Tourisme et développement durable: quelles conjugaisons? cas du Maroc( Télécharger le fichier original )par Seloua GOURIJA Université du Littoral Côte d'Opale - Docteur Es Sciences Economiques 2007 |
CAPACITE HOTELIERE AU MAROC EN 1948
Source : SEBBAR H., rapporté par : OTMANI R., op. cit., p.113. Comme pour tous les hôtels au Maroc, un classement hôtelier calqué sur celui de la France, et comportant cinq catégories, a été mis en oeuvre dès 1948. Cette infrastructure hôtelière connaissait une situation de monopole, puisque la plupart des hôtels et surtout des chaînes hôtelières étaient entre les mains de trois compagnies. I.1.3. La gestion étatisée du tourisme Au départ, le choix du tourisme a été nourri par l'attrait et le recrutement d'éventuels hommes d'affaires français. Cette politique avait pour soubassement « l'offre d'un jardin de repos pour les Européens, le recrutement éventuel d'hommes d'affaires européens qui pourraient se rendre compte sur place des énormes possibilités d'investissements offerts un pays d'Outre-Mer ». 326(*) Le but recherché était de maintenir les capitaux français dans la « ZONE FRANC » et de contribuer à l'exploitation des richesses naturelles du Maroc en le renforçant dans sa situation de capitalisme périphérique répondant aux besoins de la métropole. Pour organiser ce dépaysement aux futurs investisseurs au Maroc, l'administration coloniale devait donc organiser le développement de l'infrastructure touristique, non pas en construisant directement les hôtels par l'Etat, mais en encourageant l'activité privée par un accroissement des crédits hôteliers et par l'octroi de ristournes avantageuses (Dahir327(*) du 16 mars 1949). Ainsi, les investissements dans le secteur du tourisme ont été laissés pour 93% au secteur privé. L'aide de l'Etat était donc limitée à la formation professionnelle à l'école hôtelière de Rabat qui ouvrit ses portes en 1950, et le consentement de crédits aux promoteurs privés à des conditions avantageuses, par la Caisse des Prêts Immobiliers (C.P.I.M). D'autres crédits étaient accordés par cette caisse pour la restauration et la construction d'hôtels. Ces crédits à long terme (30 ans maximum) s'effectuant suivant un taux de 6%. L'importance accordée à cette activité a conduit les autorités coloniales à créer, en 1937, un Office du Tourisme qui prendra en main l'organisation et le développement du tourisme au Maroc. Son objectif était d'oeuvrer pour un apport de devises pour le Protectorat, au même titre que les phosphates ou les minéraux, et ce, en réalisant des opérations publi-promotionnelles qui permettaient l'arrivée d'un grand nombre de touristes français au Maroc. L'Office Marocain du Tourisme s'occupait de promouvoir le développement du tourisme international au Maroc. Pour ce faire, il organisait des campagnes publicitaires. Le créneau le plus utilisé était celui des foires en France ou dans d'autres pays européens. C'est dans ces foires que cartes, maquettes et photos ont été exposées et films projetés. Les compagnes publicitaires menées ont suivi les thèmes suivants : - Vingt siècles en vingt jours, - Visitez le Maroc, - Le Maroc : pays des contrastes. La synthèse de ce point consacrée au tourisme pendant le Protectorat, révèle que le développement du tourisme pendant 1912-1956 a connu une expansion assez timide. Cette période était caractérisée par une conjoncture politique mouvementée et les flux touristiques internationaux concernaient essentiellement les familles des colons français et espagnols. Cette période a vu la création des premières chaînes hôtelières au Maroc qui se caractérisaient par une infrastructure hôtelière de luxe encouragée dans sa réalisation par l'Office Marocain du Tourisme. L'infrastructure économique qui était destinée pendant le Protectorat a favorisé la colonisation du pays, aussi bien pour mieux le contrôler militairement que pour permettre le pillage de ses ressources. Elle a servi par la suite au développement du tourisme international dans le Maroc indépendant. I.2. Les objectifs nationaux et régionaux du développement du tourisme au Maroc depuis l'indépendance I.2.1. Le tourisme comme moteur du développement socio-économique D'après G. CAZES 328(*), le désenclavement et l'équipement des régions, la création de nouveaux emplois, la fourniture des devises étrangères tant recherchées, l'alimentation des budgets publics, l'ouverture des économies et des mentalités sur l'extérieur, etc... passent , de manières décisive, dans les archipels du voyage. Le tourisme constitue actuellement une préoccupation dans toute réflexion sur la problématique du développement et particulièrement dans les pays en voie de développement. Le secteur touristique contribue à la production nationale par la création d'une demande supplémentaire (d'origine nationale et internationale) qui doit être satisfaite par l'intermédiaire du système de production du pays. Le tourisme est un outil important de l'aménagement du territoire ; il permet de créer des emplois et de « fixer les populations dans les régions défavorisées sur le plan économique »329(*). L'arrivée du Maroc sur le marché du tourisme international intervient dès la deuxième moitié de la décennie 1960. Le Maroc procède, comme d'autres pays en voie de développement, à des importations massives de biens d'équipements qui ne sont nécessairement pas couverts en totalité par les exportations de produits agricoles ou miniers. Le produit touristique marocain pouvait déjà constituer, tout en étant encore dans sa première phase d'expansion, un élément d'appoint dans la recherche d'un meilleur équilibre des échanges, et jouer un rôle déterminant dans la régulation de la balance des paiements. L'impact du tourisme ne se manifestait pas seulement sur le plan des apports en devises. Outre la source de revenus supplémentaire qu'elle pouvait constituer pour l'Etat, cette industrie naissante deviendrait, à moyen terme, un facteur de développement pour d'autres secteurs de l'économie nationale et un important moyen pour la résorption du sous emploi. L'industrie touristique a, de ce fait, été appelée à prendre une place de choix dans les options prioritaires du Plan Triennal, puis des Plans Quinquennaux qui lui ont succédé. Après son indépendance, le Maroc s'est trouvé avec une capacité hôtelière de 7300 chambres dans 240 hôtels environ. Cette capacité resta presque inchangée pendant 8 années (1956-1964)330(*), pour la simple raison que les pouvoirs publics ont considéré la promotion du tourisme comme l'affaire exclusive du privé. Les deux premiers plans du développement socio-économique au lendemain de l'indépendance (le Plan Biennal 1958-1959 et le Plan Quinquennal 1960-1964) n'ont accordé qu'une très faible place au tourisme et au service en général. A la fin du Plan Quinquennal 1960-1964, les résultats peu encourageants, surtout dans le domaine de l'agriculture et de l'industrie (50% des investissements dont l'Etat devait se charger ont été exécutés) vont amener le gouvernement à réviser les options économiques et sa politique en matière de planification. En 1964, à la demande du gouvernement marocain, la Banque Mondiale envoie au Maroc une équipe d'experts afin d'évaluer les potentialités de développement de l'économie du pays (---) et de suggérer (ensuite) les éléments d'un programme d'investissements susceptible de permettre une accélération de la croissance économique. Le rapport remis par les experts de la Banque Mondiale a « insisté sur le rôle déterminant de la libre initiative individuelle, indispensable dans toute croissance économique »331(*). Ce rapport recommande et soutient en même temps le développement du tourisme international au Maroc vu les grandes potentialités du pays. On peut dire que les deux premiers plans (1958-59 et 1960-64) avaient plutôt un caractère expérimental. Ce après quoi, les dirigeants sont arrivés à la conclusion : l'économie nationale ne pourra plus être stimulée à tous les niveaux comme ils ont tenté de le faire par le passé. La solution proposée est donc d'élire un secteur économique en l'occurrence le tourisme pouvant, par son large spectre d'effets induits et d'effets indirects, stimuler l'ensemble de l'économie marocaine. Le Maroc, pays non producteur de pétrole, en développant le tourisme, se procure une source autonome extraordinaire de devises, dont il a expressément besoin. En plus, il ouvre, par la même occasion, un marché de l'emploi à grande capacité d'absorption de main-d'oeuvre. Le tourisme se présente donc comme une issue politique et une solution économique non seulement pour le Maroc, mais pour l'ensemble des pays en développement, à tendance capitaliste et non producteurs de pétrole. Et comme D. DAUIS332(*) l'indique, le tourisme représente pour les pays en voie de développement, le véritable moteur de développement, de la même façon que fut l'industrie lourde pour l'Europe du 19éme siècle. I.2.2. Le tourisme comme stimulant économique des régions déshéritées Depuis le début des années soixante, le Maroc a bien pris conscience du rôle que peut jouer le tourisme dans la renaissance des régions que l'activité économique désertait. La croissance rapide des flux touristiques et sa concentration géographique sont à l'origine des premiers plans d'aménagement touristique. Leur but est de « mettre en application un schéma global d'organisation des loisirs et des structures qui leur sont liées »333(*). Pendant le Plan Triennal 1965-1967, le tourisme est appelé à jouer le rôle de promotion des régions pauvres, mais généralement disposant d'un potentiel naturel et humain important. Le plan 65/67 considère le tourisme comme priorité et marque le démarrage des investissements publics dans le secteur. L'Etat joua à fond le rôle le promoteur touristique et se lança dans la réalisation de grands travaux d'aménagement, d'infrastructure et d'équipement. A titre d'exemple, nous citons le choix et la localisation des Zones d'aménagement prioritaires (Z.A.P.) une Z.A.P. est une zone touristique dont « l'aménagement est pris en charge par l'Etat sur la base d'un plan d'ensemble, utilisant de façon rationnelle les attraits touristiques du site retenu 334(*)». Six zones d'aménagement touristique furent retenues : · La zone de TANGER, · La zone entre TETOUAN et RESTINGA, · La zone d'AL HOCEIMA, · La zone d'AGADIR, · Le GRAND SUD, · Le circuit des VILLES IMPERIALES. Le tourisme avait donc deux fonctions à remplir : · Ouvrir une nouvelle voie devant les détenteurs de capitaux (nationaux et étrangers) ; · Créer, dans le Nord et dans le Sud, des noyaux touristiques qui entraîneront inévitablement le développement de diverses activités, directement ou indirectement, liées au tourisme. A cet effet, des sociétés nationales d'aménagement ont été créées par l'Etat pour prendre en charge la viabilisation et l'équipement des terrains et ce, afin de faciliter la tâche aux promoteurs privés, désireux d'investir dans les zones d'aménagement touristique pilotes. De même, l'Etat s'est mis à réaliser, par l'intermédiaire de l'Office National Marocain du Tourisme, des unités hôtelières dont la gestion a été confiée à des sociétés filiales de l'Office et de la Caisse de Dépôt et de gestion. L'Administration Centrale du Tourisme a élaborée des études régionales sur les sites de la Côte Méditerranéenne, la Côte Atlantique, le Grand Sud et les montagnes centrales, en vue de définir une stratégie de développement spécifique au secteur touristique. Les objectifs de ces études étaient : · L'identification des potentialités et la détermination de la vocation touristique de la région ; · Le développement des produits nouveaux avec les structures correspondantes ; · L'établissement de la faisabilité économique et financière des projets localisés dans les Unités d'Aménagement Touristique (U.A.T.) ; · L'élaboration de plans d'occupation des sols et de programmes d'équipement des U.A.T. Toutes ces mesures d'incitations se sont traduites par la création d'une infrastructure hôtelière et touristique étatique et privée. Mais cette mise en valeur a été particulièrement concentrée à Agadir et Marrakech, à raison de 40% de la capacité totale d'hébergement. Ainsi, face à cette situation, l'Etat a élaboré des plans sectoriels et a mené des actions se rapportant à l'aménagement du territoire, à l'habitat, à la gestion des ressources et à l'intégration du tourisme. Parallèlement à ces plans et schémas, des textes relatifs à l'urbanisme et aux lotissements approuvés en 1992 ont été abrogés. Cette refonte des textes de 1992 devait permettre l'amélioration de `environnement, la protection et la sauvegarde des zones et des sites touristiques. De son côté, le Ministère du Tourisme a élaboré une stratégie multiforme visant la diversification et la promotion des produits ainsi que la réforme de l'organisation du secteur. De là, de nouvelles formes de tourisme et de nouveaux créneaux ont été amorcés, à savoir : · Le tourisme rural, climatique et thermal, · Le tourisme de culture et d'histoire, · Le tourisme vert, par la création de nombreux parcs nationaux. Après cet ensemble de mesures et d'efforts entrepris par l'Etat, dans le cadre de l'aménagement touristique et la réforme de l'organisation, on pourrait conclure que les résultats enregistrés ne sont pas les plus probants, compte tenu de nombreuses possibilités dont dispose le pays. Faute d'une politique d'aménagement adéquate, les régions à fort potentiel touristiques, restent inexploitées. Les résultats enregistrés par le tourisme marocain sur le plan des investissements montrent un très grand déséquilibre régional. Des centres à faible demande touristique sont dans une situation de surcapacité et n'arrivent pas à rentabiliser leurs unités hôtelières. Le cas du Nord du Royaume en est un exemple élogieux, alors que d'autres régions n'arrivent pas, à certaines périodes de l'année, à satisfaire toute la demande ; exemple de Rabat, Marrakech, Fès, le Grand Sud, etc. Les nombreux problèmes économiques, politiques et sociaux qu'a connus le pays, ont entravé certes le cours normal des réalisations d'une grande partie de ses projets touristiques. La politique d'aménagement touristique peut être considérée comme le reflet des carences de la politique d'aménagement du territoire en général, et de la régionalisation et de la planification au Maroc. Malgré les tentatives de lutte contre les disparités régionales pour la répartition sur tout le territoire des investissements et des infrastructures, c'est un constat d'échec qui s'observe à propos de l'un des piliers de la politique d'aménagement du territoire marocain. Cette présentation de la politique d'aménagement du territoire a permis d'appréhender le cadre général sur lequel s'est développée et se développe l'activité touristique au Maroc. I.3. Les avantages juridiques et les facilités économiques accordés au secteur touristique Marocain I.3.1. Les avantages juridiques J.-A. BODLELDER 335(*) classe les incitations aux investissements dans le secteur touristique en deux points : · Les incitations financières : - réduction des coûts des opérations - réduction du coût du capital · La sécurité des investissements Partout dans le monde, la combinaison de ces incitations est utilisée par les gouvernements pour réaliser les objectifs stratégiques dans la politique de développement touristique. L'objectif des incitations financières est d'augmenter le retour sur investissement, et d'attirer d'avantage les investisseurs et les promoteurs dans le secteur. Les incitations aux investissements peuvent comprendre des aides financières, des prêts incitatifs, des participations en capitaux, l'approvisionnement en infrastructures et en matériels de construction, les facilités pour avoir des terrains convenables... Ces encouragements sont des instruments politiques qui peuvent être utilisés pour atténuer les faiblesses du marché et assurer un partenariat entre le secteur public et privé. Au Maroc, c'est à partir des années 1960 que le secteur touristique a connu une réglementation juridique et la plupart des institutions publiques ou privées ont été mises en place. Le Maroc s'est attaché dés le début des années 1960, à promouvoir et à renforcer l'assise du secteur touristique dans son ensemble, afin d'assurer un développement continu de son parc hôtelier. Dans un premier temps, l'Etat a joué un rôle de pionnier dans les régions où l'investisseur privé, soucieux de la rentabilité des projets, hésitait à investir. Ce fut le cas des gîtes d'étapes, des hôtels constituant le circuit appelé le Grand Sud (Ouarzazate, Zagora, Erfoud, Errachidia...). Ce fut le cas aussi d'Al Hoceima, de Restinga-Smir dans le Nord et d'Agadir pour le balnéaire atlantique. Le rôle de promoteur de l'Etat a également concerné la plupart des grandes villes du Royaume, comme Oujda, Fès, Meknes, Rabat... Pour encourager le secteur privé à prendre l'initiative dans l'investissement touristique, diverses lois et mesures ont été prises dont l'ensemble forment les codes d'investissements. Leurs objectifs était de favoriser l'investissement de la part du secteur privé afin qu'il prenne la relève de l'Etat. Les avantages accordés à ces codes sont à l'évidence autant d'éléments incitateurs qui n'ont pas manqué de produire leurs effets. Le premier code a été promulgué le 31/12/1960, mais ce sont essentiellement les codes de 1973 et 1983 qui avaient un caractère incitatif pour le secteur privé. Dans ce travail, on se limitera à l'explication et la critique du dernier code, celui du 3 juin 1983 qui reste toujours en application. Le Dahir n° 1-83-134 du 21 chaâbane 1403 (3 juin 1983) portant promulgation de la loi n° 20-82, instituant des mesures incitatives aux investissements touristiques, entend par entreprises touristiques toute entreprise ayant pour objet336(*) : · « La construction et/ou l'équipement des établissements d'hébergement touristique à condition qu'ils soient susceptibles de faire l'objet d'un classement ; · La construction ou l'équipement des établissements concourant à l'animation du tourisme ; · La gérance libre des établissements touristiques ; · La réfection, la rénovation et l'équipement d'hôtels ou d'hébergement touristique ; · Le transport touristique, maritime, aérien ou terrestre ; · L'exploitation touristique de bateaux de plaisance ainsi que l'organisation de chasse ou de pêche ; · La commercialisation du produit touristique, quand il est effectué par une agence de voyage. » Les avantages fiscaux prévus par le code sont : · L'exonération du droit d'importation des matériels, d'outillages, biens d'équipement, moyens de transport touristique et bateaux de plaisance, importés à l'état neuf ainsi que les marchandises et produits divers importés en vue de la fabrication locale desdits biens ; · L'exonération de la TVA des matériels, d'outillages, biens d'équipement, moyens de transport touristique et bateaux de plaisance, importés neufs ou acquis localement soit directement, soit par l'intermédiaire d'une entreprise de crédit-bail ; · L'exonération des droits d'enregistrement pour les acquisitions de terrains destinés à la réalisation de projets touristiques. Le droit d'apport en société, à titre pur et simple, est égal à 0,5% en faveur des constitutions et des augmentations de capital des sociétés, quelle que soit la nature des biens importés ; · L'exonération de l'impôt des patentes des entreprises nouvelles autre que le transport pendant dix ans. Cette exonération est prévue pour 7ans en qui concerne les entreprises de transport nouvellement constituées. Pour l'impôt général sur le revenu ou l'impôt sur les sociétés, le code des investissements prévoit : · L'exonération pendant les cinq premières années d'exploitation et la réduction de 50% pendant les cinq années suivantes, conformément à l'article 24 du code sur les entreprises touristiques qui s'implantent dans les provinces dites déshéritées ou à faible potentiel économique : - Ouarzazate - Beni-Mellal - Errachidia - Essaouira - Oujda - Guelmime - El Jadida - Taroudan - Settat - Tan-Tan · Les amortissements accélérés dans la limite du double des taux admis, au sens de la pratique fiscale pour les entreprises existantes qui procéderont à une extension. D'autres avantages sont prévus pour attirer les éventuels promoteurs tels que la garantie de transfert, au profit des investisseurs étrangers, des dividendes nets d'impôts ainsi que la possibilité de retransférer le produit de liquidation et les plus-values nettes de cession et l'avance non-productive d'intérêts consentie à certaines entreprises et dont le montant est égal à 25% ou 20% de l'investissement en fonction du lieu d'implantation. L'application des codes des investissements touristiques est souvent handicapée par des carences d'ordre juridique, institutionnel, administratif et financier qui caractérisent l'aménagement touristique dans le pays, ainsi que la lourdeur des procédures administratives et les difficultés d'obtention des multiples autorisations auprès des services administratifs. Ces handicaps feront l'objet de la section II. I.3.2. Les facilités économiques accordées au secteur touristique Depuis que les orientations du Plan Triennal du développement économique de 1965-1967 ont fait du tourisme un secteur prioritaire, le système bancaire marocain a été amené à jouer un rôle moteur et dynamique. Dans ses programmes, une série de mesures et décisions juridiques et institutionnelles a été prise afin d'établir cette nouvelle structure. La création ou la réorganisation de certains organismes spécialisés était donc un moyen nécessaire pour le financement des investissements de grande envergure dans un secteur clé de l'économie nationale. Parmi ces institutions, nous citons : la Banque Nationale pour le Développement Economique (B.N.D.E.), la Caisse Marocaine des Marché (C.M.M.), la Caisse de Dépôt et de Gestion (C.D.G.), et le Crédit Immobilier et Hôtelier (C.I.H.)... Ces deux derniers organismes ont participé massivement au développement du secteur touristique marocain. Mais c'est le Crédit Immobilier et Hôtelier (C.I.H.)337(*) qui marque son implantation directe dans le développement touristique du pays. Cet organisme est associé à la quasi-totalité des projets touristiques investis dans le Royaume. Le C.I.H. a contribué à la promotion du secteur touristique à travers le financement de la construction, de l'équipement et de la rénovation des unités hôtelières. Le soutien apporté au secteur hôtelier s'est traduit aussi par le rééchelonnement des échéances de l'exercice 1991 en raison de la crise du Golfe qui a touché le secteur touristique (voir avec détails le deuxième partie de cette section). En terme de nombre de lits, l'intervention du C.I.H. a permis de renforcer la capacité d'accueil du Royaume de près de 50.000 lits depuis 1980. La station d'Agadir qui, au lendemain du tremblement de terre de 1960, ne disposait pratiquement plus de lits, occupe aujourd'hui la première place au niveau national par la capacité d'hébergement qui atteint 21.000 lits (chiffres de 1995). Le financement accordé par le C.I.H. aux promoteurs hôteliers présente des avantages substantiels, compte tenu des conditions d'octroi, notamment en matière de durée et de taux d'intérêt. Outre la construction et l'équipement des unités hôtelières, le C.I.H. finance des activités directement liées au secteur touristique, comme la construction de complexes touristico-immobiliers, les établissements faisant profession du transport touristique (terrestre, maritime ou aérien), de la navigation de plaisance ou de l'organisation de chasse ou de pêche touristique. Cette diversification a permis au C.I.H. d'élargir la gamme de produits et services bancaires offerts à la clientèle, tout en consolidant sa position de leader dans le financement de l'hôtellerie. L'industrie touristique marocaine, et surtout l'hôtellerie, a toujours eu l'aide et le soutien des institutions financières marocaines et surtout ceux du Crédit Immobilier et Hôtelier. Cependant, la faiblesse actuelle des investissements peut s'expliquer par l'insuffisance de l'épargne nationale qui est inférieur à 16% du P.I.B.338(*), par les lenteurs de la transformation du code des investissements, par les coûts exorbitants des terrains, par le comportement piranha des administrations fiscales et douanières marocaines. Ainsi, l'investissement reste difficile à rentabiliser même à des niveaux d'activités élevés. Les charges d'entretien et d'exploitation sont alourdies par le recours à l'importation d'équipement, de pièces de rechange ou même de produits de consommation nécessaires au maintien des standards de services. Les résultats d'exploitation sont donc insuffisants dans la plupart des cas, ce qui provoque souvent une certaine déception chez les propriétaires des hôtels qui avaient consenti des investissements relativement coûteux mais dont ils ne voient pas arriver les bénéfices. Au contraire, et dans bien des cas, ils doivent encore subvenir aux besoins du déficit d'exploitation en réinjectant des fonds dans l'entreprise. La productivité de l'hôtellerie marocaine met ainsi en rapport des moyens de production aux coûts d'acquisition et d'exploitation relativement élevés avec des performances peu compétitives. Le manque de moyens techniques et humains reste la cause essentielle de ces limites. II. L'industrie touristique au Maroc : quelques données Combien sont -ils à visiter le Maroc ? Quelle est la capacité d'hébergements ? Qui leur est offerte ? Combien rapporte le tourisme au Maroc en terme de devises ? Quelles sont les causes ? Toutes ces questions constituent des interrogations objectives et que ce paragraphe tente d'apporter certains éléments de réponses. II.1. Au niveau de la demande et de l'offre touristique II.1.1. La demande touristique
* 326 SEBBAR H., rapporté par OTMANI R., op. cit., p. 17. * 327 Dahir : Décrit royal. * 328 CAZES G., op. cit., p.51. * 329 PY P., op. cit., p. 104. * 330 Plan Triennal 1965-1967, Rabat, p. 5. * 331 B.I.R.D., « The economic development of Morroco », The Johns Hopkins Press, cité par HILLAL M., op. cit., p.77. * 332 DAUIS D., « Le développement de l'économie marocaine », Revue de Fonds de la Banque Mondiale, Volume III, n°1, 1996. * 333 VELLAS F., op. cit., p. 188. * 334 BELKAMEL M., Le développement du tourisme au Maroc, Casablanca, Maghrébines, 1980, p. 103. * 335 BODLENDER J.-A., An examination of tourism incentives , London, Haworth and Haworth, 1987, p. 84. * 336 DAOUDI A., op. cit., pp. 102-104. * 337 Le C.I.H. est une institution financière publique qui va le jour en 1967 sous la forme d'une société anonyme en remplacement de la caisse des Dépôts Immobiliers du Maroc qui existait depuis 1920. * 338 HIBOU B., « Les enjeux de l'ouverture du Maroc, dissidence économique et contrôle politique », Les études de CERI, n°15, Avril 1996, p. 17. |
|