DEDICACE
![](crise-societe-mouvements-sociaux-estudiantins-universite-lome1.png)
A feu VIAGBO Koffi Kouman Milédji,
Mon cher papa, qui aurait tant souhaité assister
à cette soutenance,
fruit de ses nombreux sacrifices,
Je dédie ce travail.
REMERCIEMENTS
Les apports de toutes sortes (conseils, critiques objectives,
informations, soutiens moral, matériel et technique) ont
été déterminants dans la réalisation de cette
recherche. Je m'en voudrais donc de ne pas témoigner ma gratitude
à toutes ces personnes qui m'ont soutenu.
Elles sont nombreuses et ce serait un risque que de vouloir
les citer toutes sans en omettre certains. Néanmoins, je me permets d'en
mentionner quelques unes.
D'entrée, je voudrais remercier Monsieur DANIOUE
Tamasse Roger, maître-assistant de sociologie politique, qui,
malgré ses diverses occupations, a dirigé ce mémoire avec
attention et rigueur.
Ensuite, l'expression de ma reconnaissance s'adresse aux
membres du jury pour avoir accepté d'évaluer ce travail.
A Mme KPAKPO Pépévi et M. AGBOVI Vincent, tous
deux enseignants au département de sociologie, qui m'ont donné
des conseils utiles, je dis merci.
Je ne saurai passer sous silence tout le sacrifice consenti
par mon grand frère VIAGBO Yaovi Frédéric, pour financer
mes études universitaires.
Je remercie également Mlle ADJAKPLE Marie, Mme DALMEIDA
Véronique, épouse VIAGBO, M. et Mme VIAGBO Max, M. VIAGBO Yao
Pascal, VIAGBO Aféfa Florence, VIAGBO Dénise, VIAGBO Rufin, Mana,
Sényo, Aményo, Akpédjé, Kossito pour leur
soutien.
Je remercie par ailleurs KOUDAYA Roland, HOUSSOU Georges,
DJADOU Samuel, DJODJI Marcel, KOLA Augustin, ZIKPI Cael, Essé AMAIZO
pour les appuis de toutes sortes.
Mes sincères remerciements vont également
à ATCHIKITI Jean et TEKO Eric pour leurs encouragements.
Je remercie enfin Mlle ATRAMAH Isabelle pour ses conseils et
assistances de toutes sortes.
Je termine cette marque de reconnaissance en
réaffirmant à vous tous que votre apport, quel qu'il soit, fut
pour moi un réel réconfort moral. Soyez rassurés, l'oeuvre
qui est là est aussi la vôtre.
SOMMAIRE
DEDICACE
2
REMERCIEMENTS
3
LISTE DES ACRONYMES
5
INTRODUCTION
7
PREMIERE PARTIE :
CADRES THEORIQUE, PHYSIQUE, CONCEPTUEL ET
METHODOLOGIQUE
10
CHAPITRE 1er : CADRES THEORIQUE ET
CONCEPTUEL DE L'ETUDE
11
CHAPITRE 2ème : METHODOLOGIE DE
LA RECHERCHE
31
CHAPITRE 3ème : CHAMP D'ETUDE
38
DEUXIEME PARTIE :
PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES -
INTERPRETATION DES RESULTATS
56
CHAPITRE 4ème : PRESENTATION ET
ANALYSE DES DONNEES
57
CHAPITRE 5ème : INTERPRETATION
DES RESULTATS
87
CONCLUSION - RECOMMANDATIONS
93
BIBLIOGRAPHIE
96
ANNEXES
102
LISTE DES
ACRONYMES
AETB : Association des Etudiants Togolais de
l'Université du Bénin.
AMENTO : Amicale des
Etudiants du Nord Togo.
ATLP : Association Togolaise
pour la Liberté de la Presse.
ATLT : Association Togolaise de Lutte contre
la Torture.
BU : Bibliothèque
Universitaire.
CAFMICRO : Centre Inter Africain de
Formation à la Maintenance Micro informatique.
CES : Centre d'Enseignement
Supérieur.
CEUB : Conseil des Etudiants
de l'Université du Bénin.
CEUL : Conseil des Etudiants
de l'Université de Lomé.
CIC : Centre d'Informatique et de
Calcul.
CNTT :
Confédération Nationale des Travailleurs du Togo.
COUL : Centre des OEuvres
Universitaires de Lomé.
CUT : Comité de
l'Unité Togolaise.
DA : Direction des
Archives.
DAAS : Direction des
Affaires Académiques et de la Scolarité.
DGDU : Direction de la
Gestion du Domaine Universitaire.
DIRECOOP : Direction de
l'Information, des Relations Extérieures et de la Coopération.
DPP : Direction de la
Planification et de la Prospective.
DPSRMT : Direction des
Prestations de Services et des Relations avec le Monde du Travail.
DR : Direction de la
Recherche.
DRH : Direction des
Ressources Humaines.
DTG : Deutsche Togo
Gesellschaft.
EAM : Ecole des Auxiliaires
Médicaux.
ENSI : Ecole Nationale
Supérieure d'Ingénieurs.
ESA : Ecole
Supérieure d'Agronomie.
ESSD : Ecole
Supérieure de Secrétariat de Direction.
ESTBA : Ecole
Supérieure des Techniques Biologiques et Alimentaires.
FAR : Front des Associations
pour le Renouveau.
FASEG : Faculté des
Sciences Economiques et de Gestion.
FAT : Forces Armées
Togolaises.
FDD : Faculté De
Droit.
FDS : Faculté Des
Sciences.
FESTO :
Fédération des Etudiants et Scolaires du Togo.
FLESH : Faculté des
Lettres Et Sciences Humaines.
FMMP : Faculté Mixte
de Médecine et de Pharmacie.
FOR : Front de l'Opposition
Réuni.
HACAME : Haut Conseil des Associations et
Mouvements Estudiantins.
HCR : Haut Conseil de la
République.
INSE : Institut National des
Sciences de l'Education.
IUT de Gestion : Institut
Universitaire de Technologie de Gestion.
JORT : Journal Officiel de
la République Togolaise.
JRPT : Jeunesse du Rassemblement du
Peuple Togolais.
LTDH : Ligue Togolaise des
Droits de l'Homme.
MEET : Mouvement pour
l'Epanouissement de l'Etudiant Togolais.
MONESTO : Mouvement National
des Etudiants et Stagiaires du Togo.
ONU : Organisation des
Nations Unies.
PTP : Parti Togolais du
Progrès.
PUT : Parti de l'Unité Togolaise.
RPT : Rassemblement du
Peuple Togolais.
SNETSS : Syndicat National
de l'Enseignement Technique, Secondaire et Supérieur.
SPSS : Statistical Package for Social
Sciences.
UB : Université du
Bénin.
UL : Université de
Lomé.
UNET : Union Nationale des Etudiants du
Togo.
UNTT : Union Nationale des
Travailleurs du Togo.
INTRODUCTION
Toute la recette d'une révolution chez les jeunes est
énoncée en ces termes par Alfred SAUVY (1970 : 99) :
« les rassembler dans les locaux communs aussi nombreux et
entassés que possible, leur assurer des conditions de vie insuffisante,
les orienter culturellement vers l'abstrait, de façon qu'ils ne puissent
accéder facilement à la vie active et en aient lourdement
l'impression, négliger ou bannir les efforts physiques et le travail
manuel, leur donner une conscience suffisante de leur état sans pour
autant leur faire connaître les rouages de la société,
(...), attendre un mouvement d'impatience et envoyer la police pour le
calmer ». Cette recette est observée sur toute l'Afrique
des années d'avant 1990, au point où les jeunes n'ont pas
hésité à provoquer à partir de 1990, la
révolution dans les différents pays du continent.
Au Bénin, les étudiants et les syndicats de la
fonction publique notamment les enseignants, se sont affirmés comme fer
de lance de l'opposition avec le Parti communiste du Dahomey. Au
Sénégal, les jeunes urbains ont circonscrit un espace
aisément repérable de la contestation du régime d'Abdou
DIOUF. Au Mali, les multiples manifestations et les violences qui s'en suivent
sont menées par des jeunes chômeurs diplômés, des
étudiants, mais aussi par toute une couche de la jeunesse urbaine, qui,
en rupture avec l'ordre familial traditionnel, est entrée dans le
commerce informel et la débrouillardise pour survivre. En côte
d'Ivoire, si les étudiants et les enseignants ont été les
principaux groupes faisant nombre lors des manifestations au début des
années 1990, ce sont les syndicats de transporteurs (notamment les
chauffeurs de taxis et de poids lourds) qui ont lancé la contestation
collective du régime de feu Président Félix
Houphouët-Boigny.
Les mouvements violents d'insurrection de 1991 à
Lomé qui ont accéléré le changement politique en
poussant le régime togolais à accepter la réunion d'une
conférence nationale, « peuvent être compris comme
une révolte des citadins contre un pouvoir considéré comme
étranger » (Gervais-Lambony, 1994).
Que retenir de ces différentes agitations sociales qui
secouent l'Afrique des années 1990 ? Qu'est ce qui peut à
nouveau justifier leur persistance malgré les mesures prises par les
différents gouvernements pour les éviter ?
La réponse à ces deux interrogations majeures
constitue la préoccupation principale de ce mémoire qui s'appuie
sur un cas pratique : les mouvements estudiantins de l'Université
de Lomé.
Interrogé en 1991 sur ce qui l'a conduit à
l'étude des mouvements sociaux, Alain TOURAINE répondait :
« ... J'ai passé beaucoup de temps dans une usine et puis
j'ai réfléchi à partir de ce que je voyais et cela m'a
amené à l'idée générale de mouvement
social. » (Entretien avec Stefan JAFFRIN, 1991).
Qu'est ce qui peut alors justifier l'étude des
mouvements étudiants de l'université de Lomé comme sujet
de mémoire de maîtrise ?
Il faut rappeler que les vraies contestations ouvertes au Togo
ont commencé en 1990 et le commun des mortels, non habitué
à ce fait, ne peut se passer de se poser des questions sur ces
agitations sociales. Ces interrogations deviennent beaucoup plus
préoccupantes du moment où l'on étudie des théories
en sociologie.
Comme l'a si bien relevé Alain TOURAINE, pour un
étudiant en sociologie à l'Université de Lomé qui a
passé beaucoup de temps dans un campus toujours
« agité », la réflexion s'impose et,
l'étude s'en suit.
Une autre raison qui peut justifier le choix de ce sujet,
c'est son actualité et son universalité. En effet, que ce soit
aux USA, en Europe, en Asie ou encore en Afrique, la répression se
révèle être le moyen le plus utilisé pour tenir en
échec les mouvements sociaux qui occupent quotidiennement la une des
médias. Les exemples de mouvements abondent : alter mondialistes,
écologistes, corporatifs, étudiants...
Il importe dès lors d'étudier
l'efficacité des différentes formes de répression.
Pour réussir cette étude, le plan suivant a
été adopté :
- une première partie avec trois chapitres est
consacrée aux cadres théorique, physique, conceptuel et
méthodologique de la recherche;
- une deuxième et dernière partie
présente, analyse et interprète les données.
PREMIERE
PARTIE :
CADRES THEORIQUE, PHYSIQUE, CONCEPTUEL ET
METHODOLOGIQUE
CHAPITRE 1er :
CADRES THEORIQUE ET CONCEPTUEL DE L'ETUDE
Cadre
théorique
I.1 Analyse de la
situation et problématique
En août 1963, 200000 Américains entamaient une
marche pacifique en faveur des droits civiques des Noirs. En octobre 1988, les
infirmiers enclenchaient un mouvement ponctué de manifestations
organisées aux quatre coins de la France. Les manifestations prennent
fin au cours de l'année 1993 avec la constitution d'un comité
d'infirmiers. A en croire le compte rendu de Evelyne OUDART de la communication
de François BONNIER au stage MAFPEN de Lyon en 1997, sur « les
conflits sociaux », ces deux mouvements d'ampleur et de durée
inégales et porteurs de revendications spécifiques suscitent la
même interrogation chez le sociologue à savoir :
« selon quelle logique des individus en viennent-ils à se
réunir, puis à s'unir pour la défense d'un projet
revendicatif commun ? » (Voir bibliographie : source
électronique, n° 58)
Cette question fondamentale nous renvoie aux travaux de
McAdam, J. McCATHY et M.N. ZALD (1996) sur les conditions de
l'émergence et du développement des mouvements sociaux. Il en
ressort que trois grands facteurs permettent de rendre compte de
l'émergence et du développement de ces mouvements : les
structures de mobilisation, les opportunités politiques et les processus
de cadrage.
D'autres théoriciens ont précédé
McAdam, McCathy et ZALD dans l'explication des mouvements sociaux. Au milieu
des années 1960, les théories de l'individu rationnel et de
la mobilisation des ressources soutiennent que la participation à
des mouvements sociaux répond à des motivations rationnelles
tournées vers la réalisation d'un intérêt personnel.
L'accent est mis ici sur l'organisation des mouvements plutôt que sur la
participation individuelle.
A partir des années 1970, les théories des
nouveaux mouvements sociaux insistent sur les transformations
structurelles des sociétés capitalistes et le
développement de nouveaux clivages sociaux. Ce fut le cas avec Alain
TOURAINE (1966).
Alors que la théorie de la mobilisation des ressources,
notamment le modèle de rationalité partagée postule que
tous les agents ont la même perception de leur situation, une
évaluation similaire des coûts et des avantages de l'action, les
théoriciens des nouveaux mouvements sociaux se focalisent sur les
origines structurelles des tensions en laissant de côté la
question des modes de perception de ces tensions par les agents.
Dans l'optique des recherches plus récentes, l'individu
en vient à agir collectivement en fonction de perceptions
différenciées de la réalité sociale et sous la
contrainte de positions structurelles qui conduisent à des
expériences spécifiques.
Cela conduit à des notions comme l'activisme individuel
et la rationalité de l'acteur. Ainsi par exemple, une situation
objective de dépossession comme le chômage ne suffit pas à
mobiliser ceux qui le vivent, il faudrait en effet, que ceux-ci
perçoivent la perte de travail en termes politiques et non plus comme
une fatalité économique (la crise) et le résultat d'une
inadaptation personnelle.
Les règles sociales deviennent ainsi enjeux de
conflits. Deux catégories d'analyses y sont appliquées :
celles qui font des conditions de domination, les fondements de tout conflit et
celles qui mettent en avant les relations de pouvoir et d'influence sur les
règles sociales.
Dans les formes de participation politique, les mouvements
sociaux font partie de ce que l'on appelle les formes protestataires ou non
conventionnelles de la participation politique. Ces mouvements mobilisent
généralement des groupes de citoyens plus ou moins nombreux au
nom de la défense d'intérêts communs. Ces actions directes
qui mettent face à face citoyens et détenteurs du pouvoir sans
passer par la médiation des élites ou les canaux habituels de la
démocratie représentative sont des actions autonomes et
expressives qui échappent à la contrainte d'un cadre juridique et
institutionnel.
Pour Alain TOURAINE (1993), le mouvement social est
constitué de trois éléments : «la
défense de l'identité et des intérêts propres, la
lutte contre un adversaire, et la vision commune que partagent le mouvement et
son adversaire. En termes néo-hégéliens, on pourrait donc
dire qu'un mouvement social est caractérisé par son
identité, son opposition, et sa totalité. Un mouvement social par
conséquent, c'est une action collective voulue et organisée
à travers laquelle un acteur de classe conscient de son identité
et de ses intérêts propres lutte avec un adversaire
identifié et ciblé pour la direction sociale de
l'historicité, dans une situation historique bien
concrète. » (Jean-Guy VAILLANCOURT, 1991)
De nos jours, les mouvements sociaux dominent les grands
titres de l'actualité internationale. Que ce soit aux U.S.A., en Europe,
en Asie ou en Afrique, la voie royale pour réagir contre les violations
des droits, les situations d'abus, les conditions difficiles de vie est la
manifestation protestataire qui peut revêtir plusieurs caractères.
Ces mouvements expriment non seulement la possibilité mais aussi la
nécessité d'un changement de l'ordre existant. C'est pourquoi
malgré les répressions dans plusieurs cas, ces manifestations ont
toujours cours sur tous les continents et dans presque tous les pays.
Elles ont été spécifiquement
déterminantes dans le processus de décolonisation des
peuples africains et plus encore aujourd'hui, dans leur processus de
démocratisation. En effet, face à des irrégularités
politiques et sociales, face à la violation des libertés
individuelles et collectives, face à l'absence ou mieux
l'inefficacité des structures légales de recours, les
manifestations protestataires constituent une voie efficace pour ouvrir un
conflit avec le violateur, et parvenir progressivement à un
compromis.
Mais au même moment que la question des mouvements
sociaux se pose, celle de leur maîtrise interpelle les
décideurs.
Au Togo, il y a eu des mouvements de résistance
à l'occupation et à la domination étrangères. Ces
mouvements, bien que réprimés, ont survécu et ont
été finalement décisifs dans l'avènement de
l'indépendance du pays le 27 avril 1960. Trois ans après
l'indépendance, le 13 janvier 1963, le pays connut un coup d'état
qui finit par mettre, quatre ans plus tard, en janvier 1967, un régime
militaire aux commandes de l'Etat. Un parti-Etat vit le jour le 30 août
1969 à travers cet appel de son fondateur à Kpalimé :
« Le salut du Togo est dans l'union de tous ses fils au sein
d'un seul et véritable creuset national où viendront se fondre
les forces vives de ce pays à quelque parti qu'elles aient
appartenu » (http : // asdvt.free.fr/togohist.htm)
Dès lors que tous les fils de la Nation viennent s'unir
au sein « d'un seul et véritable creuset
national », l'on assiste à l'anéantissement de
toute manifestation contestataire ouverte contre le pouvoir. En dehors de la
contestation occulte, les seules manifestations ouvertes étaient des
soutiens au pouvoir.
C'est en réalité dans ce contexte que fut
créée, par décret numéro 70-156/PR du 14 septembre
1970, l'Université du Bénin, aujourd'hui Université de
Lomé. Aussi, le Mouvement National des Etudiants et Stagiaires du Togo
(MONESTO), était-il censé être le creuset des
étudiants togolais. Mais à côté, on notait la
présence de l'Amicale des Etudiants du Nord Togo (AMENTO), l'Association
des Etudiants Togolais de l'Université du Bénin (AETB) puis des
regroupements d'élèves et étudiants par
préfecture.
Tous ces mouvements et regroupements estudiantins
s'étaient assignés comme objectifs la promotion du
bien-être des étudiants, la défense de leurs
intérêts...
Mais ils travaillaient en réalité à la
promotion des idéaux du véritable creuset des
étudiants : le MONESTO.
Face à ce tableau, toute contestation ouverte contre le
pouvoir public s'avère impossible. Cependant, les conditions de vie et
de travail des étudiants togolais de l'Université de Lomé
ne cessent de se détériorer.
En effet, créée en 1970, la plupart des
structures originelles de l'Université de Lomé sont
gardées malgré une démographie sans cesse galopante. Avec
la réforme de l'éducation en 1975, on assiste à une
multiplication des écoles primaires et secondaires. Cette mesure
entraîne du coup l'augmentation de l'effectif des bacheliers les
années suivantes. Alors que l'effectif des étudiants était
de 845 en 1970, il est de 15249 en 2004-2005
Cette croissance démographique à
l'Université de Lomé n'a cependant pas entraîné un
important renouvellement des structures. Les ouvrages de la grande
bibliothèque universitaire ne se renouvellent pas. Le transport
universitaire est inefficace et entraîne des retards au cours. La plupart
des étudiants viennent de l'intérieur du pays, mais peu sont
logés par l'université. Sur les 15249 étudiants inscrits
en 2004-2005, l'université ne peut loger que 1131 avec ses six
cités sises sur le campus. La restauration universitaire ne comble pas
les attentes des étudiants. Les allocations de bourses et d'aides
accusent des retards de payement.
Ces conditions de vie ont été un motif valable
pour les étudiants togolais pour prendre dans les années 1990, le
devant de toute la population, dans l'exigence de plus de liberté et de
droit à la suite du sommet franco-africain de la Baule (juin 1990) au
cours duquel, le président français d'alors, François
MITTERAND exigeait plus de liberté pour les peuples africains. Il est
fondamental de remarquer que les étudiants togolais réclamaient
non seulement l'amélioration des conditions de vie et de travail mais
aussi la liberté d'association, la démocratisation... Ce fut le
cas des différents mouvements étudiants de 1991 et notamment ceux
de mars.
La reconnaissance de la contribution étudiante à
la lutte pour plus de liberté au Togo est remarquable par la
présence de tous les mouvements estudiantins aux assises de la
Conférence Nationale Souveraine en 1991.
Il est donc important de préciser que
l'université de Lomé a connu des mouvements purement politiques
et des mouvements purement sociaux. Ainsi, les manifestations des années
1990 ont été plus politiques que sociales et celles des
années d'après sont plus sociales que politiques. C'est dire
alors que les revendications étudiantes pour plus de liberté au
Togo ne sont que le début de revendications étudiantes qui, avec
le temps et les contextes, vont se doter d'autres objectifs : ceux
relatifs à l'amélioration des conditions de vie et de travail des
étudiants.
Aussi, l'université de Lomé demeure-t-elle le
théâtre de multiples manifestations. Nous pouvons citer les
mouvements étudiants des années universitaires 1998-1999,
1999-2000, 2000-2001, et, le plus récent, celui d'avril 2004. Cependant,
force est de constater que, au fur et à mesure que s'organisent ces
mouvements de lutte (marches, sit-in, grèves ...) pour de meilleures
conditions de vie, se met en place, au niveau de l'appareil étatique,
une machine répressive de plus en plus améliorée pour
paralyser ces mouvements. La répression va de l'intervention
policière, à la suppression de bourses et aides, la majoration
des frais d'inscription et des oeuvres universitaires, l'exclusion des meneurs,
etc.
Par exemple, les mouvements étudiants de l'année
universitaires 2000-2001 à travers lesquels les étudiants
réclamaient les arriérés de bourses et d'aides,
l'amélioration des moyens de transport universitaire sont soldés
par une détérioration des conditions de vie existantes. Les
bourses sont systématiquement suspendues, les frais d'inscription sont
passés de 4500 F à 50000 F ; la restauration universitaire
est passée de 90 F à 500 F et le transport de 10 F à 150
F.
Un autre moyen d'anéantissement des mouvements
étudiants est leur instrumentalisation par les autorités
administratives et le gouvernement. C'est ainsi qu'il est fréquent
d'écouter après un mouvement étudiant que « les
étudiants sont manipulés par l'opposition ».
Au regard des mesures qui précèdent, notamment
la multiplication des frais d'inscription et des oeuvres universitaires,
l'instrumentalisation des mouvements, tout porte à croire que, les
étudiants togolais ne seraient plus tentés par l'action
protestataire. Tel n'a pas été le cas lorsqu'on considère
les différents mouvements qui se sont développés les
années suivantes et ont pris une ampleur inattendue en avril 2004.
Ainsi, on est amené à se demander si la
répression permet aux commanditaires d'obtenir les résultats
escomptés. Autrement dit, la répression permet-elle de
maîtriser les manifestations ? Quel effet produit-elle sur les
manifestants ? Enlève-t-elle la velléité
contestataire chez les populations ou la renforce-t-elle au contraire ?
Les mouvements émanent-ils d'une crise générale de la
société ?
Si pour le cas des manifestations étudiantes de
l'Université de Lomé, malgré les mesures
répressives, ces mouvements ont toujours cours, doit-on en
déduire une inefficacité de la répression comme
méthode de gestion des mouvements ? Comment expliquer la
persistance de ces mouvements malgré les conséquences qu'ils
subissent ? Doit-on penser à un « effet
pervers » dans l'action répressive des manifestations
étudiantes par les autorités ?
Ces différentes questions sont issues de la question
fondamentale de cette recherche à savoir : « Selon
quelle logique les étudiants de l'Université de Lomé
organisent-ils des mouvements contestataires malgré les mesures
répressives qui accompagnent leurs mouvements ? »
De cette question, les hypothèses suivantes sont
formulées.
I.2 Hypothèses
de la recherche
1- La persistance des mouvements s'explique par leur
politisation dans bien de cas ;
2- La détérioration des conditions de vie des
étudiants explique la recrudescence des mouvements sociaux à
l'UL ;
3- les mouvements étant l'expression d'une crise
générale de la société, toute action
répressive ne fait que les renforcer ;
4- La répression prépare les manifestants
à envisager des situations plus complexes que celles
réprimées ;
5- La fréquence de la répression habitue les
manifestants qui intègrent à la manifestation les mesures
répressives. En d'autres termes, une manifestation étudiante non
réprimée est conçue comme un échec de la
manifestation. C'est la répression qui donne l'ampleur à la
manifestation.
I.3 Les objectifs de
la recherche
I.3.1 Objectif général
L'objectif général de cette recherche est
d'étudier les contextes de l'émergence des mouvements sociaux au
Togo, particulièrement ceux à l'Université de
Lomé.
Cet objectif peut être atteint grâce à des
objectifs spécifiques suivants :
I.3.2 Objectifs spécifiques :
Il s'agit de :
- décrire la situation de crise au Togo et en milieu
universitaire ;
- déterminer les causes de la persistance des
mouvements étudiants malgré les mesures répressives qui
les accompagnent ;
- identifier les raisons de l'inefficacité des mesures
répressives
- identifier les motivations des étudiants à
participer aux mouvements qui persistent.
- évaluer les conditions de vie des étudiants
I.4 Revue de la
littérature
La présente étude a été bien
appréhendée grâce aux recherches de certains auteurs dont
les apports seront synthétisés dans cette partie. Dans un premier
temps, les recherches sur la crise de l'éducation seront
considérées. Dans un deuxième temps, les théories
sur les mouvements sociaux seront ressorties. Suivront enfin les recherches sur
les mouvements sociaux africains et la protestation occulte.
I.4.1 Les recherches sur la crise de l'éducation
TEDGA (1988 :44) fait remarquer que « la
crise de l'enseignement supérieur en Afrique est (...) la
conséquence directe de la dégradation des économies
locales ». Il relève par ailleurs que
« très souvent, les grèves ont lieu sur certains
campus à cause d'une absence de dialogue entre les autorités
universitaires ou politiques et étudiants » (TEDGA,
1988 : 64).
Pour ce qui est des motifs des grèves, l'auteur
souligne que généralement en Afrique, les étudiants ne
font pas grève parce que les cours dispensés ne les
préparent pas à la vie, parce que le professeur ne respecte pas
son programme d'enseignement ou encore parce qu'il y a problème de
places dans les bibliothèques, les salles de travaux dirigés ou
de travaux pratiques ou dans les amphithéâtres. Ils ne font pas
grève non plus pour les fuites d'épreuves dans les
facultés dévalorisant ainsi le niveau des diplômes sur le
marché du travail. Les étudiants africains font grève
souvent pour casser le rythme des professeurs qui tiennent à finir leurs
programmes d'enseignement, parce qu'ils trouvent les examens trop difficiles,
parce que la nourriture du « resto » ne leur
plaisait pas assez... Ils font grève encore pour obtenir une bourse ou
à cause des retards de paiement de la bourse.
Ce qui rend intéressant les analyses de TEDGA, c'est
que la plupart de ses conclusions sont d'une actualité étonnante.
Bien que datant des années 1980, les observations sont les mêmes
notamment à l'Université de Lomé en 2005.
Par rapport aux mouvements étudiants de l' UL, l'on
peut y voir la dégradation de l'économie nationale togolaise mais
aussi l'absence d'un dialogue franc entre autorités universitaires et
étudiants.
Si aujourd'hui, les problèmes de places dans les
amphithéâtres commencent par figurer dans les revendications
estudiantines, il n'existe presque pas de mouvements pour protester contre les
fuites d'épreuves ou encore parce que les formations ne
préparaient pas à la vie active. A cet égard, sur les
mouvements étudiants répertoriés depuis 1990, seule la
grève des étudiants de la filière psychologie
appliquée de l'Institut National des Sciences de l'Education (INSE) en
février 2005 a un fondement purement pédagogique à savoir
la réclamation d'enseignants en vue d'une formation complète,
l'ouverture de la cinquième année...
Dans la recherche des explications à la crise scolaire
au Sénégal, DIALLO-COTRUNG (1992) souligne que la crise scolaire
ne serait pas seulement l'expression du désarroi de la jeunesse, mais
témoignerait d'une crise sociale et politique profonde : les jeunes
dont le poids démographique s'enfle démesurément, se
trouveraient en mesure de créer un rapport de forces et ne seraient plus
réellement contrôlés par aucune autorité, ni celle
de type ancien (parents, marabouts...), ni celle de type nouveau (professeurs,
administration scolaire, Etat, partis politiques...).
I.4.2 Les recherches théoriques sur les mouvements
sociaux
La sociologie des conflits est redevable à Karl MARX et
ENGELS. Une synthèse de leur oeuvre faite par Guy ROCHER (1968 :
105) révèle que les luttes de classes et les révolutions
résultent de l'opposition nécessaire entre propriétaire
des moyens de production et les masses laborieuses.
Cependant, depuis MARX et ENGELS, la définition des
classes sociales, le rôle des conflits, des luttes de classes et des
révolutions ont fait l'objet de beaucoup d'analyses et de discussions.
De plus, il serait difficile de situer la société africaine,
objet de la présente étude, dans la société
industrielle étudiée par MARX.
MARX a eu le mérite de mettre en lumière la
permanence des conflits dans toute société. Et à
DAHRENDORF (1959) de remarquer que « le conflit accompagne toujours
la vie ; tout ce qui vit connaît sans arrêt des états
de conflit. La société, réalité animée par
des êtres vivants n'échappe pas à cette règle :
le conflit est inhérent à sa nature et à son
fonctionnement. Marx demeure le principal sociologue à avoir pris toute
la mesure de cette réalité » (Guy ROCHER,
1968 :106).
MARX a aussi compris que les conflits sociaux étant
nécessairement des conflits d'intérêt opposent
nécessairement deux groupes et deux seulement. Cette remarque est
valable pour les mouvements étudiants de l'UL. Les deux groupes en
conflit sont les étudiants et les autorités de l'enseignement
supérieur.
Loin de s'arrêter sur ces deux aspects, MARX a
parfaitement compris que le conflit est le principal moteur de l'histoire
d'autant qu'il amène forcément des changements, à plus ou
moins brève échéance. C'est dans et par l'opposition entre
des groupes d'intérêts divergents que les structures sociales se
transforment.
L'oeuvre de MARX est incontestablement un repère dans
l'étude des conflits sociaux, mais MARX s'est autorisé quelques
abus que DAHRENDORF (1959) a eu le mérite de corriger.
En premier lieu, MARX a ramené tous les conflits
sociaux, du moins les conflits sociaux historiquement importants, à des
conflits de classes. Or, la lutte de classes n'est qu'un des conflits
d'intérêt qui divisent la société. Tous les autres
conflits qui agitent la société ne se ramènent pas
nécessairement à la lutte des classes comme l'a supposé
MARX. L'état de la société capitaliste du XIXe
siècle pouvait paraître lui donner raison. Il n'est plus possible
aujourd'hui de perpétrer la même erreur.
La sociologie des conflits ayant fait des progrès
depuis MARX, considérons d'autres auteurs dont les apports constituent
des avancées importantes dans l'étude des mouvements sociaux.
Contrairement à MARX, DARENDORF (1959) a
démontré que la lutte des classes peut connaître d'autres
issues que la révolution. Ce qu'on observe bien plus couramment, c'est
une classe dominante qui emprunte les idées nouvelles et opère
des transformations, assez pour désamorcer les facteurs potentiels de
révolution.
Sous un autre registre, l'auteur montre que si, dans la
société capitaliste du XIXe siècle la
propriété et le contrôle des moyens de production
paraissent indissolublement liés, l'évolution ultérieure
du capitalisme a cependant montré qu'ils pouvaient se dissocier.
Plutôt que la propriété des moyens de production, c'est le
contrôle de ces moyens qui est le facteur essentiel et dominant du
conflit de classes.
Cette constatation impose de trouver aux conflits sociaux une
autre origine que la seule propriété des moyens de production.
L'auteur la situe dans la structure de l'organisation sociale, dans son mode de
fonctionnement. Et, à ce propos, la principale source structurale des
conflits sociaux n'est pas l'inégale distribution de la
propriété des moyens de production ; c'est plutôt
l'inégale distribution de l'autorité entre les personnes et les
groupes. Ceux qui détiennent des postes d'autorité ont en commun
certains intérêts que ne peuvent partager ceux qui sont soumis
à l'autorité ; inversement, ceux qui sont dans une position
de sujétion partagent certains intérêts du fait même
de leur situation commune. Les intérêts divergents de ceux qui
commandent et de ceux qui obéissent sont des intérêts
contraires : le conflit est donc toujours une opposition
d'intérêts.
Il faut cependant distinguer entre deux types d'ensemble de
personnes en opposition. Par exemple, les personnes occupant différents
postes d'autorité dans une même association ne forment pas
nécessairement un groupe, au sens sociologique du terme. Elles peuvent
avoir en commun certains intérêts liés à leur
situation commune, sans qu'il en résulte la formation d'un groupe.
DAHRENDORF désigne cet ensemble par
« quasi-groupe ». Les quasi-groupes sont en
réalité des catégories sociales plutôt que des
groupes : par exemple, les consommateurs, les commerçants, les
étudiants...
Par contre le groupe d'intérêt est un ensemble de
personnes qui possède une certaine organisation, un programme explicite
d'action, des buts assez précis : c'est le cas par exemple d'un
syndicat, d'un parti politique, d'un mouvement social. C'est le groupe
d'intérêt et non le quasi-groupe qui est le véritable agent
actif dans les conflits d'intérêts. Le groupe
d'intérêt sert en effet à cristalliser les raisons des
conflits, à les expliciter et à polariser l'action des personnes
et des sous-groupes.
Cette classification permet dans le cadre de ce mémoire
d'identifier, au-delà du quasi-groupe des étudiants, le groupe
d'intérêt regroupant ceux qui se retrouvent effectivement dans les
actions menées par les groupes du genre CEUB, MEET... et sous un autre
registre, HACAME, FESTO ...
DAHRENDORF a montré aussi que, pour qu'il y ait
conflit, il faut que les intérêts latents (intérêts
qui guident la conduite des acteurs sans être cependant pas reconnus par
ceux-ci d'une manière consciente) deviennent des intérêts
manifestes (puissants facteurs de conflits autour desquels se constituent les
groupes d'intérêts actifs : partis politiques, syndicats,
mouvements sociaux, capables de préciser des objectifs,
d'élaborer une politique d'action, de pratiquer une
stratégie).
DAHRENDORF a plus que quiconque contribué à
construire une sociologie des conflits sur des fondations théoriques
sérieuses. Il a su s'inspirer de l'oeuvre de MARX et s'en
détacher sur des points importants. Cependant, sa contribution appelle
certaines réserves. On peut reprocher ainsi à l'auteur d'avoir
réduit tous les conflits sociaux à des conflits
d'autorité.
De MARX à DAHRENDORF, retenons que les conflits et
contradictions sont un facteur de changement social. Les conflits naissent
directement de l'action sociale ; ils font partie de l'action sociale. Ils
sont engendrés par le fonctionnement normal de tout système
social. Le conflit est une des voies nécessaires par laquelle passe la
société pour s'adapter sans cesse à des situations
nouvelles et pour survivre dans le cours de sa propre évolution.
Ces tentatives d'explication des conflits ont tracé des
voies pour l'étude des mouvements sociaux. Dans ce sens, les
théoriciens de l'Ecole de Francfort comme ADORNO, MARCUSE,
HABERMAS...sont incontournables. Cependant, pour des raisons pratiques,
l'oeuvre d'Alain TOURAINE sera analysée par la suite.
Alain TOURAINE (1965 et 1966) a le mérite d'avoir
étudié en profondeur les mouvements sociaux et de proposer un
schéma théorique destiné à l'analyse de leur action
en même temps que de leur structure. Selon TOURAINE, pour exister en tant
qu'organisation revendicatrice, tout mouvement social doit réunir
certains principes d'existence qui se résument en trois :
Ø Le principe
d'identité
Un mouvement social doit d'abord se donner une identité
en disant qui il représente, au nom de qui il parle, quels
intérêts il protège ou défend. Il s'agit ici de la
définition du groupe revendicateur, d'une manière qui soit
socialement identifiable et significative. Par exemple, un mouvement social
peut s'identifier en se disant le porte parole d'un groupe particulier :
la classe ouvrière, les femmes, les paysans, les étudiants...
Il peut aussi se dire porte parole des intérêts
d'une société globale (exemple de mouvement nationaliste) ou
encore il peut s'identifier à un groupe quasi global (exemple d'un
mouvement de consommateurs).
Il revient selon TOURAINE, pour comprendre la nature et
l'action d'un mouvement social de se demander : qui le mouvement dit-il ou
veut-il représenter ? Au nom de quels groupes parle-t-il ou
prétend-il parler ? De quels intérêts est-il le
défenseur ou le promoteur ?
Ces questions de TOURAINE sont utiles dans l'étude des
mouvements étudiants de l'UL car ils peuvent permettre de cerner tous
les contours du sujet.
Ø Le principe d'opposition
Un mouvement social existe parce que certaines idées ne
sont pas reconnues ou parce que des intérêts particuliers sont
brimés. Il lutte donc toujours contre une résistance, un blocage
ou une force d'inertie. Il cherche à briser une apathie, une opposition
ou une indifférence. Il a nécessairement des adversaires. Le
principe d'opposition est le deuxième principe d'existence des
mouvements sociaux d'après l'auteur de « Sociologie de
l'action ». Sans opposition, un mouvement social n'existe plus
en tant que mouvement social.
Ø Le principe de
totalité
Même quand il représente ou défend les
intérêts d'un groupe particulier, un mouvement social dit le faire
au nom de valeurs et réalités universelles qui sont reconnues ou
devraient l'être par tous les hommes et par la collectivité toute
entière. Ainsi les raisons qu'invoquent un mouvement social pour motiver
son action peuvent être : l'intérêt national, le bien
commun, la liberté humaine, le bien-être collectif, les droits de
l'homme, la santé de tous... C'est ce que TOURAINE appelle le principe
de totalité. Un mouvement social ne peut revendiquer sans que ce soit
au nom de quelque vérité de base, reconnue par tous les membres
de la collectivité. Ce principe est important pour expliquer la nature
et l'orientation d'un mouvement social.
TOURAINE a en outre élaboré une méthode
d'analyse de l'action historique qu'il appelle l'analyse actionnaliste.
Celle-ci a pour but d'expliquer comment se créent les valeurs, par
quelle logique et par quel cheminement elles apparaissent, s'expriment et
entraînent l'action des collectivités. Ce qui est
intéressant car cela rejoint la préoccupation de
réfléchir sur les logiques d'apparition des mouvements
étudiants de l'Université de Lomé.
TOURAINE trouve dans la multiplication des mouvements sociaux
une caractéristique des sociétés modernes. La
multiplication des mouvements sociaux est corrélative aussi à la
multiplication des élites selon l'auteur. Les mouvements servent
à expliquer certaines réalités sociales, que ce soit pour
les défendre, les critiquer ou pour proposer de les changer. Ils
constituent un puissant médium de participation. Ils servent à
développer et à entretenir une conscience collective
éclairée et combative dans une société ou dans un
secteur particulier de la société.
Pour tout dire, TOURAINE a beaucoup exploré le champ
d'étude des mouvements sociaux qui se sont imposés comme une
forme de participation à la vie publique.
Ce qu'on peut cependant reprocher à TOURAINE, c'est de
trouver dans ce qu'il appelle « nouveaux mouvements
sociaux » (antinucléaires, écologistes,
féministes, etc....), les mouvements dont la conflictualité ne
porterait plus sur l'exploitation, mais concernerait les orientations
culturelles de la société.
C'est en cela que Pierre COURS-SALIES (2003), propose une
approche historico analytique des mobilisations collectives qui combine une
réévaluation critique de la sociologie tourainienne et une
relecture du mouvement ouvrier dans ses premiers pas, largement
mythifiés. Les prises de position de TOURAINE lors des grèves de
l'automne 1995, n'y voyant qu'une coalition d'intérêts
corporatistes faisant l'impasse sur la « nécessaire
modernisation » de la société française, sont
intelligibles dans la continuité de sa théorisation sociologique
des mouvements sociaux.
La définition restrictive du mouvement ouvrier par
TOURAINE fait problème. COURS-SALIES, dans son analyse du syndicalisme
« cégéliste » d'avant 1914 rappelle
que le fondement du mouvement ouvrier n'est pas étroitement
socio-économique mais indissociable d'un projet d'émancipation
susceptible d'unifier tous les
« prolétaires », qu'ils soient travailleurs
manuels, intellectuels, industriels ou agricoles.
I.4.3 Les études sur les mouvements sociaux
africains
Des différentes études consacrées aux
mouvements sociaux africains, deux sont retenues.
En premier lieu, Achille MBEMBE (1985), après
s'être intéressé aux contextes d'émergence des
mouvements étudiants africains, s'est aussi préoccupé des
formes de répression utilisées.
Pour ce qui est des contextes d'émergence, il a
retenu : les conditions d'internat, la qualité de la nourriture,
l'insuffisance des bourses, les conditions d'étude, la solidarité
avec un ou plusieurs camarades victimes de ce qui peut paraître comme une
injustice. Ces revendications sont portées soit par des associations et
dans le cas contraire, un organe dirigeant tente de prendre la direction du
mouvement. Ces revendications nées autour de questions scolaires,
peuvent rapidement s'étendre à d'autres domaines de la vie
sociale.
Pour ce qui est des formes de répression
utilisées contre les étudiants, il retient la dissolution des
organisations, l'arrestation des dirigeants et leaders, les exclusions de
l'université, les descentes de l'armée sur le campus, les
suppressions de bourses...
Cette étude, bien que datant des années 1980 est
d'une actualité étonnante dans la plupart des pays africains et
au Togo en particulier. Ce que l'auteur n'a pas abordé et qui
constituera l'apport de ce sujet de mémoire, c'est d'expliquer la
persistance de ces mouvements malgré les formes de répression
qu'ils subissent.
En deuxième lieu, LAFARGUE (1996) a, dans une
recherche, mis en évidence pour tenter de mieux la combler, la double
lacune d'une sociologie africaniste qui a relativement négligé
les conduites collectives protestataires et d'une sociologie de la protestation
qui ne s'est pas encore durablement attardée sur les processus de
démocratisation. Elle s'est encore moins intéressée au
terrain africain selon l'auteur qui a, pour sa part, envisagé les
protestations collectives comme un élément
d'interprétation de processus qui emprunte autant aux modes de
régulations politiques, institutionnels, élitaires, qu'aux modes
organisationnels ou informels de prise de parole contre le pouvoir par les
gouvernés.
I.4.4 La contestation occulte
Dans les pays où la liberté d'expression
n'existe pas, la contestation occulte reste le meilleur moyen de contestation
de la majorité de la population. TOULABOR (1986) l'a si bien
démontré dans le cas du Togo des années 1970 et 1980. En
effet, cette contestation peut, selon l'auteur, prendre la forme des
prénoms dits authentiques qui ne sont rien d'autres qu'une protestation
à l'encontre du pouvoir. Ces prénoms aboutissent en
général à l'évocation du système
répressif, à la dénonciation des mensonges du pouvoir,
à la dérision politique.
Cette forme de contestation est encore présente
à l'Université de Lomé. Elle existe non sous la forme des
prénoms authentiques mais à travers des graffiti. Voici quelques
exemples collectés sur les bancs de l'Agora FLESH 1 :
« Pourquoi Dieu laisse Gnass vivre si longtemps
alors que les hommes qui luttent pour la paix, l'évangile
meurent ? »
« Satan a tant aimé le Togo qu'il a
envoyé son fils unique Gnass pour que les Togolais souffrent jusqu'au
05/02/05. Amen !!! »
« Car Gnass a tant aimé la souffrance des
Togolais qu'il a légué le Togo à son fils adoré
FAURE afin que quiconque le votera souffre davantage. »
« Gnassingbe I est parti,Gnassingbe II prend le
trône ». Réplique :
« Et alors où est le problème. Si tu ne cesses de
parler de GNASS et de son fils sur cette table, tu regretteras pour ta vie. Un
malheureux comme ça. » 2e
réplique : « Imbécile. Toi aussi
tu es manipulé. Repent toi vite ».
« Nos ?Z? FAURE. Nous sommes tous jeunes. Ne
sois pas comme ton père. Ok ! »
Réplique : « tu
as raison mon frère. Son père est un voleur qui a rendu riche
NATCHABA le salaud celui là qui se croyait le plus intelligent. Oh
NATCHABA j'ai pitié de toi. »
« Uniwax, l'élégance de
mère en fille. Togo, le pouvoir de père en fils. Tels
étant les slogans, votons alors Faure G. Vous n'aurez pas des aides mais
des bourses chaque mois + primes. Merci... »
Réplique : « Si ton
père était vraiment ton père, tu ne vas pas écrire
de pareils trucs. Enfant de pute. Tu es un con pour écrire pareil truc.
Il me semble que tu n'as pas de père. Les aides seront plutôt
multipliées par zéro. »
Après ces différentes recherches
déjà effectuées sur les mouvements sociaux, il est utile
de clarifier certains termes et concepts fondamentaux.
II Clarification des termes
Ø PROTESTATION, ACTION,
MOBILISATION : les définitions ne manquent pas d'autant
que sont employés indifféremment les termes de
« protestation », « action » ou
« mobilisation ». Entendus « au sens de toute
action concertée de un ou plusieurs groupes cherchant à faire
triompher des fins partagées » (PAGNUCCO R., 1995 :
145-183), tous qualifieraient un processus permettant à un
« groupe social de passer d'un état passif (...) à
la participation active à la vie publique » (C. TILLY,
1978 : 69). Pourtant, ces termes désignent des
phénomènes très variés, qui relèvent
à la limite de modes d'analyses différents quels que soient les
caractères qu'ils ont en commun, comme les « vastes
mouvements de politisation affectant un groupe social ; (...) (les)
manifestations de masse isolées au inscrites dans une succession
d'agitations et de troubles ; (la) consolidation d'engagements individuels
s'agrégeant en un mouvement organisé et
institutionnalisé » (LAGROYE, 1991 : 309).
L'objectif n'étant pas de rentrer dans une discussion sémantique,
les trois termes sont semblables.
Ø LUTTE REVENDICATIVE :
« Une lutte revendicative n'est pas en elle-même un
mouvement social ; elle peut être défense corporative,
utilisation de la conjoncture sur le marché du travail, pression
politique même » (TOURAINE, 1992 : 279).
De fait, pour que cette lutte évolue vers la formation d'un
véritable mouvement social, elle doit s'exprimer en fonction des valeurs
de la société qui l'environne. En outre, un mouvement social
n'est pas un facteur direct de changement, il ne vise pas à
détruire la forme et l'esprit de la société dans laquelle
il s'exerce. Il oriente, il induit par l'action collective de ses agents, des
modifications internes. ( LAFARGUE : 21)
Ø MOUVEMENT SOCIAL : Des
différentes définitions qui existent, celle de Guy ROCHER
(1968 : 146-17) est opératoire dans le cadre de cette étude.
Le mouvement social est selon l'auteur « une organisation
nettement structurée et identifiable, ayant pour but explicite de
grouper des membres en vue de la défense ou de la promotion de certains
objets précis, généralement à connotation sociale.
Ce qui caractérise principalement un mouvement social, c'est qu'il est
essentiellement revendicateur : il cherche à faire connaître
et à faire triompher des idées, des intérêts, des
valeurs, etc. Un mouvement social n'est donc ni un cercle d'étude
platonique, ni un ermitage ; il est forcément actif sur la place
publique. Il cherche à se gagner des adhérents, à retenir
l'attention du public ou d'un certain public et des élites
dirigeantes »
Ø MOBILISATION POLITIQUE : on
peut retenir avec François CHAZEL que la mobilisation politique
désigne « la création de nouveaux engagements et de
nouvelles identifications - ou quelquefois la réactivation de
loyautés et d'identifications oubliées - ainsi que le
rassemblement, sur cette base, d'acteurs ou de groupes d'acteurs dans le cadre
d'un mouvement social chargé, au besoin par la confrontation directe et
éventuellement violente avec les autorités en place, de
promouvoir et parfois de restaurer des fins collectives ». La
mobilisation politique suppose ainsi la réunion de trois
éléments constitutifs : l'activation des engagements et des
identifications, la formation d'un mouvement social, la définition de
fins collectives. Autant d'éléments qui peuvent recouvrir les
domaines les plus divers de l'action politique : aussi pourra-t-on faire
état de « mobilisation citoyenne », de
« mobilisation révolutionnaire », de
« mobilisation électorale », de
« mobilisation partisane » ou de « mobilisation
syndicale ».
La mobilisation politique se distingue de la mobilisation
sociale qui se rapporte, quant à elle, au changement social. Elle
désigne le processus de déliquescence des allégeances
traditionnelles et des transformations qui en dérivent : Karl
DEUTSCH, notamment suggère qu'en s'émancipant de son groupe
communautaire d'appartenance, l'individu tend à s'intégrer
à un public mobilisé dont la constitution renouvelle
profondément la configuration des sociétés et des
systèmes politiques qui en sont affectés. En ce sens, la
mobilisation est autant un processus de changement qu'un état qui se
mesure à l'aide d'indicateurs (urbanisation, alphabétisation,
essor des médias, développement d'un marché, essor des
communications etc.) (Guy HERMET, Bertrand BADIE, Pierre BIRN BAUM, Philippe
BRAUD, 1994 : 172)
CHAPITRE
2ème : METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
I- Techniques de collecte de
données
L'étude des mouvements étudiants de
l'Université de Lomé a été conduite grâce aux
techniques suivantes de collectes de données.
I.1 Recherche
documentaire
L'enquête documentaire dans le cadre du sujet a
nécessité la consultation d'ouvrages dans les domaines de
l'éducation et des mouvements sociaux. Elle a consisté en la
consultation d'études, articles, rapports et conférences sur le
sujet. Ces données ont été consultées sur internet,
à la bibliothèque nationale, au Centre Culturel français
de Lomé, à la bibliothèque Centrale de l'Université
de Lomé, à la bibliothèque de la Faculté des
Lettres et Sciences Humaines, à la bibliothèque de l'Institut
National des Sciences de l'Education, à la Commission Nationale des
Droits de l'Homme (CNDH), au Centre Régional des Nations Unies pour la
Paix et le Désarmement en Afrique (UNREC), au Centre de documentation de
la Banque Mondiale (surtout la recherche électronique).
Les données recueillies dans ces différents
centres de documentation ont permis l'obtention d'informations très
utiles sur le sujet d'étude et la précision de l'orientation
à donner à l'étude en tenant compte de ce qui a
été déjà fait.
La recherche documentaire a permis l'élaboration de la
problématique, l'identification des variables et des indicateurs, puis
la formulation des hypothèses et des objectifs. Cet aspect est
très important car il a dispensé l'étude d'une
pré-enquête.
C'est enfin grâce à l'analyse documentaire qu'une
revue de littérature a pu être faite.
S'il est vrai que l'analyse documentaire a fourni beaucoup
d'informations sur le sujet, il a été toutefois nécessaire
d'utiliser d'autres techniques de collecte de données pour mieux cerner
le sujet dans l'orientation spécifique qui lui a été
donnée.
I.2 Enquête
quantitative
I.2.1 L'univers d'enquête
L'étude a porté sur les étudiants de
l'Université de Lomé. L'effectif des inscrits en 2004-2005 est de
15249 étudiants répartis dans la quinzaine
d'établissements qui assurent leur formation. Même si cet univers
présente une homogénéité apparente, il faut
souligner qu'il renferme des étudiants de diverses nationalités
(Togolais, Nigériens, Camerounais, béninois, Tchadiens...), de
différents établissements et de différents niveaux. Il fut
donc important de dégager un groupe cible prioritaire.
I.2.2 Le groupe cible prioritaire
Très peu de mouvements ayant des objectifs purement
pédagogiques, la plupart réclame l'amélioration des
conditions d'existence (aides, bourses, logement, déplacement,
restauration...). Les étudiants togolais étant les seuls à
bénéficier de la majorité de ces services, ils constituent
ipso facto le groupe cible prioritaire.
En dehors du critère de nationalité, les
étudiants en deuxième cycle et plus (3e, 4e
année et plus) ont été particulièrement
concernés par l'enquête parce qu'ayant eu plus d'expérience
des mouvements étudiants.
Tous les établissements de l'Université de
Lomé sont concernés. Néanmoins, la Faculté des
Lettres et Sciences Humaines, la Faculté des Sciences Economiques et de
Gestion et la Faculté de Droit ont été
particulièrement ciblées parce qu'elles sont les plus actives
dans les manifestations contestataires à l'Université de
Lomé.
I.2.3 L'échantillonnage
Une parfaite connaissance de la population d'enquête a
conduit à l'échantillonnage à choix raisonné. Le
raisonnement a reposé essentiellement sur le degré d'engagement
dans les mouvements sociaux.
En effet, certains établissements sont plus dynamiques
que d'autres dans les manifestations contestataires étudiantes. Les
établissements les plus dynamiques sont la FLESH, la FASEG, la FDD et
dans une moindre mesure, la FDS. Par contre, la FMMP, l'ESA, l'INSE, l'EAM,
l'ESTBA, le CIC-CAFMICRO, l'IUT de Gestion, l'ESSD, l'ENSI sont moins
dynamiques.
Dans le respect du critère de
représentativité de l'étude, des moyens disponibles, de la
prévalence du problème traité et du nombre de variables
déterminé, trois établissements furent tirés au
sort parmi les plus dynamiques et trois établissements témoins
furent tirés parmi les moins dynamiques. Au total, 150 étudiants
furent interrogés dans les 6 établissements tirés. La
répartition suivante qui tient compte de l'importance numérique
des établissements et du degré d'engagement des étudiants
a été faite.
ETABLISSEMENT
|
SEXE
|
TOTAL
|
Masculin
|
Féminin
|
FLESH
|
49
|
10
|
59
|
FASEG
|
32
|
8
|
40
|
FDD
|
11
|
10
|
21
|
FMMP
|
9
|
5
|
14
|
ENSI
|
11
|
0
|
11
|
ESSD
|
3
|
2
|
5
|
Total
|
115
|
35
|
150
|
I.2.4 Choix et justification des
variables
I.2.4.1 Les
variables indépendantes
Ø LE SEXE : le sexe est important
car la participation diffère selon qu'on est étudiant ou
étudiante. Il se révèle en effet que les étudiants
sont plus engagés que les étudiantes.
Ø LA FILIERE D'ETUDE : la prise
en compte de la filière d'étude comme variable se justifie par le
fait que les formations reçues peuvent aussi influencer les
comportements. En dehors de la formation reçue, l'effectif des
filières peut aussi influencer. Ceci est d'autant vrai que les
étudiants de certains établissements sont reconnus comme les
« plus agités ».
Ø L'AGE : l'âge des
étudiants détermine leurs comportements vis-à-vis des
manifestations.
Ø LES CONDITIONS DE VIE : cette
variable est importante car la majorité des mouvements repose sur
l'amélioration des conditions de vie.
Ø L'APPARTENANCE POLITIQUE :
selon que les étudiants sont proches ou non du parti au pouvoir, le
degré d'engagement dans les mouvements étudiants
diffère.
Ø LE MILIEU D'ORIGINE : Le milieu
d'origine de l'étudiant est un facteur susceptible d'influencer ses
comportements.
Ø LA RELIGION : les discours
fréquemment tenus par les responsables religieux déterminent les
comportements de leurs fidèles.
I.2.4.2 La variable
dépendante
Il s'agit de la variable à expliquer. Dans le cadre de
cette étude, une seule variable dépendante a été
retenue : il s'agit de la persistance des mouvements étudiants
malgré les mesures répressives qui les accompagnent.
Trois indicateurs permettent de mesurer cette
variable :
I.2.5 Les
indicateurs :
- La fréquence des mouvements sur le
campus universitaire de Lomé : en effet, de 1990 à ce jour,
il n'y a pas eu d'année universitaire sans mouvement étudiant.
- L'existence des structures
mobilisatrices : la présence chaque année sur le
campus d'une structure capable de mobiliser les étudiants en vue de
revendications ponctuelles est révélatrice de la persistance des
mouvements étudiants.
- L'intensification des actions à
travers le temps : l'ampleur croissante des manifestations
étudiantes à travers le temps exprime la survie des mouvements
étudiants aux mesures répressives.
I.2.6 Elaboration
du questionnaire
Un questionnaire a été élaboré
avec la prise en compte des différentes variables. Composé de six
sections, il renferme des questions fermées. Un exemplaire du
questionnaire est annexé au document.
I.2.6.1 Le test du
questionnaire
Dans le souci de vérifier l'efficacité du
questionnaire, un test de 24 heures a été effectué. Il a
porté sur 10 étudiants de la FLESH et de la FMMP. Grâce
à ce test, des questions ont été reformulées,
certaines ont été supprimées, et d'autres ont
été introduites. Les questions ont été aussi bien
ordonnées grâce à ce test.
I.2.6.2
L'administration du questionnaire
Le questionnaire a été administré en deux
phases. La première phase s'est déroulée du 21 au 22
novembre 2005. Dans cette première phase, les étudiants de la
FDD, de l'ESSD et de la FMMP furent interrogés. La deuxième phase
eut lieu du 28 au 29 novembre 2005 et permit d'interroger les étudiants
de la FLESH, de la FASEG et de l'ENSI. L'administration a été
directe puisque tous les enquêtés sont des étudiants
capables de comprendre les questions posées. Les périodes
retenues pour l'enquête dans les différents établissements
se justifient par le fait qu'ils y ont repris effectivement les cours.
L'enquête a eu lieu avec une équipe composée
essentiellement de camarades d'amphis et d'amis étudiants.
L'administration étant directe, les enquêteurs n'ont pas eu besoin
d'une formation spéciale.
I.3 Enquête
qualitative
I.3.1 Les entrevues
Des séries d'entretien portant essentiellement sur les
objectifs, perceptions, motivations et attitudes en matière de
mouvements ont été réalisées. Les leaders de
mouvements étudiants constituent la base de sondage. Trente personnes
ont été interrogées. Certaines données ont
été enregistrées, d'autres ont fait l'objet d'une prise de
notes.
I.3.2 L'observation
Elle a été quelques fois participante.
L'observation des réactions durant les manifestations, les discours qui
y sont tenus ont permis une meilleure approche de ces mouvements.
Méthodes de traitement des
données
I.4 Le traitement
des données quantitatives
Le questionnaire étant bien structuré et
pré codé, il a été traité grâce au
logiciel SPSS.
I.5 Le traitement
des données qualitatives
Les informations recueillies dans le cadre de l'analyse
qualitative n'ont pas été collectées de façon
systématique comme ce fut le cas avec l'enquête quantitative.
Elles ont fait l'objet d'un regroupement thématique qui a permis de
dégager des conclusions.
Les difficultés
rencontrées
Cette recherche a été confrontée a des
difficultés de deux ordres : théorique et pratique.
I.6 Les
difficultés d'ordre théorique
L'une des difficultés majeures de cette recherche est
la non disponibilité de théories authentiques sur les mouvements
sociaux africains d'où la référence aux théories
sur les mouvements occidentaux. LAFARGUE (1996 : 20) le soulignait dans
l'introduction à son oeuvre : « L'analyse de la
protestation collective en Afrique reste un objet relativement
négligé des sciences sociales. Le fait qu'il n'y ait eu que peu
d'actions collectives au cours de la période postcoloniale impliquerait
que les comportements qui en résultent ne méritent pas une
attention soutenue, ce caractère très ponctuel n'étant pas
de nature à altérer véritablement les enjeux politiques.
Certes, si l'on se livre à une comparaison brute avec les
expériences européennes ou américaines, le nombre
d'actions collectives protestataires en Afrique ne peut qu'apparaître
ridicule. Cela ne semble pas cependant une bonne raison pour en
délaisser l'analyse. »
I.7 Les
difficultés d'ordre pratique
La grande difficulté d'ordre pratique est liée
à l'enquête sur le terrain.
En effet, certains enquêtés, compte tenu de la
situation socio politique du pays, éprouvent des craintes à
donner des informations dans le cadre de la collecte des données. Ce fut
le cas par exemple de cette étudiante en quatrième année
de gestion qui a accepté remplir le questionnaire structuré mais
s'est arrêtée au beau milieu en disant craindre les
éventuelles retombées des réponses sur sa personne.
Un autre étudiant en deuxième année de
droit mettait en garde ses camarades en ces termes :
« Faîtes très attention en remplissant ce
questionnaire. Etes-vous sûr qu'un étudiant va prendre son argent
pour multiplier tout ça sans qu'il y ait les mains d'un
politicien ? »
CHAPITRE
3ème : CHAMP D'ETUDE
I- Présentation de
l'université de Lomé
I.1 Historique
L'Université de Lomé fut créée le
14 septembre 1970. Elle s'appelait à l'époque Université
du Bénin et comptait 845 étudiants. Elle est devenue par
décret présidentiel N° 2001-094/PR du 09 mars 2001,
Université de Lomé.
A son ouverture, elle comptait cinq Ecoles (Lettres, Droit,
Techniques Economiques et de Gestion, Sciences et Médecine) qui sont
devenues des facultés en 1988.
L'Université de Lomé compte actuellement cinq
facultés (Lettres et Sciences Humaines, Médecine et Pharmacie,
Droit, Sciences Economiques et de Gestion, Sciences), cinq Ecoles (Ecole des
Assistants Médicaux, Ecole Supérieure d'Agronomie, Ecole
Nationale Supérieure d'Ingénieurs, Ecole Supérieure de
Secrétariat de Direction, Ecole Supérieure des Techniques
Biologiques et Alimentaires), trois Instituts (Institut National des Sciences
de l'Education, Institut Universitaire de Technologie de Gestion, Institut des
Sciences de l'Information, de la Communication et des Arts) ainsi que deux
centres (le Centre Informatique et de Calcul, le Centre de Formation à
Distance).
Jusqu'en 1997, elle a été dirigée par un
Recteur, Président du Conseil de l'Université, secondé par
un Vice-Recteur. Mais depuis la loi N° 97-14 du 10 septembre 1997,
modifiée par la loi N° 2000-002 du 11 janvier portant statut des
universités du Togo, elle est dirigée par un Président
assisté par deux Vice-Président.
En application à cette loi, un Président et un
Vice-président ont été nommés, respectivement par
décret N°200-249PR du 10 octobre 2003.
A ce jour, l'UL est le principal établissement
d'enseignement supérieur et de recherche au Togo. Avec 845
étudiants en 1970, elle compte en 2004-2005, 15249 étudiants. Cet
effectif aurait été plus important n'eut été la
création de l'Université de Kara, officiellement ouverte en
janvier 2004.
I.2 Situation
géographique
Avec une superficie de 300 hectares, l'UL est limitée
au nord par la rue passant devant le bâtiment de la Caisse Nationale de
Sécurité Sociale (CNSS), au sud par le quartier Tokoin
Doumasséssé, à l'est par le Boulevard Eyadema et à
l'ouest par la voie ferrée Lomé-Blitta.
I.3 Les services
centraux
I.3.1 Direction des
Affaires Académiques et de la Scolarité (DAAS)
Elle est chargée des inscriptions aux cours et aux
examens, de la gestion des étudiants, des affaires académiques
concernant les étudiants et les enseignants. Elle comporte cinq
divisions :
- la Division de l'Information et de l'Orientation ;
- la Division de la Scolarité ;
- la Division des Etudes du 3ème
cycle ;
- la Division de l'Accréditation et des Equivalences de
Diplômes ;
- la Division des Affaires Académiques.
I.3.2 Direction de
la Recherche (DR/UL)
Elle a pour mission de coordonner toutes les activités
de recherche au sein de l'université. Elle est également
chargée de l'organisation des Journées Scientifiques de
l'université qui, périodiquement, font le point de la recherche
dans tous les domaines d'activités des enseignants chercheurs.
Elle coordonne également les activités de la
Commission Scientifique et Pédagogique. En outre, elle enregistre et
codifie les centres et laboratoire de recherche et suit leurs activités
tout en respectant leur autonomie.
Elle est structurée en trois divisions :
- la Division des Sciences Fondamentales et
Appliquées ;
- la Division des Lettres et Sciences humaines ;
- la Division des publications à laquelle sont
rattachées les Presses de l'UL.
I.3.3 La
Bibliothèque Universitaire (BU)
Elle gère une bibliothèque centrale et des
bibliothèques spécialisées dans les facultés,
écoles, instituts et départements.
I.3.4 La Direction
des Archives (DA)
Elle assure la collecte et la gestion des archives de
l'université, ainsi que l'inspection des archives des
établissements et services de l'université.
I.3.5 La Direction
de l'Information, des Relations Extérieures et de la Coopération
(DIRECOOP)
Elle a pour mission de concevoir, proposer et appliquer les
politiques et stratégies de l'université en matière de
coopération internationale, participer à la planification,
à la négociation et à l'évaluation des programmes
et activités relatives à la coopération internationale, en
collaboration avec les facultés, écoles et instituts de
l'université.
Elle vise aussi à recueillir et à diffuser
l'information sur les activités de l'université, à assurer
la promotion des expertises de l'université auprès des agences et
des établissements susceptibles de les mettre à contribution, et
représenter l'université auprès d'organismes à
vocation internationale.
Elle comprend :
- une Division de l'Information qui publie
campus-actualité
- une Division des Relations Extérieures.
I.3.6 La Direction
de la Planification et de la Prospective (DPP)
Elle est chargée de la politique de
développement de l'Université de Lomé (Programmation des
infrastructures, relations avec les services publics et privés en vue
d'une meilleure adéquation formation/emploi).
Elle comporte trois divisions :
- la Division des Etudes ;
- la Division de la programmation des infrastructures ;
- la Division de la coordination architecturale et des
réalisations.
I.3.7 La Direction
des Ressources Humaines (DRH)
Cette direction est responsable de la prise en charge du
personnel, depuis le recrutement jusqu'à la retraite (description des
profils des postes, qualité des ressources humaines, formation,
promotion, définition et gestion des plans de carrière).
I.3.8 La Direction
de la Gestion du Domaine Universitaire (DGDU)
Elle est chargée de la maintenance des infrastructures
(bâtiments, voies de communication, électricité, eau,
téléphone). Elle est responsable du parc automobile, du garage,
de la gestion des espaces verts et de la propreté du domaine
universitaire. Les ouvriers spécialisés et les chauffeurs lui
sont rattachés.
I.3.9 La Direction
des prestations de Services et des Relations avec le Monde du Travail
(DPSRMT)
Elle coordonne les activités de prestations de
services. A ce titre, elle est chargée de mettre en place les
infrastructures nécessaires pour leur réalisation,
d'établir le répertoire des expertises disponibles, de rechercher
et de diffuser des contrats de prestations de services et de consultation.
I.3.10 Le Centre des OEuvres Universitaires de Lomé
(COUL)
Il offre aux étudiants les services d'accompagnement et
d'appui aux activités scolaires : le logement, la restauration, le
transport, le service médical, le service social, les activités
culturelles et les activités sportives.
I.3.11 L'Office du Baccalauréat
Il est chargé de l'organisation de tous les examens qui
déterminent la collation du grade de bachelier de l'Enseignement du
Troisième Degré. Il délivre en outre tous les
diplômes officiels dans toute les séries et options qu'il
gère.
Historique des mouvements
contestataires au Togo
L'historique des mouvements contestataires au Togo se doit de
s'intéresser d'abord à des événements clés
de la période coloniale, ensuite à quelques
événements de la période post indépendance et
enfin, à la période d'après le 05 octobre 1990.
I.4 La
période coloniale
I.4.1 La
période allemande
L'histoire du Togo place le pays sous protectorat allemand
après le traité signé entre le Chef MLAPA III de Togoville
et Gustav NACHTIGAL le 05 juillet 1885.
En 1899, l'occupant allemand entreprit au Togo de grands
travaux à base de travaux forcés. Les populations locales se
révoltèrent. Les résistances étaient plus fortes
autour de Kpalimé et encore plus organisées dans les
contrées Komkomba, Bassar, Kabyè et Gourma au nord du pays. Les
révoltes s'intensifiaient au fuir et à mesure que les Allemands
s'enfonçaient à l'intérieur des territoires du Togo
conquis. Il y eut ainsi jusqu'en 1900, des soulèvements,
répressions, négociations qui ont fait assez de martyrs.
I.4.2 La
période française
A la fin de la première guerre mondiale, l'Allemagne
perdit le Togo qui fut partagé entre Anglais et Français. La
partie française, actuel Togo, a connu la promotion par la France des
regroupements d'autochtones favorables à leur présence. Ainsi fut
institué en 1922, un conseil de notables. La contre action ne tarda
point et prit la forme des « duawo » qui signifie en ewe
« les peuples » en 1931.
En effet, la population avait vu la perte d'efficacité
des notables et accordait désormais davantage sa confiance à un
groupe d'hommes plus jeunes, moins riches, et surtout, moins compromis avec le
pouvoir. A la suite de la grande crise économique de 1929,
l'administration coloniale du Togo, voyant l'effondrement des recettes
douanières dont elle vivait, n'avait d'autres solutions que
l'augmentation de la fiscalité directe (impôt des habitants) alors
que les revenus des populations ne cessent de diminuer. Les
« duawo » mirent la population au courant des nouvelles
taxations et entreprirent des actions pour obtenir l'annulation de ces
mesures.
L'administration coloniale fit jeter en prison le 24 janvier
1933 deux leaders : Kobine GHARTEY et Michel JOHNSON. Les femmes du
marché de Lomé, sans aucune préméditation,
organisèrent spontanément une marche de protestation qui aboutit
à la libération des deux « duawo » le
même jour. Les taxations étant restées intactes
après la libération des prévenus, les manifestations
reprirent le lendemain et aboutirent au retrait des taxes.
Les troupes arrivées de Côte d'Ivoire
organisèrent, à la suite de ces manifestations, une
répression sévère qui, déboucha sur des
arrestations, condamnations à des peines de prison, l'exil ou même
des tueries (quartier Hanoukopé).
A la même période à peu près, les
adeptes du retour éventuel des Allemands se manifestèrent en
association « TOGOBUND » et furent soutenus par la DTG
(Deutche Togo Gesellschaft), une société commerciale
togolo-allemande. Pour contre attaquer, l'administration française a
soutenu la création du Cercle des Amis de la France en 1936 qui
deviendra en 1941 le Comité de l'Unité Togolais (CUT) devant
regrouper notables du sud et du nord. Le vice président était
alors Sylvanus OLYMPIO.
Le 21 juin 1957, avec la visite d'une délégation
de l'ONU au Togo, les indépendantistes togolais manifestèrent
leur désapprobation des méthodes de l'occupant français et
ils furent sévèrement réprimés.
I.5 Historique des
mouvements sociaux de l'indépendance à 1990
Le 27 avril 1960 fut proclamée l'indépendance du
Togo. Le Comité de l'Unité Togolaise (CUT) avait le pouvoir.
Toutefois, l'arrivée du CUT au pouvoir correspond à une
période de tension sociale que la seule euphorie de la victoire ne
justifie pas. Des heurts et des échauffourées violents, parfois
sanglants, opposant les partisans du CUT et du PTP sont constamment
rapportés dans la presse. Par exemple, à Lomé le 12 mai
1958, à l'occasion du procès intenté par deux candidats
battus du CUT et leurs adversaires élus du PTP, on compte plusieurs
blessés. Le 16 juin de la même année, à 15 km de
Lomé, un incident opposant les deux formations fait un mort et une
soixantaine de blessés. (Le monde, 18 juin 1958). Tout au long de cette
période qui va de 1960 à 1963, fréquents sont les
incendies de maisons, les brimades, les cas de violence
caractérisée, les chasses aux sorcières entraînant
mort d'hommes.
En 1961, le CUT devenu Parti de l'Unité Togolaise (PUT)
fait de S. OLYMPIO, le président à vie du Togo au cours de son
congrès annuel (TOULABOR, op.cit. : 22).
Le 13 janvier 1962, le gouvernement dissout toutes les
associations constituées au Togo, les responsables étant
accusés de fomenter un coup d'Etat. Le Togo connaît de fait un
régime à parti unique. C'est dans ce contexte qu'intervint le 13
janvier 1963, un coup d'Etat militaire qui met fin à la Première
République.
Ce coup d'Etat a conduit à la constitution d'un
régime civil reposant sur le bicéphalisme. Ce nouveau
régime n'allait que de crises en crises.
En effet, le 21 novembre 1966, à la suite d'une grave
crise entre le Président GRUNITZKY et son vice MEATCHI, le PUT, en
association avec le camp de MEATCHI dont une partie de la hiérarchie
militaire, convia la population dans les rues. Les manifestants
réclamaient le départ de GRUNITZKY, de nouvelles élections
mais aussi la traduction en justice des auteurs du coup d'Etat du 13 janvier
1963. Sur ce dernier point, le mouvement fut sévèrement
réprimé.
Un nouveau coup d'Etat orchestré le 13 janvier 1967
mit, aux commandes de l'Etat, un régime militaire dirigé d'abord
par le Colonel Kléber DADJO, puis par Etienne Eyadéma.
Le 13 mai 1968, la confédération syndicale,
Union Nationale des Travailleurs du Togo (UNTT) lançait un mouvement de
grève qui était le tout premier auquel le nouveau régime
du général Eyadéma était confronté. En
effet, à la suite de l'arrestation et de l'expulsion du nouveau
président de l'UNTT issu du sixième congrès statutaire du
10 au 12 mai 1968, les dirigeants syndicalistes lancèrent une
grève générale à partir du 13 mai. Cette
grève fut totalement suivie par les enseignants des
établissements officiels et les employés de banque. Ce n'est
qu'après la libération et le rétablissement dans ses
fonctions du syndicaliste arrêté que la grève prit fin le
25 mai 1968.
Malgré les tentatives de contrôle de l'action
syndicale par l'Etat dans les années suivantes, la base de l'UNTT n'a
cessé de rester remuante. Aussi recense-t-on au long de l'année
1972, de nombreux mouvements de grève dans les sociétés
d'Etat comme les chemins de fer du Togo, le port autonome de Lomé, la
féculerie de Ganavé, la CTMB.
Tout ceci conduisit le 04 décembre 1972, à la
dissolution de tous les syndicats existant dans le pays. En janvier 1973 fut
créée la centrale syndicale unique : la
Confédération Nationale des Travailleurs du Togo (CNTT).
Cependant, le problème de la contestation
ouvrière ne fut pas pour autant résolu. Des grèves
organisées en dehors des structures officielles sont recensées.
En témoignent la grève des dockers de Lomé en 1978 pour
protester contre les salaires et les conditions difficiles de travail, celle
des chauffeurs de taxi en mai 1980 contre la baisse de leur pouvoir d'achat
consécutive à un fort relèvement du prix de l'essence et
au blocage des tarifs de la prise en charge décidés par les
autorités publiques. La protestation la plus spectaculaire dans ce
contexte fut le hold-up organisé en 1975 par les ouvriers de la CTMB
à la suite de la nationalisation de la société avec comme
conséquences, la diminution du salaire plafond des ouvriers de 17000
FCFA à 12000 FCFA, la remise en cause de tous les acquis sociaux et
salariaux, le retard dans les payements.
Ces revendications ouvrières allaient de pair avec
celles du monde universitaire.
Le 15 novembre 1968, les étudiants de la section
littéraire du Centre d'Enseignement Supérieur (CES), embryon de
la future Université de Lomé se mettaient en grève pour
protester contre le non paiement des bourses d'études et des primes
d'équipement. Ils obtiennent satisfaction quatre mois plus tard. Le 13
mai 1969, les étudiants du CES de Lomé cessèrent les cours
en guise de solidarité avec leurs camarades du CES de Porto-Novo en
grève depuis le 09 mai pour protester contre une décision du
gouvernement dahoméen de construire la cité universitaire dans
l'enceinte du Lycée Béhanzin.
En avril 1975, habilement abritée derrière le
slogan du parti unique « RPT, haut lieu de dialogue »,
l'Association des Etudiants de l'Université de Lomé, dans une
lettre ouverte, mettait le chef de l'Etat devant ses responsabilités au
sujet de l'implantation à l'université de cellules de la JRPT
à laquelle elle était farouchement opposée.
En avril 1977, des tracts soulignant la nature « pro
impérialiste », « anti-populaire » et
« régionaliste » du régime du
général Eyadéma circulent à Lomé. Le
Président est traité de « valet de
l'impérialisme international notamment français », et
les tracts s'interrogent sur sa « capacité »
à gouverner vraiment le pays dans « l'intérêt
général ». Le pouvoir réagit vivement en
procédant à d'innombrables perquisitions et arrestations. Ainsi,
le 18 avril 1977, une trentaine de personnes soupçonnées sont
arrêtées dont 12 professeurs du Syndicat National de
l'Enseignement Technique Secondaire et Supérieur (SNETSS) et 4
étudiants voltaïques.
Il faut dire que jusqu'en 1977, le SNETSS a réussi
à garder son autonomie par rapport à la CNTT que le chef de
l'Etat a voulu imposer à l'ensemble des travailleurs.
Il est enfin indispensable de souligner que de 1960 à
1990, une forme de protestation occulte est remarquable chez les Togolais.
C'est le cas des prénoms qui dénoncent les différents
actes du régime. Cet aspect a été déjà
abordé dans la revue de la littérature.
I.6 La contestation
de 1990 à 2004
L'année 1990 inaugure l'ère des vraies
contestations ouvertes que le régime du général
Eyadéma, installé depuis 1967 devrait affronter.
Au début de l'année 1990, le Mouvement National
des Etudiants et Stagiaires du Togo (MONESTO), intensifie des protestations
après une décision du gouvernement visant à suspendre le
versement de toute bourse nationale à ceux qui manifestent contre le
régime. Des manifestants furent arrêtés. A la suite d'une
réunion le 02 avril 1990, l'étudiant Nayonne disparut. Avocats et
professeurs fondèrent la Ligue Togolaise des Droits de l'Homme le 20
juillet 1990. Cette Ligue accuse l'Etat de procéder à des
arrestations et à des actes de torture à l'encontre des
activistes de la démocratie...
D'autres nouveaux regroupements dont l'Association Togolaise
de lutte contre la Torture (ATLT) de Jean Yaovi DEGLI et l'Association
Togolaise pour la Liberté de la Presse (ATLP) virent le jour.
Le 05 octobre 1990, eut lieu le procès de deux
étudiants DOGLO Agbelenko et LOGO Dossouvi, condamnés à
cinq ans d'emprisonnement pour fabrication et distribution de tracts
mensongers. Des jeunes, rassemblés devant le Palais de Justice,
manifestèrent contre le verdict et exigèrent la fin de la
dictature du Président Eyadéma en scandant l'hymne
« Terre de nos aïeux » interdite à
l'époque. La manifestation s'est transformée en émeutes
entraînant morts et blessés. Ce jour fut baptisé
« le vendredi noir », allusion faite aux fumées des
pneus brûlés par les manifestants.
Le 12 mars 1991, les étudiants du campus universitaire
de Lomé manifestèrent pour réclamer la reconnaissance des
associations d'étudiants, la dissolution et l'interdiction des amicales
étudiants à caractère tribal, l'interdiction formelle du
port d'armes et instruments de violence sur le campus, le respect de
l'autonomie universitaire vis-à-vis du pouvoir politique, l'attribution
des bourses d'études universitaires non sur la base de
considérations régionales mais sur les critères de
conditions socio-économiques, de mérite et d'âge...
Ce mouvement de grève fut sévèrement
réprimé et des étudiants furent arrêtés. Le
15 mars 1991, les femmes descendirent dans les rues de Lomé pour
protester contre les mauvais traitements dont furent victimes leurs enfants. Le
16 mars, le Front des Associations pour le Renouveau (FAR), dirigé par
Me AGBOYIBO, organisa un mouvement de soutien aux étudiants
malgré l'interdiction du gouvernement. Des morts et blessés
furent recensés après le face à face manifestants et
forces de l'ordre. « La Nouvelle Marche » du lundi 18 mars
1991 dressa un bilan de deux morts et des dégâts
matériels.
Tout ceci contraint le Président de la
République à rencontrer les responsables du FAR dans la
journée du 18 mars 1991. On assiste à la mise en place d'une
commission mixte paritaire qui doit trouver des solutions aux questions qui
sont l'objet des manifestations.
Le 04 avril 1991, les élèves de l'enseignement
catholique manifestent à Lomé pour soutenir leurs enseignants
dans leurs revendications salariales. Le 05 avril, deux des jeunes manifestants
essayant de faire descendre la statue en bronze du chef de l'Etat,
érigé devant la maison du RPT furent abattus par des
militaires.
Vu les agitations du monde universitaire et scolaire, le 08
avril 1991, l'Université du Bénin et tous les
établissements publics et privés d'enseignement et de formation
professionnelle furent fermés sur toute l'étendue du territoire
national. Ils ne seront ouverts que le 06 mai 1991.
Pour leur part, les chauffeurs de taxi entament le 08 avril,
une grève pour protester contre la hausse des prix du carburant. Le
lendemain, un arrêté interministériel ramena les prix de
vente de carburant à leur niveau antérieur.
Le 09 avril, fut décrété un couvre-feu
sur toute l'étendue du territoire national de 19 heures à 6
heures du matin.
Le 10 avril 1991, les manifestations atteignent Aného
et Vogan. Ce même jour, le Conseil des ministres élargi au
comité central du RPT se réunit. Un projet de loi autorise la
création et l'organisation des partis politiques.
Le 11 avril 1991, le Chef de l'Etat, dans son message à
la Nation lance le processus de création des
partis : « Togolaise, Togolais, le processus devant
nous conduire au multipartisme est désormais arrêté. Comme
convenu, l'Assemblée Nationale examinera et votera les projets de loi
portant amnistie générale et charte des partis afin que nous
puissions les promulguer le 12 avril 1991. Ainsi, à compter du 12 avril,
les partis politiques pourront se constituer et exercer leurs
activités » (Extrait du discours à la Nation,
« La Nouvelle Marche » du 12 avril 1991 : 3).
Ce 11 avril, 28 corps dont deux femmes enceintes et une,
portant un enfant au dos, furent découverts dans la lagune de Bè
à Lomé. Face à l'indignation totale, le pouvoir vote le 12
avril 1991, une amnistie générale, à la base de laquelle,
certains Togolais jusque là « persona non grata » au
Togo avaient désormais le droit d'y revenir.
Le 16 avril 1991, le Président de la République
décrète un deuil national de 24 heures en mémoire de
toutes les victimes, notamment celles dont les corps ont été
retrouvés dans la lagune de Lomé. Auparavant, le 15 avril, la
Ligue Togolaise des Droits de l'Homme lance un mot d'ordre de grève de
48 heures, bien suivi par les conducteurs de taxi. Cette grève paralysa
les activités à Lomé.
Tous ces faits ont été déterminants dans
le processus de libéralisation politique au Togo. Ainsi le 16 mai 1991,
lors d'une rencontre entre le Front de l'Opposition Réuni et le
Président de la République, la question d'une Conférence
Nationale fut soulevée. Le 25 mai, un comité préparatoire
fut mis sur place. Ce comité prépara cette conférence qui
débuta après plusieurs reports le 08 juillet 1991.
Le 10 juillet 1991, troisième jour après
l'ouverture de la conférence, l'opposant Andoch BONIN, rentré
d'exil de France fut arrêté. Les manifestations de rue
réclament sa libération. La conférence a exigé et
obtenu cette libération avant la suite des travaux. Un gouvernement de
transition fut mis en place à la fin de la conférence nationale
souveraine.
Du 23 au 24 octobre 1992, les membres du H.C.R, institution de
la transition, furent pris en otage par des militaires.
Le 16 novembre 1992, une grève générale
illimitée fut lancée pour exiger le respect de la transition. Le
25 janvier 1993, lors d'une visite de médiation des ministres allemands
et français de la coopération, les Loméens
organisèrent au jardin Fréau, une manifestation populaire en
faveur de la démocratie. Un militaire fut tué dans le quartier
Bè. Une expédition punitive des Forces Armées Togolaises
(FAT) qui fit plusieurs morts et blessés dura du 25 au 31 janvier
1993.
Ces mouvements qui viennent d'être décrits ne
sont que des exemples parmi tant d'autres mouvements connus par le Togo de 1990
à ce jour. C'est ainsi que de 1990 à 2005, il est difficile
à l'Université de Lomé, d'affronter une année
universitaire sans mouvement étudiant.
Les mouvements étudiants de l'année
universitaire 2000-2001 ont mobilisé des étudiants autour de
boycotts de cours, grèves... A travers ces manifestations, les
étudiants réclamaient arriérés de bourses et aides
scolaires. Dans son souci de résolution de la crise, le chef d'Etat
d'alors, le Président GNASSINGBE Eyadéma se rendit avec des
membres du gouvernement à l'Université de Lomé pour
appeler les étudiants à la reprise des cours. Ces derniers ne
suivirent pas cet appel. Une année blanche fut
décrétée dans la plupart des grandes facultés. Les
frais d'inscription et des oeuvres universitaires furent majorés. Les
bourses furent supprimées, les tranches d'aides furent réduites
(de 120000 F à 60000 F).
L'année universitaire 2003-2004 a aussi connu des
séries de mouvements étudiants qui ont pris une ampleur
inattendue le 30 avril 2004. En effet, ce 30 avril, les étudiants
réclamant l'amélioration des conditions de vie à travers
des manifestations sur le campus, ont réagi énergiquement
à l'intervention policière qui vise la gestion de leurs
mouvements. L'affrontement forces de l'ordre - étudiants a duré
et a connu l'intervention des gendarmes et des unités d'élite de
la garde présidentielle communément appelées
« bérets verts ». Plusieurs blessés furent
recensés parmi étudiants et forces de l'ordre. Des
étudiants furent jugés et condamnés à 18 mois de
prison ferme.
Ces deux séries de mouvements étudiants ne sont
que des exemples types de mouvements étudiants et sociaux connus par le
Togo.
Sans trop rentrer dans les détails, il est important,
pour finir avec l'historique des manifestations protestataires au Togo, de
mentionner qu'après le décès du président
Eyadéma, et la prise de pouvoir par son fils Faure installé par
l'armée au mépris des dispositions de la constitution, des
séries de manifestions protestataires ont émaillé la
scène politique togolaise.
Les différentes manifestations protestataires sont
souvent organisées par des partis politiques, associations ou
organisations de la société civile. Il urge donc de
s'intéresser à la législation en matière
d'association au Togo.
III. La législation en matière d'association au
Togo
Les associations au Togo sont régies par la loi du
1er juillet 1901. En effet, l'article 1er du
décret N° 46-432 du 13 mars 1946
stipule : « Les titres I et II de la loi du 1er
juillet 1901 relative au contrat d'association, modifiée par les
décrets-loi des 23 octobre 1935 et 12 avril 1939 sont
déclarés applicables à l'Afrique Equatoriale
Française, à Madagascar et Dépendances, aux
établissements français de l'Inde et de l'Océanie,
à la Guyane, à la Côte française des Somalis,
à la Nouvelle-Calédonie et dépendances, au Togo et au
Cameroun » (J.O.T. du 16 avril 1946 : 328)
Comment en est - on arrivé à cette loi
française qui est devenu une référence internationale en
matière d'association ?
L'avènement de la liberté d'association acquise
le 1er juillet 1901 a été favorisé par un
certain nombre d'évolutions dont les origines remontent à la fin
du Second Empire.
Le 1er juin 1971, fut votée la loi Le
Chapelier qui aboutit à la prohibition de toute coalition. Une
tolérance de plus en plus grande fut observée à
l'égard des regroupements organisés de personnes. La loi du 25
mai 1864 abolit le délit de coalition et permet aux ouvriers de faire
grève et de se concerter pacifiquement.
Un pas important sera franchi avec la loi du 2 juillet 1867
qui légalise les sociétés ouvrières de
coopération. Ces sociétés géraient des commerces de
produits de première nécessité et investissaient les
bénéfices réalisés dans les activités
d'assistance aux plus nécessiteux. La loi du 6 juin 1868 autorise les
réunions publiques sous condition de déclaration
préalable. Par ailleurs, les pouvoirs publics, sous le Second Empire,
encouragent fortement la création de sociétés de secours
mutuels.
Sous la troisième République, fut votée
la loi du 21 mars 1884 qui légalise les syndicats, en leur offrant un
cadre très libéral.
En 1899, Waldeck-Rousseau prend la tête du gouvernement
et compte parmi ses objectifs prioritaires, la mise en place de la
liberté d'association. Ceci s'est concrétisé avec la
promulgation le 1er juillet 1901 du texte relatif à la
liberté d'association. L'association y est défini en ces
termes : « L'association est la convention par laquelle
plusieurs personnes mettent en commun, d'une façon permanente, leurs
connaissances ou leur activité dans un but autre que de partager des
bénéfices. » (Article 1er de la loi du
1er juillet 1901 sur les associations).
Cette loi institue un régime très
libéral, en rupture complète avec une tradition séculaire
de méfiance à l'égard de toute coalition hors du
contrôle des pouvoirs publics.
Ainsi, les citoyens se voient reconnaître
l'entière liberté de s'associer. Selon l'article 2 :
« Les associations de personnes pourront se former librement sans
autorisation ni déclaration préalable ». Aucune
formalité n'est requise. Ce n'est que si les membres de l'association
désirent qu'elle acquiert la personnalité juridique (pour
pouvoir, par exemple, agir en justice) qu'ils doivent la déclarer en
préfecture. Mais même dans ce cadre, le libéralisme est de
mise, puisque le préfet ne peut refuser de délivrer un
récépissé. Ce n'est qu'ultérieurement qu'il pourra
agir, s'il juge par exemple que l'association s'est fixée un but
illégal.
Il importe de préciser à propos de cette
disposition au Togo, que c'est au ministère de l'administration
territoriale et de la décentralisation que sont déclarées
les associations.
Le but de l'association est laissé au libre choix de
ses membres fondateurs : « Toute association
fondée sur une cause en vue d'un objet illicite, contraire aux lois, aux
bonnes moeurs, ou qui aurait pour but de porter atteinte à
l'intégrité du territoire national et à la forme
républicaine du gouvernement, est nulle et de nul
effet. » (Article 3).
Le dernier élément qui confirme le
caractère libéral du régime des associations avec la loi
de 1901 est la très grande latitude laissée aux membres pour la
rédaction des statuts de l'association. Ceci s'inscrit dans une parfaite
logique juridique puisque la loi du 1er juillet définit
l'association comme un contrat. Or en droit français, le contrat est la
« chose des parties », ces dernières
étant libres, sous réserve de ne pas mettre en cause les bonnes
moeurs ou l'ordre public, du contenu de leur convention. De même, la loi
n'impose aucune forme, aucun contenu précis aux statuts de
l'association. Il appartient dès lors aux membres de l'association
eux-mêmes de déterminer la forme, les organes, les règles
de fonctionnement de leur création.
Cependant, les associations reconnues d'utilité
publique, qui obtiennent certains avantages en matière de financement,
se voient imposer des règles qui sont définies par décrets
en Conseil d'Etat.
C'est dans ce sens que l'ex premier ministre Joseph Kokou
KOFFIGOH, par décret N° 92-130/PMRT du 27 mai 1992, fixe les
conditions de coopération entre Organisations Non Gouvernementales (ONG)
et le Gouvernement togolais.
Au regard de tout ce qui précède, retenons que
la législation en matière d'association au Togo, est pratiquement
la même que celle en vigueur en France.
Toutefois, si la loi régissant les associations au Togo
parait simple, les tracasseries administratives viennent compliquer l'obtention
de l'agrément ministériel qui offre des avantages aux
associations. Entre autres mesures, l'enquête de moralité sur les
membres de la structure dirigeante des associations par la Direction des
Renseignements Généraux qui prend souvent du temps, ne facilite
pas les démarches en vue de la reconnaissance officielle des
associations. En plus de cela, les associations dans lesquelles l'on
perçoit des activités allant à l'encontre du pouvoir en
place, se voient refuser l'agrément. C'est le cas de la Ligue Togolaise
des Droits de l'Homme qui n'a pas encore obtenu son agrément depuis sa
création en 1990. C'est aussi le cas des associations et mouvements
estudiantins qui ont des difficultés à être reconnus par
les autorités politiques et universitaires. Comme exemple, la lettre de
non reconnaissance du Mouvement pour l'Epanouissement de l'Etudiant Togolais
(MEET), adressée par le Président de l'UL au président du
MEET (voir annexe). Par contre, des associations proches du pouvoir en place
obtiennent en un temps record leur agrément. C'est le cas par exemple du
Haut Conseil des Associations et Mouvements Estudiantins (HACAME).
DEUXIEME
PARTIE :
PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES - INTERPRETATION
DES RESULTATS
CHAPITRE
4ème : PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES
Dans cette phase de présentation et d'analyse des
données, tous les tableaux et graphiques ont comme source,
l'enquête réalisée dans le cadre de ce mémoire en
novembre 2005 à l'UL.
I- Caractéristiques des
enquêtés
I.1
Répartition des enquêtés selon le sexe
Tableau 1 : Répartition des
enquêtés selon le sexe.
SEXE
|
EFFECTIF
|
FREQUENCE (%)
|
Masculin
|
115
|
76,7
|
Féminin
|
35
|
23,3
|
TOTAL
|
150
|
100
|
Ce tableau présente la répartition par sexe des
enquêtés. La lecture du tableau révèle que sur les
150 étudiants de l'échantillon, 115 (76,7 %) sont de sexe
masculin, et 35 (23,3 %) sont de sexe féminin. Les garçons sont
majoritaires et cela se comprend aisément si l'on sait qu'ils
dépassent largement les filles en effectif à l'Université
de Lomé.
I.2
Répartition des enquêtés selon l'âge.
Graphique 1 : Répartition des
enquêtés selon l'âge
![](crise-societe-mouvements-sociaux-estudiantins-universite-lome2.png)
Le graphique ci-dessus présente la répartition
des enquêtés selon l'âge. En effet, l'âge des
enquêtés varie de 19 à 34 ans. Les enquêtés de
19 ans représentent 3 % de l'échantillon soit 4 étudiants
sur les 150. Ceux de 20 ans représentent 7 % (10/150), les 21 ans :
9 % (14/150), les 22 ans : 13 % (20/150), les 23 ans : 15 % (22/150)
et les 24 ans 15 % soit 22 étudiants sur les 150 de
l'échantillon. Il est à noter que les étudiants de 23 ans
et de 24 ans ont la même proportion dans l'échantillon. Les
étudiants de 25 ans sont 18 % (29/150) et constituent l'âge le
plus représenté dans l'échantillon.
Tout comme les 21 ans, les étudiants de 26 ans
représentent 9 % de l'échantillon, ceux de 27 ans 6 % (9/150) et
ceux de 28 ans 2 % (3/150).
Les étudiants de 30, 31 et 34 ans représentent
chacun 1 % de l'échantillon.
Il faut noter que même si l'âge des
enquêtés va de 19 à 34 ans, les âgés de 29
ans, 32 et 33 ans ne figurent pas dans l'échantillon.
Un regroupement des âges permet de constater que
très peu d'étudiants moins âgés figurent dans
l'échantillon. Ainsi donc, les 19-20 ans ne représentent que 10
%. Cela se comprend du moment où l'échantillonnage a
privilégié les étudiants qui ont plus d'expérience
des mouvements, donc ceux qui sont en deuxième année au moins et
plus.
I.3
Répartition des enquêtés selon la religion
Graphique 2 : Répartition des
enquêtés selon la religion
![](crise-societe-mouvements-sociaux-estudiantins-universite-lome3.png)
Ce graphique retrace clairement l'évolution de
l'effectif des enquêtés selon leur appartenance religieuse. Les
catholiques représentent 63,3 % (95/150) de la population
enquêtée et sont les plus nombreux. Ils sont suivis par les
protestants (24,7 % : 37/150) et les musulmans (9,3 % : 14/150).
Viennent enfin les adeptes des sectes (2 % : 3/150) et de la religion
traditionnelle (0,7 % soit 1/150).
I.4
Répartition des enquêtés selon la durée
d'inscription à l'Université de Lomé.
Graphique 3 : Répartition des
enquêtés selon la durée d'inscription à l'UL
![](crise-societe-mouvements-sociaux-estudiantins-universite-lome4.png)
La durée d'inscription au campus étant retenue
comme élément pouvant déterminer le degré
d'engagement dans les mouvements étudiants, très peu
d'étudiants ayant fait seulement une année à
l'Université de Lomé ont été interrogés. Ils
constituent 3,3 % soit 5 enquêtés sur les 150. Par contre, les
étudiants ayant fait deux ans représentent 20 % (30/150) ;
les plus nombreux, ceux ayant fait trois ans, constituent 32,7 % (49/150).
Enfin, ceux qui ont fait quatre, cinq et six ans représentent
respectivement 28 % (42/150), 9,3 % (14/150) et 6,7 % (10/150).
I.5
Répartition des enquêtés selon l'ethnie d'origine
Tableau 2 : Répartition des
enquêtés selon l'ethnie.
ETHNIE
|
EFFECTIF
|
FREQUENCE (%)
|
Ewé
|
58
|
38,6
|
Kotokoli
|
9
|
6
|
Kabyè
|
14
|
9,3
|
Mina
|
15
|
10
|
Ana
|
4
|
2,7
|
Akposso
|
4
|
2,7
|
Lamba
|
3
|
2
|
Naouda
|
11
|
7,3
|
Moba
|
10
|
6,7
|
Tchokossi
|
1
|
0,7
|
Bassar
|
6
|
4
|
Akebou
|
6
|
4
|
Tchamba
|
4
|
2,7
|
Agnanga
|
5
|
3,3
|
TOTAL
|
150
|
100
|
Sur les 150 étudiants interrogés, les Ewé
représentent 38,6 %, les Kotokoli : 6 %, les Kabyè 9,3 %,
les Mina : 10 %, les Ana, les Akposso et les Tchamba représentent
chacun : 2,7 %, les Lamba : 2 %, les Tchokossi : 0,7 %, les Naouda :
7,3 %, les Moba : 6,7 %, les Bassar et les Akébou
représentent chacun 4 %, les Agnanga : 3,3 %.
Retenons que les Ewé sont les plus
représentés suivis par les Mina, les Kabyè, les Naouda,
les Moba, les Kotokoli, les Bassar et les Akébou, les Agnanga, les
Akposso et les Tchamba, tandis que les Lamba et les Tchokossi constituent les
ethnies les moins représentées.
I.6
Répartition des enquêtés selon la profession de leur
père ou tuteur.
Tableau 3 : Répartition des
enquêtés selon la profession du père ou tuteur.
PROFESSION DU PERE OU TUTEUR
|
EFFECTIF
|
FREQUENCE (%)
|
Cadre supérieur de l'administration publique
|
8
|
5,3
|
Cadre moyen de l'administration
|
20
|
13,3
|
Employé de bureau
|
3
|
2
|
Cadre du secteur privé
|
10
|
6,7
|
Employé de secteur privé
|
9
|
6
|
Commerçant
|
7
|
4,7
|
Artisan
|
8
|
5,3
|
Paysan / éleveur
|
20
|
13,3
|
Retraité
|
42
|
28
|
Sans emploi / chômeur
|
6
|
4
|
Décédé
|
14
|
9,3
|
Tailleur
|
3
|
2
|
TOTAL
|
150
|
100
|
Le tableau montre que les étudiants dont les
pères ou tuteurs sont retraités sont les plus nombreux soit 28 %.
Ils sont suivis par les enfants de cadres moyens de l'administration et de
paysans ou éleveurs (13,3 % chacun), les orphelins de père (9,3
%), les étudiants dont les pères sont : cadres du secteur
privé (6,7 %), employés du secteur privé (6 %), cadres
supérieurs de l'administration publique et artisans (5,3 % chacun),
commerçant (4,7 %), sans emplois ou chômeurs (4 %),
employés de bureau, tailleurs (2% chacun).
Il ressort en définitif de ce tableau que la proportion
des emplois précaires est très élevée chez les
parents d'étudiants. Ainsi, ces derniers sont à plus de 2/3
paysans, éleveurs, retraités, sans emplois, chômeurs et
décédés. Cela rejailli donc du coup les conditions de vie
des étudiants.
I.7
Répartition des enquêtés selon la profession de la
mère ou tutrice
Tableau 4 : Répartition des
enquêtés selon la profession de leur mère ou tutrice.
PROFESSION DE LA MERE OU TUTRICE
|
EFFECTIF
|
FREQUENCE (%)
|
Cadre supérieur de l'administration publique
|
2
|
1,3
|
Cadre moyen de l'administration
|
15
|
10
|
Employée de bureau
|
5
|
3,3
|
Cadre du secteur privé
|
2
|
1,3
|
Employée du secteur privé
|
2
|
1,3
|
Commerçante
|
23
|
15,3
|
Artisane
|
2
|
1,3
|
Paysanne / Eleveuse
|
8
|
5,3
|
Ménagère
|
76
|
50,7
|
Retraitée
|
7
|
4,7
|
Sans emploi / Chômeur
|
2
|
1,3
|
Décédée
|
3
|
2,1
|
Couturière
|
3
|
2,1
|
TOTAL
|
150
|
100
|
L'analyse de ce tableau montre que les étudiants dont
les mères ou tutrices sont ménagères sont plus nombreux
(50,7 %). Ils sont suivis par ceux dont les mères sont
commerçantes (15,3 %), cadres moyens de l'administration (10 %),
paysan/éleveur (5,3 %), retraité (4,7 %), employé de
bureau (3,3 %), décédé et couturière (2,1 %
chacun), cadre supérieur de l'administration publique, cadre du secteur
privé, employé du secteur privé, artisan, sans emploi (1,3
% chacun).
Les tableaux 3 et 4 montrent que les conditions sociales des
parents de la majorité (133/150) des étudiants de
l'université de Lomé ne leur permettent pas de prendre en charge
la totalité des frais d'études universitaires de leurs enfants.
Très peu d'étudiants ont des parents à condition sociale
équilibrée.
La prise en charge des
étudiants
I.8 Principale
source de revenus des étudiants
En vue de connaître les principales sources de revenus
des étudiants, une question leur fut adressée dans ce sens. Les
différentes sources de revenus ont des proportions suivantes.
Tableau 5 : Répartition des
étudiants selon leur principale source de revenus
PRINCIPALE SOURCE DE REVENUS
|
EFFECTIF
|
FREQUENCE (%)
|
Parents
|
89
|
58
|
Amis
|
7
|
5
|
Université (aide scolaire)
|
11
|
7
|
Tuteur
|
10
|
7
|
Petits métiers (répétiteur, gardien, aide
maçon)
|
22
|
14
|
Parents, amis
|
1
|
1
|
Parents, Université
|
3
|
2
|
Parents, petits métiers
|
1
|
1
|
Université, petits métiers
|
1
|
1
|
Parents, université, petits métiers
|
4
|
3
|
Université, tuteur, petits métiers
|
1
|
1
|
TOTAL
|
150
|
100
|
De ce tableau, 58 % des étudiants ont comme principale
source de revenus les parents. Or nous venons de le voir, la majorité
des parents des étudiants (133/150) n'ont pas une situation sociale
stable ; 14 % des étudiants tirent leurs revenus des petits
métiers (aide maçon, gardien, répétition...) ;
7 % ont pour principale source de revenus l'aide scolaire accordée par
l'université, 7 % les tuteurs, 5 % les amis.
Pour certains étudiants, il est difficile d'identifier
une source principale de revenus. Ainsi, 3 % tirent leurs revenus à la
fois des parents, de l'aide scolaire et des petits métiers, 2 % les
tirent des parents et de l'aide scolaire, tandis que parents - amis, parents -
petits métiers, aide scolaire - petits métiers, aides scolaires -
tuteurs - petits métiers constituent chacun les sources de revenus
principales à 1 % d'étudiants.
I.9 Montant mensuel
par étudiant, satisfaction des besoins dans le mois, lieu de
résidence, conditions de logement
Les tableaux 6, 7, 8, 9, 10 et 11 présentent les
réponses des étudiants aux questions suivantes :
Tableau 6 : Répartition des
étudiants selon les dépenses dans le mois.
De combien en moyenne avez-vous besoin pour vos
dépenses dans le mois ?
MONTANT
|
EFFECTIF
|
FREQUENCE (%)
|
Moins de 10000 F
|
13
|
8,7
|
10000 F
|
21
|
14
|
20000 F
|
48
|
32
|
Plus de 20000 F
|
68
|
45,3
|
TOTAL
|
150
|
100
|
De ce tableau, on retient que 45,3 % d'étudiants soit
68 étudiants sur 150 ont besoin en moyenne de plus de 20000 F pour leurs
dépenses dans le mois, 32 % (48/150) ont besoin de 20000 F, 14 %
(21/150) : 10000 F et seulement 8,7 % (13/150) ont besoin de moins de
10000 F.
Tableau 7 : Répartition des étudiants
selon qu'ils arrivent ou non à faire face à leurs
dépenses
mensuelles.
Arrivez-vous à faire face à vos
dépenses dans le mois ?
REPONSES
|
EFFECTIF
|
FREQUENCE (%)
|
Tout à fait
|
9
|
6
|
Quelques fois
|
78
|
52
|
Pas du tout
|
63
|
42
|
TOTAL
|
150
|
100
|
A la question de savoir si les étudiants arrivent
à faire face à leurs dépenses dans le mois, 52 % soit
78/150 ont répondu « quelques fois », 42 % (63/150)
« pas du tout » et 6 % d'étudiants soit 9/150
arrivent à faire parfaitement face à leurs dépenses dans
le mois. L'on peut y déduire la précarité des conditions
de vie des étudiants.
Tableau 8 : Répartition des étudiants
selon qu'ils disposent ou non d'un logement personnel.
Avez-vous un logement personnel ?
REPONSES
|
EFFECTIF
|
FREQUENCE (%)
|
Oui
|
45
|
30
|
Non
|
105
|
70
|
TOTAL
|
150
|
100
|
Pour ce qui est du logement, 70 % des étudiants de l'UL
n'ont pas de logement personnel. Les 30 % restants ont des logements
personnels.
Tableau 9 : Répartition des
étudiants selon le lieu de résidence.
Où résidez-vous ?
LIEU DE RESIDENCE
|
EFFECTIF
|
FREQUENCE (%)
|
Avec les parents
|
76
|
50,7
|
Chez un tuteur
|
30
|
20
|
En location
|
44
|
29,3
|
TOTAL
|
150
|
100
|
Concernant le lieu de résidence, 50,7% des
étudiants vivent avec des parents, 29,3% sont en location et 20% logent
chez un tuteur.
Tableau 10 : Répartition des
étudiants selon la personne qui paie leurs loyers.
Qui paie le loyer ?
REPONSES
|
EFFECTIF
|
FREQUENCE GENERALE (%)
|
FREQUENCE DES REPONSES (%)
|
Parents
|
54
|
36
|
52,9
|
Amis
|
7
|
4,7
|
6,9
|
Tuteurs
|
24
|
16
|
23,5
|
Vous-même
|
17
|
11,3
|
16,7
|
Total des réponses
|
102
|
68
|
100
|
Sans réponses
|
48
|
32
|
|
TOTAL GENERAL
|
150
|
100
|
|
A la question qui paie le loyer, 48 étudiants sur les
150 soit 32 % n'ont pas répondu. Cela suppose qu'ils logent dans des
maisons familiales. Par contre les 102 étudiants restant soit 68% vivent
soit en location avec des parents, tuteurs, amis ou seul. Des 102
étudiants donc, les loyers de 52,9 % sont payés par des parents,
23,5 % par des tuteurs, 16,7 % par les étudiants eux-mêmes et 6,9
% par des amis.
Tableau 11 : Répartition des
étudiants selon le nombre de personnes vivant dans leurs chambres
Combien de personnes vivent dans votre
chambre ?
NOMBRE DE PERSONNES PAR CHAMBRE
|
EFFECTIF
|
FREQUENCE GENERALE (%)
|
FREQUENCE DES REPONSES (%)
|
Une personne
|
51
|
34
|
35,9
|
Deux personnes
|
55
|
36,7
|
38,7
|
Trois personnes
|
20
|
13,3
|
14,1
|
Plus de trois personnes
|
16
|
10,7
|
11,3
|
Total des réponses
|
142
|
94,7
|
100
|
Sans réponses
|
8
|
5,3
|
|
TOTAL GENERAL
|
150
|
100
|
|
Sur les 150 étudiants interrogés, 8 (5,3 %)
n'ont pas donné le nombre de personnes vivant dans leur chambre. 142
(94,7 %) ont répondu à la question et sur les 142, 35,9 %
vivent seuls dans leur chambre ; 38,7 % vivent à deux ; 14,1 %
sont trois dans leur chambre et 11,3 % sont plus de trois.
I.10 Moyen de déplacement, frais de
déplacement, restauration
Des questions furent posées sur les moyens de
déplacement et les conditions de restauration des étudiants. Les
tableaux suivants présentent les résultats.
Tableau 12 : Répartition des
étudiants selon qu'ils disposent ou non d'un moyen de
déplacement.
Avez-vous un moyen de
déplacement ?
REPONSES
|
EFFECTIF
|
FREQUENCE (%)
|
Oui
|
56
|
37,3
|
Non
|
94
|
62,7
|
TOTAL
|
150
|
100
|
De l'échantillon d'enquête, 94 étudiants
sur les 150 (62,7 %) n'ont pas de moyen de déplacement. Le reste (37,3
%) a un moyen de déplacement.
Tableau 13 : Répartition des
étudiants selon le moyen par lequel ils viennent au cours
Par quel moyen arrivez-vous au cours ?
MOYEN
|
EFFECTIF
|
FREQUENCE (%)
|
Pied
|
46
|
30,7
|
Vélo
|
27
|
18
|
Moto
|
22
|
14,7
|
Taxi ou taxi moto
|
53
|
35,3
|
Bus universitaire
|
2
|
1,3
|
TOTAL
|
150
|
100
|
Les étudiants de l'échantillon prennent à
35,3 % des taxis ou taxi motos pour venir au cours ; 30,7 % arrivent
à pied ; 18 % à vélo ; 14,7 % à moto
personnelle ; et 1,3 % prennent le bus universitaire.
Il est à noter que très peu d'étudiants
prennent le bus universitaire. Cela peut s'expliquer par le fait que les bus ne
desservent pas tous les quartiers. En plus de cela, les heures de pointe des
bus ne correspondent pas forcément aux programme des étudiants
qui trouvent d'ailleurs les taxi motos plus pratiques.
Tableau 14 : Répartition des étudiants
selon le montant dépensé par jour pour le transport aller-
retour.
Combien dépensez-vous par jour pour le transport
aller-retour université ?
MONTANT DEPENSE
|
EFFECTIF
|
FREQUENCE (%)
|
Moins de 300 F
|
22
|
14,7
|
300 F
|
12
|
8
|
400 F
|
13
|
8,7
|
500 F
|
30
|
20
|
Plus de 500 F
|
44
|
29,3
|
O F
|
29
|
19,3
|
TOTAL
|
150
|
100
|
De ce tableau, il ressort que 29,3 % des enquêtés
dépensent plus de 500 F par jour pour le transport aller-retour
université, 20 % dépensent 500 F, 19,3 % ne dépensent rien
et sont constitués sûrement des étudiants qui habitent le
voisinage immédiat du campus ou encore de ceux qui vivent dans les
cités, 14,7 % dépensent moins de 300 F, 8,7 % : 400 F et 8
% dépensent exactement 300 F.
Tableau 15 : Répartition des
étudiants selon le nombre de repas par jour
Combien de fois mangez-vous par jour ?
NOMBRE DE REPAS
|
EFFECTIF
|
FREQUENCE (%)
|
Une fois
|
12
|
8
|
Deux fois
|
58
|
38,7
|
Trois fois
|
71
|
47,3
|
Plus de trois fois
|
8
|
5,3
|
Deux fois ou trois fois
|
1
|
0,7
|
TOTAL
|
150
|
100
|
La question fut aussi adressée sur le nombre de repas
journalier par étudiant ; 47,3 % des enquêtés
mangent 3 fois par jour, 38,7 % 2 fois par jour, 8 % une fois par jour, 5,3 %
plus de trois fois par jour et 0,7 % mangent soit deux fois ou trois fois par
jour.
Tableau 16 : Répartition des
étudiants selon le montant dépensé par jour pour la
nourriture.
Combien dépensez-vous par jour pour la
nourriture ?
MONTANT
|
EFFECTIF
|
FREQUENCE (%)
|
Moins de 500 F
|
67
|
44,7
|
500 F
|
47
|
31,3
|
Plus de 500 F
|
36
|
24
|
TOTAL
|
150
|
100
|
Concernant les frais dépensés par jour pour la
nourriture, 44,7 % d'étudiants dépensent moins de 500 F par jour,
31,3 % dépensent 500 F par jour et 24 % dépensent plus de 500 F
par jour. Il faut noter qu'il s'agit des frais dépensés par jour
pour la restauration à l'université. La restauration à la
maison n'est pas incorporée. Sachant que les étudiants font le
petit déjeuner et le déjeuner au campus, il ressort de ce tableau
que 75 % dépensent au plus 500 F pour 2 repas. De là, il est
aisé de comprendre que le prix de 500 F fixé pour le
déjeuner au restaurant universitaire est trop cher pour les
étudiants.
Connaissance et motivation
à participer aux mouvements
Cette section a cherché à évaluer les
connaissances en matière de mouvements chez les étudiants. Elle a
voulu aussi expliquer les motivations des étudiants à participer
aux mouvements. Les résultats de l'enquête sont les
suivants :
I.11 Connaissance des moyens de contestation des
étudiants.
La question suivante fut adressée aux 150
étudiants de l'échantillon : « Connaissez
vous les moyens de contestation des étudiants ? ». Le
graphique suivant présente les réponses obtenues.
Graphique 4 : Répartition des étudiants
selon qu'ils connaissent ou pas les moyens de contestation.
![](crise-societe-mouvements-sociaux-estudiantins-universite-lome5.png)
Il est constaté que 92 % de l'échantillon disent
connaître les moyens de contestation des étudiants et, seulement 8
% avouent le contraire.
Le tableau suivant présente la répartition des
étudiants selon les moyens de contestation qu'ils connaissent.
Tableau 17 : Répartition des
étudiants selon les moyens de contestation connus.
MOYEN DE CONTESTATION
|
EFFECTIF
|
FREQUENCE (%)
|
Marche
|
11
|
7,3
|
Sit in
|
15
|
10
|
Grève
|
18
|
12
|
Négociation
|
3
|
2
|
Marche, sit in
|
11
|
7,3
|
Marche, grève
|
33
|
22
|
Marche, négociation
|
1
|
0,7
|
Sit in, grève
|
15
|
10
|
Marche, sit in, grève
|
43
|
28,7
|
TOTAL
|
150
|
100
|
Ce tableau semble paradoxal puisque bien que 8 % des
enquêtés disent ne pas connaître de moyens de contestation
des étudiants, tous ont cité des moyens de contestation. Cela
suppose qu'en réalité, tous les étudiants de
l'échantillon connaissent des moyens de contestation des
étudiants. Ainsi, 28,7 % disent connaître « marche, sit
in et grève » ; 22 % : « marche et
grève » ; 12
% : « grève » ; 10 % « sit
in » ; 10 % : « sit in et
grève » ; 7,3 % :
« marche » ; 7,3 % : « marche, sit
in » ; 2 % :
« négociation » ; 0,7 % :
« marche, négociation ».
Pour ce qui est des objectifs de ces moyens de contestation
selon les étudiants, le tableau 18 présente les avis des
étudiants sur la question.
Tableau 18 : Répartition des
étudiants selon les objectifs qu'ils trouvent aux mouvements.
OBJECTIFS DES MOUVEMENTS
|
EFFECTIF
|
FREQUENCE (%)
|
Amélioration des conditions de vie
|
35
|
23,3
|
Renversement du pouvoir
|
1
|
0,7
|
Amélioration des conditions de travail
|
6
|
4
|
Amélioration des conditions de vie, renversement du
pouvoir
|
5
|
3,3
|
Amélioration des conditions de vie et de travail
|
100
|
66,7
|
Améliorations des conditions de vie et de travail puis
renversement du pouvoir.
|
3
|
2
|
TOTAL
|
150
|
100
|
Les avis des étudiants sur les objectifs des mouvements
sont partagés. Ainsi, 66,7 % pensent que les mouvements visent
l'amélioration des conditions de vie et de travail, 23,3 % pensent
qu'ils visent uniquement l'amélioration des conditions de vie, 4
% : uniquement l'amélioration des conditions de travail, 3,3
% : amélioration des conditions de vie et renversement du pouvoir,
2 % : amélioration des conditions de vie, de travail et
renversement du pouvoir, 0,7 % : renversement du pouvoir.
I.12 Moyens d'information, engagement dans les organisations
culturelles et les partis politiques.
L'information et l'engagement dans les organisations
culturelles et politiques étant pris en compte comme variables pouvant
agir sur les comportements en matière de mouvements sociaux les
questions furent posées dans ce sens aux étudiants. Les tableaux
19, 20 et 21 présentent les résultats.
Tableau 19 : Répartition des
étudiants selon les moyens d'information dont ils disposent
De quel moyen d'information
disposez-vous ?
MOYEN D'INFORMATION
|
EFFECTIF
|
FREQUENCE (%)
|
Télévision
|
15
|
10
|
Radio
|
44
|
29,3
|
Internet
|
4
|
2,7
|
Télévision, radio
|
33
|
22
|
Radio, presse écrite
|
6
|
4
|
Radio, internet
|
9
|
6
|
TV, radio, presse écrite
|
5
|
3,3
|
TV, radio, internet
|
17
|
11,3
|
Radio, presse écrite, internet
|
4
|
2,7
|
TV, radio, presse écrite, internet
|
13
|
8,7
|
TOTAL
|
150
|
100
|
La répartition des étudiants selon les moyens
d'informations disposés se présente comme suit : 29,3 %
disposent uniquement d'une radio, 22 % une radio et un poste
téléviseur ; en plus de la radio et de la
télévision, 11,3 % ont accès à l'internet, 10 %
ont uniquement accès à la télévision, 8,7 % :
télévision, radio, presse écrite, internet, 6 % radio et
internet, 4 % : radio, presse écrite, 3,3 % :
télévision, radio, presse écrite, 2,7 % : radio,
presse écrite, internet, 2,7 % : internet uniquement.
Tableau 20 : Répartition des
étudiants selon qu'ils appartiennent ou non à une organisation
culturelle
Appartenez-vous à une organisation
culturelle ?
REPONSES
|
EFFECTIF
|
FREQUENCE (%)
|
Oui
|
19
|
12,7
|
Non
|
131
|
87,3
|
TOTAL
|
150
|
100
|
Des 150 enquêtés, seulement 12,7 % (19/150)
appartiennent à des organisations culturelles et les 131 restants soit
87,3 % n'appartiennent pas à des organisations culturelles.
Tableau 21 : Répartition des
étudiants selon l'organisation politique à laquelle ils sont
proches.
De quel groupe d'organisation politique vous
sentez-vous plus proche au Togo ?
PARTI OU GROUPE DE PARTI
|
EFFECTIF
|
FREQUENCE (%)
|
Opposition radicale
|
43
|
28,7
|
Opposition modérée
|
48
|
32
|
Parti au pouvoir
|
24
|
16
|
Sans réponses
|
35
|
23,3
|
TOTAL
|
150
|
100
|
A cette question, Bien que la situation politique du pays soit
tendue, il est appréciable de remarquer que seulement 35
étudiants sur les 150 (23,3 %) n'ont pas donné de réponse
sur le parti auquel ils se sentent proches. Soit ces étudiants n'ont pas
d'affiliation politique ou ils ne veulent pas s'y prononcer ; 32 % se
disent proche de l'opposition dite modérée, 28,7 % de
l'opposition dite radicale et 16 % du parti au pouvoir.
Perceptions et attitudes face aux
mouvements étudiants
Il fut demandé aux étudiants s'ils ont
participé au moins une fois à un mouvement. Ils avaient aussi
à apprécier ce mouvement. Il leur est enfin demandé s'ils
étaient prêts à encourager les mouvements étudiants
et comment ?
Les graphiques et tableaux suivants présentent les
résultats des dépouillements.
Graphique 5 : Répartition des
étudiants selon qu'ils ont participé ou pas aux mouvements.
![](crise-societe-mouvements-sociaux-estudiantins-universite-lome6.png)
Ce graphique présente les réponses des
étudiants à la question de savoir s'ils ont participé au
moins une fois à une manifestation contestataire. On peut retenir que
111 étudiants sur les 150 soit 74 % ont participé au moins une
fois à un mouvement étudiant ; 39 étudiants soit 26 %
disent n'avoir jamais participé.
Le tableau suivant présente les appréciations
des étudiants par rapport à ces mouvements.
Tableau 22 : Répartition des
étudiants selon leurs perceptions des mouvements.
Que pensez-vous de ce mouvement ?
APPRECIATIONS
|
EFFECTIF
|
FREQUENCE GENERALE (%)
|
FREQUENCE DES REPONSES (%)
|
Pacifique
|
89
|
59,3
|
69,5
|
Violent
|
22
|
14,7
|
17,2
|
Trop violent
|
9
|
6
|
7
|
Pacifique, violent
|
6
|
4
|
4,7
|
Pacifique trop violent
|
2
|
1,3
|
1,6
|
Total des réponses
|
128
|
85,3
|
100
|
Sans réponses
|
22
|
14,7
|
|
TOTAL GENERAL
|
150
|
100
|
|
Notons que des 39 enquêtés qui disent ne pas
avoir participé à au moins un mouvement étudiant, 17
seulement ont donné leur appréciation sur les mouvements
étudiants. Ajoutés au 111 qui ont participé à au
moins un mouvement étudiant, on obtient un total de 128
appréciations sur les mouvements. Ainsi, 69,5 % des 128
étudiants pensent que les mouvements sont pacifiques, 17,2 % pensent
qu'ils sont violent, 7 % : trop violent, 4,7 % : parfois
pacifique, parfois violent, 1,6 % : parfois pacifique, parfois trop
violent.
La question qui se pose à nouveau est de savoir si les
étudiants sont prêts à encourager les manifestations
estudiantines et comment.
Les tableaux 23 et 24 présentent les
résultats.
Tableau 23 : Répartition des étudiants
selon qu'ils sont prêts ou non à encourager les mouvements
Seriez vous prêts à encourager les
manifestations estudiantines ?
REPONSES
|
EFFECTIF
|
FREQUENCE GENERALE (%)
|
FREQUENCE DES REPONSES (%)
|
Oui
|
127
|
84,7
|
89,4
|
Non
|
15
|
10
|
10,6
|
Total des réponses
|
142
|
94,7
|
100
|
Sans réponses
|
8
|
5,3
|
|
TOTAL GENERAL
|
150
|
100
|
|
Au tableau 23, 5,3 % de l'échantillon n'ont pas
donné de réponses à la question posée. Ceci peut
s'expliquer par la méfiance. Ainsi, le nombre de réponses est
réduit à 142. Des 142, 89,4 % sont prêts à
encourager les manifestations et 10,6 % ne le sont pas.
Le tableau 24 présente comment ils sont prêts
à soutenir ces manifestations.
Tableau 24 : Répartition des étudiants
selon la manière dont ils sont prêts à soutenir les
mouvements.
FORME DE PARTICIPATION
|
EFFECTIF
|
FREQUENCE GENERALE (%)
|
FREQUENCE DES REPONSES (%)
|
En y prenant par
|
49
|
32,7
|
34,5
|
Moralement
|
49
|
32,7
|
34,5
|
Financièrement
|
3
|
2
|
2,1
|
En y prenant part, moralement
|
22
|
14,7
|
15,5
|
En y prenant part, financièrement
|
3
|
2
|
2,1
|
Moralement, financièrement
|
5
|
3,3
|
3,5
|
En y prenant part, moralement, financièrement.
|
11
|
7,3
|
7,8
|
Total des réponses
|
142
|
94,7
|
100
|
Sans réponses
|
8
|
5,3
|
|
TOTAL GENERAL
|
150
|
100
|
|
Ce qui est intéressant à relever dans ce
tableau, c'est que même les 15 étudiants qui disent ne pas
être prêts à encourager les mouvements étudiants ont
tous choisis comment encourager ces mouvements. C'est dire qu'en
réalité, ils sont prêts à les soutenir. Les 8
étudiants qui n'ont pas répondu à la question
précédente ne se sont pas non plus prononcés sur la
manière d'encourager les mouvements étudiants. Ainsi donc, des
142 réponses, 34,5 % veulent les encourager en y prenant part, 34,5 %
moralement, 15,5 % moralement et en y prenant part, 7,8 % en y prenant part,
moralement et financièrement, 3,5 % moralement et financièrement,
2,1 % financièrement, 2,1 % en y prenant part et
financièrement.
I.13 Perception et attitude vis à vis de la
répression
A ce niveau, les étudiants furent dans un premier temps
amenés à citer les différentes mesures de gestion des
mouvements étudiants par les autorités qu'ils ont
déjà connu. Dans un deuxième temps, ils devraient donner
la mesure qui leur semblait plus efficace avant de se prononcer sur la
répression des mouvements et dire si elle est utile.
Les tableaux 25, 26, 27 et 28 présentent les
résultats.
Tableau 25 : Répartition des
étudiants selon les mesures de gestion des mouvements connues.
MESURES
|
EFFECTIF
|
FREQUENCE (%)
|
Emprisonnement des meneurs
|
3
|
2
|
Intervention policière
|
10
|
6,7
|
Exclusion des manifestants
|
1
|
0,7
|
Interdiction de mouvements
|
2
|
1,3
|
Satisfaction des revendications
|
3
|
2
|
Toutes les mesures précitées
|
131
|
87,3
|
TOTAL
|
150
|
100
|
Les 150 étudiants de l'échantillon ont
été conviés à se prononcer sur les mesures de
gestion des mouvements par les autorités. La majorité, soit 87,3
%, a cité l'emprisonnement des meneurs, l'intervention policière,
l'exclusion des manifestants, l'interdiction de mouvements, et la satisfaction
des revendications ; 6,7 % connaissent uniquement l'intervention
policière, 2 % : la satisfaction des résultats, 2 % :
l'emprisonnement des meneurs, 1,3 % : l'interdiction de mouvements, et 0,7
% : l'exclusion des manifestants. Ce qui est frappant, c'est qu'en dehors
de la satisfaction des revendications, toutes les mesures citées par les
étudiants sont répressives.
Tableau 26 : Répartition des
étudiants selon la mesure qui leur semble efficace dans la gestion des
mouvements.
Quelle(s) mesure(s) vous semble(nt) plus efficace(s)
pour gérer ces mouvements ?
MESURE EFFICACE
|
EFFECTIF
|
FREQUENCE GENERALE (%)
|
FREQUENCE DES REPONSES (%)
|
Intervention policière
|
1
|
0,8
|
0,7
|
Satisfaction des revendications
|
128
|
85,3
|
87
|
Dialogue franc
|
5
|
3,3
|
3,4
|
Intervention policière, satisfaction des revendications
|
6
|
4
|
4,1
|
Arrestation des meneurs, interdiction de mouvements
|
2
|
1,3
|
1,4
|
Interdiction de mouvements, satisfaction des revendications
|
2
|
1,3
|
1,4
|
Satisfaction des revendications, Dialogue franc
|
3
|
2
|
2
|
Total des réponses
|
147
|
98
|
100
|
Sans réponses
|
3
|
2
|
|
TOTAL GENERAL
|
150
|
100
|
|
Trois étudiants sur les 150 n'ont pas pu
détecter une mesure efficace de gestion des mouvements ; 147 ont
opté pour des mesures. Parmi eux, 87 % optent pour la satisfaction des
revendications comme mesure efficace de gestion des mouvements ; 4,1 %
choisissent l'intervention policière et la satisfaction des
revendications, 3,4 % : dialogue franc, 2 % : satisfaction des
revendications et dialogue franc, 1,4 % : arrestation des meneurs et
interdiction de mouvements, 1,4 % : interdiction de mouvements,
satisfaction des revendications ; 0,7 % optent pour l'intervention
policière. Cette dernière proportion retient
particulièrement l'attention si l'on sait que c'est malgré tout,
la mesure la plus utilisée.
Tableau 27 : Répartition des
étudiants selon leurs avis sur la répression des
manifestations.
LA REPRESSION EST :
|
EFFECTIF
|
FREQUENCE (%)
|
Nécessaire
|
9
|
6
|
Parfois nécessaire
|
42
|
28
|
Pas du tout nécessaire
|
99
|
66
|
TOTAL
|
150
|
100
|
Les étudiants pensent à 66 % que la
répression n'est pas du tout nécessaire, 28 % pensent qu'elle est
parfois nécessaire et 6 % la trouve nécessaire.
Tableau 28 : Répartition des
étudiants selon le cas où il faut réprimer.
Dans quel cas faut-il réprimer un mouvement
étudiant ?
|
EFFECTIF
|
FREQUENCE (%)
|
Aucun cas
|
20
|
13,3
|
Tous les cas
|
5
|
3,3
|
Lorsqu'il y a dégradation des biens
|
123
|
82
|
Lorsqu'il y a atteinte aux personnes
|
2
|
1,4
|
TOTAL
|
150
|
100
|
Dans le tableau 27, 66 % des enquêtés ont soutenu
que la répression n'est pas du tout nécessaire. Par contre, dans
ce tableau, seulement 13,3 % pensent qu'il ne faut réprimer en aucun
cas, alors que 82 % des enquêtés pensent que la répression
est nécessaire lorsqu'il y a dégradation des biens. Cela
amène à dire que les étudiants sont à 82 %
conscients de la nécessité des mesures répressives dans
les cas de débordement même si, de façon subjective, ils
ont affirmé à 66 % que la répression n'était en
aucun cas nécessaire. 3,3 % pensent que la répression est
nécessaire pour tous les mouvements et 1,4 % la pense utile lorsque les
mouvements portent atteinte à l'intégrité physique des
personnes.
I.14
Relation, communication étudiants - autorités
En matière de communication entre étudiants et
autorités de l'enseignement supérieur et universitaires, des
efforts restent à faire. C'est le cas par exemple des bourses et aides
qui sont perçues du côté des étudiants comme des
droits, alors qu'elles sont considérées par les autorités
comme des faveurs.
Sous un autre registre, le fait qu'il n'y ait pas de
transparence dans la gestion de la chose publique fait que les citoyens en
général et les étudiants en particulier ont une vision des
ressources du pays autre que ce que le gouvernement présente
officiellement. De là, les appréciations par rapport aux
relations étudiants et autorités divergent. Les tableaux 29, 30,
31et 32 présentent les avis des étudiants par rapport aux
différentes situations qui viennent d'être décrites.
Tableau 29 : Répartition des
étudiants selon ce qu'ils pensent des bourses et aides
scolaires.
Certains pensent que les bourses et aides scolaires
sont des droits. Diriez vous ?
REPONSES
|
EFFECTIF
|
FREQUENCE (%)
|
C'est vrai
|
132
|
88
|
Peut-être vrai
|
14
|
9,3
|
Pas vrai
|
4
|
2,7
|
TOTAL
|
150
|
100
|
A cette question, 88 % des étudiants
enquêtés pensent qu'il est vrai que les bourses et aides scolaires
sont des droits, 9,3 % pensent que c'est peut-être vrai et 2,7 %
seulement pensent que ce n'est pas vrai.
Tableau 30 : Répartition des étudiants
selon ce qu'ils pensent des moyens dont disposent le Togo par rapport à
leurs besoins.
LE TOGO A DES MOYENS POUR COUVRIR :
|
EFFECTIF
|
FREQUENCE (%)
|
Totalement les besoins des étudiants
|
99
|
66
|
Moyennement
|
48
|
32
|
Pas du tout
|
3
|
2
|
TOTAL
|
150
|
100
|
Les étudiants qui pensent que le Togo a des moyens pour
couvrir totalement les besoins des étudiants sont majoritaires et
représentent 66 % ; 32 % pensent qu'il peut les couvrir moyennement
et pour 2 %, le Togo n'a pas du tout de moyens pour couvrir les besoins des
étudiants.
Tableau 31 : Répartition des étudiants
selon ce qu'ils pensent des relations entre étudiants et
autorités.
NATURE DES RELATIONS
|
EFFECTIF
|
FREQUENCE (%)
|
Relation de concertation
|
14
|
9,3
|
Relation de conflictualité
|
25
|
16,7
|
Méprise des étudiants par les autorités
|
97
|
64,7
|
Relation de conflictualité, méprise des
étudiants par les autorités
|
14
|
9,3
|
TOTAL
|
150
|
100
|
Dans l'échantillon, 64,7 % des étudiants
affirment qu'il y a une méprise des étudiants par les
autorités, 16,7 % voient des relations de conflictualité entre
étudiants et autorités, 9,3 % voient en plus d'une relation de
conflictualité, une méprise des étudiants par les
autorités universitaires. Les autres étudiants soit 9,3 %
pensent qu'il y a une relation de concertation entre étudiants et
autorités.
Tableau 32 : Répartition des étudiants
selon leurs perceptions sur la disponibilité des autorités
à dialoguer.
Pensez vous qu'il y a une réelle volonté
des autorités à dialoguer avec les
étudiants ?
REPONSES
|
EFFECTIF
|
FREQUENCE (%)
|
Tout à fait
|
4
|
2,7
|
Quelques fois
|
61
|
40,7
|
Pas du tout
|
85
|
56,6
|
TOTAL
|
150
|
100
|
Les étudiants qui conçoivent qu'il n'y a pas du
tout une volonté des autorités à dialoguer avec eux
représentent 56,6 % de l'échantillon; 40,7 % pensent qu'il y
a quelques fois cette volonté et 2,7 % pensent que cette volonté
existe tout à fait.
CHAPITRE
5ème : INTERPRE
TATION DES RESULTATS
L'objectif général poursuivi par cette
recherche, c'est l'étude des contextes de l'émergence des
mouvements sociaux. La recherche a voulu décrire la situation de crise
au Togo et en milieu universitaire, déterminer les causes de la
persistance des mouvements étudiants à l'Université de
Lomé malgré les mesures répressives qui les accompagnent,
identifier les raisons de l'inefficacité de ces mesures,
déterminer les motivations des étudiants à participer aux
mouvements et évaluer les conditions de vie des étudiants.
Après la collecte et l'analyse des données recueillies sur le
terrain, les observations suivantes s'imposent.
I- L'émergence et la persistance
des mouvements sont liées a la situation de crise vécue par les
étudiants
I.1 Crise
économique
La lecture du tableau 3 montrait que le plus grand nombre
d'étudiants a son père ou tuteur retraité (28 %), paysan
(13,3 %) ou encore décédé (9,3%). Pour ce qui est des
mères ou tutrices, la majorité (50,7 %) est
ménagère (tableau 4). Or, plus loin, le tableau 5 présente
58 % d'étudiants ayant comme principale source de revenu les parents. La
situation économique de la majorité des parents ne pouvant
permettre une bonne prise en charge de leurs enfants étudiants, ces
derniers ne peuvent rien faire d'autres que de s'organiser pour faire des
mouvements de revendication d'amélioration des conditions de vie
d'autant plus que 88 % pensent que des bourses et aides sont des droits
(Tableau 29) et que 66 % pensent que l'Etat togolais a des moyens pour couvrir
totalement leurs besoins (Tableau 30).
Dans ces conditions, l'émergence et la persistance des
mouvements étudiants peuvent être expliquées comme une
réaction à la situation économique difficile qu'ils
vivent. TEDGA (1988 : 44) a d'ailleurs abouti à cette même
conclusion.
I.2 Crise de
communication entre étudiants et autorités de
l'éducation
Pour 85,3 % d'étudiants, (Tableau 26), la satisfaction
des revendications est la mesure la plus efficace pour gérer les
mouvements. Or, le constat est que la répression est la mesure la plus
utilisée. C'est dire que l'avis des étudiants n'est pas pris en
compte dans les mesures prises par rapport à eux. Cela ne peut que
renforcer les velléités contestataires. C'est à juste
titre d'ailleurs que 64,7 % des étudiants pensent qu'il y a une
méprise des étudiants par les autorités et que 16,7 %
voient la conflictualité dans les relations entre étudiants et
autorités (Tableau 31). Ailleurs, 56,7 % (Tableau 32) pensent
qu'il n'y a pas du tout de réelle volonté des autorités
à dialoguer avec eux.
Sous un autre angle, les revendications sont
différemment perçues selon qu'on est étudiants ou
autorités. Ainsi, alors que 88% d'étudiants (Tableau 29) pensent
que les bourses et aides sont des droits, les autorités ne les
conçoivent pas ainsi. De l'avis d'un étudiant de quatrième
année de droit public, « les bourses sont des droits du
moment où certains critères comme l'âge et la moyenne y
donnent directement accès. Par contre, l'aide peut être
considérée comme une faveur. » En plus de cela,
les discours politiques soulignent souvent l'incapacité de l'Etat
à couvrir l'essentiel des besoins des citoyens. Ceci ne convainc pas
pour autant les étudiants qui pensent à 66 % que l'Etat togolais
a des moyens pour couvrir totalement leurs besoins (Tableau 30).
Il est alors clair que les crises sur le campus de Lomé
sont la conséquence d'une « absence de dialogue entre les
autorités universitaires ou politiques et
étudiants » (TEDGA, op.cit. :
64)
Une autre cause des crises, c'est la gestion non transparente
du bien de la Cité puisqu'il n'y a pratiquement pas de bilan public et
transparent de la gestion de ces biens. Cela ne peut que générer
des malentendus et donc, entraîner des manifestations de protestation.
La répression des
mouvements sociaux et effet boomerang
L'objectif avoué ou non des mesures répressives
des mouvements sociaux, c'est de décourager les manifestants dans leurs
ardeurs. Cet objectif sera difficilement atteint dans le cadre des mouvements
étudiants de l'université de Lomé puisque dans bien de
cas, ces mouvements sont l'expression d'une situation sociale difficile.
L'interprétation des données observées
précédemment le démontre assez. En effet, près de
87,3 % des étudiants connaissent toutes les mesures de répression
des mouvements et tous les étudiants pratiquement connaissent au moins
une ou deux mesures répressives (Tableau 25). Cela aurait pu suffire
pour les décourager à s'engager dans les manifestations
étudiantes mais tel n'est pas le cas ; 84,7 % se disent prêts
à les encourager (Tableau 23) et 94,7 % sont prêts à y
prendre part d'une façon ou d'une autre (Tableau 24).
Des entretiens organisés avec les étudiants, il
ressort que les mesures répressives, loin de décourager les
manifestations, leur donne au contraire plus d'ampleur. De l'avis d'un
étudiant, « les manifestations ne sont pas
intéressantes si la police n'intervient pas ». C'est
grâce par exemple aux mesures répressives que les mouvements
étudiants occupent la une de l'actualité nationale comme
internationale. Un mouvement non réprimé passe pratiquement
inaperçu. La répression se retrouve être en
définitive, un instrument au service des mouvements.
Les motivations à
participer aux mouvements
Ce dont souffrent souvent les mouvements étudiants
africains en général et togolais en particulier, c'est leur
politisation par les régimes en place. Les étudiants sont souvent
taxés d'être « manipulés par
l'opposition ». Face à ce schéma, on croirait
assez facilement que les étudiants proches des régimes au pouvoir
ne seraient pas du tout favorables aux mouvements. Les données
recueillies dans le cadre de cette recherche démontrent le contraire et
prouvent que c'est une situation commune partagée par les
étudiants, qui les réunit dans les mouvements. Même si le
politique peut utiliser ces agitations à son compte, elles ne seraient
pas possible si les étudiants n'y trouvent un intérêt
quelconque pour leur propre épanouissement. Les affirmations qui
précèdent s'appuient sur le croisement des données
relatives à l'appartenance politique et à l'engagement dans les
mouvements. Le graphique suivant présente les résultats :
Graphique 6 : Représentation du croisement
de l'appartenance politique et de la disponibilité à encourager
les mouvements
![](crise-societe-mouvements-sociaux-estudiantins-universite-lome7.png)
Il faut noter que certains étudiants ne s'étant
pas prononcés sur leur appartenance politique, 110 réponses ont
pu être croisées. Des 110 étudiants dont les
réponses ont pu être croisées à ces deux questions,
40 sont proches de l'opposition radicale, 47 de l'opposition
modérée et 23 du parti au pouvoir. Des 40 de l'opposition
radicale, 36 sont prêts à encourager les manifestations
étudiantes et 4 ne le sont pas. Des 47 de l'opposition
modérée, 42 sont prêts à encourager les mouvements
et 5 ne le sont pas. Enfin, des 23 du parti au pouvoir, 21 sont prêts
à encourager les mouvements et 2 ne le sont pas.
Dans tous les cas d'appartenance politique, la grande
majorité est prête à soutenir les mouvements
étudiants. C'est donc une situation sociale vécue, transcendant
les barrières politiques, qui motive les étudiants à
braver l'autorité publique à travers des formes de participation
non conventionnelle. Eviter ces organisations invite à se pencher
effectivement sur les problèmes soulevés par les étudiants
plutôt que de leur envoyer la police ou prendre des sanctions à
leur encontre comme à l'accoutumé.
En plus de l'appartenance politique, les mouvements
étudiants de l'université de Lomé transcendent les
barrières ethniques et religieuses. Ils sont plus liés aux
conditions de vie et de travail qui sont les mêmes pour tous les
étudiants. Le croisement des données relatives à la
religion et à la disponibilité à encourager les
mouvements, puis à l'ethnie et à la disponibilité à
encourager les mouvements sont assez révélateurs de ce qui vient
d'être affirmé. Voici à titre d'exemple, la
représentation du croisement des données relatives à la
religion et à l'attitude vis-à-vis des mouvements. Les deux
questions croisées sont les suivantes : Quelle est votre religion ?
Seriez-vous prêt à encourager les manifestations
estudiantines ?
Graphique 7 : Représentation des
données croisées de l'appartenance religieuse et de la
disponibilité à encourager les mouvements.
![](crise-societe-mouvements-sociaux-estudiantins-universite-lome8.png)
Il est important de préciser à ce niveau que 142
réponses ont pu être croisées sur les 150. Ceci s'explique
par le fait que 8 étudiants n'ont pas répondu à l'une des
deux questions croisées. Des 142 donc, 90 sont chrétiens
catholiques, 34 sont chrétiens protestants, 14 sont musulmans, 1
pratique la religion traditionnelle et 3 sont dans les sectes du genre
eckankar, rose croix. Dans tous les cas d'appartenance religieuse, c'est
seulement une faible proportion qui affirme ne pas être prête
à encourager les manifestations estudiantines : 8 sur les 90
catholiques, 4 sur les 30 protestants, 3 sur les 11 musulmans et les 4
personnes restantes de la religion traditionnelle et des sectes sont
prêtes à soutenir les manifestations.
La même remarque se ferait si l'on croisait les
données relatives à l'origine ethnique et à la
disponibilité à encourager les manifestations estudiantines.
CONCLUSION -
RECOMMANDATIONS
La question générale à laquelle cette
étude a voulu répondre était la suivante :
« Selon quelle logique les étudiants de l'Université de
Lomé manifestent-ils malgré les mesures répressives de
plus en plus élaborées qui accompagnent leurs
mouvements ? ». De cette question, deux autres résument
l'essentiel de celles qui y sont rattachées : la répression
permet-elle de gérer effectivement les manifestations ? Qu'est-ce
qui peut justifier la persistance des manifestations malgré les mesures
répressives ?
Les résultats de ce mémoire permettent
d'affirmer que les étudiants de l'Université de Lomé
manifestent malgré les mesures répressives auxquelles ils sont
exposés parce qu'ils vivent une situation de crise. Cette situation est
manifeste à travers leurs conditions d'existence difficiles (tableau 5
et tableau 7.)
En effet, la plupart des étudiants de l'UL
dépendent de leurs parents. Or, les données démontrent que
la situation sociale de la majorité des parents ne leur permet pas de
couvrir les besoins de leurs enfants étudiants (tableau 3 et 4). Ceci
met les étudiants dans une situation socio-économique très
délicate dont la seule solution envisagée est la bourse ou l'aide
scolaire accordée par la Direction des Bourses et Stages.
La situation de crise vécue par les étudiants
s'exprime aussi par l'impression qu'ils ont de ne pas être
considérés par les décideurs ou encore par la perception
différenciée qu'ils ont des bourses, aides scolaires et
potentialités du pays d'avec les dirigeants (tableau 29, tableau 30 et
tableau 31).
Il est apparu clairement dans l'analyse et
l'interprétation des données de l'étude que, des
étudiants aux autorités, s'il existe une nette opposition entre
les points de vue sur des sujets importants comme les bourses et aides
scolaires puis les possibilités de l'Etat, cela est redevable à
un problème de communication. Dans ces conditions, la répression,
méthode de gestion des mouvements souvent adoptée par les
autorités, suscite un sentiment d'injustice et incite les manifestants
à s'y opposer énergiquement. Ailleurs, la répression
constitue un instrument au service des mouvements du moment où elle leur
donne l'ampleur escomptée par les organisateurs de manifestations.
Les mouvements sociaux à l'Université de
Lomé doivent être compris comme la conséquence d'une
situation sociale commune partagée par l'ensemble des étudiants
sans frontières politique, ethnique ou religieuse.
L'attribution de ces mouvements aux partis politiques
d'opposition n'est pas toujours à l'avantage du pouvoir public du moment
où cela renforce les velléités contestataires.
Toutes ces conclusions confirment les différentes
hypothèses formulées au départ à savoir
que :
- la persistance des mouvements peut s'expliquer par leur
politisation dans bien de cas ;
- la détérioration des conditions de vie des
étudiants explique la recrudescence des mouvements sociaux à
l'UL ;
- les mouvements étant l'expression d'une crise
générale de la société, toute action
répressive ne fait que les renforcer ;
- la répression prépare les manifestants
à envisager des situations plus complexes que celles
réprimées ;
- la fréquence de la répression habitue les
manifestants qui intègrent à la manifestation les mesures
répressives. En d'autres termes, une manifestation étudiante non
réprimée est conçue comme un échec de la
manifestation. C'est la répression qui donne l'ampleur à la
manifestation.
Trouver des solutions à la fracture sociale qui
occasionne des manifestations, c'est s'attaquer aux maux qui minent la jeunesse
estudiantine.
Pour y parvenir, une vraie volonté, des
décisions, des mesures concrètes sont absolument
nécessaires.
Il importe alors de donner la parole aux étudiants pour
qu'ils proposent des solutions. Il ne suffit pas de leur donner la parole, mais
il importe aussi de leur faire confiance, de les écouter effectivement.
Dans cette perspective, il y a nécessité d'un dialogue social
franc et permanent qui permettra aux autorités de présenter
l'état réel de la caisse de la Nation et aux étudiants de
soumettre leurs problèmes.
C'est donc en somme l'essentiel de ce qui ressort de cette
étude qui, il faut le reconnaître, ne peut prétendre
embrasser tous les contours de l'épineux problème que constituent
les mouvements sociaux en général, et estudiantins en
particulier. Il serait intéressant de l'approfondir au
3ème cycle ou que d'autres recherches l'abordent dans ses
divers aspects.
BIBLIOGRAPHIE
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ANNEXES
TABLE DES MATIERES
DEDICACE
2
REMERCIEMENTS
3
LISTE DES ACRONYMES
5
INTRODUCTION
7
PREMIERE PARTIE :
CADRES THEORIQUE, PHYSIQUE,
CONCEPTUEL ET METHODOLOGIQUE
10
CHAPITRE 1er : CADRES THEORIQUE
ET CONCEPTUEL DE L'ETUDE
11
I- Cadre théorique
11
I.1 Analyse de la situation et
problématique
11
I.2 Hypothèses de la recherche
17
I.3 Les objectifs de la recherche
18
I.4 Revue de la littérature
18
II Clarification des termes
28
CHAPITRE 2ème :
METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
31
I- Techniques de collecte de
données
31
I.1 Recherche documentaire
31
I.2 Enquête quantitative
32
I.3 Enquête qualitative
36
II- Méthodes de traitement des
données
36
II.1 Le traitement des données
quantitatives
36
II.2 Le traitement des données
qualitatives
36
III- Les difficultés
rencontrées
36
III.1 Les difficultés d'ordre
théorique
37
III.2 Les difficultés d'ordre
pratique
37
CHAPITRE 3ème : CHAMP
D'ETUDE
38
I- Présentation de
l'université de Lomé
38
I.1 Historique
38
I.2 Situation géographique
39
I.3 Les services centraux
39
II- Historique des mouvements contestataires
au Togo
42
II.1 La période coloniale
42
II.2 Historique des mouvements sociaux de
l'indépendance à 1990
44
II.3 La contestation de 1990 à
2004
47
III. La législation en matière
d'association au Togo
52
DEUXIEME PARTIE :
PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES -
INTERPRETATION DES RESULTATS
56
CHAPITRE 4ème :
PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES
57
I- Caractéristiques des
enquêtés
57
I.1 Répartition des
enquêtés selon le sexe
57
I.2 Répartition des
enquêtés selon l'âge.
58
I.3 Répartition des
enquêtés selon la religion
59
I.4 Répartition des
enquêtés selon la durée d'inscription à
l'Université de Lomé.
60
I.5 Répartition des
enquêtés selon l'ethnie d'origine
61
I.6 Répartition des
enquêtés selon la profession de leur père ou tuteur.
62
I.7 Répartition des
enquêtés selon la profession de la mère ou tutrice
63
II- La prise en charge des
étudiants
64
II.1 Principale source de revenus des
étudiants
64
II.2 Montant mensuel par étudiant,
satisfaction des besoins dans le mois, lieu de résidence, conditions de
logement
65
II.3 Moyen de déplacement, frais de
déplacement, restauration
69
III- Connaissance et motivation à
participer aux mouvements
72
III.1 Connaissance des moyens de
contestation des étudiants.
73
III.2 Moyens d'information, engagement dans
les organisations culturelles et les partis politiques.
75
IV- Perceptions et attitudes face aux
mouvements étudiants
77
IV.1 Perception et attitude vis à vis
de la répression
80
IV.2 Relation, communication
étudiants - autorités
84
CHAPITRE 5ème :
INTERPRETATION DES RESULTATS
87
I- L'émergence et la persistance des
mouvements sont liées a la situation de crise vécue par les
étudiants
87
I.1 Crise économique
87
I.2 Crise de communication entre
étudiants et autorités de l'éducation
88
II- La répression des mouvements
sociaux et effet boomerang
89
III- Les motivations à participer aux
mouvements
89
CONCLUSION - RECOMMANDATIONS
93
BIBLIOGRAPHIE
96
ANNEXES
102
|