B. La DRAC Midi-Pyrénées
I. Spécificités régionales
Comme dans la plupart des secteurs professionnels, certaines
caractéristiques de la région Midi-Pyrénées
influencent l'activité de la DRAC.
1. Eléments de diagnostic
· Midi-Pyrénées est la plus vaste
région de France, formée de 8 départements (Aveyron, Tarn,
Tarn et Garonne, Lot, Ariège, Hautes-Pyrénées, Gers,
Haute-Garonne), pour une superficie de 45.000 km ², près du
dixième du territoire national, mais seulement 4 % de la population. La
région, organisée autour de l'axe majeur que constitue la
vallée de la Garonne, regroupe des ensembles orographiques et des
terroirs très variés : la chaîne
pyrénéenne au sud ; au coeur de la région, un monde
de collines cloisonné en une multitude de micro-régions ;
enfin, au nord et à l'est, les petits Causses du Quercy et les grands
Causses du Rouergue, adossés à des zones montagneuses (Massif
Central) comme l'Aubrac. Cette diversité physique se retrouve
également dans l'histoire et la géographie humaine, thèmes
plus en rapport avec la mission de la DRAC. A côté de grands
ensembles comme le Rouergue ou le haut Languedoc, on trouve des provinces
beaucoup plus petites comme le Comminges ou le Couserans, qui toutes ont leur
histoire propre, parfois d'ailleurs plus liée aux régions
d'outre-Pyrénées qu'aux autres provinces limitrophes.
En ce qui concerne les transports et déplacements, le
réseau autoroutier commence à peine à se structurer dans
les dernières années du XX ème siècle,
et Toulouse demeure l'un des chefs-lieux de région les plus mal
reliés à la capitale. De plus, les trajets nécessaires
pour atteindre les zones les plus reculées de la région, de
surcroît très montagneuses, réclament plusieurs
heures ; cet élément constitue un facteur déterminant
dans l'action d'un service comme la DRAC qui ne possède pas
d'échelon départemental. Ainsi, la direction et les conseillers
sectoriels ont très régulièrement à se
déplacer pour des missions en région, qui peuvent durer plusieurs
jours, compte tenu des distances parcourues. Le problème d'enclavement
de la région se retrouve notamment dans l'organisation et la mise en
oeuvre de projets transfrontaliers, malgré l'aménagement
progressif du réseau routier transpyrénéen vers Barcelone
et Saragosse.
· La répartition démographique est
très contrastée. Bien que la région présente un
solde migratoire positif depuis plusieurs années (ce qui en fait une des
régions les plus attractives de France), l'écart ne cesse de se
creuser entre un monde rural qui se dépeuple, et le pôle urbain
hypertrophié de Toulouse, qui pousse des
« antennes » le long des principales vallées (au
sud, celle de l'Ariège vers Pamiers et Foix, au nord, celle de la
Garonne vers Montauban, au nord-est, celle du Tarn vers Albi). Ainsi, on ne
trouve guère, en dehors des vieux bassins industriels en déclin
d'Albi-Carmaux et de Castres Mazamet, que les pôles urbains isolés
de Tarbes-Lourdes au sud-ouest, et Rodez au nord-est, ensembles demeurant tout
de même de taille modeste.
· Economiquement, la région est marquée
par les bassins industriels en déclin sus-cités, dont la
reconversion ne va pas sans poser des problèmes sociaux, qui à
leur tour se répercutent sur la culture locale, en particulier sur la
perception à forte connotation patrimoniale de toute une série de
traditions, de savoir-faire qui contribuent à bâtir une forte
identité. Ces zones réclament une attention
particulièrement soutenue dans le cadre d'une politique
d'aménagement culturel du territoire, notamment par l'implantation
d'équipements qui peuvent jouer un rôle important dans la
cohésion sociale de certaines communautés.
Par ailleurs, Midi-Pyrénées présente un
caractère rural très accusé : plus de 12% de la
population active se consacre encore à l'agriculture (activité
dominante du Gers par exemple). Cette caractéristique fait de
Midi-Pyrénées la région du «bon-vivre »,
mais fragilise une économie agricole, de qualité certes, mais mal
adaptée à la réalité du moment, face aux
conséquences de la politique agricole commune, ainsi qu'aux
conséquences que peut avoir la déshérence des terres sur
le « paysage » au sens large de cette région. D'ores
et déjà, la maintenance d'un patrimoine bâti
spécifiquement lié à certains modes d'exploitation pose
une série de problèmes auxquels la DRAC doit faire face.
En contraste avec ce monde en difficulté, le pôle
technologique et industriel de l'agglomération toulousaine semble
très performant, mais constitue en quelque sorte un monde à part
dans sa région : si la ville de Toulouse, forte de sa tradition
dans le domaine de l'aéronautique (tradition en partie impulsée
par l'Etat), affiche de hautes ambitions en matière de
développement des technologies nouvelles, il faut bien constater que,
paradoxalement, elle a longtemps souffert d'un sous-équipement en
matière culturelle. Ce retard a pu être rattrapé ces
dernières années avec la réalisation d'un vaste programme
d'équipements culturels, que la ville a pu réaliser avec la
soutien notamment de l'Etat et de la Région.
A noter le souci de positionnement de la région, et
particulièrement de sa capitale, dans le cadre de la construction
européenne, et particulièrement vis-à-vis des voisins
espagnols, la crainte étant grande de voir l'isthme
midi-pyrénéen délaissé au profit des deux grands
arcs atlantiques et méditerranéens. La tentation est alors de
voir se constituer une sorte de dorsale centre-européenne qui irait de
Munich à Madrid et Lisbonne, en passant par Rodez et Toulouse. Sans
forcément chercher une adhésion entière à ce
projet, la DRAC peut tendre à développer des relations avec les
partenaires sus-cités, étant certain que la dimension
transfrontalière doit être l'une des dominantes d'une action
culturelle cohérente.
· Concernant la part consacrée à la
culture dans le budget des collectivités, la région occupe une
place légèrement au dessus de la moyenne dans les statistiques
nationales pour les dépenses culturelles, rapportées à
leur budget global comme au nombre d'habitants. Ainsi le conseil
régional, qui en 1993 a consacré 5,2 % de son budget à la
culture, occupe-t-il le 7ème rang national, cependant que la
moyenne des dépenses des huit conseils généraux de la
région est un quart plus élevée que la moyenne nationale.
Quant à Toulouse, elle se situe dans la moyenne des grandes villes
comparables, compte tenu de la présence de grands équipements
structurants de niveau régional ou national.
|