Chapitre II. Les conséquences
socio-économiques de la libéralisation agricole
au Cameroun
La libéralisation agricole au Cameroun a eu des effets
économiques non déterminants et elle n'a pas permis une
amélioration significative du niveau de vie. Elle a produit de
nombreuses externalités d'une part parce qu'elle n'a pas
été conduite avec les précautions managériales
qu'un tel projet aurait nécessité mais aussi parce dans le
contexte international, plusieurs engagements ont été trahis par
les puissances agroalimentaires. Les conséquences
socioéconomiques des dysfonctionnements observés vont impacter
toute la société. La réforme structurelle de l'agriculture
aura donc des conséquences économiques importantes qui se sont
répercutées dans le domaine social de façon à
hypothéquer sérieusement les ambitions de développement
durable.
A. les conséquences économiques de la
libéralisation agricole.
La réforme des structures de l'agriculture camerounaise
a eu des effets ambiguë dans le domaine de la production et des prix
d'achats. On constate une augmentation du prix d'achat des produits agricoles.
Dans les cultures pérennes, le prix versé aux producteurs est en
nette augmentation par rapport à son niveau avant la
libéralisation. Cependant il convient de mettre ces prix en relation
avec la hausse de l'inflation pour comprendre que le pouvoir d'achat des
agriculteurs est en baisse. Par ailleurs on note une légère
amélioration de la production des cultures de rentes mais
aussi des cultures vivrières. La production
vivrière a profité de la reconversion des planteurs vers ce
secteur du fait de la baisse de leur pouvoir d'achat. La production s'est donc
améliorée mais elle reste en deçà des besoins
alimentaires locaux et doit en plus affronter la concurrence des produits
étrangers subventionnés. Le tableau suivant rend compte du sens
de la dynamique observée dans la production vivrière
Tableau - Évolution de la production agricole et de la
consommation alimentaire
Années
|
1979/1981
|
1984/1985
|
1989/1991
|
1994/1996
|
1999/2000
|
Production agricole
|
80,3
|
91,4
|
100
|
120
|
132,8
|
Production/Hbt.
|
106,5
|
105,1
|
100
|
104,4
|
103,8
|
Conso.alimentaire journalière/ calorie
|
2370
|
2270
|
2440
|
2190
|
2260
|
Source : FAO Data base
On se rend compte qu'après la libéralisation de
1995, le renchérissement des produits d'importation a orienté les
efforts vers les produits vivriers. On notera un léger décollage
de la production dans toutes les filières mais elle stagnera à
partir de 1998. Des mesures de soutien n'ont pas renforcé la dynamique
observée. L'absence des mesures d'accompagnement a entraîné
deux principaux coûts économiques dans la libéralisation du
secteur agricole : l'augmentation du chômage des jeunes agriculteurs et
la stagnation de la production nationale conduisant à la baisse des
recettes d'exportation. Le fait est que la baisse des revenus mentionnée
plus haut oblige à aller en ville pour avoir des opportunités
meilleures en termes d'emplois et de niveau de vie. L'abandon des cultures
pérennes par les jeunes agriculteurs a donc accru le taux de
chômage dans la population. En 2001 le chômage des jeunes
était évalué à 15% des jeunes actifs. En milieu
rural le chômage des jeunes augmente de façon vertigineuse
jusqu'à atteindre environ 60% du total1 . De plus, le manque
de politique d'emploi spécifique au milieu rural a renforcé la
croissance du chômage jeunes agriculteurs.
Le manque de suivi de la libéralisation agricole a eu
des effets sur le marché de l'emploi. La fermeture des entreprises
publiques du domaine agricole a réalisé l'émergence d'une
nouvelle catégorie de pauvres constitués de cadres.
Dans le domaine la production agricole le manque de suivi de
la libéralisation sera l'abandon des plantations par les populations ;
les planteurs arrachent les plants de café ou de cacao pour faire du
vivrier. Dès lors la production du café et du cacao est en baisse
continuelles depuis 1998. Le cacao après une remontée
légère en 1997, avec 243641 tonnes, a de nouveau fléchie
et
1 Institue panafricain pour le développement Afrique
Centrale, Cameroun, rapport pays sur les problèmes de population ,
stratégies et interventions dans le cadre de droits et de santé
de la reproduction, André MOUTOU, Ph.D., janvier 2002 .
retombée 148 731 tonnes. Le café suit la
même courbe contrastée en passant d'une hausse de 16,4% entre
1995-1996 à une baisse de 41,73% entre 1996 et 1998. La
conséquences du L'évolution en dents de scie démontre
l'existence d'un problème de suivi. Le manque d'analyse prospective n'a
pas permis d'apporter les mesures correctives là où il en
était besoin. De façon plus nette les effets négatifs du
manque suivi se feront sentir dans le domaine social
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