Une institution culturelle dans le champ de la professionnalisation d'acteurs culturels : le Palais de Tokyo et son projet de Licence en apprentissage médiateur jeune public( Télécharger le fichier original )par Vincent Gicquel Université Paris XII, Faculté des Sciences de l'éducation et des sciences sociales - Master professionnel Sciences de la sociéte, mention Travail, Education, Formation, spécialité Conduite de projets et management 2006 |
2/ ANALYSE2.1 Le Palais de Tokyo, une institution culturelle dans une démarche professionnalisante ?On peut se demander, compte tenu du projet de formation, si le Palais de Tokyo ne serait pas dans une logique de professionnalisation. Avant de répondre à cette question, nous allons commencer par essayer de définir ce qu'est la professionnalisation. Pour cela, commençons déjà par voir ce qui distingue le notion de métier de celle de profession. 2.1.1 Une institution se lançant dans la professionnalisation de la médiation culturelle jeune public ?2.1.1.1 Métier ou profession ?Comment peut-on différencier ces deux termes ? Initialement, on distinguait le métier de la profession en associant plutôt des activités manuelles au métier tandis qu'on associait des activités intellectuelles à la profession. Cette notion de profession a été largement étudiée par la sociologie anglo-saxonne ainsi que par des sociologues français tels que R. Boutoncle, F. Aballea ou G. Robert. D'autres se sont inspirés des travaux de ces sociologues tels que M. Sorel et R. Wittorski. Dans un des livres qu'ils dirigèrent, ces derniers firent la synthèse de ces différentes approches et montrèrent que ce sont les niveaux d'organisation du champ d'activité et de formalisation de celui-ci, qui permettent de faire la différence entre les deux mots. Pour eux, « une profession est un métier socialement organisé et reconnu ». 2.1.1.2 La médiation jeune public : un métier ou une profession ?Peut-on alors parler de métier ou de profession de médiateur jeune public ? Les différents acteurs du Palais de Tokyo concernés par cette question parlent plus volontairement de métier que de profession mais peut-être cela ne correspond-il pas à la réalité ? Si on considère qu'une profession est un métier socialement organisé et reconnu, on pourrait plutôt penser que ce métier de médiateur jeune public est en voie de professionnalisation, c'est-à-dire qu'il est en voie de devenir une profession. Les métiers de la culture en général se sont professionnalisés au cours des dernières décennies. En effet, depuis la naissance des politiques culturelles en France, les acteurs oeuvrant dans ce champ se sont petit-à-petit structurés. Prenons l'exemple de la convention collective de ce secteur37(*) qui fut négociée dans les années 1970 par le SYNDEAC (Syndicat d'Employeurs des Entreprises Artistiques et Culturelles), avec les syndicats de salariés. Cette convention qui portera le nom de convention SYNDEAC sera étendue par arrêté du Ministère du Travail en 1994. Celle-ci prendra alors le nom de convention collective des entreprises artistiques et culturelles et s'applique désormais à l'ensemble des entreprises artistiques et culturelles relevant de son champ d'application, à savoir le personnel technique, artistique et administratif et les entreprises artistiques et culturelles de droit privée et de droit public dont l'activité principale est la création, la production ou la diffusion de spectacles vivants subventionnés directement par l'Etat ou les collectivités territoriales. Cette convention comprend une nomenclature des emplois pouvant être exercés dans ce secteur. On y trouve la filière Communication - Relations publiques qui comprend de nombreux emplois comme attaché de presse, responsable des relations avec le public ou animateur. On peut considérer que cette convention collective constitue une preuve de la structuration de ce secteur des métiers artistiques et culturels. Cependant, on ne trouve pas de trace précise de l'emploi de médiateur culturel et ni de celui de médiateur jeune public. On trouve bien le métier d' « animateur » dont la définition est : « réalise et invente les activités d'environnement et d'animation liées à la programmation de la structure » mais s'agit-il de la même chose ? Le Palais de Tokyo défend en effet bien l'idée du métier de médiateur jeune public et non pas d'animateur jeune public. Dans les codes Rome de l'ANPE38(*), non plus, on ne trouve pas de définition précise du métier de médiateur culturel ainsi que du métier de médiateur culturel jeune public. On trouve en revanche le métier de médiateur pédagogique (code 22211) qui « transmet des savoirs ou des savoir-faire à des publics adultes [et] évalue les résultats pour réajuster les contenus et suivre le déroulement des opérations. Dans certains cas, il participe à la conception des outils pédagogiques, adapte les méthodes nécessaires ou expérimente. [Il] met en oeuvre éventuellement le plan de coordination et de régulation des activités, des actions et des filières ». On trouve également le métier de guide-conférencier (code 43411) qui « accueille et prend en charge les touristes pour le compte d'une agence de voyages, d'un office de tourisme, d'un syndicat d'initiative... ou pour son propre compte. Il veille au bon déroulement du programme touristique (circuits, visites...)[et] il peut guider des visites dans les musées, monuments et les sites historiques ». Enfin, on trouve également le code 23132 qui regroupe les emplois d'animateur culturel, d'animateur socioculturel, animateur d'arts plastiques, animateur d'atelier, métier de médiateur du livre. Ces professionnels « enseignent, par des activités d'animation, une discipline qui comporte une technicité importante (artistique, culturelle, scientifique), à des publics différents (enfants, adultes, personnes du 3ème âge...) dans un objectif de développement personnel ». On voit ici que le métier de médiateur culturel, même si le secteur le secteur de la culture le reconnaît de plus en plus, n'est pas encore socialement organisé et reconnu. Des professions s'en rapprochant existent mais pas celle défendue par le Palais de Tokyo. On peut donc difficilement parler d'une profession (dans le sens de métier socialement organisé) mais plutôt d'un métier en voie de professionnalisation. On peut donc se demander quel sens peut avoir cette volonté de créer une formation pour former des personnes à une profession quasi-inexistante. * 37 Convention Collective Nationale des Entreprises Artistiques et Culturelles, p.68 http://www.synavi.free.fr/ * 38 http://rome.anpe.net/ |
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