2. Survenance des grossesses
Il s'agit ici d'examiner tous les éléments de la
situation qui ont concouru à la survenance de la grossesse qui a rendu
mère la fille adolescente ou adulte. Ces éléments sont
multiples, mais nous discutons seulement de ceux qui sont significatifs au
regard des résultats de nos enquêtes.
Observons d'entrée de jeu que pour la majorité
des enquêtés (63,7%) la survenance de la grossesse a
été un acte involontaire. Elles sont tombées enceinte,
comme elles le disent elles-mêmes, par accident. De nos entretiens avec
elles, il s'est dégagé que nombreuses en sont arrivées
précocement à la grossesse par l'ignorance de leur cycle mensuel.
D'ailleurs, c'est au premier coït que certaines d'entre elles
s'étaient malheureusement vues enceinte. Les bribes, et mêmes
fausses informations, qu'elles avaient glanées auprès de leurs
amies ne leur ont pas épargné. Ce manque d'information et de
formation fiables a amené ces mineures à payer ce lourd tribut.
D'autres filles-mères par contre, n'ont pas pu
éviter la grossesse en dépit de la connaissance qu'elles avaient
aussi bien sur leur cycle que sur les méthodes contraceptives. Sans le
vouloir, elles se sont retrouvées enceinte parce que ne pouvant pas
résister à la pression ou aux bousculades du partenaire, soit
aussi parce que ce dernier avait refusé le port du préservatif,
soit encore parce qu'elles ont offert les faveurs sexuelles en période
d'ovulation par crainte de perdre un partenaire qui leur venait en aide
matériellement et/ou financièrement. C'est donc la faiblesse
à la fois physique, morale et matérielle qui a exposé la
jeune fille à la grossesse, la rendant ainsi précocement
mère.
Une minorité des enquêtés ont
affirmé que leurs grossesses ont été des actes
délibérés. Ceci parce que les unes pensaient contraindre
leurs partenaires au mariage par le fait de la grossesse alors que d'autres
voulaient défier les parents qui s'opposaient à un
éventuel mariage.
Dans un cas comme dans un autre, certaines
enquêtées nous avaient révélé leur intention
d'avorter pour échapper aux sanctions parentales, mais elles se sont
résignées par manque d'argent pour payer les soins y
afférents.
Terminons ce point par la situation sociale des
filles-mères face aux géniteurs de leurs enfants et à
leurs belles familles.
Elles sont souvent abandonnées et même
méconnues par les auteurs de leurs grossesses et, par voie de
conséquence, ne sont pas acceptées par leurs belles familles.
Elles vivent ainsi en rupture totale avec leurs anciens amants. Cet
état des choses les contraint à vivre avec leurs enfants sous le
toit parental avec toutes les conséquences que cela implique. Quelques
unes parmi elles continuent à entretenir les rapports avec les
géniteurs de leurs enfants avec espoir d'être
récupérées un jour par la belle famille ou prise en
mariage par l'auteur de la grossesse. Alors que les garçons se
retrouvent souvent dans l'impossibilité de payer la dot et prendre les
filles en mariage selon les normes de la société ; le
maintien des rapports avec l'auteur de la première grossesse et la
longue attente de la fille-mère au lieu d'être un moment de
méditation et de remise en question pour eux, c'est plutôt un
autre bébé qui s'annonce.
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