Première Partie : le secteur agricole camerounais
: Passage d'une économie administrée à une
économie libéralisée.
La crise économique des années 80 a
suscité un mouvement global de restructuration économique en
Afrique ; pour les économistes de l'Ecole structuraliste, l'inflation et
les déséquilibres de la balance de paiements des pays du
tiers-monde ont pour cause la structure particulière de leurs
économies1 ; selon Prebisch et Singer2 le fait que
les économies du Sud se spécialisent dans l'exportation des
produits de base et importent des produits manufacturés, implique que le
commerce international soit plus avantageux pour le Nord que pour le Sud.
Dès lors l'organisation structurelle des pays du Sud les rend
dépendants de l'extérieur que ce soit du côté de
l'offre ou de la demande. Il s'en suit un renforcement de leur exposition vis
à vis des fluctuations économiques extérieures. Ils
subissent ainsi la tendance à la détérioration des prix
relatifs et ne peuvent du fait des rigidités internes tirer avantage des
rares cycles de hausse de la demande sur les marchés internationaux. La
décennie 80 a démontré cette extrême
incapacité des pays africains à faire face aux nouveaux
défis économiques imposés par la mondialisation à
savoir satisfaction des besoins dans un contexte de concurrence accrue et
âpre. La restructuration économique sensée apporter plus de
performance économique sera lancée un peu partout en Afrique et
conduite sous la houlette des institutions de Bretton Woods. Au Cameroun cette
mutation se fera autour de deux notions économiques principales : la
libéralisation économique et la privatisation. Face à la
crise du modèle administré, l'objectif affirmé est de
promouvoir la croissance et la compétitivité économique
par un rôle prépondérant du marché. Il s'agit de
promouvoir le développement par les forces du marché. Le secteur
agricole sera aussi concerné à des degrés divers par cette
libéralisation. L'ambition de cette réforme est de renforcer les
capacités économiques et sociales du secteur agricole camerounais
afin de lui permettre de jouer son rôle de facteur de
développement. Pour ce faire il s'agira de réformer les bases de
fonctionnement de la production et de la commercialisation des produits
agricoles.
Chapitre I- Présentation des potentialités
économiques et sociales du secteur agricole au Cameroun.
La géographie particulière du Cameroun le fait
appelé `` l'Afrique en miniature '' ; le pays dispose en effet d'une
diversité écologique importante pour retrouver en son sein toutes
les variétés environnementales du continent africain. Une
étude du modèle de fonctionnement de l'agriculture camerounaise
révèle l'existence de techniques culturales et de typologies
agricoles diversifiées qui épousent parfaitement cette richesse
environnementale. C'est dire que le Cameroun développe des productions
agricoles qui varient selon les régions climatiques. Cette
diversité de l'agriculture camerounaise confère au secteur
agricole d'énormes potentialités économiques qui en font
un secteur particulièrement important dans la promotion du
développement
A. Le modèle agricole camerounais avant la
libéralisation: Structure et fonctionnement du secteur
Le Cameroun possède de cultures agricoles. Celles ci se
répartissent entre cultures agricoles pérennes (principalement
consacrées à l'exportation) et cultures vivrières
destinées à la consommation locale et dans une moindre mesure
à l'exportation.
Dans la catégorie des cultures pérennes, les
principaux produits retenus en fonction de leur importance économique
sont : le cacao, le café (dans ses deux variantes arabica et robusta),
l'hévéa, la banane, le coton, thé ; les productions
vivrières sont plus diversifiées ; sans prétendre à
l'exhaustivité, on peut citer dans cette catégorie: arachide,
plantain, tubercules, fruits, maïs, Pomme de terre et autres produits
tropicaux.
Dans le cadre de notre étude nous privilégierons
l'analyse des produits cacaoyers et caféiers du fait de leur valeur
ajoutée économique. Mais nous n'entendons pas pour autant
négliger l'impact de la libéralisation agricole sur les produits
vivriers. Nous proposons une grille de lecture des interactions qui ont pu
survenir entre cultures de rente et cultures vivrières à
l'occasion du mouvement de libéralisation au Cameroun.
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