WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

L'activité culinaire des étudiants étrangers

( Télécharger le fichier original )
par Frédérique Giraud
Ens-Lsh - Master 1 de Sociologie 2006
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2) Un temps et un contexte pour cuisiner au plus proche : l'exemple des plats totems

La tentative de préparer en France des plats typiques prend beaucoup de temps en raison des adaptations auxquelles le mangeur est obligé en raison de la non-disponibilité de certains produits. Il semble alors logique que ces pratiques soient restreintes à des occasions particulières. Quelles sont les circonstances qui autorisent un investissement en temps et en argent pour des préparations culinaires ?

En effet, il semble que les étudiants interrogés préparent rarement pour eux seuls des plats originaires de leur pays. Nous avons pu observer quotidiennement les pratiques culinaires de nos colocataires italien et chinois. Il apparaît une stricte division des préparations selon les contextes. Pour la cuisine de tous les jours, que l'on est amené à manger seul, rapidement entre deux cours, parfois dans sa chambre en consultant ses mails, on se contente de plats rapides à faire, qui ne demandent pas une grande surveillance ni dextérité culinaire. Souvent Shumeï mange sur un coin de table une boite de filets de maquereaux avec du pain, ou du fromage, ou encore cuit un filet de poisson à l'huile d'olive sans accompagnement. Ces plats se différencient de ceux qu'elle prépare le soir, quand elle a du temps. Ces derniers exigent souvent une préparation préalable, notamment l'épluchage des légumes et leur découpage en fins morceaux, une attention soutenue à la préparation.

Lorsqu'on est en compagnie, les pratiques culinaires sont modifiées. On prend plus de temps pour cuisiner et on change de recettes. Giovanni a reçu un week-end sur deux et parfois plus sa petite amie à Lyon, Shumeï a hébergé pendant deux semaines une amie chinoise chez elle au mois d'avril. Dans ces deux situations, nos colocataires passent de la vie solitaire à la vie à deux et revoient leurs pratiques culinaires.

La comparaison des menus en période « normale » et dans ces périodes particulières offrent deux modalités de l'agissement du contexte : pour Giovanni, on assiste à une très nette complexification des préparations alimentaires qui passe par une modification du budget consacré aux dépenses alimentaires, à un changement de registre alimentaire avec notamment une cuisine de poisson prédominante. Avec Juliette, il prépare des crevettes, des coquilles Saint-Jacques, des bulots, du homard. Il ne mange du poisson que lorsqu'elle est là. Avec Shumeï, nous assistons à l'apparition d'un registre nouveau des pratiques, des préparations qu'elle qualifie cette fois-ci de typiquement chinoises, compliquées et demandant du temps. A partir de la célébration du Nouvel-an chinois, qu'elle avait passé l'année d'avant en Chine, ses pratiques culinaires se sont modifiées pour devenir plus typiquement chinoises. Elle a préparé des plats non encore réalisés jusque là et ce à plusieurs reprises, pour lesquels elle a dû se rendre dans les magasins asiatiques.

La notion de plat typique150

La définition du Petit Robert est la suivante « Qui caractérise un type et lui seul; qui présente suffisamment les caractères d'un type pour servir d'exemple, de repère (dans une classification ».

150 Le paragraphe intitulé Continuum alimentaire et typicité des préparations culinaires permettra de prolonger le début d'analyse proposé ici. Il s'agit juste à ce moment de notre démonstration d'éclairer l'utilisation du terme typique par quelques précisions qui seront complétées dans le paragraphe indiqué.

Le mot typique (qui est à la fois un adjectif et un nom féminin) est employé par les personnes que nous avons interrogées à de multiples reprises. Utilisé comme adjectif qualificatif, il est le plus souvent accolé au mot plat ou au nom d'un plat (exemple « ça c'est le plat typique roumain ») et sert à le caractériser. Ce terme sert aux étudiants étrangers à comparer leurs pratiques culinaires en France et chez eux dans leur pays d'origine. L'utilisation de ce terme induit l'idée de classement, de hiérarchisation des préparations culinaires selon qu'elles se rapprochent ou s'éloignent du modèle idéal que constitue le plat préparé au pays.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius