I-2-2 Les rencontres formalisées : base de la
communication scientifique des géographes
I-2-2-1 Colloques et conférences
Les colloques et les conférences constituent les
principaux processus traditionnels de communication des géographes. Ces
échanges formalisés et ouverts, sont restés un des modes
de communication informelle privilégiés de la communauté
des chercheurs. L'une des manifestations majeures de la communauté des
géographes est le Festival International de Géographie qui se
tient annuellement à Saint-Dié dans les Vosges. Cette rencontre,
organisée par le Conseil National de l'Information Géographique
et l'AFIGEO, est une occasion pour les géographes du monde entier de
s'échanger des idées et de développer des nouvelles
initiatives. Plusieurs thèmes sont ainsi abordés relevant souvent
des questions d'actualité.
La géographie étant en soi une inter discipline,
les colloques sont une occasion de rassembler autour de plate- formes
variées, chercheurs de divers horizons (météorologues,
sociologues, économistes, démographes, architectes etc.) ayant en
commun l'information géographique.
Tous les chercheurs interrogés participent
régulièrement aux colloques et soulignent l'intérêt
de ces échanges dans le développement de la recherche.
I-2-2-2 Les séminaires
Les séminaires sont des exposés de nature
scientifique présentés par un chercheur au sein d'un laboratoire.
C'est un mode d'échanges d'informations collectifs qui sont
organisés de façon régulière, en géographie,
à l'initiative d'un ou plusieurs laboratoires et se déroulent
suivant une procédure formalisée. En géographie, on
distingue le séminaire d'intérêt général qui,
du fait des sujets ouverts et divers, regroupe tous les chercheurs de la
discipline ; les séminaires spécialisés ou internes,
plus restreints, regroupent les chercheurs de la spécialité ou du
laboratoire. Dans tous les cas, les séminaires constituent un mode
d'échanges qui permet aux chercheurs se rencontrer et de s'informer de
ce qui se fait ailleurs.
Les innovations technologiques ont engendré des
nouveaux modes de communication. En effet, le support numérique et le
réseau inaugurent l'ère des forums de discussions, des news
group (serveurs de nouvelles), des revues en lignes et des
bibliothèques virtuelles.
I-2- 3 Internet dans la communication des
géographes
Nous étudierons ici l'usage d'Internet en tant qu'outil
de communication dans le milieu scientifique, plus précisément,
son utilisation en tant que tel par la communauté des
géographes.
L'étude de la communication scientifique montre que
celle- ci constitue une opération indispensable aussi bien pour la
production des connaissances que pour leur diffusion.
Ainsi, à travers sa longue évolution, la
communication scientifique s'est basée sur plusieurs techniques et
moyens de communication comme l'imprimerie, les NTIC et aujourd'hui Internet.
Le réseau est alors identifié comme un véritable outil de
communication et d'information chez les chercheurs. Qu'en est-il des
géographes ?
La première remarque mise en évidence par les
enquêtes et entretiens, est sans doute la banalisation de l'usage du
courrier électronique dans la communication interpersonnelle. Tous les
chercheurs de notre échantillon admettent envoyer et/ou recevoir des
emails tous les jours. D'ailleurs l'usage de l'email est le premier outil de
communication des chercheurs loin devant les listes de diffusions qui ne
semblent pas les convaincre (2 jeunes chercheurs affirment appartenir à
un news group).
Apparenté à une
téléconférence assistée par ordinateur ou encore
une conférence télématique, le forum est un système
évolué de messagerie électronique qui permet aux membres
d'un groupe de communiquer entre eux en temps réel ou en temps
différé. Il se différencie à la simple messagerie
par le fait que les participants n'envoient plus seulement leurs messages dans
des boîtes aux lettres nominatives, mais dans un espace
télématique où les messages sont stockés et rendus
accessibles, sur demande et en temps réel, aux membres du forum. La
communication s'organise entre participants agréés autour de
thèmes auxquels chacun contribue en consultant et en enrichissant le
fichier des messages. L'entrée dans le système est
protégée ou non par des clefs d'accès susceptibles de
gérer différents niveaux de confidentialité.
Ainsi, à travers les outils comme l'e- mail et les
listes de diffusion, Internet est devenu le vecteur de la communication
informationnelle qu'elle soit interpersonnelle ou de groupe. La
rapidité, l'immédiateté et la facilité de la
communication sont en ce sens les principaux facteurs de son succès. De
plus, le réseau s'avère un excellent moyen de coordination des
collaborateurs scientifiques. Internet est également un lieu de
rencontre, un espace de communication qui permet l'échange et le partage
de connaissances.
La généralisation de l'usage de l'e- mail rend
certes plus fécondes les coopérations entre les chercheurs, mais
elle ne remplace pas le face à face. Les connexions par courrier
électronique raccourcissent les distances géographiques et
permettent un contact rapproché des partenaires de ce mode de
communication. Mais la communication médiée par les machines en
général, ne peuvent pas encore se substituer aux échanges
en face à face. Il y a plus une complémentarité qu'une
substitution d'un mode de communication à l'autre. Les chercheurs
géographes s'accordent unanimement sur l'importance des échanges
informels, comme par exemple se rencontrer (entre chercheurs de même
laboratoire) tous les matins et prendre le café ensemble.
II- Internet dans les pratiques informatives des
chercheurs géographes : un outil fondamental pour la
recherche
Selon LE COADIC (1997), « pratiques culturelles,
pratiques informatives..., toutes ces pratiques de nature sociale
décrivent peu ou prou les procédés, les méthodes,
les manières concrètes de faire, d'exercer une activité
sociale, d'une classe de personnes, dans le secteur de la culture ou de
l'information. Une pratique est un ensemble d'habitudes
établies ».
« Le but ultime d'un système
d'information doit être pensé en fonction des usages qui sont fait
de l'information et des effets résultant de cet usage sur les
activités des usagers. La fonction la plus importante du système
est bien la façon dont l'information modifie la conduite de ces
activités » disait encore LE COADIC.
L'enquête sur les pratiques informatives des chercheurs
géographes (usages des dispositifs, mais aussi conditions sociales de
ces usages) portait sur les sources d'informations, les motivations et les
conditions, mais aussi et surtout la place de Internet dans leurs pratiques de
recherche.
L'analyse des résultats obtenus révèle
l'importance des revues papier, des ouvrages et de Internet dans les sources
d'information. L'usage de Internet dans la recherche, systématique
dès qu'il y a un besoin d'informations, est symptomatique de l'adoption
de ce medium par la communauté des géographes. Ceci
démontre, à la suite de Le Coadic, que besoins et usage sont
interdépendants, s'influençant l'un et l'autre d'une
manière complexe qui va déterminer le comportement de l'usager,
ses pratiques.
L'accès se fait essentiellement du laboratoire et les
bibliographies détiennent la palme d'or des sources consultées,
ensuite viennent les sites de laboratoires, les actes de colloques en ligne et
articles en accès libre et gratuit. Les chercheurs géographes,
souvent familiers à l'outil informatique, ont une autonomie forte dans
les pratiques informatives (pas besoin d'assistance extérieure lors de
la recherche). Leurs requêtes sur Internet passent très souvent
par les moteurs de recherche notamment Google.
Les facteurs expliquant l'usage ou le non-usage de Internet et
les revues en ligne, sont multiples et variées. Ainsi,
l'incommodité de lecture, le manque d'informations sur les services ou
manque de promotions, sont les principaux facteurs de non usage des revues
numériques. Quant à Internet, comparé aux supports papier,
il bénéficie, grâce à la rapidité,
l'immédiateté, à l'accessibilité et au
crédit de confiance, d'un succès éclatant.
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