces formations
apparaissant comme moins prestigieuses que les formations
généralistes. Pourquoi aujourd'hui une institution culturelle
décide-t-elle d'adopter ce modèle ? Serait-ce lié
à un contexte général de revalorisation de
l'apprentissage. Nous avons vu en effet plus haut que ce type de formation
était préconisé par le rapport Hetzel. Voyons maintenant
qu'elle est sa situation générale aujourd'hui en France.
1.4.2.1 Définition
Fondé sur un véritable partenariat entre
l'apprenti, une entreprise et un centre de formation, l'apprentissage est un
cursus de formation reposant sur l'alternance. Il comporte un minimum de 400
heures de formation théorique et générale par an et du
temps de travail en entreprise, où l'apprenti est placé sous la
responsabilité d'un maître d'apprentissage.
Les diplômes vont du CAP au diplôme
d'ingénieur, en passant par le bac professionnel, mais l'apprentissage
passe aussi par des titres, à finalité professionnelle,
enregistrés dans le répertoire national des certifications
professionnelles (RNCP).
Le temps passé en CFA est considéré comme
un temps de travail à part entière. Il est donc
rémunéré et ouvre l'accès aux mêmes droits
(temps de travail, congés payés, retraite...) que les heures en
entreprise28(*).
1.4.2.2 L'apprentissage, un outil d'insertion professionnel
performant ?
Selon le Ministère du Travail, « les
performances de l'apprentissage attestent de son efficacité : 4
apprentis sur 5 [trouveraient] un emploi à l'issue de leur
contrat ». Ainsi, « le taux d'insertion professionnelle des
diplômés dépasseraient 80% » et « la
probabilité d'être employé à plein temps
plutôt qu'à temps partiel » augmenterait
également.
Pour le Ministère de l'Emploi, de la Cohésion
Sociale et du Logement, l'apprentissage constitue une action phare du plan de
cohésion sociale en faveur de l'insertion professionnelle des jeunes
(objectif 500 000 apprentis sur la durée du plan).
En juin 2005, dans le cadre de ce plan, Jean-Louis Borloo,
Ministre de l'Emploi, de la Cohésion sociale et du Logement, confiait
à Henri Lachmann, Président du Conseil de Surveillance de
Schneider Electric, une mission de valorisation de l'apprentissage29(*).
Fin 2006, 1300 entreprises avaient signé la Charte de
l'apprentissage et le nombre d'apprentis aujourd'hui en formation au sein d'une
entreprise (grandes entreprises, PME/PMI, TPE) a visiblement sensiblement
encore augmenté. 12 rencontres régionales de l'apprentissage ont
été organisées par Henri Lachmann pour mobiliser les
entreprises via l'ensemble des acteurs de la formation en alternance.
Différents colloques, réunions d'échanges ont
été également été menés avec les
responsables ressources humaines des entreprises, les centres de formation, les
branches professionnelles. Grâce à la dynamique
créée, un premier bilan détaillé a
été dressé fin 2006 avec les 34 entreprises du CAC 40 et
les 3 entreprises publiques, premières entreprises signataires en 2005.
Le nombre d'apprentis s'est accru en moyenne de 36% pour les entreprises du CAC
40 et de 31% pour les entreprises publiques entre 2005 et 2006, ce qui
représente une augmentation de quelque 10000 apprentis.
En signant la Charte de l'apprentissage, les entreprises se
sont également engagées à augmenter de 20 %, en deux ans,
le nombre de leurs apprentis, à valoriser l'investissement des tuteurs
et à sensibiliser leurs collaborateurs et les partenaires sociaux aux
enjeux de l'apprentissage. L'Etat aussi continue de croire en cette formule.
Après les campagnes de valorisation et de promotion de l'apprentissage
en 2005 et 2006, la campagne de 2007, souhaite accroître le
développement de l'apprentissage, notamment par la simplification des
procédures administratives.
1.4.2.3 L'apprentissage dans le tertiaire
Jadis cantonné aux formations courtes conduisant
à des métiers réputés pénibles,
« l'apprentissage occupe maintenant, une place importante dans la
formation aux métiers du tertiaire : plus d'un nouveau contrat
d'apprentissage sur deux préparerait en effet aux métiers des
services. L'apprentissage post-bac représente six nouveaux contrats sur
dix dans les services aux entreprises et l'immobilier, et près d'un
tiers des nouveaux contrats du tertiaire.
Ce serait en effet « le secteur tertiaire et des
services qui [recruterait] le maximum d'apprentis ». Leur nombre
représenterait 380 000 apprentis en formation dans les CFA et
l'objectif de l'Etat pour 2009 est d'atteindre 500 000 apprentis dans ce
secteur30(*).
1.4.2.4 L'apprentissage dans le supérieur
Les apprentis s'engageraient également
« toujours plus fréquemment dans les niveaux allants du bac
professionnel au diplôme d'ingénieur (près d'un tiers des
nouveaux contrats) »31(*). Des dizaines d'universités et de grandes
écoles proposent en effet aujourd'hui la possibilité
d'acquérir un diplôme d'ingénieur, un Master ou un DESS par
la voie de l'apprentissage.
« Les formations du supérieur, autres que le
BTS accueillent encore peu d'apprentis, mais leurs effectifs ont
été multipliés par 4 en dix ans ». Les effectifs
d'apprentis passant des diplômes d'enseignements supérieurs
dispensés (sauf BTS) dans les Centres de formation d'apprentis sont
passés de 7511 en 1995-1996 à 31656 en 2004-2005. La progression
est constante depuis 10 ans et la proportion d'apprentis en première
année de formation de niveaux II et I (hors ingénieurs) est
d'ailleurs, en 2003-2004, en augmentation de 21,9 %32(*). « Pour les
formations de niveaux II, l'augmentation est principalement le fait de la
licence avec l'ouverture en 2000 des licences professionnelles » dont
de nombreuses en apprentissage ».
Pour la plupart des formations supérieures autres que
le BTS, des CFA ont été créés, avec
différents types de structures :
· soit l'université est seul organisme
gestionnaire ;
· soit l'organisme gestionnaire est une association de
loi 1901 où coopèrent des établissements d'enseignement
supérieur et des organismes professionnels ou des entreprises ;
· soit une branche professionnelle, une entreprise ou une
chambre consulaire passe une convention avec une université à
laquelle elle soustraite tout ou partie de la formation assurée dans le
CFA qu'elle gère
1.4.2.5 L'apprentissage dans les formations en
médiation culturelle
Les formations en apprentissage ont été
classées par différents domaines de
spécialités33(*). On trouve des domaines disciplinaires comme, les
mathématiques et sciences, les sciences humaines et droits, et les
lettres et arts. On trouve également les domaines
technico-professionnels de la production comme la mécanique par exemple,
ainsi que les domaines technico-professionnels des services comme la
communication et l'information ou les services à la personne. On peut
considérer que cette Licence médiateur jeune public compte tenu
de son champ d'intervention et du contenu des cours qu'elle devrait comprendre,
appartiendra aux domaines « Sciences humaines et droit » ou
« Lettres et Arts ». En 2004-2005, les apprentis
préparant un diplôme dans le domaine des sciences humaines et
droit étaient 37 à préparer un diplôme de niveau II
tandis qu'ils étaient 238 à préparer un diplôme de
niveau I. Dans le domaine des lettres et arts, ils n'étaient aucun
à préparer un diplôme de niveau II et 7 un diplôme de
niveau I. On voit donc ici que les formations en apprentissage de niveau II et
I dans le domaine des lettres et des arts ainsi que des sciences humaines et du
droit restent très peu nombreuses. Les Licences en apprentissage dans le
secteur culturel en sont d'autant plus rares voire inexistantes. Il existe en
revanche des licences professionnelles et des masters professionnels formant à la médiation
culturelle comme nous avons pu le voir précédemment.
1.4.2.6 Des entreprises favorables à
l'apprentissage ?
Beaucoup d'entreprises semblent adhérer à ce
modèle de formation. Pour Jean-Pierre Deramecourt34(*), par exemple, (membre du
directoire en charge des ressources humaines de la Caisse d'Épargne
d'Ile-de-France Ouest), on doit « sortir de cette vision
monolithique dépassée sur l'apprentissage ». Ce
modèle permet pour lui, « de concilier une formation
théorique précieuse et une approche très concrète
du monde de l'entreprise. » Pourquoi les entreprises semblent-elles
adhérer à cette forme d'apprentissage que représente
l'alternance ?
Un des arguments des défenseurs de l'apprentissage
serait que les apprentis peuvent devenir à l'issue de leur formation des
« salariés motivés, opérationnels et
formés aux méthodes de l'entreprise qui les a pris en
apprentissage ». Selon eux, « l'apprentissage permet de
renforcer les équipes et de conforter la compétitivité
d'une entreprise ». Ce choix peut également participer
à rendre l'insertion professionnelle des jeunes plus facile. Il y a
également un argument fiscal. L'entreprise bénéficie avec
l'apprentissage d'exonérations de cotisations sociales.
1.4.2.7 Des jeunes favorables à
l'apprentissage ?
Un sondage IFOP publié en 2007 dans "Le Parisien" et
"Aujourd'hui en France" montre lune certaine popularité de
l'apprentissage chez les jeunes. « 95% des jeunes estimeraient que
l'apprentissage prépare bien à l'emploi"35(*). Pour Jean Louis Borloo, cette
situation est compréhensible. Pour lui, « les jeunes ne
veulent plus s'engager dans les filières sans vision claire des
débouchés". Ceci semble rejoindre les conclusions du rapport
Hetzel sur les préoccupations des étudiants quant à leur
avenir et sur les propositions de l'équipe d'Hetzel qui propose
notamment de développer l'apprentissage dans le supérieur pour
répondre aux attentes des étudiants.
Nous avons pu voir que l'apprentissage en France, est en plein
développement notamment au niveau des formations du supérieur. Il
semble y avoir un consensus général sur le bien fondé de
ce développement. En effet, cette forme d'enseignement semble être
soutenu par la majorité des étudiants, des universités,
des entreprises et des responsables politiques. Il semble en revanche
être très peu développé dans le domaine des Lettres,
des arts et des sciences humaines. Le projet du Palais de Tokyo, même si
on peut considérer qu'il suit la « vague » de
l'apprentissage, semble être un projet innovant dans le secteur
culturel.
1.4.3 Forme finale du projet de
formation
Nous avons pu voir que le Palais de Tokyo a
décidé de créer une formation par l'apprentissage mais
qu'en est-il de la forme finale de ce projet ?
Le Palais de Tokyo, n'étant pas juridiquement parlant,
un Centre de formation ; son activité principale se trouvant
ailleurs, et ne disposant pas du savoir-faire et des ressources humaines,
matérielles, financières ou encore juridiques nécessaires
pour se lancer seule dans la voie d'une formation de longue durée, cette
institution a décidé de développer des partenariats,
et d'accroître ainsi les chances de concrétisation de ce
projet.
Dés le départ le Service Apprentissage de la
Direction du Développement Economique, de l'Emploi et de la Formation
Professionnelle de la Région Ile de France semble avoir trouvé
l'idée de monter une formation par apprentissage de médiateur
jeune public très intéressante et tout à fait
réalisable.
Un titre professionnel de « médiateur jeune public
» n'ayant pas encore fait l'objet d'une demande de certification
auprès du Répertoire Nationale de la Certification
Professionnelle (RNCP). Deux choix s'offrir au Palais de Tokyo :
- S'appuyer sur un diplôme ayant déjà une
certification comme la « Licence professionnelle Activités
culturelles et artistiques, option Métiers de l'animation et du
développement social et culturel » de l'Université
Rennes I (enregistré au RNCP)
- Ou déposer un titre professionnel au RNCP qui sera
homologué seulement après 3 ans de formation.
Le Palais de Tokyo étant une institution artistique
autonome et unique alors que les CFA sont généralement
portés par des universités, des écoles ou par des
organismes entièrement dédiés à la formation, le
Palais de Tokyo souhaita créer son propre CFA. En effet, le projet de
formation du Palais de Tokyo apparu comme comportant « une
singularité dans son approche des activités Tok Tok et de sa
valorisation du secteur de la petite enfance »36(*). Son positionnement en tant
que marque et sa reconnaissance auprès des entreprises apparurent
également comme un véritable atout et donc comme essentielle pour
le Palais de Tokyo. Il fut donc tout d'abord envisagé de créer un
CFA dépendant du Palais de Tokyo mais séparé de
l'association Palais de Tokyo. Ce nouveau CFA devait soit recruter son
personnel, en créant des conventions avec des vacataires, des
enseignants privés ou universitaires ; ou bien partager un
investissement CFA avec d'autres établissements d'enseignement.
Finalement, après discussion auprès des
partenaires du projet qui se dessinèrent, l'Université Paris XII,
l'école EAC (Ecole des métiers de la culture) et le CFA-PAE
(Centre de formation d'apprentis Paris Académie Entreprise), il fut
décidé de créer une Unité de Formation par
Apprentissage, rattachée au CFA-PAE mais pilotée par le Palais de
Tokyo et de délivrer un titre déjà existant, le
diplôme de Licence Lettres, Langues, Sciences humaines et Sciences
sociales mention Education, Travail, Formation de l'Université Paris XII
en y ajoutant un parcours Médiation jeune public ainsi qu'une
attestation de compétences délivrée par le Palais de Tokyo
et une validation de compétences délivrée par l'EAC.
Ce choix d'utiliser un diplôme déjà
existant imposa néanmoins une contrainte : conserver la structure
du diplôme de Licence Education, Travail, Formation et donc une partie
des enseignements dispensés. Il y avait donc nécessité de
définir le contenu pédagogique de la formation en fonction du
diplôme et en accord avec les établissements partenaires.
Les partenaires se mirent d'accord pour mettre en place une
formation de 18 mois comprenant 700 heures de cours ou de pratiques. Ces
heures doivent être encadrées par l'EAC, Paris XII et le Palais de
Tokyo, chacun des partenaires encadrant des cours correspondant à leurs
compétences respectives. Ainsi Paris XII devra encadrer les cours qui
traitent plus globalement de la sociologie et de la psychologie des publics
ainsi que des sciences de l'éducation, l'EAC doit plutôt dispenser
des cours abordant les thèmes spécifiques à la
médiation culturelle tandis que le Palais de Tokyo sera plus
centré sur des cours et des mises en situations en lien direct avec la
pratique de la médiation culturelle jeune public. Il est
également prévu que les apprentis passent 53 semaines en
apprentissage en entreprise (dont 7 semaines et demi de congé). Les
cours dispensés seront pris au sein de la Licence Médiatis 3,
Culture et Médiation de l'EAC et au sein de la Licence Lettres, langues,
sciences humaines et sciences sociales mention Education, Travail, Formation de
l'Université Paris XII. Les autres cours délivrés par le
Palais de Tokyo doivent être définis en fonction des
compétences de cette institution et des besoins de la formation.
Après avoir présenter les activités du
Palais de Tokyo, notamment en matière de médiation culturelle
jeune public, nous avons pu voir que le projet du Palais de Tokyo de monter une
Licence en alternance en médiation jeune public s'inscrit visiblement
dans un contexte de « crise ». Crise pour les formations du
supérieur, d'une part ; les diplômes délivrés
aujourd'hui semblent en effet de plus en plus dévalorisés et
semblent ne plus suffire aux attentes des employeurs, notamment dans le secteur
de la médiation culturelle ; crise d'autre part, pour le secteur
culturel et plus précisément pour les politiques culturelles, et
l'éducation aux arts et à la culture qui arrivent visiblement
difficilement à remplir leur objectif de démocratiser l'art et la
culture. Par ailleurs le choix d'une licence en apprentissage semble s'inscrire
dans un mouvement générale de revalorisation de cette forme
d'enseignement notamment dans le supérieur, même si ce type de
formation semble peu exister dans le secteur du tertiaire et encore moins dans
le domaine des lettres et sciences humaines. Le choix de monter cette formation
pilotée par une institution culturelle et en partenariat avec une
université et une école semble lui novateur, dans un contexte
où le partenariat est fortement préconisé pour favoriser
l'insertion professionnelle des jeunes diplômés mais encore peu
appliqué.
Mais si ce projet de formation semble s'inscrire dans un
contexte favorable à sa réussite, on peut s'interroger sur les
raisons qui pousse cette institution à se lancer dans le champ de la
formation d'acteurs de la culture et sur ses compétences à se
lancer dans ce projet. En essayant de répondre à ces questions,
nous essaierons de dégager les points sur lesquels, le Palais de Tokyo
pourrait avoir besoin de conseils en ingénierie de formation.
2/ ANALYSE
2.1 Le Palais de
Tokyo, une institution culturelle dans une démarche
professionnalisante ?
On peut se demander, compte tenu du projet de formation, si le
Palais de Tokyo ne serait pas dans une logique de professionnalisation. Avant
de répondre à cette question, nous allons commencer par essayer
de définir ce qu'est la professionnalisation. Pour cela,
commençons déjà par voir ce qui distingue le notion de
métier de celle de profession.
2.1.1 Une institution se lançant
dans la professionnalisation de la médiation culturelle jeune
public ?
2.1.1.1 Métier ou profession ?
Comment peut-on différencier ces deux termes ?
Initialement, on distinguait le métier de la profession en associant
plutôt des activités manuelles au métier tandis qu'on
associait des activités intellectuelles à la profession. Cette
notion de profession a été largement étudiée par la
sociologie anglo-saxonne ainsi que par des sociologues français tels que
R. Boutoncle, F. Aballea ou G. Robert. D'autres se sont inspirés des
travaux de ces sociologues tels que M. Sorel et R. Wittorski. Dans un des
livres qu'ils dirigèrent, ces derniers firent la synthèse de ces
différentes approches et montrèrent que ce sont les niveaux
d'organisation du champ d'activité et de formalisation de celui-ci, qui
permettent de faire la différence entre les deux mots. Pour eux,
« une profession est un métier socialement organisé et
reconnu ».
2.1.1.2 La médiation jeune public : un
métier ou une profession ?
Peut-on alors parler de métier ou de profession de
médiateur jeune public ? Les différents acteurs du Palais de
Tokyo concernés par cette question parlent plus volontairement de
métier que de profession mais peut-être cela ne correspond-il pas
à la réalité ? Si on considère qu'une
profession est un métier socialement organisé et reconnu, on
pourrait plutôt penser que ce métier de médiateur jeune
public est en voie de professionnalisation, c'est-à-dire qu'il est en
voie de devenir une profession.
Les métiers de la culture en général se
sont professionnalisés au cours des dernières décennies.
En effet, depuis la naissance des politiques culturelles en France, les acteurs
oeuvrant dans ce champ se sont petit-à-petit structurés. Prenons
l'exemple de la convention collective de ce secteur37(*) qui fut négociée
dans les années 1970 par le SYNDEAC (Syndicat d'Employeurs des
Entreprises Artistiques et Culturelles), avec les syndicats de salariés.
Cette convention qui portera le nom de convention SYNDEAC sera étendue
par arrêté du Ministère du Travail en 1994. Celle-ci
prendra alors le nom de convention collective des entreprises artistiques et
culturelles et s'applique désormais à l'ensemble des entreprises
artistiques et culturelles relevant de son champ d'application, à savoir
le personnel technique, artistique et administratif et les entreprises
artistiques et culturelles de droit privée et de droit public dont
l'activité principale est la création, la production ou la
diffusion de spectacles vivants subventionnés directement par l'Etat ou
les collectivités territoriales. Cette convention comprend une
nomenclature des emplois pouvant être exercés dans ce secteur. On
y trouve la filière Communication - Relations publiques qui comprend de
nombreux emplois comme attaché de presse, responsable des relations avec
le public ou animateur. On peut considérer que cette convention
collective constitue une preuve de la structuration de ce secteur des
métiers artistiques et culturels.
Cependant, on ne trouve pas de trace précise de
l'emploi de médiateur culturel et ni de celui de médiateur jeune
public. On trouve bien le métier
d' « animateur » dont la définition est :
« réalise et invente les activités d'environnement et
d'animation liées à la programmation de la structure »
mais s'agit-il de la même chose ? Le Palais de Tokyo défend
en effet bien l'idée du métier de médiateur jeune public
et non pas d'animateur jeune public. Dans les codes Rome de l'ANPE38(*), non plus, on ne trouve pas de
définition précise du métier de médiateur culturel
ainsi que du métier de médiateur culturel jeune public. On trouve
en revanche le métier de médiateur pédagogique (code
22211) qui « transmet des savoirs ou des savoir-faire à
des publics adultes [et] évalue les résultats pour
réajuster les contenus et suivre le déroulement des
opérations. Dans certains cas, il participe à la conception des
outils pédagogiques, adapte les méthodes nécessaires ou
expérimente. [Il] met en oeuvre éventuellement le plan de
coordination et de régulation des activités, des actions et des
filières ». On trouve également le métier de
guide-conférencier (code 43411) qui « accueille et prend en
charge les touristes pour le compte d'une agence de voyages, d'un office de
tourisme, d'un syndicat d'initiative... ou pour son propre compte. Il veille au
bon déroulement du programme touristique (circuits, visites...)[et] il
peut guider des visites dans les musées, monuments et les sites
historiques ». Enfin, on trouve également le code 23132 qui
regroupe les emplois d'animateur culturel, d'animateur socioculturel, animateur
d'arts plastiques, animateur d'atelier, métier de médiateur du
livre. Ces professionnels « enseignent, par des activités
d'animation, une discipline qui comporte une technicité importante
(artistique, culturelle, scientifique), à des publics différents
(enfants, adultes, personnes du 3ème âge...) dans un objectif de
développement personnel ».
On voit ici que le métier de médiateur culturel,
même si le secteur le secteur de la culture le reconnaît de plus en
plus, n'est pas encore socialement organisé et reconnu. Des professions
s'en rapprochant existent mais pas celle défendue par le Palais de
Tokyo. On peut donc difficilement parler d'une profession (dans le sens de
métier socialement organisé) mais plutôt d'un métier
en voie de professionnalisation. On peut donc se demander quel sens peut avoir
cette volonté de créer une formation pour former des personnes
à une profession quasi-inexistante.
2.1.1.3 Le Palais de Tokyo, une institution oeuvrant pour la
professionnalisation de la médiation culturelle ?
Pour M. Sorel et R. Wittorski39(*), le mot "professionnalisation"', revêt trois
sens différents correspondant à trois types d'enjeux distincts.
Pour eux, ce sens varie selon qu'il s'agit :
- de professionnaliser des activités voire des
métiers au sens de l'organisation sociale d'un ensemble
d'activités (création de règles d'exercice de ces
activités, reconnaissance sociale de leur utilité, construction
de programmes de formation à ces activités) : il s'agit ici
de constituer une profession ;
- de professionnaliser des acteurs, au sens de la mise en
place de savoirs et de la production des compétences nécessaires
pour exercer la profession auxquelles s'ajoute la construction d'une
identité professionnelle : il s'agit ici d'accroître la
professionnalité des individus concernés ;
- de professionnaliser des organisations : il s'agit ici
de formaliser un système d'expertise par et dans
l'organisation.
Pour Patrick Lechaux40(*), (enseignant à l'Université Paris XII),
la professionnalisation peut se définir comme « un processus
de construction des conditions du professionnalisme et de la
professionnalité des professionnels ».
Il pense comme M. Sorel et R. Wittorski que « ce
processus porte sur trois cibles :
- sur les activités et la fonction :
définir la nature des interventions et services rendus par le
professionnel en vue d'optimiser leur qualité
- sur le professionnel : développer son
professionnalisme (il s'agit là du niveau supérieur de
compétence d'un professionnel) et sa professionnalité (celle-ci
induit une dimension identitaire mais n'exige pas forcément un haut
niveau de professionnalisme).
- sur l'organisation : mettre en place les conditions
pour que le professionnel puisse être le plus professionnel
possible ».
Dans notre cas, on peut considérer que le Palais de
Tokyo s'inscrit dans ce processus de professionnalisation.
En effet, le Palais de Tokyo à une action sur la
première des cibles définies puisque depuis sa création,
il participe à la définition de ce qu'est (ou de ce que doit
être) la médiation culturelle à travers une certaine
conception de la médiation et une série d'action de
sensibilisation à l'art et à la culture. Les activités des
médiateurs culturels ont ainsi été définies et
conceptualisées dans le cadre du projet global du lieu.
Le Palais de Tokyo a également eu une action de
professionnalisation (troisième cible) sur sa propre structure en
créant un Service de l'action culturelle au sein duquel existe un
Service de l'action éducative regroupant les médiateurs culturels
et un Service jeune public regroupant les médiateurs jeune public. Il a
également eu une démarche professionnalisante auprès des
médiateurs qui ont d'abord été embauchés en contrat
« Emploi-jeune » et dont l'emploi a été
pérennisé. Ce type d'organisation permet ainsi aux
médiateurs d'être « le plus professionnel
possible ».
Aujourd'hui, le Palais de Tokyo semble souhaiter avoir une
action sur la deuxième cible. En effet, en montant une formation de
médiateurs jeune public, il participe à la professionnalisation
de futurs médiateurs jeune public en développant leurs
compétences dans ce domaine et en développant une identité
professionnelle de médiateur jeune public.
Ainsi, ce projet de formation semble avoir deux objectifs. On
souhaite comme nous venons de le voir professionnaliser les acteurs (ou les
futurs acteurs) de la médiation culturelle en développant leur
professionnalisme et leur professionnalité, mais on souhaite
également continuer à participer à la constitution d'une
profession. Le Palais de Tokyo a conceptualisé une certaine approche de
la médiation culturelle et de la médiation jeune public qui se
veut être une pratique intermédiaire entre l'enseignement
magistral et le loisir éducatif. Son but n'est pas uniquement de former
des médiateurs culturels (il aurait pu dans ce cas se contenter
d'accueillir des stagiaires en son sein), mais bien de véhiculer une
certaine vision de la médiation culturelle.
En résumé, on peut considérer que le
métier de médiateur jeune public n'est pas encore
constitué en une profession au sens de métier socialement
organisé et reconnu. Mais le Palais de Tokyo en tant qu'institution
culturelle tente justement de professionnaliser ce métier par la
construction d'une formation de médiateur jeune public. Cette formation
a donc pour objectif de professionnaliser l'activité de médiation
culturelle jeune public en définissant celle-ci, ainsi que de
professionnaliser ses acteurs en développant leur professionnalisme et
leur professionnalité.
Ainsi, nous avons vu voir que le Palais de Tokyo s'inscrit
dans une démarche de professionnalisation. On peut cependant se demander
si les outils choisis permettent cette professionnalisation. En effet,
l'alternance, a priori constitue un bon moyen de professionnaliser des
étudiants mais la forme choisie répond-elle aux exigences du
Palais de Tokyo.
2.1.2 L'alternance choisie par le Palais
de Tokyo, un outil de la professionnalisation de la médiation culturelle
jeune public ?
On définit également parfois la
professionnalisation comme un processus permettant le développement des
compétences tant individuelles qu'organisationnelles. Selon Sorel et R.
Wittorski41(*),
« la professionnalisation [dans tous les cas] met en scène
des acquis personnels et collectifs tels les savoirs, les connaissances, les
capacités et les compétences ». Dans notre cas, le
Palais de Tokyo va essayer de développer les compétences des
individus dans le sens où l'on souhaite former des acteurs à la
médiation culturelle jeune public. L'alternance apparaît ici,
souvent comme une modalité d'apprentissage à privilégier.
Mais on peut s'interroger sur les différentes formes d'alternance
existante et sur la forme la plus appropriée à la
professionnalisation des acteurs par le développement de leurs
compétences.
Pour le CEDIP42(*) (Centre d'Evaluation, de Documentation et
d'Innovations Pédagogiques) qui travaille sur les questions liées
à la gestion du personnel, des compétences et de la formation, et
notamment de la professionnalisation, « le principal
intérêt de l'alternance réside dans le fait que la pratique
ne se résume pas à être le lieu d'ancrage des acquis
théoriques, mais est porteuse de situations expérientielles
susceptibles de générer de la compétence. Ils
considèrent que l'apprenant y construit ses connaissances à
partir des confrontations qu'il est amené à opérer entre
son savoir théorique et son savoir expérientiel ». Mais
pour eux, l'alternance ne constitue pas une modalité pédagogique
univoque, mais renvoie à une pluralité de formes. Ils
distinguent trois modèles d'organisation de l'alternance :
L'alternance juxtapositive ou aléatoire :
Ce type d'alternance s'organise autour de deux lieux et de
deux temps : le centre de formation et le lieu de pratique
professionnelle. Pour le CEDIP, dans ce modèle, il n'y a pas de liaison
entre les acteurs, ni sur le plan organisationnel, ni sur le plan
opérationnel. L'alternance est constituée d'une succession de
durées et de lieux. Le seul lien existant est un lien institutionnel.
Chaque lieu et temps de formation a sa logique et ses objectifs propres qui ne
sont pas forcément articulés entre eux. Le questionnement de
l'apprenant ne constitue pas le point de départ de la dynamique de
l'enseignement. L'apprenant est amené à conduire seul
« sa gestion de l'alternance » sur un mode incertain et
aléatoire. Pour le CEDIP, ce modèle d'alternance juxtapositive a
souvent pour corollaire, une nette dévalorisation des savoirs
d'expérience. Le centre de formation incarne ici la
quasi-totalité des savoirs. Le temps de l'alternance en entreprise est
plutôt conçu comme un temps de socialisation, de prise de contact
avec l'environnement professionnel futur ou bien encore de mise en situation
professionnelle sans véritable encadrement, en laissant le soin à
l'apprenant de résoudre seuls ses conflits d'apprentissage. Pour eux, la
prééminence des savoirs théoriques, dispensés en
salle, renvoie plutôt à la poursuite d'objectifs de qualification.
La professionnalisation est ici renvoyée à plus tard. Ils
s'interrogent d'ailleurs sur l'efficacité d'une alternance exclusivement
juxtapositive. L'évaluation y reste en effet problématique car
aucun objectif n'est fixé dans le cadre de la pratique professionnelle.
Aujourd'hui, ce type d'alternance semble être la plus répandue. On
peut prendre comme exemple les stages réalisés dans le cadre de
formations universitaires classiques comme les stages volontaires
encouragés par les universités mais qui ne disposent d'aucun
suivi.
L'alternance intégrative ou
interactive :
Elle se caractérise par une nécessité
forte de mise en cohérence des différentes périodes de
l'alternance et des interventions concertées de l'ensemble de ses
acteurs. Pour le CEDIP, ce type d'alternance est peu mis en oeuvre car plus
difficile à construire. L'alternance intégrative prend le
contre-pied de la juxtaposition. Elle s'attaque au morcellement des savoirs en
partant du postulat qu'un individu ne peut apprendre qu'à partir
d'éléments qui ont du sens pour lui et en proposant un processus
davantage centré sur l'individu à partir d'une logique de
situations-problèmes. Ces apprentissages appelés
expérientiels sont constitués par un travail réflexif sur
le vécu et une transformation de l'expérience en connaissance,
appropriée par l'apprenant à partir de situation problème.
Il s'agit de construire des situations de formation à partir à
partir d'une logique d'utilisation en situation professionnelle, de
repérer les situations de travail les plus riches et les plus complexes,
et de constituer, à partir d'elles, des points d'ancrage qui soient
également appropriés par les formateurs. Ici, c'est plus la
professionnalisation qui est visée plutôt que la qualification.
Ils remarquent également que le rapport traditionnel
formateur/apprenant est modifié et cède la place à une
relation d'accompagnement entre les divers lieux de formations et les types de
savoirs.
On peut prendre ici l'exemple des formations en entreprise ou
le but est avant tout d'apprendre des savoir-faire pratiques.
Les formes mixtes :
Pour le CEDIP, au-delà de ces deux types d'alternance
modélisés, il existe toute une palette de mises en oeuvre
différenciées de l'alternance s'inspirant de l'un ou de l'autre
des deux modèles précédemment décrits. Les
modalités de recours à l'alternance et les conditions de sa mise
en oeuvre varient en fonction des caractéristiques des lieux
d'apprentissage, des objectifs de formation et du profil des apprenants.
Les masters professionnels des universités peuvent
être associés à une forme mixte. En effet, on demande aux
étudiants de choisir un stage en fonction de leur projet professionnel,
on exige qu'une lettre de mission soit rédigée pour qu'ainsi les
activités de l'étudiant en entreprise soient clarifiées.
On demande également à l'étudiant de réaliser un
mémoire professionnelle ce qui permettra d'évaluer
l'étudiant sur sa pratique professionnelle en entreprise. En
général, il y a également au moins un cours qui permet de
faire un suivi régulier des pratiques en entreprise. On pourrait donc
associer le master professionnel au modèle de l'alternance
intégrative qui est dans une logique plus professionnalisante que le
premier modèle. En même temps, ces formations comprennent
beaucoup de cours théoriques et c'est souvent à l'étudiant
de construire lui-même ce lien entre savoirs théoriques et
pratique professionnelle. De plus, bien qu'il y ait un réel désir
de professionnalisation par rapport aux formations classiques universitaires
plus orientées vers la recherche, l'objectif premier reste cependant la
qualification, le diplôme. Un étudiant peut obtenir celui-ci et ne
pas pour autant être considéré comme un professionnel.
Pour le projet de formation du Palais de Tokyo, au vue de sa
préfiguration, on peut également considérer qu'il
s'apparente à une forme mixte mais cette fois d'une manière
beaucoup plus proche de l'alternance intégrative que les masters
professionnels universitaires. En effet, il s'agit d'un diplôme de
licence délivré par une université. L'objectif de
qualification est donc ici clairement affiché. De plus, cette formation
doit contenir de nombreux cours théoriques délivré par
Paris XII et d'autres prestataires comme l'EAC. Mais le choix de l'alternance
indique aussi une volonté d'accroître l'aspect professionnalisant
de la formation. Ceci répond en effet aux demandes à la fois des
étudiants et des entreprises d'avoir des formations qui préparent
réellement à la réalité du monde professionnel.
L'objectif de l'alternance est donc bien de professionnaliser les
étudiants en leur offrant une formation qui se veut plus
professionnalisante que les licences ou masters professionnels
déjà délivrés par l'Université. Le fait pour
une université de s'associer à institution culturelle, ce qui
représente un des pans professionnalisant de la formation, montre bien
cette volonté de pencher d'une manière plus prononcée vers
le modèle de la formation intégrative. Le Palais de Tokyo en tant
qu'organisme professionnel oeuvrant dans le domaine de la culture et de la
médiation culturelle délivrera également un certificat de
compétences, ce qui souligne bien à la fois la volonté
d'offrir une preuve de la professionnalisation des étudiants tout en
délivrant « une qualification »
supplémentaire. On peut également prendre en compte le contrat
d'apprentissage qui remplacera la convention de stage pour cette formation et
qui marque l'investissement (financier, matériel, symbolique) de
l'entreprise qui accueillera un apprenti dans sa professionnalisation en le
considérant comme un de ses salariés, en formation certes mais
salarié tout de même, donc membre à part entière de
l'entreprise.
On peut donc en conclure que le souhait du Palais de Tokyo est
de créer une formation en alternance de forme mixte mais penchant
très fortement vers la forme intégrative avec une volonté
forte de professionnalisation tout en offrant aux étudiants une
qualification de type universitaire.
Le choix de ce modèle de formation se voulant
très professionnalisant implique cependant un certain nombre de mesures
nécessaires à la réussite des objectifs que ce projet
s'est fixé. En effet, il ne suffit pas de choisir un modèle
d'alternance pour que celui-ci soit automatiquement professionnalisant. Faute
de liens suffisants construits entre le Palais de Tokyo et ses partenaires,
ainsi qu'avec les entreprises d'accueil, il sera très difficile pour les
étudiants-apprentis de faire le lien entre savoirs théoriques et
pratique professionnelle.
Nous allons maintenant essayer de voir si les autres choix
faits par le Palais de Tokyo permettent de dire que cette formation sera
réellement professionnalisante.
2.1.3 Une formation permettant de
construire des compétences ?
2.1.3.1 Professionnalisation et compétences
J.M Barbier43(*) fait le parallèle entre professionnalisation
et compétence. Pour lui, la professionnalisation peut être
définie comme « l'organisation sociale d'un espace de
développement de compétences dans un contexte d'activités
évolutives ». Pour lui, « l'apparition de cet espace
constitue un phénomène nouveau et important dans l'histoire des
pratiques éducatives ». En effet, il distingue en s'appuyant
sur les travaux de Wittorski, quatre conceptions de l'apprentissage
professionnel, correspondants à quatre cultures et espaces
éducatifs. La première de ces conceptions serait
« fondée sur la logique de l'action » et
correspondrait à « la mise au travail »
(apprentissage à travers différentes expériences
professionnelles). La seconde serait « fondée sur une logique
de l'intégration-assimilation de savoirs (lecture, autodidaxie,
manuels) » et correspondrait à l'enseignement
« traditionnel » dispensé dans les formations
généralistes. La troisième serait fondée sur une
logique de l'itération entre action et réflexion, entre situation
de travail et situation de formation et correspondrait à l'alternance
juxtapositive, vue plus haut. Enfin, la quatrième serait fondée
sur une logique de réflexion sur et pour l'action (formalisation des
pratiques) et correspondrait à la professionnalisation ou à
l'alternance intégrative. Pour lui cet espace de
« développement des compétences »,
basé sur une logique de réflexion sur et pour l'action, est le
plus à même à favoriser la professionnalisation des
apprenants. Même si le Palais de Tokyo a choisi une forme mixte entre la
forme juxtapositive et la forme intégrative, fortement orientée
vers la forme intégrative, il convient de se demander si le projet de
formation du Palais de Tokyo prévoit « cet espace de
développement des compétences ».
2.1.3.2
Un espace de construction des compétences ?
On peut mettre cet espace de construction de
compétences dégagé par J.M Barbier, en relation avec
quatre sous espaces dégagés par Patrick Lechauxl. Pour
lui, en effet la construction des compétences doit se faire en quatre
étapes correspondant à quatre (sous) espaces différents.
Voici comment il conçoit cette construction des
compétences :
Pour Patrick Lechaux, chacune de ses quatre étapes du
processus de construction des compétences (du point de vue des
apprenants) doit se traduire en situations d'apprentissage spécifiques.
La configuration du projet de formation au Palais de Tokyo
permet-elle de conclure que la Licence de médiateur jeune public
respectera ces quatre étapes essentielles à la construction des
compétences des futurs médiateurs jeune public ?
APPLICATION
Exercices
Etude de cas
Projets
Mise en application
ACQUISITION
Savoirs stockés :
Savoir théoriques, techniques, méthodologiques
Cours
Lecture
Recherche
Echanges
MISE EN SITUATION PROFESSIONNELLE
Mobilisation des savoirs
Acquisition des compétences sociales,
relationnelles
Réalisation d'une activité
Résolution de problèmes
Conduite de projets
Management des situations
Participation à un processus
FORMALISATION
Savoirs intégrés,
maîtrisés
Exploitation des résultats de l'action
Analyse réflexive
Mise en perspective dans une problématique de
recherche
Ecriture (rapports)
Confrontation aux acquisitions
Le projet prévoit de mettre en place un certain nombre
de cours théoriques dans les domaines des arts et de la culture, de la
sociologie et de l'éducation, des dynamiques politiques et culturelles,
en langue et en mise en oeuvre de projets. On peut donc considérer que
la phase "acquisition" est largement remplie. Dans plusieurs de ces domaines,
certains cours théoriques sont doublés de mises en application,
d'études de cas, de pédagogie active de projets, de travaux
dirigés, de travaux de groupe ou encore d'ateliers. Toutes ces
modalités peuvent être associées à l'étape de
"mise en situation". Ensuite, l'alternance qui comprend une quarantaine de
semaines en entreprise correspond à cette "mise en situation
professionnelle". Enfin, un cours intitulé « Pratique
professionnelle » semble répondre à l'exigence de
formalisation. En effet le cours doit permettre aux étudiants, à
travers la rédaction d'un mémoire professionnelle, d'avoir une
posture réflexive sur leurs pratiques professionnelles. On voit donc ici
que la structure de la formation prévoit à travers le choix des
cours ces quatre étapes essentielles à la construction des
compétences. Reste cependant ensuite à passer à la mise en
application de ces étapes. En effet, elles peuvent exister sans que pour
autant il y ait un lien entre elles. Il est donc nécessaire de
créer de la cohérence entre ces quatre phases.
2.1.3.3 Un apprentissage expérientiel ?
Un autre point qui peut être souligné pour
favoriser la professionnalisation d'une formation et qui rejoint la
construction des compétences est d'y inclure un apprentissage
expérientiel. Celui-ci consiste à apprendre par
l'expérience et par la réflexion sur cette expérience.
Cette méthode peut être utile pour
acquérir des savoirs être et des savoirs comportementaux. Ici, la
théorie a moins d'importance et ce qui compte, c'est
d'expérimenter et d'analyser ses expériences. On peut penser que
ce type d'apprentissage peut être très utile pour l'apprentissage
de la pratique de la médiation culturelle.
Voici comment David Kolb, professeur en comportement
organisationnel, dans un ouvrage publié en 198444(*)décrit cet apprentissage
expérientiel. Il s'agit pour lui d'un modèle structurel de
l'apprentissage sous la forme d'un cycle expérientiel composé de
quatre étapes : l'expérience concrète, l'observation
réflexive, la conceptualisation abstraite et l'expérimentation
active.
1. Pour lui, « l'expérience concrète
est le point de départ du processus d'apprentissage expérientiel.
Elle consiste pour l'individu à être en contact direct avec la
réalité. Celui qui fait l'expérience est avant tout
acteur. Il doit s'engager dans l'action, s'impliquer personnellement dans la
relation, faire partie de la situation ». Dans le cadre d'une
formation, l'individu doit pour lui, pouvoir vivre ou revivre lui-même
une situation d'expérience authentique par le biais d'un jeu de
rôle ou d'une mise en situation. Ceci va permettre à l'apprenant
d'expérimenter ou de retravailler des situations professionnelles qu'il
ne maîtrise pas. Ceci va également lui permettre d'être
motivé par « la réduction de l'écart entre les
résultats de son action et son intention de
départ ».
2. La deuxième étape de ce cycle peut se
définir comme une « observation réflexive ».
Celle-ci consiste à réfléchir, à analyser
l'expérience vécue qui dans une équipe ou en formation
s'enrichira du groupe. Il s'agit de demander au groupe et à la personne
qui a vécu l'expérience concrète d'observer la situation
et de réfléchir aux points qui semblent poser problème.
3. Ensuite vient « la conceptualisation
abstraite » qui consiste, à partir des réflexions sur
les expériences immédiates et les liens qui peuvent être
faits avec les expériences antérieures, de manière
à formuler des stratégies d'action qui permettront de modifier
les expériences ultérieures.
4. Enfin, on trouve « l'expérimentation
active » qui doit permettre de mettre en oeuvre, dans de nouvelles
situations concrètes, les stratégies de changements
conceptualisées lors de l'étape précédente. C'est
dans cette expérimentation que l'apprenant va tester et valider ou non
les changements de pratique ou de comportements qu'il a intégrés
intellectuellement et émotionnellement lors de la formulation. Dans la
plupart des cas, cette expérimentation se fait en situation
professionnelle réelle.
Kolb, définit ainsi l'apprentissage expérientiel
comme un processus qui doit permettre à l'apprenant d'acquérir
des connaissances à partir de transformation de son expérience.
Ces nouvelles connaissances doivent ainsi se créer et se construire
à chaque nouvelle étape du cycle. On peut se demander si le
projet de formation du Palais de Tokyo prévoit ce type d'apprentissage.
Cette formation semble offrir de nombreux cours
théoriques et de mises en applications mais elle semble également
prévoir un cours qui paraît être conçu selon ce
modèle de l'apprentissage expérientiel défendu par Kolb.
On trouve en effet un cours qui semble vouloir former les
étudiants à la pratique concrète du métier de
médiateur jeune public. Il s'agit du cours intitulé
« Médiation et applications in situ ». Celui-ci doit
s'étaler sur environ 42h et a pour objectif « la transmission
du savoir-faire des médiateurs du Palais de Tokyo. Cet apprentissage
[doit se faire] au sein du Palais de Tokyo » et les apprentis doivent
y apprendre « les principes d'une médiation jeune public
fondée sur l'idée d'un enseignement informel (entre loisir
créatif et enseignement scolaire) ». Ils doivent ensuite avoir
« en charge d'animer et de créer des formats d'accompagnements
adaptés aux jeunes publics ». « Ce module vise
également à apprendre aux apprentis à élaborer une
programmation thématique en lien avec les oeuvres du
site »45(*). La
formation des apprentis doit ici se passer au sein des expositions et des
ateliers proposés par le Palais de Tokyo. L'évaluation, elle,
doit porter sur de mise en application d'un format d'accompagnement. On voit
bien ici que l'expérimentation apparaît comme un
élément essentiel de ce module.
Un autre module semble aussi adopter ce modèle de
l'apprentissage expérientiel. Il s'agit du cours intitulé
« Projet professionnel tutoré » qui doit se
dérouler sur 12 heures, à l'Université Paris XII et au
Palais de Tokyo, et doit porter sur un projet tutoré, défini par
le maître d'apprentissage (de l'entreprise). Celui-ci sera
expérimenté au Palais de Tokyo et mis en application dans
l'entreprise d'accueil. Ce cours comprend des enseignements magistraux et des
travaux de groupes avec des « entrées
thématiques » et « une pédagogie active de
projet ».
On peut donc considérer que cette formation de
médiateur jeune public prévoit en son sein un apprentissage
basé sur l'idée d'un apprentissage expérientiel. On peut
cependant se demander si le fait de prévoir ces cours suffira à
les rendre opérants. Il y a en effet une différence entre un
projet de cours et sa mise en application. Nous verrons donc par la suite quels
points importants l'organisation de ces cours doit respecter pour être
dans un réel processus d'apprentissage
expérientiel ».
Après avoir vu que le Palais de Tokyo était dans
une démarche professionnalisante à travers son choix d'une
formation en alternance fortement axée vers un modèle
intégratif et de la mise en place d'espaces de construction de
compétences, nous avons également pu voir que ce projet de
formation prévoyait un mode d'apprentissage basé sur
l'expérience. Voyons maintenant ce que cette démarche de
professionnalisation induit en termes de d'outils de management des
compétences.
2.2 La nécessité
d'adopter les outils la « démarche
compétences » ?
Selon le cabinet CATEIS (Conseil en Analyse du Travail- Etudes
et Innovations Sociales), qui a élaboré un guide
méthodologique, pour aider les associations ayant eu recours aux emplois
jeunes, à être dans une démarche de
professionnalisation46(*),
pour que la professionnalisation d'acteurs d'une profession soit réelle
(en l'occurrence dans une situation de travail), il y a la
nécessité de définir les besoins de l'entreprise ou du
secteur, puis de définir la fonction et les tâches que l'apprenti
devra exercer. Ceci passe par l'élaboration d'un
référentiel d'activités, puis d'un
référentiel de compétences. Ces référentiels
correspondent aux outils développés au sein de la
« démarche compétences ». Nous allons donc
nous intéresser à cette démarche et voir si l'utilisation
des outils de celle-ci est nécessaire au projet du Palais de Tokyo.
2.2.1 Contexte d'apparition de la
démarche compétences
La démarche compétences est née dans les
années 1980 au sein d'entreprises et d'organismes de formation soucieux
de développer les compétences de leurs acteurs, de leur
profession et de leurs organisations. Celle-ci est à relier à
l'apparition de la notion de compétence qui à petit à
petit prit le pas sur la notion de qualification.
Ce changement est dû à une modification des modes
d'organisation du travail47(*). En effet, le progrès technique
enregistré au cours des années 80 (automation, intelligence
artificielle...), permit aux entreprises de délaisser de plus en plus le
travail à la chaîne. On assista progressivement à une
dématérialisation du travail (diminution du travail physique,
tertiarisation des emplois...). On passa ainsi d'une perspective taylorienne
à une perspective de l'économie du savoir48(*). L'opérateur à
qui l'on demandait d'exécuter des tâches devint un acteur auquel
on demanda désormais de savoir s'adapter à différentes
situations. La pression concurrentielle imposa également de plus en plus
d'avoir des gains de productivité constants (raccourcissement des lignes
hiérarchiques, polyvalence...). Les entreprises prirent alors conscience
de l'importance de valoriser et de développer les savoir-faire de leurs
salariés et de leurs organisations. Il devint en effet indispensable de
développer le professionnalisme des acteurs pour répondre aux
exigences croissantes de qualité, de réactivité et
d'innovation. On assista également grâces aux sciences cognitives
et aux critiques faites au behaviourisme, à la naissance d'un nouveau
mode d'analyse et de description des activités et des
déterminants de l'activité qui vint donner des outils d'analyse
à cette démarche compétences.
Mais ces années correspondent également à
une forte augmentation du chômage et par conséquent à une
augmentation des exigences faites aux salariés. Pour maintenir leur
employabilité, on demanda désormais aux salariés
d'être capables d'occuper une variation de formes et de contenus
d'emplois, c'est-à-dire de développer des compétences
diverses.
Parallèlement à ce changement de contexte
économique, on assista à l'élévation du niveau de
formation initiale des populations qui gagnent une plus grande capacité
de formalisation et d'utilisation de contenus formalisés, ainsi qu'une
plus grande capacité d'évolution. L'individualisation
grandissante entraîna ainsi un refus de plus en plus grand du collectif,
une demande de reconnaissance individuelle, ainsi qu'une volonté de
participation et d'épanouissement au travail.
Ainsi, ce contexte économique et sociétal
entraîna un besoin des entreprises et un besoin des individus de
développer leurs compétences et leur professionnalisme. Ceci va
avoir un impact sur le secteur de la formation et sur sa relation à
l'entreprise. On va assister à un glissement de la notion de
qualification à la notion de compétence. On entend par
qualification, la qualification de la personne (diplôme, titre), ou la
qualification requise par l'emploi qui se traduit en termes de
compétences reconnues via un diplôme, un titre ou une
expérience professionnelle. Mais aujourd'hui, plus qu'une qualification,
les employeurs attendent d'un salarié qu'il soit compétent. La
notion de qualification met en effet l'accent sur la reconnaissance
institutionnelle du diplôme plus que sur la compétence de
l'apprenant. La confiance dans la qualification (reconnaissance de
compétences par un diplôme) ne suffit plus. Les entreprises
attendent de leurs salariés qu'ils soient professionnels,
c'est-à-dire qu'ils soient en la capacité de mobiliser des
ressources et de s'adapter à des situations différentes, ou en un
mot d'être compétent. Le diplôme reste toujours un moyen de
filtrer les candidats (surtout en France) mais il n'est plus la condition sine
qua none d'une embauche. Ainsi ce glissement de la notion de qualification vers
la notion de compétence à entrainer un changement de
méthode au niveau de la conception des formations. On est passé
progressivement de la domination d'un modèle d'ingénierie de la
formation à un modèle d'ingénierie des compétences.
Ceci n'est pas encore tout à fait le cas dans les formations de types
scolaires et universitaires, mais on assiste cependant à une
revalorisation des formations professionnalisante en alternance fondées
sur ce modèle de l'ingénierie de la compétence.
2.2.2 Définition de la
démarche compétences
Selon l'organisme DEMOS49(*), « la démarche compétences
désigne le processus par lequel s'engage l'entreprise qui décide
de faire de la gestion des compétences un des éléments de
stratégie globale ». Cette démarche au sein d'une
entreprise implique la participation de l'ensemble des salariés et est,
en général, menée par la direction des ressources
humaines, dans le cadre d'une gestion prévisionnelle des emplois et des
compétences (GPEC). Cette démarche est censée
s'intéresser à l'anticipation de l'évolution des
métiers et des compétences. Il s'agit pour une entreprise de
combler l'écart entre les compétences requises pour un emploi et
les compétences effectives des salariés. Selon l'organisme DEMOS,
dans une entreprise, la démarche compétences doit passer par
quatre étapes. Il s'agit tout d'abord d'analyser les emplois de
l'entreprise, puis d'identifier les compétences requises,
d'évaluer ensuite les compétences réelles et enfin de
développer les compétences des salariés. Des outils ont
été développés par cette démarche et sont
très souvent employés dans la professionnalisation. Il s'agit
de :
· la carte des métiers : situe et relie les
métiers dans l'entreprise selon les grandes fonctions de l'entreprise
· les fiches métiers : décline les
missions de l'emploi, les activités principales, les compétences
liées à l'emploi et les conditions d'exercice
· les référentiels métiers :
- référentiel d'emploi ou d'activités
- référentiel de compétences
- référentiel de formation
- référentiel d'évaluation ou de
formation
2.2.3 Une démarche
compétences se développant dans l'éducation
Face au glissement de la notion de qualification vers la
notion de compétence et compte-tenu des difficultés que
rencontrent les jeunes pour s'insérer professionnellement, les
ministères de l'Education nationale et de l'Enseignement
supérieur s'intéressent aujourd'hui de plus en plus à
cette démarche lorsqu'ils souhaitent construire des formations
professionnalisantes. Les diplômes professionnels possèdent ainsi
presque tous des référentiels qui permettent de décrire le
contenu des formations et les compétences visées. Il existe
différentes méthodes d'élaboration de
référentiels. En fonction de la méthode utilisée,
la forme, le contenu et l'utilisation qu'on en fera seront différents.
On peut quand même constater que l'élaboration de
référentiels apparaît pour beaucoup aujourd'hui comme une
condition essentielle à la réussite d'une démarche de
professionnalisation. Pour les CFA également, il s'agit d'un
outil-clé de la construction, du suivi et de l'évaluation d'une
formation et de ses apprentis.
Le CFA-PAE utilise en effet pour chacune de ses formations un
référentiel d'activités, un référentiel de
compétences et un référentiel de formation. Ces
référentiels servent à définir les contenus
d'enseignement, à définir les compétences qui seront
développées, et à définir les activités qui
doivent être accomplis en entreprises. Ces référentiels
sont ensuite mis en ligne et servent au suivi des apprentis par les
professeurs, par les maîtres d'apprentissage ainsi que par les apprentis
eux-mêmes. Un autre document existe pour évaluer les
savoir-être sur le même principe. Dans le cadre du montage de la
formation médiateur jeune public avec le Palais de Tokyo,
l'élaboration de ces référentiels fut une exigence
posée par le CFA-PAE. Il y a donc une nécessité d'adopter
les outils de la démarche compétences que sont les
référentiels d'activités pour le projet de formation du
Palais de Tokyo.
Après avoir vu que le Palais de Tokyo était dans
une démarche de professionnalisation du métier de
médiateur jeune public, interrogeons nous sur la compétence de
cette institution à se lancer dans ce projet de formation.
2.3
Compétence du Palais de Tokyo à se lancer dans la
professionnalisation d'acteurs de la médiation culturelle ?
2.3.1 Le Palais de Tokyo, un lieu
d'innovation en matière de médiation culturelle jeune public
2.3.1.1 Le Palais de Tokyo, une institution disposant d'un
savoir-faire en termes de médiation culturelle jeune public
Comme nous avons pu le voir précédemment, le
Palais de Tokyo à développer depuis sa création une
réflexion sur le concept et les pratique de la médiation
culturelle que cela soit au niveau de l'accueil individuel ou en groupe du
public. Il a notamment développé un certain nombre
d'activités auprès des publics scolaires et hors scolaires,
savoir-faire aujourd'hui sollicité par des entreprises, et par le
ministère de la Culture. Ainsi, on peut considérer que le Palais
de Tokyo dispose d'un savoir-faire en matière de médiation
culturelle jeune public.
Mais comme nous avons pu le voir plus haut, le Palais de Tokyo
n'est pas la première institution culturelle à s'être
lancée dans le champ de la médiation culturelle jeune public. On
peut donc se demander en quoi les activités mises en place dans cette
institution ainsi que les méthodes élaborées
diffèrent de celles mises en place dans les autres institutions
culturelles. En effet, de nombreuses institutions culturelles
réfléchissent et développent des actions envers les jeunes
publics. Le but y est souvent à la fois d'attirer ces publics dans ces
institutions et de faire de l'éducation artistique de manière
ludique, ce qui ne diffère pas tellement en apparence des pratiques du
Palais de Tokyo. Cependant, il apparaît difficile de juger ici de la
qualité des interventions de chacune des institutions culturelles.
Ainsi, nous ne nous lancerons pas dans un débat sans fin pour savoir si
la programmation jeune public au Palais de Tokyo est plus originale
qu'ailleurs. Ce qui compte finalement, c'est que ce lieu ait
développé sa vision et sa méthode de la médiation
et que cela constitue un savoir-faire reconnu et transmissible, ce qui atteste
de sa compétence dans ce domaine et lui donne toute la
légitimité pour se lancer dans ce projet de professionnalisation
des médiateurs culturels jeune public. La méthode de
médiation culturelle adaptée au jeune public du Palais de Tokyo
et qualifiée « d'innovante et efficace », semble en
tout cas, avoir fait ses preuves puisqu'elle rencontre un vif succès
auprès du public et de la presse. La fréquentation des
activités jeune public témoigne en effet de ce succès
(6000 enfants par an), ainsi que les nombreux, réguliers et
enthousiastes articles de presse qui paraissent régulièrement (Le
Figaro, Elle, Pariscope, A Nous Paris, Paris mômes...).
On peut également ajouter que ce projet de formation
rentre tout à fait dans le projet de l'association et s'inscrit dans sa
mission de service public qui est d'oeuvrer à la démocratisation
de l'art et de la culture. Ainsi, en formant de futurs professionnels à
la médiation culturelle jeune public, le Palais de Tokyo s'inscrit dans
cette optique de rendre l'art accessible au plus grand nombre.
Enfin, on peut souligner le dynamisme de cette institution,
à part dans le paysage institutionnel français puisqu'il s'agit
d'une association financée seulement à 40% de ses dépenses
par l'Etat. Cette contrainte a eu un rôle moteur pour cette institution.
Celle-ci ainsi que l'implication de son équipe lui ont permis de
s'imposer en quelques années comme une institution phare, de par la
qualité de son travail et de par ses innovations dans le domaine de la
médiation culturelle. S'engager dans le champ de la formation
apparaît donc comme un choix tout à fait judicieux et
réalisable.
2.3.1.2 Quelle légitimité par rapport aux
organismes de formations traditionnels comme les universités et les
écoles ?
Le Palais de Tokyo en s'associant à une
université et à une école se positionne comme une
institution pilotant une formation. N'étant pas un organisme de
formation, elle ne dispose pas des compétences et des ressources
nécessaires pour se lancer seule dans l'aventure. Le choix du
partenariat avec une université ou une école apparaît ainsi
comme tout à fait judicieux pour se positionner sur le marché de
la formation. Mais dans ce cas, en quoi le fait qu'elle soit pilote de ce
projet constitue-t-il un atout pour cette formation ? Si on se base sur
les études récentes orchestrées par le gouvernement sur
l'état des formations universitaires en France (rapport Hetzel) et sur
les études faîtes par la DDAI, il y aurait une inadéquation
entre les besoins des étudiants et des entreprises et l'offre
faîtes par les universités. Le fait que cette formation en
apprentissage soit pilotée par une institution reconnue pour ces
activités dans le secteur culturel, répond ainsi aux
préconisations de développement de partenariat entre
l'université et le secteur privé, et de développement de
l'apprentissage dans le supérieur.
2.3.2 Une institution
inexpérimentée dans le domaine de la formation
Mais ces compétences en médiation culturelle ne
doivent pas masquer son inexpérience en matière de formation. En
effet, on peut se demander s'il suffit d'être compétent dans un
domaine pour être en capacité de former des personnes à un
métier.
Nous avons pu voir que le Palais de Tokyo souhaite s'inscrire
dans une démarche de professionnalisation du métier de
médiateur jeune public et qu'il a une certaine légitimité
à se lancer dans cette voie. Nous allons maintenant essayer de voir
quels sont les points sur lesquels ce projet de formation pourrait rencontrer
des difficultés.
2.3.2.1 Des moyens humains suffisants ?
On peut tout d'abord s'interroger sur les ressources humaines
du Palais de Tokyo. Même si le partenariat avec d'autres organismes qu'il
soit universitaire ou privé est prévu, un certain nombre de cours
devra être assuré par le Palais de Tokyo. Les cours concernant
directement le Service jeune public représente déjà un
volume horaire conséquent pour ce service. Celui-ci sera-t-il en mesure
de les assurer ? De même, il a été convenu qu'un
certain nombre de professionnels du Palais de Tokyo puissent intervenir dans
les cours dispenser par le Palais de Tokyo. Ceux-ci seront-ils en mesure
d'intervenir sur ces cours ? On sait en effet que les bons professionnels
ne sont pas toujours les meilleurs pédagogues. Comment cette ressource
humaine doit-elle être gérée ? Enfin, la gestion d'une
formation en apprentissage comprend nécessairement un suivi approfondi
des apprentis notamment par le développement des relations avec les
entreprises et de la mise en place du tutorat. Ceci doit nécessairement
inclure des moyens humains suffisants et des compétences dans ce
domaine.
2.3.2.2 Le Palais de Tokyo, une « organisation
apprenante » ?
Selon Jeanne Schneider, un organisme de formation
traditionnel, dans sa finalité, est censé être
particulièrement concerné par le processus d'apprentissage et la
production de compétences. Ceci bien qu'important n'est pourtant pas
toujours le cas. On trouve en effet selon elle de nombreux organismes de
formations qui, en leur sein même, ne permettent pas à
leurs salariés d'apprendre au travail et de se construire des
compétences. On peut se demander si le Palais de Tokyo en tant que futur
« organisme de formation » peut-être
considéré comme une organisation apprenante. Commençons
d'abord par définir ce qu'est une organisation apprenante. Il s'agit
selon Jeanne Schneider « d'une organisation qui place la production
des compétences au centre de sa dynamique pour mieux répondre aux
besoins de ses clients et se trouver en mesure de faire face aux
évolutions économiques et technologiques ». Pour elle,
la question de la compétence renvoie à trois niveaux
d'apprentissage : individuel, collectif, organisationnel qui sont
très étroitement liés les uns aux autres. Pour être
apprenante, une organisation doit optimiser ces trois niveaux d'apprentissage.
Elle doit tout d'abord être formatrice, c'est-à-dire qu'elle doit
être centrée sur l'acquisition de connaissances et de
compétences pour résoudre des problèmes
économiques, techniques, humains, sur des projets d'investissement. Elle
vise à assurer le transfert des acquits dans les pratiques
professionnelles. Ce modèle renvoie à des pratiques formatrices
qui relèvent de l `apprentissage individuel. Elle doit ensuite
être qualifiante, c'est-à-dire qu'elle doit fournir des
situations d'apprentissage dans l'organisation du travail. Ce n'est plus
l'individu qui est visé mais l'équipe de travail. Enfin elle doit
être apprenante, c'est-à-dire qu'elle doit viser l'apprentissage
de l'organisation elle-même à travers l'apprentissage individuel
et collectif. Ici, c'est l'entreprise qui crée, acquiert, stocke et
transfère de la connaissance. Ce modèle renvoie à des
pratiques formatrices qui relèvent de l'apprentissage
organisationnel.
Pour Jeanne Schneider, l'organisme de formation est
concerné au premier chef par la compétence puisqu'il a pour
finalité de produire de la compétence à travers les jeunes
en formation. Il est également concerné par l'apprentissage
organisationnel à deux titres :
· À l'interne vis-à-vis de ses
salariés auxquels il demande de travailler en équipes, de
construire la compétence collective à travers la mise place de
projets de se centrer sur les besoins de ses clients, de construire leurs
apports en fonction de la compétence professionnelle. Pour elle, pour
que les formateurs mettent en oeuvre des actions qui relèvent d'un
apprentissage organisationnel, il faut que l'organisation elle-même soit
porteuse de ce modèle.
· À l'externe vis-à-vis des entreprises
partenaires qui prennent en apprentissage les jeunes en formation. Elle se
demande si les organismes de formation pensent, de la même manière
qu'ils engagent les entreprises à le faire, que les situations de
travail peuvent être formatrices, que les compétences de leurs
salariés doivent être managées, qu'elles peuvent être
des organisations productrices et non consommatrices de compétences.
Pour elle, une véritable réflexion par rapport
à ce modèle, permettrait à ces organismes de formation de
sans doute mieux comprendre les difficultés et les freins
rencontrés par les entreprises partenaires pour être
véritablement des entreprises formatrices.
Qu'en est-il du Palais de Tokyo ? Peut-on le
considérer comme une organisation apprenante ?
Plutôt que d'analyser l'ensemble du Palais de Tokyo,
nous nous arrêterons plutôt sur le Service jeune public, principal
concerné par le projet de formation. On peut considérer le
Service jeune public comme un service formateur car il a un réel souci
de former individuellement les médiateurs jeune public travaillant en
son sein. Le responsable du service cherche en effet à faire
acquérir des savoirs et des savoir-faire aux médiateurs(trices),
en mettant à disposition des ressources documentaires, en
conceptualisant des formats d'accompagnements, en construisant des outils et en
suivant individuellement ces médiateurs. On peut alors se demander si ce
service est suffisamment qualifiant. En effet, l'organisation du travail
fournit-elle suffisamment de situation d'apprentissage ? Les
médiateurs ont une certaine autonomie dans la mise en oeuvre et
l'animation des activités, mais il semble qu'ils soient souvent
contraints d'appliquer des formats déjà existants.
Peut-être ne disposent-ils pas assez de libertés ou de motivations
pour construire de nouveaux types de formats d'accompagnements ? Enfin, le
Service jeune public est-il un service apprenant ? C'est-à-dire
est-il dans une logique de création, d'acquisition, de stockage et de
transfert de connaissances ? On peut penser que oui dans la mesure ou ce
savoir-faire est reconnu par l'administration du Palais de Tokyo et par les
autres entreprises et institutions oeuvrant dans la culture. L'exposition
Monumenta en est la preuve. En effet, le Palais de Tokyo a offert son
savoir-faire au ministère de la Culture dans le cadre de l'exposition
d'Anselm Kiefer au Grand Palais. Le Service jeune public, ne disposant pas
suffisamment de moyens humains pour encadrer les médiations jeune public
au Grand Palais a su cependant créer de nouveaux formats. Il a ainsi su
transférer ses savoirs en formant et en suivant de nouveaux
médiateurs qui purent encadrer ces activités, construisant ainsi
chez eux de la compétence.
On peut ainsi voir que le Service jeune public du Palais de
Tokyo peut être considéré comme un « service
apprenant ». En revanche, on peut s'interroger sur le coté
apprenant du Palais de Tokyo en tant qu'institution. En effet, on peut se
demander si le fort taux de stagiaires dans les équipes est
réellement un moyen de développer de la compétence. Il
permet de développer de la compétence individuelle certes, mais
en ce qui concerne l'organisation, le fort turn-over que cela entraîne
est peut-être parfois préjudiciable à l'organisation. De
même, le fait que cette médiation jeune public ne soit pas
toujours identifiée comme une priorité peut freiner les acteurs
et l'organisation. Le pouvoir-agir est en effet une notion importante dans le
développement de la compétence et celui-ci n'est pas toujours
pris en compte. Des choix allant dans ce sens se profilent cependant comme la
volonté de créer cette formation de médiateur jeune
public, de développer l'offre jeune public au Palais de Tokyo avec les
futurs apprentis, ou encore de monter un espace d'activité
consacré au jeune public.
Ainsi on peut considérer que le Service jeune public
est un service apprenant. Il a conscience de la nécessité de
développer la compétence de ses acteurs, de son équipe et
de son organisation. Il devrait pouvoir naturellement communiquer avec les
entreprises accueillant les apprentis, sur cette notion de compétence
à acquérir.
Après avoir vu que le Palais de Tokyo était dans
une démarche de professionnalisation vis-à-vis du métier
de médiateur jeune public, nous avons pu voir que cette démarche
de professionnalisation passant notamment par le choix d'une formation en
apprentissage nécessitait d'adopter les outils de la démarche
compétences que sont les référentiels métier. Nous
nous sommes ensuite interrogés, sur les compétences qu'à
cette institution culturelle pour se lancer dans le champ de la formation. Le
Palais de Tokyo en tant qu'institution renommée et
expérimentée dans le domaine de la médiation culturelle
semble tout à fait légitime pour se lancer dans ce champ, mais il
ne doit pas être perdu de vue que cette activité constitue pour
elle une nouveauté et qu'elle est par conséquent
inexpérimentée dans ce domaine. Ainsi, même si le choix du
partenariat apparaît comme tout à fait judicieux, le Palais de
Tokyo en tant que pilote de ce projet devra développer des
compétences liées à la gestion d'une formation en
apprentissage. Nous allons donc maintenant voir les projets et propositions que
j'ai réalisés ou que je conseille pour assurer la réussite
de cette formation qui se veut professionnalisante.
3/ PROPOSITIONS ET PROJETS
3.1 Une
Professionnalisation nécessitant d'adopter les outils de la
démarche compétences
3.1.1 Adapter la démarche
compétences au projet de formation
Comme nous avons pu le voir plus haut, si l'on souhaite qu'une
formation soit réellement professionnalisante, il est nécessaire
d'adopter les outils de la démarche compétences que sont les
référentiels métiers. Ceci est d'autant plus important
dans notre cas, qu'ils constituent une exigence du CFA-PAE. Ces
référentiels doivent en effet servir à faire le suivi des
apprentis tout au long de leur formation.
3.1.1.1 L'organisation des référentiels
Selon le modèle proposer par la démarche
compétences, l'élaboration de ses référentiels doit
respecter une certaine chronologie.
On doit tout d'abord faire une liste des activités qui
composent le poste pour lequel seront formées les personnes qui suivront
la formation. On peut y détailler par exemple les fonctions, les
activités et les tâches que doit accomplir une personne en poste.
Cette description doit permettre d'avoir une vision à la fois globale et
précise du métier exercé.
Puis, ce référentiel d'emploi ou
d'activités doit faciliter l'élaboration d'un
référentiel de compétences. Il s'agit ici de classer les
compétences issues de l'analyse des activités.
Ce référentiel de compétences doit
ensuite permettre d'élaborer un référentiel de formation.
Celui-ci doit préciser l'ensemble des savoirs et des savoir-faire
nécessaires pour maîtriser les compétences requises pour
effectuer les activités liées au poste à occuper. Puis ce
référentiel peut déboucher sur un
référentiel d'évaluation ou de certification. On va ici
définir la manière dont on va évaluer l'acquisition des
connaissances et des savoir-faire acquis pendant la formation.
Enfin lorsque ces référentiels sont
utilisés par un organisme de formation, il est recommandé
d'élaborer un document que l'on appelle généralement
« Profil professionnel visé ». Il s'agit de donner
une « âme » à cet ensemble de
référentiels et de sortir de l'énumération
d'activités, de compétences et de savoirs par
l'élaboration d'un écrit. Ce document correspond à la
fiche métier utilisé par les entreprises lorsqu'elles
s'inscrivent dans une démarche compétences. On peut ajouter
à cela une carte des métiers. Ce document permet de situer un
métier dans un ensemble de métiers. Il permet notamment de
définir le niveau de professionnalisme et de responsabilités que
l'on attend d'une personne en fonction de son poste.
Voici comment on organise habituellement ces
documents :
Profil professionnel visé
Carte des métiers
Référentiel de formation
Référentiel de compétences
Référentiel de d'évaluation
Référentiel d'activités
3.1.1.2 Méthode de recueil et d'analyse des
données
Nous commencerons par l'élaboration du
référentiel d'activités appelé aussi
référentiel d'emploi. Pour le Centre Inffo50(*), la première
étape d'élaboration du référentiel d'emploi est le
recueil d'informations sur les activités liées à l'emploi.
Il s'effectue « essentiellement sur documents et auprès des
titulaires des emplois ciblés, de leur hiérarchie, d'experts du
domaine, de responsables de ressources humaines regroupés ou non en
comité de pilotage ». La seconde étape consiste pour
eux, « à analyser les informations recueillies, à les
structurer et à les présenter dans un langage accessible aux
futurs utilisateurs ». La dernière étape est
« la validation du référentiel par tous les acteurs
concernés en s'assurant qu'il reflète bien toutes les facettes de
l'emploi ».
Décrire les activités
Pour le Centre Inffo, les éléments les plus
fréquemment employés, rencontrés dans les
référentiels d'emploi, sont :
- la description de l'environnement de l'emploi
- la description de l'emploi
- la description des activités exercées
- les résultats attendus
Dans la mesure où dans notre cas, il s'agit de
construire un référentiel d'activités pour une formation
dans le cadre d'un CFA, nous nous contenterons de faire un
référentiel d'emploi qui s'attardera essentiellement sur les
activités exercées. Ceci permettra de répondre à la
demande du CFA-PAE qui souhaite en faire un outil de suivi des activités
en entreprise.
En déduire des compétences
Comme nous l'avons vu précédemment, le
référentiel d'activités va servir de base à la
construction du référentiel de compétences. Les
compétences sont déduites des activités. Il est donc
nécessaire de se poser cette question : pour mener à bien
telle ou telle activité, quelles compétences faut-il mettre en
oeuvre ? Ces compétences vont se composer de plusieurs
éléments. Il s'agit essentiellement des savoirs, savoir-faire et
savoir-être. Les savoirs se composent selon Patrick Lechaux51(*), de connaissances
générales, de connaissances professionnelles, de connaissances de
l'environnement professionnel (le secteur d'activité, le métier)
et de connaissances procédurales (les techniques à mettre en
oeuvre). Les savoir-faire eux peuvent être définis comme à
la fois des savoir-faire procéduraux et des savoir-faire
d'expériences. Enfin, les savoir-être, dernière composante
des compétences seraient constitués de savoir-faire relationnels
et de qualités personnelles (ou attitudes).
Certains référentiels ajoutent à ces
trois catégories les capacités transversales que l'on pourrait
définir comme des capacités organisationnelles et des
capacités logiques et cognitives. Pour certains, il s'agit de
capacités transversales intégrées à une
compétence, mais que l'on peut transférer ailleurs. D'autres les
appellent des compétences transversales. Il s'agit en fait ici de
compétences transférables dans d'autres emplois.
On regroupe souvent les savoirs, savoir-faire et
savoir-être par le terme générique de
« ressources ». Les compétences d'un individu se
définiraient ainsi comme « la capacité d'un individu
à mobiliser ses ressources personnelles ainsi que les ressources
collectives de l'entreprise dans un contexte professionnel donné, en vue
de maîtriser des situations professionnelles à un certain niveau
de performance attendu ». Les compétences seraient donc
toujours contextualisées. Les compétences transversales ou
capacités transversales seraient elles, en quelques sortes des
savoir-faire décontextualisés, utilisables dans de nombreuses
situations différentes.
Les compétences sont généralement
exprimées par un verbe et un complément (ex : animer une
réunion). En général, pour chaque compétence, on
prévoit différents niveaux de maîtrise. Ces niveaux peuvent
être communs à chaque compétence. Par exemple, on peut
avoir ce type de niveaux :
· Bon niveau de maîtrise
· Maîtrise partielle
· Ne maîtrise pas ou insuffisamment cette
compétence
En revanche certaines compétences possèdent des
niveaux de maîtrise détaillées en fonction de leur
spécificité.
Les compétences ne sont pas directement observables et
mesurables. On mesure leurs effets sur le poste de travail. Pour chaque
compétence, on identifie des situations (3 à 5) professionnelles
souvent dîtes significatives, où elle est absolument
nécessaire. Lorsque la personne est confrontée à ces
situations, selon qu'elle apporte une réponse adaptée ou non, on
en déduit qu'elle maîtrise ou non les compétences
correspondantes. Ces situations sont définies après s'être
assuré que les aspects organisationnels et relationnels permettent
effectivement, la mise en oeuvre de la compétence et que les
résultats obtenus ne sont pas dus aux conditions professionnelles
spécifiques de l'activité. Leur repérage donne au
professionnel et à sa hiérarchie la possibilité de
vérifier par l'activité, la présence ou l'absence de la
compétence concernée. L'évaluation des compétences
peut également être réalisée à partir de
performances (résultats obtenus). Il s'agit ici de définir des
critères de performances qualitatifs et quantitatifs et d'observer s'ils
sont remplis et dans quelle mesure52(*).
Créer des modules de formations permettant
l'acquisition des compétences repérées
Ce référentiel de compétences doit
ensuite déboucher sur un référentiel de formation. Il est
donc nécessaire de définir les savoirs, savoir-faire et
savoir-être qui doivent être acquis en formation et de
définir des cours et des situations d'apprentissage qui permettront
cette acquisition.
Construire un référentiel
d'évaluation
Une fois le programme de formation définit, il faut
construire un référentiel d'évaluation qui permettra
d'évaluer les savoirs, savoir-faire, savoir-être
développés ainsi que les compétences qui constituent la
mise en application professionnelle des ressources de l'apprenant.
3.1.1.3 Exhaustivité, stéréotypie :
un équilibre nécessaire
Pour D. Pemartin53(*), « les unités de compétences
doivent être reliées à l'exercice d'une activité
non-atomisée ». En effet, les référentiels
réalisés correspondent à une simplification de la
réalité. Il est donc nécessaire de trouver un
équilibre entre l'exhaustivité et la stéréotypie.
L'exhaustivité conduit en effet à multiplier
exagérément les compétences. On y perd le sens du
métier et on ferme ainsi les possibilités d'évolution de
l'emploi. Pour Guy le Boterf, « la logique de la décomposition
tue la compétence »54(*). À l'inverse la stéréotypie, va
transformer le référentiel en « simplification
excessive du fonctionnement intellectuel du salarié et du contenu
cognitif requis par l'emploi »55(*). Ici, les compétences retenues deviennent trop
larges et ne sont pas suffisamment centrées sur un métier. Dans
la pratique, selon D. Permartin, le nombre de compétences
répertoriées pour un emploi varie en général entre
10 et 16.
3.1.2 La construction des
référentiels du métier de médiateur jeune
public
3.1.2.1 Consulter les entreprises ?
Étant chargé d'élaborer les
référentiels du métier de médiateur jeune public,
plusieurs solutions s'offrirent à moi pour recueillir les données
nécessaires à l'élaboration de ses
référentiels. Il m'est tout d'abord apparu important dans une
logique d'insertion professionnelle des étudiants de consulter un nombre
représentatif d'acteurs du secteur culturel susceptible d'employer ces
futurs médiateurs jeune public. Mais au fur et à mesure que ma
mission avançait, je compris l'enjeu stratégique que
révélait ce projet pour le Palais de Tokyo. En effet, comme je
l'ai souligné plus haut, le Palais de Tokyo n'est pas à
proprement parlé un organisme de formation. Son activité
principale ne se situe en effet pas dans le domaine de la formation. Si cette
institution a décidé de se lancer dans le champ de la formation
d'acteurs culturels, ce n'est pas uniquement pour répondre à une
demande. Il s'agit plus pour elle de se situer comme une institution pilote et
innovante en termes de médiation culturelle jeune public, et de
participer à la professionnalisation du métier de
médiateur jeune public. Ainsi le Palais de Tokyo se situe sur le
marché de la formation comme un organisme créant une offre de
formation plutôt que répondant à une demande. Bien qu'il y
ait nécessité de trouver un public répondant à
cette offre, l'idée est avant tout de créer une offre pour
provoquer une demande. Ajoutons à cela une nécessité de
confidentialité du projet dans un contexte de concurrence
institutionnelle. Enfin, cette conception correspond à celle que les
universités suivent pour l'élaboration de leurs formations.
En effet, les universités comme Paris XII, même
si elles cherchent à accroître l'insertion professionnelle de
leurs étudiants en créant des formations plus adaptées aux
besoins des entreprises ne sont pas pour autant dans une logique de
négociation sociale avec les entreprises. Pascal Lafont56(*), enseignant à Paris
XII, différencie à ce propos la négociation sociale de la
transaction sociale. Pour lui, les universités qui sont soucieuses de
leur indépendance, sont plus dans une transaction sociale lorsqu'elles
montent des formations professionnalisantes. En effet, les universités
ne souhaitent pas répondre directement aux demandes immédiates
des entreprises en matières de compétences. Les entreprises
attendent des formations universitaires que les étudiants soient
opérationnels, c'est-à-dire qu'ils soient compétents pour
leurs profils de poste. Hors le but de l'Université est avant tout de
former des citoyens ayant des capacités d'analyse et d'apprentissage. Il
est, pour elle, inconcevable de négocier avec les entreprises car
celles-ci ont finalement rarement conscience de leurs besoins réels. De
plus, de nombreuses études montrent que la relation emploi/formation est
souvent incertaine. Ainsi, former des étudiants pour un poste
extrêmement précis les desserviraient plus que ne les serviraient.
En effet, les métiers étant en constante évolution et les
entreprises n'ayant que rarement les mêmes besoins, il est difficile de
créer des formations permettant d'acquérir des compétences
pratiques parfaitement adaptées aux besoins des entreprises. Les
universités préfèrent ainsi être dans la transaction
sociale plutôt que la négociation. Ainsi, elles
préfèrent prendre en compte les besoins d'un secteur que de
négocier directement avec les entreprises.
Dans cette perspective, il était donc inutile voire
inapproprié de consulter directement des employeurs potentiels sur leurs
besoins en termes de médiation jeune public. J'ai donc plutôt
choisi d'analyser le métier de médiateur jeune public au sein du
Palais de Tokyo et de le mettre en relation avec les besoins supposées
des entreprises.
3.1.2.2 Le recueil des données
Pour accroître l'objectivité de mon analyse et
pour répondre au mieux à la conception qu'ont les
représentants du Palais de Tokyo du métier de médiateur
jeune public, je décidai de m'appuyer sur plusieurs sources pour
recueillir les données nécessaires :
- La connaissance personnelle du métier et la pratique
du métier
- L'observation du métier de médiateur jeune
public
- Les discussions avec les médiateurs jeune public et
le responsable du service
- L'analyse des documents élaborés par le
responsable jeune public à l'attention des médiateurs jeune
public
- L'analyse des documents de communication sur les
activités jeune public
- L'analyse des documents élaborés dans le cadre
du projet de formation
Travaillant depuis de nombreuses années dans le champ
de l'animation socioculturelle, la première étape fut pour moi
d'élaborer une hypothèse sur les pratiques du médiateur
jeune public en me basant sur le métier d'animateur socioculturel et en
l'appliquant au cadre du Palais de Tokyo. Après avoir
découpé ce métier en plusieurs phases, j'ai pu les mettre
en relation avec l'observation du métier de médiateur jeune
public sur le terrain ainsi que sur l'analyse de ma pratique personnelle
puisque j'ai exercé ce métier de médiateur jeune public
dans le cadre de ma mission. Puis en discutant avec les personnes
concernées et en analysant les documents écrits qui circulaient
au sein du service, j'ai cherché à voir quel sens avait ce
métier pour le responsable jeune public et pour les médiateurs de
ce service. Puis, j'ai porté mon attention sur la communication du
Service jeune public sur ses activités. Enfin, J'ai cherché
à cerner la vision qu'avait du métier, l'Administration et plus
particulièrement la Coordination générale, en m'appuyant
sur les documents réalisés dans le cadre du projet de formation,
comme les documents de communication et le programme prévisionnel des
cours.
3.1.2.3 Le référentiel d'activités
Après avoir observé, analysé, et
discuté les données avec les responsables du Palais de Tokyo, 6
fonctions qu'exercent ou que devraient exercer le médiateur, furent
retenues. Il s'agit des fonctions d'expertise, de réseau, de conception,
de mise en oeuvre, d'action, et d'évaluation.
Vous trouverez en annexes, un tableau détaillant ce
référentiel d'activités.
Les trois fonction essentielles, qui m'étaient tout
d'abord apparues, étaient les fonctions de conception, d'action (de
médiation) et d'évaluation. Ces trois fonctions me semblent
être représentatives de trois temps importants dans l'exercice du
métier.
La « conception » tout d'abord est un
moment important car il constitue la préparation du temps de
médiation. Ce temps de travail est, je pense, très important dans
la conception qu'a le Palais de Tokyo de la médiation culturelle jeune
public. En effet, une attention particulière est portée au
contenu de l'activité de médiation mais aussi à la forme.
C'est justement sur ces deux points que le Palais de Tokyo insiste lorsqu'il
parle de la qualité de ses prestations. C'est ce qui permet de le
différencier de bon nombre d'activités du secteur socioculturel
qui par manque de moyens et de temps pêchent souvent sur le contenu et la
forme des activités. Celles-ci même si elles sont
récréatives, ne sont pas toujours à la hauteur de la
qualité éducative qu'elles présupposent. Il apparaît
donc essentiel que cette fonction de conception soit présente dans ce
référentiel d'activités. Nous avons choisi d'y inclure
à la fois l'activité de conception de formats d'accompagnement
(modèle d'activité de médiation), et à la fois la
conception d'outils de médiation (supports de l'action), mais aussi une
activité de programmation qui consiste à créer un ensemble
cohérent d'activités de médiation.
L'action de médiation culturelle que nous mettrons sous
la fonction d' « action » constitue le coeur du
métier et peut donc être considérée comme la
fonction essentielle du médiateur jeune public. Celle-ci peut-être
décomposée en deux activités : l'accueil du public
qui constitue, notamment dans les centres d'art et les musées, un moment
important dans la relation avec celui-ci ; et la mise en place et
l'animation d'activités de médiation qui caractérisent ici
l'originalité et le savoir-faire du Palais de Tokyo, en termes de
médiation jeune public. Un point particulier doit être mis sur
cette activité de médiation qui doit être en lien avec un
contenu culturel et doit savoir susciter un dialogue avec le public tout en
valorisant son expérience.
Enfin, la dernière fonction essentielle de ce trio me
semble être l'évaluation. En effet, comment concevoir une
prestation de médiation culturelle de qualité si aucune
évaluation n'est jamais faîtes. Après avoir conçu
des activités et un programme d'activités avec des objectifs
pédagogiques précis, il est donc tout à fait logique de
les évaluer pour pouvoir améliorer la qualité des
prestations. Le responsable du service jeune public a à ce propos
élaboré des outils intéressants. J'ai en effet pu analyser
les outils qu'il utilise pour manager son équipe, il s'agit des
« fiches déroulés formats jeune public » qui
consiste en un découpage temporel et par activités, des formats
d'accompagnement mis en place au Palais de Tokyo. Ceci permet aux
médiateurs de concevoir des activités dans un cadre
précis. Ils ont également à leurs dispositions les
« fiches Tok Tok » qui permettent de cadrer la conception
de l'activité, de l'évaluer et de lancer des axes de recherches
pour les futures activités.
Après avoir défini ces trois grandes fonctions,
il me sembla au regard des nombreux éléments que j'avais à
ma disposition, notamment les propositions de contenus de cours, qu'il
était nécessaire d'introduire la fonction d'expertise qui
consiste pour le médiateur à analyser le contexte dans lequel il
intervient et d'évaluer les besoins et les demandes du public. Cette
fonction d'expertise, dont le nom peut faire débat (S'agit-il
réellement d'une expertise, ce terme ne qualifie-t-il pas un
degré de maîtrise trop important pour ce niveau
d'étude et ce type d'activité professionnelle ?) aurait pu
se joindre à la fonction de conception, mais il m'a semblé
intéressant de les séparer pour souligner une étape
importante qui permet au médiateur de préparer son intervention,
et qui consiste à prendre du recul, à observer et à
analyser le contexte dans lequel il intervient et les besoins et demandes de
son public.
Il m'est ensuite apparu important d'introduire une autre
fonction entre l'expertise et la conception, il s'agit de la fonction
« réseau ». En effet, les acteurs du Palais de Tokyo
travaillant sur ce projet m'ont fait remarquer cette activité importante
qui consiste à repérer les partenaires de sa structure et leurs
actions pour pouvoir situer le service et la structure dans lesquels il
travaille par rapport à ces partenaires. Ceci avec la fonction
d'expertise vient définir le cadre de travail dans lequel il doit
exercer. On peut comparer cette fonction à la fonction de veille
stratégique que l'on trouve dans nombre d'entreprises. Il s'agit de
connaître les activités de ses partenaires voire de ses
concurrents pour travailler en conséquence.
Enfin la dernière fonction de ce
référentiel d'activité que nous n'avons pas encore
citée se situe dans cette phase de préparation de l'action de
médiation et que nous appellerons « mise en
oeuvre ». Il s'agit ici de souligner les activités de
management de projet et de promotion des activités, c'est-à-dire
l'activité de gestion administrative, budgétaire,
matériel, voire juridique. Il s'agit également de souligner
l'activité qui consiste à inscrire l'activité de
médiation dans la stratégie globale de son entreprise ou
institution. Enfin, cette fonction doit mettre en évidence
l'activité de promotion des activités de médiation
conçues au préalable auprès du public, des médias
et des partenaires.
3.1.2.4 Le référentiel de
compétences
L'approche directe par la compétence qui consiste
à faire ressortir des compétences d'un métier
m'apparaissant difficile à mettre en place dans ce cas car plus
facilement applicable dans le cadre d'une concertation avec des professionnels
du milieu, il m'est apparu plus judicieux d'adopter une approche par
l'activité. Les référentiels d'emploi et de
compétences sont donc très proches dans leurs constructions car
les compétences retenues découlent directement des
activités.
Comme nous l'avons vu plus haut, le référentiel
de compétences s'élabore normalement après le
référentiel d'emploi ou d'activités. Puis, à partir
du référentiel de compétences, est élaboré
un référentiel de formation qui doit contenir un programme
d'enseignements; enseignements qui doivent répondrent aux
compétences dégagées plus haut. Une des difficulté
majeure rencontrée lors de la construction de ses
référentiels fut de faire concorder le programme d'enseignement
qui était alors en cours de négociation entre les
différents partenaires, avec le référentiel de
compétences. En effet, ce
« référentiel » de formation fût
amorcé avant les référentiels d'activités et de
compétences. Il me fallut donc déduire dans le descriptif des
enseignements retenus, quelles compétences on cherchait à
développer.
Les compétences étant décrites comme un
ensemble de savoirs, de savoir-faire et de savoir-être, j'ai tenté
d'associer l'ensemble de ces enseignements selon ces trois catégories.
Ceci me permit de voir quelles compétences on cherchait à
développer, de voir s'il y avait bien des cours pour l'ensemble des
compétences nécessaires à l'exercice du métier et
de voir s'il n'y avait pas de cours qui pouvaient se répéter sur
certains contenus et qui du coup, pouvaient être inutiles.
Voici comment fut construit ce document de travail :
Ce document servit de base à des discussions sur la
définition du métier de médiateur jeune public. En effet,
bien que travaillant au sein de la même institution et soutenant le
même projet, des différences de points de vue se firent sentir
entre le Service jeune public et la Coordination générale. Le
service jeune public défendait la conception du métier de
médiateur jeune public tel qu'il est exercé au sein du Palais de
Tokyo. Mais bien qu'étant dans une posture d'offre de formation, la
nécessité de trouver des entreprises susceptibles d'accueillir
les apprentis et de les embaucher par la suite fut un point important pour la
Coordination générale, faisant infléchir la
définition du métier de médiateur jeune public vers une
vision plus généraliste et plus ouverte. L'idée fut ainsi,
de décontextualiser les pratiques du Palais de Tokyo. En effet, les
activités jeune public au Palais de Tokyo étant uniquement
centrées sur l'Art contemporain, il est apparu indispensable de faire en
sorte que cette formation ne forme pas uniquement à la médiation
centrée sur l'art contemporain. Il fallut donc se mettre d'accord sur
une définition de la formation qui permettrait d'acquérir une
méthode de travail transférable vers différents contenus
culturels.
Après avoir élaboré ce document (mettant
en relation les compétences avec les cours), qui servit de document de
travail entre les différents acteurs du projet au sein du Palais de
Tokyo, j'ai pu élaborer un référentiel de
compétences basé sur le référentiel
d'activités et détaillant les savoirs, savoir-faire et
savoir-être à acquérir pour acquérir ces
compétences. Vous trouverez en annexes, ce référentiel de
compétences détaillé.
Peut-être serait-il judicieux d'affiner les niveaux de
compétences que l'on attendra des apprentis à l'issue de la
formation ? Il s'agit en effet d'une licence et non d'un master.
Même si les sujets abordés en cours peuvent être similaires
à une formation de niveau Master, on ne peut pas exiger le même
niveau de maîtrise. Le CFA-PAE propose à ce sujet un
modèle intéressant de référentiel de
compétences. Dans celui-ci, pour chaque compétence, on trouve une
rubrique « Conditions de réalisation » et une
rubrique « Critères d'évaluation ». Celles-ci
permettent de situer la compétence dans l'exercice de l'activité.
La compétence devient ainsi moins abstraite et plus facile à
évaluer. On trouve également une rubrique « Savoirs
associés ». Il s'agit des savoirs, dits associés, qui
permettent l'acquisition de la compétence. Ces savoirs associés
font référence à un autre référentiel plus
communément appelé référentiel de formation.
3.1.2.5 Le référentiel de formation
M'appuyant à la fois sur le référentiel
de compétences et sur les propositions de contenus de cours, j'ai
élaboré un référentiel dans lequel je liste les
unités d'enseignements et les cours retenus. Pour chacun de ces cours,
j'ai fait correspondre aux cours, les compétences ou
sous-compétences qu'ils doivent permettre d'acquérir.
Les discussions entre les partenaires du projet ainsi que les
discussions internes au Palais de Tokyo, notamment par rapport aux
référentiels d'activités et de compétences,
débouchèrent sur une proposition de contenu de cours (voir
ci-dessous) organisée en 7 unités d'enseignement. Vous trouverez
en annexes le référentiel de formation qui met en relation ces
cours avec les compétences et sous compétences
correspondantes.
UE 1 Arts et Culture
- Histoire des arts et des médiums
- Performance et transdisciplinarité
- Analyse iconique et esthétique de la réception
UE 2 Sociologie et Education
- Histoire des idées sur l'éducation en Europe-
grands courants pédagogiques et éducation nouvelle
- L'accompagnement social et éducatif
- Sociologie et psychologie de l'enfant
- Sociologie des publics spécifiques
- Enquête et expertise des publics
UE 3 Les dynamiques politiques et culturelles
environnementales
- Politiques culturelles - Evolution du rôle de l'Etat et
des institutions - Les acteurs culturels
- Actualités
- Métiers et professionnalisation
UE 4 Sociologie culturelle et communication
- Sociologie culturelle
- Sociologie de la médiation et de la communication
- Théories et pratiques de la communication
UE 4 bis Médiation et outils de
médiation
- Communication professionnelle
- Discours/ médias /écriture
- Fiction, processus narratif et application
- Expression plastique et expérimentation
créatrice
- Ingénierie graphique
- Internet artistique et créatif
- Médiation et applications in situ
UE 5 Langues et découverte
multiculturelle
- Langue, découverte multiculturelle, séjour
à l'étranger
UE 6 Mise en oeuvre de projet / Préparation
à l'alternance en entreprise
- Management de projet
- Développement personnel - Acteurs et jeux de rôle
- Le mécénat et les stratégies de
développement des entreprises
UE 7 Projet et pratique professionnelle
- Pratique professionnelle
- Tutorat méthodologique et suivi d'applications
d'interface
- Projet professionnel tutoré
Ces unités d'enseignements classent ainsi les cours
selon des thématiques et essaient de couvrir l'ensemble des savoirs,
savoir-faire et savoir-être nécessaires à l'exercice du
métier de médiateur jeune public. Voyons maintenant de plus
près, quels sont les contenus de ces modules.
Le but de la première unité d'enseignement est
de donner un bagage culturel et théorique sur l'histoire des arts, sur
la création plus contemporaine qui passe notamment par la performance et
également de donner aux étudiants une méthode pour
analyser des oeuvres d'art ou un contenu culturel, de manière à
pouvoir ensuite l'exploiter dans la conception d'activités de
médiation. Elle renvoie donc aux compétences d'expertise et de
conception.
La deuxième unité d'enseignement a pour objectif
de fournir aux apprentis un bagage théorique et pratique en termes de
sciences de l'éducation, de sociologie et de psychologie. Ceci doit
permettre aux étudiants d'avoir les ressources nécessaires pour
faire une expertise du public, concevoir les activités en
conséquences, et adapter leurs actions de médiation en fonction
des publics. Mais cette unité d'enseignement doit également
permettre aux apprentis de développer des savoir-faire en termes
d'évaluation de leurs actions par l'acquisition de techniques de recueil
de données utilisées en sociologie comme l'enquête,
l'observation ou l'entretien. Cette unité doit donc permettre
l'acquisition des compétences d'expertise, de conception, d'action et
d'évaluation.
La troisième unité d'enseignement, elle, doit
permettre aux étudiants de mieux se situer dans l'environnement
professionnel culturel à travers l'acquisition de savoirs concernant les
politiques culturelles françaises ainsi que le fonctionnement
institutionnel français et européen, à travers une
connaissance approfondie des différents métiers du secteur
culturel, (qui constitue une connaissance de l'exercice professionnel des
futurs partenaires et collaborateurs) et également à travers une
connaissance approfondie de l'actualité culturelle et artistique. Ainsi,
cette unité d'enseignement doit permettre simultanément de
développer les compétences d'expertise, de réseau, de
conception et de mise en oeuvre.
L'UE 4, elle, a été conçue comme une
unité d'enseignement devant permettre d'acquérir les notions de
base de la sociologie concernant les domaines de la culture, de la
médiation et de la communication. Le but est d'aider les
étudiants à avoir conscience des enjeux que revêtent les
notions de culture (qu'il s'agisse de culture légitime ou de culture de
masse) et de démocratisation culturelle dans notre
société, ainsi que le concept de médiation dans le domaine
culturel. Elle doit développer les compétences d'expertise et
d'action car elle doit permettre à l'apprenti de mieux saisir l'enjeu
sociétal et politique de son métier et de d'apprendre à
mieux cerner les différents publics auxquels il peut avoir à
faire.
L'UE 4 bis, quant à elle, même si elle traite
également de la notion de médiation culturelle, s'attache plus
à développer des savoir-faire chez les apprentis. Il s'agit ici
de permettre aux étudiants d'acquérir la maîtrise d'outils
nécessaire à la médiation. On s'attachera donc ici
à apprendre à décrypter un discours médiatique et
à maîtriser son élaboration, à adapter sa
communication professionnelle à son interlocuteur, à
élaborer des processus narratifs pour ensuite les mettre en application,
à développer des capacités d'expression plastique,
à développer des compétences en ingénierie
graphique ou encore à maîtriser les outils artistiques de
création web. Mais, il s'agit également ici de travailler sur le
coeur du métier de médiateur jeune public qui consiste à
la mise en place d'activités de médiation culturelle jeune public
à la fois éducative, récréative et originale. Cette
UE doit permettre de développer des compétences de conception, de
mise en oeuvre et d'action.
La cinquième unité d'enseignement consiste
à donner aux étudiants la possibilité de travailler une
langue étrangère, outil indispensable aujourd'hui dans le monde
de la culture tout en offrant la possibilité aux étudiants de
partir à l'étranger pour découvrir un pays et s'ouvrir
à d'autres pratiques culturelles. Cette UE doit permettre de
développer des compétences de conception, de mise en oeuvre et
d'action.
Ensuite, l'UE 6 a pour objectif de développer chez les
étudiants des capacités à mettre en oeuvre un projet en
leur permettant tout d'abord d'acquérir une méthodologie de
conduite de projet, en lui permettant de connaître les principes du
mécénat et des stratégies de développement des
entreprises, et en développant des capacités personnelles
permettant de gérer un groupe ou encore d'animer une réunion.
Cette UE doit développer chez l'apprenti les compétences de
réseau, de mise en oeuvre, d'action, et d'évaluation.
Enfin, l'UE 7 regroupe les cours qui concernent le suivi de
l'apprenti en entreprise, l'aide apporté aux projets en entreprise, ou
encore la rédaction de son mémoire. Cette UE développe
à mon sens l'ensemble des compétences retenues pour cette
formation puisque la mise en place de projets tutorés et la
rédaction du mémoire doivent faire appel à l'ensemble des
savoirs, savoir-faire et savoir-être enseignés dans les cours.
Il s'agit ici de documents de travail qui permirent de
nombreuses comparaisons et d'avancer sur une définition commune du
métier. Mais ces documents étant trop exhaustifs pour être
utilisés de manière courante, il me fallut réaliser des
documents synthétiques et lisibles dont vous trouverez la
présentation en annexes. Ainsi vous verrez que le
référentiel de compétences met en relation les
compétences avec les unités d'enseignements qui permettent leur
acquisition et le référentiel de formation met en relation les
cours avec les compétences développées.
3.1.2.6 Profil professionnel visé
Restait ensuite à élaborer un « profil
professionnel visé », censé donner un esprit à
cette formation. Il me semble que le descriptif du métier sur la
plaquette de présentation de la formation, réponde à ce
besoin. Voici comment, ce métier de médiateur jeune public est
décrit sur cette plaquette.
« Le médiateur jeune public conçoit,
anime, programme et gère les outils d'accompagnements à
destination du jeune public et du public familial dans des champs d'insertions
professionnelles variées: de la structure traditionnelle, à
l'institution muséale ou culturelle en passant par les comités et
fondations privées d'entreprises ».
« Le médiateur jeune public est un
professionnel de l'enfance, maîtrisant les méthodes d'approche
pédagogique propres à l'art contemporain et celles permettant de
satisfaire les demandes du secteur privé ».
« Sa compréhension de l'univers de
référence de l'enfant, sa connaissance de la
psychopédagogie et des disciplines liées aux sciences de
l'éducation lui permettent de mieux comprendre le développement
mental et les temporalités liées à
l'enfance ».
Le médiateur jeune culturel jeune public peut exercer
les fonctions de:
- « médiateur culturel
- animateur culturel et socioculturel
- médiateur au sein des entreprises possédant
une collection d'art
- chargé des événements culturels
- [professionnel] du tourisme (syndicat d'initiative, office
du tourisme...)
- professionnel de la communication jeune public
- chargé du mécénat en direction du jeune
public
- médiateur pour le compte des comités
d'entreprise
- intervenant dans les crèches d'entreprise
- médiateur en centre de loisirs
- [et tout autre métier] de l'enfance: animateur,
crèche... »
Après avoir vu la question des
référentiels métiers, voyons maintenant de quels conseils
en ingénierie de formation le Palais de Tokyo pourrait avoir besoin pour
mener à bien ce projet de formation
3.2 Comment favoriser la
construction des compétences ?
3.2.1 Agir sur les trois pôles de
la compétence : savoir agir, vouloir agir, pouvoir agir
D'une manière générale, on peut
définir la compétence professionnelle comme « la
résultante d'une combinaison pertinente d'un ensemble de ressources
mobilisées par le professionnel (ou l'apprenti en formation) à
partir d'une bonne situation à traiter ».
Mais il faut distinguer également la compétence
et les compétences, c'est-à-dire « agir avec
compétence » et « avoir des
compétences ». Pour Patrick Lechaux, la compétence est
la résultante de tout un processus mental qui repose sur une dynamique
multidimensionnelle. Cette dynamique est à la fois cognitive
(« je sais ce qu'il faut faire »), c'est-à-dire que
la personne doit avoir une bonne représentation de ce qu'elle a à
faire et qu'elle doit disposer des ressources suffisantes (savoirs,
savoir-faire, savoir-être, capacités). Elle est aussi affective
(« je veux le faire »), la personne doit avoir une image de
soi qui incite à agir, à se confronter à de nouvelles
situations et le contexte de l'action s'il implique des émotions de
plaisir ou de souffrance, jouera sur sa compétence. Enfin, elle est
sociale (« je peux le faire ») ; le contexte
organisationnel et le contexte économique joueront en effet sur la
compétence de la personne.
Ces trois composantes de la compétence sont
définies par Guy Le Boterf57(*), comme le savoir agir, le vouloir agir, et le pouvoir
agir. Pour lui, il est nécessaire d'intervenir sur ces trois pôles
pour rendre probable et accroître la possibilité de construire les
compétences. Voici les solutions qu'il préconise pour favoriser
cette construction de compétences.
Il considère que le « savoir agir »
peut-être développé par :
· la formation
· l'entrainement
· les boucles d'apprentissage
· les mises en situations en apprentissage
Le « vouloir agir » sera encouragé
par :
· l'existence d'un sens donné à la
construction des compétences
· une image de soi réaliste et positive
· un contexte de reconnaissance et de confiance
· un contexte incitatif qui encouragera à
construire de la compétence
Le « pouvoir agir » sera rendu
possible par:
· une organisation du travail permettant la mise en
oeuvre non seulement du savoir-faire mais de véritables
compétences
· un contexte facilitateur réunissant les moyens
nécessaires, des attributions donnant la légitimité
à la construction de compétences
· des réseaux de ressources-équipements de
proximité : réseau relationnel, réseaux
documentaires
Il me semble qu'il s'agit là de conseils que le Palais
de Tokyo devra garder en mémoire, en tant qu'organisme de formation,
formant des apprentis et gérant la relation avec les entreprises
d'accueil. Cette relation qui devra d'ailleurs être construite tout au
long de la formation.
3.2.2 Rendre le cycle de construction
des compétences effectif
Comme nous avons pu le voir plus haut58(*), pour qu'une formation soit
réellement professionnalisante, elle doit comprendre un espace de
construction des compétences. En augmentant les performances de la
formation, on va venir renforcer ce pôle « savoir
agir », vu précédemment. Nous avons vu plus haut qu'une
organisation favorisant le développement de la compétence doit
selon Patrick Lechaux comprendre quatre étapes distinctes. Nous avons pu
voir que la structure de la formation semble prévoir ces quatre
étapes que sont l'acquisition, l'application, la mise en situation
professionnelle et la formalisation. Mais cette construction favorise-t-elle
réellement la compétence si ces quatre étapes n'ont pas de
lien entre elles ? En effet, cette formation bien que pilotée par
le Palais de Tokyo se réalisera sur différents sites et par
différents acteurs qu'ils s'agissent des professionnels du Palais de
Tokyo, des enseignants de Paris XII, des maîtres d'apprentissage ou
encore des intervenants et des prestataires comme l'EAC. Le risque est alors de
voir une formation disséquée avec peu de liens entre les
différentes phases, or ce cycle de construction des compétences
ne peut être effectif que si des liens forts sont tissés entre ces
étapes.
Il y aura donc une nécessité, lorsque cette
formation démarrera, de créer une cohérence entre
l'acquisition de savoirs théoriques et les applications en cours. Les
exercices que constituent les mises en situations, les études de cas ou
encore les projets doivent impérativement faire appel aux savoirs
théoriques acquis. Sans ce lien, ces applications perdraient tous leurs
sens. Il est donc nécessaire que les cours fonctionnant selon une
logique de cours magistraux et de mises en application comme le module
« Théories et pratiques de la communication » (qui
doit être dispensé à Paris XII), fonctionne comme cela.
Mais il est également important que les mises en application au Palais
de Tokyo intègrent les notions théoriques acquises dans les cours
portant sur la sociologie, l'éducation ou les arts et la culture. Il est
donc nécessaire que les enseignants de ses cours magistraux aient
conscience de la mise en application que devront en faire les étudiants.
Inversement les intervenants du Palais de Tokyo, devront connaître le
contenu des cours théoriques dispensés pour être capable
d'évaluer cette mise en application.
La même chose doit être vraie pour le lien entre
l'application et la mise en situation professionnelle. En effet, les tuteurs en
entreprise doivent avoir conscience de ce que les apprentis ont
étudié en cours et des applications qu'ils ont pu en faire. En
effet si les mises en situations professionnelles ne correspondent en rien avec
ce qu'ont pu voir les apprenants en cours, cette mise en situation
professionnelle perd tout son sens. Nous serions plus ici, dans un
apprentissage professionnel classique ou seul l'expérience compterait.
Les apprentis auraient alors beaucoup de mal à faire le lien entre
l'entreprise et le contenu appris en centre de formation. Les cours
apparaîtraient alors comme inutiles dans cette perspective de
professionnalisation.
De même, l'étape de formalisation, en
l'occurrence la rédaction d'un mémoire, doit se faire en lien
avec la mise en situation professionnelle et les étapes qui l'ont
précédée. En effet, le but de cette étape est de
permettre aux apprentis d'analyser leurs pratiques, de problématiser des
questionnements professionnels, d'émettre des hypothèses et de
trouver des solutions. Ce mémoire s'il n'était que
théorique et ne s'appuyait pas sur une situation professionnelle
perdrait de son intérêt dans le sens ou il ne permettrait pas aux
apprentis de construire des compétences.
Enfin, les futurs apprentissages théoriques qui
passeront par des cours ou par des lectures pourront être
alimentés par cette formalisation faîtes au cours de la formation.
Ce lien est peut-être le moins important dans notre cas. En effet,
celui-ci appartient plus à l'étudiant, qui devra être
capable de continuer à s'auto-former à travers des recherches et
des lectures, ou de se créer un parcours universitaire cohérent
(en reprenant un master par exemple en lien avec son parcours).
3.2.3 Rendre l'apprentissage
expérientiel efficient
Nous avons pu voir plus haut59(*) que le Palais de Tokyo, souhaitant être dans
une logique de professionnalisation des médiateurs jeune public, a
décidé de mettre en place des cours qu'on peut apparenter
à « l'apprentissage expérientiel ». Cependant
ces cours ne pourront être réellement efficients que s'ils
respectent les cycles décrits par Kolb. En effet, ils doivent respecter
cette logique basée sur la succession des différentes phases que
sont l'expérience concrète, l'observation réflexive, la
conceptualisation abstraite et l'expérimentation active.
Par exemple pour le cour « Médiation et
application in situ », il y a nécessité de faire
pratiquer les apprentis, de les faire observer par le reste du groupe tout en
les incitant à s'auto-observer, de procéder ensuite à une
mise en commun réflexive permettant d'élaborer de nouvelles
stratégies, puis de les faire expérimenter celles-ci.
Pour le cours « Pratique professionnelle »
également, il est nécessaire que ces différentes
étapes apparaissent. On peut par exemple demander aux apprentis
d'intégrer dans leur mémoire cette démarche
expérientielle, c'est-à-dire de faire en sorte qu'il soit capable
d'expliquer comment ils ont pu évoluer dans leur pratique sur leur lieu
de travail en vivant des expériences concrètes, en
s'auto-observant de manière réflexive, en conceptualisant de
manière abstraite de nouvelles stratégies et en les mettant en
oeuvre à travers des expérimentations actives.
Pour le module « Projet professionnel
tutoré » également, qui je le rappelle, prévoit
d'expérimenter un projet au Palais de Tokyo avant de l'appliquer en
entreprise, il est nécessaire de souligner l'importance d'avoir un
moment d'observation réflexive après avoir
expérimenté ce projet au Palais de Tokyo, de manière
à pouvoir l'améliorer avant le de mettre en oeuvre dans
l'entreprise d'accueil.
3.3 Travailler avec
les entreprises d'accueil
3.3.1 Construire un parcours formateur
avec l'entreprise
Une formation en apprentissage implique nécessairement
de travailler avec les entreprises qui accueilleront les apprentis car on
considère qu'elles participent à la construction des
compétences que l'on cherche à transmettre. Ainsi, il est
nécessaire de construire une cohérence entre les cours
dispensés en formation et les activités effectuées sur le
lieu d'apprentissage.
Pour Jeanne Schneider60(*), la rencontre avec l'entreprise a un certain nombre
d'objectifs qui doivent être accomplis en amont, et dont la plupart dans
notre cas, ont déjà été réalisés ou
ont déjà été amorcés.
· Il s'agit tout d'abord en amont de la formation, de
connaître les entreprises afin de percevoir les évolutions des
métiers, les besoins des entreprises.
· Ensuite, il s'agit d'informer les entreprises en les
démarchant, pour qu'elles prennent des jeunes en contrat
d'apprentissage, pour faire connaître l'offre de formation de
l'organisme, et pour orienter les jeunes vers les entreprises.
· Puis il s'agit d'identifier les principales
activités et tâches du métier ainsi que d'identifier les
contraintes de l'entreprise. Ceci doit permettre de construire des outils
pédagogiques en établissant un « profil
métier », en identifiant des situations de travail formatrices
pour l'apprenti et en identifiant des « situations
problèmes ».
· Ensuite, il va s'agir de contractualiser,
C'est-à-dire d'informer l'entreprise sur le programme de la formation et
les épreuves de l'examen, de permettre à l'entreprise
d'identifier ses interlocuteurs dans l'organisme de formation et notamment le
formateur référent, d'apprécier l'environnement de travail
du jeune, de définir les rôles de chacun des acteurs :tuteur,
apprenant, formateur, et de définir les moyens de communication avec
l'entreprise, et de prendre en compte les rythmes de l'entreprise pour
organiser les plannings de formation.
Ensuite, lorsque la formation démarre, d'autres
objectifs apparaissent pour Jeanne Schneider :
· Cette rencontre avec l `entreprise doit permettre
au début de la formation, d'organiser la formation avec l'entreprise,
c'est-à-dire de rappeler ce qui a été
contractualisé, d'identifier avec le tuteur, les situations de travail
formatrices, de négocier une progression en entreprise, de s'appuyer sur
la formation en entreprise pour en déduire la formation en centre de
formation, d'apprécier l'environnement de travail du jeune, de
présenter ou d'élaborer les outils de suivi, et d'associer le
tuteur et l'apprenant à l'utilisation d'outils de liaison.
· Puis il va s'agir au cours de la formation de suivre la
formation du jeune en entreprise afin d'apprécier l'environnement de
travail du jeune et sa progression en entreprise, afin de faire le point
régulièrement à chaque séquence en alternance sur
la formation en entreprise, afin d'adapter la formation en centre.
· Enfin, cette rencontre avec l'entreprise permettra
d'évaluer la formation du jeune en entreprise, en élaborant les
outils d'évaluation, en appréciant la progression du jeune en
entreprise et en suivant l'évaluation en entreprise.
Voici un schéma explicatif qui résume les
différentes étapes de la construction d'un parcours formateur
selon Jeanne Schneider61(*).
Identifier les compétences professionnelles
nécessaires à l'exercice du métier de médiateur
jeune public
En organisme de formation
Créer un référentiel d'activités
Créer un référentiel de
compétences
Créer un référentiel de formation
Créer un référentiel d'examen
En entreprise
Observer la réalité du métier en
entreprise
Construire un « profil métier »
adapter à l'entreprise
Construire une progression
entreprise/organisme
de formation
En entreprise
En organisme de formation
Construire et négocier un parcours formateur en
entreprise
Construire une progression pédagogique
interdisciplinaire
Mettre l'apprenti au centre de la formation
En entreprise
En organisme de formation
Accueillir le jeune
Organiser les temps spécifiques de formation
Construire les séquences de cours en relation avec le
métier
Accueillir le jeune
Faciliter la formation du jeune en entreprise et son
autoévaluation
Construire la compétence
professionnelle
On voit bien ici toute l'importance de développer la
relation avec l'entreprise en amont et au cours de la formation. Mais nous
avons pu voir qu `au-delà delà de l'aspect organisationnel,
il s'agit avant tout de permettre un suivi approfondi de l'apprenti sur son
lieu d'apprentissage. Ce suivi de l'apprenti est couramment appelé
tutorat dans les formations en alternance. Voyons maintenant ce qu'implique le
tutorat.
3.3.2 Le tutorat
Selon Jeanne Schneider62(*), l'apprenant dans le cadre de l'apprentissage doit
disposer d'un double tutorat : le tuteur ou formateur
référent et le tuteur d'entreprise. En effet, dès le
démarrage de la formation, les besoins spécifiques des apprentis
doivent être pris en compte. Le jeune et les deux tuteurs doivent,
définir ensemble, à partir des besoins du jeune les objectifs
à atteindre et les modalités de suivi. Ce double tutorat implique
ainsi d'avoir des formateurs au sein de l'organisme de formation qui occupent
cette fonction de tutorat, mais elle implique également de
développer le tutorat avec les entreprises d'accueil des apprentis. Ceci
apparaît d'autant plus important dans notre cas que le Palais de Tokyo
cherche à véhiculer sa vision de la médiation, or les
tuteurs des apprentis risquent de moins bien connaître le travail de
médiateur de jeune public que les tuteurs du Palais de Tokyo. Cela
nécessite donc une collaboration, voire un management pour chaque
apprenti entre le tuteur du Palais de Tokyo et le tuteur de l'entreprise.
Le CEDIP63(*) propose au sujet du tutorat une analyse
intéressante et un certain nombre de conseils dont nous allons voir les
principaux points. Pour cet organisme, l'apprentissage par le tutorat
« repose sur l'hypothèse que le travail peut produire des
effets formateurs et, plus largement, que l'expérience est formative,
dès lors que la «démarche d'accompagnement« de l'agent
est formalisée ». Pour eux, « le tutorat constitue
aujourd'hui un mode de transmission des savoir-faire privilégié
et recherché »
3.3.2.1 Champ et contenu
Pour le CEDIP, « les logiques de formations
traditionnelles centrées sur l'acquisition de connaissances, par la mise
en oeuvre de stages notamment ne répondent qu'imparfaitement aux enjeux
du management des compétences ». Ils considèrent que
les formations en alternance sont, de ce point de vue, intéressantes car
elles allient de façon complémentaire des modes d'apprentissage
différents, permettant par itération l'acquisition de savoirs
théoriques et de production de compétences ».
Le tutorat peut se définir selon Boru et
Leborgne « comme un dispositif de formation
intégré au travail, c'est-à-dire qui s'opère en
situation professionnelle, qui permet à l'apprentissage
expérientiel dont la principale caractéristique est de
s'effectuer dans une situation dont l'objectif principal n'est pas la formation
mais la production ». « Il est souvent conçu comme
l'une de composantes de l'alternance. Il se caractérise par
l'accompagnement de la personne en formation, par des professionnels sur le
lieu de travail ». « Le tutorat vise à organiser le
parcours de personne en formation dans le service, en favorisant ainsi les
acquisitions et mises en relation, c'est-à-dire en permettant une
intellectualisation des actes de travail ; mais le choix d'utiliser le
potentiel formatif des situations de travail suppose que le contenu du travail
soit analysé et formalisé ». On retrouve ici les
notions vu précédemment « d'apprentissage
expérientiel », « d'accompagnement par des
professionnels », ou « d'acquisitions et de mises en
relation », notions qui, pour le CEDIP, apparaissent également
comme essentiel dans les formations en alternance.
Voyons maintenant quels conseils le CEDIP nous donne pour
organiser un tutorat performant.
3.3.2.2 Les modalités de fonctionnement du tutorat
Le rôle et les fonctions du tuteur
Selon le CEDIP, le tuteur « doit favoriser la mise
en rapport de la compétence attendue et des savoirs associés
qu'elle mobilise dans une situation réelle. Il veille à la
contextualisation et la décontextualisation des savoirs et de la
compétence afin que ceux-ci soient utilisables et transférables
dans d'autres contextes et d'autres situations professionnelles, voire
sociales ».
Les fonctions du tuteur
Le tuteur pour cet organisme a plusieurs fonctions plus ou
moins affirmées selon les situations de formation rencontrées et
les objectifs assignés.
· Une fonction de guidance
· Une fonction de transmission des connaissances
· Une fonction de socialisation et d'insertion
· Une fonction d'évaluation
Le choix du tuteur
Pour eux, le tuteur ne peut être imposé. Il
nécessite par ailleurs un contexte organisationnel favorable en termes
de management et d'implication des acteurs.
Les compétences nécessaires pour assurer un bon
tutorat sont, pour cet organisme de trois ordres :
· Relationnelles : Savoir communiquer. Cela suppose
une écoute attentive et la maîtrise des conditions du
déroulement d'un entretien de face à face.
· Pédagogiques : Savoir rendre le travail
formateur. Cela implique de savoir analyser son activité, organiser une
situation de travail ainsi qu'une progression pédagogique,
évaluer les acquis.
· Organisationnelles : Savoir structurer planifier
rendre compte. Cela suppose de bien connaître le dispositif global de la
formation et de situer sa fonction.
La formation du tuteur
Le CEDIP préconise de préparer les tuteurs
à leurs fonctions. Cette préparation peut se faire dans le cadre
d'une « formation ». Celle-ci doit permettre à la
personne d'avoir un regard distancié sur son activité
professionnelle afin de construire un parcours de formation et d'accompagner
l'apprenant. L'objectif n'est pas de faire du tuteur, un professionnel de la
pédagogie, mais de lui donner des outils pour aider les apprenants dans
leur parcours, tant d'un point de vue des apprentissages cognitifs que d'un
point de vue psychologique. Ce type de formation peut porter sur :
· l'identification des missions du tuteur
· l'analyse de l'activité professionnelle
· le repérage des situations de travail pouvant
être formatrices
· la construction d'une progression pédagogique en
lien avec les objectifs assignés
· la communication interpersonnelle
· les techniques d'évaluation
Le CEDIP préconise également pendant la phase de
mise en oeuvre du tutorat de favoriser les rencontres entre tuteurs. Celles-ci
sont censées favoriser l'harmonisation des pratiques, lorsque les
niveaux de tutorat mis en oeuvre dans le cadre d'une même formation
auprès de stagiaires différents s'avèrent
hétérogènes.
La contractualisation avec le tuteur :
Le CEDIP conseille également afin d'aider le tuteur
à bien situer son rôle et à renforcer son engagement,
« de définir par écrit les missions du tuteur dans le
cadre d'une charte ou d'une convention de tutorat tripartite entre le centre de
formation, le tuteur et son supérieur hiérarchique. La charte ou
la convention porte sur l'articulation des missions du tuteur avec ses
tâches de production, inventorie les activités, précise ses
relations avec l'apprenant, sa hiérarchie et/ou le centre de formation.
Elle a aussi pour objet de permettre la prise en compte (par son entreprise),
comme activité de formation (sous une forme quantifiée) du temps
consacré au tutorat.
3.3.2.3 Les effets du tutorat
Pour le CEDIP, le tutorat va avoir de nombreux effets à
la fois sur l'apprenant, le tuteur et l'organisation et dont je pense que le
Palais de Tokyo, en tant que nouvel organisme de formation, doit avoir
conscience.
Les effets sur l'apprenant
Pour cet organisme en effet, dans une formation en alternance,
la période de stage en entreprise ne doit pas être vécu
comme une simple phase de découverte, et éventuellement de
reproduction ou d'imitation. L'apprenant doit être placé en
situation de production. Le tuteur doit donc faciliter le lien entre
l'apprenant et les savoirs. Il doit faciliter l'apprentissage à travers
ses différentes fonctions que sont la mobilisation (susciter
l'intérêt chez l'apprenant), la modélisation
(démontrer, expliciter), la guidance (simplifier la tâche pour la
rendre accessible), la motivation (veiller à ce qu'il n'y ait pas
d'interférence dans l'activité) et l'évaluation formative
(pointer les écarts entre ce qui est produit et ce qui est attendu).
Les effets sur le tuteur
Le CEDIP considère également que l'exercice de
la fonction de tuteur peut avoir des conséquences sur son
activité, son image, et son rapport au savoir et au pouvoir.
L'échange réciproque des savoirs est facilité dans le
cadre de situations tutorales. En décontextualisant ses pratiques, le
tuteur va être conduit à en modifier certaines. De la même
façon, l'apprenant peut-être amené à le questionner
à travers des savoirs théoriques acquis et lui faire prendre
conscience des écarts éventuels existants. L'apprenant joue ainsi
un rôle de miroir auprès du tuteur. L'image du tuteur peut
être modifiée au sein de son équipe de travail. Le tuteur
est perçu différemment et bénéficie d'une position
de « léger surplomb ». L'analyse de sa propre
activité oblige le tuteur à faire émerger et à
nommer les savoirs qui alimentent les compétences qu'il exerce. Enfin,
il s'agit aussi d'une relation duale qui peut engendrer des situations de
dépendance ou au contraire de rejet, et qui nécessiteront de la
part du tuteur des qualités d'analyse en termes de gestion des
comportements.
Les effets sur l'organisation
Enfin, il entraîne des modifications dans les
organisations car il contribue à modifier l'image de certains acteurs.
Le regard porté par la hiérarchie sur le tuteur, qui est investi
de nouvelles responsabilités, peut évoluer et le faire percevoir
comme un « élément à potentiel ». Dans
ce cas, la fonction tutorale est quelquefois revendiquée comme un
élément nouveau de qualification qui pose le problème de
sa reconnaissance, en termes de rémunération notamment.
Un aménagement de l'organisation du travail du tuteur
doit être mis en place. Une convention de formation ou de tutorat entre
le centre de formation et le responsable hiérarchique du tuteur reste le
meilleur moyen de clarifier les relations entre acteurs et la question de la
disponibilité du tuteur notamment.
3.3.2.4 Les limites du tutorat
Les difficultés d'exercice, compensées toutefois
par une attirance pour la fonction placent les tuteurs au sein de
contradictions internes. De l'improvisation à la construction d'un
accompagnement rationnel, le tutorat fait appel à une combinaison de
ressources complexes. Il nécessite de la part du tuteur une
capacité à organiser sa propre activité. On remarque
notamment que ceux qui n'ont pas une très grande lisibilité de
leur travail ont tendance à restreindre la fonction tutorale à
une relation interpersonnelle, gérée le plus souvent sur le mode
affectif.
L'expérience montre que, de façon
générale, le tutorat prend beaucoup de temps pendant et hors du
travail. Pour beaucoup, il est perçu comme du temps volé à
soi-même et à la structure à laquelle ils appartiennent, au
regard des impératifs de production qu'ils ont à gérer.
L'équilibre à trouver entre objectif de
production et objectif de qualification constitue un exercice difficile. Par
ailleurs, la reconnaissance affectée à cette mission est purement
symbolique. La reconnaissance institutionnelle n'existe pas en terme financier
notamment ; celle dont ils bénéficient, est une
reconnaissance d'estime. Pourquoi être tuteur alors ?
Peut-être pour trouver un espace de réflexion sur son propre
travail, qui souvent ne leur est pas accordé ailleurs
Ainsi, nous avons pu voir l'importance que peut avoir le
tutorat dans une formation en apprentissage. Ce tutorat peut-être
difficile à mettre en place car il nécessite un investissement
des tuteurs dans leur nouvelle fonction. Toutefois, le management du tutorat
semble apparaître pour beaucoup comme une des clés de la
réussite des formations en apprentissage.
3.3.3 Développer des situations
de travail apprenantes
Construire un parcours formateur avec l'entreprise et
développer le tutorat permettront entre autres de développer des
situations de travail apprenantes. Pour Ch. Darvogue et D. Noyé64(*), le travail permet toujours
d'apprendre. La conception des formations en alternance comme celle
pilotée par le Palais de Tokyo reprend cette idée que le travail
est facteur d'apprentissage. Mais pour ces deux auteurs, certaines situations
favorisent plus particulièrement les apprentissages. Ils proposent 5
lois de l'apprentissage au travail :
· 1ere loi : on apprend au travail si le travail a
du sens.
Pour Ch. Darvogue et D. Noyé , « comprendre
et apprendre sont étroitement liés ». Ils
considèrent que pour progresser, « le salarié a besoin
de saisir la signification de ce qui est fait, la raison d'être des
activités [de l'entreprise] ».
· 2eme loi : on apprend au travail si on se donne
des objectifs de performance ambitieux.
Pour nos deux auteurs, « les objectifs de
performance ambitieux sont des déclencheurs de
progrès ». En produisant de la qualité, le
salarié construit sa qualification et se construit lui-même.
· 3eme loi : on apprend si la situation de travail
appelle et active des processus cognitifs
« Pour se développer, les processus mentaux
doivent être utilisés et souvent aiguillonnés. Les
aptitudes sont de rares choses qui augmentent quand on les utilise. Il est donc
essentiel de concevoir des situations de travail [apprenantes] ».
· 4eme loi : on apprend au travail les uns des
autres
« Le groupe auquel on appartient est un lieu
d'apprentissage. Cette façon d'apprendre est accentuée lorsque le
management des compétences est organisé de manière
volontariste ».
· 5eme loi : on apprend au travail en y prenant des
responsabilités
« L'exercice de la responsabilité implique de
mener une réflexion pour se donner des objectifs et pour se
préparer à réaliser certaines activités. Il se
manifeste aussi par l'autoévaluation de ce que l'on a réussi et
par l'analyse des difficultés rencontrées. C'est cette
information en retour qui permet de décider, de modifier le tir afin de
mieux ajuster son action. Il y a là une boucle d'apprentissage dans cet
enseignement : objectif, préparation ; réalisation,
évaluation. »
Pour respecter ces cinq lois définies par Ch. Darvogue
et D. Noyé, dans le cadre de l'alternance, il est nécessaire que
l'entreprise d'accueil de l'apprenti s'implique pour lui donner des situations
de travail apprenantes. Même si des entreprises ou du moins des
maîtres d'apprentissage, ont conscience de cette nécessité,
pour d'autres prendre un apprenti constitue avant tout un avantage financier
puisque celui-ci est moins rémunéré qu'un salarié
normal. Pour éviter cette situation où les entreprises seraient
plus consommatrices que productrices de compétences, l'organisme de
formation en alternance, en l'occurrence, le Palais de Tokyo doit donc prendre
le temps de construire un parcours formateur avec les entreprises et donc de
développer le tutorat, outil indispensable au suivi des activités
des apprentis et à la construction de leurs compétences.
Nous avons pu voir la nécessité d'adopter les
outils de la démarche compétences que sont les
référentiels d'activités, de compétences et de
formation pour rendre cette formation professionnalisante. La construction de
ces référentiels et du profil professionnel visé, nous
permettent désormais d'avoir une vision claire des activités du
médiateur jeune public et des compétences que l'apprenti devra
acquérir pour pouvoir se dire professionnel. Ces
référentiels ont également aider à la construction
du référentiel de formation même si la construction de
celui-ci était déjà bien amorcé avant même
que soit élaboré le référentiel d'activités.
Ces outils devront néanmoins certainement être adaptés aux
exigences du CFA-PAE qui souhaite en faire des outils de liaison en ligne pour
suivre et évaluer le parcours des apprentis. Nous avons ensuite pu voir
quelques conseils qui permettront de favoriser la construction de
compétences au cours de la formation et qui concernent notamment le
savoir-agir, le vouloir-agir, et le pouvoir-agir, et également les
cycles de construction de compétences et l'apprentissage
expérientiel. Tous ces aspects me semblent essentiel pour rester en
permanence dans cette logique de professionnalisation tout comme l'est
l'importance de construire avec les entreprise d'accueil le parcours des
apprentis.
CONCLUSION
Ainsi nous avons pu voir la nécessité de
renouveler aujourd'hui les méthodes d'enseignement dans le
supérieur. Même si, le modèle de l'apprentissage ne doit
pas s'appliquer à l'ensemble des études supérieures, il
apparaît comme judicieux de développer ce type d'enseignement pour
répondre à une demande conjointe de nombreuses entreprises et de
nombreux étudiants. Beaucoup de ces étudiants cherchent en effet
à posséder de réelles compétences professionnelles
au sortir de leurs études pour favoriser leur insertion professionnelle.
Le Palais de Tokyo semble ainsi, s'inscrire tout droit dans cette logique,
mais il ne s'agit pas là de sa seule motivation ; cette institution
culturelle par le biais de cette formation souhaite également pouvoir
à la fois innover dans ce domaine et véhiculer sa vision de la
médiation culturelle jeune public qu'elle considère comme
particulièrement efficace. Ainsi le Palais de Tokyo souhaite se situer
comme une institution pilote dans le domaine de la médiation culturelle
jeune public et dans le domaine de la formation d'acteurs culturels. À
ce propos, la démarche du Palais de Tokyo semble être celle d'une
institution souhaitant professionnaliser ce métier émergent et
former ainsi des professionnels de la médiation jeune public. Nous avons
pu voir que malgré son « inexpérience » dans
ce domaine, le Palais de Tokyo possède de nombreuses ressources et toute
la légitimité pour se lancer dans ce projet. Il lui manquait en
revanche un certain nombre de compétences en ingénierie de
formation, que nous avons essayé de combler en proposant des projets et
des conseils qui permettront de favoriser la réussite de ce projet de
formation professionnalisante. Reste maintenant à voir si des
étudiants et des entreprises se verront prêt à suivre le
Palais de Tokyo dans cette aventure et diffuser ainsi le savoir-faire des
activités Tok Tok du Palais de Tokyo.
GLOSSAIRE
ANRAT : Association nationale théâtre et
éducation
BAFA : Brevet d'Aptitude aux Fonctions d'Animation
BAPAAT : Brevet d'Aptitude Professionnelle d'Assistant
Animateur Technicien
BPJEPS : Brevet Professionnel de la Jeunesse et de
l'Education Populaire Sportive
CEDIP : Centre d'évaluation, de documentation et
d'innovation pédagogiques
CFA-PAE : Centre de formation d'apprentis Paris
Académie Entreprise
CFMI : Centres de formation des musiciens intervenants
CFPI : Centres de formation des plasticiens intervenants
CIPAC : Congrès interprofessionnel de l'art
contemporain
DDAI : Délégation au développement et
aux affaires internationales
DEFA : Diplôme d'Etat relatif aux fonctions
d'animation
DUMI : Diplôme universitaire de musicien
intervenant
EAC : Ecole des métiers de la culture
GPEC : gestion prévisionnelle des emplois et des
compétence
LMD : Licence Master Doctorat
IESA : Institut d'études supérieures des
arts
ICART : Institut supérieur des carrières
artistiques
TRAM : Réseau art contemporain Paris Ile de France
RNCP : répertoire national des certifications
professionnelles
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages
- Béra M., Lamy Y., Sociologie de la culture,
Armand Colin, Paris, 2003, p.62-63.
- Carasso J-G, Nos enfants ont-ils le droit à l'art et
à la culture ?, Editions de l'attribut, 2006, p.33.
- Caune J., La démocratisation culturelle, une
médiation à bout de souffle, Presses Universitaires de
Grenoble, 2006.
- Darvogue Ch., Noyé D., Organiser le travail pour qu'il
soit formateur, INSEP Consulting
- Dijan J-M, Politique culturelle :la fin d'un
mythe, Editions Gallimard, 2005, p.101.
- Gallard J., (Etablis par), Le regard instruit, Action
éducative et action culturelle dans les musées, Actes du colloque
organisé au musée du Louvre par le Service culturel le 16 avril
1999, La Documentation française, Paris 2000, p.9
- Hahn C., Besson M., Collin B., Geay A. (Coordonné par),
L'alternance dans l'enseignement supérieur, Enjeux et
perspectives, L'Harmattan, 2005.
- Kolb D., Experiential Learning, Experience as the source of
learning and developpement, Englewood/Cliffs, Prentice Hall, 1984.
- Lamizet B., La médiation culturelle,
L'Harmattan, Paris, 2000.
- Le Boterf G., L'ingénierie des
compétences, Edition d'Organisation, 1998.
- Lechaux P., Dossier ressources en ingénierie de
formation n°1,Dossier
- Lechaux P., Dossier ressources en ingénierie de
formation n°3, Ingénierie de la professionnalisation, UFR
SESS, Université Paris XII, 2005-2006.
- Permartin D., La compétence au coeur de la GRH,
Ed. EMS, 2005, p.123.
- Poupard R., Lichtenberg Y., Luttringer J-M., Merlin C.,
Construire la formation professionnelle en alternance, Les Editions
d'Organisation, 1995.
- Sorel M. et Wittorski R. (Coord.), La professionnalisation
en actes et en questions, l'Harmattan, 2005.
- Schneider J., Réussir la formation en
alternance, Insep Editions, 1999, p.112.
Autres sources
- Centre Inffo, Inffo Flash n°505, 16septembre -30
septembre 1998.
- Convention Collective Nationale des Entreprises Artistiques
et Culturelles, p.68
- Cours de Pascal Lafont, Master 2 Conduite de projet et
ingénierie de formation, 25 mai 2007.
- Guide méthodologique Professionnalisation des
emplois jeunes, CATEIS, Marseille, 2000.
- La lettre du Cedip-En lignes n°9-avril 1999.
- Repères et références statistiques,
Les apprentis, édition 2006.
SITOGRAPHIE
- http://www.3ct.com/ridf
- http://rome.anpe.net/
- http://www.culture.gouv.fr/culture/
- http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/
- http://www.lapprenti.com/
- http://www.louvre.fr/
- http://www.palaisdetokyo.com/
- http://www.travail.gouv.fr/
- http://www.synavi.free.fr/
- http://www.travail.gouv.fr/
ANNEXES
Les référentiels
métiers
Quelques définitions :
Fonctions: fonctions, rôles exercés par le
médiateur
Activités: tâches accomplies par le
médiateur, activités exercées
Compétence:
Un savoir agir reconnu
"Capacité d'un individu à mobiliser ses ressources
personnelles ainsi que
les ressources collectives de l'entreprise (savoirs,
savoir-faire, savoir-être,
capacités transversales), dans un contexte professionnel
donné, en vue
de maîtriser des situations professionnelles à un
certain niveau de
performance attendu."
Savoirs
|
Connaissances générales
|
|
Connaissances professionnelles
|
|
Connaissances de l'environnement professionnel ( secteur
d'activité, métier)
|
|
Connaissances procédurales (les techniques à
mettre en oeuvre)
|
Savoir faire
|
Savoir faire procéduraux
|
|
Savoir faire d'expériences
|
savoir être
|
Savoir faire relationnels
|
|
Attitudes, qualités presonnelles
|
Capacités "transversales"
|
Capacités organisationnelles
|
|
Capacités logiques et cognitives
|
Reférentiel
d'activités
|
|
|
Fonctions
|
Activités
|
Expertise
|
|
|
Evaluation du contexte
environnemental - analyse les enjeux stratégiques et les
besoins de l'institution / entreprise - met en relation l'entreprise avec
le contexte historique et politique - analyse les oeuvres, leur contexte et
de leur processus de création - met en relation les oeuvres avec
l'histoire de l'Art et les besoins de l'institution/ entreprise
|
|
Evaluation des publics - analyse les
demandes et les besoins des jeunes publics
|
Réseau
|
|
|
Repère les
partenaires - repère les partenaires directs,
leurs actions et leurs positions stratégiques - positionne le service
et la structure par rapport aux partenaires
|
Conception
|
|
|
Programmation - élabore une
programmation culturelle et éducative adaptée aux jeunes
publics - adapte la programmation jeune-public au lieu d'intervention -
développe la cohérence et l'attractivité de la
programmation en y intégrant des éléments fictionnels
|
|
Conception de projets -
créé des formats d'accompagnement pédagogiques et
innovants - répond aux besoins et aux demandes des
publics: - en prenant en compte l'univers de
référence du public - en exploitant le contenu culturel,
plastique et icônique d'une oeuvre en fonctions des horizons
d'attentes et de l'esthétique de réception de chaque public
- en prenant en compte le lieu d'intervention et les exigences du contexte
environnemental
|
|
Conception d'outils de médiation
innovants - créé des outils de
médiation adaptés et innovants - conçoit et fait
réaliser des outils de médiation
|
Mise en oeuvre
|
|
|
Management de projets - gère
les aspects administratif, juridique et budgétaire d'un projet -
gère les moyens matériels d'un projet - inscrit son action
dans les stratégies de développement de l'institution/
entreprise
|
|
Communication/ promotion des
activités - auprès du public - auprès
des médias - auprès des partenaires, des institutions...
|
Action
|
|
|
Accueil du public - met en place un
dispositif d'accueil adapté - se met à disposition d'une
personne ou d'un groupe et recueille leurs besoins - informe, oriente
|
|
Mise en place et animation de formats
d'accompagnement (visites contées, ateliers de
création plastique, arts du spectacles, jeux...) - associe
l'activité à une oeuvre, une exposition ou un objet culturel -
suscite le dialogue avec le public à propos des oeuvres - valorise
l'expérience du public
|
Evaluation
|
|
|
Evaluation des actions de médiation -
s'auto-évalue, évalue la satisfaction du
public Evaluation des projets et la
programmation - réalise des enquêtes pour
évaluer l'impact pédagogique des actions ainsi que la
satisfaction du public Réalisation de bilans
d'activités périodiques et annuels -
élabore des bilans et les présente à son institution/
entreprise - propose des changements, des améliorations, des
solutions
|
Référentiel de
compétences
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Compétences
|
Sous compétences
|
|
Indicateurs de compétences
|
|
Unités d'enseignement
associées
|
|
|
Savoirs associés
|
Savoir-faire
|
Savoir-être
|
|
Expertise
|
|
|
|
|
UE 1,UE 2, UE 3
|
|
Evaluer le contexte environnemental
|
|
|
|
|
|
Connaître l'histoire des politiques culturelles,
l'évolution du rôle de l'État et l'histoire du
ministère de la Culture, les débats et les enjeux sur la
démocratisation culturelle et la médiation
|
Savoir s'approprier l'histoire et maîtriser les enjeux
stratégiques d'une institution culturelle
|
Savoir être à l'écoute
|
|
|
|
Connaître l'environnement professionnel des entreprises
|
Savoir s'approprier l'histoire et le contenu des activités
culturelles d'une institution
|
Savoir se mettre dans une posture d'observation
|
|
|
|
Connaître l'histoire des idées sur
l'éducation en Europe
|
|
|
|
|
|
Connaître l'actualité culturelle, l'environnement
culturel
|
|
|
|
|
|
Connaître l'environnement professionnel de la culture, ces
différents métiers et leurs inter-relations
|
|
|
|
|
|
Connaître les grands domaines culturels
|
|
|
|
|
Evaluer les publics cibles
|
|
|
|
|
|
|
Connaître les publics des institutions culturelles (
pratiques, psychologie, sociologie)
|
Savoir concevoir et réaliser une enquête
ciblée jeune public
|
Savoir interroger un public (prise de contact pour interroger,
faire remplir un questionnaire...)
|
|
|
|
Connaître la méthodologie d'enquête et
d'analyse des publics
|
|
|
|
Réseau
|
|
|
|
|
UE 4, UE 4 bis
|
|
Repérer les partenaires
|
|
|
|
|
|
Connaître l'environnement professionnel du secteur
culturel
|
Savoir identifier les circuits de décisions, les
problématiques, les enjeux et les logiques d'action des
différents acteurs
|
Savoir être à l'écoute
|
|
|
|
|
Savoir formuler une offre originale et spécifique, savoir
identifier et promouvoir un projet, savoir réaliser un dossier de
campagne de mécénat
|
Savoir adapter son discours au différentes
catégories d'acteurs
|
|
Compétences
|
Sous compétences
|
|
Indicateurs de compétences
|
|
Unités d'enseignement
associées
|
|
|
Savoirs associés
|
Savoir-faire
|
Savoir-être
|
|
Conception
|
|
|
|
|
UE 1, UE 2, UE 3,UE 4, UE 5
|
|
Concevoir des programmes thématiques
|
|
|
|
|
|
Connaître l'histoire et le contenu d'un élement
culturel, artistique ou patrimonial à transmettre
|
Savoir créer et intégrer des éléments
fictionnels dans la programmation pour la rendre cohérente et attractive
|
Savoir être créatif
|
|
|
|
Connaître les méthodes pour réaliser une
programmation attractive
|
Savoir créer une programmation culturelle et
éducative répondant aux exigences de l'institution et du
public
|
Avoir une ouverture culturelle sur les pratiques des autres
institutions
|
|
|
|
Connaître les références culturelles des
jeunes et des enfants (films, dessins animés, littératures,
contes, Bandes dessinées, musique, arts, sports, jeux, jeux
vidéo, programmes TV...)
|
|
Avoir une ouverture culturelle sur les pratiques
étrangères
|
|
|
|
Connaître les méthodes d'écriture
d'éléments fictionnels éfficaces
|
|
Savoir être convaincant
|
|
|
Concevoir des projets
|
|
|
|
|
|
|
Connaître l'histoire des idées sur
l'éducation en Europe, les grands courants pédagogiques et
l'éducation nouvelle
|
Savoir observer, analyser et exploiter le contenu plastique et
iconique d'une oeuvre en fonction des horizons d'attentes et de
l'esthétique de la réception de chaque public
|
Savoir prendre des risques, les mesurer et innover
|
|
|
|
Connaître les dispositifs et les modalités
d'accompagnement des enfants et des jeunes
|
Savoir analyser et exploiter l'univers culturel de
référence et le niveau de connaissances d'un public
|
Savoir faire preuve de créativité
|
|
|
|
Connaître le processus de création sémantique
de la médiation et son acceptation dans le champ culturel
|
Savoir intégrer dans le projet des éléments
fictionnels en lien avec l'objet ou le contenu culturel à transmettre
|
Savoir être inventif
|
|
|
|
Connaître les contextes, usages, pratiques et modes
d'intervention dans le champ culturel
|
Savoir créer des formats types d'accompagnement (ludique,
éducatif) adaptés à chaque public
|
Savoir être curieux, ouvert
|
|
|
|
Connaître une méthodologie de projet pour concevoir
des formats d'accompagnement répondant aux objectifs éducatifs et
stratégiques de l'institution
|
Savoir choisir une méthode pédagogique
adaptée
|
|
|
|
|
Maîtriser les notions d'espace, de muséographie et
d'accrochage
|
|
|
|
|
Concevoir des outils de médiation
|
|
|
|
|
|
|
Connaître les outils de médiation existants
|
Savoir créer des outils de médiation adaptés
(documents écrits, signalétiques, documents audios, audiovisuels,
multimédias, graphiques...)
|
Savoir être curieux, ouvert
|
|
|
|
Connaître les médias émergents
utilisés par les jeunes publics (i-pod, consoles portables, lecteur
vidéo portables...)
|
Savoir faire réaliser des outils (réaliser un
cahier des charges et s'adresser aux bons interlocuteurs)
|
Savoir faire preuve de créativité
|
|
|
|
Connaître les moyens et les méthodes de
création des outils de médiation (Connaissances des
métiers)
|
|
savoir faire preuve d'autonomie
|
|
|
|
|
|
savoir prendre des initiatives
|
|
Compétences
|
Sous compétences
|
|
Indicateurs de compétences
|
|
Unités d'enseignement
associées
|
|
|
Savoirs associés
|
Savoir-faire
|
Savoir-être
|
|
Mise en oeuvre
|
|
|
|
|
UE3, UE 4, UE 4 bis, UE 5, UE 6
|
|
Manager un projet
|
|
|
|
|
|
Connaître les différents types de statuts des
entreprises et des structures culturelles (associations, entreprise,
établissement public...)
|
Savoir gérer l'aspect administratif d'un projet
|
Savoir anticiper
|
|
|
|
Connaître les bases du droit
|
Savoir gérer l'aspect juridique d'un projet
|
Savoir s'adapter à différents cas de figure, savoir
être réactif
|
|
|
|
Connaître les principaux mécanismes
budgétaires, les bases de comptabilité et de gestion
|
Savoir gérer les moyens matériels d'un
projet (élaborer une liste de matériel, la budgétiser
et passer des commandes)
|
Savoir travailler en équipe
|
|
|
|
Connaître les méthodes du marketing permettant la
mise en place d'un projet culturel
|
Savoir gérer un budget
|
Savoir être convaincant
|
|
|
|
Connaître les stratégies de développement des
entreprises (mécenat, partenariat, privatisation)
|
Savoir inscrire des actions dans une stratégie de
développement
|
|
|
|
|
|
Savoir animer et conduire une réunion de travail
|
|
|
|
Faire la promotion des activités
|
|
|
|
|
|
|
Connaître les différents modèles
théoriques concernant la dynamique des communications
|
Savoir appliquer un type de communication verbale et graphique
adaptée en fonction de la nature des interlocuteurs - presse -
publics - ...
|
Savoir adapter sa communication
|
|
|
|
Connaître les méthodes et enjeux des discours et des
écrits (Sociologie des médias, méthodologie de
l'argumentaire, circulation des discours)
|
Savoir utiliser les technologies de l'information et de la
communication - Savoir créer un document infographique (plaquette,
flyer...) - Savoir créer un document internet (création de
pages web, envoi de Newsletters...) - Savoir créer des animations
graphiques - Savoir créer un document vidéo (tourner des
images et les monter)
|
Savoir être créatif et savoir faire preuve
d'originalité
|
|
|
|
Connaître les NTIC (Nouvelles Technologies d'Information et
de Communication)
|
Savoir constituer une base documentaire représentative des
activités : photos, vidéos, revues de presse...
|
Savoir s'exprimer oralement de manière claire
|
|
|
|
Connaître la presse, son histoire et son fonctionnement
|
Savoir contribuer à l'élaboration d'un dossier de
presse
|
Savoir exposer, expliquer mettre en valeur les projets
|
|
|
|
Connaître une ou plusieurs langues
étrangères
|
Savoir repérer les interlocuteurs presse pertinents
|
Savoir être convaincant
|
|
|
|
|
Savoir rédiger un document écrit de communication
dans une langue étrangère
|
Savoir s'adapter à une culture étrangère
|
|
|
|
|
Savoir discuter dans des situations précises (conversation
téléphonique, développement de partenariat,
négociation...)
|
|
|
Compétences
|
Sous compétences
|
|
Indicateurs de compétences
|
|
Unités d'enseignement
associées
|
|
|
Savoirs associés
|
Savoir-faire
|
Savoir-être
|
|
Action
|
|
|
|
UE 2, UE 4, UE 4 bis, UE5, UE 6
|
|
Accueillir le public
|
|
|
|
|
|
Connaître les différents manières
d'accueillir un public et leurs conséquences sur le type d'accueil
|
savoir entrer en relation / se mettre à disposition d'une
personne et reccueillir ses besoins
|
Savoir être à l'écoute
|
|
|
|
Avoir des connaissances en sociologie des public
|
Savoir informer, orienter une personne, un groupe
|
|
|
|
|
|
Savoir imaginer et mettre en place un dispositif d'accueil
adapté
|
|
|
|
|
|
Savoir mettre en place et gérer un système
d'inscription
|
|
|
|
|
|
Savoir accueillir dans une langue étrangère
|
|
|
|
Animer un format d'accompagnement
|
|
|
|
|
|
Animer tous types de formats
d'accompagnement
|
|
|
|
|
Connaître les dispositifs et les modalités d'accueil
des jeunes enfants
|
Savoir organiser le temps d'un format d'accompagnement et mettre
en place un processus pédagogique sur un temps court
|
Savoir être à l'écoute
|
|
|
|
Connaître les grands courants pédagogiques et
l'éducation nouvelle
|
Savoir intégrer l'activité de médiation dans
l'espace et le temps d'une exposition
|
Savoir s'adapter au groupe et aux individus
|
|
|
|
Avoir des connaissances en psychologie et sociologie de
l'enfance
|
Savoir préparer et gérer le matériel pendant
l'activité en fonction des besoins et du déroulement de
l'activité
|
Savoir être réactif et créatif
|
|
|
|
Connaître les différents modèles
théoriques concernant la dynamique des communications
|
Savoir observer, analyser, animer et réguler les relations
au sein d'un groupe d'enfants, de jeunes
|
savoir être dynamique, stimulant
|
|
|
|
|
Savoir adapter sa communication verbale et graphique aux
publics
|
|
|
|
|
|
Savoir animer un groupe
|
|
|
|
|
|
Savoir faire réfléchir et faire parler les enfants
et les jeunes sur une oeuvre
|
|
|
|
|
|
Savoir mettre en place un accompagnement social et
éducatif
|
|
|
|
|
|
Savoir adapter ses activités et son comportement en
fonction des profils des groupes et des individus
|
.
|
|
|
|
|
Savoir adapter ses activités et son comportement à
des publics spécifiques
|
|
|
|
|
|
Savoir valoriser l'expérience du public
|
|
|
|
Mener une visite guidée
|
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Avoir des connaissances théoriques et procédurales
sur la manière de mettre en place une visite guidée
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Savoir mener une visite jeune public en y associant les enfants
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Savoir adapter sa communication verbale
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Mener une visite guidée pour un groupe d'enfants, de
jeunes, dans différents types de cadres ( Scolaires, centres de
loisirs...)
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Mener une visité
contée
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Avoir des connaissances théoriques et procédurales
sur la manière de mettre en place une visite contée
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Savoir amener le public dans un monde imaginaire
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Savoir conter, captiver et garder l'attention de son public
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Savoir faire revenir le public à la
réalité
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Mener une activité de médiation
basée sur le jeu
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Avoir des connaissances sur la manière de construire un
jeu ludique et éducatif
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Savoir mener un jeu court
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savoir être dynamique, stimulant
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Connaître différents types de jeux existants dans
l'éducation populaire
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savoir mener un grand jeu
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Savoir adapter un jeu, ses règles en fonctions avant et en
cours de l'animation
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Mener un atelier de création
plastique
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Connaître les diverses techniques de création
utilisables avec les jeunes publics dans le cadre d'atelier
|
Savoir créer une oeuvre plastique bidimensionnelle ou
tridimensionnelle en lien avec une oeuvre ou une exposition
|
Savoir être à l'écoute
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Connaître les différents matériaux
utilisables dans le cadre d'atelier
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Savoir créer une oeuvre multimédia (infographique,
vidéo, internet, animée...) en lien avec une oeuvre ou une
exposition
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Savoir être stimulant, motivant
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Connaître les capacités de chaque tranche
d'âges
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Savoir créer des modèles de création
plastique réalisables par des enfants et des jeunes et évolutifs
en fonction du public
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Savoir être créatif
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Savoir guider les enfants et les jeunes dans leur création
plastique
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Savoir s'adapter
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Savoir initier des jeunes ou des enfants à la
création multimédia tout en faisant un lien avec une oeuvre ou
une exposition
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Savoir faire réfléchir l'enfant ou le jeune sur sa
création plastique
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Compétences
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Sous compétences
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Indicateurs de compétences
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Unités d'enseignement
associées
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Savoirs associés
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Savoir-faire
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Savoir-être
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Évaluation
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UE 2, UE 6
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Evaluer une action de médiation
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Connaître les différentes méthodes
d'évaluation
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Savoir évaluer la satisfaction du public à la fin
d'une action de médiation
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Savoir se mettre dans une posture d'observation
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Savoir évaluer la qualité de son intervention ainsi
que l'impact pédagogique de l'action sur le public
|
Savoir être à l'écoute du public
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Savoir questionner de manière informel
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Evaluer un projet et une programmation
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Connaître les différentes méthodes
d'évaluation
|
Savoir évaluer la satisafaction et l'attrait du public
face à des outils de médiation
|
Savoir se mettre dans une posture d'observation
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Savoir évaluer l'impact pédagogique des outils de
médiation mis en place
|
savoir questionner de manière informel
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Savoir évaluer un projet (savoir choisir et mettre en
place une méthode d'évaluation appropriée: recueil
informel d'informations, observation, questionnaire, entretien)
|
Savoir interroger le public
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Savoir évaluer la cohérence d'une programmation
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savoir être à l'écoute du public
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Faire un bilan d'activité et proposer des
changements
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Savoir observer et analyser des résultats
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Savoir s'adapter
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Savoir proposer des changements, des améliorations
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Savoir être imaginatif et réactif
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Savoir construire des bilans d'activités jeune public
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Savoir adapter sa communication
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Savoir présenter ce bilan
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Réferentiel de formation
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Cours
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Compétences
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Sous-compétences
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UE1 ARTS ET CULTURE
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Ecue 1.1 Histoire des arts et des médium - EAC 27 H
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Expertise
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Evaluer le contexte environnemental
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Ecue 1.2 Performance et transdisciplinarités - EAC 36 H
|
|
|
Evaluer les demandes et les besoins d'un public cible
(auditoire)
|
Ecue 1.3 Analyse iconique et esthétique de la
réception (Palais de Tokyo -30h) (Application technologique)
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Conception
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Concevoir des projets
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UE2 SOCIOLOGIE ET ÉDUCATION
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Ecue 2.1 Histoire des idées sur l'éducation en
Europe -grands courants pédagogiques et l'éducation nouvelle
(Paris XII) - 18h
|
|
Expertise
|
Evaluer le contexte environnemental
|
Ecue 2.2 L'accompagnement social et éducatif (Paris XII) -
32h
|
|
|
Evaluer les demandes et les besoins d'un public cible
(auditoire)
|
Ecue 2.3 Sociologie et psychologie de l'enfant (Paris XII) -
24h
|
|
Conception
|
Concevoir des programmes thématiques
|
Ecue 2.4 Sociologie des publics spécifiques (Paris
XII) - 32h
|
|
|
Concevoir des projets
|
Ecue 2.5 Enquête et expertise des publics (Palais de Tokyo)
10h
|
|
|
Concevoir des outils de médiation (=supports de
médiation ?)
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|
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Action
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Accueillir le public
|
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|
Animer un format d'accompagnement
|
|
|
Evaluation
|
Evaluer une action de médiation
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|
|
Evaluer un projet et une programmation
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|
|
|
Faire un bilan d'activité et proposer des changements
|
UE3 LES DYNAMIQUES POLITIQUES ET CULTURELLES
ENVIRONNEMENTALES
|
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|
Ecue 3.1 Politiqes culturelles - (Paris XII) - 18h -
Evolution du rôle de l'Etat et des institutions - Les acteurs culturels
(EAC)-25h
|
|
Expertise
|
Evaluer le contexte environnemental
|
3.1.1 Politiques culturelles
|
|
Réseau
|
Travailler en collaboration avec des partenaires
|
3.1.2 Evolution du rôle de l'Etat et des institutions -
Les acteurs culturels
|
|
Conception
|
Concevoir des programmes thématiques
|
Ecue 3.2 Actualités (Palais de Tokyo) - 12h
|
|
|
Concevoir des projets
|
Ecue 3.3 Métiers et professionnalisation (Palais de
Tokyo) - 12h et 20h (EAC)-8h
|
|
|
Concevoir des outils de médiation (=supports de
médiation ?)
|
|
|
Mise en oeuvre
|
Faire la promotion des activités (Assurer la
communication externe)
|
UE 4 SOCIOLOGIE CULTURELLE ET COMMUNICATION
|
|
|
|
Ecue 4.1 Sociologie culturelle- EAC- 15h
|
|
Réseau
|
Travailler en collaboration avec des partenaires
|
Ecue 4.2 Sociologie de la médiation et de la communication
- EAC 16 h
|
|
Conception
|
Concevoir des programmes thématiques
|
|
|
Concevoir des projets
|
Ecue 4.3 Théories et pratiques de la communication
(Paris XII) - 30h
|
|
|
Concevoir des outils de médiation (=supports de
médiation ?)
|
UE 4 bis MEDIATION ET OUTILS DE MEDIATION
|
|
|
|
Ecue 4.4 Discours/ médias /écriture (EAC) 18h
|
|
Mise en oeuvre
|
Manager un projet
|
Ecue 4.5 Communication professionnelle (Palais de Tokyo) -
12h
|
|
|
Faire la promotion des activités (Assurer la
communication externe)
|
Ecue 4.6 Fiction, processus narratif et application (Palais de
Tokyo) - 22h
|
|
Action
|
Accueillir le public
|
Ecue 4.7 Expression plastique et expérimentation
créatrice (Palais de Tokyo - 30h)
|
|
|
Animer un format d'accompagnement ( visite guidée, conte,
jeux, toute autre activité ludique et éducative basé sur
le concept d'enseignement informel)
|
Ecue 4.8 Ingénierie graphique - EAC- 8 H
|
|
|
Mener un atelier de création plastique
|
Ecue 4.9 Internet artistique et créatif - EAC- 26 H
|
|
|
|
Ecue 4.10 Médiation et applications in situ (par
thématiques et contenus d'activités) (Palais de Tokyo - 42h)
|
|
|
|
Cours
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|
Compétences
|
Sous-compétences
|
UE 5 LANGUES ET DECOUVERTE MULTICULTURELLE
|
|
|
|
Ecue 5.1 Langue, découverte multiculturelle -
séjour à l'étranger (Paris XII - 20h - Palais de Tokyo -
20h)
|
|
Conception
|
Concevoir des programmes thématiques
|
|
|
Mise en oeuvre
|
Faire la promotion des activités (Assurer la
communication externe)
|
|
|
Action
|
Accueillir le public
|
UE 6 MISE EN OEUVRE DE PROJET /PREPARATION A
L'ALTERNANCE EN ENTREPRISE
|
|
|
|
Ecue 6.1 Management de projet (Palais de Tokyo - 18h) EAC
24h
|
|
Réseau
|
Travailler en collaboration avec des partenaires
|
Ecue 6.2 Développement personnel - Acteurs et jeux de
rôle (Paris XII- 22h)
|
|
Mise en oeuvre
|
Manager un projet
|
Ecue 6.3 Le mécénat et les stratégies de
développement des entreprises (Palais de Tokyo - 12h) ( EAC-9h)
|
|
|
Faire la promotion des activités (Assurer la
communication externe)
|
|
|
Action
|
Accueillir le public
|
|
|
|
Animer un format d'accompagnement ( visite guidée,
conte, jeux, toute autre activité ludique et éducative
basé sur le concept d'enseignement informel)
|
|
|
|
Mener un atelier de création plastique
|
|
|
Evaluation
|
Faire un bilan d'activité et proposer des changements
|
UE 7 PROJET ET PRATIQUE PROFESSIONNELLE
|
|
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|
Ecue 7.1 Pratique professionnelle (Entreprise d'accueil et
Palais de Tokyo-26h) - Paris XII - 26h (éléments
méthodologiques)
|
|
Expertise
|
Evaluer le contexte environnemental
|
Ecue 7.2 Tutorat méthodologique et suivi
d'applications d'interface site/entreprise (Palais de Tokyo)
|
|
|
Evaluer les demandes et les besoins d'un public cible
(auditoire)
|
Ecue 7.3 Projet professionnel tutoré (Entreprise
d'accueil et Palais de Tokyo) - Projet professionnel (Paris XII - 12h - Palais
de Tokyo - 12h)
|
|
Réseau
|
Travailler en collaboration avec des partenaires
|
|
|
Conception
|
Concevoir des programmes thématiques
|
|
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|
Concevoir des projets (dont format type d'accompagnement)
|
|
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|
Concevoir des outils de médiation
|
|
|
Mise en oeuvre
|
Manager un projet
|
|
|
|
Faire la promotion des activités (Assurer la
communication externe)
|
|
|
Action
|
Accueillir le public
|
|
|
|
Animer un format d'accompagnement
|
|
|
|
Mener un atelier de création plastique
|
|
|
Evaluation
|
Evaluer une action de médiation
|
|
|
|
Evaluer un projet et une programmation
|
|
|
|
Faire un bilan d'activité et proposer des changements
|
* 1 Lamizet B., La
médiation culturelle, L'Harmattan, Paris, 2000.
* 2
http://www.palaisdetokyo.com/
* 3 Idem
* 4 Ibid.
* 5 Ibid.
* 6 Ibid.
* 7 Sources internes du Palais
de Tokyo
* 8 Idem
* 9 Ibid.
* 10 Gallard J., (Etablis par),
Le regard instruit, Action éducative et action culturelle dans les
musées, Actes du colloque organisé au musée du Louvre par
le Service culturel le 16 avril 1999, La Documentation française,
Paris 2000, p.9
* 11 Idm, p. 11
* 12 Colloque
« Partages », Les journées professionnelles du
Louvre, Quelles expositions d'art pour les enfants ?,
http://www.louvre.fr/
* 13
www.culture.gouv.fr/culture
* 14 Dijan J-M, Politique
culturelle :la fin d'un mythe, Editions Gallimard, 2005, p.101.
* 15 Idem, p.101
* 16 Ibid., p.155
* 17 Carasso J-G, Nos
enfants ont-ils le droit à l'art et à la culture ?,
Editions de l'attribut, 2006, p.33.
* 18 Idem, p.45
* 19 Ibid., p. 86-88
* 20 Béra M., Lamy Y.,
Sociologie de la culture, Armand Colin, Paris, 2003, p.62-63.
* 21 Rapport Hetzel,p.3,
www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/
* 22 Idem, p.4
* 23 Ibid., p.5
* 24 Sources internes Palais de
Tokyo
* 25 Idem
* 26 Ibid.
* 27 http://
www.palaisdetokyo.com/
Sources internes Palais de Tokyo
* 28
http://www.travail.gouv.fr/
* 29 Idem
* 30 Repères et
références statistiques, Les apprentis, édition
2006.
* 31
http://www.travail.gouv.fr/
* 32 Repères et
références statistiques, Les apprentis, édition
2006.
* 33 Idem
* 34
http://www.travail.gouv.fr
* 35
http://www.lapprenti.com
* 36 Sources internes Palais
de Tokyo
* 37 Convention Collective
Nationale des Entreprises Artistiques et Culturelles, p.68
http://www.synavi.free.fr/
* 38 http://rome.anpe.net/
* 39 Sorel M. et Wittorski R.
(Coord.), La professionnalisation en actes et en questions,
l'Harmattan, 2005.
* 40 Lechaux P., Dossier
ressources en ingénierie de formation n°3, Ingénierie de la
professionnalisation, UFR SESS, Université Paris XII, 2005-2006.
* 41 Dans La
professionnalisation en actes et en questions.
* 42 http://www.3ct.com/ridf
* 43 Dans La
professionnalisation en actes et en questions.
* 44 Kolb D., Experiential
Learning, Experience as the source of learning and developpement,
Englewood/Cliffs, Prentice Hall, 1984.
* 45 Sources internes, Palais
de Tokyo
* 46 Guide
méthodologique Professionnalisation des emplois jeunes, CATEIS,
Marseille, 2000.
* 47 Lechaux P., Dossier
ressources en ingénierie de formation n°1,Dossier
compétences , UFR SESS, Université Paris XII,
2005-2006, p.27
* 48 Idem, p.28
* 49 Ibid., p.68.
* 50 Centre Inffo, Inffo
Flash n°505, 16septembre -30 septembre 1998.
* 51 Dans Dossier
ressources en ingénierie de formation n°1,Dossier
compétences, p. 38.
* 52 Centre Inffo, Inffo
Flash n°505, 16septembre -30 septembre 1998.
* 53 Permartin D., La
compétence au coeur de la GRH, Ed. EMS, 2005, p.123.
* 54 Idem, p. 124.
* 55 Ibid., p. 124.
* 56 Cours de Pascal Lafont,
Master 2 Conduite de projets et ingénierie de formation, 25 mai 2007.
* 57 Le Boterf G.,
L'ingénierie des compétences, Edition d'Organisation,
1998.
* 58 Cf. 2.1.3.2 Un espace de
construction de compétences ?
* 59 Cf. 2.1.3.3, Un
apprentissage expérientiel ?
* 60 Schneider J.,
Réussir la formation en alternance, Insep Editions, 1999,
p.112.
* 61 Idem, p.158.
* 62 Ibid, p.102.
* 63 La lettre du Cedip-En
lignes n°9-avril 1999.
* 64 Darvogue Ch., Noyé
D., Organiser le travail pour qu'il soit formateur, INSEP
Consulting.
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