Conclusion
Aux lendemains des indépendances, l'Etat a fait face
à de nombreux problèmes qui ont fini par remettre en cause aussi
bien les recettes politiques appliquées que la centralisation du pouvoir
devant une demande de plus en plus pressante en termes d'éducation, de
santé, d'emploi... Finalement, sous l'impulsion des bailleurs de fonds,
la décentralisation est devenue effective depuis 1996. Cette
dernière, impliquant la participation effective des populations
responsabilisées, donnera davantage de légitimité au
secteur informel qui est, désormais, interpellé dans le cadre de
la résolution des problèmes locaux.
Il était question dans ce travail de voir les fonctions
remplies par le secteur informel dans le périmètre communal dans
le contexte de la responsabilisation des acteurs locaux. En un mot, son
caractère de levier de développement local. L'analyse
fonctionnelle, programme du schème fonctionnel, a été
interpellée comme cadre théorique. La triangulation des
méthodes a été privilégiée à travers
un panachage du questionnaire, de l'entretien, de l'observation documentaire et
de l'observation participante désengagée.
La recherche a montré que Richard-Toll,
érigée en commune par le décret 80-586 du 24 juin 1980,
gère depuis 1996 neuf (09) domaines de compétences tous
concourant à une plus grande prise en charge du développement
local. Cependant, des problèmes tels la confusion, le manque
d'informations et le conflit de rôle sont notables. La
décentralisation a assoupli le contrôle de l'Etat mais force est
de signaler qu'un problème de maturité réelle des communes
se pose. Les conseillers et agents municipaux n'ont pas une formation requise
pour l'exercice sérieuse des compétences
transférées.
Par ailleurs, le secteur informel est très
hétérogène. On y rencontre 88,1% d'hommes de toutes
tranches d'âge. 95, 8% sont instruits en français ou en arabe et
73,9% sont formés dans le tas. Seuls 34,5% des acteurs sont des
indigènes.
Du point de vue social, l'informel de Richard-Toll compte
7 113 unités de productions contribuant à la
réduction de la crise sociale. 41,5% ont connu le chômage pour une
durée allant jusqu'à vingt (20) ans. Il est à noter que
des unités comme ceux de menuiserie ébénisterie comptent
un personnel de plus de dix (10) individus. 76,7% des acteurs comptent rester
dans la même activité dans l'avenir. Par rapport au niveau de
revenus, 23,9% perçoivent plus de 100 000FCFA par mois. La charge
moyenne des acteurs est de 08 personnes. Cela étant, des services et des
produits de diverses natures sont prodigués aux populations suivant une
tarification abordable chez 78,2%. Le marchandage est un rite qui joue sur la
mouvance des prix. L'utilité du secteur est observable aussi bien au
niveau des populations, de la mairie que des familles des acteurs.
Du point de vue économique, le PLB de la Commune de
Richard-Toll est estimé à 30 018 000 000FCFA.
Après le secteur moderne qui fournit les 59%, vient le secteur informel
qui en produit les 6 028 000 000FCFA soit 20%. Il nourrit
17 640 des 63 500 habitants de Richard-Toll. La pluriactivité
est fréquente et permet l'autofinancement des acteurs qui restent trop
méfiants vis-à-vis des structures financières formelles.
23,9% produisent annuellement 500 000 à 1 000 000FCFA
là où seuls 04,2% réalisent plus d'un million. Parlant de
l'investissement, 63,3% ne le font pas. Par contre, 80,9% sont convaincus de
participer au budget municipal. En effet, les recettes municipales de
l'exercice 2005 étant estimées à
798 880 000FCFA, les artisans, commerçants et transporteurs de
l'informel contribuent à eux-seuls à hauteur de
30 600 000FCFA. Du fait du mécanisme de la caisse unique, il
n'est pas possible d'estimer la part réelle du secteur informel aux
435 977 530FCFA de recettes qu'il forme de concert avec les autres
secteurs.
En définitive, du point de vue du développement
local, la proximité de gestion est effective mais seuls 19,1% se disent
soutenus par l'équipe municipale. Par ailleurs, 45,7% des
enquêtés pensent que l'équipe municipale a réussi la
vraie partition qui lui est dévolue dans la mesure où bien des
réalisations sont notables dans le périmètre communal.
Cela dit, la tendance à la formalisation est faible si l'on sait que
seuls 25,3% sont inscrits dans les registres réglementaires.
Néanmoins, le civisme fiscal existe bel et bien à Richard-Toll
où 75,4% des acteurs s'acquittent d'impôts et de taxes. Il est,
donc, à signaler que, même si des pas de géants sont
franchis dans la commune, il reste, quand bien même, des attentes
réelles de la part des populations. La demande sociale reste forte
encore.
In fine, le terrain tenu pour arbitre de la
validité théorique en sociologie a confirmé les
hypothèses de notre recherche. Les objectifs fixés à
l'entame de la recherche ont été atteints.
Dans la mesure où toute théorie est faite pour
être discutée, rejetée au profit de nouvelles
théories plus consistantes, nous inscrivons les résultats de ce
travail dans le sillage de la validité dans le temps et dans l'espace.
Les champs d'investigations du réel sont vastes et nombreux, d'où
l'insertion de ces résultats sur le compte des `théories
à moindre portée' pour reprendre Merton de qui nous prenons
référence à travers l'analyse fonctionnelle.
Tout en nous rappelant les propos du Professeur Issiaka
Prosper Lalèyê, nous concluons ce travail en lui reconnaissant des
limites spatio-temporelles. « L'infinitude de la connaissance du
social est liée à la perpétuelle évolution de la
société ».
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