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Les représentations dans la géographie : une approche à valoriser dans les pays du Sud (l'exemple des hautes terres d'afrique de l'Ouest et d'Afrique Centrale

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par David Leyle
Université Bordeaux 3 - DEA de géographie 2001
  

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PREMIÈRE PARTIE :

LE CONCEPT DES REPRÉSENTATIONS DANS

LA GÉOGRAPHIE : ESSAI MÉTHODOLOGIQUE

Pistes dans les Timbis (Fouta-Djalon). A gauche, la route d'un projet, défoncée par la précédente saison des pluies ; et à droite, la route locale, qui, malgré sa trajectoire sinueuse rallongeant la distance et ralentissant le « trafic », reste la plus praticable et la plus empruntée.

CHAPITRE 1
DES SCIENCES SOCIALES Á LA GÉOGRAPHIE: L'ÉMERGENCE DU CONCEPT CONTEMPORAIN DES REPRÉSENTATIONS.

 

Les représentations des individus et des sociétés ne sont apparues comme objet d'étude dans les thématiques de recherche des sciences humaines et sociales, qu'à la fin du XIXème siècle. Alimentée notamment par les travaux de la sociologie, de l'ethnologie et de l'anthropologie, l'application des représentations sociales à l'espace géographique a permis le développement d'un concept novateur, qui donna naissance à la « géographie des représentations » (Bailly S., 1995).

En nous appuyant principalement sur les travaux francophones1, nous reviendrons tout d'abord sur ses fondements conceptuels et théoriques ainsi que ses évolutions historiques2 accompagnant ceux de la géographie sociale*, étape nécessaire à la compréhension de la dialectique représentations-espace géog raph iq ue.

1 Ces derniers nous ont été matériellement plus accessibles.

2 L'approche proposée ne se veut pas exhaustive, tant les interactions entres les sciences humaines et sociales ainsi que les problématiques liées aux représentations sont nombreuses. L`objectif de cette démarche est de mettre en évidence la richesse du concept.

1 Ici employé dans le sens restreint « d'ensemble des constructions mentales du réel ».

1 UNE NOUVELLE APPROCHE DE LA RÉALITE GÉOGRAPHIQUE APPARAIT A LA FIN DU XIXEME SIECLE : LA PERCEPTION MENTALE.

« Les problèmes de la perception de l'espace ont depuis longtemps attiré les géographes. » (Claval P., 1974). En effet, durant le XIXème siècle, la conquête de nouveaux espaces et la découverte de sociétés et civilisations jusqu'alors inconnues ont amené les explorateurs et scientifiques à s'interroger sur leurs pratiques et leurs comportements, ainsi que sur leurs conséquences sur l'espace. C'est ainsi que des psychologues, ethnologues, géographes, puis des psychiatres, se sont penchés sur les problématiques abordant le sens de l'espace, l'orientation, et la structuration de la perception lointaine appliquée tout d'abord aux populations dites « primitives », puis réutilisées dans les pays occidentaux. La géographie sociale et culturelle, apparue vers 1890, connaît alors ses premiers disciples et ouvre une nouvelle page dans la construction des pensées et théories géographiques.

Foncin (1898), Cornets (1909, 1913), Gautier (1908) et Gallois (1908), relayés sur ces thématiques par Jaccard (1926, 1932), Demangeon (1923, 1940) et Rabaud E. (1927), ce dernier s'attachant plus particulièrement à l'analyse de l'orientation lointaine, furent donc les géographes précurseurs de l'étude des formes de la perception de l'environnement et de leurs significations géographiques. Ces recherches, fortement influencées par le raisonnement déterministe alors omniprésent dans l'école de géographie française, n'exposèrent que de manière timide et détournée, les réflexions produites sur les images mentales et leurs implications sur les constructions spatiales; « ils n'avaient pas toujours conscience de l'originalité de leur démarche » (Claval P., 1974). Les interrogations portant sur la conscience1 dans sa participation au processus de spatialisation et d'identification territoriale furent par contre limitées dans les écoles de géographie allemande et anglo-saxonne, profondément béhavioristes* et se rapprochant parfois du naturalisme*. La géographie d'avant-guerre privilégiait alors l'étude des dépendances et des détermi nismes (biophysiques, économiques, rarement culturels) auxquels sont soumis les individus et les sociétés qu'ils composent.

Ancrées dans le déterminisme*, les sciences humaines et sociales ont longtemps sous estimé les mécanismes de perception, d'appréhension du réel et les représentations qu'ils impliquent, si bien que ces problématiques ne furent qu'effleurées par les géographes du début du siècle : «Les géographes français [...] limitaient souvent leurs recherches dans cette direction à une interrogation sur la conscience qu`avaient les communautés de leur appartenance territoriale » (Bailly S. et Debarbieux B., 1995). Il faudra alors attendre un renouvellement des conceptions

1 Il s'agit de la prise en compte d'une dimension de l'espace construit mentalement, à travers les perceptions et les représentations des individus, dans une démarche géographique.

philosophiques des sciences sociales dans les années 1950-1960 pour que soit explicitement acceptée l'idée de subjectivité de la connaissance.

Bien que ce soient les géographes français qui aient fait, dans la première moitié du XXème siècle, plus de place aux perceptions et à leur rôle dans l'organisation de l'espace que ce n'est le cas d'aucune autre école de géographie, au lendemain de la deuxième guerre mondiale, les chercheurs en sciences humaines et sociales anglo-saxons se démarquent à leur tour des théories matérialistes* et behaviouristes pour s'engager dans l'étude des représentations.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe