Conclusion
L'analyse phénoménologique opérée
par Hegel entre les différentes formes de
reconnaissance n'est pas dépourvue de tout rapport à la
réalité vécue de la société. Ce qu'il y a de
stimulant dans cette approche c'est que la lutte pour la reconnaissance
constitue la force morale qui alimente le développement et le
progrès de la société humaine. Voilà pourquoi il
s'est avéré important de rechercher à travers l'histoire
de la pensée post-hégélienne d'autres théories qui
obéiraient à la même intention fondamentale. Parmis celles
que nous avons parcouru, le courant de pensée illustré par Karl
Marx, Nietzsche et Kierkegaard met en exergue quelques limites et oppositions
à celle de hegel. Tandis que Abel Jeannière et d'autres (F.
Fukuyama, G. Fessard, Axel Honneth...) en sont les continuateurs. Tous ont
incontestablement élargi et enrichi le modèle d'une lutte pour la
reconnaissance de Hegel.
Pour Axel Honneth, la dimension morale est
inhérente à tout affrontement. Il reconstruit l'évolution
sociale selon une succession de luttes réelles et symboliques. Dans
celle-ci, l'individu cherche beaucoup plus à être reconnu dans son
individualité qu'à supprimer ou abaisser son adversaire. Ce lien
de reconnaissance se réalise alors dans un espace que façonnent
l'amour, le droit et la solidarité (2000 : 7-8).
Il faut néanmoins insister sur le fait d'une
contradiction dans cette dialectique. Celle-ci fait déboucher sur la
valorisation du travail. En effet la dialectique n'apporte pas une solution
radicale pour la liberté. Mais, elle est guidée dans l'esprit du
maître par la peur de la mort. Si le maître ne peut en effet
accepter l'altérité de l'autre conscience de soi comme libre,
c'est parce que cette altérité est comme telle une limite qui le
particularise ; le maître n'a pas accepté de mourir,
d'être dépossédé véritablement de son moi. Il
s'imagine vu mort par un autre, cela lui coûte. Voilà pourquoi il
vise la perpétuation de sa vie particulière. C'est ce qui conduit
au fait que chaque conscience de soi est incapable d'accepter la mort
dès lors qu'elle se la représente.
Et donc, par l'intermédiaire de l'éthique et de
la morale, Hegel nous donne de poursuivre une
reconnaissance rationnelle ; c'est-à-dire la
reconnaissance sur une base universelle. Dans celle-ci la dignité de
chaque personne comme être humain libre et autonome est reconnue par
tous. La chose la plus importante que cela procure est la reconnaissance de
notre dignité.
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